novembre 2012 - L'Essentiel de l'Optique

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un révélateur de beauté, c’est aussi un agent d’aisance sociale et de communication. Cette dimension sociale de l’apparence est désormais bien connue. Toutes les études montrent qu’un individu considéré comme “beau” a plus de chance de séduire, sur le plan sexuel comme sur le plan professionnel. On le considérera d’emblée comme plus intelligent, plus aimable, plus compétent. Un être “beau” selon les normes en vigueur a moins besoin que d’autre de faire ses preuves : on lui accorde une confiance instinctive. La beauté d’un visage est un puissant intégrateur social. Le visage, siège de l’identité, de l’identification, de la séduction, de la compétence, de l’estime de soi, de la santé, du prestige... Paysage des émotions, le visage expose l’individu, voire le surexpose aux regards d’autrui. Qui ne joue pas le jeu de l’apparence, aussi subtil soit-il, sera toujours du côté des perdants. Le visage est devenu au fil du temps l’expression de la valeur individuelle, de la compétence sociale : “victime” ou “populaire”, comme disent les jeunes. Pas d’entre-deux. Parfois un seul regard suffit, et le verdict est sans appel. Le visage est le lieu principal de l’affirmation de soi. C’est la Renaissance qui redécouvre la beauté du corps antique, le délivre de l’effacement médiéval où le tenait le clergé. La liberté moderne qu’invente par la suite le xviii e se manifeste par la capacité à construire soi-même sa propre liberté, sa propre individualité. De sorte que le visage est aussi, et surtout, le théâtre de la volonté. Aujourd’hui, on juge moins un individu sur son apparence proprement dite que sur sa volonté d’apparence. Ce triomphe de la volonté est la marque distinctive du corps moderne, remodelé, arrangé. Son contraire est perçu comme un aveu de faiblesse ou de marginalisation. Le corps dont nous faisons chaque jour l’expérience n’est jamais tout à fait le nôtre. Même s’il n’est pas que cela, qu’une certaine marge de liberté reste toujours possible, c’est avant tout un objet social. Il est fait de tous les regards qui le contraignent de loin, via ce violent rouleau compresseur médiatique et publicitaire qui impose à tous les normes en vigueur dans notre société. Lorsqu’un visage vous renvoie une image positive, c’est qu’il présente avec la société qui est la sienne un rapport de stricte conformité aux normes de celle-ci. De sorte qu’on évitera de cantonner exclusivement le visagisme à son aspect esthétique, si on ne veut pas en réduire considérablement la portée et l’enjeu. L’opticien visagiste se doit d’être à même d’accompagner l’individu dans ce combat quotidien où il se construit lui-même son image sous le regard d’autrui. Devront être pris en compte sa stratégie d’apparence et de construction de soi, les aspects de psychologie, de comportement, de contraintes sociales, etc. La question ne se résume pas à dire « le bleu vous va bien au teint », ni « les lunettes rondes ne vont pas sur un visage rond ». Il n’existe pas de visagisme sans le préalable d’une approche socio-psychologique sérieuse de l’individu. La morpho- 20 L’Essentiel de l’Optique | n°146 | novembre 2012 psychologie est un outil possible, quoi qu’à manier avec précaution. Déduire un comportement d’une forme humaine est sujet à caution. On ne fait en général que déceler des potentiels, en aucun cas des certitudes. La morphopsychologie définit le visage par son cadre, son modelé, ses récepteurs (yeux, nez, bouche, oreilles). Elle distingue dans le visage trois zones principales, une zone cérébrale, une zone affective et une zone instinctive. Enfin elle suit quatre lois : la loi de dilatation/rétractation, la loi de tonicité, la loi de l’équilibre et de l’harmonie, la loi du mouvement et de l’évolution. Il s’agit d’induire certains traits de caractère à partir de données physiques observables. Le résultat attendu par le consommateur en quête de lunettes chez son opticien n’est pas une image, mais la correspondance d’une image et d’une volonté. Il est donc nécessaire de permettre à l’individu de verbaliser clairement cette volonté. Choisir une monture épaisse n’est pas la même chose que choisir une Aujourd’hui, on juge moins un individu sur son apparence proprement dite que sur sa volonté d’apparence.” monture percée : le message n’est pas le même. En revanche les deux choix ne sont aucunement incompatibles, il faut se garder d’approcher l’humain avec des vues restrictives. Les signes envoyés ne sont pas les mêmes : douceur franche d’une nature restituée dans le cas des lunettes percées, volontarisme et construction de soi dans le cas de lunettes de caractère. L’opticien a la chance, durant l’anamnèse, d’avoir l’habitude d’établir avec son client un réel dialogue et un réel diagnostic des besoins par l’étude des habitudes de vie. De là découle sa préconisation “verres”. Ce qui prédispose tout naturellement le professionnel à comprendre aussi le niveau et le sens de la stratégie d’apparence du client vis-à-vis de ses lunettes. C’est sur cette analyse préalable que repose tout l’art du visagisme, loin de la simple cosmétique à laquelle on le réduit souvent.
