Evolution d'un Etat philanthropique - CH

i86 Le sort du Congo dans le présent.
vraiment civilisateur; on s'est borné à les vouer à
cette haute conception que se fait de la civilisation
le souverain de la Belgique. Ils ne connaissent
que la vie primitive de la forêt, dans leurs jardins,
sur les rivières et les lacs, mieux encore
sous la chicotte de l'inspecteur. Quant aux
grandes routes, aux chemins de fer, aux mines,
aux constructions et à tout le train d'enfer de la
civilisation moderne, tout cela leur est étranger,
cela ne leur dit rien, ils n'y voient qu'autant
d'instruments de leur oppression. Et toutes ces
choses sont «d'utilité publique» aux yeux du
souverain et des nouveaux ministres du Congo !
Riantes perspectives 1 Douce consolation pour
les esclaves de l'Etat que d'être libérés dans cinq
ansl Comme si, après ce terme et avec l'impitoyable
«détérioration du matériel», il en devait
rester beaucoup !
Voici comment le juge Stanislas Lefranc —
dont nous avons déjà parlé — dans ses deux
brochures le Régime congolais, opinion d'un
magistrat du Congo (Liège, I ER et i5 juin 1908)
apprécie l'importance et les effets de ces soidisant
réformes:
«Bien loin qu'elles puissent apporter aucune
amélioration à l'état de choses, elles ne peuvent
que sanctionner légalementla chasse aux esclaves,
déjà pratiquée auparavant, en la qualifiant
d'« Enrôlement d'ouvriers pour des travaux
d'utilité publique ».