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Editorial<br />
M. Noureddine Boutarfa<br />
P-DG du Groupe <strong>Sonelgaz</strong><br />
Au moment où notre engagement,<br />
dans une dynamique<br />
d'investissements à plusieurs<br />
tenants, prend sa vitesse de croisière,<br />
il était essentiel, pour avoir<br />
une grande visibilité prospective,<br />
que la stratégie de gestion globa<strong>le</strong><br />
de cette politique se fonde minutieusement<br />
sur des données maîtrisab<strong>le</strong>s<br />
et concrètes.<br />
Le temps des défis<br />
Il nous avait semblé essentiel, dans la précédente édition, de cerner la lancinante<br />
question des ressources humaines. Dans un contexte où nous nous félicitions<br />
du parachèvement du processus de restructuration du Groupe, nous ne pouvions<br />
faire l'économie de la réf<strong>le</strong>xion sur l'homme, acteur incontournab<strong>le</strong> et primordial<br />
dans toute entreprise. En puisant à la théorie actuel<strong>le</strong> sur la ressource humaine, la<br />
matière qui nous permettait de nous adapter aux mutations que vit l'Algérie et avec<br />
el<strong>le</strong> nos entreprises, nous nous étions tout particulièrement arrêtés sur des va<strong>le</strong>urs<br />
et des principes qui nous demeurent chers, mais éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>s à une<br />
bonne gestion : l'intégrité, l'équité, la culture du mérite, <strong>le</strong> sens des responsabilités<br />
et l'engagement. Nous sommes aujourd'hui convaincus que nous devons continuer<br />
de doter notre Groupe des compétences humaines qui répondent à ces critères,<br />
autant que nous devrons nous efforcer d'être, chacun à sa manière, des modè<strong>le</strong>s<br />
pour <strong>le</strong>s autres.<br />
C'est sur ces bases précieuses que nous capitalisons, aujourd'hui, pour aborder,<br />
non sans une conscience acquise des défis qui nous attendent, un dossier sur <strong>le</strong><br />
développement du gaz, <strong>le</strong>s perspectives qui s'ouvrent pour notre pays dans ce<br />
domaine et qui engagent <strong>Sonelgaz</strong> en tant qu'instrument de l'Etat dans la concrétisation<br />
d'une partie de sa politique énergétique. Permettre à la majorité d'accéder au<br />
gaz naturel, comme ce fut <strong>le</strong> cas de l'é<strong>le</strong>ctricité, n'apparaît plus uniquement comme<br />
un enjeu de moyen terme, il est de fait <strong>le</strong> pendant à une vision prospective lointaine<br />
qui répond à des impératifs économiques, environnementaux et humains en vue<br />
d'un développement durab<strong>le</strong>.<br />
Au moment où notre engagement, dans une dynamique d'investissements à<br />
plusieurs tenants, prend sa vitesse de croisière, il était essentiel, pour avoir une<br />
grande visibilité prospective, que la stratégie de gestion globa<strong>le</strong> de cette politique<br />
se fonde minutieusement sur des données maîtrisab<strong>le</strong>s et concrètes. Notre capacité<br />
d'adaptation à la compétition internationa<strong>le</strong>, que <strong>le</strong> parachèvement de la restructuration<br />
du Groupe permet d'envisager comme un objectif concret et atteignab<strong>le</strong>,<br />
nous permet aujourd'hui de penser que nous pouvons capitaliser <strong>le</strong>s moyens de nos<br />
ambitions. Outre <strong>le</strong>s directions qui gèrent <strong>le</strong>s métiers inhérents aux missions de<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, l'engineering, devenu désormais une structure à part du Groupe, apparaît<br />
aujourd'hui comme un pivot déterminant dans la dynamique que nous vivons.<br />
Il faut <strong>le</strong> préciser, nos ambitions puisent à une volonté de l'Etat plus que jamais<br />
affirmée, et aux efforts financiers qu'il consent, la confiance et la détermination<br />
d'al<strong>le</strong>r de l'avant et de mener à terme <strong>le</strong>s grands projets de développement qui engagent,<br />
plus que la crédibilité de notre Groupe, l'avenir de notre pays.<br />
Sur <strong>le</strong> plan de la budgétisation des dépenses et des investissements, notre<br />
Groupe, qui s'attache toujours à des enjeux d'équilibre, continuera d'allier autofinancement,<br />
contributions de l'Etat, crédits bancaires et appel à l'épargne publique.<br />
Cette période propice aux bilans, qui a d'ail<strong>le</strong>urs suscité de notre part des évaluations<br />
détaillées et chiffrées ayant fait l'objet d'une communication exhaustive, si el<strong>le</strong><br />
a <strong>le</strong> mérite de rasséréner nos institutions et nos partenaires, a éga<strong>le</strong>ment celui de<br />
nous permettre d'asseoir nos actions à venir sur la meil<strong>le</strong>ure perception de nos<br />
moyens et de nos performances. Cela en vue de la réussite de notre mission de service<br />
public, mais aussi en vue de la pérennisation économique de <strong>Sonelgaz</strong>.
6<br />
Si <strong>le</strong> développement du gaz<br />
naturel en tant qu'énergie<br />
propre est, dans <strong>le</strong> contexte<br />
mondial, l'instrument<br />
d'une stratégie environnementa<strong>le</strong><br />
communément perçue, il est en<br />
Algérie, outre cette priorité,<br />
l'objet d'une politique<br />
d'investissements à plusieurs<br />
tenants, avec pour objectifs<br />
la conquête de nouveaux<br />
marchés gaziers dans <strong>le</strong> monde,<br />
la mise à contribution du GN<br />
en tant que vecteur de progrès<br />
social et sa promotion comme<br />
énergie stratégique<br />
dans <strong>le</strong> développement<br />
de l'industrie.<br />
L’événement<br />
Budget 2007<br />
Une stratégie de financement et des attentes<br />
Bilan provisoire 2006<br />
Un exercice de transition<br />
Conférence généra<strong>le</strong> du Come<strong>le</strong>c<br />
Cap sur l'interconnexion des réseaux maghrébins<br />
3 e édition de la Semaine de l'énergie en Algérie<br />
A l'épreuve de l'économie mondia<strong>le</strong><br />
Sommaire<br />
20<br />
23<br />
Dossier<br />
Métiers<br />
Thermovision<br />
Une technique aux applications modernes<br />
Transmex<br />
Une flotte et des hommes<br />
33<br />
Programme national gaz<br />
Le pari du développement<br />
Perspectives de l'Algérie sur <strong>le</strong> marché du gaz naturel<br />
dans <strong>le</strong> monde : Sonatrach, un opérateur majeur<br />
Programme national gaz<br />
M. Saïdani, P-DG GRTG :<br />
«Toutes <strong>le</strong>s conditions sont réunies pour atteindre<br />
<strong>le</strong>s 48% à l'horizon 2009»<br />
Reportage Djelfa : quand l'énergie change la vie<br />
Transformation et valorisation du gaz naturel :<br />
un avenir prometteur pour l'industrie pétrochimique
25<br />
Interview<br />
M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun, Directeur général<br />
engineering : «L'engineering réunifié<br />
est un capital de compétences»<br />
Métier à part, l'engineering est en fait la jonction entre<br />
équipementiers ou constructeurs et <strong>le</strong> Groupe. M. Zoubir<br />
Bou<strong>le</strong>kroun a été nommé Directeur de cette structure nouvel<strong>le</strong><br />
en juin 2006. Il explique dans cet entretien <strong>le</strong>s conditions<br />
dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s a été créée cette entité, <strong>le</strong>s perspectives<br />
de son évolution et <strong>le</strong> sens qu'il donne aux missions<br />
qui lui sont assignées.<br />
53<br />
56<br />
59<br />
66<br />
72<br />
Proximité<br />
