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Editorial<br />

M. Noureddine Boutarfa<br />

P-DG du Groupe <strong>Sonelgaz</strong><br />

Au moment où notre engagement,<br />

dans une dynamique<br />

d'investissements à plusieurs<br />

tenants, prend sa vitesse de croisière,<br />

il était essentiel, pour avoir<br />

une grande visibilité prospective,<br />

que la stratégie de gestion globa<strong>le</strong><br />

de cette politique se fonde minutieusement<br />

sur des données maîtrisab<strong>le</strong>s<br />

et concrètes.<br />

Le temps des défis<br />

Il nous avait semblé essentiel, dans la précédente édition, de cerner la lancinante<br />

question des ressources humaines. Dans un contexte où nous nous félicitions<br />

du parachèvement du processus de restructuration du Groupe, nous ne pouvions<br />

faire l'économie de la réf<strong>le</strong>xion sur l'homme, acteur incontournab<strong>le</strong> et primordial<br />

dans toute entreprise. En puisant à la théorie actuel<strong>le</strong> sur la ressource humaine, la<br />

matière qui nous permettait de nous adapter aux mutations que vit l'Algérie et avec<br />

el<strong>le</strong> nos entreprises, nous nous étions tout particulièrement arrêtés sur des va<strong>le</strong>urs<br />

et des principes qui nous demeurent chers, mais éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>s à une<br />

bonne gestion : l'intégrité, l'équité, la culture du mérite, <strong>le</strong> sens des responsabilités<br />

et l'engagement. Nous sommes aujourd'hui convaincus que nous devons continuer<br />

de doter notre Groupe des compétences humaines qui répondent à ces critères,<br />

autant que nous devrons nous efforcer d'être, chacun à sa manière, des modè<strong>le</strong>s<br />

pour <strong>le</strong>s autres.<br />

C'est sur ces bases précieuses que nous capitalisons, aujourd'hui, pour aborder,<br />

non sans une conscience acquise des défis qui nous attendent, un dossier sur <strong>le</strong><br />

développement du gaz, <strong>le</strong>s perspectives qui s'ouvrent pour notre pays dans ce<br />

domaine et qui engagent <strong>Sonelgaz</strong> en tant qu'instrument de l'Etat dans la concrétisation<br />

d'une partie de sa politique énergétique. Permettre à la majorité d'accéder au<br />

gaz naturel, comme ce fut <strong>le</strong> cas de l'é<strong>le</strong>ctricité, n'apparaît plus uniquement comme<br />

un enjeu de moyen terme, il est de fait <strong>le</strong> pendant à une vision prospective lointaine<br />

qui répond à des impératifs économiques, environnementaux et humains en vue<br />

d'un développement durab<strong>le</strong>.<br />

Au moment où notre engagement, dans une dynamique d'investissements à<br />

plusieurs tenants, prend sa vitesse de croisière, il était essentiel, pour avoir une<br />

grande visibilité prospective, que la stratégie de gestion globa<strong>le</strong> de cette politique<br />

se fonde minutieusement sur des données maîtrisab<strong>le</strong>s et concrètes. Notre capacité<br />

d'adaptation à la compétition internationa<strong>le</strong>, que <strong>le</strong> parachèvement de la restructuration<br />

du Groupe permet d'envisager comme un objectif concret et atteignab<strong>le</strong>,<br />

nous permet aujourd'hui de penser que nous pouvons capitaliser <strong>le</strong>s moyens de nos<br />

ambitions. Outre <strong>le</strong>s directions qui gèrent <strong>le</strong>s métiers inhérents aux missions de<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, l'engineering, devenu désormais une structure à part du Groupe, apparaît<br />

aujourd'hui comme un pivot déterminant dans la dynamique que nous vivons.<br />

Il faut <strong>le</strong> préciser, nos ambitions puisent à une volonté de l'Etat plus que jamais<br />

affirmée, et aux efforts financiers qu'il consent, la confiance et la détermination<br />

d'al<strong>le</strong>r de l'avant et de mener à terme <strong>le</strong>s grands projets de développement qui engagent,<br />

plus que la crédibilité de notre Groupe, l'avenir de notre pays.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la budgétisation des dépenses et des investissements, notre<br />

Groupe, qui s'attache toujours à des enjeux d'équilibre, continuera d'allier autofinancement,<br />

contributions de l'Etat, crédits bancaires et appel à l'épargne publique.<br />

Cette période propice aux bilans, qui a d'ail<strong>le</strong>urs suscité de notre part des évaluations<br />

détaillées et chiffrées ayant fait l'objet d'une communication exhaustive, si el<strong>le</strong><br />

a <strong>le</strong> mérite de rasséréner nos institutions et nos partenaires, a éga<strong>le</strong>ment celui de<br />

nous permettre d'asseoir nos actions à venir sur la meil<strong>le</strong>ure perception de nos<br />

moyens et de nos performances. Cela en vue de la réussite de notre mission de service<br />

public, mais aussi en vue de la pérennisation économique de <strong>Sonelgaz</strong>.


6<br />

Si <strong>le</strong> développement du gaz<br />

naturel en tant qu'énergie<br />

propre est, dans <strong>le</strong> contexte<br />

mondial, l'instrument<br />

d'une stratégie environnementa<strong>le</strong><br />

communément perçue, il est en<br />

Algérie, outre cette priorité,<br />

l'objet d'une politique<br />

d'investissements à plusieurs<br />

tenants, avec pour objectifs<br />

la conquête de nouveaux<br />

marchés gaziers dans <strong>le</strong> monde,<br />

la mise à contribution du GN<br />

en tant que vecteur de progrès<br />

social et sa promotion comme<br />

énergie stratégique<br />

dans <strong>le</strong> développement<br />

de l'industrie.<br />

L’événement<br />

Budget 2007<br />

Une stratégie de financement et des attentes<br />

Bilan provisoire 2006<br />

Un exercice de transition<br />

Conférence généra<strong>le</strong> du Come<strong>le</strong>c<br />

Cap sur l'interconnexion des réseaux maghrébins<br />

3 e édition de la Semaine de l'énergie en Algérie<br />

A l'épreuve de l'économie mondia<strong>le</strong><br />

Sommaire<br />

20<br />

23<br />

Dossier<br />

Métiers<br />

Thermovision<br />

Une technique aux applications modernes<br />

Transmex<br />

Une flotte et des hommes<br />

33<br />

Programme national gaz<br />

Le pari du développement<br />

Perspectives de l'Algérie sur <strong>le</strong> marché du gaz naturel<br />

dans <strong>le</strong> monde : Sonatrach, un opérateur majeur<br />

Programme national gaz<br />

M. Saïdani, P-DG GRTG :<br />

«Toutes <strong>le</strong>s conditions sont réunies pour atteindre<br />

<strong>le</strong>s 48% à l'horizon 2009»<br />

Reportage Djelfa : quand l'énergie change la vie<br />

Transformation et valorisation du gaz naturel :<br />

un avenir prometteur pour l'industrie pétrochimique


25<br />

Interview<br />

M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun, Directeur général<br />

engineering : «L'engineering réunifié<br />

est un capital de compétences»<br />

Métier à part, l'engineering est en fait la jonction entre<br />

équipementiers ou constructeurs et <strong>le</strong> Groupe. M. Zoubir<br />

Bou<strong>le</strong>kroun a été nommé Directeur de cette structure nouvel<strong>le</strong><br />

en juin 2006. Il explique dans cet entretien <strong>le</strong>s conditions<br />

dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s a été créée cette entité, <strong>le</strong>s perspectives<br />

de son évolution et <strong>le</strong> sens qu'il donne aux missions<br />

qui lui sont assignées.<br />

53<br />

56<br />

59<br />

66<br />

72<br />

Proximité<br />

Travail de proximité : une démarche résolue<br />

et un défi quotidien<br />

Marchés et tendances<br />

Rencontre régiona<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> développement de l'énergie<br />

atomique à des fins pacifiques<br />

Les ambitions nucléaires de l'Afrique<br />

Enjeux et perspectives<br />

M. Hamid Aït Abderrahim, expert algéro-belge<br />

en é<strong>le</strong>ctronucléaire : «L'Algérie a toutes <strong>le</strong>s compétences<br />

humaines pour développer l'é<strong>le</strong>ctronucléaire»<br />

Société et développement<br />

Eau et développement durab<strong>le</strong><br />

Un enjeu vital pour <strong>le</strong> continent africain<br />

Une journée avec…<br />

Les lignards, des hommes à la hauteur des pylônes<br />

Noor éditée par <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong><br />

Direction Généra<strong>le</strong><br />

Dépôt légal : N° 1209-2005<br />

ISSN : 1112-623X<br />

2, bou<strong>le</strong>vard Krim-Belkacem, Alger<br />

Site web : www.sonelgaz.dz<br />

Directeur de la publication :<br />

M. Noureddine Boutarfa<br />

Responsab<strong>le</strong> de la structure Communication :<br />

M. Zoubir Djouabri<br />

Responsab<strong>le</strong> de la réalisation :<br />

M el<strong>le</strong> Khadoudja Ouadi<br />

Tél. : 021 72 26 70<br />

E-mail : k.ouadi@sonelgaz.dz<br />

Ont collaboré à ce numéro :<br />

MM. R. Abdoun - Dj. Bouhachi - A. Choual -<br />

B. Diguer - M. Hanifi - A ek Laâlam – O. Maliou -<br />

B. Mehchem - A. Mettaï – T. Rahal.<br />

Conception et réalisation :<br />

La revue Noor<br />

est une publication trimestriel<strong>le</strong><br />

du Groupe <strong>Sonelgaz</strong>


6<br />

Evénement<br />

Budget 2007<br />

Une stratégie de financement et des attentes<br />

Créer de nouvel<strong>le</strong>s infrastructures énergétiques, renforcer<br />

<strong>le</strong> réseau de transport d'é<strong>le</strong>ctricité, développer <strong>le</strong> réseau gaz de<br />

vil<strong>le</strong>, alimenter <strong>le</strong> nouveau parc de logements construits par<br />

l'Etat… <strong>le</strong>s chapitres dans <strong>le</strong>squels <strong>Sonelgaz</strong> sera appelée à<br />

s'investir et, surtout, à investir sont sans aucun doute <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t<br />

de la dynamique insufflée au pays à travers <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s<br />

programmes de développement initiés depuis plus de cinq ans.<br />

Des programmes ambitieux qui ont un coût se chiffrant en<br />

dizaines de milliards de dinars et qui s'avèrent très engageants<br />

sur <strong>le</strong> plan financier. Les bilans sont là pour permettre des<br />

constats, établir des prévisions et par la même justifier<br />

la stratégie de financement.<br />

Le niveau des investissements<br />

prévus par <strong>le</strong> Groupe au titre de<br />

l'exercice 2007 s'élève à 115 milliards<br />

de dinars. Ce sont des dépenses<br />

que l'opérateur historique<br />

entend injecter dans un ambitieux<br />

programme de développement et<br />

renouvel<strong>le</strong>ment des infrastructures<br />

en relation avec ses métiers. Parce<br />

que la demande en é<strong>le</strong>ctricité augmente<br />

d'année en année, la part la<br />

plus importante de ces dépenses<br />

(60% environ) sera consacrée au<br />

développement de la capacité de<br />

production d'é<strong>le</strong>ctricité à travers la<br />

construction de nouvel<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s<br />

é<strong>le</strong>ctriques. Le reste est réparti<br />

dans la réalisation des projets<br />

lignes de transport d'é<strong>le</strong>ctricité,<br />

des réseaux de distribution et des<br />

infrastructures commercia<strong>le</strong>s,<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

entre autres. La dorsa<strong>le</strong> de 400<br />

kilovolts est un des grands projets<br />

inscrits dans <strong>le</strong> programme budgétisé<br />

de 2007. El<strong>le</strong> est appelée à<br />

améliorer la qualité du transport<br />

d'é<strong>le</strong>ctricité. El<strong>le</strong> vient, à ce dernier<br />

titre, consolider <strong>le</strong> réseau de transport<br />

existant. Outre ces projets,<br />

<strong>Sonelgaz</strong> doit faire face, durant<br />

l'exercice 2007, à l'alimentation en<br />

énergie des programmes de logements<br />

réceptionnés dans différentes<br />

régions.<br />

Pour financer ces projets de<br />

grande envergure, <strong>le</strong> Groupe allie<br />

autofinancement, contributions de<br />

l'Etat, crédits bancaires et appel à<br />

l'épargne publique. Aussi est-il<br />

prévu de lancer, en 2007, une<br />

deuxième opération d'appel à<br />

l'épargne publique qui devrait faire<br />

suite à l'expérience réussie en 2006<br />

et à travers laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Groupe<br />

compte mobiliser 25 milliards de<br />

dinars.<br />

Il faut préciser, à ce titre, qu'il<br />

existe des projets où <strong>Sonelgaz</strong><br />

intervient à hauteur de 30% sur<br />

fonds propres, une proportion que<br />

<strong>le</strong> Groupe entend toujours assurer<br />

en permanence en tant que créateur<br />

de va<strong>le</strong>ur et partie prenante, à<br />

part entière, dans la dynamique de<br />

développement économique et<br />

social. L'utilisation du marché<br />

financier local a été une option<br />

intéressante que <strong>le</strong> Groupe continuera<br />

d'adopter pour <strong>le</strong>s années à<br />

venir. Il s'investit, en effet, dans<br />

une démarche éducative auprès<br />

des épargnants qu'il s'agit d'amener,<br />

à terme, à faire des arbitrages


objectifs entre <strong>le</strong> choix de consommer<br />

son épargne ou de faire un<br />

placement qui lui rapporte de la<br />

va<strong>le</strong>ur. L'enjeu, c'est de pouvoir<br />

communiquer avec <strong>le</strong>s épargnants<br />

dans la plus grande proximité.<br />

Ce n'est pas <strong>le</strong> moindre des atouts<br />

de <strong>Sonelgaz</strong>, qui a <strong>le</strong> privilège<br />

d'être une entité de proximité présente<br />

sur <strong>le</strong> territoire algérien et<br />

qui dessert pas moins de 28 millions<br />

d'Algériens. <strong>Sonelgaz</strong> est<br />

d'ores et déjà <strong>le</strong> plus grand utilisateur<br />

d'épargne nationa<strong>le</strong> et s'avère<br />

être éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> premier Groupe<br />

industriel qui fonctionne en tant<br />

que tel en Algérie. Une posture qui<br />

<strong>le</strong> met dans une situation exceptionnel<strong>le</strong><br />

par rapport à l'environnement<br />

national. En fait, si la<br />

couverture financière du programme<br />

de développement s'avère<br />

être une histoire récurrente pour<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, qui a déjà vécu une<br />

phase où l'investissement était<br />

supérieur à son chiffre d'affaires, la<br />

manière de couvrir ce développement,<br />

de puiser <strong>le</strong>s ressources et de<br />

créer de nouvel<strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>s de<br />

financement fait aujourd'hui que <strong>le</strong><br />

Groupe est effectivement dans une<br />

situation exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

Le cas, à titre d'illustration, du<br />

raccordement au réseau de gaz<br />

naturel est très parlant. Pour une<br />

tel<strong>le</strong> entreprise, des investissements<br />

en amont sont nécessaires<br />

pour amener <strong>le</strong> gaz des gazoducs à<br />

l'entrée des localités. Il s'agit d'un<br />

effort de financement qui se chiffre<br />

en milliards de dinars, mais qui<br />

n'est ni moins urgent ni moins<br />

prioritaire que <strong>le</strong>s autres projets,<br />

notamment de centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques.<br />

Le besoin créant la réf<strong>le</strong>xion,<br />

et face à une situation de rareté des<br />

ressources en rapport avec l'envergure<br />

des investissements présents<br />

et à venir, des solutions ont été<br />

imaginées et mises en œuvre, mais<br />

<strong>le</strong> défi s'avère permanent.<br />

En fait, même si la structuration<br />

des prévisions financières s'est<br />

Il s'agit d'un effort de financement qui se<br />

chiffre en milliards de dinars, mais qui<br />

n'est ni moins urgent ni moins prioritaire<br />

que <strong>le</strong>s autres projets, notamment de<br />

centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques.<br />

faite en évacuant la donne relative<br />

à la révision à la hausse des tarifs<br />

d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz, on n'en<br />

pense pas moins à <strong>Sonelgaz</strong> que <strong>le</strong><br />

fait de maintenir ces tarifs à un<br />

niveau administré ne permet pas<br />

d'é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> chiffre d'affaires du<br />

Groupe à la hauteur des coûts de


8<br />

Evénement<br />

production et des investissements<br />

consentis aujourd'hui.<br />

Faut-il augmenter ces tarifs<br />

pour ces raisons ? La question<br />

reste pendante et la décision relève<br />

de la seu<strong>le</strong> volonté de l'Etat qui dispose,<br />

à travers la CREG, d'une<br />

capacité de régulation dont <strong>le</strong><br />

propre, entre autres, est de veil<strong>le</strong>r<br />

à maintenir l'équilibre entre l'offre<br />

et la demande sur <strong>le</strong> marché de<br />

l'énergie. Les tarifs actuels ont<br />

cependant des incidences sur la<br />

situation financière du Groupe. Le<br />

chiffre d'affaires que dégage<br />

<strong>Sonelgaz</strong> augmente annuel<strong>le</strong>ment<br />

de 8%, alors que <strong>le</strong>s dépenses,<br />

notamment pour l'année 2007,<br />

marquent un relèvement de 17,5%,<br />

soit deux fois plus que la proportion<br />

d'augmentation du chiffre<br />

d'affaires.<br />

L'opérateur historique fait face<br />

éga<strong>le</strong>ment à une autre problématique,<br />

à savoir cel<strong>le</strong> de la récupération<br />

des créances qu'il détient sur<br />

des sociétés, des administrations,<br />

d'autres organismes et <strong>le</strong>s particuliers.<br />

C'est une question à laquel<strong>le</strong><br />

on s'attel<strong>le</strong> en vue de solutions<br />

optima<strong>le</strong>s. L'enveloppe consacrée à<br />

la refondation de la fonction commercia<strong>le</strong>,<br />

notamment à travers la<br />

réappropriation de la relève,<br />

atteste, à juste titre, de la volonté<br />

de l'entreprise d'avancer sur ce<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

chapitre et d'améliorer <strong>le</strong>s recouvrements<br />

au niveau des ménages.<br />

Autre fait problématique et source<br />

de déficit, ces particuliers qui s'alimentent<br />

fraudu<strong>le</strong>usement en é<strong>le</strong>c-<br />

tricité. Une pratique dont <strong>Sonelgaz</strong><br />

ne peut gérer <strong>le</strong>s coûts sans incidences<br />

financières réel<strong>le</strong>s, cela<br />

sans oublier <strong>le</strong>s effets induits sur<br />

<strong>le</strong>s abonnés qui doivent supporter,<br />

en partie, cette facture et qui<br />

encourent <strong>le</strong> risque probab<strong>le</strong> de<br />

coupures récurrentes.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, engagé de plainpied<br />

dans un processus de<br />

construction et de développement<br />

du Groupe, <strong>Sonelgaz</strong> tab<strong>le</strong> sur 4 à<br />

5 ans pour mener à terme une tel<strong>le</strong><br />

entreprise. Avec une politique de<br />

recrutement sans précédent, qui a<br />

déjà permis d'intégrer 2 500 nouvel<strong>le</strong>s<br />

recrues en 2006 et qui<br />

devrait se renforcer en 2007 avec<br />

près de 4 000 nouveaux employés<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, une donne<br />

fondamenta<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> guider<br />

la démarche stratégique de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> : devant un programme<br />

de développement très important,<br />

<strong>le</strong> pari consiste à trouver, en permanence,<br />

des sources de financements<br />

qui frô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s 8 milliards de<br />

dollars. Des fonds qui ne sont pas<br />

tributaires de la seu<strong>le</strong> augmentation<br />

des tarifs d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz<br />

et encore moins de la résorption<br />

des déficits induits par <strong>le</strong> nonrecouvrement<br />

et la fraude.<br />

Cela dit, <strong>le</strong> Groupe estime pouvoir<br />

réaliser un équilibre financier<br />

grâce à un relèvement raisonnab<strong>le</strong><br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, une donne fondamenta<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> guider<br />

la démarche stratégique de <strong>Sonelgaz</strong> : devant un programme<br />

de développement très important, <strong>le</strong> pari consiste à trouver,<br />

en permanence, des sources de financements qui frô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s<br />

8 milliards de dollars.<br />

des tarifs qui viendrait appuyer<br />

une politique de récupération de<br />

l'épargne et d'appel aux financements<br />

multip<strong>le</strong>s


Bilan provisoire 2006<br />

Un exercice de transition<br />

<strong>Sonelgaz</strong> a clos 2006 sur un maintien de l'équilibre de ses principaux<br />

indicateurs. Le Groupe, qui est en phase d'achèvement<br />

de sa restructuration a, globa<strong>le</strong>ment, bien négocié durant cet<br />

exercice <strong>le</strong>s défis posés par <strong>le</strong>s transformations.<br />

Comparativement à<br />

2005, <strong>le</strong>s résultats de<br />

l'exercice 2006, dans<br />

ses points fondamentaux,<br />

sont marqués du sceau de la<br />

continuité et de l'amélioration des<br />

différents indicateurs du Groupe.<br />

Le chiffre d'affaires provisoire<br />

indique une forte hausse : 126 605<br />

millions de dinars (dont 109 608<br />

millions sont générés par <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s<br />

de distribution), soit 15% de<br />

plus que celui de 2005. Cette<br />

hausse est à attribuer, principa<strong>le</strong>ment,<br />

à 'intégration des chiffres<br />

d'affaires des filia<strong>le</strong>s travaux et à<br />

l'augmentation des tarifs d'é<strong>le</strong>ctricité,<br />

intervenue vers <strong>le</strong> dernier<br />

trimestre 2005.<br />

Pris par branche énergétique, <strong>le</strong><br />

segment é<strong>le</strong>ctricité a participé à<br />

hauteur de 94 522 millions dans <strong>le</strong><br />

chiffre d'affaires, soit un bond positif<br />

de 15% par rapport à l'exercice<br />

2005. Ce montant est constitué de<br />

13 441 millions des recettes générées<br />

auprès des clients haute<br />

tension (vente de 6 182 millions<br />

KWh), de 28 475 millions dinars<br />

des recettes auprès des clients en<br />

moyenne tension et de pas moins<br />

de 52 606 millions de dinars auprès<br />

des clients de basse tension.


10<br />

Evénement<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Répartition de la trésorerie 2006<br />

Répartition des créances (exigib<strong>le</strong>s) 2006<br />

Répartition des dettes 2006<br />

En longueur réseaux et grâce aux<br />

investissements consentis, <strong>le</strong><br />

Groupe a gagné durant cet exercice<br />

1,3% en lignes supplémentaires.<br />

La haute tension a gagné ainsi<br />

16 964 km par rapport à 2005. En<br />

ce qui concerne <strong>le</strong>s réseaux<br />

moyenne et basse tension, ceux-ci<br />

regroupent quelque 143 500 km de<br />

réseaux à fin 2006, soit une évolution<br />

respective de 3% et 8%.<br />

Durant l'exercice 2006, plus de<br />

245 000 nouveaux clients ont été<br />

raccordés au réseau dont 1 388 en<br />

haute tension, 1 388 en moyenne<br />

tension et 243 624 en basse tension.<br />

Le Groupe a produit, via sa<br />

filia<strong>le</strong> SPE, 28 880 millions de<br />

KWH, soit 82,5% de la production<br />

globa<strong>le</strong>. Les producteurs tiers avec<br />

<strong>le</strong>squels il est en synergie ont<br />

produit 6 127 millions de KWH,<br />

soit 17% de la production globa<strong>le</strong>.<br />

La capacité installée, de l’ordre<br />

de 7 922 MW par rapport à une<br />

puissance maxima<strong>le</strong> appelée de<br />

6057 MW, sera prochainement<br />

renforcée avec la mise en<br />

service des nouvel<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s<br />

é<strong>le</strong>ctriques en cours de réalisation,<br />

de construction, à l'instar de cel<strong>le</strong><br />

de Berrouaghia et de Hadjret<br />

Ennouss.<br />

S'agissant du segment gaz, sa<br />

commercialisation durant l'exercice<br />

2006 a permis d'enregistrer un<br />

chiffre d'affaires de plus de 15 086<br />

millions de dinars, soit une hausse<br />

de 11,4% par rapport à 2005. Les<br />

recettes gaz sont composées des<br />

ventes aux clients haute pression<br />

(21 736 millions de thermies), à<br />

ceux de la moyenne pression<br />

(4 917 millions de thermies) et de<br />

la basse pression (31 877 millions<br />

de thermies). Avec un nombre<br />

de clients gaz qui se situe à plus<br />

de 2 206 941, en 2006, <strong>le</strong> Groupe


a enregistré une croissance de 9,4%<br />

par rapport à l'année 2005. Par<br />

niveau de pression, <strong>le</strong>s nouveaux<br />

clients se chiffrent à : 3 pour la<br />

haute pression, 196 pour la<br />

moyenne pression et 189 814 pour<br />

la basse pression. Cette hausse est<br />

due essentiel<strong>le</strong>ment à l'état d'avancement<br />

du programme national<br />

gaz qui a permis une progression<br />

substantiel<strong>le</strong> de 13,8% du réseau<br />

Structure des emplois en 2006<br />

par rapport à 2005. Le réseau gaz a,<br />

en effet, atteint 6 656 km pour la<br />

HP, 33 914 km pour la MT. Quant<br />

au réseau de basse tension, ce<br />

dernier a gagné 145 km, cela en<br />

tenant compte de la concession des<br />

anciens réseaux basse pression au<br />

profit de moyenne pression.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, on mentionnera<br />

comme élément important la<br />

capacité de recrutement du<br />

Groupe. <strong>Sonelgaz</strong> a, en effet, vu, en<br />

2006, son effectif actif global<br />

atteindre <strong>le</strong>s 28 446 employés, ce<br />

qui représente un bond de 7,9%<br />

par rapport à 2005. Les filia<strong>le</strong>s<br />

métiers s'avèrent être de grandes<br />

pourvoyeuses d'emplois et mobilisent,<br />

à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s, quelque 20 646<br />

agents, plus de 9,1% en comparaison<br />

à 2005. El<strong>le</strong>s sont suivies par<br />

<strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s travaux (3 403 agents) et<br />

<strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s périphériques (2 747<br />

employés). La maison mère, quant<br />

à el<strong>le</strong>, emploie 1 549 personnes à<br />

fin 2006<br />

2006 06/05 (%)<br />

Haute Tension 2003 13 441 17,6<br />

Moyenne Tension 28 475 19,5<br />

Bassse Tension 52 606 13,2<br />

TOTAL 94 522 15,7<br />

Recettes é<strong>le</strong>ctricité (millions de dinars)<br />

2006 06/05 (%)<br />

Haute pression 3 554,9 14,9<br />

Moyenne pression 1 637,8 14<br />

Bassse pression 9 893,5 9,9<br />

TOTAL 15 086,2 11,5<br />

Recettes gaz (millions de dinars)


12<br />

Evénement<br />

Conférence généra<strong>le</strong> du Come<strong>le</strong>c<br />

Cap sur l'interconnexion des réseaux maghrébins<br />

La troisième conférence généra<strong>le</strong> du Comité maghrébin<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité (Come<strong>le</strong>c) s'est tenue <strong>le</strong>s 14 et 15 novembre de<br />

l'année écoulée à Alger. El<strong>le</strong> a été organisée sous <strong>le</strong> thème<br />

«Le service public dans <strong>le</strong> cadre d'un marché libéralisé»,<br />

<strong>le</strong>s cinq pays du Maghreb ambitionnant de créer un marché<br />

commun de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />

L’ordre du jour consistait<br />

dans une réévaluation<br />

du plan d'action et du<br />

bilan des activités des<br />

commissions du Come<strong>le</strong>c depuis<br />

la deuxième conférence tenue, en<br />

1999, au Maroc. El<strong>le</strong> a permis de<br />

tracer <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s perspectives de<br />

l'organisation. Outre <strong>le</strong>s délégués<br />

de l'Algérie, de la Tunisie, du<br />

Maroc, de la Libye et de la<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Mauritanie, cette conférence a<br />

réuni des représentants des<br />

sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité française<br />

(EDF), espagno<strong>le</strong> (Red E<strong>le</strong>ctrica) et<br />

italienne (Enel), ainsi que des délégués<br />

de l'Observatoire méditerranéen<br />

de l'Energie (OME). Les<br />

débats se sont focalisés sur des<br />

questions liées à la nécessité d'un<br />

système d'information dans un<br />

marché libéralisé, sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de<br />

l'interconnexion maghrébine dans<br />

l'amélioration de la qualité et dans<br />

la réduction des coûts et, enfin, sur<br />

l'expérience des entreprises maghrébines<br />

en matière de restructuration<br />

du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />

Dans l'allocution qu'il a faite à l'ouverture<br />

de cette conférence, <strong>le</strong><br />

ministre de l'Energie et des Mines,<br />

M. Chakib Khelil a souligné que<br />

cette rencontre «intervient à un


moment où l'Algérie, <strong>le</strong> Maroc et<br />

la Tunisie viennent de s'engager<br />

dans un vaste projet régional de<br />

coopération dans <strong>le</strong> domaine de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité, avec la participation et<br />

l'assistance de la Commission<br />

européenne, dans <strong>le</strong> cadre du protoco<strong>le</strong><br />

de coopération signé à<br />

Rome, en décembre 2003, lors de<br />

la Conférence euro-méditerranéenne<br />

des ministres de l'Energie».<br />

M. Chakib Khelil a, par ail<strong>le</strong>urs,<br />

rappelé que <strong>le</strong> taux de croissance<br />

annuel de la demande en gaz et<br />

é<strong>le</strong>ctricité en Algérie avoisine<br />

chaque année <strong>le</strong>s 7%. Une forte<br />

croissance que <strong>le</strong> premier respon-<br />

sab<strong>le</strong> du secteur attribue à «la<br />

croissance économique, l'amélioration<br />

du niveau de vie du citoyen<br />

et au retour de la sécurité». Au<br />

titre d'adaptation à cette croissance<br />

de la demande, M. Khelil<br />

préconise <strong>le</strong> lancement simultané<br />

de plusieurs projets nouveaux tels<br />

ceux consistant à la réhabilitation<br />

des infrastructures, l'amélioration<br />

de la qualité de service, la création<br />

des réseaux vers <strong>le</strong>s endroits <strong>le</strong>s<br />

plus reculés du pays, la satisfaction<br />

des clients industriels de plus en<br />

plus nombreux et <strong>le</strong> recours aux<br />

économies d'énergies. Pour ce<br />

faire, un plan d'action d'une<br />

amp<strong>le</strong>ur considérab<strong>le</strong>, devant s'éta<strong>le</strong>r<br />

sur cinq années et mobilisant des<br />

fonds qui dépassent <strong>le</strong>s 5 milliards<br />

de dollars, a été mis en œuvre par<br />

<strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, comportant<br />

une multitude de projets énergétiques.<br />

La préparation, <strong>le</strong> lancement,<br />

<strong>le</strong> suivi et la réalisation d'un tel<br />

plan d'action, dans un contexte de<br />

profonde réforme, constituent des<br />

défis que <strong>Sonelgaz</strong> et ses partenaires<br />

sont prêts à re<strong>le</strong>ver.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> taux d'é<strong>le</strong>ctrification<br />

en Algérie avoisine <strong>le</strong>s 97% et<br />

<strong>le</strong> taux de pénétration du gaz a<br />

atteint <strong>le</strong> niveau de 37%, hissant<br />

ainsi notre pays au niveau des<br />

nations <strong>le</strong>s mieux pourvues en<br />

matière de distribution du gaz.<br />

Ce passage en revue des avancées<br />

algériennes en matière d'alimentation<br />

en gaz et en é<strong>le</strong>ctricité a<br />

permis à l'orateur de rappe<strong>le</strong>r que<br />

l'Algérie a lancé depuis de nombreuses<br />

années de vastes programmes<br />

d'é<strong>le</strong>ctrification rura<strong>le</strong> et de<br />

distribution publique du gaz. Dans<br />

cette lancée, <strong>le</strong> ministre de l'Energie<br />

et des Mines n'a pas manqué de s'arrêter<br />

sur <strong>le</strong>s réformes en cours que<br />

l'Algérie a engagées dans <strong>le</strong> secteur<br />

de l'énergie de manière généra<strong>le</strong>. Ce<br />

processus vise à mettre un terme<br />

«au monopo<strong>le</strong> de l'Etat et à instaurer<br />

la concurrence» au niveau de la<br />

production et de la distribution<br />

dans <strong>le</strong> domaine de l'énergie. Au<br />

sujet du Come<strong>le</strong>c, M. Chakib Khelil<br />

a mis l'accent sur un ensemb<strong>le</strong> de<br />

points s'inscrivant dans <strong>le</strong>s perspectives<br />

futures de cette organisation,<br />

tels la coordination des<br />

moyens d'équipement et de formation<br />

professionnel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> suivi de<br />

l'interconnexion des réseaux et la<br />

promotion de l'intégration industriel<strong>le</strong><br />

des pays du Maghreb. Il a<br />

qualifié cette troisième édition<br />

d'«évènement majeur, de rencontre<br />

opportune» intervenant dans un<br />

contexte où <strong>le</strong> secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

a connu, sur la plan international,<br />

«des déboires multip<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s<br />

nombreux et retentissants blackout<br />

et pannes généra<strong>le</strong>s» un peu<br />

Pour sa part, <strong>le</strong> Président-Directeur général du Groupe<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, M. Noureddine Boutarfa, a affirmé que l'Algérie est<br />

en mesure d'«exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité vers l'Europe», ajoutant<br />

que <strong>le</strong> «programme algérien d'interconnexion de l'é<strong>le</strong>ctricité est<br />

ambitieux», que plusieurs projets ont été réalisés jusque-là,<br />

alors que d'autres sont en cours de réalisation ou à l'étude.<br />

partout dans <strong>le</strong> monde. Le même<br />

intervenant a affiché sa p<strong>le</strong>ine<br />

conviction quant à la précieuse utilité<br />

de «l'expérience algérienne<br />

pour ses partenaires». Et d'expliquer,<br />

à la lumière des changements<br />

importants que connaît <strong>le</strong> secteur<br />

aux niveaux législatif et organisationnel,<br />

que «notre vision et notre<br />

expérience dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s'affrontent<br />

<strong>le</strong> service public et <strong>le</strong><br />

marché libéralisé intéresseront,<br />

sans aucun doute, nos hôtes»<br />

maghrébins et européens. Le<br />

ministre de l'Energie a éga<strong>le</strong>ment<br />

re<strong>le</strong>vé <strong>le</strong> fait que chaque pays<br />

membre du Come<strong>le</strong>c «a déjà prévu<br />

un vaste programme de développement<br />

de son réseau» de transport


14<br />

Evénement<br />

d'é<strong>le</strong>ctricité en vue de renforcer la<br />

fiabilité et la sécurité de son fonctionnement<br />

et d'augmenter <strong>le</strong>s<br />

échanges tant avec <strong>le</strong>s pays voisins<br />

du continent africain qu'avec ceux<br />

de la rive nord de la Méditerranée.<br />

Pour sa part, <strong>le</strong> P-DG du<br />

Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, M. Noureddine<br />

Boutarfa, a affirmé que l'Algérie est<br />

en mesure d'«exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

vers l'Europe», ajoutant que <strong>le</strong><br />

«programme algérien d'interconnexion<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité est ambitieux»,<br />

que plusieurs projets ont<br />

été réalisés jusque-là, alors que<br />

d'autres sont en cours de réalisation<br />

ou à l'étude. Au sujet de l'interconnexion<br />

intermaghrébine,<br />

M. Boutarfa a indiqué que «<strong>le</strong><br />

marché maghrébin sera renforcé<br />

par de nouveaux projets». Un<br />

projet , celui de l’artère Est-Ouest<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

de 400 KV, qui permettra l’interconnexion<br />

entre l’Algérie et <strong>le</strong><br />

Maroc, d’une part, et d’autre part<br />

entre l’Algérie et la Tunisie. Un<br />

autre projet est actuel<strong>le</strong>ment à<br />

l’étude, qui consiste dans la réalisation<br />

d’un câb<strong>le</strong> sous-marin<br />

reliant directement l’Algérie à<br />

l’Espagne.<br />

Ces projets seront renforcés<br />

par plusieurs autres reliant<br />

l'Algérie aux cinq pays du<br />

Maghreb. L'entrée en service du<br />

projet de Hadjret Ennouss qui desservira<br />

l'est et l'ouest du pays,<br />

prévue en 2008, permettra, el<strong>le</strong>,<br />

«une interconnexion intermaghrébine<br />

encore plus dense», a affirmé<br />

Le Come<strong>le</strong>c a été créé par l'UMA en 1989. Cependant, <strong>le</strong>s échanges<br />

entre <strong>le</strong>s entreprises remontent aux années cinquante. Le<br />

fonctionnement des premières interconnexions a permis aux<br />

trois entreprises partenaires (Algérie, Maroc et Tunisie) une<br />

meil<strong>le</strong>ure sûreté de fonctionnement du réseau et une réduction<br />

sensib<strong>le</strong> d'exploitation bien que <strong>le</strong> volume des échanges soit très<br />

minime. Ces échanges ont surtout permis aux pays du Maghreb<br />

de développer des relations étroites de travail et de coopération.<br />

Le Come<strong>le</strong>c réunit, au titre d'un accord préliminaire entre <strong>le</strong>s<br />

sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz, <strong>le</strong>s trois pays du Maghreb. Son<br />

élargissement à la Libye et à la Mauritanie, deux pays qui rejoignent<br />

l'Algérie, <strong>le</strong> Maroc et la Tunisie, s'est effectué en vertu du<br />

traité de Marrakech qui a consacré l'institutionnalisation de<br />

l'UMA. Le Come<strong>le</strong>c regroupe <strong>le</strong>s entreprises maghrébines :<br />

<strong>Sonelgaz</strong> (Algérie), Steg (Tunisie), l'ONE (Maroc), Some<strong>le</strong>c<br />

(Mauritanie) et Gecol (Libye). Il s'intéresse aux questions du<br />

développement du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité dans la sous-région<br />

maghrébine et se donne un objectif central, à savoir la promotion<br />

des réseaux d'échange régulier des informations entre ses membres,<br />

la coordination des programmes de formation professionnel<strong>le</strong>,<br />

la prise en charge du suivi de l'interconnexion des réseaux<br />

et <strong>le</strong> développement de l'intégration industriel<strong>le</strong> des pays<br />

maghrébins<br />

<strong>le</strong> P-DG de <strong>Sonelgaz</strong>. Cet ensemb<strong>le</strong><br />

de projets devrait permettre à<br />

l'Algérie d'exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

vers l'ensemb<strong>le</strong> des pays de l'Union<br />

maghrébine, ce qui nécessitera,<br />

bien sûr, d'importants investissements.<br />

M. Noureddine Boutarfa a,<br />

à ce dernier titre, tenu à souligner<br />

que tous <strong>le</strong>s pays maghrébins font<br />

face à des programmes «d'investissements<br />

importants» avec, en<br />

perspective, l'émergence de marchés<br />

maghrébin et euro-méditerranéen<br />

pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s projets<br />

d'interconnexion des réseaux é<strong>le</strong>ctriques<br />

«sont en partie en cours de<br />

réalisation». Et l'intervenant d'estimer,<br />

en outre, que <strong>le</strong> thème choisi<br />

pour cette troisième conférence du<br />

Come<strong>le</strong>c met en évidence l'«enjeu<br />

capital et stratégique» pour <strong>le</strong>s<br />

compagnies d'é<strong>le</strong>ctricité, dans la<br />

mesure où <strong>le</strong>s pouvoirs publics et<br />

<strong>le</strong>s sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité ont la<br />

«lourde responsabilité», en compagnie<br />

d'autres acteurs, de satisfaire<br />

<strong>le</strong> marché national et de<br />

promouvoir l'amélioration de la<br />

qualité du service public


3 e édition de la Semaine de l'énergie<br />

en Algérie<br />

A l'épreuve de l'économie mondia<strong>le</strong><br />

La troisième édition de la Semaine de l'énergie en Algérie (SEA3)<br />

est intervenue dans <strong>le</strong> contexte très significatif du parachèvement<br />

de la restructuration du secteur de l'énergie et des mines,<br />

caractérisée, entre autres, par la promulgation de nouvel<strong>le</strong>s lois<br />

sur <strong>le</strong>s hydrocarbures, <strong>le</strong>s mines et l'é<strong>le</strong>ctricité. Un événement<br />

dont <strong>le</strong> thème «Les réformes : stratégies, opportunités, innovations»,<br />

donnait d'emblée <strong>le</strong> ton au passage à une étape nouvel<strong>le</strong><br />

marquée par l'engagement dans une ère de défis, et marquait, de<br />

fait, de par son approche moderniste, un engagement de plainpied<br />

des entreprises du secteur dans la compétition économique<br />

mondia<strong>le</strong>, à un moment où l'Algérie focalise l'intérêt international<br />

en tant que marché émergent, mais éga<strong>le</strong>ment en tant<br />

qu'acteur international de l'énergie.


