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El Watan

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VU À LA TÉLÉÉ<br />

La parole et l’acte<br />

La corruption, voilà un sujet qui<br />

ne s’épuisera jamais en Algérie,<br />

tant il reste dominant sur<br />

l’actualité qu’elle soit politique,<br />

économique, sportive ou autre. On en<br />

parle depuis l’accession de notre pays<br />

à l’indépendance, mais jamais les Algériens<br />

n’ont su comment le phénomène<br />

fonctionne et sa véritable marge d’évolution,<br />

se contentant juste de constater<br />

l’ampleur des dégâts causés au Trésor<br />

public par les malversations ou les détournements<br />

d’argent qui donnent souvent<br />

le tournis. Tous les gouvernements<br />

qui se sont succédé jusqu’à nos jours<br />

ont abordé le sujet avec gravité afin<br />

de souligner le danger qu’il représente<br />

pour la société s’il n’est pas éradiqué à<br />

temps et dans les proportions les plus<br />

significatives. Pour rediffuser aussi le<br />

discours de circonstance selon lequel la<br />

justice sera intransigeante, impitoyable<br />

et appliquée avec la même rigueur à<br />

toute personne mêlée de près ou de loin<br />

aux affaires sordides. Mais dans les<br />

faits, non seulement la corruption n’a<br />

pas été freinée même par les opérations<br />

dites coup-de-poing qui se sont avérées<br />

ponctuelles et donc destinées à faire<br />

seulement du bruit pour éviter que la<br />

machine d’investigation aille trop loin<br />

dans les travées du sommet, mais elle<br />

a réussi à prendre à chaque fois du<br />

volume en gangrénant pratiquement<br />

tous les rouages institutionnels de<br />

l’Etat. Aujourd’hui, le tableau n’est pas<br />

beau à voir. Il classe l’Algérie parmi les<br />

pays les plus corrompus de la planète.<br />

Comment donc en est-on arrivé à cette<br />

situation où rien ne peut se faire sans<br />

passer par les fourches caudines du<br />

bakchich et du passe-droit ? Aux yeux<br />

des citoyens pour qui la dilapidation<br />

de l’argent du contribuable connaît<br />

une impunité insensée, c’est l’Etat qui<br />

en faisant preuve de laxisme et en se<br />

voyant souvent dépassé par le jeu des<br />

compromissions auquel s’adonnent ses<br />

plus hauts serviteurs dans la hiérarchie<br />

BLOC-NOTES<br />

Par A. Merad<br />

■ CINÉMA<br />

*Cinémathèque algérienne<br />

26 rue Larbi Ben M’hidi Alger.<br />

Jusqu’au 23 mars 2013<br />

Les journées du cinéma italien se<br />

poursuivront du 24 au 26 mars 2013 à :<br />

Cinémathèques d’Oran, Tizi Ouzou, Béjaïa<br />

et Tlemcen.<br />

A l’affiche,<br />

21 mars 2013 - 13h30 : Caravaggio de<br />

Angelo Longoni<br />

21 mars 2013 - 17h30 : Gli amici del Bar<br />

Margherita de Pupi Avati<br />

22 mars 2013 - 17h30 : Malavoglia de<br />

Pasquale Scimeca<br />

22 mars 2013 - 13h30 : Gianni e le donne de<br />

Gianni Di Gregorio<br />

23 mars 2013 -13h30 : La passione de Carlo<br />

Mazzacurati<br />

23 mars 2013 -17h30 : documentaire sur<br />

Michelangelo Antonioni<br />

*Espace Plasti<br />

Quotidien Algérie News<br />

28 rue, frères Khelfi (ex-rue Burdeau),<br />

Alger-centre<br />

Lundi 25 mars à partir de 15h<br />

Réplique du festival du film amazigh à<br />

Alger :<br />

Rencontre-débat avec les invités d’honneur<br />

du festival, les Amzighs de Siwa d’Egypte.<br />

■ EXPO-LIVRES<br />

Librairie de la Renaissance<br />

Niveau 112-Riadh <strong>El</strong> Feth-Alger<br />

Exposition-vente de livres<br />

administrative, est fatalement le premier<br />

responsable du développement<br />

et du maintien du phénomène de la<br />

corruption. En effet, pour le commun<br />

des Algériens qui assistent impuissants<br />