Travail de proximité : une démarche résolue<br />
et un défi quotidien<br />
Marchés et tendances<br />
Rencontre régiona<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> développement de l'énergie<br />
atomique à des fins pacifiques<br />
Les ambitions nucléaires de l'Afrique<br />
Enjeux et perspectives<br />
M. Hamid Aït Abderrahim, expert algéro-belge<br />
en é<strong>le</strong>ctronucléaire : «L'Algérie a toutes <strong>le</strong>s compétences<br />
humaines pour développer l'é<strong>le</strong>ctronucléaire»<br />
Société et développement<br />
Eau et développement durab<strong>le</strong><br />
Un enjeu vital pour <strong>le</strong> continent africain<br />
Une journée avec…<br />
Les lignards, des hommes à la hauteur des pylônes<br />
Noor éditée par <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong><br />
Direction Généra<strong>le</strong><br />
Dépôt légal : N° 1209-2005<br />
ISSN : 1112-623X<br />
2, bou<strong>le</strong>vard Krim-Belkacem, Alger<br />
Site web : www.sonelgaz.dz<br />
Directeur de la publication :<br />
M. Noureddine Boutarfa<br />
Responsab<strong>le</strong> de la structure Communication :<br />
M. Zoubir Djouabri<br />
Responsab<strong>le</strong> de la réalisation :<br />
M el<strong>le</strong> Khadoudja Ouadi<br />
Tél. : 021 72 26 70<br />
E-mail : k.ouadi@sonelgaz.dz<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
MM. R. Abdoun - Dj. Bouhachi - A. Choual -<br />
B. Diguer - M. Hanifi - A ek Laâlam – O. Maliou -<br />
B. Mehchem - A. Mettaï – T. Rahal.<br />
Conception et réalisation :<br />
La revue Noor<br />
est une publication trimestriel<strong>le</strong><br />
du Groupe <strong>Sonelgaz</strong>
6<br />
Evénement<br />
Budget 2007<br />
Une stratégie de financement et des attentes<br />
Créer de nouvel<strong>le</strong>s infrastructures énergétiques, renforcer<br />
<strong>le</strong> réseau de transport d'é<strong>le</strong>ctricité, développer <strong>le</strong> réseau gaz de<br />
vil<strong>le</strong>, alimenter <strong>le</strong> nouveau parc de logements construits par<br />
l'Etat… <strong>le</strong>s chapitres dans <strong>le</strong>squels <strong>Sonelgaz</strong> sera appelée à<br />
s'investir et, surtout, à investir sont sans aucun doute <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t<br />
de la dynamique insufflée au pays à travers <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s<br />
programmes de développement initiés depuis plus de cinq ans.<br />
Des programmes ambitieux qui ont un coût se chiffrant en<br />
dizaines de milliards de dinars et qui s'avèrent très engageants<br />
sur <strong>le</strong> plan financier. Les bilans sont là pour permettre des<br />
constats, établir des prévisions et par la même justifier<br />
la stratégie de financement.<br />
Le niveau des investissements<br />
prévus par <strong>le</strong> Groupe au titre de<br />
l'exercice 2007 s'élève à 115 milliards<br />
de dinars. Ce sont des dépenses<br />
que l'opérateur historique<br />
entend injecter dans un ambitieux<br />
programme de développement et<br />
renouvel<strong>le</strong>ment des infrastructures<br />
en relation avec ses métiers. Parce<br />
que la demande en é<strong>le</strong>ctricité augmente<br />
d'année en année, la part la<br />
plus importante de ces dépenses<br />
(60% environ) sera consacrée au<br />
développement de la capacité de<br />
production d'é<strong>le</strong>ctricité à travers la<br />
construction de nouvel<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s<br />
é<strong>le</strong>ctriques. Le reste est réparti<br />
dans la réalisation des projets<br />
lignes de transport d'é<strong>le</strong>ctricité,<br />
des réseaux de distribution et des<br />
infrastructures commercia<strong>le</strong>s,<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
entre autres. La dorsa<strong>le</strong> de 400<br />
kilovolts est un des grands projets<br />
inscrits dans <strong>le</strong> programme budgétisé<br />
de 2007. El<strong>le</strong> est appelée à<br />
améliorer la qualité du transport<br />
d'é<strong>le</strong>ctricité. El<strong>le</strong> vient, à ce dernier<br />
titre, consolider <strong>le</strong> réseau de transport<br />
existant. Outre ces projets,<br />
<strong>Sonelgaz</strong> doit faire face, durant<br />
l'exercice 2007, à l'alimentation en<br />
énergie des programmes de logements<br />
réceptionnés dans différentes<br />
régions.<br />
Pour financer ces projets de<br />
grande envergure, <strong>le</strong> Groupe allie<br />
autofinancement, contributions de<br />
l'Etat, crédits bancaires et appel à<br />
l'épargne publique. Aussi est-il<br />
prévu de lancer, en 2007, une<br />
deuxième opération d'appel à<br />
l'épargne publique qui devrait faire<br />
suite à l'expérience réussie en 2006<br />
et à travers laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> Groupe<br />
compte mobiliser 25 milliards de<br />
dinars.<br />
Il faut préciser, à ce titre, qu'il<br />
existe des projets où <strong>Sonelgaz</strong><br />
intervient à hauteur de 30% sur<br />
fonds propres, une proportion que<br />
<strong>le</strong> Groupe entend toujours assurer<br />
en permanence en tant que créateur<br />
de va<strong>le</strong>ur et partie prenante, à<br />
part entière, dans la dynamique de<br />
développement économique et<br />
social. L'utilisation du marché<br />
financier local a été une option<br />
intéressante que <strong>le</strong> Groupe continuera<br />
d'adopter pour <strong>le</strong>s années à<br />
venir. Il s'investit, en effet, dans<br />
une démarche éducative auprès<br />
des épargnants qu'il s'agit d'amener,<br />
à terme, à faire des arbitrages
objectifs entre <strong>le</strong> choix de consommer<br />
son épargne ou de faire un<br />
placement qui lui rapporte de la<br />
va<strong>le</strong>ur. L'enjeu, c'est de pouvoir<br />
communiquer avec <strong>le</strong>s épargnants<br />
dans la plus grande proximité.<br />
Ce n'est pas <strong>le</strong> moindre des atouts<br />
de <strong>Sonelgaz</strong>, qui a <strong>le</strong> privilège<br />
d'être une entité de proximité présente<br />
sur <strong>le</strong> territoire algérien et<br />
qui dessert pas moins de 28 millions<br />
d'Algériens. <strong>Sonelgaz</strong> est<br />
d'ores et déjà <strong>le</strong> plus grand utilisateur<br />
d'épargne nationa<strong>le</strong> et s'avère<br />
être éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> premier Groupe<br />
industriel qui fonctionne en tant<br />
que tel en Algérie. Une posture qui<br />
<strong>le</strong> met dans une situation exceptionnel<strong>le</strong><br />
par rapport à l'environnement<br />
national. En fait, si la<br />
couverture financière du programme<br />
de développement s'avère<br />
être une histoire récurrente pour<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, qui a déjà vécu une<br />
phase où l'investissement était<br />
supérieur à son chiffre d'affaires, la<br />
manière de couvrir ce développement,<br />
de puiser <strong>le</strong>s ressources et de<br />
créer de nouvel<strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>s de<br />
financement fait aujourd'hui que <strong>le</strong><br />
Groupe est effectivement dans une<br />
situation exceptionnel<strong>le</strong>.<br />
Le cas, à titre d'illustration, du<br />
raccordement au réseau de gaz<br />
naturel est très parlant. Pour une<br />
tel<strong>le</strong> entreprise, des investissements<br />
en amont sont nécessaires<br />
pour amener <strong>le</strong> gaz des gazoducs à<br />