16<br />

Evénement<br />

Cette place et ce rô<strong>le</strong>, de<br />

plus en plus importants,<br />

de notre pays<br />

sur la scène énergétique<br />

mondia<strong>le</strong>, à l'interne comme à<br />

l'international, <strong>le</strong> premier responsab<strong>le</strong><br />

du secteur de l'énergie et des<br />

mines, M. Chakib Khelil, n'a pas<br />

manqué d'en évoquer <strong>le</strong>s étapes et<br />

<strong>le</strong>s enjeux, dans son discours inaugural<br />

à la cérémonie d'ouverture de<br />

la SEA3. Dans ce contexte de<br />

mutations majeures, cet évènement<br />

prend une dimension internationa<strong>le</strong><br />

alors que sa notoriété, à<br />

l'aune de la qualité de la participation<br />

et des intervenants, est bel et<br />

bien établie. A ce titre, M. Chakib<br />

Khelil a mis en exergue la diversité<br />

et la richesse de cette manifestation<br />

qui «nous donne l'opportunité<br />

de rassemb<strong>le</strong>r, en un même lieu<br />

et au même moment, trois<br />

événements interdépendants : <strong>le</strong>s<br />

Septièmes journées scientifiques<br />

et techniques, la Troisième<br />

Exposition internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong><br />

pétro<strong>le</strong> et <strong>le</strong> gaz, et la Cinquième<br />

Conférence stratégique internationa<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong>s opportunités d'investissement<br />

dans <strong>le</strong> secteur de<br />

l'énergie et des mines en Algérie».<br />

Le ministre de l'Energie et des<br />

Mines a éga<strong>le</strong>ment attiré l'attention<br />

sur <strong>le</strong> fait que la SEA a vocation<br />

de consolider et de renforcer<br />

<strong>le</strong>s liens qu'entretiennent <strong>le</strong>s<br />

Groupes Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong><br />

avec <strong>le</strong>urs partenaires étrangers.<br />

Une manière, pour l'orateur, de<br />

signifier que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dispositions<br />

législatives qui régu<strong>le</strong>nt<br />

<strong>le</strong> fonctionnement du secteur<br />

n'entravent en rien <strong>le</strong>s élans d'ouverture<br />

de l'Algérie à l'économie<br />

de marché. Bien au contraire, «si<br />

la construction d'une industrie<br />

pétrolière a constitué, dans <strong>le</strong><br />

n° 6 - Mars 2007<br />

passé, un défi pour notre pays,<br />

l'heure est à la compétitivité dans<br />

un environnement de plus en plus<br />

exigeant en termes de qualité et de<br />

prix», devait préciser M. Khelil.<br />

La Conférence stratégique<br />

internationa<strong>le</strong>-CSI5<br />

La cérémonie d'ouverture de la<br />

CSI5 a été l'espace de deux interventions<br />

de qualité qui ont permis<br />

d'énoncer, des deux côtés de la<br />

Méditerranée, <strong>le</strong>s enjeux d'un partenariat<br />

stratégique entre l'Algérie<br />

et l'Europe. M. Chakib Khelil<br />

comme M. Andris Pielbags,<br />

Commissaire européen à l'énergie,<br />

ont passé en revue <strong>le</strong>s raisons<br />

respectives qui plaident, d'une<br />

part, pour l'investissement dans <strong>le</strong><br />

secteur de l'énergie et des mines et<br />

en Algérie, et qui rendent, d'autre<br />

part, nécessaire et mutuel<strong>le</strong>ment<br />

profitab<strong>le</strong> un partenariat stratégique<br />

entre notre pays et l'Union<br />

européenne. C'est dans cette perspective<br />

que <strong>le</strong> ministre de l'Energie<br />

et des Mines a tenu à préciser que<br />

«<strong>le</strong> partenariat alliant l'investissement<br />

national aux investissements<br />

directs étrangers (IDE) est un<br />

facteur déterminant de notre stratégie<br />

de croissance qui commence<br />

déjà à porter ses fruits en matière<br />

d'investissements productifs en<br />

particulier». M. Pielbags, pour sa<br />

part, a abondé dans <strong>le</strong> sens d'une<br />

mise en exergue des opportunités<br />

présentes et futures qui justifient<br />

et donnent toute sa raison d'être à<br />

un partenariat énergétique stratégique<br />

entre l'UE et l'Algérie. Pour <strong>le</strong><br />

Commissaire européen à l'énergie,<br />

«il existe un énorme potentiel pour<br />

<strong>le</strong> développement des relations<br />

énergétiques entre l'UE en tant que<br />

plus grand marché mondial intégré<br />

de l'énergie et l'Algérie en tant que<br />

l'un des plus grands producteurs<br />

d'énergie». Le même intervenant,<br />

comme pour faire écho à son<br />

homologue algérien, n'a pas<br />

manqué de noter qu'«il y a un<br />

besoin en investissement dans ce<br />

pays, dans <strong>le</strong>s années à venir, pour<br />

augmenter la capacité de production<br />

et d'exportation des hydrocarbures<br />

et pour promouvoir <strong>le</strong>s infrastructures<br />

de transport d'énergie. Il y a<br />

éga<strong>le</strong>ment de grandes possibilités<br />

d'investissements dans <strong>le</strong>s sources<br />

d'énergie renouvelab<strong>le</strong> et d'amélioration<br />

de l'efficacité de production<br />

et d'utilisation de l'énergie».<br />

Les deux interventions ayant<br />

eu <strong>le</strong> mérite d'aborder à la fois <strong>le</strong>s<br />

grands projets en cours, <strong>le</strong>s atouts<br />

et <strong>le</strong>s opportunités ainsi que <strong>le</strong>s<br />

attentes et <strong>le</strong>s perceptions des uns<br />

et des autres, cela ne pouvait que<br />

mieux enrichir <strong>le</strong>s débats autour<br />

des sessions du programme de la<br />

CSI5.<br />

Une plate-forme de réf<strong>le</strong>xion<br />

Il s'agissait, pour <strong>le</strong>s animateurs<br />

des six sessions inscrites au programme<br />

de la CSI5, autant que<br />

pour <strong>le</strong>s participants, de poser <strong>le</strong>s<br />

bonnes questions en relation avec<br />

<strong>le</strong>s enjeux qui <strong>le</strong>s sous-tendent,<br />

d'entrevoir <strong>le</strong>s perspectives d'action<br />

et d'application à la lumière<br />

des mutations qui se sont produites<br />

et cel<strong>le</strong>s qui restent à dérou<strong>le</strong>r dans<br />

<strong>le</strong> cadre du processus déjà défini.<br />

L'activité de régulation dans <strong>le</strong><br />

secteur en tant que nouveauté en<br />

Algérie était à l'ordre du jour de la<br />

Session une. A ce titre, <strong>le</strong>s explications<br />

des experts ont porté sur <strong>le</strong><br />

démarrage effectif des activités des<br />

agences de régulation, à l'instar de<br />

la CREG, d'Alnaft et de l'ARH, des


premières expériences de cel<strong>le</strong>s-ci<br />

à l'épreuve du terrain, ainsi que<br />

de <strong>le</strong>urs implications futures. La<br />

deuxième session, el<strong>le</strong>, a été consacrée<br />

à la stratégie d'adaptation des<br />

opérateurs historiques face au<br />

contexte de l'économie de marché,<br />

notamment à travers <strong>le</strong>s cas des<br />

deux groupes du secteur, à savoir<br />

Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>. Un choix<br />

de cas incontournab<strong>le</strong> qui a, au<br />

demeurant, impliqué <strong>le</strong>s interventions<br />

respectives des deux premiers<br />

responsab<strong>le</strong>s de ces deux<br />

entités économiques, MM. M.<br />

Meziane et N. Boutarfa qui ont,<br />

chacun de son côté, parcouru, à<br />

travers <strong>le</strong>urs exposés, <strong>le</strong>s étapes<br />

franchies par <strong>le</strong>s Groupes qu'ils<br />

dirigent, énumérant, dans <strong>le</strong> détail,<br />

<strong>le</strong>urs approches respectives de la<br />

stratégie d'adaptation suivie,<br />

s'attardant, à l'occasion, sur <strong>le</strong>s différents<br />

vo<strong>le</strong>ts que cette restructuration<br />

a touchés.<br />

L'intervention du P-DG de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> a permis de faire un éclairage<br />

historique sur <strong>le</strong> Groupe<br />

<strong>Sonelgaz</strong> en vue de tracer un<br />

itinéraire chronologique et des<br />

expériences jusqu'à l'avènement du<br />

contexte de mutations actuel<strong>le</strong>s<br />

et <strong>le</strong>s opportunités offertes au<br />

Groupe à travers <strong>le</strong> nouveau paysage<br />

législatif. Cheminant selon<br />

une approche qui donne à voir <strong>le</strong>s<br />

différentes évolutions et étapes<br />

franchies par <strong>Sonelgaz</strong>, en passant<br />

par <strong>le</strong>s changements majeurs qu'a<br />

connus l'environnement économique<br />

à la faveur des réformes globa<strong>le</strong>s<br />

et cel<strong>le</strong>s qui ont impliqué<br />

l'ensemb<strong>le</strong> des opérateurs du secteur<br />

de l'énergie, M. Boutarfa a<br />

abordé la question de la stratégie<br />

d'adaptation et des <strong>le</strong>viers stratégiques.<br />

Une stratégie d'adaptation<br />

que l'intervenant a tenu à lier à une<br />

définition claire et rigoureusement<br />

hiérarchisée des missions que<br />

s'assigne <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s<br />

objectifs qu'il se fixe en tant<br />

qu'opérateur historique ainsi que<br />

<strong>le</strong>s risques et <strong>le</strong>s contraintes qu'il<br />

entrevoit dans <strong>le</strong> nouveau contexte<br />

de la concurrence internationa<strong>le</strong>.<br />

C'est sur la base de ces paramètres<br />

historiques, structurels et de<br />

référence que <strong>le</strong> premier responsab<strong>le</strong><br />

de <strong>Sonelgaz</strong> a énuméré <strong>le</strong>s<br />

différents axes stratégiques qui<br />

composent la politique d'adaptation<br />

du Groupe aux mutations en<br />

cours. Ces adaptations, qui sont<br />

el<strong>le</strong>s-mêmes des mutations,<br />

consistent dans la veil<strong>le</strong> stratégique<br />

et technologique en tant<br />

qu'instrument d'aide à la décision<br />

dans l'élaboration de la stratégie de<br />

développement à long et à très<br />

long terme, la restructuration de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> en groupe industriel par<br />

la filialisation des activités, l'adoption<br />

d'une nouvel<strong>le</strong> approche de<br />

financement mieux adaptée au<br />

contexte de désengagement de<br />

l'Etat, <strong>le</strong> recours au partenariat en<br />

tant qu'option stratégique de développement<br />

sur <strong>le</strong>s marchés national<br />

et international, un management<br />

rénové des ressources humaines<br />

sine qua non pour prendre en<br />

charge à l'optimum <strong>le</strong>s besoins de<br />

la demande en termes de qualité de<br />

service et de réactivité, la diffusion<br />

d'une nouvel<strong>le</strong> culture et de nouvel<strong>le</strong>s<br />

va<strong>le</strong>urs mieux adaptées au


18<br />

Evénement<br />

contexte de concurrence et d'efficacité<br />

et, enfin, une politique de communication<br />

et une stratégie d'image<br />

en adéquation avec <strong>le</strong>s objectifs de<br />

fidélisation de la clientè<strong>le</strong>, de la<br />

défense des parts de marché<br />

et de promotion du partenariat.<br />

Rappelant que cette restructuration<br />

adaptative intervient dans un<br />

contexte très engageant d'investissements<br />

et de politique nationa<strong>le</strong><br />

énergétique rénovée, <strong>le</strong> P-DG de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> a tenu à mettre en exergue<br />

l'adéquation de la stratégie<br />

adoptée avec <strong>le</strong>s défis qui se présentent,<br />

se réjouissant enfin de l'implication<br />

de tous, cadres, travail<strong>le</strong>urs<br />

et partenaires sociaux confondus,<br />

dans un cadre de concertation, dans<br />

la concrétisation du processus en<br />

cours et des défis à venir.<br />

Pour ce qui est de la troisième<br />

session, el<strong>le</strong> s'est structurée en<br />

trois vo<strong>le</strong>ts, à savoir l'activité<br />

Amont, l'activité TRC et l'activité<br />

Aval. Les présentations concernant<br />

ces trois vo<strong>le</strong>ts ont porté<br />

respectivement sur la stratégie<br />

adoptée, <strong>le</strong>s réalisations, <strong>le</strong>s perspectives<br />

de développement de ces<br />

activités ainsi que <strong>le</strong>s opportunités<br />

d'investissements. A retenir, pour<br />

l'activité Aval, une présentation<br />

portant sur la stratégie de développement<br />

de la pétrochimie en<br />

Algérie qui a suscité un grand intérêt<br />

chez <strong>le</strong>s participants qui ont<br />

écouté avec beaucoup d'attention<br />

un exposé sur <strong>le</strong>s caractéristiques<br />

de l'industrie pétrochimique ainsi<br />

que <strong>le</strong>s perspectives de son développement<br />

en Algérie non sans<br />

une option de partenariat international<br />

stratégique.<br />

Intégration régiona<strong>le</strong> et libreéchange<br />

: prospectives, enjeux et<br />

opportunités de croissance a<br />

constitué la matière de la quatrième<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

session, incluant <strong>le</strong>s perspectives du<br />

marché euro-méditerranéen de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité, la construction d'un<br />

pô<strong>le</strong> d'activités pour <strong>le</strong> futur, <strong>le</strong>s<br />

chal<strong>le</strong>nges du gaz nord-africain…<br />

Cela pour mener, enfin, à des débats<br />

qui ont mis en lumière <strong>le</strong> grand<br />

potentiel gazier algérien ainsi que<br />

<strong>le</strong>s améliorations technologiques à<br />

envisager en vue de renforcer la<br />

compétitivité de la chaîne gazière,<br />

essentiel<strong>le</strong>ment en termes de coûts.<br />

La cinquième session devait,<br />

quant à el<strong>le</strong>, être une matière de<br />

réf<strong>le</strong>xion et d'évaluation du rô<strong>le</strong> de<br />

Algerian Energy Company et des<br />

opportunités de partenariat avec<br />

des sociétés internationa<strong>le</strong>s ainsi<br />

que des opportunités d'investissements<br />

dans <strong>le</strong> secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

et la distribution par canalisations.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, l'approche du Groupe<br />

<strong>Sonelgaz</strong> sur la question du partenariat<br />

et du montage financier<br />

a été développée durant cette session<br />

qui a connu éga<strong>le</strong>ment une<br />

intervention portant sur <strong>le</strong>s projets<br />

de centra<strong>le</strong>s hybrides solaire/gaz.<br />

L'Environnement HSE et <strong>le</strong>s<br />

opportunités d'investissements<br />

étaient des axes de réf<strong>le</strong>xion développés<br />

par pas moins de six communications<br />

qui se sont étalées sur<br />

<strong>le</strong>s enjeux environnementaux liés à<br />

l'activité énergétique, des thèmes<br />

relatifs à la pollution marine, à<br />

l'aménagement du territoire et au<br />

rô<strong>le</strong> du secteur dans la protection<br />

de l'environnement, à l'amélioration<br />

de la sécurité et de la fiabilité<br />

à travers <strong>le</strong> changement des attitudes,<br />

à l'évaluation des risques à<br />

travers l'implémentation de systèmes<br />

de gestion d'urgence et de<br />

crise pour <strong>le</strong> secteur des hydrocarbures,<br />

aux projets du secteur<br />

éligib<strong>le</strong>s au mécanisme pour un<br />

développement propre et à la<br />

promotion d'initiatives environnementa<strong>le</strong>s<br />

en Algérie utilisant l'approche<br />

business. Les débats de<br />

cette rencontre ont porté sur <strong>le</strong><br />

projet de création de la multinationa<strong>le</strong><br />

contre la pollution marine par<br />

<strong>le</strong>s hydrocarbures.<br />

Septième édition des Journées<br />

scientifiques et techniques<br />

Structurée par un programme<br />

très riche, s'articulant autour de<br />

sessions de communications et de<br />

tab<strong>le</strong>s rondes, la thématique des<br />

JST7 n'a pas dérogé aux questions<br />

développées dans <strong>le</strong> cadre de la<br />

Conférence stratégique internationa<strong>le</strong>.<br />

C'est en parfaite complémentarité<br />

avec cel<strong>le</strong>-ci, sous <strong>le</strong> même<br />

slogan, que l'événement a été un<br />

espace d'échange d'expériences,<br />

de débats et d'actualisation des<br />

informations sur <strong>le</strong>s derniers<br />

développements de la recherche<br />

scientifique dans <strong>le</strong> domaine énergétique.<br />

Ainsi, des thèmes ont été<br />

développés et enrichis, comme<br />

«Energie, prospective et stratégie<br />

d'entreprise, Gestion du risque<br />

industriel, Economie et finance,<br />

Ressources humaines, Corporate<br />

gouvernance ou encore Industrie<br />

du raffinage et de la pétrochimie.<br />

Les communications relatives à ces<br />

thèmes ont abondé dans <strong>le</strong> sens<br />

des acquis scientifiques, technologiques<br />

et des niveaux de gestion et<br />

de management actuels, ouvrant<br />

des perspectives de mise à contribution<br />

de ces acquis en vue de <strong>le</strong>ur<br />

application dans <strong>le</strong>s domaines<br />

concernés au sein des entreprises<br />

du secteur. Bien entendu, <strong>le</strong> thème<br />

majeur, <strong>le</strong>itmotiv de l'événement,<br />

qui n'est autre que l'évaluation<br />

des opportunités d'investissements<br />

dans <strong>le</strong> secteur de l'énergie et des


mines, n'échappait nul<strong>le</strong>ment aux<br />

intervenants, que ce soit à travers<br />

<strong>le</strong>s communications ou lors des<br />

débats. Il s'agissait surtout de<br />

concilier attractivité du marché<br />

énergétique algérien et nécessité<br />

de tirer parti de cette attractivité<br />

en vue d'un transfert conséquent<br />

de technologie et de savoir-faire.<br />

En complément des sessions<br />

communications et tab<strong>le</strong>s rondes,<br />

deux sessions posters ont été organisées<br />

en marge de l'événement,<br />

touchant à des domaines très pointus<br />

en rapport avec <strong>le</strong>s exigences<br />

de l'industrie pétrolière et gazière.<br />

Il s'agissait, entre autres sujets, de<br />

réf<strong>le</strong>xions sur l'optimisation des<br />

méthodes d'approche à la lumière<br />

des nouveaux acquis technologiques,<br />

de propositions de résolution<br />

de certains problèmes liés aux<br />

activités de terrain, de dissertations<br />

théoriques fondées sur des<br />

approches novatrices en matière<br />

de protection de l'environnement,<br />

d'études de faisabilité de projets<br />

appliqués à des cas précis et autres<br />

passages en revue d'expériences<br />

avérées en matière d'applications<br />

technologiques et de systèmes<br />

d'adaptation méthodologiques. En<br />

tout, pas moins d'une quarantaine<br />

de sujets traitant, dans <strong>le</strong> cadre des<br />

approches mentionnées, de la géologie,<br />

de l'é<strong>le</strong>ctrochimie, des<br />

erreurs mécaniques, de l'évaluation<br />

des techniques nouvel<strong>le</strong>s en<br />

vue de l'optimisation des coûts de<br />

production des hydrocarbures, <strong>le</strong><br />

dessa<strong>le</strong>ment de l'eau de mer…<br />

Troisième Exposition<br />

internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong><br />

et <strong>le</strong> gaz en Algérie<br />

Aloge3 (Algerian Oil and Gas<br />

Exhibition), qui s'est étalé au sein<br />

du Palais des expositions de la<br />

nouvel<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> oranaise sur une<br />

superficie de 3 260 m 2 , a accueilli<br />

pas moins de 104 sociétés du secteur<br />

de l'énergie, originaires de 21<br />

pays, et plus de 10 000 visiteurs. Sa<br />

vocation première étant de favoriser<br />

une mise en contact entre<br />

opérateurs nationaux et internationaux<br />

du secteur de l'énergie et<br />

des mines, Aloge3 a été, en effet,<br />

durant toute la durée de la<br />

3 e édition de la SEA <strong>le</strong> lieu d'articulation<br />

d'un échange précieux<br />

d'informations, d'expériences et de<br />

vues sur <strong>le</strong>s marchés algérien et<br />

international, comme il a été, pour<br />

beaucoup d'entreprises du secteur,<br />

l'occasion de mettre en évidence<br />

<strong>le</strong>urs nouveautés technologiques<br />

et <strong>le</strong>s applications réalisées dans<br />

des domaines précis, mais aussi de<br />

proposer des services adaptés en<br />

relation avec <strong>le</strong>s derniers développements<br />

et tendances du secteur<br />

des hydrocarbures.<br />

L'exposition a été éga<strong>le</strong>ment<br />

l'espace de déclarations d'intention<br />

de la part de compagnies étrangères<br />

activant dans <strong>le</strong> secteur en<br />

Algérie dont <strong>le</strong>s éminents représentants<br />

à cet événement ont tenu<br />

à afficher une volonté de déploiement<br />

et d'investissement qu'ils ont<br />

attribuée, entre autres raisons, à la<br />

réalité prometteuse du marché<br />

algérien de l'énergie, mais éga<strong>le</strong>ment<br />

à la réussite des relations de<br />

partenariat que ces sociétés ont<br />

établies avec <strong>le</strong>urs homologues<br />

algériennes du secteur de l'énergie,<br />

notamment Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>.<br />

Cette 3 e édition de la Semaine<br />

internationa<strong>le</strong> de l'énergie, à travers<br />

la diversité de ses manifestations,<br />

la qualité de la participation<br />

et des interventions, mais aussi <strong>le</strong><br />

contexte de transition déterminante<br />

que vit <strong>le</strong> secteur dans son ensemb<strong>le</strong>,<br />

a permis de mettre en lumière<br />

<strong>le</strong>s différentes perspectives de<br />

développement dans <strong>le</strong> domaine<br />

énergétique tout en donnant une<br />

meil<strong>le</strong>ure lisibilité aux dispositions<br />

législatives nouvel<strong>le</strong>s qui ont<br />

touché <strong>le</strong> secteur, que ce soit à travers<br />

l'entrée en application de la loi<br />

sur <strong>le</strong>s hydrocarbures ou de cel<strong>le</strong><br />

relative au marché de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />

Le partenariat n'était pas en reste,<br />

durant cette manifestation, dont <strong>le</strong><br />

bilan sur <strong>le</strong> terrain énergétique fait<br />

ressortir un rythme de réalisations<br />

physiques, de découvertes pétrolières<br />

et d'investissements nationaux<br />

et étrangers directs dont <strong>le</strong>s<br />

chiffres, dans l'interval<strong>le</strong> 2000-<br />

2006, dépassent <strong>le</strong>s 24 milliards de<br />

dollars américains, dont 13 milliards<br />

en association avec des compagnies<br />

étrangères. Enfin,<br />

l'événement a eu <strong>le</strong> mérite de servir<br />

de plate-forme de dialogue de politique<br />

énergétique entre l'Algérie et<br />

ses différents partenaires, notamment<br />

d'Europe, en vue de la<br />

construction d'une dynamique<br />

nouvel<strong>le</strong> qui serve <strong>le</strong>s visions stratégiques<br />

respectives et qui permette<br />

à notre pays d'incarner<br />

p<strong>le</strong>inement son rô<strong>le</strong> d'acteur énergétique<br />

sur <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> plan régional<br />

et international


20<br />

Métiers<br />

La thermovision<br />

Une technique aux applications modernes<br />

La sécurité des installations é<strong>le</strong>ctriques est un souci de tous <strong>le</strong>s<br />

instants. Pour surveil<strong>le</strong>r au plus près son réseau et agir de<br />

manière préventive sur <strong>le</strong>s risques de rupture des connexions,<br />

notamment sur <strong>le</strong>s lignes à haute tension et dans <strong>le</strong>s postes,<br />

<strong>Sonelgaz</strong> a généralisé <strong>le</strong> recours à une technique de pointe, la<br />

thermovision. Une technique préventive dont l'utilité n'est plus à<br />

démontrer tant el<strong>le</strong> concerne tous <strong>le</strong>s paliers dans la distribution<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité, de la production au client final.<br />

L<br />

a thermovision est en<br />

fait une technique<br />

pour assurer la permanence<br />

de la fourniture<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité aux clients de<br />

<strong>Sonelgaz</strong>. Des moyens de contrô<strong>le</strong><br />

et de vérification sont mis en place<br />

à tous <strong>le</strong>s niveaux, depuis la centra<strong>le</strong><br />

jusqu'aux pylônes qui traversent<br />

<strong>le</strong>s agglomérations, en passant<br />

par <strong>le</strong>s postes.<br />

Sur <strong>le</strong> réseau é<strong>le</strong>ctrique de<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s connexions é<strong>le</strong>ctriques<br />

abritent ce qu'on appel<strong>le</strong> des<br />

points chauds dus à des problèmes<br />

liés à la qualité des matériaux, à<br />

l'environnement agressif et à<br />

l'intensité transitée par la<br />

connexion. Ces points chauds, s'ils<br />

ne sont pas détectés et éliminés,<br />

pourront conduire à des incidents<br />

et provoquer des ruptures de<br />

conducteurs, de bretel<strong>le</strong>s, de tendues,<br />

de connexions. Consciente<br />

de enjeux liés à la permanence de<br />

la fourniture d'é<strong>le</strong>ctricité, <strong>Sonelgaz</strong><br />

a introduit la thermographie infrarouge<br />

pour <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de se<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

s installations é<strong>le</strong>ctriques (production,<br />

transport et distribution de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité) depuis <strong>le</strong>s années 1980<br />

avec utilisation de quelques caméras<br />

infrarouges refroidies à l'azote.<br />

Cette technique, malgré <strong>le</strong>s services<br />

et avantages qu'el<strong>le</strong> présentait,<br />

n'était pas sans inconvénients. Ces<br />

dernières années, el<strong>le</strong> s'est nettement<br />

développée avec l'apparition<br />

sur <strong>le</strong> marché de nouvel<strong>le</strong>s caméras<br />

infrarouges munies de détecteurs<br />

plus sensib<strong>le</strong>s, ce qui <strong>le</strong>s rend<br />

plus performantes et plus fiab<strong>le</strong>s.<br />

Cet outil, <strong>Sonelgaz</strong> s'en sert, <strong>le</strong><br />

développe depuis 2000. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> fait<br />

dans une conjoncture marquée<br />

par <strong>le</strong> développement de plus en<br />

plus important de son réseau é<strong>le</strong>ctrique,<br />

produit des derniers investissements<br />

(en production,<br />

transport et distribution de l'é<strong>le</strong>ctricité).<br />

El<strong>le</strong> a ainsi acquis de nouvel<strong>le</strong>s<br />

générations de caméras<br />

infrarouges de dernière technologie<br />

(treize caméras acquises par<br />

GRTE en 2001), procédé à la<br />

formation d'opérateurs et de<br />

techniciens dans <strong>le</strong> domaine et mis<br />

en place, dans <strong>le</strong>s unités opérationnel<strong>le</strong>s,<br />

de brigades spécialisées<br />

chargées de l'inspection par<br />

thermographie infrarouge.<br />

Comment fonctionne la thermovision<br />

? L'on sait que tout équipement<br />

conducteur parcouru par<br />

un courant é<strong>le</strong>ctrique s'échauffe,<br />

c'est l'effet Jou<strong>le</strong>. Techniquement, la<br />

quantité d'énergie calorifique dissipée<br />

par échauffement est proportionnel<strong>le</strong><br />

à la résistance é<strong>le</strong>ctrique<br />

de l'équipement au carré du courant<br />

et au temps pendant <strong>le</strong>quel<br />

passe ce courant. L'appareillage<br />

é<strong>le</strong>ctrique s'échauffe donc jusqu'à<br />

ce que l'énergie calorifique produite<br />

par <strong>le</strong>s courants soit éga<strong>le</strong> à<br />

l'énergie dissipée dans l'espace<br />

environnant. Il y a dans ce cas équilibre<br />

thermodynamique. Dans des<br />

conditions spécifiques de fonctionnement,<br />

l'appareillage é<strong>le</strong>ctrique<br />

doit se comporter théoriquement<br />

dans des limites nomina<strong>le</strong>s déterminées.<br />

La thermographie infrarouge<br />

dont il est question met en


évidence des anomalies de comportement<br />

thermique par des<br />

mesures de températures relatives<br />

ou absolues. Ce sont ces anomalies<br />

que l'on appel<strong>le</strong> communément<br />

«points chauds». El<strong>le</strong>s<br />

identifient des défauts ou dégradations<br />

loca<strong>le</strong>s par des élévations<br />

anorma<strong>le</strong>s de température. Les<br />

points chauds trouvent généra<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>ur origine suite à la variation<br />

de la résistance de passage du<br />

courant. Les défauts thermiques<br />

fréquents sont : <strong>le</strong> problème de serrage,<br />

l'usure, l'oxydation ou la corrosion<br />

de contact, <strong>le</strong> positionnement<br />

incorrect de contacts mobi<strong>le</strong>s, <strong>le</strong><br />

déséquilibre des charges entre<br />

phases, la ventilation insuffisante de<br />

«tab<strong>le</strong>aux ou locaux» é<strong>le</strong>ctriques et,<br />

enfin, <strong>le</strong>s problèmes de conception<br />

des installations (problème<br />

d'induction). Le contrô<strong>le</strong> thermique<br />

dont il s'agit s'applique à un<br />

ensemb<strong>le</strong> d'équipements et d'installations<br />

: <strong>le</strong>s accessoires des<br />

lignes aériennes (BT, MT, HT et<br />

THT), <strong>le</strong>s plages de bretel<strong>le</strong>s,<br />

plages circuit bouchon, plages sectionneurs<br />

tête de lignes, <strong>le</strong>s raccords,<br />

<strong>le</strong>s manchons, blocs, <strong>le</strong>s<br />

accessoires des composants des<br />

postes de transformation (travées<br />

HT et THT), <strong>le</strong>s contacts de sectionneurs,<br />

<strong>le</strong>s raccords, <strong>le</strong>s doigts<br />

de contact sectionneurs, <strong>le</strong>s barrettes<br />

de TC, <strong>le</strong>s boîtes d'extrémité<br />

tête de câb<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s équipements des<br />

armoires et tab<strong>le</strong>aux é<strong>le</strong>ctriques<br />

(BT et MT), contacteurs, disjoncteurs,<br />

fusib<strong>le</strong>s, connecteurs, <strong>le</strong>s<br />

équipements des centra<strong>le</strong>s thermiques,<br />

<strong>le</strong>s chaudières, <strong>le</strong>s paliers, <strong>le</strong>s<br />

compresseurs, <strong>le</strong>s alternateurs, <strong>le</strong>s<br />

turbines, <strong>le</strong>s pompes, <strong>le</strong>s canalisations<br />

de fluides, <strong>le</strong>s transformateurs,<br />

<strong>le</strong>s raccords… Le contrô<strong>le</strong><br />

par thermographie est réalisé en<br />

trois temps : <strong>le</strong> premier palier, c'est<br />

la visualisation du comportement<br />

thermique global des éléments<br />

d'une même installation. Cel<strong>le</strong>-ci<br />

met en évidence des points dont<br />

<strong>le</strong>s températures sont plus é<strong>le</strong>vées.<br />

Le deuxième palier, c'est l'interprétation<br />

que se fait l'opérateur de la<br />

scène thermique afin de différencier<br />

<strong>le</strong>s échauffements normaux<br />

(bobines de contacteurs, résistances,<br />

selfs, transformateurs) des<br />

échauffements anormaux : ces<br />

derniers sont faci<strong>le</strong>ment identifiab<strong>le</strong>s<br />

par comparaison entre composants<br />

identiques fonctionnant<br />

dans des conditions similaires<br />

(mêmes charges transitantes).


22<br />

Métiers<br />

Cette opération implique une<br />

connaissance certaine de l'appareillage<br />

é<strong>le</strong>ctrique ainsi que de<br />

bonnes notions pratiques dans<br />

l'application de la thermographie<br />

infrarouge : beaucoup de composants<br />

é<strong>le</strong>ctriques ont une émissivité<br />

faib<strong>le</strong> (cuivre, aluminium),<br />

donc un pouvoir réfléchissant très<br />

é<strong>le</strong>vé. L'opérateur ne doit pas<br />

confondre un point anorma<strong>le</strong>ment<br />

chaud avec un point chaud «fantôme»<br />

résultant de la «réf<strong>le</strong>xion»<br />

d'une source de cha<strong>le</strong>ur environnante,<br />

voire l'image thermique de<br />

l'analyste sur <strong>le</strong> composant. Le<br />

technicien doit assurer constamment<br />

son interprétation en éliminant<br />

au maximum <strong>le</strong>s phénomènes<br />

de rayonnement par modification<br />

de l'ang<strong>le</strong> d'observation de la<br />

caméra infrarouge ou par masquage<br />

des sources de cha<strong>le</strong>ur environnantes.<br />

L'opérateur cherchera<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

toujours à réaliser la mesure des<br />

points chauds sur des parties de<br />

bonne émissivité (boulons oxydés,<br />

isolants conducteurs…) afin d'éliminer<br />

la prise en compte des<br />

rayonnements perturbateurs réfléchis<br />

et ainsi diminuer <strong>le</strong>s temps<br />

d'analyse. Les mesures prises dans<br />

ce cas sont relatives en ce sens que<br />

la mise en évidence d'un point<br />

chaud se fera par comparaison des<br />

températures mesurées sur l'élément<br />

défectueux et sur un élément<br />

similaire fonctionnant dans des<br />

conditions identiques (élément de<br />

référence). C'est la différence de<br />

température ou «∆T» (delta.T) qui<br />

caractérise <strong>le</strong> défaut thermique.<br />

Ainsi, si ∆T est inférieure à 10 °C,<br />

<strong>le</strong> point chaud n'est pas grave et, de<br />

ce fait, l'intervention des équipes<br />

de maintenance peut être différée<br />

dans <strong>le</strong> temps. Si ∆T est inférieure<br />

à 35 °C, <strong>le</strong> point chaud est important<br />

et l'intervention des équipes<br />

de maintenance doit être programmée<br />

dès que possib<strong>le</strong>. Si ∆T est<br />

supérieure à 35 °C, <strong>le</strong> point chaud<br />

est très important et l'intervention<br />

des équipes de maintenance doit<br />

être programmée <strong>le</strong> plus rapidement<br />

possib<strong>le</strong>. Le troisième palier,<br />

c'est l'élaboration par l'opérateur<br />

d'un rapport d'analyse et de synthèse<br />

qui doit contenir la liste des<br />

installations diagnostiquées avec<br />

<strong>le</strong>ur mode de fonctionnement. Les<br />

équipements présentant des anomalies<br />

thermiques sont identifiés<br />

textuel<strong>le</strong>ment et visuel<strong>le</strong>ment par<br />

une photo classique «numérique»<br />

et un thermogramme de la scène<br />

thermique où se situe <strong>le</strong> point<br />

chaud, ceux-ci sont complétés par<br />

<strong>le</strong>s conditions et <strong>le</strong>s résultats des<br />

mesures, <strong>le</strong>s causes probab<strong>le</strong>s des<br />

défaillances et <strong>le</strong>s interventions<br />

correctives recommandées. Ces<br />

interventions sont suggérées dans<br />

certains délais établis sur la base de<br />

la gravité des anomalies thermiques.<br />

La gravité d'un défaut dépend<br />

principa<strong>le</strong>ment, pour l'opérateur,<br />

des différences de températures<br />

mises en évidence. Néanmoins, de<br />

faib<strong>le</strong>s écarts de températures peuvent<br />

être très significatifs : ceux-ci<br />

dépendent du type d'équipement,<br />

de ses conditions d'exploitation et<br />

de sa hiérarchie technique au sein<br />

des installations. Dans ces conditions,<br />

l'ultime décision de réparer<br />

<strong>le</strong>s équipements défectueux doit<br />

être prise par <strong>le</strong> personnel responsab<strong>le</strong><br />

des installations. L'utilisation<br />

des caméras infrarouge comme<br />

outil de diagnostic sur <strong>le</strong> réseau<br />

é<strong>le</strong>ctrique de <strong>Sonelgaz</strong> a permis à<br />

cette dernière de réaliser des résultats<br />

non négligeab<strong>le</strong>s traduits par<br />

une meil<strong>le</strong>ure disponibilité des<br />

ouvrages, d'où une meil<strong>le</strong>ure qualité<br />

et continuité de service fourni à<br />

la clientè<strong>le</strong>, par une anticipation de<br />

la panne et de l'arrêt des équipements<br />

(réduction des coûts d'immobilisation),<br />

par une optimisation<br />

du temps presté par <strong>le</strong> personnel<br />

d'entretien (diminution du coût<br />

de la maintenance), par une augmentation<br />

de la fiabilité et<br />

de la longévité des équipements<br />

(accroissement de la rentabilité des<br />

investissements), par une sécurité<br />

accrue à la fois sur <strong>le</strong> personnel et<br />

<strong>le</strong>s tiers, entre autres. Le contrô<strong>le</strong><br />

thermographie, trois centra<strong>le</strong>s<br />

é<strong>le</strong>ctriques l'utilisent aujourd'hui :<br />

Marsa El Hadjedj, Jijel et Ras<br />

Djenet


Transport exceptionnel<br />

Transmex, une flotte et des hommes<br />

Ce sont des dizaines de camions aux allures impressionnantes,<br />

sous forme de convois exceptionnels qui, au bout de dizaines de<br />

jours de trajet, relient <strong>le</strong>s principaux ports du pays à des lieux de<br />

destination distants parfois de plusieurs centaines de kilomètres.<br />

Le transport exceptionnel, seul moyen d'acheminer des «colis»,<br />

tel<strong>le</strong>s des turbines de centra<strong>le</strong>s, pesant jusqu'à 400 tonnes, est un<br />

métier entièrement à part, mais aussi un métier à part entière<br />

auquel <strong>Sonelgaz</strong> a recours des dizaines de fois par an.<br />

Alors qu'el<strong>le</strong> existait<br />

déjà en tant que structure<br />

de <strong>Sonelgaz</strong> chargée<br />

du transport et de<br />

la manutention exceptionnels des<br />

équipements industriels et é<strong>le</strong>ctriques,<br />

Transmex a été érigée en<br />

filia<strong>le</strong> dès 1993. Il s'agit en fait de la<br />

première entité autonome de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> avant <strong>le</strong>s grandes filialisations<br />