à la dégradation de leur statut social en<br />

raison de l’étouffement d’un appareil<br />

économique dominé par l’informel,<br />

la fraude et l’évasion fiscale, l’Etat ne<br />

peut pas dire qu’il n’est pas au courant<br />

du système pourri qui serpente d’abord<br />

dans sa propre maison avant de jeter ses<br />

tentacules partout ailleurs, là où il y a<br />

du fric à ramasser sur simple signature<br />

ou arrangement malhonnête. Cette<br />

responsabilité n’a cependant jamais<br />

été mise en cause par les tenants du<br />

Pouvoir qui préfèrent la rendre invisible<br />

et sans odeur en l’associant à des généralités<br />

insaisissables pour ne pas être<br />

confondus ou impliqués dans des scandales<br />

dans lesquels ils doivent rendre<br />

des comptes. Or, pour une personnalité<br />

du système qu’elle soit ministre, haut<br />

cadre ou fonctionnaire d’un certain<br />

rang, rendre des comptes au public ne<br />

figure pas dans le cahier des charges.<br />

C’est à peu près la règle qui est établie.<br />

L’Etat vous fait confiance pour la servir<br />

aveuglement en toutes circonstances,<br />

et en contrepartie il vous garantit, le<br />

temps de votre mandat, une sorte de<br />

couverture sûrement pour service rendu<br />

ou servilité à toute épreuve, mais également<br />

pour se protéger lui-même contre<br />

les effets boomerang qui peuvent être<br />

inévitables quand le vase de l’incurie<br />

déborde. Cela donne lieu à une liberté<br />

d’action qui, en virant carrément à la<br />

malversation, procure à son auteur un<br />

sentiment d’impunité avec lequel il a<br />

toujours tendance à recommencer. La<br />

certitude d’être intouchable est d’autant<br />

plus ressentie lorsque celui-ci constate<br />

que les noms de certains pontes du<br />

régime, cités dans des affaires louches,<br />

ne sont jamais inquiétés par une justice<br />

qui adopte alors curieusement<br />

l’attitude des trois singes. Une justice<br />

qui dès qu’il s’agit d’un haut gradé du<br />

système refuse d’entendre, de voir et de<br />

Jusqu’au 11 avril 2013<br />

■ RENCONTRE LITTÉRAIRE<br />

Salle Frantz Fanon OREF-Riadh <strong>El</strong> Feth<br />

Le 22 mars 2013 à 16h :<br />

Rencontre avec le romancier AkliTadjer<br />

2 e rendez-vous Diwan Dar Abdellatif<br />

■ MUSIQUE<br />

*Salle Ibn Khaldoun<br />

Vendredi à 16h<br />

Concert du groupe Freeklane<br />

4 e édition de Koléandalouse,<br />

Du 19 au 22 mars, au niveau de la<br />

maison de la culture de Koléa<br />

Programme :<br />

Jeudi 21 mars 2013 à 19h<br />

- Association Ibn <strong>El</strong> Bahdja de Mostaganem<br />

- Ensemble de Monastir (Tunisie)<br />

- Association Dar <strong>El</strong> Gharnatia de Koléa<br />

- <strong>El</strong> Mounchid Merouane (Maroc)<br />

Vendredi 22 mars 2013 à 10h<br />

- Conférence animée par Mehdi Chaachoo<br />

(Maroc)<br />

Vendredi 22 mars 2013 à 19h<br />

- Association <strong>El</strong> Mouwahidia de Nedroma<br />

- Ensemble maghrébin Dar <strong>El</strong> Gharnatia/<br />

Monastir/Maroc<br />

■ THÉÂTRE<br />

Théâtre national algérien<br />

Square Port-Saïd-Alger<br />

Jeudi 21 mars à 19h<br />

Représentation de la pièce Hia Oua Houwa<br />

<strong>El</strong> <strong>Watan</strong> - Jeudi 21 mars 2013 - 22<br />

CULTURE<br />

dire… On appelle ça une justice à deux<br />

vitesses. L’une un peu trop clémente,<br />

voire conciliante, pour les privilégiés<br />

du système, l’autre impitoyable<br />

et même souvent très zélée pour les<br />

laissés-pour-compte. Quand on parle<br />

de corruption, le petit peuple nous<br />

renvoie d’ailleurs automatiquement à<br />

notre système de justice qui, selon lui,<br />

reste outrageusement dépendant des<br />