l'entrée des localités. Il s'agit d'un<br />
effort de financement qui se chiffre<br />
en milliards de dinars, mais qui<br />
n'est ni moins urgent ni moins<br />
prioritaire que <strong>le</strong>s autres projets,<br />
notamment de centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques.<br />
Le besoin créant la réf<strong>le</strong>xion,<br />
et face à une situation de rareté des<br />
ressources en rapport avec l'envergure<br />
des investissements présents<br />
et à venir, des solutions ont été<br />
imaginées et mises en œuvre, mais<br />
<strong>le</strong> défi s'avère permanent.<br />
En fait, même si la structuration<br />
des prévisions financières s'est<br />
Il s'agit d'un effort de financement qui se<br />
chiffre en milliards de dinars, mais qui<br />
n'est ni moins urgent ni moins prioritaire<br />
que <strong>le</strong>s autres projets, notamment de<br />
centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques.<br />
faite en évacuant la donne relative<br />
à la révision à la hausse des tarifs<br />
d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz, on n'en<br />
pense pas moins à <strong>Sonelgaz</strong> que <strong>le</strong><br />
fait de maintenir ces tarifs à un<br />
niveau administré ne permet pas<br />
d'é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> chiffre d'affaires du<br />
Groupe à la hauteur des coûts de
8<br />
Evénement<br />
production et des investissements<br />
consentis aujourd'hui.<br />
Faut-il augmenter ces tarifs<br />
pour ces raisons ? La question<br />
reste pendante et la décision relève<br />
de la seu<strong>le</strong> volonté de l'Etat qui dispose,<br />
à travers la CREG, d'une<br />
capacité de régulation dont <strong>le</strong><br />
propre, entre autres, est de veil<strong>le</strong>r<br />
à maintenir l'équilibre entre l'offre<br />
et la demande sur <strong>le</strong> marché de<br />
l'énergie. Les tarifs actuels ont<br />
cependant des incidences sur la<br />
situation financière du Groupe. Le<br />
chiffre d'affaires que dégage<br />
<strong>Sonelgaz</strong> augmente annuel<strong>le</strong>ment<br />
de 8%, alors que <strong>le</strong>s dépenses,<br />
notamment pour l'année 2007,<br />
marquent un relèvement de 17,5%,<br />
soit deux fois plus que la proportion<br />
d'augmentation du chiffre<br />
d'affaires.<br />
L'opérateur historique fait face<br />
éga<strong>le</strong>ment à une autre problématique,<br />
à savoir cel<strong>le</strong> de la récupération<br />
des créances qu'il détient sur<br />
des sociétés, des administrations,<br />
d'autres organismes et <strong>le</strong>s particuliers.<br />
C'est une question à laquel<strong>le</strong><br />
on s'attel<strong>le</strong> en vue de solutions<br />
optima<strong>le</strong>s. L'enveloppe consacrée à<br />
la refondation de la fonction commercia<strong>le</strong>,<br />
notamment à travers la<br />
réappropriation de la relève,<br />
atteste, à juste titre, de la volonté<br />
de l'entreprise d'avancer sur ce<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
chapitre et d'améliorer <strong>le</strong>s recouvrements<br />
au niveau des ménages.<br />
Autre fait problématique et source<br />
de déficit, ces particuliers qui s'alimentent<br />
fraudu<strong>le</strong>usement en é<strong>le</strong>c-<br />
tricité. Une pratique dont <strong>Sonelgaz</strong><br />
ne peut gérer <strong>le</strong>s coûts sans incidences<br />
financières réel<strong>le</strong>s, cela<br />
sans oublier <strong>le</strong>s effets induits sur<br />
<strong>le</strong>s abonnés qui doivent supporter,<br />
en partie, cette facture et qui<br />
encourent <strong>le</strong> risque probab<strong>le</strong> de<br />
coupures récurrentes.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, engagé de plainpied<br />
dans un processus de<br />
construction et de développement<br />
du Groupe, <strong>Sonelgaz</strong> tab<strong>le</strong> sur 4 à<br />
5 ans pour mener à terme une tel<strong>le</strong><br />
entreprise. Avec une politique de<br />
recrutement sans précédent, qui a<br />
déjà permis d'intégrer 2 500 nouvel<strong>le</strong>s<br />
recrues en 2006 et qui<br />
devrait se renforcer en 2007 avec<br />
près de 4 000 nouveaux employés<br />
Dans tous <strong>le</strong>s cas, une donne<br />
fondamenta<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> guider<br />
la démarche stratégique de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> : devant un programme<br />
de développement très important,<br />
<strong>le</strong> pari consiste à trouver, en permanence,<br />
des sources de financements<br />
qui frô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s 8 milliards de<br />
dollars. Des fonds qui ne sont pas<br />
tributaires de la seu<strong>le</strong> augmentation<br />
des tarifs d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz<br />
et encore moins de la résorption<br />
des déficits induits par <strong>le</strong> nonrecouvrement<br />
et la fraude.<br />
Cela dit, <strong>le</strong> Groupe estime pouvoir<br />
réaliser un équilibre financier<br />
grâce à un relèvement raisonnab<strong>le</strong><br />
Dans tous <strong>le</strong>s cas, une donne fondamenta<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> guider<br />
la démarche stratégique de <strong>Sonelgaz</strong> : devant un programme<br />
de développement très important, <strong>le</strong> pari consiste à trouver,<br />
en permanence, des sources de financements qui frô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s<br />
8 milliards de dollars.<br />
des tarifs qui viendrait appuyer<br />
une politique de récupération de<br />
l'épargne et d'appel aux financements<br />
multip<strong>le</strong>s
Bilan provisoire 2006<br />
Un exercice de transition<br />
<strong>Sonelgaz</strong> a clos 2006 sur un maintien de l'équilibre de ses principaux<br />
indicateurs. Le Groupe, qui est en phase d'achèvement<br />
de sa restructuration a, globa<strong>le</strong>ment, bien négocié durant cet<br />
exercice <strong>le</strong>s défis posés par <strong>le</strong>s transformations.<br />
Comparativement à<br />
2005, <strong>le</strong>s résultats de<br />
l'exercice 2006, dans<br />
ses points fondamentaux,<br />
sont marqués du sceau de la<br />
continuité et de l'amélioration des<br />
différents indicateurs du Groupe.<br />
Le chiffre d'affaires provisoire<br />
indique une forte hausse : 126 605<br />
millions de dinars (dont 109 608<br />
millions sont générés par <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s<br />
de distribution), soit 15% de<br />
plus que celui de 2005. Cette<br />
hausse est à attribuer, principa<strong>le</strong>ment,<br />
à 'intégration des chiffres<br />
d'affaires des filia<strong>le</strong>s travaux et à<br />
l'augmentation des tarifs d'é<strong>le</strong>ctricité,<br />
intervenue vers <strong>le</strong> dernier<br />
trimestre 2005.<br />
Pris par branche énergétique, <strong>le</strong><br />
segment é<strong>le</strong>ctricité a participé à<br />
hauteur de 94 522 millions dans <strong>le</strong><br />
chiffre d'affaires, soit un bond positif<br />
de 15% par rapport à l'exercice<br />
2005. Ce montant est constitué de<br />
13 441 millions des recettes générées<br />
auprès des clients haute<br />
tension (vente de 6 182 millions<br />
KWh), de 28 475 millions dinars<br />
des recettes auprès des clients en<br />
moyenne tension et de pas moins<br />
de 52 606 millions de dinars auprès<br />
des clients de basse tension.