nées dans <strong>le</strong> contexte de la<br />

réforme qui a touché <strong>le</strong> Groupe.<br />

Le temps aidant, Transmex est<br />

devenue un exemp<strong>le</strong> accompli de<br />

la transformation, puisque cette<br />

entreprise a accumulé, en tant que<br />

structure de <strong>Sonelgaz</strong> et en tant<br />

qu'entité indépendante, un capital<br />

de 30 ans d'expérience dans un<br />

domaine très particulier qu'est <strong>le</strong><br />

transport et manutention de colis<br />

lourds et hors gabarits. A<br />

Transmex, on exhibe fièrement un<br />

palmarès de performances qui<br />

donnent au titre de <strong>le</strong>ader national<br />

et régional dans ce métier particulier<br />

tout son sens. Il ne fait aucun<br />

doute que <strong>le</strong> titre de <strong>le</strong>ader national<br />

et régional dans ce métier particulier<br />

est bien mérité. Outre<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, la société mère, <strong>le</strong>s services<br />

de Transmex sont sollicités par<br />

des entreprises étrangères et<br />

loca<strong>le</strong>s qui ont investi dans <strong>le</strong><br />

secteur des hydrocarbures et hors<br />

hydrocarbures.<br />

Avant de transporter ou d'effectuer<br />

<strong>le</strong>s travaux de manutention<br />

proprement dits, tout un processus<br />

d'engineering lié à la seu<strong>le</strong> fraction<br />

du transport et de la<br />

manutention est mis en place.<br />

Comme préalab<strong>le</strong> sine qua non à<br />

toute opération de transport, des<br />

études sont faites en fonction, à<br />

chaque fois, des spécificités des<br />

colis à acheminer. Outre <strong>le</strong> poids<br />

et <strong>le</strong> gabarit du colis en question,<br />

chaque nouvel<strong>le</strong> opération comporte<br />

ses spécificités et ses<br />

contraintes, dès lors que <strong>le</strong>s colis à<br />

transporter sont rarement identiques.<br />

Les études consistent éga<strong>le</strong>ment<br />

à déterminer l'itinéraire<br />

idéal, mais aussi <strong>le</strong>s actions à<br />

mener et <strong>le</strong>s prévisions à faire.<br />

En fait, pour ce genre de transport,<br />

décider du tracé du convoi jusqu'à<br />

sa destination fina<strong>le</strong> n'est qu'une<br />

première démarche que suit cel<strong>le</strong><br />

consistant à définir tous <strong>le</strong>s aménagements<br />

devant être réalisés afin<br />

de permettre aux convois exceptionnels<br />

de cheminer en toute


24<br />

Métiers<br />

fluidité, d'assurer la sécurité des<br />

colis et d'atteindre la destination<br />

dans <strong>le</strong>s délais.<br />

Le projet d'un convoi exceptionnel<br />

nécessite, dans certains<br />

cas, <strong>le</strong> déplacement de lignes à<br />

haute tension ou des lignes téléphoniques,<br />

ou encore la réalisation<br />

de passages à gué à même de permettre<br />

la traversée des oueds avec<br />

des charges qui peuvent atteindre<br />

<strong>le</strong>s 400 tonnes, <strong>le</strong>s ponts étant souvent<br />

contournés, car ne pouvant<br />

généra<strong>le</strong>ment supporter des charges<br />

de cette grandeur. Des perspectives<br />

qui nécessitent, entre<br />

autres, des prévisions météorologiques<br />

et une très bonne connaissance<br />

des sites.<br />

Ce métier impose, par ail<strong>le</strong>urs,<br />

une configuration, à chaque fois<br />

renouvelée, des équipements de<br />

transport et de manutention en<br />

adéquation avec l'envergure et <strong>le</strong><br />

poids du colis à transporter, mais<br />

aussi avec l'itinéraire qu'il a été<br />

décidé d'emprunter. Ce sont des<br />

calculs d'optimisation permanente<br />

qui sont faits, mais aussi un savoirfaire<br />

mis à profit, qui implique un<br />

grand sens de l'initiative et une<br />

grande maîtrise technique des<br />

équipements.<br />

L'arrivée des colis à bon port et<br />

en parfait état est déterminante<br />

pour <strong>le</strong> respect des délais de<br />

réalisation des infrastructures<br />

industriel<strong>le</strong>s importantes, voire<br />

stratégiques. L'entreprise devient,<br />

<strong>le</strong> temps d'un transport ou d'une<br />

opération de manutention importante,<br />

un partenaire de premier<br />

ordre de l'investisseur ou du maître<br />

de l'œuvre.<br />

Il est éga<strong>le</strong>ment fait appel au<br />

savoir-faire de Transmex dans des<br />

situations d'urgence, avec des<br />

interventions ultérieures et très<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

délicates sur des convois déjà<br />

lancés où <strong>le</strong>s enjeux consistent<br />

notamment dans <strong>le</strong> respect des<br />

délais de mise en service d'infrastructures<br />

aussi importantes<br />

qu'une centra<strong>le</strong> é<strong>le</strong>ctrique. Des<br />

situations qui mettent à l'épreuve<br />

<strong>le</strong> capital expérience de Transmex,<br />

son niveau de maîtrise des équipements<br />

ainsi que <strong>le</strong>s capacités d'intervention<br />

de ses personnels et de<br />

<strong>le</strong>ur adaptation, en temps réel, à<br />

une situation exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

Maîtriser <strong>le</strong> transport nécessite<br />

aussi une parfaite connaissance<br />

des équipements. Dès lors, assurer<br />

l'entretien des engins et des matériels<br />

comp<strong>le</strong>xes et spécifiques a<br />

toujours fait partie des métiers et<br />

des prestations que Transmex a<br />

intégrés à son activité. Une aptitude<br />

qui a mûri tout au long de<br />

deux décennies de pratique et qui<br />

TRANSMEX/SPA en chiffres<br />

est mise à profit par l'entreprise<br />

pour assurer la pérennité de ses<br />

équipements.<br />

Si dans <strong>le</strong> créneau du transport<br />

exceptionnel des colis entre 90 et<br />

400 tonnes, Transmex demeure<br />

l'unique référence en Algérie, <strong>le</strong>s<br />

transports des colis lourds de<br />

moins de 90 t voient naître une<br />

concurrence de plus en plus<br />

importante, dans un contexte où<br />

l'ouverture du marché n'interdit<br />

plus à des concurrents étrangers<br />

de proposer <strong>le</strong>urs services en<br />

Algérie.<br />

Conscients donc de ces enjeux,<br />

Transmex a pris <strong>le</strong>s devants,<br />

notamment par la certification,<br />

dès 2003, aux normes ISO 9001,<br />

version 2000. Ce alors que la certification<br />

QHSE (qualité, hygiène,<br />

sécurité et environnement) est en<br />

cours de concrétisation<br />

Avec un effectif global de l'ordre de 250 employés (cadres et maîtrise),<br />

Transmex se déploie sur tout <strong>le</strong> territoire national, à travers<br />

quatre représentations (Hassi Messaoud, Skikda, Arzew et Hassi<br />

Ameur). El<strong>le</strong> dispose d'un parc de production qui allie performance,<br />

fiabilité et adaptabilité aux besoins divers du marché. Par<br />

ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> parc transport de Transmex est composé de tracteurs<br />

6x4, 6x6, 8x8, de remorques modulaires, de remorques extensib<strong>le</strong>s<br />

et de porte-engins. Un parc pouvant assurer <strong>le</strong> transport de<br />

colis lourds et hors gabarits dont <strong>le</strong> poids peut al<strong>le</strong>r jusqu'à 400<br />

tonnes, ainsi que <strong>le</strong> transport conventionnel (SR 20 tonnes) avec<br />

une capacité de mobilisation, en sous-traitance, de l'ordre de 50<br />

camions/jour.<br />

Concernant <strong>le</strong>s matériels de manutention et de <strong>le</strong>vage, Transmex<br />

dispose de grues de <strong>le</strong>vage d'une capacité atteignant 500 t, de centra<strong>le</strong>s<br />

à vérins pouvant manutentionner des colis monoblocs de<br />

400 t et des chariots élévateurs capab<strong>le</strong>s de porter 6 à 20 t. Outre<br />

ces équipements, deux grues de 120 tonnes sont entrées en fonction<br />

en février 2007, alors que l'entreprise a acquis une grue de 220<br />

tonnes en 2006.


Interview<br />

M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun<br />

Directeur général de l'engineering<br />

«L’engineering réunifié est un capital de compétences»<br />

La nécessité de déterminer de manière organique et organisationnel<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>s missions d’une direction généra<strong>le</strong> de l'engineering<br />

s'est faite d'autant plus sentir que <strong>le</strong> Groupe, connaissant de<br />

grandes mutations dans son organisation, se devait de s'assurer<br />

une conduite, efficace et sans fail<strong>le</strong>, de ses projets d'investissements.<br />

Métier à part, l'engineering est en fait la jonction entre<br />

équipementiers ou constructeurs et <strong>le</strong> Groupe. M. Bou<strong>le</strong>kroun<br />

a été nommé Directeur de cette structure nouvel<strong>le</strong> en juin<br />

2006. Il explique dans cet<br />

entretien <strong>le</strong>s conditions<br />

dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s a été<br />

créée cette entité,<br />

<strong>le</strong>s perspectives de<br />

son évolution et <strong>le</strong><br />

sens qu'il donne<br />

aux missions<br />

qui lui sont<br />

assignées.


26<br />

Interview<br />

NOOR : Comment définirait-on concrètement<br />

la fonction engineering tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> se pratique à<br />

<strong>Sonelgaz</strong> ?<br />

M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun : La fonction<br />

engineering à <strong>Sonelgaz</strong> peut être définie comme étant la<br />

maîtrise d'œuvre d'ouvrages énergétiques re<strong>le</strong>vant des<br />

trois métiers de base : la production d'é<strong>le</strong>ctricité, <strong>le</strong><br />

transport é<strong>le</strong>ctricité et <strong>le</strong> transport gaz. Cette maîtrise<br />

d'œuvre concerne éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> domaine des infrastructures<br />

immobilières du Groupe. Pour chaque ouvrage<br />

énergétique, l'engineering doit résoudre une trip<strong>le</strong> équation<br />

: la maîtrise des coûts, <strong>le</strong> respect des délais et la<br />

garantie de la qualité. Ces trois éléments fondamentaux<br />

représentent, pour nous, un souci constant et permanent.<br />

J'ajoute que la fonction engineering intervient<br />

pour exécuter <strong>le</strong>s décisions d'une instance du Groupe<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong> «Comité investissements», sur la base de<br />

dossiers émis par la direction de la planification à court,<br />

moyen et long terme. En ce qui concerne <strong>le</strong>s décisions du<br />

Comité investissements, el<strong>le</strong>s se résument en quatre<br />

points : l'intitulé de l'ouvrage, sa localisation, <strong>le</strong>s délais de<br />

mise en service et la consistance. Ceux-ci représentent<br />

ce qu'il convient d'appe<strong>le</strong>r l'«élément d'entrée» à partir<br />

duquel tout processus de réalisation est enc<strong>le</strong>nché.<br />

Naturel<strong>le</strong>ment, l'engineering a une place au sein<br />

du Comité d'investissement…<br />

Z. B. : Oui, bien sûr. Nous mettons en œuvre <strong>le</strong>s décisions<br />

du Comité investissements, mais nous sommes<br />

aussi membres de cette instance. Nous y donnons notre<br />

avis et nous <strong>le</strong> défendons, notamment lorsqu'il s'agit de<br />

débattre de l'urgence des projets à réaliser, des priorités<br />

qui <strong>le</strong>s caractérisent, des délais et des capacités humaines<br />

et matériel<strong>le</strong>s à mobiliser. En amont, nous sommes<br />

éga<strong>le</strong>ment partie prenante dans la planification qui sollicite<br />

notre point de vue pour <strong>le</strong>s projets qu'el<strong>le</strong> initie<br />

dans <strong>le</strong> cadre de ses missions.<br />

Peut-on par<strong>le</strong>r de spécificités propres à la fonction<br />

engineering à <strong>Sonelgaz</strong> ?<br />

Z. B. : L'engineering est un métier, il est de fait spécifique,<br />

dès lors qu'il recense en son sein des capacités permettant<br />

de réaliser des objectifs de plan. Cependant, la<br />

différence que présente l'engineering à <strong>Sonelgaz</strong> par rapport<br />

à l'engineering dans d'autres activités du secteur<br />

énergétique, c'est que <strong>le</strong>s ouvrages, pourrait-on dire,<br />

obéissent à une logique répétitive. Que vous produisiez<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité ou que vous transportiez de l'é<strong>le</strong>ctricité ou<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

du gaz, <strong>le</strong> processus de fond reste identique, malgré <strong>le</strong>s<br />

évolutions technologiques. Que vous produisiez de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité au diesel, en turbine, au gaz, au cyc<strong>le</strong> combiné<br />

ou par tout autre procédé, la démarche de fond n'est<br />

en rien modifiée, quel<strong>le</strong> que soit l'évolution des technologies.<br />

Idem pour <strong>le</strong> réseau de transport d'é<strong>le</strong>ctricité :<br />

que vous deviez travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> niveau de tension<br />

200 KV ou passer au 400 KV, sur <strong>le</strong> diamètre 20 pouces<br />

ou 40 en gaz, que change-t-on au fond, sinon la conception<br />

des pylônes ou cel<strong>le</strong>s du tube et des équipements<br />

annexes ? Dans <strong>le</strong> domaine des hydrocarbures, en revanche,<br />

<strong>le</strong>s choses se présentent différemment. D'une station<br />

de raffinage à un ouvrage de GNL, <strong>le</strong> changement<br />

est total. Car il faut à chaque fois réétudier et redéfinir <strong>le</strong><br />

processus.<br />

Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s motivations qui ont abouti à la<br />

création d'une Direction généra<strong>le</strong> autonome de<br />

l'engineering ?<br />

Z. B. : La Direction généra<strong>le</strong> de l'engineering est<br />

consacrée comme entité autonome pour appuyer <strong>le</strong><br />

développement des projets de <strong>Sonelgaz</strong>, notamment <strong>le</strong>s<br />

filia<strong>le</strong>s Métiers, <strong>le</strong>s sociétés de production d'é<strong>le</strong>ctricité et<br />

<strong>le</strong>s sociétés à prise de participation. Son organisation est<br />

fondée sur la logique de management par projets transverses<br />

aux métiers. Auparavant, il y avait une direction<br />

de l'engineering constituée de trois sous-directions : <strong>le</strong>s<br />

moyens de production, <strong>le</strong> transport é<strong>le</strong>ctricité et gaz, et<br />

<strong>le</strong>s infrastructures immobilières. Il s'est passé qu'avec la<br />

perspective de filialisation, il y a eu, en 2002, une décision<br />

de redéploiement qui a abouti au rattachement de<br />

l'«engineering moyens de production» à la Direction de<br />

production de l'é<strong>le</strong>ctricité, de l'«engineering transport<br />

é<strong>le</strong>ctricité» à la direction de transport é<strong>le</strong>ctricité, de<br />

celui de l'«engineering gaz» à la Direction du transport<br />

gaz. Pour ce qui est de l'«engineering infrastructures<br />

immobilières», celui-ci a d'abord été rattaché à la<br />

Direction de production d'é<strong>le</strong>ctricité puis à l'administration<br />

généra<strong>le</strong>. A vrai dire, ce changement a été mal<br />

vécu par <strong>le</strong> personnel de l'engineering. Mais il était, souvenons-nous-en,<br />

motivé en partie par <strong>le</strong> contexte de<br />

l'époque : un début de relance et d'amélioration de la<br />

situation économique du pays, un taux de croissance en<br />

é<strong>le</strong>ctricité oscillant entre 5 et 6%. Et par l'esprit qu'en<br />

étant greffé aux métiers de production, de transport<br />

é<strong>le</strong>ctricité et gaz, l'engineering allait continuer d'assurer<br />

<strong>le</strong>s mêmes missions et <strong>le</strong>s mêmes fonctions. Il y a eu des<br />

cas où <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s entités ont été bien acceptées, il y en<br />

a eu d'autres, en revanche, où el<strong>le</strong>s l'ont été moins et se<br />

sont trouvées dans des situations du genre : «Vous venez


chez nous, on va vous utiliser.» Les objectifs des uns et<br />

des autres n'étant pas identiques, forcément il devait y<br />

avoir quelques étincel<strong>le</strong>s qui ont fait qu'en dépit des<br />

moyens engagés la qualité de service demeurait en dessous<br />

des minima requis pour une entité comme <strong>Sonelgaz</strong>.<br />

On se trouvait en p<strong>le</strong>in scénario sous effet raid queen. Le<br />

scénario souhaité, et qui était d'avoir une situation où <strong>le</strong>s<br />

responsab<strong>le</strong>s devaient jouer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de <strong>le</strong>aders, de gérer<br />

ensemb<strong>le</strong> l'exploitation et l'engineering et trancher en cas<br />

de conflit d'intérêts, ne s'est pas concrétisé, ou si peu.<br />

Vous vou<strong>le</strong>z dire qu'il y avait un problème de<br />

confusion des rô<strong>le</strong>s ?<br />

Z. B. : De manière dominante, ce à quoi nous avons<br />

été confrontés était l'absence d'un juste milieu : il y avait<br />

soit un bascu<strong>le</strong>ment vers l'exploitation, soit un bascu<strong>le</strong>ment<br />

vers l'engineering. La tendance lourde même était<br />

de privilégier l'engineering au détriment parfois de l'exploitation,<br />

donc de la continuité et de la qualité de service.<br />

Et ce, pour une raison simp<strong>le</strong> : si tout <strong>le</strong> monde<br />

allait dans cette direction, c'est que <strong>le</strong> programme de<br />

développement et d'investissement augmentait sans<br />

cesse et exigeait des résultats. La <strong>le</strong>çon qui a été tirée<br />

après coup était que si ce que nous voulions, c'est<br />

d'abord la qualité de service et la satisfaction du client,<br />

autant mettre un terme à ce type de fonctionnement<br />

qui, plus est, contribuait à l'éparpil<strong>le</strong>ment de l'engineering<br />

et lui en<strong>le</strong>vait beaucoup de sa force et de sa cohérence.<br />

La décision a été alors prise en 2006 d'y mettre<br />

fin et de laisser <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s s'occuper de <strong>le</strong>urs métiers de<br />

base - l'exploitation - et de regrouper et récréer l'entité<br />

engineering en tenant compte des changements profonds<br />

que <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> a connus. Ce point est<br />

important à signa<strong>le</strong>r parce que tant qu'il y avait des<br />

directions, il y avait toujours au-dessus un chef qui<br />

décidait du mouvement et des attributions du personnel.<br />

Après l'apparition des filia<strong>le</strong>s, ce n'était plus possib<strong>le</strong><br />

en raison de <strong>le</strong>ur autonomie. A l'issue d'un débat<br />

rude mais fécond, nous sommes arrivés à la conclusion<br />

que l'engineering, réunifié, si je puis dire, doit agir par<br />

mandat et pour <strong>le</strong> compte de ces filia<strong>le</strong>s. Désormais, ce<br />

sont <strong>le</strong>s P-DG de ces filia<strong>le</strong>s qui mandatent l'engineering<br />

pour <strong>le</strong>urs ouvrages de développement. Et ce, en<br />

raison du fait que ces ouvrages <strong>le</strong>ur appartiennent et<br />

font partie de <strong>le</strong>urs actifs respectifs. L'important à<br />

signa<strong>le</strong>r à propos de ce mandat, c'est que nous agissions<br />

dans l'environnement comptab<strong>le</strong> de la filia<strong>le</strong> : <strong>le</strong> compte<br />

de la filia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> développement, qu'il soit en dinars<br />

ou en devises, il n'y a que l'engineering qui peut <strong>le</strong> mouvementer.<br />

Pour résumer, je dirai que <strong>le</strong>s motivations<br />

sont trip<strong>le</strong>s : la première est un réajustement ou plutôt<br />

une mise en conformité par rapport à la réalité imposée<br />

par la loi de février 2002, notamment à travers la<br />

restructuration qui s'en est suivie au sein de <strong>Sonelgaz</strong>.<br />

La deuxième concerne l'impératif d'avoir, pour <strong>le</strong>s<br />

clients de <strong>Sonelgaz</strong>, une continuité et une qualité de<br />

service. La troisième, étroitement liée aux deux précédentes,<br />

est un souci de cohérence, de coordination et<br />

d'efficacité dans l'action.<br />

La décision a été alors prise en 2006<br />

d'y mettre fin et de laisser <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s<br />

s'occuper de <strong>le</strong>urs métiers de base<br />

-l'exploitation- et de regrouper et<br />

récréer l'entité engineering en<br />

tenant compte des changements<br />

profonds que <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> a<br />

connus.<br />

Un regroupement sur <strong>le</strong>s cahiers des charges a été<br />

tenu l'année dernière sous la présidence du P-DG<br />

du Groupe. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s nouveautés qu'il a<br />

apportées ?<br />

Z. B. : Le retour d'expérience et l'amélioration<br />

du contenu des cahiers des charges ont fait l'objet de ce<br />

regroupement qui a connu une implication tota<strong>le</strong> du<br />

P-DG du Groupe, des cadres dirigeants, des cadres des<br />

filia<strong>le</strong>s métiers et d'équipes pluridisciplinaires.<br />

Ce regroupement a permis une revue entière des cahiers<br />

des clauses juridiques, administratives et financières et<br />

<strong>le</strong>s annexes à ces cahiers. Cela, comprenant notamment :<br />

<strong>le</strong>s délais et <strong>le</strong>s délais partiels, <strong>le</strong>s limites de fournitures<br />

et prestations, la politique d'acquisition des pièces de<br />

rechange pour <strong>le</strong> compte de l'exploitation, la sous-traitance<br />

en Algérie, <strong>le</strong>s garanties et <strong>le</strong>s garanties performances<br />

des équipements, la liste des sous-fournisseurs<br />

agréés, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la qualité des équipements en<br />

usine et sur <strong>le</strong> site. Cet atelier a permis, en effet, d'améliorer<br />

<strong>le</strong> contenu des cahiers des charges par l'apport de<br />

l'expérience, d'assurer une meil<strong>le</strong>ure cohésion de ces<br />

cahiers, l'examen et la validation des pièces constitutives<br />

d'un appel d'offres pour la réalisation d'une centra<strong>le</strong><br />

à cyc<strong>le</strong> combiné. Cette validation de <strong>document</strong>s communs<br />

est une référence pour l'ensemb<strong>le</strong> des filia<strong>le</strong>s,<br />

moyennant certaines adaptations. Cette mise au point<br />

des cahiers des charges vise éga<strong>le</strong>ment à améliorer


28<br />

Interview<br />

<strong>le</strong> cadre de collaboration entre <strong>le</strong> maître d'œuvre et <strong>le</strong><br />

maître de l'ouvrage par l'apport de l'expérience mutuel<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> but d'assurer que l'ouvrage soit une œuvre<br />

commune réussie.<br />

Peut-on dire aujourd'hui, dans <strong>le</strong> contexte particulier<br />

que connaît <strong>Sonelgaz</strong>, que l'engineering tend à<br />

devenir un métier à part entière ?<br />

Z. B. : J'ai répondu en partie et par l'affirmative à cette<br />

question. L'engineering ne tend pas à être un métier à<br />

part entière, il l'est déjà. Un : nous agissons par mandat,<br />

nous avons un maître d'ouvrage qui est <strong>le</strong> client pour<br />

<strong>le</strong>quel nous sommes à l'écoute et pour <strong>le</strong>quel nous agissons<br />

en tant que maître d'œuvre. C'est notre client qui<br />

définit <strong>le</strong>s grandes lignes de son cahier des charges. Nous,<br />

nous sommes à son écoute et agissons avec l'idée que<br />

l'ouvrage est un actif du client. Deux : quel que soit l'ouvrage,<br />

nous sommes organisés en trois entités : <strong>le</strong> développement,<br />

<strong>le</strong>s études et la réalisation. Pourquoi, me<br />

diriez-vous, opère-t-on de cette manière ? C'est pour ne<br />

pas être juge et partie à la fois. Le développement mature<br />

l'affaire, <strong>le</strong>s études de faisabilité et met en place <strong>le</strong> contrat<br />

avec tout ce que cela suppose en termes de procédures<br />

d'appel d'offres, de négociations. Sa mission s'arrête là.<br />

Après, c'est autour des études. Dans l'engineering, nous<br />

avons deux types d'études : ou c'est nous-mêmes qui faisons<br />

<strong>le</strong>s conceptions d'ouvrages ou alors nous contrôlons<br />

<strong>le</strong>s plans qui nous sont soumis en nous assurant de <strong>le</strong>ur<br />

conformité par rapport au contrat, aux dossiers et aux<br />

spécifications techniques. Quant aux réalisations, il s'agit<br />

de la coordination et de la conduite des projets sur sites<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

et <strong>le</strong> suivi de l'ensemb<strong>le</strong> des phases suivantes : suivi et<br />

coordination des expéditions, <strong>le</strong>s travaux, <strong>le</strong>s essais et la<br />

mise en service. A ce propos, nous avons une particularité<br />

à <strong>Sonelgaz</strong> : dans <strong>le</strong>s clauses de paiement, c'est <strong>le</strong> responsab<strong>le</strong><br />

dûment habilité qui autorise l'expédition du<br />

matériel. Il n'y aucun équipement qui entre en Algérie<br />

sans une autorisation dûment signée par une personne<br />

habilitée. Pour que l'opérateur soit payé, il lui faut présenter<br />

<strong>le</strong>s <strong>document</strong>s contractuels, la facture et l'autorisation<br />

paraphés par <strong>Sonelgaz</strong>. Autrement, la banque ne <strong>le</strong> paye<br />

pas. Ceci pour maîtriser <strong>le</strong>s délais d'expédition et inciter<br />

<strong>le</strong> partenaire à accomplir ses obligations loca<strong>le</strong>s (génie<br />

civil, montage…). Pour revenir au type d'organisation qui<br />

prévaut au sein de la Direction engineering, il faut préciser<br />

que nous œuvrons de façon à ce que <strong>le</strong> travail de la<br />

structure développement puisse être critiqué et par l'entité<br />

chargée des études et par cel<strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> de la réalisation.<br />

C'est une précaution que nous prenons pour<br />

avoir <strong>le</strong> feed-back et pour arriver à un meil<strong>le</strong>ur partage<br />

des tâches et des responsabilités. C'est dans ce sens que<br />

nous avons développé toute une cartographie allant de<br />

l'idée de projet jusqu'à sa clôture. Il s'agit d'un <strong>document</strong><br />

qui s'applique à n'importe quel projet, simp<strong>le</strong> ou comp<strong>le</strong>xe,<br />

et qui décrit dans <strong>le</strong> détail <strong>le</strong>s processus majeurs<br />

qui relèvent de la responsabilité du management de l'engineering.<br />

Chaque processus en question décrit concrètement<br />

qui fait quoi et qui est responsab<strong>le</strong> de quoi : que ce<br />

soit <strong>le</strong>s personnes ou la structure.<br />

Y a-t-il une responsabilité de l'engineering après la<br />

réalisation et la mise en service d'un ouvrage ?


Z. B. : Dans <strong>le</strong>s mandats et procédures, il faut<br />

d'abord faire la nuance entre <strong>le</strong>s relations que nous<br />

avons avec <strong>le</strong> constructeur, l'entreprise et cel<strong>le</strong>s que<br />

nous avons avec la filia<strong>le</strong>. C'est complètement différent.<br />

Nous ne libérons pas <strong>le</strong> constructeur si la filia<strong>le</strong> ne<br />

réceptionne pas son ouvrage et si el<strong>le</strong> n'en est pas<br />

satisfaite. Il faut d'abord remettre l'ouvrage à la filia<strong>le</strong>,<br />

qu'el<strong>le</strong> l'exploite, pour libérer <strong>le</strong> constructeur de ses<br />

responsabilités. Une fois que l'ouvrage est mis en<br />

service, l'engineering reste responsab<strong>le</strong> de la gestion de<br />

la période de garantie. S'il n'y pas de problème, la<br />

garantie suit son cours ; s'il y a des problèmes, la filia<strong>le</strong><br />

ne saisit pas <strong>le</strong> constructeur, el<strong>le</strong> saisit plutôt<br />

l'engineering qui est son interlocuteur direct pour<br />

qu'il prenne <strong>le</strong>s mesures nécessaires auprès du<br />

constructeur.<br />

Vous avez dit que <strong>le</strong> plan de charges est très<br />

important. Mais vous agissez aussi pour <strong>le</strong> compte<br />

de centra<strong>le</strong>s et de projets qui ne sont pas ceux de<br />

<strong>Sonelgaz</strong>…<br />

Z. B. : Cette question m'amène d'abord à revenir une<br />

fois encore sur <strong>le</strong> fait que l'une des motivations qui ont<br />

amené <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> à intégrer l'engineering au<br />

sein d'une structure unifiée était de mettre un terme à la<br />

déperdition de nos ressources humaines. Quand des<br />

sociétés de production comme SKS, SKB et SKH ont été<br />

créées et érigées en filia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s cadres qu'on sollicitait<br />

durant <strong>le</strong>s phases de négociation et de mise en place des<br />

contrats étaient ceux de l'engineering. Ceux-là sont, par<br />

la suite, partis vers ces sociétés. Le même cas peut se<br />

poser si de nouvel<strong>le</strong>s sociétés comme cel<strong>le</strong>s que je viens<br />

de citer voyaient <strong>le</strong> jour et agissaient seu<strong>le</strong>s. Le fait que<br />

l'engineering agit en direction généra<strong>le</strong> et, si je puis dire,<br />

en conseil, cela lui permet d'éviter la déperdition de son<br />

patrimoine humain, de préserver son ossature et de<br />

capitaliser son expérience et son savoir-faire. En ce qui<br />

concerne <strong>le</strong> fait que nous agissons pour des projets n'appartenant<br />

pas à <strong>Sonelgaz</strong>, il ne faut pas oublier que,<br />

d'une part, <strong>Sonelgaz</strong> possède <strong>le</strong> métier et que, d'autre<br />

part, el<strong>le</strong> est partie prenante dans ces projets. Il ne faut<br />

pas oublier non plus que ce sont des projets d'intérêt<br />

national : il s'agit de sociétés qui vont produire de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

en Algérie et dont <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s vont être connectées<br />

au réseau national. La stratégie adoptée aujourd'hui<br />

en phase amont consiste d'ail<strong>le</strong>urs à dire que, pour des<br />

nécessités de capitalisation d'expertise et de savoir-faire,<br />

c'est l'engineering qui est mandaté pour intervenir. A la<br />

mise en service, la société de projet a ensuite toute la latitude<br />

d'exploiter son ouvrage en concurrence avec <strong>le</strong>s<br />

autres.<br />

<strong>Sonelgaz</strong> connaît de grandes mutations depuis deux<br />

ans. Comment l'engineering suit-il ces mutations et<br />

comment ce métier est-il intégré aux axes de<br />

réf<strong>le</strong>xion et aux politiques de développement initiés<br />

au sein du Groupe ?<br />

Z. B. : Permettez-moi d'abord de revenir sur <strong>le</strong>s<br />

objectifs visés par la transformation profonde que<br />

connaît <strong>Sonelgaz</strong> depuis 2002, avec la loi 02/01 sur l'é<strong>le</strong>ctricité<br />

et la distribution du gaz par canalisations.<br />

<strong>Sonelgaz</strong> se transforme pour s'adapter aux règ<strong>le</strong>s universel<strong>le</strong>s<br />

du marché. Cela, à travers l'amélioration de sa performance<br />

managéria<strong>le</strong>, son efficacité et sa maîtrise des<br />

coûts. Nous sommes, forcément, concernés dans l'atteinte<br />

du premier paramètre, mais nous sommes, à mon<br />

avis, tota<strong>le</strong>ment impliqués dans la partie amont, de l'atteinte<br />

des deux derniers paramètres. J'ai presque envie<br />

de dire que toute la performance de l'homme est réduite<br />

à néant devant l'inefficacité de la machine. Et notre<br />

implication, voire notre responsabilité, se prolonge à<br />

l'échel<strong>le</strong> du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité et de la distribution<br />

du gaz par canalisations afin de réussir cette dynamique<br />

de son ouverture sur l'extérieur. Pourquoi ? Parmi ces<br />

grandes mutations, il y a la production par <strong>le</strong>s tiers.<br />

Comment sommes-nous impliqués ? Si je prends l'exemp<strong>le</strong><br />

de la centra<strong>le</strong> de Hadjret Ennouss, qui est <strong>le</strong> produit<br />

d'un montage très compliqué et là où il y a véritab<strong>le</strong>ment<br />

présence d'un investisseur privé, avec 51% de<br />

parts. Premièrement, l'engineering est sollicité par la<br />

société el<strong>le</strong>-même, SKH, pour lui assurer la coordination<br />

et <strong>le</strong> suivi de la réalisation dans <strong>le</strong> cadre d'une convention<br />

d'assistance technique. Pourquoi nous y sommes intéressés<br />

? Il s'agit quand même d'une centra<strong>le</strong> importante<br />

en Algérie. Il n'est pas dans notre intérêt qu'el<strong>le</strong> devienne<br />

source de problèmes pour notre réseau. Deuxièmement,<br />

<strong>Sonelgaz</strong> est acheteur d'é<strong>le</strong>ctricité : <strong>le</strong>s quatre distributeurs<br />

(SDA, SDC, SDE et SDO) nous ont mandatés pour<br />

gérer <strong>le</strong>urs contrats. Troisièmement, c'est un financement<br />

local auquel participe un groupe de quatre banques<br />

(BEA, CPA, BNA et Cnep). Dans ce type de<br />

financement sans recours à une garantie, ces banques<br />

nous ont sollicités pour faire <strong>le</strong> suivi et confirmer l'état<br />

d'avancement physique du projet. Tout cela est nouveau<br />

et requiert une posture autre que cel<strong>le</strong> que nous pouvions<br />

avoir il y a quelques années avant l'avènement des<br />

mutations : nous ne sommes pas en face d'un contrat<br />

classique où vous avez un constructeur qui réalise pour<br />

vous un projet pour que vous en fassiez ensuite l'usage<br />

prédestiné. Nous sommes en face de quelque chose de<br />

nouveau et de comp<strong>le</strong>xe qui nous a incités à créer une<br />

direction du partenariat, une équipe dédiée à ces


30<br />

Interview<br />

montages et à ces contrats. Avec SKH, il faut assumer<br />

son rô<strong>le</strong> d'assistant technique, suivre, faire des rapports<br />

et facturer. Et il faut éga<strong>le</strong>ment mobiliser <strong>le</strong> personnel<br />

pour <strong>le</strong> suivi sur <strong>le</strong>s chantiers. Enfin, avec <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s de<br />

distribution, nous agissons par mandat.<br />

Le contexte d'ouverture a étendu l'exercice restreint<br />

de vos missions au sein du Groupe pour<br />

sortir au-delà des frontières, dans <strong>le</strong> cadre du<br />

projet d'interconnexion maghrébine…<br />

Z. B. : Pour répondre à cette question, je reprends<br />

encore l'exemp<strong>le</strong> de SKH. Car, contrairement à d'autres<br />

projets comme SKS de Skikda où nous étions présents<br />

au moment du redéploiement du Groupe et SKB de<br />

Berroughia où nous étions plus ou moins partie prenante,<br />

pour Hadjret Ennouss, nous sommes à tous <strong>le</strong>s<br />

niveaux de la chaîne. Nous sommes intervenus en<br />

amont, notamment au niveau des pièces techniques, et<br />

nous intervenons aujourd'hui en aval pour <strong>le</strong>s autres<br />

besoins du projet. Nous sommes éga<strong>le</strong>ment mandatés<br />

par Sonatrach pour la construction de son ouvrage : <strong>le</strong><br />

gazoduc Sougueur-Hadjret Ennouss. Et ce sont nos<br />

équipes qui suivent la réalisation du chantier d'évacuation<br />

d'énergie de Hadjret Ennouss-Oued Athmania via<br />

des postes et des lignes de 400 KV. Nous agissons, donc,<br />

à une échel<strong>le</strong> multidimensionnel<strong>le</strong> pour une centra<strong>le</strong> de<br />

1 200 MW interconnectée au réseau. Pour répondre<br />

éga<strong>le</strong>ment à votre question, nous sommes présents<br />

aussi dans <strong>le</strong>s groupes de travail chargés de plancher sur<br />

<strong>le</strong> projet 2 000 Mw. Nous y participons avec <strong>le</strong> ministère<br />

de l'Energie et des Mines, Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>. On<br />

par<strong>le</strong> de l'idée de confier cette affaire à l'engineering et,<br />

si cela se confirme, cela voudra dire implicitement que<br />

nous devrons nous occuper du réseau, des câb<strong>le</strong>s sousmarins,<br />

des études de faisabilité. Cela voudra dire aussi<br />

que nous agirons à l'échel<strong>le</strong> que vous venez d'évoquer :<br />

l'interconnexion avec <strong>le</strong> Maghreb, puis avec l'Europe via<br />

l'Espagne.<br />

La relation entre filia<strong>le</strong>s et Direction de<br />

l'engineering est cel<strong>le</strong> de maître d'œuvre à maître<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

d'ouvrage. Les transactions financières liées aux<br />

prestations fournies par la DGE sont-el<strong>le</strong>s<br />

formulées dans <strong>le</strong> sens de cette relation ?<br />

Z. B. : Ce sont des relations de maître d'ouvrage à<br />

maître d'œuvre qu'on essaye de parfaire au maximum.<br />

En ce qui concerne <strong>le</strong>s transactions financières, nous<br />

avons des comptes dédiés à chacun de nos métiers. Ces<br />

comptes sont alimentés par la Direction des finances du<br />

Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, selon nos prévisions. Cela, parce que<br />

la Direction des finances Groupe dispose des remontées<br />

de fonds des filia<strong>le</strong>s, des distributeurs en plus de la<br />

recherche de financements. Nos comptes sont alimentés<br />

régulièrement en fonction de nos prévisions et nous<br />

agissons directement sur ces comptes avec une autonomie<br />

tota<strong>le</strong> de financement. Pour vous donner un chiffre<br />

: nous avons terminé l'année 2006 à 53 milliards de<br />

dinars, tous ouvrages confondus : 35 milliards pour <strong>le</strong><br />

réseau haute tension, 11 pour <strong>le</strong> gaz et 7 pour <strong>le</strong>s moyens<br />

de production. Pour l'année prochaine, je pense que ça<br />

va bascu<strong>le</strong>r : <strong>le</strong>s moyens de production vont prendre la<br />

première place en termes de dépense. Ces financements<br />

sont recherchés et mis en place par la Direction des<br />

finances qui nous alimente régulièrement. Pour ce faire,<br />

un dispositif constitué du Directeur des finances<br />

Groupe, des Directeurs des finances des filia<strong>le</strong>s et du<br />

Directeur des finances engineering se réunit chaque<br />

semaine pour faire <strong>le</strong> point. J'ajouterai que dans ces<br />

Tout cela est nouveau et requiert une posture autre que cel<strong>le</strong><br />

que nous pouvions avoir il y a quelques années avant l'avènement<br />

des mutations : nous ne sommes pas en face d'un contrat<br />

classique où vous avez un constructeur tel qui vous réalise un<br />

projet pour que vous en fassiez ensuite l'usage prédestiné.<br />

transactions, nous ne prenons que 1%, et c'est uniquement<br />

pour pouvoir financer nos charges d'exploitation,<br />

assurer <strong>le</strong>s salaires. A la fin de l'année, s'il y a des excédents,<br />

nous <strong>le</strong>s reversons à chaque filia<strong>le</strong>. Nous ne<br />

sommes pas dans une logique de profit.<br />

<strong>Sonelgaz</strong> est entrée dans une phase d'investissements<br />

multip<strong>le</strong>s. Comment l'engineering s'organise-t-il<br />

pour honorer ses engagements par rapport<br />

à ses investissements ?<br />

Z. B. : En termes de planification, <strong>le</strong>s échéances 2009-<br />

2010 sont pour nous de l'histoire ancienne. Aujourd'hui,<br />

nous savons ce qu'il faut réaliser jusqu'à 2016.