cercles politiques qui dirigent le pays.<br />

L’appareil judiciaire soumis aux coups<br />

de fil qui viennent d’en haut, l’image<br />

est loin d’être irréelle pour la majorité<br />

des Algériens qui pensent que tant<br />

qu’on n’aura pas chez nous une justice<br />

libre et indépendante, la corruption<br />

continuera à faire des ravages. Et de<br />

faire des comparaisons avec les pays<br />

occidentaux où le système judiciaire<br />

est valable pour tous les citoyens,<br />

quels que soient leur rang social ou<br />

professionnel, leurs relations politiques<br />

ou leur appartenance idéologique.<br />

Puisqu’avec l’affaire Sonatrach l’actualité<br />

donne matière à débat sur le sujet,<br />

on n’hésite pas à se poser la question<br />

de savoir pourquoi la justice algérienne<br />

avec tous les dossiers en sa possession<br />

reste encore à l’écart, refuse de situer la<br />

culpabilité des responsables impliqués<br />

dans le scandale, alors qu’en France<br />

elle force un ministre à démissionner<br />

en ouvrant une enquête sur des<br />

comptes en Suisse qu’il aurait voulu<br />

cacher. Soupçonné de blanchiment<br />

d’argent, le ministre du budget, J.<br />

Cahuzac, risque la prison, tandis que<br />

pour Sonatrach — un exemple parmi<br />

tant d’autres — les choses ont tendance<br />

à trainer… Le président Bouteflika, qui<br />

sort subitement de son silence, alors<br />

que le scandale enfle, a bien dit que<br />

l’Etat n’hésitera pas à demander des<br />

comptes à toute personne coupable,<br />

mais d’aucuns auront peur de croire<br />

qu’il s’agit là encore une fois d’une<br />

simple déclaration d’intention qui restera<br />

sans suite. Et on passera au suivant.<br />

A. M.<br />

■ EXPOSITIONS<br />

*Centre des Arts et de la Culture du Palais<br />

des Raïs<br />

Exposition «N’gaoussiette» de l’artiste<br />

peintre Djahida Houadef,<br />

*Musée national des Beaux-Arts<br />

<strong>El</strong> Hamma-Alger<br />

Jusqu’au 4 avril 2013<br />

Exposition collective : «Equinoxe féminin»<br />

*Palais de la culture<br />

Galerie Baya<br />

Exposition collective : «Palettes au<br />

féminin»<br />

*Galerie Dar <strong>El</strong> Kenz<br />

16, Lot Ben Hadadi - Chéraga (à côté de Dar<br />

Diaf)<br />

Samedi 23 mars 2013 à 14h<br />

Vernissage de l’exposition «Couleurs et<br />

parfums d’antan», de Abdelhalim Selami<br />

*Galerie Asselah Hocine<br />

39/40 rue Asselah Hocine - Alger<br />

Jusqu’au 1 er avril 2013<br />

Exposition de Meriem Kazouit.<br />

JUSTE UN MOT<br />

Abderrahmane<br />

Bougermouh,<br />

le fi lm et le livre<br />

Par Boudjema Kareche<br />

Abderrahmane<br />

Bouguermouh, ce poète<br />

taciturne a eu la généreuse<br />

idée, il y a deux ans, de nous<br />

offrir son livre portant le titre<br />

Anza. De plus, il a eu<br />

l’intelligence de nous<br />

envoyer son ouvrage par un<br />

messager porteur qui n’est<br />

autre que Ali Bey, libraire de<br />

son état, qui a tout fait<br />

pendant trente ans et plus pour que la librairie du Tiers-<br />

Monde devienne une authentique institution culturelle de<br />

notre capitale. Encore plus, Abderrahmane a eu la<br />

sympathie de noircir toute la première page de son livre<br />

avec une écriture ramassée, faite de petites lettres serrées<br />

les unes aux autres pour nous dire beaucoup de choses,<br />

pour nous transmettre de nombreux sentiments et surtout<br />

pour nous avouer dès le début de son texte : «Aujourd’hui<br />

que les images s’effacent, je prends le stylo.» Tout<br />

Abderrahmane Bouguermouh est dans cette déclaration<br />

lapidaire, à la fois vraie et juste. A plusieurs reprises avant<br />

la cessation de nos activités, nous avons retrouvé<br />