10<br />
Evénement<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Répartition de la trésorerie 2006<br />
Répartition des créances (exigib<strong>le</strong>s) 2006<br />
Répartition des dettes 2006<br />
En longueur réseaux et grâce aux<br />
investissements consentis, <strong>le</strong><br />
Groupe a gagné durant cet exercice<br />
1,3% en lignes supplémentaires.<br />
La haute tension a gagné ainsi<br />
16 964 km par rapport à 2005. En<br />
ce qui concerne <strong>le</strong>s réseaux<br />
moyenne et basse tension, ceux-ci<br />
regroupent quelque 143 500 km de<br />
réseaux à fin 2006, soit une évolution<br />
respective de 3% et 8%.<br />
Durant l'exercice 2006, plus de<br />
245 000 nouveaux clients ont été<br />
raccordés au réseau dont 1 388 en<br />
haute tension, 1 388 en moyenne<br />
tension et 243 624 en basse tension.<br />
Le Groupe a produit, via sa<br />
filia<strong>le</strong> SPE, 28 880 millions de<br />
KWH, soit 82,5% de la production<br />
globa<strong>le</strong>. Les producteurs tiers avec<br />
<strong>le</strong>squels il est en synergie ont<br />
produit 6 127 millions de KWH,<br />
soit 17% de la production globa<strong>le</strong>.<br />
La capacité installée, de l’ordre<br />
de 7 922 MW par rapport à une<br />
puissance maxima<strong>le</strong> appelée de<br />
6057 MW, sera prochainement<br />
renforcée avec la mise en<br />
service des nouvel<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s<br />
é<strong>le</strong>ctriques en cours de réalisation,<br />
de construction, à l'instar de cel<strong>le</strong><br />
de Berrouaghia et de Hadjret<br />
Ennouss.<br />
S'agissant du segment gaz, sa<br />
commercialisation durant l'exercice<br />
2006 a permis d'enregistrer un<br />
chiffre d'affaires de plus de 15 086<br />
millions de dinars, soit une hausse<br />
de 11,4% par rapport à 2005. Les<br />
recettes gaz sont composées des<br />
ventes aux clients haute pression<br />
(21 736 millions de thermies), à<br />
ceux de la moyenne pression<br />
(4 917 millions de thermies) et de<br />
la basse pression (31 877 millions<br />
de thermies). Avec un nombre<br />
de clients gaz qui se situe à plus<br />
de 2 206 941, en 2006, <strong>le</strong> Groupe
a enregistré une croissance de 9,4%<br />
par rapport à l'année 2005. Par<br />
niveau de pression, <strong>le</strong>s nouveaux<br />
clients se chiffrent à : 3 pour la<br />
haute pression, 196 pour la<br />
moyenne pression et 189 814 pour<br />
la basse pression. Cette hausse est<br />
due essentiel<strong>le</strong>ment à l'état d'avancement<br />
du programme national<br />
gaz qui a permis une progression<br />
substantiel<strong>le</strong> de 13,8% du réseau<br />
Structure des emplois en 2006<br />
par rapport à 2005. Le réseau gaz a,<br />
en effet, atteint 6 656 km pour la<br />
HP, 33 914 km pour la MT. Quant<br />
au réseau de basse tension, ce<br />
dernier a gagné 145 km, cela en<br />
tenant compte de la concession des<br />
anciens réseaux basse pression au<br />
profit de moyenne pression.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, on mentionnera<br />
comme élément important la<br />
capacité de recrutement du<br />
Groupe. <strong>Sonelgaz</strong> a, en effet, vu, en<br />
2006, son effectif actif global<br />
atteindre <strong>le</strong>s 28 446 employés, ce<br />
qui représente un bond de 7,9%<br />
par rapport à 2005. Les filia<strong>le</strong>s<br />
métiers s'avèrent être de grandes<br />
pourvoyeuses d'emplois et mobilisent,<br />
à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s, quelque 20 646<br />
agents, plus de 9,1% en comparaison<br />
à 2005. El<strong>le</strong>s sont suivies par<br />
<strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s travaux (3 403 agents) et<br />
<strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s périphériques (2 747<br />
employés). La maison mère, quant<br />
à el<strong>le</strong>, emploie 1 549 personnes à<br />
fin 2006<br />
2006 06/05 (%)<br />
Haute Tension 2003 13 441 17,6<br />
Moyenne Tension 28 475 19,5<br />
Bassse Tension 52 606 13,2<br />
TOTAL 94 522 15,7<br />
Recettes é<strong>le</strong>ctricité (millions de dinars)<br />
2006 06/05 (%)<br />
Haute pression 3 554,9 14,9<br />
Moyenne pression 1 637,8 14<br />
Bassse pression 9 893,5 9,9<br />
TOTAL 15 086,2 11,5<br />
Recettes gaz (millions de dinars)
12<br />
Evénement<br />
Conférence généra<strong>le</strong> du Come<strong>le</strong>c<br />
Cap sur l'interconnexion des réseaux maghrébins<br />
La troisième conférence généra<strong>le</strong> du Comité maghrébin<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité (Come<strong>le</strong>c) s'est tenue <strong>le</strong>s 14 et 15 novembre de<br />
l'année écoulée à Alger. El<strong>le</strong> a été organisée sous <strong>le</strong> thème<br />
«Le service public dans <strong>le</strong> cadre d'un marché libéralisé»,<br />
<strong>le</strong>s cinq pays du Maghreb ambitionnant de créer un marché<br />
commun de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />
L’ordre du jour consistait<br />
dans une réévaluation<br />
du plan d'action et du<br />
bilan des activités des<br />
commissions du Come<strong>le</strong>c depuis<br />
la deuxième conférence tenue, en<br />
1999, au Maroc. El<strong>le</strong> a permis de<br />
tracer <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s perspectives de<br />
l'organisation. Outre <strong>le</strong>s délégués<br />
de l'Algérie, de la Tunisie, du<br />
Maroc, de la Libye et de la<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Mauritanie, cette conférence a<br />
réuni des représentants des<br />
sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité française<br />
(EDF), espagno<strong>le</strong> (Red E<strong>le</strong>ctrica) et<br />
italienne (Enel), ainsi que des délégués<br />
de l'Observatoire méditerranéen<br />
de l'Energie (OME). Les<br />
débats se sont focalisés sur des<br />
questions liées à la nécessité d'un<br />
système d'information dans un<br />
marché libéralisé, sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de<br />
l'interconnexion maghrébine dans<br />
l'amélioration de la qualité et dans<br />
la réduction des coûts et, enfin, sur<br />
l'expérience des entreprises maghrébines<br />
en matière de restructuration<br />
du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />
Dans l'allocution qu'il a faite à l'ouverture<br />
de cette conférence, <strong>le</strong><br />
ministre de l'Energie et des Mines,<br />
M. Chakib Khelil a souligné que<br />
cette rencontre «intervient à un
moment où l'Algérie, <strong>le</strong> Maroc et<br />
la Tunisie viennent de s'engager<br />
dans un vaste projet régional de<br />
coopération dans <strong>le</strong> domaine de<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité, avec la participation et<br />
l'assistance de la Commission<br />
européenne, dans <strong>le</strong> cadre du protoco<strong>le</strong><br />
de coopération signé à<br />
Rome, en décembre 2003, lors de<br />
la Conférence euro-méditerranéenne<br />
des ministres de l'Energie».<br />
M. Chakib Khelil a, par ail<strong>le</strong>urs,<br />
rappelé que <strong>le</strong> taux de croissance<br />
annuel de la demande en gaz et<br />
é<strong>le</strong>ctricité en Algérie avoisine<br />
chaque année <strong>le</strong>s 7%. Une forte<br />
croissance que <strong>le</strong> premier respon-<br />
sab<strong>le</strong> du secteur attribue à «la<br />
croissance économique, l'amélioration<br />
du niveau de vie du citoyen<br />
et au retour de la sécurité». Au<br />
titre d'adaptation à cette croissance<br />
de la demande, M. Khelil<br />
préconise <strong>le</strong> lancement simultané<br />
de plusieurs projets nouveaux tels<br />