Les centra<strong>le</strong>s de Terga et de Koudiet Eddraouch sont<br />

connues depuis deux ans. Maintenant, nous passons à la<br />

phase de contrats. Comment y faire face ? Il faut dire que<br />

nous n'avons pas de problème en ce qui concerne la logistique,<br />

mais nous avons perdu énormément de cadres<br />

pour différentes raisons : <strong>le</strong>s départs en retraite, <strong>le</strong> redéploiement<br />

vers d'autres structures, <strong>le</strong>s départs vers d'autres<br />

horizons. Nous sommes passés de 900 personnes<br />

aux a<strong>le</strong>ntours de 1996 à 600 aujourd'hui. Quand j'ai repris<br />

l'engineering, j'ai trouvé exactement 598 personnes en<br />

service. Il faut donc tout reconstruire, et nos prévisions à<br />

ce sujet nous permettent de tab<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> recrutement de<br />

100 à 150 personnes chaque année. Entre juil<strong>le</strong>t et<br />

décembre 2006, nous avons recruté une centaine de personnes<br />

de différents profils : ingénieurs, juristes, économistes<br />

et financiers. L'objectif est de «construire» ces<br />

recrues et de <strong>le</strong>s former. Quant aux difficultés, quand<br />

cel<strong>le</strong>s-ci se présentent, il y a bien sûr des priorités à gérer<br />

pour <strong>le</strong> bon fonctionnement du réseau. Si je prends<br />

l'exemp<strong>le</strong> du réseau «haute tension», la priorité est <strong>le</strong> 400<br />

KV. Mais par moments, tout est prioritaire. S'agissant de<br />

la distribution publique gaz, à titre d'exemp<strong>le</strong>, on ne peut<br />

privilégier une localité par rapport à une autre. Chaque<br />

wali, chaque directeur des mines, chaque élu intervient<br />

en faveur d'un raccordement rapide de sa localité, ce qui<br />

est tout à fait légitime et compréhensib<strong>le</strong>. Cela dit, nous<br />

arrivons à faire 800 km de canalisations de transport gaz<br />

et 50 à 60 distributions publiques par an.<br />

On constate actuel<strong>le</strong>ment une forte demande sur<br />

<strong>le</strong>s équipements é<strong>le</strong>ctriques dans <strong>le</strong> monde. Cela<br />

n'a-t-il pas d'incidences sur la disponibilité de ces<br />

produits sur <strong>le</strong>s marchés internationaux ?<br />

Z. B. : En effet, des besoins colossaux d'investissement<br />

sont enregistrés dans <strong>le</strong> monde, ces dernières<br />

années. Ces investissements interviennent, dans certains<br />

pays comme ceux du Golfe, pour répondre à la croissance<br />

de la consommation et, dans d'autres pays, pour des<br />

impératifs de renouvel<strong>le</strong>ment des infrastructures qui ont<br />

atteint <strong>le</strong>ur limite d'âge. Naturel<strong>le</strong>ment, cela influe sur la<br />

disponibilité de la matière première, comme <strong>le</strong> cuivre et,<br />

par là-même, sur la disponibilité de câb<strong>le</strong>s spécifiques et<br />

des transformateurs. Cette contrainte a naturel<strong>le</strong>ment<br />

des incidences sur <strong>le</strong>s délais de réalisation, mais nous<br />

essayons de nous en accommoder, sans pour autant que<br />

cela affecte nos exigences sur la qualité des produits<br />

auprès des équipementiers…<br />

Cette course à l'investissement dans <strong>le</strong> monde<br />

n'agit-el<strong>le</strong> pas aussi sur <strong>le</strong> comportement des<br />

constructeurs ? Ne sont-ils pas dans une situation<br />

confortab<strong>le</strong> à même d'imposer <strong>le</strong>urs règ<strong>le</strong>s ou de<br />

choisir des marchés par rapport à d'autres ?<br />

Z. B. : Pas tout à fait juste : nous arrivons aujourd'hui<br />

à un bon ratio de participation à nos appels d'offres, soit<br />

en moyenne 5 soumissionnaires par appel d'offres quand<br />

il s'agit de réaliser des lignes ou des postes. Quant au segment<br />

de production de l'é<strong>le</strong>ctricité, il est vrai, considérée<br />

la demande mondia<strong>le</strong> d'investissement, que nous constatons<br />

que <strong>le</strong>s constructeurs sont dans une situation<br />

confortab<strong>le</strong>. Nous vivons cela comme une contrainte<br />

dans la mesure où nous avons des investissements assez<br />

conséquents à réaliser, dans des délais relativement<br />

courts. Cela dit, je pense que nos marchés sont attractifs<br />

pour plusieurs raisons : la bonne situation financière de<br />

l'Algérie, <strong>le</strong>s grands chantiers d'investissements que lance<br />

<strong>le</strong> Groupe et <strong>le</strong> label confiance dont jouit <strong>Sonelgaz</strong> auprès<br />

de ses prestataires. Le problème, je <strong>le</strong> situerai, à mon<br />

sens, dans <strong>le</strong>s opérations qui aboutissent à la recevabilité<br />

de moins de quatre soumissionnaires et où notre marge<br />

de manœuvre dans <strong>le</strong>s négociations est limitée, notamment<br />

à cause du caractère urgent des projets.<br />

Vous venez d'aborder un aspect déterminant dans<br />

<strong>le</strong> management des projets que sont <strong>le</strong>s<br />

négociations. Quels sont <strong>le</strong>s facteurs de réussite de<br />

cel<strong>le</strong>s-ci ?<br />

Z. B. : A mon sens, la meil<strong>le</strong>ure négociation est cel<strong>le</strong><br />

qui aboutit à l'atteinte des objectifs : la réalisation d'un


32<br />

Interview<br />

projet avec <strong>le</strong> moindre coût possib<strong>le</strong> d'investissement,<br />

dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs délais et selon <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs standards et<br />

normes de qualité et de sécurité. Et j'ajouterai surtout l'acquisition<br />

du savoir et du savoir-faire, sur chaque maillon<br />

de l'opération sur laquel<strong>le</strong> nous intervenons.<br />

Pour cela, il faut que l'engineering se détermine en<br />

tant que pô<strong>le</strong> d'excel<strong>le</strong>nce…<br />

Z. B. : Il faut, en effet, disposer ou créer autour de<br />

l'engineering ce pô<strong>le</strong> d'excel<strong>le</strong>nce des compétences dans<br />

tous <strong>le</strong>s aspects dans <strong>le</strong>squels intervient ce métier : <strong>le</strong><br />

juridique, <strong>le</strong> financier, <strong>le</strong> technique et <strong>le</strong> technologique.<br />

Pour <strong>le</strong> moment, nous n'avons pas la prétention de dire<br />

qu'il existe tota<strong>le</strong>ment au sein du Groupe, mais nous<br />

avons un noyau et nous sommes en voie de constituer un<br />

réseau d'expertise autour de lui, pour compenser certaines<br />

lacunes dans <strong>le</strong>s domaines pointus. Nous complétons<br />

aussi au fur et à mesure notre banque de données<br />

qui sera éga<strong>le</strong>ment renforcée avec la mise en œuvre des<br />

nouveaux systèmes d'information du Groupe.<br />

La ressource humaine constitue un des dossiers<br />

urgents qu'aurait à traiter votre direction. Pouvezvous<br />

nous décrire la situation actuel<strong>le</strong> et nous présenter<br />

<strong>le</strong>s défis à re<strong>le</strong>ver dans ce sens ?<br />

Z. B. : L'engineering a perdu au fil du temps des compétences,<br />

et pas des moindres. Ce que nous sommes en<br />

train de faire, c'est de reconstituer cette ressource stratégique,<br />

canaliser <strong>le</strong>s énergies, <strong>le</strong>s orienter en termes de<br />

technologie et de concept, de méthodologie, de suivi et<br />

de management du projet. Notre plan d'action s'étend sur<br />

quatre à cinq ans, car il ne s'agit pas de recruter uniquement,<br />

il faut aussi bien accueillir <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s recrues,<br />

<strong>le</strong>s former et <strong>le</strong>ur offrir un cadre de travail adéquat et<br />

agréab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s intégrer progressivement. L'enjeu étant de<br />

<strong>le</strong>s rendre tota<strong>le</strong>ment opérationnels dans un délai de<br />

deux ans. Nous sommes satisfaits globa<strong>le</strong>ment parce qu'il<br />

y a du répondant. Nous constatons cela à travers cette<br />

soif d'apprendre chez ces jeunes cadres qui restent au<br />

bureau au-delà des heures de travail. Nous essayons aussi<br />

de forger l'esprit d'équipe à travers un programme monté<br />

par la DGE et qui consiste à ce que tous <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s<br />

de l'engineering passent au moins une demi-journée au<br />

centre de Ben Aknoun en compagnie des jeunes cadres<br />

pour <strong>le</strong>ur expliquer, dans une ambiance convivia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

missions, <strong>le</strong>s attributions, <strong>le</strong>s ouvrages et <strong>le</strong>s projets de<br />

l'engineering. Nous faisons cela parce que l'engineering<br />

est avant tout un travail de groupe. Il faut écouter, proposer,<br />

discuter et convaincre par des arguments et obtenir<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

l'adhésion de l'équipe. Sans l'adhésion, la conviction et<br />

l'implication de tous, de lourdes hypothèques peuvent<br />

peser sur <strong>le</strong> projet.<br />

Quel est <strong>le</strong> profil d'un cadre de la Direction de l'engineering<br />

? Les universités algériennes présentent-el<strong>le</strong>s<br />

pour vous un réservoir intéressant ?<br />

Z. B. : Je préfère commencer par la rapidité d'adaptation<br />

dans <strong>le</strong> milieu professionnel car, avec l'expérience,<br />

nous avons constaté que de grandes éco<strong>le</strong>s et universités<br />

nous envoient des cadres qui s'intègrent très vite. Pour<br />

d'autres, ceux qui en sont issus demandent plus de<br />

temps. Ceux de l'université de Bab Ezzouar ou de l'Eco<strong>le</strong><br />

polytechnique d'El Harrach, à titre d'exemp<strong>le</strong>, arrivent à<br />

s'adapter à notre environnement au bout de 15 à 18<br />

mois. Ce qui est peut-être dû à la formation dispensée au<br />

niveau de ces centres universitaires. J'ajoute à cela qu'il<br />

faut, comme préalab<strong>le</strong> indispensab<strong>le</strong>, l'amour du métier<br />

d'engineering qui requiert de la disponibilité, de la mobilité,<br />

de la ténacité, du cran et un sens poussé de la négociation,<br />

que ce soit au plan technique, juridique ou<br />

financier.<br />

L'engineering offre-t-il une possibilité de carrière<br />

valorisante au sein du Groupe ?<br />

Z. B. : Nous n'offrons rien d'autre que ce qui existe à<br />

<strong>Sonelgaz</strong>. Et nous veillons à ce que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s recrues<br />

aient un cadre de travail adéquat. Ce sont des équipes<br />

qui sont dans <strong>le</strong>s bureaux, mobilisées à des heures tardives.<br />

Certaines d'entre el<strong>le</strong>s ont une tel<strong>le</strong> motivation<br />

qu'el<strong>le</strong>s suivent un projet de bout en bout et jusque dans<br />

<strong>le</strong>s phases où el<strong>le</strong>s ne sont plus véritab<strong>le</strong>ment concernées.<br />

Je crois que cela est dû en partie au fait que notre<br />

travail est un constant appel à la réf<strong>le</strong>xion et à l'innovation<br />

et que nos cadres travail<strong>le</strong>nt sur des dossiers stratégiques<br />

et sont régulièrement en contact avec des<br />

partenaires étrangers. Ces contacts créent certainement<br />

de l'émulation et font que, hormis la phase du redéploiement,<br />

l'engineering enregistre un faib<strong>le</strong> taux de déperdition<br />

et de départs vers d'autres filia<strong>le</strong>s et directions du<br />

Groupe. Quand on m'a chargé de reprendre la direction,<br />

j'ai appelé tous <strong>le</strong>s gens qui étaient à l'engineering pour<br />

avoir <strong>le</strong>ur avis et savoir s'ils souhaitaient me rejoindre ou<br />

rester à <strong>le</strong>urs postes. Pour tous, c'était <strong>le</strong> retour sans<br />

aucune hésitation


Dossier<br />

Programme<br />

national gaz<br />

Le pari du développement<br />

Si <strong>le</strong> développement du gaz naturel<br />

en tant qu'énergie propre est, dans<br />

<strong>le</strong> contexte mondial, l'instrument<br />

d'une stratégie environnementa<strong>le</strong><br />

communément perçue, il est en Algérie,<br />

outre cette priorité, l'objet d'une politique<br />

d'investissements à plusieurs tenants,<br />

avec pour objectifs la conquête de nouveaux<br />

marchés gaziers dans <strong>le</strong> monde,<br />

la mise à contribution du GN en tant que<br />

vecteur de progrès social et sa promotion<br />

comme énergie stratégique<br />

dans <strong>le</strong> développement de l'industrie.


34<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

Perspectives de l'Algérie<br />

sur <strong>le</strong> marché du gaz naturel<br />

dans <strong>le</strong> monde<br />

Sonatrach, un opérateur majeur sur la scène gazière<br />

internationa<strong>le</strong><br />

Les préoccupations d'ordre écologique ainsi que <strong>le</strong>s progrès<br />

technologiques ont permis, ces dernières années, au gaz naturel<br />

de s'ériger comme une source d'énergie de premier choix.<br />

En effet, <strong>le</strong> gaz naturel étant l'énergie fossi<strong>le</strong> la plus propre et la<br />

plus adaptée aux nouvel<strong>le</strong>s exigences environnementa<strong>le</strong>s, sa part<br />

dans <strong>le</strong> bilan énergétique mondial ne cesse de croître.<br />

Ainsi, la consommation de gaz naturel dans<br />

<strong>le</strong> monde est passée de 2 461 Gm 3 , en<br />

2000, à 2 750 Gm 3 , en 2005, soit un taux<br />

de croissance annuel moyen de 2,5%<br />

contre 1,7% pour <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong> brut sur la même période.<br />

Cette tendance devrait se confirmer à moyen et long<br />

terme avec une demande mondia<strong>le</strong> en gaz naturel qui<br />

devrait progresser à un rythme annuel moyen de l'ordre<br />

de 2 à 2,4 % pour atteindre <strong>le</strong>s 3 160 Gm 3 et 3 700 Gm 3<br />

en 2010 et 2020 respectivement. Le secteur de la génération<br />

é<strong>le</strong>ctrique qui devrait absorber, à lui seul, 35% à<br />

40% du gaz naturel commercialisé continuera à jouer <strong>le</strong><br />

rô<strong>le</strong> de moteur de la croissance de la demande mondia<strong>le</strong><br />

en gaz naturel.<br />

Plusieurs indicateurs soutiennent une croissance<br />

des échanges gaziers, notamment <strong>le</strong> GNL, dans <strong>le</strong>s prochaines<br />

années : la stagnation de la production aux<br />

Etats-Unis, l'épuisement des réserves au Royaume-Uni<br />

et en Europe, la libéralisation des secteurs du gaz<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

naturel et de l'é<strong>le</strong>ctricité dans <strong>le</strong>s pays de l'Union européenne<br />

ainsi que l'appétit croissant des pays émergents<br />

comme la Chine et l'Inde pour <strong>le</strong> gaz naturel.<br />

Dans ce même sillage, et avec une production en<br />

déclin, l'Europe devrait connaître dans <strong>le</strong>s prochaines<br />

années une importante croissance de sa dépendance<br />

vis-à-vis des importations à partir de sources hors<br />

Europe. En effet, en dépit du fort potentiel de la<br />

Norvège, la production européenne devrait se maintenir<br />

à son niveau actuel jusqu'en 2010, puis amorcer un<br />

déclin à partir de 2011.<br />

La demande dans la région (UE 25, Norvège,<br />

Turquie et Suisse) devrait, quant à el<strong>le</strong>, continuer à croître<br />

à un rythme soutenu et atteindre 600 Gm 3 et 730<br />

Gm 3 , en 2010 et 2020, respectivement contre 526 Gm 3<br />

en 2004. Le secteur de la génération é<strong>le</strong>ctrique devrait<br />

absorber, à lui seul, 70% de la demande additionnel<strong>le</strong>.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, la libéralisation des secteurs du gaz<br />

naturel et de l'é<strong>le</strong>ctricité en Europe et la multiplication


du nombre d'opérateurs conjuguée à la volonté des<br />

pays de l'Union à sécuriser <strong>le</strong>urs fournitures en diversifiant<br />

<strong>le</strong>s sources d'approvisionnement, suite notamment<br />

à la crise russo-ukrainienne, hiver 2005-2006,<br />

qui avait provoqué une réduction des livraisons de gaz<br />

naturel russe à l'Europe, devraient favoriser <strong>le</strong>s échanges<br />

par méthaniers. A cet effet, plusieurs terminaux<br />

de regazéification sont en cours de construction ou en<br />

projets pour permettre aux pays de l'Union européenne<br />

d'assurer une partie de <strong>le</strong>urs besoins à partir de<br />

sources lointaines au Moyen-Orient et en Afrique, <strong>le</strong>s<br />

fournitures par gazoducs à partir de Russie et d'Algérie<br />

devant continuer à satisfaire la plus grande partie de la<br />

demande additionnel<strong>le</strong> de gaz naturel.<br />

En Amérique du Nord, la demande de gaz naturel<br />

devrait progresser à un rythme annuel moyen de 1,2%<br />

pour atteindre près de 840 Gm 3 , en 2010, et 980 Gm 3 ,<br />

en 2020, grâce principa<strong>le</strong>ment à une forte demande<br />

du secteur de la génération é<strong>le</strong>ctrique.<br />

La production aux Etats-Unis et au Canada étant<br />

en stagnation, la consommation additionnel<strong>le</strong> devrait<br />

être couverte par des importations de GNL. A cet<br />

effet, en plus des cinq terminaux de réception de GNL<br />

existants, plusieurs nouveaux terminaux de regazéification<br />

sont en cours de construction ou en projets sur<br />

<strong>le</strong>s côtes est et ouest des Etats-Unis, au Canada et au<br />

Mexique. Ces derniers permettront l'importation de<br />

volumes de gaz naturel à partir du Moyen-Orient,<br />

d'Afrique et d'Australie.<br />

En Asie, la demande de gaz naturel devrait enregistrer<br />

dans <strong>le</strong>s prochaines années <strong>le</strong> taux de croissance<br />

<strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong> monde, en raison<br />

principa<strong>le</strong>ment de la forte demande de la Chine et de<br />

l'Inde. Outre <strong>le</strong> secteur é<strong>le</strong>ctrique qui va jouer un rô<strong>le</strong><br />

majeur dans la croissance de la demande, <strong>le</strong> secteur<br />

industriel, dans <strong>le</strong>quel la part du gaz est très inférieure<br />

à cel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> occupe dans <strong>le</strong>s pays industrialisés,<br />

devrait représenter <strong>le</strong> principal vecteur de croissance.<br />

Pour répondre à une partie de cette demande, plusieurs<br />

projets de terminaux de regazéification sont<br />

développés en Chine et en Inde. Toutefois, une partie<br />

de ces projets pourrait ne pas voir <strong>le</strong> jour en raison<br />

principa<strong>le</strong>ment de la compétition avec <strong>le</strong> charbon,<br />

notamment en Chine.<br />

Côté offre, avec plus de 40% des réserves mondia<strong>le</strong>s<br />

de gaz naturel, la région du Moyen-Orient devrait<br />

jouer un rô<strong>le</strong> de plus en plus prépondérant dans l'approvisionnement<br />

gazier mondial, principa<strong>le</strong>ment sous<br />

forme de GNL.<br />

Le GNL, vecteur de croissance du commerce mondial<br />

du gaz naturel<br />

Les nouvel<strong>le</strong>s configurations de marché qui se<br />

dessinent et qui sont porteuses d'opportunités aussi<br />

diverses qu'attractives incitent à trouver des solutions<br />

innovantes permettant de continuer à assurer, à<br />

long terme, <strong>le</strong>s revenus aux vendeurs et<br />

Le GNL, vecteur de croissance du commerce mondial du gaz naturel


36<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

<strong>le</strong>s approvisionnements aux acheteurs, tout en saisissant<br />

autant que faire se peut ces opportunités.<br />

En effet, la concurrence et la compétitivité au<br />

niveau international et l'intensification des échanges<br />

commerciaux internationaux ont amené <strong>le</strong>s compagnies<br />

à développer et à mettre en œuvre des stratégies<br />

globa<strong>le</strong>s qui vont au-delà du marché national.<br />

Dans cet environnement en constante mutation, la<br />

pérennité de ces compagnies et <strong>le</strong>ur réussite tiennent<br />

à <strong>le</strong>ur aptitude à l'amélioration de <strong>le</strong>urs performances,<br />

à l'innovation, au changement et à l'adaptation aux<br />

nouvel<strong>le</strong>s donnes de <strong>le</strong>ur environnement.<br />

Outre l'éloignement des zones de production de<br />

gaz naturel de cel<strong>le</strong>s de consommation, plusieurs<br />

autres éléments devraient contribuer à accroître <strong>le</strong>s<br />

échanges de gaz naturel par méthaniers. Ces échanges<br />

qui devraient croître à un rythme annuel moyen de 7%<br />

d'ici à 2020 permettraient au GNL d'atteindre une part<br />

de 38% dans <strong>le</strong> commerce mondial du gaz naturel,<br />

estimé à 1 350 milliards de mètres cubes à cet horizon,<br />

contre 22,7% en 2005. Parmi <strong>le</strong>s éléments qui pourraient<br />

contribuer à la croissance du GNL :<br />

- La construction de trains de liquéfaction et de<br />

méthaniers de capacités de plus en plus importantes,<br />

permettant ainsi de réaliser des économies d'échel<strong>le</strong>.<br />

- La stagnation de la production domestique aux<br />

Etats-Unis et <strong>le</strong> déclin assez rapide de la production<br />

de gaz en mer du Nord britannique.<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Une croissance continue des exportations de gaz naturel de Sonatrach<br />

- L'émergence en Asie de nouveaux marchés privilégiant<br />

cette option tels que l'Inde et la Chine.<br />

- Les prix plus é<strong>le</strong>vés du gaz sur certains marchés<br />

(nord-américain et européen), et qui ont tendance à<br />

favoriser <strong>le</strong> développement du GNL.<br />

- La diversification par <strong>le</strong>s clients de <strong>le</strong>urs sources<br />

d'approvisionnement (problématique de la sécurité<br />

d'approvisionnement et du transit).<br />

Exportations de 85 Gm 3 vers 2010 pour l'Algérie<br />

A travers Sonatrach, pionnier de l'industrie gazière,<br />

l'Algérie, au cours des quatre dernières décennies, a<br />

participé activement à la construction des marchés<br />

gaziers européens et à la pénétration du gaz naturel<br />

dans <strong>le</strong>s bilans énergétiques de certains pays membres<br />

de l'Union européenne où cette source d'énergie était<br />

souvent absente.<br />

Forte d'une position géographique privilégiée lui<br />

donnant accès aux marchés gaziers en développement<br />

et de ses qualités de fournisseur fiab<strong>le</strong> et continu,<br />

Sonatrach a tissé des relations de confiance et de coopération<br />

avec <strong>le</strong>s plus grands groupes européens.<br />

A travers deux principaux ouvrages : <strong>le</strong>s gazoducs<br />

Enrico Mattei, vers l'Italie, et Pedro Furan Farell, et ses<br />

installations de liquéfaction, installées à l'est et à<br />

l'ouest de l'Algérie, Sonatrach a exporté, en 2005, près<br />

de 65 Gm 3 de gaz naturel, dont 61,5% par gazoduc<br />

(GEM et GPDF) et 38,5% sous forme de GNL.


Ce volume a permis à Sonatrach d'occuper <strong>le</strong> 4 e rang<br />

des exportateurs de gaz naturel dans <strong>le</strong> monde, juste<br />

derrière la Russie, <strong>le</strong> Canada et la Norvège, et ce en<br />

dépit de la destruction d'une partie de la liquéfaction<br />

du comp<strong>le</strong>xe de Skikda <strong>le</strong> 19 janvier 2004.<br />

L'Europe reste <strong>le</strong> principal marché pour <strong>le</strong> gaz<br />

naturel algérien avec plus de 94,5% des exportations<br />

algériennes en 2005, suivie par <strong>le</strong>s Etats-Unis (4,4%) et<br />

la Tunisie (1%).<br />

Pour maintenir la position de l'Algérie comme<br />

exportateur majeur de gaz naturel dans <strong>le</strong> monde,<br />

notamment vers <strong>le</strong>s marchés d'Europe du Sud, et<br />

atteindre l'objectif d'exportation de 85 Gm 3 /an de gaz<br />

naturel fixé à l'horizon 2010, Sonatrach déploie une<br />

stratégie de développement adaptée à un nouvel environnement<br />

caractérisé par une croissance continue de<br />

la demande de gaz, mais éga<strong>le</strong>ment par des schémas de<br />

fonctionnement de plus en plus comp<strong>le</strong>xes.<br />

Des projets d'envergure, <strong>le</strong>s gazoducs Medgaz<br />

(8 Gm 3 /an) devant relier directement l'Algérie à<br />

l'Espagne et Galsi (8 Gm 3 /an), ligne directe entre<br />

l'Algérie et l'Italie via la Sardaigne, devraient entrer en<br />

service en 2009 et 2010. Ces projets ont franchi des<br />

étapes décisives de <strong>le</strong>ur développement avec <strong>le</strong> vote de<br />

la décision fina<strong>le</strong> d'investissement du projet Medgaz,<br />

<strong>le</strong> 21 décembre 2006, <strong>le</strong> lancement prochain des<br />

Sonatrach, un fournisseur majeur de gaz naturel<br />

travaux de construction et l'augmentation du capital<br />

de la société Galsi, qui engagera très prochainement<br />

<strong>le</strong>s études d'engineering FEED.<br />

Sonatrach devrait éga<strong>le</strong>ment augmenter ses exportations<br />

à travers <strong>le</strong>s extensions des gazoducs existants,<br />

notamment <strong>le</strong> gazoduc Enrico Mattei, dont la capacité<br />

devrait être augmentée de 6,5 Gm 3 /an dès 2008.<br />

Deux nouveaux trains de liquéfaction sont éga<strong>le</strong>ment<br />

en projet, l'un d'une capacité de 4,5 MT/an en<br />

remplacement de la capacité perdue à Skikda suite à<br />

l'accident survenu en janvier 2004 et l'autre dans <strong>le</strong><br />

cadre du projet intégré de Gassi Touil, en association<br />

avec Repsol/Gas Natural.<br />

Le développement d'un positionnement dans l'aval<br />

gazier international est éga<strong>le</strong>ment un axe important de<br />

la stratégie de développement mise en œuvre par<br />

Sonatrach, qui lui permettra d'avoir un accès direct<br />

aux marchés finaux et capturer ainsi une partie de la<br />

marge.<br />

Pour ce faire, Sonatrach s'est investie dans un programme<br />

d'envergure s'articulant essentiel<strong>le</strong>ment<br />

autour des axes suivants :<br />

- Réservation de capacités de regazéification à Is<strong>le</strong><br />

of Grain, en Grande-Bretagne (2,35 Gm 3 /an à partir<br />

de 2005 et 4,75 Gm 3 /an à partir de 2009), à Montoir<br />

(1 Gm 3 /an à partir de 2010). Sonatrach étudie


38<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s possibilités de réservation d'une capacité<br />

de regazéification sur <strong>le</strong> marché nord-américain.<br />

A cet effet, trois <strong>le</strong>ttres d'intention ont été signées avec<br />

Sempra LNG, Occidental Petro<strong>le</strong>um et Freeport LNG.<br />

• Réservation de capacité de transport sur <strong>le</strong>s<br />

nouveaux gazoducs Medgaz et Galsi.<br />

• Création de filia<strong>le</strong>s de commercialisation pour<br />

accompagner la stratégie d'intégration dans l'aval<br />

gazier européen, comme c'est <strong>le</strong> cas au Royaume-Uni<br />

(Sonatrach Gas Marketing), en Espagne (Sonatrach<br />

Gas Commercializadora) et en Italie (Sonatrach Gas<br />

Italia). Une filia<strong>le</strong> devrait éga<strong>le</strong>ment être créée en<br />

France pour commercialiser <strong>le</strong>s volumes de gaz naturel<br />

transportés sur ce marché.<br />

• Renforcement de la flotte de transport maritime par<br />

l'acquisition de nouveaux méthaniers. Sonatrach<br />

devrait réceptionner deux nouveaux méthaniers d'une<br />

capacité de 75 000 m 3 chacun en 2007 et 2008 respectivement<br />

et la commande de 2 nouveaux méthaniers,<br />

Atlantic Max (145 000 m 3 ) est en cours.<br />

Forte de son expérience et de son expertise développées<br />

au cours des quatre dernières décennies ainsi<br />

que de sa position, unique au monde, de fournisseur de<br />

gaz par gazoduc mais aussi de GNL, Sonatrach continuera<br />

à être un acteur incontournab<strong>le</strong> de la scène énergétique<br />

et gazière mondia<strong>le</strong>. Et c'est en s'appuyant sur<br />

<strong>le</strong>s atouts indéniab<strong>le</strong>s dont el<strong>le</strong> dispose, et en mettant<br />

en œuvre une stratégie dynamique lui permettant de<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Renforcement de la position de Sonatrach dans <strong>le</strong>s pays de l’Europe du Sud<br />

tirer avantage des changements intervenus sur <strong>le</strong>s marchés<br />

mondiaux, qu'el<strong>le</strong> continuera aussi à faire face à<br />

une concurrence accrue pour préserver et développer<br />

sa position et se hisser aux premiers rangs des compagnies<br />

gazières et pétrolières dans <strong>le</strong> monde avec<br />

comme objectif essentiel la maximisation de la valorisation<br />

des hydrocarbures algériens<br />

Mohamed Chawki Rahal<br />

Vice-Président Sonatrach<br />

activité Commercialisation


Programme national gaz<br />

Un millier de distributions publiques<br />

d'ici à l'horizon 2009<br />

La politique de promotion du gaz naturel en Algérie, si el<strong>le</strong><br />

semb<strong>le</strong> faire écho à une vision mondia<strong>le</strong> de développement<br />

d'une énergie propre, n'en décou<strong>le</strong> pas moins d'une volonté des<br />

pouvoirs publics de mettre à contribution de manière optimum<br />

<strong>le</strong> potentiel énergétique national au service du développement<br />

durab<strong>le</strong>.<br />

Après la phase historique de l'é<strong>le</strong>ctrification,<br />

c'est au tour du gaz naturel de jouer<br />

son rô<strong>le</strong> en tant que <strong>le</strong>vier pour <strong>le</strong> développement<br />

socio-économique du pays.<br />

Une ambition pour l'Algérie et un défi extraordinaire<br />

pour <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, qui accompagne ce processus<br />

depuis <strong>le</strong>s premières années de l'indépendance. Les<br />

décisions prises par <strong>le</strong>s pouvoirs publics tout au long<br />

de cette période se sont articulées autour d'enjeux<br />

sociaux s'articulant autour de la problématique d'accès<br />

des populations à l'énergie, mais aussi des enjeux<br />

industriels en relation avec la production d'é<strong>le</strong>ctricité<br />

et l'alimentation des clients industriels. La finalité<br />

étant la réalisation d'un équilibre entre l'exploitation<br />

optimum du gaz et du pétro<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> énergétique,<br />

d'une part, et entre <strong>le</strong>s différentes régions du pays,<br />

d'autre part. Associée, depuis <strong>le</strong> départ, à cette vision,<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, partie prenante dans ce processus en tant<br />

qu'instrument de la politique énergétique de l'Etat, a<br />

évolué dans différents contextes en vue de ces objectifs,<br />

dans <strong>le</strong> cadre très engageant des nombreux programmes<br />

de développement gaz, travaillant toujours,<br />

en concertation avec <strong>le</strong>s pouvoirs publics, à une optimisation<br />

des mécanismes financiers et de gestion des<br />

projets pour palier <strong>le</strong>s lacunes et <strong>le</strong>s défaillances qui se<br />

sont manifestées à chaque étape de ce processus.<br />

Et c'est à l'épreuve des acquis consolidés en matière<br />

de montage financier et de gestion des programmes<br />

que <strong>le</strong>s entraves et <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s successifs, rencontrés<br />

durant <strong>le</strong>s expériences antérieures, devaient être neutralisés<br />

en vue de donner un rythme optimum aux<br />

projets engagés et de garantir une livraison des réalisations<br />

selon <strong>le</strong>s délais et la qualité requis. A ce titre,<br />

l'historique de ces expériences est assez éloquent pour<br />

expliquer et justifier <strong>le</strong>s choix actuels. En fait, l'intérêt<br />

avéré du gaz naturel n'a jamais été perdu de vue par <strong>le</strong>s<br />

pouvoirs publics à travers <strong>le</strong>s décennies écoulées,<br />

même si <strong>le</strong>s perspectives de son développement<br />

étaient guidées par une perception des priorités qui<br />

changeait selon <strong>le</strong>s enjeux et <strong>le</strong>s politiques menées.<br />

Après l'indépendance, et dans l'élan de l'industrialisation<br />

que vivait <strong>le</strong> pays, <strong>le</strong> financement des programmes<br />

de développement du gaz était soumis par <strong>le</strong>s<br />

pouvoirs publics à la priorité de développement des<br />

industries. Ainsi, à chaque fois que l'Etat créait de nouvel<strong>le</strong>s<br />

infrastructures gazières pour desservir <strong>le</strong>s unités<br />

industriel<strong>le</strong>s, la décision était prise d'alimenter <strong>le</strong>s<br />

localités mitoyennes. Par la suite, et pour des raisons<br />

fondées d'équilibre socio-économique régional, il fut<br />

décidé de confectionner un plan de développement<br />

du gaz ayant une finalité strictement socia<strong>le</strong>.<br />

Dans ce registre, <strong>le</strong>s années 1980 ont connu deux<br />

plans de développement du gaz, <strong>le</strong>s deux allant respectivement<br />

de 1980/84 et de 1985/89. Il s'agissait, à travers<br />

<strong>le</strong>s deux plans, de répondre à l'objectif primordial<br />

d'alimenter des centaines de localités dans plusieurs


40<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

wilayas pour donner une impulsion à l'utilisation du<br />

gaz dans <strong>le</strong> pays, mais éga<strong>le</strong>ment pour répondre à un<br />

besoin social réel en gaz naturel. Le financement était<br />

pris en charge à 100% par <strong>le</strong>s pouvoirs publics avec<br />

pour objectif l'alimentation de pas moins de 500 localités.<br />

Un objectif qui est devenu irréalisab<strong>le</strong> par la suite<br />

à cause de la crise pétrolière vécue par notre pays à<br />

partir de 1986. Sur <strong>le</strong> nombre initial des localités à couvrir,<br />

un tri a été fait, priorisant, en vue d'une optimisation<br />

des coûts, <strong>le</strong>s localités mitoyennes des gazoducs.<br />

Cette option circonstanciée de privilégier <strong>le</strong> critère de<br />

rentabilité pour concrétiser une partie du plan a<br />

conduit <strong>Sonelgaz</strong> à solliciter un crédit temporaire<br />

auprès de la Banque algérienne de développement<br />

(BAD), sous des conditions de long terme et de taux<br />

bonifiés. En dépit de cet effort d'optimisation, <strong>le</strong> programme<br />

n'a pas abouti à cause de l'insuffisance des<br />

crédits.<br />

ANNEE Nombre de DP Nombre de DP<br />

mises en gaz par année mises en gaz cumulées<br />

2002 28 293<br />

2003 61 354<br />

2004 42 396<br />

2005 78 473<br />

2006 51 524<br />

Total général 260 524<br />

Répartition des distributions publiques<br />

mises en gaz durant la période 2002-2006<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Durant <strong>le</strong>s années 1990, <strong>le</strong>s besoins en gaz naturel<br />

se faisaient pressants, alors que des retards dans l'exécution<br />

de programmes antérieurs étaient enregistrés.<br />

C'est à la faveur de cette perception que <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

publics ont dressé un plan de développement gaz, mais<br />

qui était déjà rattrapé par <strong>le</strong>s réformes économiques et<br />

donc aussi par une logique de financement adaptée au<br />

contexte. Désormais, c'était à <strong>Sonelgaz</strong> d'entrer en<br />

contact avec <strong>le</strong>s banques pour étudier avec cel<strong>le</strong>s-ci la<br />

possibilité d'un financement du programme, moyennant<br />

un appui des pouvoirs publics en vue du remboursement<br />

à long terme à taux bonifiés. Dans cette<br />

perspective, <strong>Sonelgaz</strong> a introduit un dossier auprès de<br />

la BNA, qui devait motiver son refus de financement<br />

du fait de l'absence de garanties de l'Etat au vu de la<br />

situation financière de l'entreprise à l'époque.<br />

Le statu quo devait durer jusqu'en 1994, date à<br />

laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s pouvoirs publics ont initié une autre approche<br />

pour impulser un développement de l'activité gaz<br />

dans <strong>le</strong> pays. Il était question, en la circonstance, d'un<br />

schéma de financement nouveau qui consistait en une<br />

mise à contribution de tous <strong>le</strong>s acteurs concernés, à<br />

savoir l'Etat, <strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s et, en<br />

bout de course, <strong>le</strong>s abonnés. A partir d'une structuration<br />

globa<strong>le</strong> incluant <strong>le</strong>s coûts du transport et de la distribution,<br />

il était question de répartir <strong>le</strong>s pourcentages<br />

avec des parts respectivement dévolues aux acteurs<br />

cités plus haut, à hauteur de 35, 30, 25 et 10% pour <strong>le</strong>s<br />

Hauts Plateaux et <strong>le</strong> Sud, et à hauteur de 25%, 30, 25 et<br />

20% pour <strong>le</strong>s localités du Nord.<br />

Ce schéma mis en place, un plan a été arrêté, mais<br />

en cours de réalisation, <strong>Sonelgaz</strong> devait rencontrer un<br />

obstac<strong>le</strong> majeur, notamment la non-perception de la<br />

part des col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s pour compléter <strong>le</strong> financement<br />

du programme. Pour cette raison et, initia<strong>le</strong>ment,<br />

Evolution du nombre de localités alimentées en gaz naturel (1999 - 2006)


Type de programme Longueur réseau Nombre de localités<br />

(de l'ordre de) en km<br />

PCSC 1 792 117<br />

Hauts Plateaux 2 870 237<br />

10 wilayas du Sud 2 400 100<br />

Evolution du taux national de pénétration<br />

du gaz à l'horizon 2009<br />

à cause du choix du montage financier qui ne séparait<br />

pas l'investissement transport de celui destiné à la distribution,<br />

<strong>le</strong> plan en question n'a pas connu un taux de<br />

réalisation important. En concertation avec <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

publics, il a été décidé d'adopter une autre forme<br />

de montage financier en vue de neutraliser <strong>le</strong>s dysfonctionnements<br />

et <strong>le</strong>s accidents de parcours. Dans<br />

l'interval<strong>le</strong> 1997/98, un schéma de financement partant<br />

du principe de séparation des ouvrages a été<br />

adopté, l'investissement transport devant échoir à<br />

100% à l'Etat, qui supporte <strong>le</strong>s coûts distribution à hauteur<br />

de 50%, à charge pour <strong>Sonelgaz</strong> de financer <strong>le</strong>s<br />