Abderrahmane à Ighzer Amokrane dans la grande maison<br />

familiale si hospitalière et accueillante. Notre dernier<br />

séjour en ce haut lieu nous a beaucoup marqués, nous<br />

arrivions à la fin d’une journée pluvieuse et froide de<br />

décembre, pour nous retrouver face à face avec la sœur<br />

Bouguermouh, à la grossesse bien avancée, les cheveux<br />

denses et noirs, sortant de l’orangeraie aux feuilles<br />

sombres et humides, aux fruits luisants et mûrs qui<br />

tentaient d’embrasser le sol. <strong>El</strong>le était certainement sortie<br />

pour permettre à son futur enfant de respirer cet air pur et<br />

sentir cette merveilleuse atmosphère. En cet hiver de 2001,<br />

pluvieux et généreux, Abderrahmane lui aussi allait donner<br />

naissance à son fameux et unique livre, ce qui le faisait<br />

sourire légèrement. Une autre rencontre avec<br />

Abderrahmane Bouguermouh a eu lieu dans le petit<br />

cimetière d’Oulkhou (Ighil Ibahriyen) près d’Azeffoun, le<br />

jour de l’enterrement du journaliste, écrivain, poète et<br />

surtout courageux Tahar Djaout, rencontre absolument<br />

inoubliable. Nous nous sommes retrouvés, comme par<br />

hasard, à l’ombre d’un immense olivier en compagnie de<br />

quelques proches, Rachid Mimouni cet autre écrivain<br />

talentueux, Abderrahmane Bouguermouh. Ce dernier<br />

profitant d’un silence total, tout en regardant Rachid dans<br />

les yeux, l’interpella en ces termes : «Tous trois nous nous<br />

ressemblons, nous sommes faits de la même pâte.» Il<br />

pensait, bien sûr, à Tahar, Rachid et lui. Avouons,<br />

aujourd’hui, qu’Abderrahmane et Rachid étaient en cet<br />

instant absolument identiques, totalement semblables,<br />

tous deux transpirants, perdus et désespérés. C’est à Tizi<br />

Ouzou en 1992, à la maison de la culture que nous avons vu<br />

Abderrahmane heureux et jovial à l’occasion de l’avantpremière<br />

de son film dans sa version longue, son dernier La<br />

colline oubliée. Tout un peuple était là et attendait avec<br />

patience et optimisme, alors que la majorité savait qu’il n’y<br />

avait pas de place pour tout le monde. Peuple qui allait<br />

l’attendre, lui et son film dans toutes les villes d’Algérie.<br />

Abderrahmane trouva tout de même quelques minutes<br />

pour nous et au pied de la diligence belle et élégante qu’il<br />

caressait discrètement, diligence essentielle et<br />

indispensable dans le film, pour nous dire tout simplement<br />

combien il était heureux et combien il remerciait Da<br />

L’Mouloud. Et, très vite, nous l’avons totalement reçu et<br />

tout compris. Nous avons même retrouvé dans ses yeux cet<br />

enfant de dix ans aux cheveux bruns et à la peau blanche,<br />

qui parfois une grive dans la main et d’autres fois un panier<br />

de «zcoco», qui aimait courir avec beaucoup d’élégance et<br />

d’agilité dans les montagnes de Kabylie ou les hautes<br />

plaines de Sétif, surtout lorsqu’elles sont recouvertes d’un<br />

épais manteau de neige. Nous sommes certains<br />

aujourd’hui que Da L’Mouloud et Da Abderrahmane nous<br />

ont quittés tranquilles et sereins, le devoir accompli. Le<br />

premier pour avoir écrit La colline oubliée, le second pour<br />

l’avoir portée à l’écran. Malheureusement, nous sommes<br />

certains aussi que tous deux nous rejoindraient dans notre<br />

peine et notre tristesse en apprenant que l’Année de la<br />

culture amazighe est reportée aux calendes grecques,<br />

alors que nous avons cru naïvement que notre tour était<br />

arrivé, comme le dit si bien ce magnifique chant patriotique<br />

amazigh composé par ces jeunes et studieux élèves<br />

internes du lycée de Ben Aknoun que nous avons tant aimé.<br />

B. K.

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