Lunettes et visagisme Le visagisme consiste à faire apparaître l’individu profond sous le porteur de lunette. La forme des yeux est propre à chacun, comme l’arc des sourcils. Ce qu’il faut prendre en compte, c’est la proportion de l’œil par rapport au visage. Les spécialistes en esthétisme différencient trois types d’yeux : l’œil rond, l’œil en amande et l’œil étroit. L’emplacement du globe oculaire dans l’orbite revêt également de l’importance. Les yeux enfoncés sont généralement plus petits que les yeux proéminents, mais ils semblent plus secrets, voire mystérieux. Quant aux yeux proéminents, il convient de veiller à la distance entre les cils et les verres. Des supports de plaquette tiendront alors les verres à distance. Il ne faut jamais réduire le client à son seul visage ni simplement à la zone de ses yeux, mais le considérer au contraire dans son ensemble. Ses préférences, ses goûts et sa prestance le rendent unique. La forme de la lunette souligne les traits du caractère de chacun et met l’accent sur ses points forts. Les verres sont assez grands, le porteur paraîtra rajeuni et avenant. Les grands verres sont d’ailleurs avantageux pour la plupart des formes d’yeux. Le professionnel veillera à ce que l’œil entier soit visible à travers le verre et que la monture n’interfère pas avec le champ de vision. Le bord supérieur sera toujours parallèle à la ligne des sourcils et la paupière sera bien visible. Un arc des sourcils légèrement courbé ou très prononcé, formes les plus répandues, demandent des formes arrondis ou ovales. Les verres rectangulaires, sans arrondi, donnent un air plus masculin et conviennent plutôt à un visage rond. Les grands verres ne sont pas seulement les plus séduisants, ils apportent également un confort de la vision, en particulier quand il s’agit de verres progressifs. Un visage délicat aux traits fins sera par contre écrasé par des grands verres. Dans ce cas précis, un modèle moins envahissant conviendra mieux. La couleur des yeux doit être magnifiée par la lunette. Les yeux foncés s’harmonisent avec une multitude de nuances et le noir, couleur classique par excellence, fait briller pratiquement tous les yeux. On peut jouer sur l’effet de contraste entre couleur des yeux et couleur de la monture. Les yeux bleus seront plus lumineux avec une monture en noir profond tandis que les yeux verts seront encadrés de préférence par une monture aux nuances de marron, bronze, cuivre ou or. Un iris moucheté se suffira à lui-même et des fioritures ou détails fantaisistes risqueraient de faire diversion. Les yeux et les montures «ton sur ton» sont à proscrire d’autant plus qu’il y aura toujours une légère différence dans les nuances. En associant deux couleurs proches, elles risquent de s’annuler mutuellement. Une monture aux tons rouge clair pour les yeux marron clair est aussi peu seyante que le vert sur vert ou le bleu sur bleu. Exception faite des yeux marron où des tons marron auront un effet positif. Les yeux clairs changent de nuances de couleur en fonction de la luminosité et des couleurs environnantes. Il faut tenir compte de ce phénomène lors du choix de ses lunettes. Le type de peau est également à prendre en compte. La peau plutôt foncée sera rehaussée par des couleurs chaudes, lumineuses ainsi que par des couleurs de la terre, les dorés et les marrons. La peau de type européen, claire, légèrement rosée, s’harmonise avec des montures aux tons argentés, vives, bleutés, nuances estompés de gris ou métalliques. La chevelure et la coiffure sont des moyens d’expression importants qui jouent leur rôle lors du choix des lunettes. La couleur des cheveux suit le même principe des couleurs chaudes et froides. Une couleur de cheveux appartenant au champ chromatique bleu, soit cendrée soit bleutée, se mariera bien avec des couleurs froides. Le blond cendré fera par exemple appel à un modèle aux branches bleu métallisé. À l’instar de la couleur des yeux, l’éventail des couleurs à adopter sera d’autant plus large que la couleur des cheveux sera foncée. Les couleurs vives ainsi que des contrastes blanc/noir mettront le visage en scène. Les couleurs chaudes mettront en valeur une chevelure aux reflets dorés ou de bronze. Des branches vert ardoise, en contraste avec une chevelure rousse, ne passeront pas inaperçues. D’après le document « Lunettes et Visagisme », avec l’aimable autorisation de la société Silhouette L’Essentiel de l’Optique | n°146 | novembre 2012 21
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