50% restants et de récupérer un forfait de 10 000 DA<br />

auprès des abonnés au moment du raccordement de<br />

ceux-ci au réseau. C'est ce schéma de financement qui<br />

devait s'appliquer jusqu'en 2006.<br />

Durant la période 2002-2006, outre <strong>le</strong>s programmes<br />

reliquats qui devaient être pris en charge, de nouveaux<br />

programmes ont vu <strong>le</strong> jour, notamment dans un<br />

contexte de politique énergétique rénovée, fondée sur<br />

un développement intensif et extensif du réseau de<br />

gaz naturel avec pour ambition d'atteindre successivement<br />

un taux de pénétration de 36% à l'horizon 2006,<br />

et de 50% à l'horizon 2009. Durant la période 2002-<br />

2006, et contrairement aux années précédentes, <strong>le</strong>s<br />

montages financiers n'ont pas constitué un problème<br />

majeur pour la concrétisation des programmes.<br />

Néanmoins, d'autres difficultés ont émergé, notamment<br />

cel<strong>le</strong>s concernant la capacité de réalisation des<br />

Nouveaux programmes<br />

d'alimentation des localités<br />

éloignées du Sud et des<br />

Hauts Plateaux<br />

entreprises retenues, <strong>le</strong> mode de lancement des appels<br />

d'offres ainsi que <strong>le</strong>s entraves rencontrées sur <strong>le</strong> terrain.<br />

Ce qui a occasionné des retards dans <strong>le</strong>s délais de<br />

réalisation de certains programmes. Le Groupe de travail<br />

- constitué des représentants des ministères de<br />

l'Energie, des Finances et de l'Intérieur ainsi que de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> - qui a suivi la situation des programmes DP<br />

Gaz depuis <strong>le</strong>ur lancement a procédé, vers 2004, à une<br />

évaluation globa<strong>le</strong> des réalisations en cours et analysé<br />

<strong>le</strong>s causes de freinage. En premier lieu, la capacité de<br />

réalisation des entreprises, pour la plupart en cours de<br />

construction, ainsi que <strong>le</strong>ur capacité à s'approvisionner<br />

en tubes et matériels. En deuxième lieu, la multiplicité<br />

des appels d'offres, la perte de temps et<br />

l'absence de visibilité sur l'ensemb<strong>le</strong> des programmes<br />

qu'el<strong>le</strong>s induisent. En troisième lieu, et dans une moindre<br />

mesure, <strong>le</strong>s oppositions de passage à l'origine de<br />

retards au niveau de certaines localités.<br />

Cette démarche d'identification des dysfonctionnements<br />

a permis, par la suite, de préconiser des<br />

mesures adaptées, à savoir la nécessité d'adapter l'option<br />

de réalisation de clé en main, un classement en<br />

catégories A, B et C des entreprises qui prédéfinit <strong>le</strong>urs<br />

capacités de réalisation en fonction de <strong>le</strong>urs références<br />

et de <strong>le</strong>urs moyens et une mise à disposition de ces<br />

entreprises de réalisation d'un comptoir unique pour<br />

l'approvisionnement en tubes et en matériels au niveau<br />

de la filia<strong>le</strong> Cameg qui permet à la fois de réduire l'impact<br />

du coût d'approvisionnement à l'international,<br />

moyennant l'acquisition de stocks conséquents, ainsi<br />

que l'impact du temps de l'approvisionnement sur <strong>le</strong>s<br />

délais de livraison, <strong>le</strong>s entreprises retenues ne pouvant<br />

acquérir <strong>le</strong> matériel avant la concrétisation du contrat<br />

avec <strong>Sonelgaz</strong>. Enfin, l'établissement d'un appel d'offres<br />

unique qui permet de soumettre en même temps<br />

tous <strong>le</strong>s programmes et d'identifier de façon simultanée<br />

toutes <strong>le</strong>s entreprises retenues. S'agissant des<br />

oppositions de passage, la gestion de cette question a<br />

été soumise aux pouvoirs publics qui, au fur et à<br />

mesure, arrivent à débloquer la situation. Il y a eu,<br />

malgré ces difficultés, plusieurs localités qui ont été<br />

raccordées entre 2002 et 2006


42<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

M. Saïdani, P-DG du GRTG<br />

«Toutes <strong>le</strong>s conditions sont réunies<br />

pour atteindre <strong>le</strong>s 57% à l'horizon 2009»<br />

Les nombreuses expériences de <strong>Sonelgaz</strong> en matière de gestion<br />

des programmes de développement gaz durant <strong>le</strong>s dernières<br />

décennies auront permis d'identifier toutes <strong>le</strong>s entraves et <strong>le</strong>s<br />

dysfonctionnements qui ont été à l'origine de retards dans la<br />

livraison des projets, voire même dans <strong>le</strong>ur aboutissement.<br />

L'optimisation qui en a résulté a permis, dès 2004, de donner une<br />

vitesse de croisière aux différents programmes. Une perception<br />

qui permet au premier responsab<strong>le</strong> du GRTG <strong>Sonelgaz</strong> d'afficher<br />

une certaine assurance quant au rendez-vous de fin 2009.<br />

NOOR : L'année 2002 a connu une accélération<br />

du développement du programme national gaz. En<br />

votre qualité de président du comité de suivi de ce<br />

programme, quel bilan faites-vous, aujourd'hui, sur<br />

la période 2002-2006 en termes de réalisation, de<br />

contraintes et d'enseignements ?<br />

M. Saïdani : Le programme national gaz a<br />

démarré effectivement avec une nouvel<strong>le</strong> stratégie à<br />

partir de 2004. Une stratégie élaborée sur la base des<br />

orientations du P-DG du Groupe suite à un diagnostic<br />

effectué se rapportant à l'état d'avancement du programme<br />

DP gaz et aux contraintes et entraves enregistrées<br />

sur <strong>le</strong>s exercices s'étalant de 2002 à 2004. Le problème<br />

majeur identifié était celui des approvisionnements<br />

en tubes, en postes gaz et en accessoires. Le fait<br />

que <strong>le</strong>s appels d'offres étaient lancés en clé en main, <strong>le</strong>s<br />

entreprises de réalisation, encore en cours de<br />

construction, n'avaient pas <strong>le</strong>s moyens nécessaires ni<br />

<strong>le</strong> savoir-faire pour commander à l'étranger tous <strong>le</strong>s<br />

matériels gaz. Il a été re<strong>le</strong>vé du retard dans <strong>le</strong>s délais de<br />

réalisation des projets du fait du temps mis par ces<br />

entreprises pour l'importation des matériels en question.<br />

A partir de 2004, il a été donc décidé de confier à<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

la Cameg, filia<strong>le</strong> de <strong>Sonelgaz</strong>, la mission d'approvisionnement<br />

en tubes de différents diamètres, en postes de<br />

différents débits et en accessoires pour <strong>le</strong>ver tota<strong>le</strong>ment<br />

la contrainte des approvisionnements. C'est à<br />

partir de cette date que <strong>le</strong> Programme national gaz<br />

(PNG) a connu un nouvel essor. 2004 devait connaître<br />

une autre innovation. Il s'agit d'un nouveau mode de<br />

gestion des appels d'offres, à savoir l'option de retenir<br />

<strong>le</strong> principe de l'appel d'offres unique à travers <strong>le</strong>quel<br />

nous avons attribué aux différentes entreprises soumissionnaires,<br />

publiques et privées, tout <strong>le</strong> programme<br />

fixé par <strong>le</strong>s pouvoirs publics. Autre manière<br />

de faire qui nous a permis une meil<strong>le</strong>ure prise en<br />

charge du programme gaz, il s'agit du procédé de allotissement<br />

des ouvrages en plusieurs tranches, en fonction<br />

de <strong>le</strong>ur consistance. Ce découpage nous a permis<br />

d'affecter une DP à une à trois entreprises, nous donnant<br />

ainsi suffisamment de latitude pour décider, en<br />

cas d'avancement non satisfaisant de la réalisation, la<br />

résiliation du contrat avec l'entreprise défaillante et<br />

l'affectation de cette tranche à l'entreprise en charge<br />

d'un lot mitoyen et qui est, de fait, identifiée comme<br />

performante. De la sorte, nous sommes certains d'optimiser<br />

notre gestion des délais de réalisation.


Nous avons donc au fur et à mesure amélioré notre<br />

façon de faire. A ce titre, l'appel d'offres unique n° 3,<br />

dont l'ouverture des plis a eu lieu <strong>le</strong> 10 décembre 2006,<br />

a vu la mise en œuvre d'une autre stratégie consistant<br />

en l'affectation aux entreprises publiques qu'on a classées<br />

dans la catégorie de performance «A», à savoir<br />

l'Enac et Cosider, de lots d'une longueur comprise<br />

entre 250 et 400 km. Ce qui nous a permis, d'ores et<br />

déjà, de saturer, pour <strong>le</strong>s exercices 2006 et 2007, <strong>le</strong>s<br />

capacités de réalisation de ces deux entités en plus du<br />

portefeuil<strong>le</strong> que nous avons confié à la filia<strong>le</strong> de<br />

<strong>Sonelgaz</strong>, Kanaghaz, dont on a éga<strong>le</strong>ment saturé <strong>le</strong>s<br />

capacités de réalisation.<br />

Les pouvoirs publics affichent, à travers <strong>le</strong> Groupe,<br />

l'ambition d'atteindre un taux de pénétration gaz<br />

de 57% à l'horizon 2009. Cette ambition se traduit<br />

par un nombre de projets d'une envergure sans<br />

précédent. Compte tenu de l'expérience capitalisée<br />

par <strong>Sonelgaz</strong>, quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s dispositions prises<br />

pour atteindre cet objectif ?<br />

M. S. : Le taux de pénétration du gaz naturel enregistré<br />

à fin 2006 est de 37%, et l'ambition des pouvoirs<br />

publics est d'atteindre, à l'horizon 2009, <strong>le</strong> taux de<br />

57%. Ce taux sera concrétisé à travers <strong>le</strong> programme<br />

des Hauts Plateaux, <strong>le</strong> Programme de développement<br />

des wilayas du Sud et <strong>le</strong>s programmes complémentaires<br />

et de soutien à la croissance. Le programme des<br />

Hauts Plateaux permettra de raccorder 237 localités<br />

réparties sur <strong>le</strong>s 20 wilayas que couvre cette région du<br />

pays. Concernant <strong>le</strong> Programme Sud, il couvre 10<br />

wilayas et nous permettra de raccorder 59 localités. Il<br />

faut préciser qu'au 31 décembre 2006 pas moins de<br />

524 localités sont raccordées au gaz naturel. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />

sur <strong>le</strong>s 48 wilayas que compte notre pays, 45<br />

disposent d'ores et déjà d'un réseau de gaz naturel, 2<br />

wilayas étant raccordées en gaz propane. Seu<strong>le</strong><br />

demeure la wilaya de Tindouf qui bénéficiera très<br />

bientôt d'une station GPL. On <strong>le</strong> constate à travers ces<br />

chiffres, un effort immense a été consenti par <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

publics à partir de l'année 2000, date à laquel<strong>le</strong><br />

l'Algérie a connu une croissance remarquab<strong>le</strong> du taux<br />

de pénétration du gaz naturel. Aux 524 localités raccordées<br />

au GN viendront s'ajouter, à l'horizon 2009,<br />

300 autres qui ramèneront à 824 <strong>le</strong> nombre des localités<br />

raccordées. Un chiffre qui correspond à l'ambitieux<br />

pourcentage de 57% que nous nous fixons, avec<br />

<strong>le</strong>s pouvoirs publics, comme objectif à atteindre dans<br />

trois ans.


44<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

Pour se faire une idée précise de l'importance, en<br />

termes de taux de pénétration, du chiffre de 48%, il<br />

faut tout simp<strong>le</strong>ment retenir <strong>le</strong> fait que beaucoup de<br />

pays à travers <strong>le</strong> monde n'ont pas encore concrétisé un<br />

tel objectif. Il faut retenir aussi que ce taux de couverture<br />

gaz signifie que toutes <strong>le</strong>s localités urbaines et<br />

suburbaines seront raccordées au gaz et que seu<strong>le</strong>s<br />

demeurent <strong>le</strong>s petites localités rura<strong>le</strong>s et cel<strong>le</strong>s du Sud<br />

qui sont situées à une trop grande distance du réseau<br />

gaz pour être raccordées au GN. Ce qui est tout à fait<br />

normal et pratiqué de par <strong>le</strong> monde, même dans <strong>le</strong>s<br />

pays où <strong>le</strong> taux de pénétration gaz est important. C'est<br />

<strong>le</strong> cas notamment de la Russie où <strong>le</strong>s petites localités<br />

trop éloignées du réseau gaz ne sont pas raccordées.<br />

Le fait est évident qu'un taux de 57% sera, une fois<br />

concrétisé, un taux très satisfaisant. A ce dernier titre,<br />

et pour atteindre cet objectif très engageant, <strong>Sonelgaz</strong><br />

a confié la réalisation de 75% de ces programmes des<br />

Hauts Plateaux et des wilayas du Sud aux trois entreprises<br />

publiques de canalisations que sont Kanaghaz,<br />

Cosider et l'Enac. D'ici à fin 2009, ces entreprises<br />

s'occuperont à 100% du programme DP gaz.<br />

Quel<strong>le</strong>s sont, selon vous, <strong>le</strong>s zones identifiées<br />

comme des zones à risques dans la réalisation de<br />

ces programmes ?<br />

M. S. : Le problème que nous rencontrons actuel<strong>le</strong>ment<br />

dans certaines wilayas du pays a trait aux<br />

oppositions au passage de nos ouvrages. On fait face,<br />

çà et là, à des oppositions de la part de quelques propriétaires<br />

terriens du secteur privé, en dépit de l'obtention<br />

par <strong>Sonelgaz</strong> du permis de construire et de<br />

l'arrêté d'utilité publique. Nous arrivons dans beaucoup<br />

de cas à trouver des solutions à l'amiab<strong>le</strong> avec<br />

ces citoyens en collaboration étroite avec <strong>le</strong>s directions<br />

des mines et de l'industrie des wilayas<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

concernées, que nous remercions pour <strong>le</strong>ur précieux<br />

soutien. Quelques cas qui, fort heureusement, ne sont<br />

pas nombreux, demeurent encore en suspens mais<br />

seront solutionnés. Ce qui entraîne quelques retards<br />

dans la réalisation de quelques-uns de nos ouvrages<br />

destinés à alimenter certaines localités. Autre fait que<br />

nous gérons et que nous avons d'ail<strong>le</strong>urs anticipé, c'est<br />

<strong>le</strong> cas de certaines entreprises de réalisation du secteur<br />

privé qui se sont lancées dans <strong>le</strong> programme DP<br />

gaz et qui s'avèrent ensuite défaillantes à cause d'un<br />

manque d'expérience, de moyens matériels et<br />

humains suffisants. Nous avons donc dû résilier un<br />

certain nombre de contrats et réaffecter <strong>le</strong>s projets<br />

concernés à d'autres entreprises qui opèrent sur des<br />

lots mitoyens, et dont la performance est avérée. Cela<br />

dit, nous faisons tout pour assister et encourager toutes<br />

<strong>le</strong>s entreprises pour <strong>le</strong>s aider à respecter <strong>le</strong>urs obligations<br />

contractuel<strong>le</strong>s, car il s'agit pour nous de disposer<br />

du plus grand nombre d'entreprises pour mieux<br />

optimiser <strong>le</strong> rythme de réalisation et, surtout, pour<br />

dynamiser <strong>le</strong> principe de concurrence entre ces entités<br />

et ne pas enregistrer de retard dans la concrétisation<br />

Les programmes DP gaz ont effectivement impacté <strong>le</strong> fonctionnement<br />

et l'exploitation du réseau transport gaz puisque, par<br />

<strong>le</strong> passé, bon an, mal an, il était enregistré une mise en service<br />

maximum de 200 à 300 km de réseau. Depuis <strong>le</strong>s trois dernières<br />

années, on connaît un transfert à l'exploitation entre 500 et<br />

900 km. Ce qui est énorme, puisque la longueur tota<strong>le</strong> de notre<br />

réseau est de 6 660 km à fin 2006.<br />

du programme national gaz. S'agissant de la visibilité<br />

que nous avons en vue de la concrétisation des programmes<br />

à l'horizon fixé, la vitesse de croisière en termes<br />

de réalisation devrait être atteinte dans <strong>le</strong> courant<br />

de l'année 2007. Cela parce que <strong>le</strong>s expériences que<br />

nous avons connues précédemment nous ont permis<br />

d'optimiser tous <strong>le</strong>s aspects qui devaient l'être encore<br />

à fin 2006. Les enseignements que nous en avons tirés<br />

nous ont donné davantage de visibilité par rapport<br />

aux accidents de parcours probab<strong>le</strong>s, aux aléas et aux<br />

dysfonctionnements, que ce soit dans la gestion des<br />

approvisionnements, des appels d'offres, de nos relations<br />

avec <strong>le</strong>s entreprises de réalisation ou par rapport<br />

à des questions inhérentes aux programmes. C'est sur


la base de ces acquis et de l'anticipation des problèmes<br />

que <strong>Sonelgaz</strong> ambitionne de livrer <strong>le</strong>s différents programmes<br />

en cours dans <strong>le</strong>s délais fixés par <strong>le</strong>s<br />

pouvoirs publics, à savoir fin 2009.<br />

Quel est l'impact de ce programme sur <strong>le</strong> GRTG, ses<br />

infrastructures et son mode d'exploitation du<br />

réseau, sur <strong>le</strong>s tarifs du GRTG et, par conséquent,<br />

sur ceux de la distribution ?<br />

M. S. : Les programmes DP gaz ont effectivement<br />

impacté <strong>le</strong> fonctionnement et l'exploitation du réseau<br />

transport gaz puisque, par <strong>le</strong> passé, bon an, mal an, il<br />

était enregistré une mise en service maximum de 200<br />

à 300 km de réseau. Depuis <strong>le</strong>s trois dernières années,<br />

on connaît un transfert à l'exploitation entre 500 et<br />

900 km. Ce qui est énorme, puisque la longueur tota<strong>le</strong><br />

de notre réseau est de 6 660 km à fin 2006. Cette<br />

croissance importante nous a amenés à mettre en<br />

place et à projeter l'installation durant <strong>le</strong>s deux années<br />

à venir de nouveaux districts de transport du gaz au<br />

niveau de chaque siège de wilaya du nord du pays et<br />

des Hauts Plateaux pour nous rapprocher de notre<br />

clientè<strong>le</strong> en vue d'une qualité de service optimum,<br />

consistant concrètement dans la diminution des<br />

délais d'intervention et dans l'anticipation de l'incident.<br />

Chaque nouveau district est composé, dans un<br />

premier temps, de 5 à 6 techniciens, pour atteindre à<br />

court terme <strong>le</strong> nombre de 13 techniciens et 2 ingénieurs.<br />

Ces districts nous permettent de dépanner<br />

rapidement notre clientè<strong>le</strong> en cas d'incident et d'assurer<br />

par là-même une meil<strong>le</strong>ure qualité de service.<br />

L'autre projet que nous sommes en train de mettre en<br />

œuvre pour adapter notre gestion à la croissance du<br />

réseau concerne la création d'un dispatching gaz. Le<br />

projet a été transféré, début 2007, à la Direction généra<strong>le</strong><br />

de l'engineering qui en assurera la mise en œuvre<br />

pour <strong>le</strong> compte du GRTG. Un bureau d'études étranger<br />

a été déjà retenu en 2006 pour nous accompagner<br />

dans l'élaboration du cahier des charges et la définition<br />

de l'architecture du projet. En attendant la mise<br />

en place du dispatching, nous avons installé sur <strong>le</strong>s<br />

points stratégiques du réseau 40 RTU (équipements<br />

de <strong>le</strong>cture à distance) qui constituent trois minicentres<br />

de télé-exploitation régionaux qui nous permettent<br />

de connaître à tout instant et à distance <strong>le</strong>s pressions<br />

entrée et sortie au niveau des points névralgiques<br />

et des clients <strong>le</strong>s plus importants du GRTG. Cela,<br />

bien sûr, en vue d'anticiper <strong>le</strong>s incidents, mais aussi<br />

pour une meil<strong>le</strong>ure qualité de service et une diminution<br />

des délais d'intervention. Nous avons éga<strong>le</strong>ment<br />

mis en place un plan de modernisation du réseau,<br />

s'étalant de 2007 à 2011, pour rénover <strong>le</strong>s équipements<br />

et pour faire face à tous <strong>le</strong>s aléas que suppose<br />

l'importance d'un réseau appelé à doub<strong>le</strong>r à la fin<br />

2010.<br />

En face de cette course tous azimuts au<br />

développement gaz, <strong>le</strong>s gros clients demeurent une<br />

priorité en termes de qualité de service et de vente<br />

d'énergie. Avez-vous ressenti la nécessité de<br />

prendre des dispositions particulières en direction<br />

de cette catégorie de clients ? Si oui, quel<strong>le</strong>s sontel<strong>le</strong>s<br />

?<br />

M. S. : Nous avons, bien entendu, pris en compte,<br />

à travers <strong>le</strong>s dispositions que nous avons mises en<br />

œuvre récemment, la gestion des grands clients qui<br />

sont appelés communément <strong>le</strong>s grands comptes, qui<br />

sont <strong>le</strong>s grosses centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, <strong>le</strong>s clients<br />

industriels importants et <strong>le</strong>s postes DP alimentant <strong>le</strong>s<br />

grandes agglomérations pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nous réalisons<br />

la prestation de transport gaz. Pour tous ces<br />

clients et autres nœuds névralgiques du réseau, nous<br />

avons installé ce type d'appareils de <strong>le</strong>cture à distance<br />

de la pression entrée et sortie au niveau de trois directions<br />

régiona<strong>le</strong>s d'Alger, d'Oran et de Constantine. Le<br />

fonctionnement des clients industriels ayant souscrit<br />

un débit de gaz important tels que Mittal Steel<br />

Annaba, Fertial Annaba, <strong>le</strong>s cimenteries d'ACC de<br />

M'sila et de Ch<strong>le</strong>f et des postes DP qui alimentent <strong>le</strong>s<br />

grandes agglomérations fait l'objet, tout particulièrement,<br />

de visites fréquentes et d'un suivi régulier du<br />

diagramme de pression. Par ail<strong>le</strong>urs, et suite à l'extension<br />

importante que connaîtra <strong>le</strong> réseau GN dans <strong>le</strong><br />

sud de notre pays suite à la mise en œuvre par <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

publics des programmes des Hauts Plateaux et<br />

des wilayas du Sud, nous envisageons la création<br />

d'une quatrième direction régiona<strong>le</strong> transport gaz au<br />

Sud


46<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

Reportage<br />

Djelfa à l'ère du gaz naturel<br />

Lorsque l'énergie change la vie<br />

Située à 300 km au sud de la capita<strong>le</strong>, Djelfa est une région typiquement<br />

rura<strong>le</strong>. Spécifique par plusieurs aspects, el<strong>le</strong> incarne<br />

une contrée où se côtoient, dans l'esprit des populations, sentiment<br />

de privation, conscience de la dureté du climat et espoir<br />

très fort d'une amélioration de <strong>le</strong>urs conditions de vie.<br />

Avec une étendue de 32 256 km 2 et une<br />

population de 940 367 âmes, en majorité<br />

de modeste condition, la région est traversée<br />

par un froid hivernal terrib<strong>le</strong>. Ici,<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité et <strong>le</strong> gaz sont assimilés, à juste raison, à<br />

deux éléments de base nécessaires à la vie.<br />

Présentement, une visite à Djelfa, même de courte<br />

durée, s'avère édifiante. En fait, <strong>le</strong> gaz qui rentre<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

progressivement dans <strong>le</strong>s foyers des Djelfaouis est en<br />

passe de bou<strong>le</strong>verser tout un mode de vie. L'impact<br />

socio-économique du gaz naturel, sur une population<br />

rura<strong>le</strong>, étouffée par l'iso<strong>le</strong>ment et meurtrie par <strong>le</strong><br />

climat, est tout simp<strong>le</strong>ment extraordinaire. Le bonheur,<br />

très visib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s visages des famil<strong>le</strong>s qui ont<br />

déjà bénéficié du raccordement, traduit, plus que <strong>le</strong><br />

soulagement, <strong>le</strong> sentiment de revivre, et pour cause.<br />

Tout <strong>le</strong> monde s'accorde à dire que la vie à Djelfa, surtout<br />

en saison hiverna<strong>le</strong>, est un «enfer glacé». Les<br />

Djelfaouis en souffrent doub<strong>le</strong>ment, à l'instar des habitants<br />

des Hauts Plateaux. La température baisse<br />

jusqu'à atteindre des pics inférieurs de -6 °C à<br />

-13 °C. L'étendue géographique de la wilaya,<br />

qui s'étire en longueur vers <strong>le</strong> sud, n'a pas<br />

arrangé <strong>le</strong>s choses, tant des populations<br />

entières, enclavées dans <strong>le</strong>s collines,<br />

ont longtemps enduré la froidure et<br />

l'iso<strong>le</strong>ment. Le climat impitoyab<strong>le</strong><br />

confine <strong>le</strong>s populations entre quatre<br />

murs ou, tout au mieux, autour


d'un feu nourri de «combustib<strong>le</strong>s de fortune» à l'aide<br />

desquels on tente de résister à la bise. Retranchés sous<br />

<strong>le</strong>s couvertures jusqu'à fin mai, <strong>le</strong>s Naïlis passent des<br />

mois durant dans une longue «hibernation».<br />

Et arrive <strong>le</strong> gaz…!<br />

Le programme quinquennal de développement est<br />

venu à Djelfa avec <strong>le</strong> Prométhée tant attendu, ramenant<br />

une flamme à ces populations dont la réception<br />

d'un tel événement donnait toute la mesure du rô<strong>le</strong><br />

que <strong>le</strong> gaz naturel pouvait jouer dans <strong>le</strong> renouveau<br />

social. Pour beaucoup, <strong>le</strong> gaz arrive <strong>le</strong>ntement, mais<br />

sûrement. Il vient comme pour «souff<strong>le</strong>r la cha<strong>le</strong>ur<br />

dans <strong>le</strong>s veines des corps rongés par <strong>le</strong> froid et toujours<br />

emmitouflés dans <strong>le</strong>urs couvertures derrière <strong>le</strong>s murs<br />

frigorifiés de <strong>le</strong>urs maisons».<br />

Les enfants crient <strong>le</strong>ur joie dans <strong>le</strong>s cités : «Le gaz<br />

arrive ! Le gaz arrive !» Les chuchotements gagnent<br />

toute la cité ou <strong>le</strong>s villages à la vue des véhicu<strong>le</strong>s b<strong>le</strong>us<br />

de la <strong>Sonelgaz</strong> qui sillonnent quartiers et villages,<br />

transportant <strong>le</strong>s équipes dédiées à l'achèvement des<br />

travaux de raccordement, d'installation ou de mise en<br />

service des compteurs de gaz naturel pour <strong>le</strong>s nouveaux<br />

abonnés, de plus en plus nombreux. Des rassemb<strong>le</strong>ments<br />

de gens se forment autour de ces<br />

porteurs de progrès et, surtout, de cha<strong>le</strong>ur que sont<br />

<strong>le</strong>s techniciens de <strong>Sonelgaz</strong> pour témoigner <strong>le</strong>ur joie.<br />

A la délégation commercia<strong>le</strong> de l'agence principa<strong>le</strong> de<br />

la wilaya, on explique que partout où une équipe de<br />

<strong>Sonelgaz</strong> franchissait un quartier ou un village<br />

concerné par ce programme, ce sont <strong>le</strong>s mêmes scènes<br />

de liesse populaire. Alors qu'à la cité El Baha <strong>le</strong> chantier<br />

avance progressivement, à la cité La Concorde, la<br />

mise en service des compteurs au niveau de la dernière<br />

tranche des 190 logements, sur <strong>le</strong>s 1 680 déjà<br />

desservis, a été achevée à la veil<strong>le</strong> du Ramadhan. Dans<br />

cette cité, <strong>le</strong>s locataires se réjouissent de l'ambiance à<br />

l'intérieur des appartements, au «climat» plus doux<br />

comparativement à <strong>le</strong>urs anciennes demeures où<br />

«personne ne résistait au froid infernal», comme on<br />

aime à <strong>le</strong> répéter ici.<br />

A la cité El Baha de 220 logements évolutifs, distante<br />

de 7 km du chef-lieu, la vie change aussi de cou<strong>le</strong>ur.<br />

El Baha est une cité déserte. Quelque 25<br />

logements à peine sont occupés. Ils <strong>le</strong> sont grâce à<br />

l'avènement du gaz naturel qui semb<strong>le</strong> tel<strong>le</strong>ment<br />

égayer la vie des habitants. Le reste des attributaires a<br />

choisi d'attendre, d'autres ont choisi l'exode, mettant<br />

<strong>le</strong>urs maisons en vente. Certains bénéficiaires ont préféré<br />

louer des maisons dans des localités disposant de<br />

gaz. Le bouche-à-oreil<strong>le</strong> aidant, la nouvel<strong>le</strong> de l'arrivée<br />

du gaz a complètement inversé la tendance et,<br />

aujourd'hui, ils sont nombreux à retourner volontiers<br />

chez eux.<br />

Cinq programmes, tous modes de payement<br />

confondus, sont en cours de réalisation. En effet, <strong>le</strong>s<br />

abonnés domestiques sont desservis dans <strong>le</strong> cadre du<br />

programme de développement du Président de la<br />

République au profit de la région, tota<strong>le</strong>ment financé<br />

par l'Etat. Autrement dit, <strong>le</strong> client ne paye rien. Ces<br />

programmes viennent en fait renforcer <strong>le</strong>s programmes<br />

QLS, dont <strong>le</strong> niveau de participation des foyers<br />

est de 10 000 DA. Ajoutés aux programmes RCN et<br />

PW/PC non payab<strong>le</strong>s éga<strong>le</strong>ment. De même, la conversion<br />

est effectuée gratuitement pour tout <strong>le</strong> monde.<br />

Les DPG s'é<strong>le</strong>vaient à 27 701 abonnés raccordés en<br />

2001. Ce chiffre est passé au doub<strong>le</strong>, en vertu de ces<br />

programmes, et ce en cinq ans seu<strong>le</strong>ment. A fin 2006,<br />

<strong>le</strong>s DPG totalisaient quelque 57 000 abonnés. Les estimations<br />

tab<strong>le</strong>nt sur un taux de 110 000 abonnés d'ici à<br />

l'an 2009.<br />

Avant d'en arriver là, <strong>le</strong>s Djelfaouis, pour se<br />

réchauffer un tant soit peu et faire cuire <strong>le</strong>urs repas,<br />

consommaient en moyenne 3 à 4 bouteil<strong>le</strong>s butane<br />

tous <strong>le</strong>s 10 jours durant <strong>le</strong>s froides journées d'hiver. Les<br />

ménages devaient payer 250 DA à 300 DA la bouteil<strong>le</strong>,<br />

hors pénuries. Mais avec l'introduction du gaz naturel<br />

dans <strong>le</strong>s maisons, <strong>le</strong>s bénéficiaires retrouvent <strong>le</strong>urs<br />

logements à El Baha, abandonnés depuis <strong>le</strong>ur distribution<br />

en 1996, pour se diriger vers <strong>le</strong>s centres urbains.<br />

Des locataires installés depuis quelques jours seu<strong>le</strong>ment<br />

ont été motivés, avait-on dit, par <strong>le</strong> branchement<br />

de cette source naturel<strong>le</strong> si précieuse. Les économies<br />

destinées au paiement annuel du loyer sont désormais<br />

converties en investissement judicieux sur <strong>le</strong>s installations<br />

internes des demeures.<br />

Mais que faisaient <strong>le</strong>s Djelfaouis en attendant<br />

l'arrivée du gaz naturel ? Ils utilisaient du mazout et du<br />

bois, pour ceux qui pouvaient se <strong>le</strong> permettre. Les<br />

forêts environnantes sont dévastées à cause de la<br />

coupe fraudu<strong>le</strong>use du bois. Un commerce lucratif pour<br />

ceux qui avaient l'audace et <strong>le</strong>s moyens, ce alors que<br />

<strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s ménages déboursaient jusqu'à 1 500 DA <strong>le</strong><br />

quintal de bois tous <strong>le</strong>s dix jours, l'approvisionnement<br />

en bouteil<strong>le</strong>s de gaz butane n'étant pas toujours garanti


48<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

en ces temps-là, du fait parfois de la rupture des stocks<br />

et de la chaîne de distribution souvent due aux conditions<br />

climatiques. La spéculation qui s'ensuivait augmentait<br />

<strong>le</strong>s charges pour <strong>le</strong>s habitants et rendait l'hiver<br />

moins supportab<strong>le</strong> qu'il ne l'était, avec des bouteil<strong>le</strong>s à<br />

gaz à 400, voire à 500 DA. La fin justifiant parfois <strong>le</strong>s<br />

moyens, <strong>le</strong>s habitants de ces localités recouraient à<br />

des combustib<strong>le</strong>s dangereux et toxiques, notamment<br />

des pneus. «Faute de moyens, nous avions recours aux<br />

matières plastiques, au caoutchouc et nous achetions<br />

même du nylon, en cas de nécessité, pour se réchauffer»,<br />

confie Laïd, forestier de son état et chef d'une famil<strong>le</strong><br />

de sept personnes.<br />

Le gaz, <strong>le</strong> retour et la confiance retrouvée<br />

Avec l'avènement du gaz dans <strong>le</strong>s foyers, la situation<br />

des citoyens va s'améliorant. Les famil<strong>le</strong>s ressentent<br />

un net changement dans <strong>le</strong>ur vie. «On redécouvre<br />

la vie !» ironisent Laïd et ses voisins. Le comportement<br />

des famil<strong>le</strong>s a éga<strong>le</strong>ment connu des changements,<br />

comme l'attestent ces pères de famil<strong>le</strong> habitant<br />

cette cité LSP, peinés par l'iso<strong>le</strong>ment. Bachir, un autre<br />

voisin de Laïd, un sexagénaire, confie qu'il est devenu<br />

actuel<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> de «respirer un meil<strong>le</strong>ur oxygène,<br />

la tête hors des couvertures». Une manière de<br />

dire que l'oxygène a un «goût» différent avec <strong>le</strong> gaz de<br />

vil<strong>le</strong> ! Emmitouflés tout <strong>le</strong> temps sous <strong>le</strong>s couvertures,<br />

<strong>le</strong>s parents ne changeaient pas <strong>le</strong>urs vêtements, et <strong>le</strong>s<br />

enfants ne pouvaient quitter <strong>le</strong>ur couchage la nuit.<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

«Ils urinent jusqu'à 1'âge de 12 ans dans <strong>le</strong>ur lit qu'on<br />

essaye, inuti<strong>le</strong>ment, de sécher chaque jour», avoue<br />

Khelifa, père de quatre enfants. Des conditions qui <strong>le</strong>s<br />

prédisposent aux maladies comme <strong>le</strong>s pneumonies ou<br />

<strong>le</strong>s bronchites.<br />

Sur <strong>le</strong> plan économique, <strong>le</strong>s services compétents<br />

(dépannage et exploitation) notent une importante<br />

diminution de la consommation en é<strong>le</strong>ctricité, due à la<br />

baisse de la fraude, et donc une réduction de la fréquence<br />

des pannes é<strong>le</strong>ctriques. Les gens qui se chauffent<br />

désormais au gaz abandonnent l'utilisation des<br />

ustensi<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, nous explique-t-on. Ce qui a<br />

pour effet immédiat une diminution significative de la<br />

surcharge sur <strong>le</strong>s transformateurs, <strong>le</strong>s fils é<strong>le</strong>ctriques et<br />

par conséquent sur <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s. Les graves accidents<br />

comptés par dizaines chaque mois se raréfient de plus<br />

en plus.<br />

Les citoyens rencontrés éprouvent incontestab<strong>le</strong>ment<br />

un sentiment de confort et une amélioration de<br />

<strong>le</strong>ur santé. Ils considèrent que <strong>le</strong> gaz naturel a modernisé<br />

<strong>le</strong>ur mode de vie. Le changement de comportement<br />

dans <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s est nettement visib<strong>le</strong>. Plus de<br />

soucis de bouteil<strong>le</strong>s de gaz butane, de stockage de<br />

gasoil qu'on payait au prix fort et qu'on ramenait de<br />

loin sur motocyc<strong>le</strong> ou en charrette. Les points de<br />

vente, situés généra<strong>le</strong>ment au centre des vil<strong>le</strong>s, à 10, 25,<br />

voire 50 km, et plus dans certains cas, compliquent<br />

davantage l'approvisionnement. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s chantiers<br />

en cours ont attiré de la main-d'œuvre dans une<br />

région pauvre. Le programme en exécution a permis,<br />

certes, la création de postes de travail non permanents,<br />

toutefois <strong>le</strong> métier de la plomberie prospère et<br />

contribue à la résorption du chômage. Sur <strong>le</strong> plan scolaire,<br />

<strong>le</strong> conditionnement au gaz naturel des classes de<br />

cours dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s a beaucoup favorisé <strong>le</strong> retour<br />

massif des garçons et fil<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>urs pupitres qu'ils ont<br />

quittés à cause du froid<br />

QLS: Quartiers et logements sociaux<br />

RCN : Raccordement clientè<strong>le</strong> nouvel<strong>le</strong><br />

PW/PC : Programme de wilaya et programme communal<br />

DPG : Distribution publique de gaz<br />

SDC : Société de distribution centre


Conscients des conditions de vie des <strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s équipes<br />

de <strong>Sonelgaz</strong> travail<strong>le</strong>nt comme dans une fourmilière.<br />

Les agents ne sont freinés que par <strong>le</strong> week-end. Les<br />

chantiers qui sont à pied d'œuvre avancent à un grand<br />

rythme, assurent <strong>le</strong>s clients eux-mêmes. Les équipes<br />

mènent une course contre la montre afin d'amener <strong>le</strong><br />

confort dans <strong>le</strong>s domici<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>urs concitoyens. Les<br />

agences qui atteignent parfois jusqu'à 150 installations<br />

par jour travail<strong>le</strong>nt avec une grande célérité, comme en<br />

témoignent <strong>le</strong>s clients rencontrés dans <strong>le</strong>s couloirs de<br />

l'agence principa<strong>le</strong> de Djelfa. Tout <strong>le</strong> monde est content<br />

de l'accueil et de la prestation de service. Le délai de<br />

trois jours seu<strong>le</strong>ment séparant <strong>le</strong> payement de <strong>le</strong>urs<br />

redevances et la mise en service pour ceux dont <strong>le</strong>s installations<br />

sont conformes aux normes est scrupu<strong>le</strong>usement<br />

respecté. La prestation est estimée irréprochab<strong>le</strong><br />

par l'ensemb<strong>le</strong> des nouveaux clients interrogés. «Ce<br />

n'est pas un compliment, c'est la réalité», assure-t-on. Il<br />

reste que des obstac<strong>le</strong>s subjectifs viennent se greffer à<br />

la liste des difficultés rencontrées. Ils se résument généra<strong>le</strong>ment<br />

par l'extension des installations internes qui<br />

n'obéissent pas aux normes exigées par <strong>Sonelgaz</strong>. Les<br />

habitations rura<strong>le</strong>s de type ouvert n'aident pas à la<br />

répartition équitab<strong>le</strong> de la cha<strong>le</strong>ur entre <strong>le</strong>s chambres,<br />

d'où <strong>le</strong> recours à ce genre d'extension en quête de<br />

confort. La SDC (<strong>Sonelgaz</strong> Distribution Centre) classe<br />

Djelfa, de par ses caractéristiques steppiques, climatiques<br />

et géographiques comme une région à consommation<br />

spécifique. Sur <strong>le</strong>s 13 wilayas du Centre, <strong>le</strong>s<br />

prévisions annoncent que dans quelques années, Djelfa<br />

deviendra la région qui comptera la plus grande<br />

moyenne nationa<strong>le</strong> de consommation de gaz naturel.<br />

En termes de populations, Djelfa, chef-lieu de wilaya,<br />

est classée 8 e localité à l'échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> où la consommation<br />

moyenne est de 30 000 thermies/année/abonné.<br />

A la question de savoir pourquoi ce décalage entre <strong>le</strong><br />

nombre de branchements réalisés et celui de mises en<br />

service, plusieurs causes sont énumérées. Il s'agit, entre<br />

autres, de l'incapacité des ménages à s'acquitter des<br />

droits de mise en service, de l'absence d'installation<br />

interne, de non-conformité, de l'absence des famil<strong>le</strong>s de<br />

<strong>le</strong>urs logements ou encore de l'éloignement des agences<br />

des clients qui ne se manifestent pas. Cela dit,<br />

depuis l'avènement du gaz dans <strong>le</strong>s foyers, <strong>le</strong>s gens ressentent<br />

de la joie, mais <strong>le</strong>urs conditions matériel<strong>le</strong>s ne<br />

se sont pas pour autant améliorées. Les revenus, pour<br />

Ça «gaze» à Djelfa !<br />

ceux qui en ont, très faib<strong>le</strong>s par rapport au SNMG (des<br />

rémunérations ne dépassant pas, pour <strong>le</strong>s manœuvriers,<br />

<strong>le</strong>s 6 000 à 8 000 DA), constituent un di<strong>le</strong>mme<br />

pour <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>. «Très nombreux sont <strong>le</strong>s cas<br />

sociaux insolvab<strong>le</strong>s», est-il précisé. Et comme <strong>le</strong> compteur<br />

tourne sans discontinuer en hiver, <strong>le</strong>s factures peuvent<br />

atteindre en cette saison 7 000 à 8 000 DA/abonné.<br />

«Qui peut payer ?» s'interroge-t-on à Djelfa. «L'ardoise<br />

de l'agence du chef-lieu de wilaya s'élève, à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, à<br />

quelque 11 milliards de centimes», nous précise-t-on.<br />

Pour gérer cette question tout en préservant l'équilibre<br />

financier des famil<strong>le</strong>s, <strong>Sonelgaz</strong> établit avec ses clients<br />

des ca<strong>le</strong>ndriers de recouvrement. Même lorsqu'on<br />

décide des coupures de courant, que ce soit pour <strong>le</strong>s<br />

usages domestiques ou l'administration, à chaque fois<br />

qu'un client se présente, il trouve écoute et compréhension.<br />

Une entente est souvent trouvée sur ce que <strong>le</strong><br />

client est en mesure de payer, et c'est alors qu'est établi<br />

un échéancier. Pour ce qui est du payement, notamment,<br />

des frais de raccordement et de la mise en service<br />

sont échelonnés sur quatre trimestres (à raison de<br />

2 500 DA/terme) pour permettre aux habitants de<br />

profiter des bienfaits du gaz naturel à l'instar des autres<br />

citoyens algériens<br />

Evolution du taux de pénétration<br />

du gaz de vil<strong>le</strong> à Djelfa<br />

Trois vil<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>ment étaient alimentées jusqu'à<br />

2001. Depuis, des efforts ont été remarquab<strong>le</strong>ment<br />

déployés pour étoffer <strong>le</strong> réseau gazier dans<br />

<strong>le</strong>s différentes zones de Djelfa, comme c'est<br />

montré ci-dessous, chiffres à l'appui :<br />

En 2001 : Djelfa, Messaâd et Dar Chyoukh.<br />

En 2003 : Idrissia.<br />

En 2004 : Modjbara, Aïn Ibbil.<br />

En 2005 : Aïn Ouessara (compte 11 480 branchements),<br />

Bahbah Bahbah (9 700 branchements<br />

réalisés). Bennahar, El Birine.<br />

En 2006 : Aïn Maâbed (1 397 branchements<br />

réalisés, dont 500 mis en service) et Faidh<br />

El Botma.<br />

Trois autres DP sont en cours de réalisation à<br />

Aïn Feuka, Charef et Had S'hari.