ceux consistant à la réhabilitation<br />
des infrastructures, l'amélioration<br />
de la qualité de service, la création<br />
des réseaux vers <strong>le</strong>s endroits <strong>le</strong>s<br />
plus reculés du pays, la satisfaction<br />
des clients industriels de plus en<br />
plus nombreux et <strong>le</strong> recours aux<br />
économies d'énergies. Pour ce<br />
faire, un plan d'action d'une<br />
amp<strong>le</strong>ur considérab<strong>le</strong>, devant s'éta<strong>le</strong>r<br />
sur cinq années et mobilisant des<br />
fonds qui dépassent <strong>le</strong>s 5 milliards<br />
de dollars, a été mis en œuvre par<br />
<strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, comportant<br />
une multitude de projets énergétiques.<br />
La préparation, <strong>le</strong> lancement,<br />
<strong>le</strong> suivi et la réalisation d'un tel<br />
plan d'action, dans un contexte de<br />
profonde réforme, constituent des<br />
défis que <strong>Sonelgaz</strong> et ses partenaires<br />
sont prêts à re<strong>le</strong>ver.<br />
Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> taux d'é<strong>le</strong>ctrification<br />
en Algérie avoisine <strong>le</strong>s 97% et<br />
<strong>le</strong> taux de pénétration du gaz a<br />
atteint <strong>le</strong> niveau de 37%, hissant<br />
ainsi notre pays au niveau des<br />
nations <strong>le</strong>s mieux pourvues en<br />
matière de distribution du gaz.<br />
Ce passage en revue des avancées<br />
algériennes en matière d'alimentation<br />
en gaz et en é<strong>le</strong>ctricité a<br />
permis à l'orateur de rappe<strong>le</strong>r que<br />
l'Algérie a lancé depuis de nombreuses<br />
années de vastes programmes<br />
d'é<strong>le</strong>ctrification rura<strong>le</strong> et de<br />
distribution publique du gaz. Dans<br />
cette lancée, <strong>le</strong> ministre de l'Energie<br />
et des Mines n'a pas manqué de s'arrêter<br />
sur <strong>le</strong>s réformes en cours que<br />
l'Algérie a engagées dans <strong>le</strong> secteur<br />
de l'énergie de manière généra<strong>le</strong>. Ce<br />
processus vise à mettre un terme<br />
«au monopo<strong>le</strong> de l'Etat et à instaurer<br />
la concurrence» au niveau de la<br />
production et de la distribution<br />
dans <strong>le</strong> domaine de l'énergie. Au<br />
sujet du Come<strong>le</strong>c, M. Chakib Khelil<br />
a mis l'accent sur un ensemb<strong>le</strong> de<br />
points s'inscrivant dans <strong>le</strong>s perspectives<br />
futures de cette organisation,<br />
tels la coordination des<br />
moyens d'équipement et de formation<br />
professionnel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> suivi de<br />
l'interconnexion des réseaux et la<br />
promotion de l'intégration industriel<strong>le</strong><br />
des pays du Maghreb. Il a<br />
qualifié cette troisième édition<br />
d'«évènement majeur, de rencontre<br />
opportune» intervenant dans un<br />
contexte où <strong>le</strong> secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
a connu, sur la plan international,<br />
«des déboires multip<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s<br />
nombreux et retentissants blackout<br />
et pannes généra<strong>le</strong>s» un peu<br />
Pour sa part, <strong>le</strong> Président-Directeur général du Groupe<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, M. Noureddine Boutarfa, a affirmé que l'Algérie est<br />
en mesure d'«exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité vers l'Europe», ajoutant<br />
que <strong>le</strong> «programme algérien d'interconnexion de l'é<strong>le</strong>ctricité est<br />
ambitieux», que plusieurs projets ont été réalisés jusque-là,<br />
alors que d'autres sont en cours de réalisation ou à l'étude.<br />
partout dans <strong>le</strong> monde. Le même<br />
intervenant a affiché sa p<strong>le</strong>ine<br />
conviction quant à la précieuse utilité<br />
de «l'expérience algérienne<br />
pour ses partenaires». Et d'expliquer,<br />
à la lumière des changements<br />
importants que connaît <strong>le</strong> secteur<br />
aux niveaux législatif et organisationnel,<br />
que «notre vision et notre<br />
expérience dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s'affrontent<br />
<strong>le</strong> service public et <strong>le</strong><br />
marché libéralisé intéresseront,<br />
sans aucun doute, nos hôtes»<br />
maghrébins et européens. Le<br />
ministre de l'Energie a éga<strong>le</strong>ment<br />
re<strong>le</strong>vé <strong>le</strong> fait que chaque pays<br />
membre du Come<strong>le</strong>c «a déjà prévu<br />
un vaste programme de développement<br />
de son réseau» de transport
14<br />
Evénement<br />
d'é<strong>le</strong>ctricité en vue de renforcer la<br />
fiabilité et la sécurité de son fonctionnement<br />
et d'augmenter <strong>le</strong>s<br />
échanges tant avec <strong>le</strong>s pays voisins<br />
du continent africain qu'avec ceux<br />
de la rive nord de la Méditerranée.<br />
Pour sa part, <strong>le</strong> P-DG du<br />
Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, M. Noureddine<br />
Boutarfa, a affirmé que l'Algérie est<br />
en mesure d'«exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
vers l'Europe», ajoutant que <strong>le</strong><br />
«programme algérien d'interconnexion<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité est ambitieux»,<br />
que plusieurs projets ont<br />
été réalisés jusque-là, alors que<br />
d'autres sont en cours de réalisation<br />
ou à l'étude. Au sujet de l'interconnexion<br />
intermaghrébine,<br />
M. Boutarfa a indiqué que «<strong>le</strong><br />
marché maghrébin sera renforcé<br />
par de nouveaux projets». Un<br />
projet , celui de l’artère Est-Ouest<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
de 400 KV, qui permettra l’interconnexion<br />
entre l’Algérie et <strong>le</strong><br />
Maroc, d’une part, et d’autre part<br />
entre l’Algérie et la Tunisie. Un<br />
autre projet est actuel<strong>le</strong>ment à<br />
l’étude, qui consiste dans la réalisation<br />
d’un câb<strong>le</strong> sous-marin<br />
reliant directement l’Algérie à<br />
l’Espagne.<br />
Ces projets seront renforcés<br />
par plusieurs autres reliant<br />
l'Algérie aux cinq pays du<br />
Maghreb. L'entrée en service du<br />
projet de Hadjret Ennouss qui desservira<br />
l'est et l'ouest du pays,<br />
prévue en 2008, permettra, el<strong>le</strong>,<br />
«une interconnexion intermaghrébine<br />
encore plus dense», a affirmé<br />
Le Come<strong>le</strong>c a été créé par l'UMA en 1989. Cependant, <strong>le</strong>s échanges<br />
entre <strong>le</strong>s entreprises remontent aux années cinquante. Le<br />
fonctionnement des premières interconnexions a permis aux<br />
trois entreprises partenaires (Algérie, Maroc et Tunisie) une<br />
meil<strong>le</strong>ure sûreté de fonctionnement du réseau et une réduction<br />
sensib<strong>le</strong> d'exploitation bien que <strong>le</strong> volume des échanges soit très<br />
minime. Ces échanges ont surtout permis aux pays du Maghreb<br />
de développer des relations étroites de travail et de coopération.<br />
Le Come<strong>le</strong>c réunit, au titre d'un accord préliminaire entre <strong>le</strong>s<br />
sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité et de gaz, <strong>le</strong>s trois pays du Maghreb. Son<br />
élargissement à la Libye et à la Mauritanie, deux pays qui rejoignent<br />
l'Algérie, <strong>le</strong> Maroc et la Tunisie, s'est effectué en vertu du<br />
traité de Marrakech qui a consacré l'institutionnalisation de<br />
l'UMA. Le Come<strong>le</strong>c regroupe <strong>le</strong>s entreprises maghrébines :<br />