50<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

Transformation et valorisation<br />

du gaz naturel<br />

Un avenir prometteur pour l'industrie pétrochimique<br />

en Algérie<br />

La disponibilité de réserves considérab<strong>le</strong>s en gaz naturel à<br />

travers <strong>le</strong> monde a favorisé <strong>le</strong> développement de l'industrie<br />

gazo-chimique qui enregistre aujourd'hui un formidab<strong>le</strong> essor<br />

à travers <strong>le</strong> monde (Amérique du Nord, Europe de l'Ouest,<br />

Asie, Afrique du Sud et Moyen-Orient). Cette industrie permet<br />

de mettre à la disposition des marchés une grande variété de<br />

produits intermédiaires, issus de la transformation du gaz naturel,<br />

tels que l'éthylène, <strong>le</strong> polyéthylène, propylène, méthanol,<br />

ammoniacs… Ces produits de base, dits produits de première<br />

génération, serviront comme matière première à l'industrie<br />

pour la fabrication d'une multitude de produits finis à plus forte<br />

va<strong>le</strong>ur ajoutée.<br />

La stratégie nationa<strong>le</strong> mise en œuvre à travers<br />

la compagnie nationa<strong>le</strong> Sonatrach, pour<br />

développer l'ensemb<strong>le</strong> des activités hydrocarbures<br />

et mettre <strong>le</strong> potentiel humain et<br />

industriel aux standards internationaux, s'articu<strong>le</strong><br />

autour des principaux axes ci-après :<br />

Augmentation de la production des hydrocarbures<br />

liquides et gazeux à travers l'intensification des<br />

programmes d'exploration et de production<br />

Réhabilitation de l'outil de production<br />

Valorisation optima<strong>le</strong> des produits et recherche<br />

de nouveaux marchés<br />

Encouragement du partenariat dans tous <strong>le</strong>s<br />

segments de l'activité hydrocarbures<br />

Renforcement des capacités managéria<strong>le</strong>s<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Encouragement des investissements nationaux<br />

et étrangers<br />

Apport et maîtrise des nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

La mise en œuvre de cette stratégie nécessite évidemment<br />

l'élaboration d'un programme de travail avec<br />

un échéancier précis, la mobilisation des moyens<br />

humains et matériels très importants et, enfin, la formation<br />

de la ressource humaine, aspect bénéficiant<br />

d'une attention particulière au sein du secteur.<br />

Cet aspect, comme l'a toujours rappelé <strong>le</strong> ministre de<br />

l'Energie et des Mines, constitue, en effet, la clé de tout<br />

développement économique et social de toute entité.<br />

Bien entendu, cette stratégie n'aurait pu être envisagée,<br />

sans la réadaptation du cadre juridique et


institutionnel à l'environnement international, caractérisé<br />

aujourd'hui par une rude concurrence. Les<br />

réformes, engagées au cours des années 1980 à la<br />

faveur de la promulgation de la loi 86-14, ont marqué<br />

un début d'ouverture du domaine minier hydrocarbures<br />

national à l'investissement étranger. Ces réformes<br />

avaient pour objectifs :<br />

La mise en place d'un cadre juridique approprié<br />

qui définisse, entre autres, <strong>le</strong>s conditions d'accès<br />

des investisseurs étrangers au domaine minier<br />

national.<br />

La reconstitution des réserves de pétro<strong>le</strong> brut<br />

à <strong>le</strong>ur niveau initial.<br />

L'impulsion d'une nouvel<strong>le</strong> dynamique au secteur<br />

hydrocarbures, principal pourvoyeur de recettes<br />

pour <strong>le</strong> Trésor public.<br />

L'impact était immédiat, puisque <strong>le</strong>s compagnies<br />

étrangères ont très vite saisi l'intérêt de cette ouverture<br />

et commencé à négocier directement avec Sonatrach<br />

des contrats sur des blocs de recherche, sur la base du<br />

principe de partage de la production, tel que défini par<br />

la loi. Les objectifs tracés vingt ans plus tôt ont, certes,<br />

été réalisés en grande partie. Cependant, <strong>le</strong>s profondes<br />

mutations enregistrées sur la scène internationa<strong>le</strong>,<br />

conjuguées aux faib<strong>le</strong>s performances de notre secteur,<br />

en raison du cadre juridique qui atteignait ses limites,<br />

imposaient une seconde série de réformes pour<br />

<strong>le</strong> parachèvement du cadre juridique et institutionnel.<br />

Facteurs favorisant <strong>le</strong> développement<br />

de la gazochimie<br />

Le chantier lancé dans ce cadre au début des<br />

années 2000 vient d'être finalisé avec la mise en place<br />

des organes auxquels est confiée la prise en charge du<br />

projet, consacrant ainsi la séparation du rô<strong>le</strong> de l'Etat,<br />

régulateur, du rô<strong>le</strong> économique. Sur un autre registre,<br />

l'introduction de nouvel<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s et procédures transparentes<br />

dans la conduite des activités, notamment en<br />

ce qui concerne l'attribution des contrats à travers <strong>le</strong>s<br />

appels d'offres, a suscité un intérêt grandissant pour<br />

<strong>le</strong>s investisseurs étrangers pour un secteur aussi vital<br />

et prometteur que celui des hydrocarbures. Cet<br />

engouement international ne fait que renforcer l'image<br />

et la crédibilité de notre secteur.<br />

Les avantages accordés sous <strong>le</strong> régime de l'ANDI et<br />

<strong>le</strong> bas prix du gaz sur <strong>le</strong> marché national ont aussi<br />

contribué largement à intéresser des compagnies de<br />

renommée internationa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> secteur gazier de<br />

notre pays, en général, et pour <strong>le</strong> domaine de la transformation<br />

et la valorisation de ce gaz en produits finis,<br />

en particulier.<br />

Développement de l'activité transformation<br />

et valorisation du gaz naturel<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, l'Algérie dispose de deux comp<strong>le</strong>xes<br />

pétrochimiques, <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe d'éthylène et dérivés<br />

(CP1K) de Skikda et <strong>le</strong> second, celui d'Arzew pour la<br />

production de méthanol et résines (CP1Z). Doté d'une<br />

capacité de production de 259 000 t/an, <strong>le</strong> CP1K<br />

englobe 6 unités qui produisent de l'éthylène, du polyéthylène,<br />

de la soude, du chlore, des PVC… Ces produits<br />

sont destinés en grande partie pour <strong>le</strong>s besoins<br />

du marché national. Le méthanol produit au CP1Z<br />

d'Arzew, soit 80% de la production tota<strong>le</strong>, est destiné<br />

essentiel<strong>le</strong>ment au marché international.<br />

Dans <strong>le</strong> cadre de la nouvel<strong>le</strong> politique énergétique<br />

du secteur, et en complément à d'autres programmes<br />

de développement, <strong>le</strong> ministère de tutel<strong>le</strong> a mis en<br />

œuvre une stratégie visant <strong>le</strong> développement de la<br />

branche «gazochimie», visant à moyen et long terme<br />

<strong>le</strong>s objectifs suivants :<br />

Favoriser <strong>le</strong> développement du tissu industriel<br />

national hors hydrocarbures par la mise<br />

sur <strong>le</strong> marché de la matière première nécessaire,<br />

actuel<strong>le</strong>ment importée.<br />

Rechercher des débouchés pour <strong>le</strong>s produits<br />

algériens sur <strong>le</strong>s marchés extérieurs.<br />

Promouvoir la maîtrise de la technologie<br />

et l'exploitation des unités industriel<strong>le</strong>s<br />

pétrochimiques.<br />

Le développement de la recherche scientifique.<br />

La création de l'emploi.<br />

Cette stratégie a permis d'identifier et de lancer plusieurs<br />

appels d'offres pour la réalisation en partenariat<br />

de comp<strong>le</strong>xes industriels qui seront implantés au<br />

niveau des pô<strong>le</strong>s industriels de Skikda, d'Arzew et dans<br />

la future zone industriel<strong>le</strong> de Béni Saf. Cette stratégie se<br />

veut avoir aussi comme vecteur essentiel <strong>le</strong> partenariat<br />

mutuel<strong>le</strong>ment avantageux avec <strong>le</strong>s <strong>le</strong>aders mondiaux<br />

dans <strong>le</strong> domaine de la pétrochimie à travers :<br />

L'acquisition de la technologie et du savoir-faire<br />

dans <strong>le</strong> domaine.<br />

La maîtrise de l'exploitation des unités gazochimiques.


52<br />

Dossier<br />

Programme national gaz Le pari du développement<br />

La pénétration des marchés internationaux<br />

et l'accès au réseau de distribution du partenaire.<br />

La récupération d'une marge sur <strong>le</strong>s ventes<br />

des produits pétrochimiques à forte plus-value.<br />

Aussi, <strong>le</strong> choix d'un partenaire se fait-il sur la base<br />

d'un ensemb<strong>le</strong> de critères précis qui tiennent compte<br />

des références du partenaire dans <strong>le</strong> domaine, sa capacité<br />

financière et sa technologie. L'Algérie a porté éga<strong>le</strong>ment<br />

son choix sur des technologies éprouvées. Une<br />

option qui permet sans prétendre au risque zéro, de<br />

minimiser au moins <strong>le</strong>s risques industriels et environnementaux<br />

qui caractérisent ce type d'installations très<br />

comp<strong>le</strong>xes.<br />

Consistance et gamme des projets ciblés<br />

Pour ces futurs projets, l'Algérie consacre sur <strong>le</strong><br />

moyen terme un volume de gaz d'environ 8 milliards<br />

de mètres cubes par an, soit 27% du volume destiné<br />

pour <strong>le</strong>s besoins du marché national.<br />

Ces volumes de gaz sont répartis sur <strong>le</strong>s comp<strong>le</strong>xes<br />

ci-après :<br />

Méthanol d'Arzew<br />

Ammoniac d'Arzew (2 comp<strong>le</strong>xes)<br />

Ammoniac de Béni Saf<br />

Aluminium de Béni Saf<br />

Vapocraquage de l'éthane, production des<br />

polyoléfines et mono éthylène d'Arzew<br />

En somme, 7 nouveaux projets de développement<br />

de l'industrie de la transformation et la valorisation du gaz<br />

naturel ont été inscrits dans <strong>le</strong> plan de développement de<br />

la branche pétrochimie qui en comporte une dizaine.<br />

Les besoins financiers en investissements pour la<br />

réalisation de ces projets sont évalués à plus de 15 milliards<br />

de dollars. Parmi ces sept projets, il y a lieu de<br />

noter la réalisation future des comp<strong>le</strong>xes de :<br />

1• Ammoniac/urée à Béni Saf, d'une capacité<br />

de 660 000 t/an.<br />

2• Ammoniac/dérivés à Arzew d'une capacité de<br />

1,32 million t/an. Le contrat a été attribué à la<br />

compagnie égyptienne Orascom.<br />

3• Ammoniac/dérivés à Arzew d'une capacité de<br />

1,32 million t/an. Le contrat a été attribué au<br />

groupe saoudien Suhail/ Bahwan.<br />

4• Méthanol à Arzew d'une capacité de 1 million<br />

de t/an.<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

5• Déshydrogénation du propane et production<br />

du polypropylène (PDH/PP), d'une capacité<br />

de 500 000 t/an.<br />

6• Vapocraquage de l'éthane à Arzew d'une capacité<br />

de 1,4 million t/an.<br />

7• Extraction de l'éthane à partir des comp<strong>le</strong>xes<br />

de GNL d'Arzew, destiné au projet vapocraquage<br />

de l'éthane. Ce projet a fait l'objet du lancement<br />

d'un appel d'offres.<br />

Hormis l'avantage de disponibilité de la matière première<br />

essentiel<strong>le</strong>, qui est <strong>le</strong> gaz naturel, <strong>le</strong> choix des projets<br />

est motivé éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong>s résultats d'études de<br />

marché des produits gazo-chimiques sur <strong>le</strong>s marchés<br />

local et international. Ces deux facteurs, pour ainsi dire,<br />

sont à l'origine de l'identification des opportunités de<br />

projets d'investissements ainsi que la détermination des<br />

capacités des futurs comp<strong>le</strong>xes gazo-chimiques.<br />

La réalisation de cet ambitieux programme constituera,<br />

assurément, un jalon pour la création de richesses<br />

et de milliers d'emplois dans <strong>le</strong>s années à venir, <strong>le</strong><br />

secteur étant, plus que jamais, ouvert aux opportunités<br />

d'affaires et offrant toutes <strong>le</strong>s conditions favorab<strong>le</strong>s<br />

à l'investissement grâce à la disponibilité d'une maind'œuvre<br />

qualifiée, des mesures financières incitatives<br />

et la proximité des marchés<br />

La liste des produits de première génération<br />

ci-dessous (liste non exhaustive) illustre quelques<br />

exemp<strong>le</strong>s de produits finis parmi <strong>le</strong>s milliers de produits<br />

possib<strong>le</strong>s qu'on peut fabriquer et mettre sur <strong>le</strong><br />

marché. L'usage de ces produits varie du simp<strong>le</strong><br />

usage domestique à l'usage de haute technologie.<br />

Polyéthylène Basse Densité (PEBD) : films plastiques<br />

destinés pour la fabrication de sachets.<br />

Polyéthylène Haute Densité (PEHD) : produits<br />

rigides destinés pour la fabrication de flacons divers<br />

(détergents, cosmétiques jerricans…).<br />

Polyéthylène Basse Densité Linéaire (LLDPE) :<br />

films pour emballage ménager, sacs, gainages<br />

de câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, bouteil<strong>le</strong>s, corps creux…<br />

Polypropylène (PP) : destinés pour <strong>le</strong>s équipements<br />

automobi<strong>le</strong>s, emballages alimentaires, texti<strong>le</strong>, tapis<br />

synthétiques…<br />

Méthanol : destiné pour la production d'antigel,<br />

solvants, carburants, fibres texti<strong>le</strong>s,<br />

Ammoniac : destiné pour la production d'angrais,<br />

explosifs…


Proximité<br />

Travail de proximité<br />

Une démarche résolue et un défi quotidien<br />

Reportage<br />

Se rapprocher du client, comprendre ses préoccupations, <strong>le</strong><br />

sensibiliser, l'orienter et l'informer… c'est <strong>le</strong> travail que s'assignent,<br />

jour après jour, <strong>le</strong>s services commerciaux de <strong>Sonelgaz</strong>,<br />

répartis à travers <strong>le</strong> territoire national. Au-delà du recouvrement<br />

des créances, devenu problématique pour l'entreprise,<br />

cette démarche vise prioritairement la réappropriation p<strong>le</strong>ine<br />

et entière de son image de marque auprès des Algériens.


54<br />

Proximité<br />

Service commercial de Boumerdès, un jour<br />

de semaine. L'affluence n'est pas pour<br />

aujourd'hui. De rares clients se présentent,<br />

la majorité pour s'acquitter de <strong>le</strong>ur facture.<br />

«Les gens viennent généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> jeudi. C'est compréhensib<strong>le</strong>.<br />

Malgré la fou<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s choses se passent bien,<br />

nous avons des clients disciplinés », dit, dans un sourire,<br />

une employée du service. Un client est au guichet<br />

des réclamations. «Je suis venu signa<strong>le</strong>r une erreur de<br />

relève de mon compteur. Avant, si cela arrivait, cela<br />

prenait du temps pour la rectification. Actuel<strong>le</strong>ment,<br />

c'est pratiquement en temps réel», explique-t-il. En<br />

face de lui, un agent, une femme, pianote sur son clavier.<br />

El<strong>le</strong> consulte la base de données du système de<br />

gestion clientè<strong>le</strong>. L'erreur est détectée tout de suite et<br />

rectifiée dès cet instant. «Ce système facilite énormément<br />

la tâche. Tout y est introduit en temps réel. S'il y<br />

a une erreur de facturation, par exemp<strong>le</strong>, une nouvel<strong>le</strong><br />

facture est émise sans avoir à demander au client de<br />

revenir. Cela permet éga<strong>le</strong>ment de ne pas pénaliser des<br />

clients en <strong>le</strong>ur coupant l'énergie alors qu'ils ont payé.<br />

L'information de paiement est désormais introduite<br />

en temps réel, à l'encaisse-<br />

ment, sans risque de confusion.<br />

Ici, dans ce centre<br />

spacieux et lumineux,<br />

la clientè<strong>le</strong> affiche sa<br />

satisfaction. «La situation<br />

s'est nettement améliorée.<br />

Même quand on vient se<br />

plaindre, on trouve du<br />

répondant», témoigne une<br />

cliente. Pour <strong>le</strong>s mauvais<br />

payeurs, il a été décidé d'appliquer la rég<strong>le</strong>mentation<br />

en coupant l'énergie au 16 e jour après l'émission de la<br />

facture, mais un effort est fourni pour <strong>le</strong>s amener à<br />

obtempérer sans avoir recours à ce moyen radical.<br />

Généra<strong>le</strong>ment, la coupure n'intervient qu'au bout<br />

de la deuxième facture impayée. Il a été décidé, en<br />

revanche, de joindre une relance avec la facture qui rappel<strong>le</strong><br />

au client qu'il pourrait être poursuivi en justice. En<br />

général, cette méthode est efficace. De nombreux<br />

clients sont venus payer après avoir reçu cet avis.<br />

Mais si dans ce centre <strong>le</strong>s choses semb<strong>le</strong>nt al<strong>le</strong>r au<br />

mieux, ce n'était pas <strong>le</strong> cas, il y a encore quelques mois,<br />

dans celui de Rouiba, à titre d'exemp<strong>le</strong>.<br />

L'aménagement des locaux ne date en effet que de<br />

l'été 2006. Ce centre, celui de Réghaïa et de Khemis<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Il s'est, en effet, avéré que <strong>le</strong><br />

fait de répondre aux besoins<br />

des clients exigeait une capacité<br />

d'analyse et de prise de<br />

décision au sein même des<br />

services commerciaux.<br />

El Khechna, sont situés dans <strong>le</strong> même espace, à la<br />

sortie de Rouiba, dans de vieux hangars. Avant <strong>le</strong><br />

réaménagement, <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> handicap consistait dans<br />

des conditions d'accueil et de travail en dessous des<br />

attentes des clients, en plus de l'éloignement. Le premier<br />

handicap a été <strong>le</strong>vé pour <strong>le</strong> service commercial<br />

de Rouiba. Son réaménagement a permis aux travail<strong>le</strong>urs<br />

de mener à bien <strong>le</strong>ur mission et aux clients de<br />

venir dans un espace mieux adapté. Il est en outre<br />

prévu son implantation prochaine au centre-vil<strong>le</strong> de<br />

Rouiba pour être au plus près de la clientè<strong>le</strong>. Ici, <strong>le</strong><br />

client vient surtout se plaindre du montant de la facture.<br />

Les agents de <strong>Sonelgaz</strong> prennent <strong>le</strong> temps d'expliquer<br />

que la facture reflète la consommation et que<br />

si <strong>le</strong>s clients veu<strong>le</strong>nt une baisse, ils doivent veil<strong>le</strong>r à<br />

bien gérer <strong>le</strong>ur consommation. Au-delà donc de la<br />

résolution des problèmes ou de la gestion des demandes<br />

de raccordement, un soin particulier est mis à sensibiliser<br />

<strong>le</strong> citoyen sur sa manière de consommer<br />

l'énergie. Les résultats sont souvent rapides. «Oui, j'ai<br />

compris ! Je fais attention. Je ne laisse pas la lumière<br />

allumée dans une pièce non occupée, je surveil<strong>le</strong> mes<br />

enfants, et cela se reflète<br />

sur ma facture», nous<br />

indique une cliente rencontrée<br />

sur place.<br />

Aux Issers, ce sont<br />

d'autres difficultés que<br />

doivent affronter <strong>le</strong>s<br />

agents du service commercial.<br />

Un profil de<br />

population essentiel<strong>le</strong>ment<br />

de montagne,<br />

autrement dit une population qui habite des zones<br />

enclavées, qui pose <strong>le</strong> problème épineux de la proximité.<br />

Il y a à peine deux mois, ce service occupait un<br />

petit espace dans un ancien poste de transformation.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, après réaménagement, <strong>le</strong> cadre a bien<br />

changé. «Les conditions de travail et d'accueil d'avant<br />

ne permettaient pas un rendement quotidien optimum.<br />

Aujourd'hui, nous nous réjouissons de ces changements<br />

qui vont nous permettre de mieux faire notre<br />

travail et de mieux accueillir nos clients», estime <strong>le</strong><br />

chef du service commercial. Cette après-midi, quelques<br />

personnes sont en attente. La calme règne, pas<br />

de protestations spectaculaires ou autre. «Le seul<br />

problème qui se pose est l'éloignement. On perd des<br />

fois une journée rien que pour se déplacer pour


<strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment d'une facture», explique un client. Ce<br />

centre gère en effet cinq communes : Issers, Si<br />

Mustapha, Chabet El Ameur, Timezrit et Legata. Ici,<br />

<strong>le</strong> problème de recouvrement ne se pose pas avec<br />

acuité. Ce sont pour la plupart d'anciens clients qui ont<br />

l'habitude de payer. Pour <strong>le</strong> handicap de l'éloignement,<br />

bien réel, des solutions sont envisagées comme cel<strong>le</strong> de<br />

l'ouverture d'un bureau au siège de l'APC de Chabet El<br />

Ameur pour l'encaissement. Cela procède de la politique<br />

de rapprochement de la clientè<strong>le</strong>.<br />

Une image de marque à défendre<br />

<strong>Sonelgaz</strong> s'engage résolument dans une démarche<br />

commercia<strong>le</strong> à même de la rapprocher davantage de<br />

ses clients. Une démarche pour laquel<strong>le</strong> l'entreprise<br />

met en place des mécanismes qui permettent de<br />

répondre au plus près aux préoccupations de ses<br />

clients, <strong>le</strong>squels mécanismes ne peuvent qu'amener à<br />

la résolution du problème de recouvrement des créances<br />

que rencontre <strong>Sonelgaz</strong>. Les services commerciaux<br />

qui jouent <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d'interface ont été ainsi dotés de<br />

moyens matériels et humains pour mener à bien ce<br />

travail de proximité. Qualité d'accueil, capacité de<br />

réaction rapide et efficace, ainsi que la bonne organisation<br />

sont <strong>le</strong>s maîtres mots de cette stratégie. Cela<br />

commence par l'espace de plus en plus spacieux et<br />

convivial réservé à l'accueil, par <strong>le</strong> choix des agents<br />

désignés pour rencontrer <strong>le</strong>s clients, par <strong>le</strong> niveau des<br />

chefs de services commerciaux ainsi que par une plus<br />

grande décentralisation. Il s'est, en effet, avéré que <strong>le</strong><br />

fait de répondre aux besoins des clients exigeait une<br />

capacité d'analyse et de prise de décision au sein même<br />

des services commerciaux. Ce qui a amené à poser<br />

comme critère, entre autres, pour <strong>le</strong> poste de chef de<br />

service, celui du diplôme universitaire. <strong>Sonelgaz</strong> a<br />

lancé dans ce sens un appel à candidature au sein de<br />

l'entreprise qui a permis à de nombreux travail<strong>le</strong>urs<br />

répondant à ces conditions de postu<strong>le</strong>r. L'objectif étant<br />

de permettre la résolution des problèmes posés tous<br />

<strong>le</strong>s jours par <strong>le</strong>s clients de manière rapide et efficiente,<br />

sans avoir systématiquement recours à des structures<br />

plus é<strong>le</strong>vées dans la hiérarchie. Parallè<strong>le</strong>ment à ces<br />

efforts en matière de moyens humains, un service<br />

informatique a été mis en place au niveau des directions<br />

régiona<strong>le</strong>s, chargé de la facturation, désormais<br />

décentralisée, avec un système informatisé de gestion<br />

clientè<strong>le</strong>. Un système en réseau qui permet d'introduire<br />

<strong>le</strong>s données et de <strong>le</strong>s consulter en temps réel.<br />

Se réapproprier l'activité de relève<br />

Privilégier la compétence, renforcer <strong>le</strong>s services<br />

commerciaux par des cadres, réaménager <strong>le</strong>s espaces<br />

sont donc autant de moyens mis en place pour un plus<br />

grand rapprochement des services de <strong>Sonelgaz</strong> avec sa<br />

clientè<strong>le</strong>. Cela est accompagné par une réappropriation<br />

de son image de marque à travers notamment la<br />

reprise à son compte de l'activité de relève. Cette activité,<br />

avec cel<strong>le</strong> de l'encaissement sur place, confiée<br />

depuis quelques années à des sous-traitants, va être<br />

ainsi reprise en main. Le Groupe s'est, en effet, rendu<br />

compte qu'il avait beaucoup perdu de sa crédibilité<br />

alors que, dans un passé pas si lointain, l'agent<br />

<strong>Sonelgaz</strong> chargé de la relève était une personne familière<br />

des famil<strong>le</strong>s. Une campagne de recrutement a eu<br />

lieu en direction principa<strong>le</strong>ment des jeunes.<br />

Les personnes retenues sont envoyées en formation<br />

technique et commercia<strong>le</strong> avant d'être mises sur <strong>le</strong> terrain<br />

en étant parrainées dans un premier temps.<br />

La nouveauté remarquée lors de ces recrutements, c'est<br />

l'engouement des femmes pour ce travail. Pour la première<br />

fois, des femmes occuperont <strong>le</strong> poste de re<strong>le</strong>veur.<br />

Une situation qui devrait faciliter <strong>le</strong>s échanges et<br />

rassurer <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s car, pendant la journée, ce sont<br />

souvent <strong>le</strong>s femmes qui occupent la maison. Une attention<br />

qui accompagne d'autres qui ne manqueront pas<br />

de mettre en évidence tous <strong>le</strong>s moyens, humains et<br />

matériels, mis en place pour la réussite d'un travail de<br />

proximité indispensab<strong>le</strong>, voire vital pour <strong>Sonelgaz</strong>


56<br />

Marchés et tendances<br />

Rencontre régiona<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong> développement de l'énergie<br />

atomique à des fins pacifiques<br />

Les ambitions nucléaires de l'Afrique<br />

L'Afrique rejoint <strong>le</strong> reste du monde dans ses ambitions de maîtrise,<br />

d'exploitation et de mise à contribution de la technologie<br />

nucléaire dans <strong>le</strong>s efforts de développement durab<strong>le</strong>. Avec une<br />

participation qualitative d'hommes politiques, de dirigeants<br />

d'institutions internationa<strong>le</strong>s et d'éminents scientifiques africains<br />

et occidentaux, cette rencontre, <strong>le</strong> temps de deux jours, n'a pas<br />

manqué de faire ressortir la volonté et la détermination des différents<br />

intervenants d'explorer tous <strong>le</strong>s aspects susceptib<strong>le</strong>s de<br />

promouvoir la démarche d'approche en vue de l'accession des<br />

pays africains au nucléaire.<br />

n° 6 - Mars 2007


Alger a abrité, début janvier, une réunion<br />

africaine sur <strong>le</strong> nucléaire civil. Intitulée<br />

«Première Conférence régiona<strong>le</strong> africaine<br />

sur la contribution de l'énergie<br />

nucléaire à la paix et au développement durab<strong>le</strong>», cette<br />

rencontre a été marquée par une intervention inaugura<strong>le</strong><br />

de Son Excel<strong>le</strong>nce Monsieur <strong>le</strong> Président de la<br />

République, Abdelaziz Bouteflika, qui a, d'emblée,<br />

donné <strong>le</strong> ton de l'événement en mettant en lumière<br />

autant <strong>le</strong>s enjeux africains liés au nucléaire civil que <strong>le</strong><br />

contexte dans <strong>le</strong>quel cette démarche intervient.<br />

M. Abdelaziz Bouteflika a ainsi tenu à préciser que<br />

cette rencontre «se tient sous l'éclairage des défis<br />

majeurs que posent <strong>le</strong>s problématiques inter-reliées de<br />

la sécurité énergétique, des changements climatiques<br />

et de la préservation des ressources naturel<strong>le</strong>s ainsi<br />

que du défi essentiel de la non-prolifération des armes<br />

nucléaires, à un moment où l'énergie nucléaire<br />

s'affirme comme alternative propre, durab<strong>le</strong> et économiquement<br />

viab<strong>le</strong> aux énergies fossi<strong>le</strong>s». Une manière<br />

pour <strong>le</strong> chef de l'Etat de pointer du doigt autant la légitimité<br />

des ambitions africaines d'accéder au savoir et à<br />

la technologie nucléaires que cel<strong>le</strong> de l'exigence de la<br />

communauté internationa<strong>le</strong> quant à la non-prolifération<br />

des armes atomiques. C'est donc en vue d'une<br />

technologie nucléaire au service de finalités strictement<br />

civi<strong>le</strong>s que doivent se déployer <strong>le</strong>s efforts<br />

africains. Des vues qui confortent, dans sa<br />

mission, l'incontournab<strong>le</strong> Agence internationa<strong>le</strong> de<br />

l'énergie atomique (AIEA), éminemment représentée<br />

durant cette conférence par son président,<br />

<strong>le</strong> D r Al Baradaï, et néanmoins prix Nobel de la paix<br />

pour l'année 2005.<br />

La technologie nucléaire, un droit<br />

Faisant écho à l'intervention du Président de la<br />

République, <strong>le</strong> ministre de l'Energie et des Mines,<br />

M. Chakib Khelil, en soulignant <strong>le</strong> droit «inaliénab<strong>le</strong>»<br />

des pays africains à l'utilisation exclusivement pacifique<br />

de l'énergie nucléaire, semblait répercuter ainsi l'inquiétude<br />

des Africains de se voir interdits de développer<br />

<strong>le</strong> nucléaire civil dans un contexte mondial où <strong>le</strong><br />

monde évolue à l'épreuve d'une profonde inquiétude<br />

sous-tendue par la crainte d'une pénurie d'énergie à<br />

moyen terme. M. Khelil devait, à ce dernier titre, évoquer<br />

<strong>le</strong>s préalab<strong>le</strong>s devant précéder une exploitation du<br />

nucléaire dans la production de l'énergie, à savoir<br />

la maîtrise des applications nucléaires dans différents<br />

domaines tels que la santé, l'agriculture et l'eau.<br />

Insistant sur la contribution de l'énergie nucléaire à la<br />

paix et au développement durab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> ministre de<br />

l'Energie et des Mines a éga<strong>le</strong>ment indiqué que la rencontre<br />

d'Alger a appelé <strong>le</strong>s pays africains à coopérer<br />

dans <strong>le</strong> domaine de l'utilisation de l'énergie nucléaire<br />

dans <strong>le</strong> champ socio-économique. Une coopération<br />

qui doit être axée notamment sur la formation d'experts<br />

dans différents domaines tels que la santé, l'environnement,<br />

l'hydraulique et la production é<strong>le</strong>ctrique.<br />

L'Algérie, pour sa part, a la capacité, à travers ses réacteurs<br />

de recherche, de recevoir des experts des autres<br />

pays africains, a affirmé <strong>le</strong> ministre qui a plaidé en<br />

faveur d'une collaboration avec <strong>le</strong>s autres pays africains<br />

disposant de réacteurs de recherche, comme<br />

l'Egypte et l'Afrique du Sud.<br />

La rencontre d'Alger, première du genre sur <strong>le</strong><br />

développement et l'utilisation de l'énergie atomique à<br />

des fins pacifiques en Afrique, a permis aussi à l'Algérie<br />

de se mettre à l'heure de la «diplomatie scientifique».<br />

Durant deux jours, près de 45 représentants politiques<br />

et experts d'Etats africains ont pu débattre de «la<br />

contribution de l'énergie nucléaire à la promotion de la<br />

paix et du développement». Un tel événement a vu<br />

aussi la contribution d'un certain nombre d'institutions<br />

et d'agences, continenta<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s,<br />

comme l'AIEA, donnant à la rencontre d'Alger un<br />

caractère particulier. En témoignent <strong>le</strong>s déclarations<br />

d'un certain nombre de participants qui ont mis en<br />

évidence l'importance de l'énergie nucléaire et son rô<strong>le</strong><br />

dans la résorption de certains maux «de type purement<br />

scientifique» qui rongent l'Afrique : <strong>le</strong>s maladies,<br />

la question du traitement de l'eau, <strong>le</strong>s applications<br />

agrico<strong>le</strong>s…<br />

Les applications d'abord<br />

Les organisateurs de cette conférence se sont fixé trois<br />

objectifs. D'abord, lancer la recherche scientifique<br />

dans ce domaine. Ensuite, faire participer l'Afrique en<br />

tentant de l'initier au nucléaire et <strong>le</strong> mettre à son service<br />

par <strong>le</strong> biais de l'acquisition des moyens technologiques<br />

adéquats, du savoir et du savoir-faire. Et en<br />

troisième lieu, permettre à l'Algérie de remettre ce secteur<br />

à l'ordre du jour et d'utiliser ses installations et<br />

moyens pour pouvoir «<strong>le</strong>s articu<strong>le</strong>r sur ce qui se passe<br />

dans ce domaine à travers <strong>le</strong> monde».


58<br />

Marchés et tendances<br />

En fait, par <strong>le</strong> biais de l'Algérie, l'Afrique revendique<br />

son droit à utiliser l'énergie et <strong>le</strong>s applications atomiques<br />

après avoir ratifié toutes <strong>le</strong>s conventions et règ<strong>le</strong>ments<br />

interdisant la prolifération des armes<br />

nucléaires. A titre d'illustration, l'un des pays africains<br />

<strong>le</strong> plus avancé dans ce domaine, à savoir l'Afrique du<br />

Sud, a détruit son arsenal nucléaire, mettant fin ainsi à<br />

l'encombrant héritage du régime de l'apartheid.<br />

Comme l'a d'ail<strong>le</strong>urs souligné <strong>le</strong> Président Bouteflika :<br />

«L'Afrique a aussi (…) été d'un apport à l'universalité<br />

du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.<br />

El<strong>le</strong> contribue éga<strong>le</strong>ment à l'élargissement des assises<br />

géopolitiques de la composition de l'AIEA et du<br />

déploiement de ses missions», qui a plaidé pour «l'établissement<br />

d'un forum régional de sûreté et de sécurité<br />

nucléaires».<br />

Prenant appui sur cette Afrique «pionnière dans <strong>le</strong><br />

désarmement nucléaire» et initiatrice du Traité de<br />

Pelindala qu'el<strong>le</strong> a d'ail<strong>le</strong>urs conclu, <strong>le</strong> chef de l'Etat a<br />

clairement laissé entendre que <strong>le</strong> continent noir «ne<br />

peut que soutenir vigoureusement l'établissement<br />

d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-<br />

Orient».<br />

Le nucléaire, une voie vers la paix<br />

Plus que <strong>le</strong>s applications et <strong>le</strong>s usages, la conférence<br />

d'Alger a mis en évidence <strong>le</strong> lien entre l'utilisation<br />

du nucléaire à des fins pacifiques et la<br />

non-prolifération des armes nucléaires, alors que se<br />

pose à l'Afrique la question de la sécurité des installations<br />

nucléaires «pacifiques». Le deal à passer entre <strong>le</strong><br />

continent africain et <strong>le</strong> monde développé consiste à<br />

assurer à l'Afrique <strong>le</strong> droit d'accéder aux technologies<br />

et à l'énergie, tout en s'assurant la coopération des pays<br />

développés pour garantir la sécurité des installations.<br />

Si <strong>le</strong>s perspectives s'inscrivent donc dans cette logique,<br />

la rencontre d'Alger a permis d'entrevoir <strong>le</strong> projet que<br />

négocie l'Algérie avec l'AIEA relatif à la planification de<br />

l'énergie atomique et à l'introduction de l'é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />

dans <strong>le</strong>s capacités énergétiques du pays. La<br />

mise en œuvre de ce projet devrait prendre effet<br />

durant l'année 2007 et s'éta<strong>le</strong>ra sur deux ans. Il s'agit<br />

d'un projet multiforme qui inclura éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s applications<br />

atomiques en matière de santé ou de dessa<strong>le</strong>ment<br />

d'eau mer. Dans <strong>le</strong> même temps, on verra<br />

l'introduction dans <strong>le</strong>s centres de soins des technologies<br />

pour <strong>le</strong> traitement du cancer, notamment.<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

Une dizaine de centres incluant la médecine nucléaire<br />

destinée à la santé publique seront mis en place d'ici à<br />

2009. Dans cette même logique de dynamisation du<br />

développement des applications du nucléaire, un<br />

décret a été signé en 2005 légalisant l'utilisation des<br />

techniques de conservation de produits agrico<strong>le</strong>s à<br />

partir de l'énergie atomique.<br />

Il faut souligner que la réunion africaine d'Alger<br />

s'est tenue dans un contexte fort propice à la concrétisation<br />

des objectifs fixés. Autrement dit, el<strong>le</strong> intervenait<br />

au moment où <strong>le</strong>s grandes puissances nucléaires,<br />

comme <strong>le</strong>s Etats-Unis, ont allégé <strong>le</strong> blocus budgétaire<br />

et scientifique imposé au nucléaire, alors que l'AIEA a<br />

octroyé, en 2005, à plusieurs pays africains une somme<br />

globa<strong>le</strong> de 25 millions de dollars destinée à acquérir<br />

une expérience dans <strong>le</strong> domaine des applications<br />

nucléaires.<br />

Les recommandations de la conférence d'Alger ont<br />

été remises au Sommet des chefs d'Etat africains qui<br />

s'est tenu, fin janvier, à Addis-Abeba, en Ethiopie,<br />

créant éga<strong>le</strong>ment un précédent très significatif, l'instance<br />

africaine n'ayant jamais eu à traiter ces questions<br />

au plus haut niveau


Enjeux et perspectives…<br />

M. Hamid Aït Abderrahim, expert<br />

algéro-belge en é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />

«L'Algérie a toutes <strong>le</strong>s compétences humaines<br />

pour développer l'é<strong>le</strong>ctronucléaire»<br />

La solution du nucléaire en tant qu'alternative<br />

aux énergies fossi<strong>le</strong>s dans la production de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité connaît une fortune certaine dans <strong>le</strong>s<br />

nouvel<strong>le</strong>s politiques énergétiques. Outre ses<br />

enjeux économiques, l'énergie nucléaire, une fois<br />

optimisées <strong>le</strong>s questions de la gestion des déchets<br />

et de la sécurité, est un moyen de faire face au phénomène du<br />

réchauffement planétaire.<br />

NOOR : Le monde regarde aujourd'hui<br />

l'é<strong>le</strong>ctronucléaire comme une des alternatives<br />

viab<strong>le</strong>s aux énergies fossi<strong>le</strong>s. Il semb<strong>le</strong> que l'heure,<br />

pour tous, soit à une mobilisation urgente pour<br />

préparer l'après-pétro<strong>le</strong>. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s raisons de<br />

ce regain d'intérêt ?<br />

M. Hamid Aït Abderrahim : Il est évident<br />

qu'une technologie est opératoire quand el<strong>le</strong><br />

arrive à satisfaire à plusieurs conditions. La première,<br />

et non des moindres, c'est qu'el<strong>le</strong> a effectivement<br />

atteint un niveau de développement et de performance<br />

réel. La seconde, non moins importante que la<br />

précédente, c'est qu'il y a des éléments nouveaux qui<br />

mettent ou remettent cette technologie au goût du<br />

jour. Ce qui est <strong>le</strong> cas, aujourd'hui, du nucléaire. Je<br />

m'explique : <strong>le</strong> nucléaire, pour la production de l'é<strong>le</strong>ctricité,<br />

a été mis en œuvre la première fois comme un<br />

sous-produit des réacteurs pour <strong>le</strong>s sous-marins.<br />

En fait, cette technologie a été un produit destiné initia<strong>le</strong>ment<br />

à un usage militaire qui n'était pas celui de<br />

la bombe, mais du transport. Cela dit, l'investissement<br />

dans ce domaine a été tel<strong>le</strong>ment lourd que <strong>le</strong>s concepteurs<br />

de cette technologie ont jugé nécessaire de <strong>le</strong><br />

rentabiliser. C'est ainsi qu'on a retenu l'option d'exploiter<br />

<strong>le</strong> nucléaire dans l'application civi<strong>le</strong> de la production<br />

de l'é<strong>le</strong>ctricité. Après un certain temps<br />

d'utilisation de cette technologie dans <strong>le</strong> but avoué de<br />

son développement pour la production é<strong>le</strong>ctrique, on<br />

s'est rendu compte de certaines contraintes majeures,<br />

à savoir une utilisation non rationnel<strong>le</strong> des ressources,<br />

car on n'utilise que 0,7% des ressources primaires,<br />

alors qu'on produit des déchets nucléaires dont la<br />

durée de vie et <strong>le</strong> haut niveau de radiotoxicité s'étendent<br />

sur des centaines de milliers d'années.<br />

Le premier développement massif du nucléaire a été<br />

déc<strong>le</strong>nché par <strong>le</strong> choc pétrolier de 1973. Un nouveau<br />

besoin s'est alors manifesté qui devait faire du


60<br />

Enjeux et perspectives…<br />

La demande mondia<strong>le</strong> en énergie jusqu’en 2030, d’après l’AIE<br />

Les combustib<strong>le</strong>s fossi<strong>le</strong>s vont continuer à dominer la composition de la demande globa<strong>le</strong><br />

Le pétro<strong>le</strong> et <strong>le</strong> charbon restent <strong>le</strong>s combustib<strong>le</strong>s dominants<br />

nucléaire l'alternative à une énergie classique devenant<br />

trop chère. Une technologie nouvel<strong>le</strong> a été mise en<br />

route, mais dans cette euphorie généra<strong>le</strong>, il y a eu des<br />

accidents graves, un à Three Mi<strong>le</strong>s Islands, en<br />

Pennsylvanie, en 1979, et un autre, majeur, à Tchernobyl<br />

(Ukraine) en 1986. Tout d'un coup, <strong>le</strong> nucléaire est<br />

devenu peu attrayant pour <strong>le</strong> grand public, mais éga<strong>le</strong>ment<br />

pour <strong>le</strong>s défenseurs de l'énergie fossi<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong><br />

était redevenue dans cet interval<strong>le</strong>, pas du tout chère,<br />

au point d'être à un prix (en dollar constant) en dessous<br />

des prix d'avant <strong>le</strong> choc pétrolier de 1973. Ce qui a<br />

contribué à mettre en sommeil la demande massive<br />

concernant l'énergie nucléaire. Aujourd'hui, la situation<br />

a évolué. Depuis l'an 2000, un intérêt pour <strong>le</strong> nucléaire<br />

se fait grandissant d'année en année, et l'on voit de par<br />

<strong>le</strong> monde de plus en plus de grands pays consommateurs<br />

d'énergie qui s'orientent vers une option stratégique<br />

de développement du nucléaire. Les pays de l'Est<br />

asiatique, <strong>le</strong> Japon, la Chine, l'Inde, la Thaïlande,<br />

l'Indonésie, <strong>le</strong>s Corées du Sud et du Nord… sont d'ores<br />

et déjà engagés dans un programme nucléaire lourd et<br />

intense, alors que <strong>le</strong>s pays qui étaient déjà nucléaires<br />

depuis <strong>le</strong>s années 1950, en l'occurrence <strong>le</strong>s Etats-Unis<br />

d'Amérique, qui n'ont plus construit de centra<strong>le</strong><br />

nucléaire depuis 26 ans, déploient des fonds et fournissent<br />

des efforts très intenses pour impulser une<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

dynamique de redéploiement nucléaire. Cela, non seu<strong>le</strong>ment<br />

à cause de l'augmentation des prix du pétro<strong>le</strong>,<br />

mais aussi à cause de la crise à venir, très probab<strong>le</strong>, de<br />

l'approvisionnement en brut. Des pays comme la<br />

Norvège et la Grande-Bretagne arrivent à la fin de <strong>le</strong>urs<br />

ressources et la principa<strong>le</strong> source de pétro<strong>le</strong> et de gaz, à<br />

savoir <strong>le</strong> Moyen-Orient, ne suffit pas ni n'est éternel<strong>le</strong>.<br />

A titre d'exemp<strong>le</strong>, et pour <strong>le</strong> cas qui nous intéresse <strong>le</strong><br />

plus : l'Algérie. Notre pays, en 2017, n'aura plus de<br />

pétro<strong>le</strong>, et au rythme d'exploitation du gaz, on risque<br />

de ne plus en avoir à l'horizon 2055 si de nouvel<strong>le</strong>s<br />

découvertes ne sont pas faites d'ici là. C'est pour cela<br />

qu'aujourd'hui il y a un besoin de sécurité d'approvisionnement,<br />

sous-tendu par une crise énergétique annoncée.<br />

Cela, surtout qu'il y a de grands nouveaux<br />

consommateurs d'énergie, tels que la Chine, l'Inde et <strong>le</strong><br />

Brésil. Ce qui a pour effet d'inquiéter <strong>le</strong>s grands<br />

consommateurs traditionnels d'énergie qui se trouvent<br />

de fait concurrencés sur <strong>le</strong>s ressources d'énergie fossi<strong>le</strong>s.<br />

Bref, tout <strong>le</strong> monde est conscient - abstraction faite de<br />

toute tendance baissière circonstanciée - que la réalité<br />

du marché pétrolier aujourd'hui, c'est que <strong>le</strong> prix du<br />

baril ne cessera pas de grimper ou, du moins, ne connaîtra<br />

plus de baisse, car la demande est très grande et el<strong>le</strong><br />

ira crescendo. Voilà ce qui justifie et explique<br />

aujourd'hui l'intérêt pour <strong>le</strong> nucléaire.


L'Europe voudrait réinstal<strong>le</strong>r un débat rénové sur <strong>le</strong><br />

nucléaire en vue d'un développement intensif de<br />

cette technologie pour concilier <strong>le</strong>s soucis écologiques<br />

et économiques. Où en est aujourd'hui l'état<br />

d'avancement de la recherche nucléaire ? Sommesnous<br />

à un stade de maîtrise et d'optimisation de<br />

cette technologie, notamment pour l'aspect de sécurité<br />

du procédé et des installations ?<br />

H. A. A. : Il y a deux chantiers en Europe qui sont<br />

actuel<strong>le</strong>ment engagés qui traduisent l'orientation<br />

nucléaire de l'Europe : une centra<strong>le</strong> en Finlande, soit<br />

un EPR de 1 700 Mégawatts é<strong>le</strong>ctriques, et un autre en<br />

Produit Kg/tonneNL Composition Isotopique (%)U<br />

U 935 238U/(99%) 235U/(1%) Normandie, en France, de même envergure. Ce qui<br />

anticipe d'ores et déjà sur <strong>le</strong> sort du débat qu'on tente<br />

de rouvrir sur <strong>le</strong> nucléaire, que ce soit en Belgique, en<br />

Al<strong>le</strong>magne ou en Suède. Par ail<strong>le</strong>urs, il faut savoir que<br />

la production de l'é<strong>le</strong>ctricité par la méthode nucléaire<br />

est une industrie éprouvée et en p<strong>le</strong>ine maturité. La<br />

technologie du réacteur à spectre thermique est utilisée<br />

au Canada, aux Etats-Unis, en Europe, au Japon,<br />

en Inde… à une échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong> depuis une cinquantaine<br />

d'années. Sur <strong>le</strong>s réacteurs que nous avons<br />

aujourd'hui, <strong>le</strong>s recherches qui se font depuis une<br />

dizaine d'années déjà sont surtout orientées vers la<br />

recherche de performance économique. Le nucléaire<br />

est la source d'énergie qui produit de l'é<strong>le</strong>ctricité au<br />

plus bas prix. En Belgique, <strong>le</strong> kiloWatt/heure nucléaire<br />

est produit à 3 eurocents, celui gazier à 7 eurocents et<br />

celui du pétro<strong>le</strong> à 10 eurocents. Le nucléaire est donc<br />

deux fois plus intéressant, et c'est d'autant plus<br />

attrayant pour un industriel producteur d'é<strong>le</strong>ctricité<br />

lorsqu'on sait que <strong>le</strong> prix de l'é<strong>le</strong>ctricité est indexé au<br />

prix du pétro<strong>le</strong>. Ce qui est tout aussi intéressant à faire<br />

comme développement en termes de recherche, c'est<br />

d'arriver à prolonger la durée de vie d'une centra<strong>le</strong><br />

nucléaire qui est essentiel<strong>le</strong>ment dictée par l'état de<br />

fragilisation de la cuve du réacteur. A titre d'exemp<strong>le</strong>,<br />

vous pouvez tout remplacer dans une voiture quand<br />

el<strong>le</strong> vieillit, mais pas <strong>le</strong> châssis. La cuve du réacteur est<br />

ce châssis. Aujourd'hui, on estime cette durée de vie à<br />

60 ans, mais la licence d'exploitation se donne des<br />

marges de sûreté et on n'accorde, à ce titre, que 30 à 40<br />

ans. Mais il est clair que si on démontre que <strong>le</strong>s cuves<br />

peuvent tenir, dans des conditions optima<strong>le</strong>s de sécurité,<br />

60 ans, on aura gagné 20 ans de fonctionnement.<br />

Pu 12 238 Pu/(3.5%) 239 Pu/(51.9%) 240 Pu/(23.8%) 241 Pu/(12.9%) 242 Pu/(7.9%)<br />

NP 0.72 237 Np/(100%)<br />

Am 0.66 241 Am/(58.3%) 243 Am/(41.7%)<br />

Cm 0.11 242 244 Cm/(8.8%) Cm/(91.2%)<br />

Produits<br />

50.7<br />

Dont 3.44 kg de PF à longue demi-vie : 99Tc : 1.2 kg;<br />

de Fission<br />

93Zr : 1.05 kg; 135Cs : 0.59 kg; 107Pd : 0.34 kg; 129I : 0.26 kg<br />

Quantités de déchets hautement radioactifs produits par tonne de combustib<strong>le</strong> UO2 irradiés dans un réacteur à eau<br />

pressurisée jusqu'à un taux de combustion de 50 GWd/tonne de noyaux lourds<br />

Il est, bien entendu, hors de question que cela se fasse<br />

aux dépens de la sûreté, même si sur <strong>le</strong> plan économique,<br />

cela représente un gain énorme.<br />

Maintenant, pour contrebalancer cet énoncé positif, il<br />

faut dire que cette technologie n'utilise que 0,7% de la<br />

ressource globa<strong>le</strong>, notamment l'uranium 235 seu<strong>le</strong>ment.<br />

La recherche menée actuel<strong>le</strong>ment consiste à<br />

explorer la possibilité d'utiliser des réacteurs nouveaux<br />

dits à spectres à neutrons rapides en vue de<br />

brû<strong>le</strong>r tout, ou du moins, la majorité du combustib<strong>le</strong><br />

nucléaire, c'est-à-dire <strong>le</strong>s 0.7% d'uranium 235 mais,<br />

surtout, <strong>le</strong>s 99.3% d'uranium 238. Pour traduire la<br />

situation actuel<strong>le</strong> de la combustion nucléaire en langage<br />

de disponibilité des ressources, il faut préciser,<br />

au prix aujourd'hui de l'uranium qui est cédé à 10 dollars<br />

<strong>le</strong> kilo, que nous aurons des ressources d'une<br />

durée de vie de 50 ans. Autrement dit, dans 50 ans, <strong>le</strong><br />

monde n'aura plus de combustib<strong>le</strong> pour faire fonctionner<br />

<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s nucléaires, alors que, paradoxa<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>le</strong>s investissements déjà consentis et ceux


62<br />

Enjeux et perspectives…<br />

attendus sont gigantesques. Il est clair que la solution<br />

est incontournab<strong>le</strong>, pour peu qu'on assimi<strong>le</strong> l'idée de<br />

base que c'est d'enjeux liés au développement durab<strong>le</strong>,<br />

à l'échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>, qu'il est question. Et pour ce cas<br />

de figure, seul <strong>le</strong> passage à la technologie des réacteurs<br />

à spectres à neutrons rapides peut prolonger la<br />

durée d'utilisation des ressources disponib<strong>le</strong>s. On<br />

passerait de 50 ans d'utilisation, pour ces ressources<br />

avérées, à 2000 ans. A échel<strong>le</strong> humaine, cette durée<br />

donne de la marge d'ici à ce que de nouvel<strong>le</strong>s sources<br />

soient révélées à l'humanité, et certainement aussi de<br />

nouvel<strong>le</strong>s technologies.<br />

En parlant de nouvel<strong>le</strong>s technologies, cel<strong>le</strong>s en<br />

cours de mise de conception promettent-el<strong>le</strong>s de<br />

résoudre <strong>le</strong>s lancinantes questions de la sûreté<br />

nucléaire et de la gestion des déchets ?<br />

H. A. A. : C'est tout l'intérêt des nouvel<strong>le</strong>s filières<br />

de réacteurs sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on travail<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>ment.<br />

Les filières à spectre rapide, entre autres, un réacteur<br />

déjà testé, celui refroidi au sodium. Il s'agit d'une technologie<br />

testée aux Etats-Unis, en France, en Russie et<br />

au Japon, notamment. Mais il s'agit essentiel<strong>le</strong>ment de<br />

réacteurs de tête de filière ou de recherche.<br />

Aujourd'hui, on se focalise sur un nouveau réacteur au<br />

sodium, plus économique, et éga<strong>le</strong>ment sur un réacteur<br />

refroidi au plomb, car <strong>le</strong> sodium est inflammab<strong>le</strong><br />

au contact de l'air et de l'eau, ce qui pose de sérieux<br />

problèmes de sûreté. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> plomb est plus<br />

dense que <strong>le</strong> combustib<strong>le</strong>, et même si on va jusqu'à l'accident<br />

majeur, autrement dit jusqu'à la fusion du cœur,<br />

il ne se passe rien, car <strong>le</strong> combustib<strong>le</strong>, étant plus léger<br />

que <strong>le</strong> caloporteur (<strong>le</strong> plomb), va tout simp<strong>le</strong>ment flotter<br />

sous forme de grumeaux à la surface du plomb. Et<br />

dans ce cas, l'accident de criticité est impossib<strong>le</strong>. La<br />

troisième filière à spectre rapide, c'est cel<strong>le</strong> des réacteurs<br />

refroidis au gaz. Voilà où on en est sur <strong>le</strong> plan de<br />

la recherche sur <strong>le</strong>s filières nouvel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> chal<strong>le</strong>nge<br />

étant de <strong>le</strong>s démarrer, à l'échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong>, vers 2030.<br />

Il faut donc construire un prototype de réacteur entre<br />

2015 et 2020.<br />

Pour ce qui est de la technologie utilisée actuel<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>le</strong> problème de gestion des déchets issus des<br />

réacteurs nucléaires demeure réel. A titre d'exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />

cas de la Belgique. Cel<strong>le</strong>-ci a démarré son programme<br />

de production nucléaire massive en 1975. En 1974, un<br />

programme de recherche sur la gestion des déchets<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

nucléaires qui vont sortir de ces centra<strong>le</strong>s a été mis sur<br />

pied. Entre autres solutions envisagées, cel<strong>le</strong> retenue a<br />

été l'enfouissement des déchets dans des couches géologiques<br />

stab<strong>le</strong>s. Pour <strong>le</strong> cas d'un petit pays comme la<br />

Belgique, c'est l'argi<strong>le</strong> qui fait l'objet d'études de fiabilité.<br />

Dans des couches géologiques entre moins 100 et<br />

moins 400 m de profondeur avec des épaisseurs de<br />

300 m. L'idée retenue, c'est de creuser des ga<strong>le</strong>ries dans<br />

cette argi<strong>le</strong> et y entreposer <strong>le</strong>s déchets en question. Il<br />

faut savoir que dans une tonne de combustib<strong>le</strong><br />

nucléaire, il y a de l'ordre de 60 kg de déchets, car <strong>le</strong>s<br />

940 kilos restants sont récupérés de nouveau comme<br />

combustib<strong>le</strong>. Les déchets sont mis dans une matrice de<br />

verre qui est à son tour coulée dans des fûts en acier<br />

qui seront mis dans des ga<strong>le</strong>ries creusées dans l'argi<strong>le</strong>.<br />

La solution est donc là sur <strong>le</strong> plan technique. La seu<strong>le</strong><br />

difficulté, et qui est bien réel<strong>le</strong>, c'est que ces déchets<br />

gardent <strong>le</strong>ur niveau de toxicité industriel<strong>le</strong> durant<br />

500000 ans et plus, avant de revenir à <strong>le</strong>ur niveau naturel<br />

de toxicité correspondant à cel<strong>le</strong> du minerais d'uranium<br />

qui a servi à la fabrication du combustib<strong>le</strong>. On a<br />

donc à faire avec une gestion de durée qui dépasse la<br />

dimension humaine. Dans nos activités humaines, on<br />

n'est pas habitués à gérer des durées de ce genre. A la<br />

limite, lorsque vous vous retrouvez en Egypte, en face<br />

des pyramides, vous vous dites que vous avez devant<br />

vos yeux la preuve que l'homme est arrivé à laisser,<br />

6000 ans plus tard, des traces et même des témoignages<br />

vivants d'une technologie humaine qui a pu défier<br />

l'histoire. C'est une durée gérab<strong>le</strong> et raisonnab<strong>le</strong>. Un<br />

million d'années, en revanche, c'est au-dessus de la<br />

dimension humaine et de toutes <strong>le</strong>s prévisions.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, dans l'état actuel de notre technologie, nous<br />

n'avons jamais compté sur la barrière fabriquée par<br />

l'homme pour prétendre à la sûreté liée aux déchets<br />

nucléaires, mais plutôt sur la barrière géologique. Cela<br />

dit, nous n'avons pas <strong>le</strong> droit de léguer aux générations<br />

futures, pour un million d'années, un héritage aussi<br />

diffici<strong>le</strong> à gérer.<br />

Que serait donc la solution pour ce problème ?<br />

H. A. A. : Face à ce problème incontournab<strong>le</strong>, des<br />

recherches se font depuis une dizaine d'années de<br />

façon intense sur une gestion alternative des déchets<br />

nucléaires. Des recherches qui se résument dans la<br />

problématique de la séparation et de la transmutation.<br />

Cela veut dire qu'on veut séparer <strong>le</strong>s éléments


dangereux des déchets nucléaires dans une première<br />

phase chimique dite de séparation. Ensuite, intervient<br />

la phase de transmutation. Ce qui est entrepris dans<br />

cette phase, c'est l'acte de transmutation des déchets<br />

nucléaires, plus lourds que l'uranium, comme <strong>le</strong> plutonium,<br />

l'américium, <strong>le</strong> curium… Ce sont des éléments<br />

fabriqués artificiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> réacteur nucléaire<br />

et qui sont plus lourds que l'uranium. La transmutation<br />

s'opère en <strong>le</strong>s fissionnant, en <strong>le</strong>s cassant en deux<br />

produits de fission pour qu'ils deviennent par la suite<br />

un petit problème à gérer, comme celui des produits de<br />

la fission de l'uranium. Réussie cette opération à<br />

doub<strong>le</strong> articulation de séparation et de transmutation,<br />

<strong>le</strong> problème de la gestion des déchets est ramené à<br />

l'échel<strong>le</strong> temporel<strong>le</strong> humaine de 300 à 600 années. Les<br />

recherches menées et <strong>le</strong>s expériences faites ont été<br />

concluantes à l'échel<strong>le</strong> du laboratoire, avec une maîtrise<br />

de l'ordre de 99,99% pour ce qui concerne la séparation.<br />

Cela dit, ce qui est vrai et valab<strong>le</strong> à l'échel<strong>le</strong> du<br />

microgramme doit se confirmer à l'échel<strong>le</strong> du kilogramme,<br />

pour voir si l'effet est <strong>le</strong> même sur des quantités<br />

plus grandes quand el<strong>le</strong>s sont soumises plus<br />

longtemps aux radiations. Quand cel<strong>le</strong>s-ci bombardent<br />

la molécu<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s la détruisent. C'est ce qu'on fait<br />

notamment pour tuer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s cancéreuses dans <strong>le</strong>s<br />

hôpitaux. Pour notre cas, si vous laissez la molécu<strong>le</strong><br />

utilisée pour effectuer la séparation des noyaux plus<br />

lourds que l'uranium en présence de radiations plus<br />

longtemps qu'il ne faut, el<strong>le</strong> risque d'être détruite et ne<br />

pourra plus faire <strong>le</strong> travail. Pour développer <strong>le</strong> procédé<br />

expérimenté à l'échel<strong>le</strong> du laboratoire vers l'échel<strong>le</strong><br />

industriel<strong>le</strong>, la batail<strong>le</strong> n'est pas encore forcément<br />

gagnée. Il y a une transition qui doit s'opérer pour<br />

envisager l'industrialisation de ces procédés. Il faut<br />

passer à l'échel<strong>le</strong> d'unité pilote, qui correspond à un<br />

niveau 10 par rapport au niveau 1 du laboratoire. Cela,<br />

avant que d'al<strong>le</strong>r vers l'échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong> qui serait,<br />

el<strong>le</strong>, d'un niveau 100, voire 1000.<br />

Mais alors, gagner <strong>le</strong> pari d'une gestion optima<strong>le</strong><br />

des déchets nucléaires, au vu de l'avancée technologique,<br />

tel<strong>le</strong> que vous la présentez, n'est qu'une question<br />

de temps…?<br />

H. A. A. : Pas uniquement, puisqu'il s'agit de<br />

dépasser un premier obstac<strong>le</strong>, à savoir celui de la faisabilité<br />

technique à grande échel<strong>le</strong>. Et puis, même si on<br />

passe avec succès cette étape, ce ne sera pas encore<br />

acquis, car il faudra, pour passer à l'étape industriel<strong>le</strong>,<br />

savoir si économiquement une tel<strong>le</strong> technologie est<br />

viab<strong>le</strong>. Si une industrie peut faire de l'argent avec ça,<br />

el<strong>le</strong> <strong>le</strong> fera. La science a démontré son savoir, la technique<br />

et la technologie <strong>le</strong>ur savoir-faire, mais l'économique<br />

prévaudra.<br />

Il est évident que pour acquérir<br />

une technologie nouvel<strong>le</strong>, il ne<br />

s'agit pas seu<strong>le</strong>ment d'acheter des<br />

équipements.<br />

Quand on aborde <strong>le</strong> sujet du nucléaire, en général, et<br />

celui de l'é<strong>le</strong>ctronucléaire, en particulier, en pensant<br />

au transfert technologique, notamment vers des<br />

pays d'Afrique tels que l'Algérie, on entrevoit très<br />

vite des obstac<strong>le</strong>s de toutes natures. Ce transfert estil<br />

aujourd'hui possib<strong>le</strong>, si oui, comment ?<br />

H. A. A. : Il est évident que pour acquérir une<br />

technologie nouvel<strong>le</strong>, il ne s'agit pas seu<strong>le</strong>ment<br />

d'acheter des équipements. Une partie du savoir-faire<br />

qui est derrière doit être acquise en même temps. On<br />

pourrait invoquer <strong>le</strong> refus des industries avancées de<br />

collaborer à ce transfert. En guise de réplique à cet<br />

argument, il suffit de regarder autour de soi. La Chine,<br />

par exemp<strong>le</strong>, qui a besoin de sources d'énergie, a<br />

acheté des réacteurs nucléaires auprès de compagnies<br />

qui ont bien voulu entreprendre avec el<strong>le</strong>, de manière<br />

sérieuse, dans un but avoué et communément<br />

accepté, <strong>le</strong> transfert du savoir-faire et de la technologie.<br />

Il ne s'agit pas de savoir-faire qui permet de fabriquer<br />

des centra<strong>le</strong>s nucléaires, mais plutôt de savoirfaire<br />

qui permet de <strong>le</strong>s gérer avec toutes <strong>le</strong>s conditions<br />

de maîtrise et d'adaptation que cela implique. Pour<br />

réussir cela, la toute première condition, c'est de préparer<br />

<strong>le</strong> terrain humain, autrement dit, des compétences,<br />

des gens formés à ces techniques, de bons ingénieurs<br />

mécaniciens, de bons physiciens nucléaires,<br />

é<strong>le</strong>ctriciens, é<strong>le</strong>ctroniciens, de bons physiciens des<br />

réacteurs. Une condition à laquel<strong>le</strong> l'Algérie répond<br />

d'ores et déjà. Je <strong>le</strong> sais et <strong>le</strong> crois : il y a de grandes<br />

compétences dans ces domaines en Algérie. La<br />

seconde étape va consister à négocier l'achat d'une<br />

technologie quelconque. Les Chinois ont acheté<br />

6 réacteurs avec des conditions qui <strong>le</strong>ur assuraient un


64<br />

Enjeux et perspectives…<br />

transfert sûr et de qualité du savoir-faire et de la technologie.<br />

La démarche a été la suivante : <strong>le</strong>s deux premiers<br />

réacteurs seront fabriqués par des Français avec<br />

des ingénieurs chinois, au niveau des laboratoires et<br />

des bureaux du constructeur européen, en train seu<strong>le</strong>ment<br />

de regarder. Les deux réacteurs suivants<br />

seront dessinés en même temps par <strong>le</strong>s Français et <strong>le</strong>s<br />

Chinois, en train de se corriger mutuel<strong>le</strong>ment. C'est<br />

l'étape-clé du transfert de savoir-faire et de technologie.<br />

Les deux derniers réacteurs seront faits par <strong>le</strong>s<br />

Chinois sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des Français. C'est <strong>le</strong><br />

moment où la maîtrise de la technologie est acquise<br />

par <strong>le</strong>s locaux. C'est ainsi que ça s'est fait, en achetant<br />

6 réacteurs et en transférant la technologie en Chine.<br />

Cela ne veut pas dire que <strong>le</strong>s Chinois n'achètent plus<br />

rien chez <strong>le</strong> constructeur. Seu<strong>le</strong>ment, ils ont la<br />

maîtrise de la technologie chez eux et ils peuvent<br />

modifier une composante d'un réacteur, si c'est<br />

nécessaire. En fait, l'intelligence de la négociation des<br />

contrats prouve qu'on peut se permettre en Algérie<br />

d'obtenir de réels transferts de technologie.<br />

En parlant de compétences et de transfert de technologie,<br />

vous-même en êtes l'incarnation. Ce qui<br />

nous fait penser que l'université pourrait aussi jouer<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

La flotte européenne de production thermique et nucléaire<br />

son rô<strong>le</strong> en jetant des passerel<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s industries<br />

concernées et <strong>le</strong>s universités algériennes.<br />

Qu'en pensez-vous ?<br />

H. A. A. : Vous faites bien d'évoquer ce sujet, car<br />

<strong>le</strong> fait est patent aujourd'hui que <strong>le</strong>s industries nucléaires<br />

en Europe, qui sont <strong>le</strong>s plus actives dans <strong>le</strong> monde,<br />

ont de moins en moins de nouveaux ingénieurs qui<br />

arrivent sur <strong>le</strong> marché de l'emploi. Il <strong>le</strong>ur faut des ingénieurs<br />

par milliers et Dieu sait que ce nombre ne peut<br />

être concrétisé dans <strong>le</strong> seul continent européen. A titre<br />

d'illustration, Areva seu<strong>le</strong> a besoin de pas moins de<br />

4 000 ingénieurs chaque année, pendant la prochaine<br />

décennie. Un pays comme l'Algérie, qui dispose d'ores<br />

et déjà de compétences avérées dans <strong>le</strong> domaine<br />

nucléaire, pourrait signer un contrat de collaboration<br />

qui consiste à former des ingénieurs, des physiciens,<br />

en partenariat avec l'industrie qui voudrait <strong>le</strong>s utiliser<br />

en Europe. Un tel engagement fera en sorte que cette<br />

industrie va jouer sa réputation, car ces ingénieurs<br />

seront formés aux standards de cette industrie. Cette<br />

formation se ferait en synergie avec l'Université<br />

algérienne, l'université européenne et <strong>le</strong>s industries<br />

avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s cette université travail<strong>le</strong>. On créerait<br />

une synergie tripartite à haute va<strong>le</strong>ur ajoutée pour


tous. Fina<strong>le</strong>ment, chacun y trouverait son compte : <strong>le</strong><br />

transfert de technologie se ferait réel<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong> support<br />

entre <strong>le</strong> monde universitaire serait efficace, et <strong>le</strong><br />

transfert de technologie se ferait selon des standards<br />

rigoureux.<br />

Lorsque vous ouvrez de tel<strong>le</strong>s perspectives pour<br />

l'Algérie, on constate bien que vous lui entrevoyez<br />

un avenir incontournab<strong>le</strong> dans l'é<strong>le</strong>ctronucléaire…<br />

H. A. A. : Il est vrai qu'on est en droit de s'interroger<br />

sur l'opportunité d'un déploiement é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />

en Afrique. Je pense franchement qu'il est légitime<br />

pour ce continent de commencer à penser à l'aprèspétro<strong>le</strong>,<br />

à l'après-gaz… La question pour l'Algérie, c'est<br />

de savoir si notre pays éga<strong>le</strong>ment est concerné par la<br />

perspective é<strong>le</strong>ctronucléaire. En fait, l'Algérie a <strong>le</strong>s<br />

conditions requises pour développer deux solutions<br />

parallè<strong>le</strong>s. Cel<strong>le</strong> du solaire, car nous avons des surfaces<br />

désertiques immenses où on ne peut que déployer un<br />

arsenal technique, mais pas celui du photovoltaïque,<br />

plutôt un système fondé sur une conversion à cyc<strong>le</strong><br />

thermodynamique. Pour être mieux optimisé, la thermodynamique<br />

ne doit pas être basée sur l'eau. Il faut<br />

passer à un cyc<strong>le</strong> basé sur <strong>le</strong> sel fondu, ce qui permet de<br />

monter à des températures beaucoup plus é<strong>le</strong>vées dans<br />

<strong>le</strong> circuit secondaire, d'avoir par là-même un rendement<br />

thermodynamique beaucoup plus important et,<br />

donc, de rendre possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> stockage de l'énergie. C'est<br />

une voie de développement qui peut constituer une<br />

des alternatives aux hydrocarbures en Algérie. La<br />

seconde, effectivement, c'est l'é<strong>le</strong>ctronucléaire, et<br />

l'Algérie doit jeter son dévolu dans un premier temps<br />

sur des technologies déjà éprouvées, réel<strong>le</strong>ment<br />

démontrées et matures.<br />

On par<strong>le</strong> de l'Algérie, mais ne pensez-vous pas que<br />

l'é<strong>le</strong>ctronucléaire en tant que projet devrait prendre<br />

une dimension régiona<strong>le</strong> plus étendue ?<br />

H. A. A. : Je ne connais pas tous <strong>le</strong>s détails du<br />

réseau nord-africain, mais il me paraît suffisamment<br />

intégré, en tout cas au niveau maghrébin, qu'il faudrait<br />

penser à une solution régiona<strong>le</strong> dans l'é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />

qui serait beaucoup plus efficace et plus viab<strong>le</strong> économiquement<br />

sur <strong>le</strong> plan du risque associé à l'investissement.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, la tail<strong>le</strong> de ces centra<strong>le</strong>s devra être<br />

déterminée, sur <strong>le</strong> plan technique, par rapport aux<br />

capacités du réseau. Des centra<strong>le</strong>s de puissance<br />

moyenne, entre 600 et 300 Mégawats é<strong>le</strong>ctriques,<br />

pourraient être une option optimum. De toutes <strong>le</strong>s<br />

façons, il suffit de faire des études pour cela, et <strong>le</strong>s gens<br />

de <strong>Sonelgaz</strong> sont tout à fait en mesure de juger de cela.<br />

Il est, par ail<strong>le</strong>urs, d'une importance capita<strong>le</strong> de<br />

consentir un projet pareil à l'échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong>, de<br />

manière intégrée, avec un partage équitab<strong>le</strong> des risques<br />

et des compétences. Dans ce registre, l'Europe a<br />

été pionnière, grâce à la synergie de l'union. Ce qui<br />

donne aujourd'hui à l'Europe Unie une dimension plus<br />

importante. Dans un continent jeune comme l'Afrique,<br />

cela peut être un très bon début, avec l'avènement d'un<br />

ensemb<strong>le</strong> régional, comme <strong>le</strong> Maghreb, qui pourrait<br />

devenir une véritab<strong>le</strong> locomotive du développement<br />

du continent africain, surtout dans un domaine aussi<br />

engageant et aussi lourd que <strong>le</strong> nucléaire<br />

Le professeur Hamid Aït Abderrahim est ingénieur en<br />

physique nucléaire, détenant un PhD en physique des<br />

réacteurs. Il est professeur en ingénierie des réacteurs<br />

nucléaires à l'Université catholique de Louvain, en<br />

Belgique. Il est, entre autres, président du conseil de gouvernance<br />

du Virtual European Lead Laboratory -Vella,<br />

membre du conseil scientifique du Centre de recherche<br />

nucléaire de Birine, en Algérie, coordinateur scientifique<br />

pour un projet scientifique de l'AIEA.<br />

Il a publié plus de 80 artic<strong>le</strong>s et animé des conférences<br />

dans <strong>le</strong>s domaines des réacteurs nucléaires et de la dosimétrie.