<strong>Sonelgaz</strong> (Algérie), Steg (Tunisie), l'ONE (Maroc), Some<strong>le</strong>c<br />
(Mauritanie) et Gecol (Libye). Il s'intéresse aux questions du<br />
développement du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité dans la sous-région<br />
maghrébine et se donne un objectif central, à savoir la promotion<br />
des réseaux d'échange régulier des informations entre ses membres,<br />
la coordination des programmes de formation professionnel<strong>le</strong>,<br />
la prise en charge du suivi de l'interconnexion des réseaux<br />
et <strong>le</strong> développement de l'intégration industriel<strong>le</strong> des pays<br />
maghrébins<br />
<strong>le</strong> P-DG de <strong>Sonelgaz</strong>. Cet ensemb<strong>le</strong><br />
de projets devrait permettre à<br />
l'Algérie d'exporter de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
vers l'ensemb<strong>le</strong> des pays de l'Union<br />
maghrébine, ce qui nécessitera,<br />
bien sûr, d'importants investissements.<br />
M. Noureddine Boutarfa a,<br />
à ce dernier titre, tenu à souligner<br />
que tous <strong>le</strong>s pays maghrébins font<br />
face à des programmes «d'investissements<br />
importants» avec, en<br />
perspective, l'émergence de marchés<br />
maghrébin et euro-méditerranéen<br />
pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s projets<br />
d'interconnexion des réseaux é<strong>le</strong>ctriques<br />
«sont en partie en cours de<br />
réalisation». Et l'intervenant d'estimer,<br />
en outre, que <strong>le</strong> thème choisi<br />
pour cette troisième conférence du<br />
Come<strong>le</strong>c met en évidence l'«enjeu<br />
capital et stratégique» pour <strong>le</strong>s<br />
compagnies d'é<strong>le</strong>ctricité, dans la<br />
mesure où <strong>le</strong>s pouvoirs publics et<br />
<strong>le</strong>s sociétés d'é<strong>le</strong>ctricité ont la<br />
«lourde responsabilité», en compagnie<br />
d'autres acteurs, de satisfaire<br />
<strong>le</strong> marché national et de<br />
promouvoir l'amélioration de la<br />
qualité du service public
3 e édition de la Semaine de l'énergie<br />
en Algérie<br />
A l'épreuve de l'économie mondia<strong>le</strong><br />
La troisième édition de la Semaine de l'énergie en Algérie (SEA3)<br />
est intervenue dans <strong>le</strong> contexte très significatif du parachèvement<br />
de la restructuration du secteur de l'énergie et des mines,<br />
caractérisée, entre autres, par la promulgation de nouvel<strong>le</strong>s lois<br />
sur <strong>le</strong>s hydrocarbures, <strong>le</strong>s mines et l'é<strong>le</strong>ctricité. Un événement<br />
dont <strong>le</strong> thème «Les réformes : stratégies, opportunités, innovations»,<br />
donnait d'emblée <strong>le</strong> ton au passage à une étape nouvel<strong>le</strong><br />
marquée par l'engagement dans une ère de défis, et marquait, de<br />
fait, de par son approche moderniste, un engagement de plainpied<br />
des entreprises du secteur dans la compétition économique<br />
mondia<strong>le</strong>, à un moment où l'Algérie focalise l'intérêt international<br />
en tant que marché émergent, mais éga<strong>le</strong>ment en tant<br />
qu'acteur international de l'énergie.
16<br />
Evénement<br />
Cette place et ce rô<strong>le</strong>, de<br />
plus en plus importants,<br />
de notre pays<br />
sur la scène énergétique<br />
mondia<strong>le</strong>, à l'interne comme à<br />
l'international, <strong>le</strong> premier responsab<strong>le</strong><br />
du secteur de l'énergie et des<br />
mines, M. Chakib Khelil, n'a pas<br />
manqué d'en évoquer <strong>le</strong>s étapes et<br />
<strong>le</strong>s enjeux, dans son discours inaugural<br />
à la cérémonie d'ouverture de<br />
la SEA3. Dans ce contexte de<br />
mutations majeures, cet évènement<br />
prend une dimension internationa<strong>le</strong><br />
alors que sa notoriété, à<br />
l'aune de la qualité de la participation<br />
et des intervenants, est bel et<br />
bien établie. A ce titre, M. Chakib<br />
Khelil a mis en exergue la diversité<br />
et la richesse de cette manifestation<br />
qui «nous donne l'opportunité<br />
de rassemb<strong>le</strong>r, en un même lieu<br />
et au même moment, trois<br />
événements interdépendants : <strong>le</strong>s<br />
Septièmes journées scientifiques<br />
et techniques, la Troisième<br />
Exposition internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong><br />
pétro<strong>le</strong> et <strong>le</strong> gaz, et la Cinquième<br />
Conférence stratégique internationa<strong>le</strong><br />
sur <strong>le</strong>s opportunités d'investissement<br />
dans <strong>le</strong> secteur de<br />
l'énergie et des mines en Algérie».<br />
Le ministre de l'Energie et des<br />
Mines a éga<strong>le</strong>ment attiré l'attention<br />
sur <strong>le</strong> fait que la SEA a vocation<br />
de consolider et de renforcer<br />
<strong>le</strong>s liens qu'entretiennent <strong>le</strong>s<br />
Groupes Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong><br />
avec <strong>le</strong>urs partenaires étrangers.<br />
Une manière, pour l'orateur, de<br />
signifier que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dispositions<br />
législatives qui régu<strong>le</strong>nt<br />
<strong>le</strong> fonctionnement du secteur<br />
n'entravent en rien <strong>le</strong>s élans d'ouverture<br />
de l'Algérie à l'économie<br />
de marché. Bien au contraire, «si<br />
la construction d'une industrie<br />
pétrolière a constitué, dans <strong>le</strong><br />
n° 6 - Mars 2007<br />
passé, un défi pour notre pays,<br />
l'heure est à la compétitivité dans<br />
un environnement de plus en plus<br />
exigeant en termes de qualité et de<br />
prix», devait préciser M. Khelil.<br />
La Conférence stratégique<br />
internationa<strong>le</strong>-CSI5<br />
La cérémonie d'ouverture de la<br />
CSI5 a été l'espace de deux interventions<br />
de qualité qui ont permis<br />
d'énoncer, des deux côtés de la<br />
Méditerranée, <strong>le</strong>s enjeux d'un partenariat<br />
stratégique entre l'Algérie<br />
et l'Europe. M. Chakib Khelil<br />
comme M. Andris Pielbags,<br />
Commissaire européen à l'énergie,<br />
ont passé en revue <strong>le</strong>s raisons<br />
respectives qui plaident, d'une<br />
part, pour l'investissement dans <strong>le</strong><br />
secteur de l'énergie et des mines et<br />
en Algérie, et qui rendent, d'autre<br />
part, nécessaire et mutuel<strong>le</strong>ment<br />
profitab<strong>le</strong> un partenariat stratégique<br />
entre notre pays et l'Union<br />
européenne. C'est dans cette perspective<br />
que <strong>le</strong> ministre de l'Energie<br />
et des Mines a tenu à préciser que<br />
«<strong>le</strong> partenariat alliant l'investissement<br />
national aux investissements<br />
directs étrangers (IDE) est un<br />
facteur déterminant de notre stratégie<br />
de croissance qui commence<br />
déjà à porter ses fruits en matière<br />
d'investissements productifs en<br />
particulier». M. Pielbags, pour sa<br />
part, a abondé dans <strong>le</strong> sens d'une<br />
mise en exergue des opportunités<br />
présentes et futures qui justifient<br />
et donnent toute sa raison d'être à<br />
un partenariat énergétique stratégique<br />
entre l'UE et l'Algérie. Pour <strong>le</strong><br />
Commissaire européen à l'énergie,<br />
«il existe un énorme potentiel pour<br />
<strong>le</strong> développement des relations<br />
énergétiques entre l'UE en tant que<br />
plus grand marché mondial intégré<br />
de l'énergie et l'Algérie en tant que<br />
l'un des plus grands producteurs<br />
d'énergie». Le même intervenant,<br />
comme pour faire écho à son<br />