66<br />

Société et développement<br />

Eau et développement durab<strong>le</strong><br />

Un enjeu vital pour <strong>le</strong> continent africain<br />

L'Afrique est certainement, dans sa grande diversité, <strong>le</strong> continent<br />

où la question de l'eau hypothèque au plus haut point<br />

l'avenir et demeure <strong>le</strong> pendant de crises socia<strong>le</strong>, économique et<br />

politique. En vue d'une solution durab<strong>le</strong>, et dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s<br />

efforts à fournir sont colossaux, qui devront suivre <strong>le</strong> rythme de<br />

la croissance démographique et <strong>le</strong>s besoins en développement<br />

dont l'amp<strong>le</strong>ur est tel<strong>le</strong> que chaque jour en Afrique 100 000<br />

personnes de plus doivent être desservies en eaux potab<strong>le</strong>,<br />

d'irrigation et pour la production industriel<strong>le</strong>, dans un contexte<br />

où <strong>le</strong> continent connaît un vaste mouvement de concentration<br />

urbaine.<br />

n° 6 - Mars 2007


Quarante pour cent de<br />

la population de<br />

l'Afrique sub-saharienne<br />

vivent en dessous<br />

du seuil de pauvreté de<br />

1 dollar/jour. Parmi <strong>le</strong>s 45 pays<br />

ayant <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s indicateurs de<br />

développement humain, 35 sont en<br />

Afrique. La dette globa<strong>le</strong> des pays<br />

représente 67,5% du produit intérieur<br />

brut (PIB), avec de grandes<br />

variations nationa<strong>le</strong>s. La Banque<br />

africaine de développement (BAD)<br />

considère que, pour réduire la pauvreté<br />

de moitié d'ici à 2015, il serait<br />

nécessaire que <strong>le</strong>s pays à plus faib<strong>le</strong>s<br />

revenus connaissent une croissance<br />

continue du PIB de 8% par<br />

an. Dans ce contexte de pauvreté,<br />

<strong>le</strong>s conditions sanitaires sont particulièrement<br />

dégradées, en milieu<br />

urbain comme en milieu rural.<br />

Depuis <strong>le</strong>s années 1970, on a<br />

constaté une reprise spectaculaire<br />

des maladies endémiques, notamment<br />

cel<strong>le</strong>s liées à l'eau comme la<br />

malaria (1,5 million de morts par<br />

an par défaut d'assainissement ; au<br />

moins 1 enfant sur 5 mort avant<br />

l'âge de 5 ans <strong>le</strong> serait de paludisme,<br />

de choléra et de dysenterie).<br />

L'agriculture représente<br />

aujourd'hui en moyenne 85% des<br />

prélèvements en eau en Afrique<br />

(contre 9% pour <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités et<br />

6% pour l'industrie). Ce taux varie<br />

selon <strong>le</strong>s pays : il est d'autant plus<br />

fort que <strong>le</strong> pays est aride, l'irrigation<br />

étant alors indispensab<strong>le</strong> à la culture.<br />

La gestion intégrée des ressources<br />

en eau est donc très<br />

étroitement liée à l'avenir de l'agriculture<br />

africaine. 40% du PIB africain<br />

(60% même en Ethiopie et en<br />

Somalie) sont à imputer au secteur<br />

agrico<strong>le</strong>, qui emploie 60% de la<br />

main-d'œuvre. L'Afrique voit son<br />

alimentation dépendre, maintenant,<br />

pour 17% de ses importations et de<br />

l'aide alimentaire. La dégradation<br />

des sols (qui a affecté 500 millions<br />

d'hectares depuis 1950, soit 65%<br />

de la surface cultivée) et la forte<br />

variabilité climatique menacent<br />

drastiquement <strong>le</strong>s capacités de production<br />

agrico<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s récoltes pourraient<br />

de ce simp<strong>le</strong> fait être divisées<br />

par 2 dans <strong>le</strong>s 40 prochaines années<br />

(Pnue, 2000).<br />

Une meil<strong>le</strong>ure gestion des ressources<br />

en eau et <strong>le</strong> développement<br />

des services publics d'eau et d'assainissement<br />

sont reconnus par la<br />

communauté internationa<strong>le</strong><br />

comme l'un des facteurs prioritaires<br />

du développement durab<strong>le</strong> de<br />

régions entières. Le continent africain<br />

figure au premier rang des<br />

priorités à cet égard : sécurité,<br />

santé, production agrico<strong>le</strong> et énergie<br />

y sont en cause. Les responsab<strong>le</strong>s<br />

africains ont aujourd'hui mis<br />

l'eau au centre de <strong>le</strong>urs préoccupations.<br />

Le progrès affiché et voulu<br />

par <strong>le</strong> Nouveau partenariat pour<br />

<strong>le</strong> développement africain<br />

(New Partnership for Africa's<br />

Development - Nepad) en ce sens<br />

se fera par la conjonction de la<br />

volonté africaine et d'une assistance<br />

internationa<strong>le</strong> soutenue.<br />

Les changements significatifs doivent<br />

s'opérer dans la durée nécessaire<br />

à la pérennité des actions<br />

entreprises, en privilégiant <strong>le</strong> progrès<br />

continu et <strong>le</strong>s franchissements<br />

d'étapes.<br />

Chronique d'une mobilisation<br />

régiona<strong>le</strong><br />

Les objectifs engagent la communauté<br />

internationa<strong>le</strong> à réduire<br />

de moitié, d'ici à 2015, la part des<br />

personnes qui souffrent de la faim<br />

et la part de la population qui n'a<br />

pas accès à l'alimentation en eau<br />

potab<strong>le</strong> et à l'assainissement. Les<br />

dernières années ont vu parallè<strong>le</strong>ment<br />

un repositionnement spectaculaire<br />

des priorités liées à l'eau<br />

dans <strong>le</strong>s objectifs et demandes des<br />

acteurs africains.<br />

«L'eau : l'affaire de tous» est<br />

devenu <strong>le</strong> message c<strong>le</strong>f du Second<br />

Forum mondial de l'eau de La Haye<br />

en mars 2000, au cours duquel la<br />

«Vision africaine de l'eau pour <strong>le</strong><br />

XXI e sièc<strong>le</strong>» (African Caucus, 1999)<br />

a été présentée et débattue. En septembre<br />

2001, sous l'égide de la<br />

BAD, est créé <strong>le</strong> Haut Comité africain<br />

de pilotage pour l'eau (African<br />

Water Task Force, AWTF), qui<br />

adopte à Bonn, en décembre 2001,<br />

au cours de la Conférence sur <strong>le</strong>s<br />

eaux douces, une position commune<br />

en ce qui concerne l'eau.<br />

Progressivement, la mobilisation<br />

s'est étendue à toute l'Afrique, par <strong>le</strong><br />

biais de conférences thématiques<br />

entre opérateurs, décideurs et<br />

scientifiques. Les 43 dirigeants participant<br />

à la Conférence des ministres<br />

africains de l'eau (African<br />

Ministerial Conference on Water,<br />

AMCOW), réunis à Abuja, en avril<br />

2002, puis à Johannesburg, en août<br />

2002, représentent la première<br />

mobilisation continenta<strong>le</strong> de niveau<br />

politique aussi é<strong>le</strong>vé. Dans son<br />

<strong>document</strong> d'octobre 2001, <strong>le</strong> Nepad<br />

propose quatre lignes d'action :<br />

accélérer <strong>le</strong> travail sur <strong>le</strong>s projets<br />

multi-objectifs d'aménagement de<br />

la ressource, établir une task-force<br />

pour planifier la lutte contre <strong>le</strong>s<br />

effets négatifs du changement climatique<br />

en Afrique, collaborer avec<br />

l'Initiative mondia<strong>le</strong> pour l'environnement<br />

et l'assainissement (Global<br />

environmental sanitation initiative,<br />

Gesi) et appliquer <strong>le</strong> programme<br />

des Nations unies pour l'habitat sur


68<br />

Société et développement<br />

<strong>le</strong>s économies d'eau (Water conservation)<br />

dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s africaines.<br />

Ressources en eau et gestion<br />

des grands bassins<br />

Il cou<strong>le</strong> deux fois moins d'eau en<br />

Afrique que sur la moyenne des<br />

autres continents. Mais ce continent<br />

connaît, en outre, des disparités<br />

internes majeures : <strong>le</strong> tiers de cet<br />

écou<strong>le</strong>ment se produit dans <strong>le</strong> seul<br />

bassin du Congo (aussi nommé<br />

Zaïre), couvrant 12% de la surface<br />

du continent. 40% de la surface<br />

continenta<strong>le</strong> ne connaissent pas<br />

d'écou<strong>le</strong>ment permanent et 13% de<br />

cel<strong>le</strong>-ci sont endoréiques. La variabilité<br />

interannuel<strong>le</strong> des ressources<br />

est considérab<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments<br />

de la période 1970-1990 ont ainsi<br />

été plus de deux fois inférieurs à<br />

ceux des 20 années précédentes<br />

dans <strong>le</strong> bassin du Sénégal et <strong>le</strong><br />

Fouta-Djalon (Mahé et Olivry,<br />

1995). Ceci rend la planification des<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

aménagements et la rentabilisation<br />

des infrastructures particulièrement<br />

diffici<strong>le</strong>s. La variabilité saisonnière<br />

est puissamment marquée<br />

dans <strong>le</strong>s régions de climat méditerranéen,<br />

mais aussi, bien sûr, pour<br />

<strong>le</strong>s bassins des f<strong>le</strong>uves sahéliens<br />

(Sénégal ou Niger).<br />

La disponibilité de l'eau est un<br />

facteur indispensab<strong>le</strong> au peup<strong>le</strong>ment<br />

: on associe spontanément la<br />

faib<strong>le</strong> densité historique de population<br />

de l'Afrique à la rareté hydrique<br />

et l'on ne peut ignorer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de<br />

la sécheresse dans <strong>le</strong>s grandes<br />

migrations internes au continent.<br />

Quantitativement, l'enjeu africain<br />

actuel de l'eau n'est pas celui de son<br />

caractère potab<strong>le</strong>, mais de son<br />

usage agrico<strong>le</strong>, qui domine <strong>le</strong>s<br />

besoins : rares sont <strong>le</strong>s lieux où l'eau<br />

disponib<strong>le</strong> ne supporterait pas, en<br />

théorie, des populations beaucoup<br />

plus nombreuses s'il ne s'agissait<br />

que d'accès à une eau potab<strong>le</strong>. 9 des<br />

20 pays dans <strong>le</strong> monde ne disposant<br />

pas de 1 000 m 3 par habitant se<br />

trouvent sur <strong>le</strong> continent africain<br />

(Afrique du Nord et Sahel) (Tien<br />

Duc, 1999). Ceci pour souligner<br />

la disproportion entre <strong>le</strong>s besoins<br />

hydrauliques de l'activité agrico<strong>le</strong><br />

avec <strong>le</strong>s ressources en eau<br />

disponib<strong>le</strong>s dans cette zone.<br />

Une interdépendance<br />

sous-régiona<strong>le</strong> forte<br />

Le rô<strong>le</strong> des grands f<strong>le</strong>uves est<br />

particulièrement essentiel en<br />

Afrique : en transférant des ressources<br />

en eau des zones à climat<br />

humide aux zones plus arides, ils<br />

atténuent <strong>le</strong>s contrastes climatiques.<br />

Des pays comme <strong>le</strong> Niger,<br />

la Gambie, <strong>le</strong> Botswana, la<br />

Mauritanie, <strong>le</strong> Soudan, <strong>le</strong> Tchad ou<br />

l'Egypte ont une part prépondérante<br />

(dépassant 75% et atteignant<br />

parfois 98%) de <strong>le</strong>urs ressources<br />

provenant ainsi d'autres pays. Des<br />

f<strong>le</strong>uves comme <strong>le</strong> Congo, <strong>le</strong> Nil, <strong>le</strong><br />

Zambèze, <strong>le</strong> Niger, la Volta et des<br />

lacs comme <strong>le</strong> Tchad intéressent<br />

chacun entre 6 et 10 Etats. La<br />

Gambie, <strong>le</strong> Sénégal, <strong>le</strong> Limpopo,<br />

l'Orange, l'Okavango en concernent<br />

3 ou 4 chacun. Le grand aquifère<br />

souterrain du Sahara (décrit<br />

comme continental terminal) est<br />

partagé par de nombreux pays. La<br />

question de la gestion et du partage<br />

des eaux internationa<strong>le</strong>s est ainsi<br />

une c<strong>le</strong>f essentiel<strong>le</strong> de la stabilité du<br />

continent africain. Par ce lien physique,<br />

<strong>le</strong>s politiques du secteur agrico<strong>le</strong><br />

(irrigation, pêche), de l'énergie<br />

(hydroé<strong>le</strong>ctricité), des transports<br />

(navigation), voire même du tourisme<br />

(qualité des écosystèmes,<br />

réserves, zones humides) de nombreux<br />

pays sont interdépendantes<br />

et ceci d'autant plus fortement que<br />

la ressource demeure rare et bien<br />

souvent majoritairement importée.


Eau, agriculture, milieu rural<br />

et alimentation<br />

Trente des 50 pays comptant<br />

plus de 20% de personnes mal<br />

nourries sont d'Afrique. Le nombre<br />

des mal nourris y est passé de 100 à<br />

200 millions dans <strong>le</strong>s 40 dernières<br />

années. Les images de famine et<br />

d'exode, liés à la sécheresse, nous<br />

rappel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s catastrophes antérieures<br />

gravées dans <strong>le</strong>s mémoires.<br />

En 2002, près de 38 millions de personnes,<br />

chiffre en forte augmentation,<br />

y souffraient de la famine. Or,<br />

la production vivrière, qui est <strong>le</strong><br />

moyen essentiel de subsistance en<br />

milieu rural, conditionne <strong>le</strong> maintien<br />

du peup<strong>le</strong>ment. Ces deux<br />

enjeux majeurs, alimentation et<br />

ruralité, sont évidemment liés.<br />

La question du développement<br />

rural semb<strong>le</strong>, symétriquement,<br />

une question de filière de production<br />

capab<strong>le</strong> d'affronter la concurrence<br />

des marchés mondiaux, en<br />

apportant des revenus suffisants<br />

pour justifier <strong>le</strong> choix de cette<br />

implantation plutôt que celui de<br />

l'exode vers la vil<strong>le</strong>, susceptib<strong>le</strong> a<br />

priori d'offrir une gamme des services<br />

et d'emplois plus riches. Dans<br />

cette logique, on se tourne naturel<strong>le</strong>ment<br />

vers la valorisation des<br />

atouts locaux en recherchant des<br />

spéculations apportant la meil<strong>le</strong>ure<br />

va<strong>le</strong>ur ajoutée : en général<br />

des cultures d'exportation à forts<br />

besoins de main-d'œuvre. On est<br />

alors confronté aux diffici<strong>le</strong>s<br />

débats autour de l'Organisation<br />

mondia<strong>le</strong> du commerce (OMC).<br />

Plongée dans un monde dont<br />

el<strong>le</strong> subit <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, avec un taux<br />

de croissance de 1%/an, l'agriculture<br />

africaine ne suit pas l'évolution<br />

démographique, et l'Afrique<br />

est la seu<strong>le</strong> région au monde où la<br />

production per capita diminue.<br />

Les conflits, la sécheresse l'expliquent<br />

pour une part. Le poids économique<br />

du continent s'affaiblit :<br />

17% du PIB mondial aujourd'hui,<br />

pour 2/3 de la main-d'œuvre. Le<br />

mot «agriculture» est devenu en<br />

Afrique subsaharienne synonyme<br />

de pauvreté, de dénuement,<br />

d'exode en fin de compte.<br />

Une agriculture vivrière autarcique<br />

de subsistance, à l'abri des<br />

marchés, mais en dépendance<br />

tota<strong>le</strong> des fluctuations climatiques,<br />

reste dans bien des cas la seu<strong>le</strong><br />

survie rura<strong>le</strong>. Il ne faudrait cependant<br />

pas s'en tenir à cette seu<strong>le</strong><br />

image. La culture africaine la plus<br />

répandue est <strong>le</strong> riz, qui représente,<br />

à lui seul, près d'un tiers des spéculations.<br />

Les situations de surexploitation<br />

des ressources en eau sont<br />

directement liées à l'usage agrico<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong>s cultures principa<strong>le</strong>s<br />

(d'après FAO, 1994), ainsi que <strong>le</strong>s<br />

prélèvements de ressources en eau<br />

et la diversité des pratiques d'irrigation.<br />

L'épuisement des ressources<br />

disponib<strong>le</strong>s pose ainsi<br />

directement un problème d'autosuffisance<br />

alimentaire aux Etats <strong>le</strong>s<br />

plus démunis de ce point de vue. Il<br />

atteste l'amp<strong>le</strong>ur des efforts qui<br />

restent à consentir pour une gestion<br />

responsab<strong>le</strong> et maîtrisée des<br />

prélèvements agrico<strong>le</strong>s.<br />

Cultures et pratiques<br />

de l'irrigation<br />

Le nord du continent africain<br />

est <strong>le</strong> terrain privilégié de l'irrigation,<br />

où cel<strong>le</strong>-ci peut même être une<br />

condition sine qua non de la mise<br />

en culture. Ail<strong>le</strong>urs, l'utilisation de<br />

l'eau est très variab<strong>le</strong>. En Afrique<br />

équatoria<strong>le</strong>, là où <strong>le</strong>s précipitations<br />

sont <strong>le</strong>s plus importantes, l'agriculture<br />

pluvia<strong>le</strong> reste dominante.<br />

L'irrigation y est pratiquée pour<br />

mener à bien <strong>le</strong>s cultures de contresaison,<br />

pour la riziculture, pour<br />

sécuriser des spéculations exigeantes<br />

en eau, ou sous forme de culture<br />

de marais et de bas-fonds.<br />

A Madagascar, l'irrigation du riz sur<br />

<strong>le</strong>s plateaux est très développée, ce<br />

qui explique <strong>le</strong> fort pourcentage de<br />

la superficie avec contrô<strong>le</strong> de l'eau<br />

en fonction de la superficie cultivée,<br />

bien que la pluviométrie soit<br />

importante dans ce pays. Les cultures<br />

de décrue sont pratiquées<br />

essentiel<strong>le</strong>ment en bordure du<br />

L'épuisement des ressources<br />

disponib<strong>le</strong>s pose ainsi<br />

directement un problème<br />

d'autosuffisance alimentaire<br />

aux Etats <strong>le</strong>s plus<br />

démunis de ce point de<br />

vue.<br />

Niger et du Sénégal et de <strong>le</strong>urs<br />

affluents, ou encore aux abords du<br />

Logone, du Chari, du Congo, du<br />

Molopo et de l'Okavango. Les<br />

fadamas (zones d'inondation saisonnière)<br />

du nord-ouest du<br />

Nigeria représentent 70% des cultures<br />

de décrue. L'irrigation par<br />

épandage de crues n'est, quant à<br />

el<strong>le</strong>, présente que dans <strong>le</strong>s pays du<br />

Maghreb et la Corne de l'Afrique.<br />

Un million d'hectares sont équipés<br />

en aspersion, la plus grande partie<br />

étant concentrée dans <strong>le</strong>s pays du<br />

Nord ainsi qu'au Zimbabwe et en<br />

Afrique du Sud et, dans une moindre<br />

mesure, au Kenya et en<br />

Zambie. C'est en Egypte et en


70<br />

Société et développement<br />

Afrique du Sud que l'on trouve <strong>le</strong>s<br />

plus importantes superficies équipées<br />

en micro-irrigation.<br />

Crise urbaine et services d'eau<br />

et assainissement<br />

L'urbanisation sauvage qui<br />

accueil<strong>le</strong> la majeure partie des<br />

nouveaux habitants des mégapo<strong>le</strong>s<br />

des pays en développement<br />

procède d'un phénomène sensib<strong>le</strong>ment<br />

différent de ceux qui ont<br />

créé <strong>le</strong>s développements urbains,<br />

même très spectaculaires, du XIX e<br />

et de la première moitié du XX e<br />

sièc<strong>le</strong>s, dont <strong>le</strong> moteur avait été<br />

l'attractivité de l'emploi industriel<br />

en p<strong>le</strong>in essor. Aujourd'hui, sur<br />

fond de disqualification des<br />

productions paysannes, cette<br />

urbanisation répond à un déséquilibre<br />

démographique majeur lié à<br />

une baisse relative de la mortalité<br />

infanti<strong>le</strong> et se poursuit inexorab<strong>le</strong>ment,<br />

même en situation de crise<br />

économique, ne laissant aucun<br />

espoir d'emploi ni de revenus (<strong>le</strong>s<br />

taux de chômage dans <strong>le</strong>s mégapo<strong>le</strong>s<br />

ont atteint jusqu'à 50% dans <strong>le</strong>s<br />

années 1980 et n'ont pas diminué<br />

depuis). Aujourd'hui, la col<strong>le</strong>ctivité<br />

urbaine, loin d'appe<strong>le</strong>r de ses vœux<br />

une tel<strong>le</strong> expansion, y voit une<br />

source de troub<strong>le</strong>s et de déséquilibres<br />

qu'el<strong>le</strong> tente d'endiguer tant<br />

bien que mal. Certains de ces<br />

quartiers progressent de 10 à 20%<br />

par an (Pnue, 2000). Cette urbanisation<br />

spontanée, généra<strong>le</strong>ment<br />

sans support légal, exécutée par<br />

autoconstruction, se développe<br />

dans <strong>le</strong>s pires conditions de site, en<br />

occupant en général <strong>le</strong>s territoires<br />

<strong>le</strong>s plus ingrats (fonds de vallées<br />

marécageux, zones exposées aux<br />

inondations, flancs de collines<br />

soumis au ruissel<strong>le</strong>ment, au ravinement,<br />

aux coulées de boues…).<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

De ce fait, ceux-ci sont <strong>le</strong>s plus<br />

coûteux à équiper en services<br />

publics (longueur de canalisations,<br />

instabilité des terrains, profondeur<br />

des fondations, importance des<br />

voiries nécessaires pour des transports<br />

publics…). Dans <strong>le</strong> même<br />

temps, c'est sur ces territoires que<br />

<strong>le</strong>s investissements col<strong>le</strong>ctifs sont<br />

<strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s. Etant <strong>le</strong>s lieux d'accueil<br />

par défaut de la grande pauvreté,<br />

la possibilité de prise en<br />

charge par <strong>le</strong>s habitants y est éga<strong>le</strong>ment<br />

la plus réduite.<br />

La concentration urbaine massive<br />

accroît <strong>le</strong> besoin d'infrastructures<br />

d'eau potab<strong>le</strong> et surtout<br />

d'assainissement, et cel<strong>le</strong>s qui<br />

existent souffrent d'un déficit<br />

quasi général de gestion et de<br />

maintenance. Selon l'Organisation<br />

mondia<strong>le</strong> de la santé (OMS, 2001),<br />

«l'objectif du plan d'action de<br />

Johannesburg implique la nouvel<strong>le</strong><br />

desserte de 404 millions<br />

d'Africains en eau potab<strong>le</strong> et de 410<br />

millions en assainissement. Les<br />

Une forme tolérée<br />

de dégradation<br />

des services publics<br />

répercute implicitement<br />

la charge sur<br />

<strong>le</strong>s contribuab<strong>le</strong>s et<br />

<strong>le</strong>s autres usagers,<br />

directement ou<br />

indirectement<br />

investissements réalisés sur la<br />

décennie 1990-2000 (45,73 milliards<br />

de dollars) ont permis respectivement<br />

cel<strong>le</strong> de 135 millions<br />

d'Africains (eau potab<strong>le</strong>) et 98 millions<br />

d'Africains (assainissement),<br />

avec une aide extérieure tota<strong>le</strong> de<br />

31 milliards de dollars américains<br />

(3,1 milliards/an)». Il faudrait donc<br />

aujourd'hui, à première vue, multiplier<br />

<strong>le</strong>s rythmes d'investissement<br />

du secteur en Afrique par au moins<br />

3 pour l'eau potab<strong>le</strong> et 4 pour l'assainissement.<br />

En réalité, l'effort<br />

devrait être bien plus considérab<strong>le</strong><br />

encore, car même lorsqu'ils sont<br />

considérés comme desservis, la<br />

très grande majorité des quartiers<br />

des vil<strong>le</strong>s africaines ne bénéficient<br />

pas, en fait, d'un service digne de<br />

ce nom.<br />

Les services essentiels<br />

et <strong>le</strong>ur tarification<br />

Un approvisionnement en eau<br />

et une épuration corrects reviennent<br />

dans <strong>le</strong>s grands centres<br />

urbains des pays développés à<br />

quelques euros par mètre cube. Le<br />

principe qui domine aujourd'hui<br />

est celui d'une récupération des<br />

coûts de services (y compris éventuel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s coûts environnementaux<br />

induits) sur <strong>le</strong>s usagers<br />

qui en sont <strong>le</strong>s bénéficiaires. Cette<br />

logique repose sur la recherche<br />

d'une rationalisation des comportements<br />

des acteurs (politiques<br />

économes et gestion au moindre<br />

coût), en limitant la pression des<br />

prélèvements obligatoires indifférenciés<br />

en contrepartie d'un paiement<br />

des services publics.<br />

Beaucoup s'accordent aussi à<br />

reconnaître <strong>le</strong> caractère «essentiel»<br />

du service public d'eau et d'assainissement.<br />

Conditionnant<br />

directement la survie, ce dernier<br />

participe de fait à une sorte de<br />

noyau dur de services publics liés<br />

aux besoins vitaux, comme <strong>le</strong>s<br />

équipements de santé publique ou<br />

d'éducation. L'accès à l'eau est de<br />

plus en plus mis en avant comme


un droit fondamental : <strong>le</strong>s autorités<br />

politiques loca<strong>le</strong>s ont donc à créer<br />

<strong>le</strong>s conditions d'un accès à une eau<br />

de qualité satisfaisante et à instaurer<br />

parallè<strong>le</strong>ment un mode de gestion<br />

des rejets (assainissement,<br />

latrines…) pour l'ensemb<strong>le</strong> de la<br />

population, sans condition de ressources.<br />

Cela ne signifie bien sûr<br />

pas la gratuité de tels services, mais<br />

une tarification comportant <strong>le</strong>s<br />

péréquations et aides suffisantes<br />

pour être assumée par <strong>le</strong>s plus<br />

pauvres. La réalité la plus commune<br />

est que <strong>le</strong>s systèmes de tarification<br />

imposés étant en décalage<br />

avec <strong>le</strong>s ressources financières des<br />

usagers, ces services ne sont purement<br />

et simp<strong>le</strong>ment pas payés par<br />

ceux-ci. Une forme tolérée de<br />

dégradation des services publics<br />

répercute implicitement la charge<br />

sur <strong>le</strong>s contribuab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s autres<br />

usagers, directement ou indirectement,<br />

par une baisse de qualité :<br />

gestion, entretien, maintenance et<br />

renouvel<strong>le</strong>ment insuffisants des<br />

infrastructures, fuite et gâchis,<br />

absence de gestion de clientè<strong>le</strong>,<br />

fonctionnaires sous-payés et<br />

absents de <strong>le</strong>ur travail, petite prévarication<br />

au quotidien, passedroits<br />

; la spira<strong>le</strong> de la dégradation<br />

peut al<strong>le</strong>r très loin.<br />

Les énergies africaines se mobilisent<br />

et affichent actuel<strong>le</strong>ment une<br />

volonté nouvel<strong>le</strong> de progrès vers<br />

une meil<strong>le</strong>ure gouvernance, adaptée<br />

à chaque situation, et non pas<br />

imposée selon un modè<strong>le</strong> universel.<br />

Les acteurs internationaux<br />

reconnaissent, eux aussi, <strong>le</strong> caractère<br />

crucial de ces enjeux. La<br />

société civi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s<br />

débordent de bonne volonté,<br />

mais ne parviennent pas encore à<br />

sortir de l'expérimentation, parfois<br />

aventureuse. La tâche est excessive<br />

et <strong>le</strong>s conditions confortab<strong>le</strong>s d'un<br />

succès assuré sont loin d'être au<br />

rendez-vous. Les réticences compréhensib<strong>le</strong>s,<br />

mais lourdes de<br />

conséquences, des uns ou des<br />

autres peuvent suffire à rater celuici.<br />

Raisonnab<strong>le</strong>ment, il n'y a pourtant<br />

pas d'autre choix que de faire<br />

confiance ensemb<strong>le</strong> au processus<br />

en cours, en acceptant <strong>le</strong>s risques,<br />

en amplifiant <strong>le</strong>s moyens mobilisés<br />

et en travaillant en commun au<br />

succès, même partiel. C'est en tout<br />

cas aujourd'hui la plus sage des<br />

décisions<br />

Extrait du dossier «Les problématiques<br />

de l'eau», de Pierre-Alain<br />

Roche, in la revue Afrique contemporaine<br />

n°205, parue en janvier<br />

2003, éditée par l'Agence française de<br />

développement (AFD).


72<br />

Une journée avec…<br />

Une journée avec <strong>le</strong>s lignards<br />

Des hommes à la hauteur des pylônes<br />

Quand on a fini de consentir tous <strong>le</strong>s efforts financiers imaginab<strong>le</strong>s<br />

pour concrétiser <strong>le</strong> développement et fini de répertorier<br />

tous <strong>le</strong>s atouts à même de renforcer celui-ci, rien ne vaut un<br />

regard d'appréciation et une méditation sur l'humain ou plutôt<br />

sur ces hommes qui, dans l'ombre, veil<strong>le</strong>nt à ce que tous ces<br />

efforts et ces atouts ne soient pas vains. C'est <strong>le</strong> cas de ces professionnels<br />

de la haute tension, qu'on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s lignards, et qui<br />

sont toujours présents pour que <strong>le</strong> courant é<strong>le</strong>ctrique ne s'arrête<br />

jamais.<br />

déclinent <strong>le</strong> nom de<br />

<strong>le</strong>ur métier sous <strong>le</strong><br />

terme de câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>c-<br />

S'ils<br />

triques qu'ils surveil<strong>le</strong>nt<br />

en permanence, c'est que <strong>le</strong>ur<br />

vie et <strong>le</strong>ur métier vont jusqu'à se<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

confondre avec <strong>le</strong>s lignes. Dans<br />

<strong>le</strong>ur activité, la technique, aussi<br />

évoluée qu'el<strong>le</strong> puisse être, ne peut<br />

se passer des hommes. Certes, <strong>le</strong>s<br />

lignards sont formés et équipés en<br />

conséquence, mais au-delà de la<br />

condition de maîtrise et des compétences<br />

professionnel<strong>le</strong>s, il y a<br />

dans <strong>le</strong>urs actes quotidiens quelque<br />

chose qui tient de l'héroïsme<br />

car, certainement, même aussi<br />

bien équipés, ils ne sont pas nombreux<br />

ceux qui sont volontaires<br />

pour escalader <strong>le</strong>s pylônes et<br />

approcher des lignes à haute tension<br />

que parcourt un courant très<br />

puissant.<br />

Le théâtre des opérations est<br />

une exploitation agrico<strong>le</strong> non loin<br />

de Réghaïa. Ils sont là, se préparant<br />

à affronter la haute tension et on<br />

voit, à <strong>le</strong>urs gestes et à <strong>le</strong>urs attitudes,<br />

que ces actions relèvent d'une<br />

activité qui relève désormais du<br />

quotidien. Chez ces hommes, on<br />

ne voit nul<strong>le</strong> propension à la dramatisation<br />

de ce travail, nul<strong>le</strong> fanfaronnade<br />

et aucun sentiment de<br />

sou<strong>le</strong>ver des montagnes. Réunis en<br />

cerc<strong>le</strong>, comme pour un moment<br />

de méditation, ils reçoivent


La répartition des tâches, une phase primordia<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> travail sous tension<br />

<strong>le</strong>s dernières consignes. Au bout<br />

de ce court conciliabu<strong>le</strong>, chacun se<br />

voit attribué une mission précise.<br />

Les agents vont intervenir alors<br />

que <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s sont sous tension. Ce<br />

sont 255 000 volts qui parcourent<br />

<strong>le</strong>s lignes. Dans ce cas, la première<br />

mesure de sécurité, c'est bien <strong>le</strong><br />

respect des consignes et la coordination<br />

entre <strong>le</strong>s membres de<br />

l'équipe.<br />

La suite se laisse deviner. Les<br />

lignards, si bien nommés, vont à<br />

l'assaut d'un pylône, l'action devant<br />

se dérou<strong>le</strong>r à plus de 40 m audessus<br />

du sol. Cela pour accomplir<br />

un travail d'entretien courant : un<br />

changement de chaînes, ces isolateurs<br />

auxquels sont suspendus <strong>le</strong>s<br />

câb<strong>le</strong>s. Les anciennes chaînes en<br />

verre sont remplacées par des<br />

chaînes en matériau composite. A<br />

cause d'une météo défavorab<strong>le</strong>,<br />

l'intervention se fera à distance. Un<br />

euphémisme que ce vocab<strong>le</strong> d'intervention<br />

à distance. En fait,<br />

<strong>le</strong>s agents interviennent directement<br />

sur <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s en utilisant des<br />

perches qui <strong>le</strong>ur permettent de<br />

rester à une distance de sécurité de<br />

2 m. Une fois en phase de changement<br />

de la chaîne, on entend <strong>le</strong><br />

crépitement de l'é<strong>le</strong>ctricité à<br />

chaque fois que <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> sous tension<br />

est eff<strong>le</strong>uré par un outil. En<br />

dessous, tenus à bonne distance du<br />

périmètre de sécurité, soigneusement<br />

balisé, on ne peut qu'être<br />

admiratifs devant la dextérité et <strong>le</strong><br />

courage de ces hommes.<br />

En moins de 20 minutes, la<br />

chaîne est changée. Ces gestes,<br />

probab<strong>le</strong>ment d'une plate banalité<br />

à <strong>le</strong>urs yeux, et paradoxa<strong>le</strong>ment<br />

d'une dangerosité certaine,<br />

n'étaient <strong>le</strong>s mesures et <strong>le</strong>s consignes<br />

de sécurité, sont répétés des<br />

dizaines de fois par semaine. De<br />

toute évidence, ces hommes semb<strong>le</strong>nt<br />

s'adonner à l'escalade des<br />

pylônes comme d'autres vont au<br />

bureau ou se rendent à l'usine.<br />

Cette perception est due essentiel<strong>le</strong>ment<br />

au fait que <strong>le</strong>s opérations<br />

d'entretien sont programmées à<br />

l'avance et préparées sans stress<br />

particulier. Si, aujourd'hui, <strong>le</strong>s<br />

lignards interviennent sur des<br />

lignes de 255 000 volts, ils interviendront<br />

bientôt sur des lignes de<br />

400 000 volts, sur des pylônes qui<br />

culmineront à 70 mètres. Une<br />

perspective qui n'a pas l'air de <strong>le</strong>s<br />

intimider outre mesure. On peut<br />

se poser la question de savoir s'il<br />

faut consentir une intervention<br />

sous tension quand on sait qu'il est<br />

plus simp<strong>le</strong> de couper <strong>le</strong> courant <strong>le</strong><br />

temps d'un entretien ou d'une<br />

réparation. L'optimisation de la<br />

gestion des réseaux é<strong>le</strong>ctriques et<br />

<strong>le</strong>s normes en termes d'entretien<br />

des câb<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt qu'on ne coupe<br />

jamais <strong>le</strong> courant. Un niveau d'exigence<br />

auquel <strong>Sonelgaz</strong> est arrivée<br />

grâce à une politique de formation<br />

qui met ses agents aux standards<br />

internationaux <strong>le</strong>s plus récents.


74<br />

Une journée avec…<br />

Mais au-delà des opérations<br />

programmées, il y a <strong>le</strong>s urgences.<br />

Aujourd'hui, el<strong>le</strong>s sont imposées<br />

par des conditions climatiques<br />

particulières et <strong>le</strong>s intempéries.<br />

Parfois, des câb<strong>le</strong>s sont rompus à<br />

cause du vent ou de la neige, mais<br />

il faut absolument rétablir <strong>le</strong> courant.<br />

Ces interventions, qui mobilisent<br />

hommes et matériel, parfois<br />

durant de longues heures de la<br />

nuit, sont pénib<strong>le</strong>s, mais <strong>le</strong>s<br />

lignards sont conscients que <strong>le</strong>ur<br />

métier est particulier. Car il faut<br />

être armé de sacrées convictions et<br />

trouver de sérieuses motivations,<br />

lorsqu'on doit intervenir de nuit,<br />

affrontant <strong>le</strong> froid et la pluie, pour<br />

assurer aux autres l'éclairage et <strong>le</strong><br />

confort douil<strong>le</strong>t des appartements<br />

modernes. Les lignes à haute tension<br />

ne traversent pas tout <strong>le</strong><br />

temps des agglomérations paisib<strong>le</strong>s<br />

et, souvent, c'est dans <strong>le</strong>s<br />

contrées <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s d'accès<br />

et dans <strong>le</strong>s coins <strong>le</strong>s plus éloignés<br />

que <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s sont rompus.<br />

Pourtant, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s<br />

situations, chez <strong>le</strong>s lignards, on ne<br />

craint pas de mouil<strong>le</strong>r sa chemise<br />

quand la situation l'impose.<br />

Cela étant dit, <strong>le</strong>s interventions<br />

dans des conditions climatiques<br />

diffici<strong>le</strong>s sont certainement un<br />

moindre mal quand on sait que<br />

<strong>le</strong>s lignards ont été lourdement<br />

mis à contribution sur ce que <strong>le</strong>s<br />

tab<strong>le</strong>aux d'intervention désignent<br />

sous l'appellation d'ATS. Ces initia<strong>le</strong>s<br />

renvoient aux actes de sabotage<br />

qui ont touché <strong>le</strong>s infrastructures<br />

de <strong>Sonelgaz</strong> durant la tragédie<br />

nationa<strong>le</strong>. Plus que jamais, <strong>le</strong>s<br />

lignards ont été aux premiers rangs<br />

pour rétablir <strong>le</strong> courant, et ce des<br />

dizaines de fois dans <strong>le</strong>s délais<br />

<strong>le</strong>s plus courts possib<strong>le</strong>s et dans<br />

des conditions dangereuses. Une<br />

n° 6 - Mars 2007<br />

situation de gestion comp<strong>le</strong>xe qui<br />

devenait dramatique lorsque <strong>le</strong>s<br />

pylônes étaient eux-mêmes piégés.<br />

Des lignards ont perdu la vie sur<br />

des interventions, d'autres ont été<br />

b<strong>le</strong>ssés. Aujourd'hui, on tient toujours<br />

à rendre hommage à ces<br />

hommes qui ont, durant <strong>le</strong> milieu<br />

des années 1990, accompli, parfois<br />

au péril de <strong>le</strong>ur vie, <strong>le</strong>ur mission<br />

contre l'obscurité.<br />

Quant au travail quotidien des<br />

lignards, s'il peut avoir des allures<br />

moins chargées de prouesses, il<br />

n'en est pas moins méritoire. Car il<br />

s'agit d'un travail d'entretien indispensab<strong>le</strong><br />

pour la continuité du service.<br />

Près de Si Mustapha, une<br />

équipe de lignards s'affaire au<br />

changement et au lavage de chaînes<br />

hors tension, sur des pylônes<br />

plus petits et des câb<strong>le</strong>s qui ne<br />

transportent que 60 000 volts. Une<br />

réduction d'échel<strong>le</strong>, certes, mais<br />

c'est en fait sur ce genre de travaux<br />

que <strong>le</strong>s lignards sont <strong>le</strong> plus sollicités,<br />

puisque ces lignes sont plus<br />

nombreuses. Ce sont el<strong>le</strong>s qui partent<br />

des postes d'abaissement, distribuent<br />

<strong>le</strong> courant aux clients MT<br />

(moyenne tension) et alimentent<br />

<strong>le</strong>s agglomérations.<br />

Hormis cette scène bana<strong>le</strong> du<br />

travail quotidien, <strong>le</strong>s lignards sont<br />

toujours confrontés à une multitude<br />

de défis, parfois des plus inattendus.<br />

Une des problématiques à<br />

laquel<strong>le</strong> ils font face depuis des<br />

années, et qui persiste au jour d'aujourd'hui,<br />

ce sont <strong>le</strong>s nids de cigognes.<br />

Comme on <strong>le</strong> sait, cet oiseau<br />

migrateur apprécie <strong>le</strong>s situations<br />

en hauteur. Quel meil<strong>le</strong>ur point de<br />

vue peut avoir une cigogne sinon<br />

sur <strong>le</strong> faîte d'un pylône ? Les risques<br />

de pannes sont augmentés à<br />

cause de ces volati<strong>le</strong>s qui campent<br />

sur <strong>le</strong>s pylônes, causant des dégâts<br />

aux installations. Il faut faire<br />

preuve de trésors d'imagination<br />

pour en venir à bout. De véritab<strong>le</strong>s<br />

études dignes de naturalistes sont<br />

entreprises par <strong>le</strong>s lignards pour<br />

comprendre <strong>le</strong> comportement de<br />

l'oiseau et ensuite trouver l'idée qui<br />

gênera <strong>le</strong> plus son installation afin<br />

de l'éloigner des pylônes. La dernière<br />

trouvail<strong>le</strong> en date a été la<br />

transformation judicieuse des balises<br />

sphériques qui signa<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s<br />

câb<strong>le</strong>s à haute tension aux avions<br />

en empêcheurs de «nidifier en<br />

rond».<br />

Que ce soit contre <strong>le</strong>s pannes,<br />

<strong>le</strong> mauvais temps, la hauteur des<br />

pylônes, la haute tension ou<br />

encore <strong>le</strong>s cigognes opiniâtres, <strong>le</strong>s<br />

lignards, en équipes soudées,<br />

accomplissent, chaque jour, des<br />

missions dont l'importance autant<br />

que la dangerosité n'ont d'éga<strong>le</strong>s<br />

qu'une humilité qui s'affiche sur<br />

tous <strong>le</strong>s visages doublée d'une solidarité<br />

de groupe à l'épreuve des<br />

tâches péril<strong>le</strong>uses. C'est pour cela<br />

d'ail<strong>le</strong>urs qu'il n'y a pas un lignard,<br />

mais des lignards

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