homologue algérien, n'a pas<br />
manqué de noter qu'«il y a un<br />
besoin en investissement dans ce<br />
pays, dans <strong>le</strong>s années à venir, pour<br />
augmenter la capacité de production<br />
et d'exportation des hydrocarbures<br />
et pour promouvoir <strong>le</strong>s infrastructures<br />
de transport d'énergie. Il y a<br />
éga<strong>le</strong>ment de grandes possibilités<br />
d'investissements dans <strong>le</strong>s sources<br />
d'énergie renouvelab<strong>le</strong> et d'amélioration<br />
de l'efficacité de production<br />
et d'utilisation de l'énergie».<br />
Les deux interventions ayant<br />
eu <strong>le</strong> mérite d'aborder à la fois <strong>le</strong>s<br />
grands projets en cours, <strong>le</strong>s atouts<br />
et <strong>le</strong>s opportunités ainsi que <strong>le</strong>s<br />
attentes et <strong>le</strong>s perceptions des uns<br />
et des autres, cela ne pouvait que<br />
mieux enrichir <strong>le</strong>s débats autour<br />
des sessions du programme de la<br />
CSI5.<br />
Une plate-forme de réf<strong>le</strong>xion<br />
Il s'agissait, pour <strong>le</strong>s animateurs<br />
des six sessions inscrites au programme<br />
de la CSI5, autant que<br />
pour <strong>le</strong>s participants, de poser <strong>le</strong>s<br />
bonnes questions en relation avec<br />
<strong>le</strong>s enjeux qui <strong>le</strong>s sous-tendent,<br />
d'entrevoir <strong>le</strong>s perspectives d'action<br />
et d'application à la lumière<br />
des mutations qui se sont produites<br />
et cel<strong>le</strong>s qui restent à dérou<strong>le</strong>r dans<br />
<strong>le</strong> cadre du processus déjà défini.<br />
L'activité de régulation dans <strong>le</strong><br />
secteur en tant que nouveauté en<br />
Algérie était à l'ordre du jour de la<br />
Session une. A ce titre, <strong>le</strong>s explications<br />
des experts ont porté sur <strong>le</strong><br />
démarrage effectif des activités des<br />
agences de régulation, à l'instar de<br />
la CREG, d'Alnaft et de l'ARH, des
premières expériences de cel<strong>le</strong>s-ci<br />
à l'épreuve du terrain, ainsi que<br />
de <strong>le</strong>urs implications futures. La<br />
deuxième session, el<strong>le</strong>, a été consacrée<br />
à la stratégie d'adaptation des<br />
opérateurs historiques face au<br />
contexte de l'économie de marché,<br />
notamment à travers <strong>le</strong>s cas des<br />
deux groupes du secteur, à savoir<br />
Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>. Un choix<br />
de cas incontournab<strong>le</strong> qui a, au<br />
demeurant, impliqué <strong>le</strong>s interventions<br />
respectives des deux premiers<br />
responsab<strong>le</strong>s de ces deux<br />
entités économiques, MM. M.<br />
Meziane et N. Boutarfa qui ont,<br />
chacun de son côté, parcouru, à<br />
travers <strong>le</strong>urs exposés, <strong>le</strong>s étapes<br />
franchies par <strong>le</strong>s Groupes qu'ils<br />
dirigent, énumérant, dans <strong>le</strong> détail,<br />
<strong>le</strong>urs approches respectives de la<br />
stratégie d'adaptation suivie,<br />
s'attardant, à l'occasion, sur <strong>le</strong>s différents<br />
vo<strong>le</strong>ts que cette restructuration<br />
a touchés.<br />
L'intervention du P-DG de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> a permis de faire un éclairage<br />
historique sur <strong>le</strong> Groupe<br />
<strong>Sonelgaz</strong> en vue de tracer un<br />
itinéraire chronologique et des<br />
expériences jusqu'à l'avènement du<br />
contexte de mutations actuel<strong>le</strong>s<br />
et <strong>le</strong>s opportunités offertes au<br />
Groupe à travers <strong>le</strong> nouveau paysage<br />
législatif. Cheminant selon<br />
une approche qui donne à voir <strong>le</strong>s<br />
différentes évolutions et étapes<br />
franchies par <strong>Sonelgaz</strong>, en passant<br />
par <strong>le</strong>s changements majeurs qu'a<br />
connus l'environnement économique<br />
à la faveur des réformes globa<strong>le</strong>s<br />
et cel<strong>le</strong>s qui ont impliqué<br />
l'ensemb<strong>le</strong> des opérateurs du secteur<br />
de l'énergie, M. Boutarfa a<br />
abordé la question de la stratégie<br />
d'adaptation et des <strong>le</strong>viers stratégiques.<br />
Une stratégie d'adaptation<br />
que l'intervenant a tenu à lier à une<br />
définition claire et rigoureusement<br />
hiérarchisée des missions que<br />
s'assigne <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s<br />
objectifs qu'il se fixe en tant<br />
qu'opérateur historique ainsi que<br />
<strong>le</strong>s risques et <strong>le</strong>s contraintes qu'il<br />
entrevoit dans <strong>le</strong> nouveau contexte<br />
de la concurrence internationa<strong>le</strong>.<br />
C'est sur la base de ces paramètres<br />
historiques, structurels et de<br />
référence que <strong>le</strong> premier responsab<strong>le</strong><br />
de <strong>Sonelgaz</strong> a énuméré <strong>le</strong>s<br />
différents axes stratégiques qui<br />
composent la politique d'adaptation<br />
du Groupe aux mutations en<br />
cours. Ces adaptations, qui sont<br />
el<strong>le</strong>s-mêmes des mutations,<br />
consistent dans la veil<strong>le</strong> stratégique<br />
et technologique en tant<br />
qu'instrument d'aide à la décision<br />
dans l'élaboration de la stratégie de<br />
développement à long et à très<br />
long terme, la restructuration de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> en groupe industriel par<br />
la filialisation des activités, l'adoption<br />
d'une nouvel<strong>le</strong> approche de<br />
financement mieux adaptée au<br />
contexte de désengagement de<br />
l'Etat, <strong>le</strong> recours au partenariat en<br />
tant qu'option stratégique de développement<br />
sur <strong>le</strong>s marchés national<br />
et international, un management<br />
rénové des ressources humaines<br />
sine qua non pour prendre en<br />
charge à l'optimum <strong>le</strong>s besoins de<br />
la demande en termes de qualité de<br />
service et de réactivité, la diffusion<br />
d'une nouvel<strong>le</strong> culture et de nouvel<strong>le</strong>s<br />
va<strong>le</strong>urs mieux adaptées au
18<br />
Evénement<br />
contexte de concurrence et d'efficacité<br />
et, enfin, une politique de communication<br />
et une stratégie d'image<br />
en adéquation avec <strong>le</strong>s objectifs de<br />
fidélisation de la clientè<strong>le</strong>, de la<br />
défense des parts de marché<br />
et de promotion du partenariat.<br />
Rappelant que cette restructuration<br />
adaptative intervient dans un<br />
contexte très engageant d'investissements<br />
et de politique nationa<strong>le</strong><br />
énergétique rénovée, <strong>le</strong> P-DG de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> a tenu à mettre en exergue<br />
l'adéquation de la stratégie<br />
adoptée avec <strong>le</strong>s défis qui se présentent,<br />
se réjouissant enfin de l'implication<br />
de tous, cadres, travail<strong>le</strong>urs<br />
et partenaires sociaux confondus,<br />
dans un cadre de concertation, dans<br />
la concrétisation du processus en<br />
cours et des défis à venir.<br />
Pour ce qui est de la troisième<br />
session, el<strong>le</strong> s'est structurée en<br />
trois vo<strong>le</strong>ts, à savoir l'activité<br />
Amont, l'activité TRC et l'activité<br />
Aval. Les présentations concernant<br />
ces trois vo<strong>le</strong>ts ont porté<br />
respectivement sur la stratégie<br />
adoptée, <strong>le</strong>s réalisations, <strong>le</strong>s perspectives<br />
de développement de ces<br />
activités ainsi que <strong>le</strong>s opportunités<br />
d'investissements. A retenir, pour<br />
l'activité Aval, une présentation<br />
portant sur la stratégie de développement<br />
de la pétrochimie en<br />
Algérie qui a suscité un grand intérêt<br />
chez <strong>le</strong>s participants qui ont<br />
écouté avec beaucoup d'attention<br />
un exposé sur <strong>le</strong>s caractéristiques<br />
de l'industrie pétrochimique ainsi<br />
que <strong>le</strong>s perspectives de son développement<br />
en Algérie non sans<br />
une option de partenariat international<br />
stratégique.<br />
Intégration régiona<strong>le</strong> et libreéchange<br />
: prospectives, enjeux et<br />
opportunités de croissance a<br />
constitué la matière de la quatrième<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
session, incluant <strong>le</strong>s perspectives du<br />
marché euro-méditerranéen de<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité, la construction d'un<br />
pô<strong>le</strong> d'activités pour <strong>le</strong> futur, <strong>le</strong>s<br />
chal<strong>le</strong>nges du gaz nord-africain…<br />
Cela pour mener, enfin, à des débats<br />
qui ont mis en lumière <strong>le</strong> grand<br />
potentiel gazier algérien ainsi que<br />
<strong>le</strong>s améliorations technologiques à<br />
envisager en vue de renforcer la<br />
compétitivité de la chaîne gazière,<br />
essentiel<strong>le</strong>ment en termes de coûts.<br />
La cinquième session devait,<br />
quant à el<strong>le</strong>, être une matière de<br />
réf<strong>le</strong>xion et d'évaluation du rô<strong>le</strong> de<br />
Algerian Energy Company et des<br />
opportunités de partenariat avec<br />
des sociétés internationa<strong>le</strong>s ainsi<br />
que des opportunités d'investissements<br />
dans <strong>le</strong> secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
et la distribution par canalisations.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, l'approche du Groupe<br />
<strong>Sonelgaz</strong> sur la question du partenariat<br />
et du montage financier<br />
a été développée durant cette session<br />
qui a connu éga<strong>le</strong>ment une<br />
intervention portant sur <strong>le</strong>s projets<br />
de centra<strong>le</strong>s hybrides solaire/gaz.<br />
L'Environnement HSE et <strong>le</strong>s<br />
opportunités d'investissements<br />
étaient des axes de réf<strong>le</strong>xion développés<br />
par pas moins de six communications<br />
qui se sont étalées sur<br />
<strong>le</strong>s enjeux environnementaux liés à<br />
l'activité énergétique, des thèmes<br />
relatifs à la pollution marine, à<br />
l'aménagement du territoire et au<br />
rô<strong>le</strong> du secteur dans la protection<br />
de l'environnement, à l'amélioration<br />
de la sécurité et de la fiabilité<br />
à travers <strong>le</strong> changement des attitudes,<br />
à l'évaluation des risques à<br />
travers l'implémentation de systèmes<br />
de gestion d'urgence et de<br />
crise pour <strong>le</strong> secteur des hydrocarbures,<br />
aux projets du secteur<br />
éligib<strong>le</strong>s au mécanisme pour un<br />
développement propre et à la<br />
promotion d'initiatives environnementa<strong>le</strong>s<br />
en Algérie utilisant l'approche<br />
business. Les débats de<br />
cette rencontre ont porté sur <strong>le</strong><br />
projet de création de la multinationa<strong>le</strong><br />
contre la pollution marine par<br />
<strong>le</strong>s hydrocarbures.<br />
Septième édition des Journées<br />
scientifiques et techniques<br />
Structurée par un programme<br />
très riche, s'articulant autour de<br />
sessions de communications et de<br />
tab<strong>le</strong>s rondes, la thématique des<br />
JST7 n'a pas dérogé aux questions<br />
développées dans <strong>le</strong> cadre de la<br />
Conférence stratégique internationa<strong>le</strong>.<br />
C'est en parfaite complémentarité<br />
avec cel<strong>le</strong>-ci, sous <strong>le</strong> même<br />
slogan, que l'événement a été un<br />
espace d'échange d'expériences,<br />
de débats et d'actualisation des<br />
informations sur <strong>le</strong>s derniers<br />
développements de la recherche<br />
scientifique dans <strong>le</strong> domaine énergétique.<br />
Ainsi, des thèmes ont été<br />
développés et enrichis, comme<br />
«Energie, prospective et stratégie<br />
d'entreprise, Gestion du risque<br />
industriel, Economie et finance,<br />
Ressources humaines, Corporate<br />
gouvernance ou encore Industrie<br />
du raffinage et de la pétrochimie.<br />
Les communications relatives à ces<br />
thèmes ont abondé dans <strong>le</strong> sens<br />
des acquis scientifiques, technologiques<br />
et des niveaux de gestion et<br />
de management actuels, ouvrant<br />
des perspectives de mise à contribution<br />
de ces acquis en vue de <strong>le</strong>ur<br />
application dans <strong>le</strong>s domaines<br />
concernés au sein des entreprises<br />
du secteur. Bien entendu, <strong>le</strong> thème<br />
majeur, <strong>le</strong>itmotiv de l'événement,<br />
qui n'est autre que l'évaluation<br />
des opportunités d'investissements<br />
dans <strong>le</strong> secteur de l'énergie et des
mines, n'échappait nul<strong>le</strong>ment aux<br />
intervenants, que ce soit à travers<br />
<strong>le</strong>s communications ou lors des<br />
débats. Il s'agissait surtout de<br />
concilier attractivité du marché<br />
énergétique algérien et nécessité<br />
de tirer parti de cette attractivité<br />
en vue d'un transfert conséquent<br />
de technologie et de savoir-faire.<br />
En complément des sessions<br />
communications et tab<strong>le</strong>s rondes,<br />
deux sessions posters ont été organisées<br />
en marge de l'événement,<br />
touchant à des domaines très pointus<br />
en rapport avec <strong>le</strong>s exigences<br />
de l'industrie pétrolière et gazière.<br />
Il s'agissait, entre autres sujets, de<br />
réf<strong>le</strong>xions sur l'optimisation des<br />
méthodes d'approche à la lumière<br />
des nouveaux acquis technologiques,<br />
de propositions de résolution<br />
de certains problèmes liés aux<br />
activités de terrain, de dissertations<br />
théoriques fondées sur des<br />
approches novatrices en matière<br />
de protection de l'environnement,<br />
d'études de faisabilité de projets<br />
appliqués à des cas précis et autres<br />
passages en revue d'expériences<br />
avérées en matière d'applications<br />
technologiques et de systèmes<br />
d'adaptation méthodologiques. En<br />
tout, pas moins d'une quarantaine<br />
de sujets traitant, dans <strong>le</strong> cadre des<br />
approches mentionnées, de la géologie,<br />
de l'é<strong>le</strong>ctrochimie, des<br />
erreurs mécaniques, de l'évaluation<br />
des techniques nouvel<strong>le</strong>s en<br />
vue de l'optimisation des coûts de<br />
production des hydrocarbures, <strong>le</strong><br />
dessa<strong>le</strong>ment de l'eau de mer…<br />
Troisième Exposition<br />
internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong><br />
et <strong>le</strong> gaz en Algérie<br />
Aloge3 (Algerian Oil and Gas<br />
Exhibition), qui s'est étalé au sein<br />
du Palais des expositions de la<br />
nouvel<strong>le</strong> vil<strong>le</strong> oranaise sur une<br />
superficie de 3 260 m 2 , a accueilli<br />
pas moins de 104 sociétés du secteur<br />
de l'énergie, originaires de 21<br />
pays, et plus de 10 000 visiteurs. Sa<br />
vocation première étant de favoriser<br />
une mise en contact entre<br />
opérateurs nationaux et internationaux<br />
du secteur de l'énergie et<br />
des mines, Aloge3 a été, en effet,<br />
durant toute la durée de la<br />
3 e édition de la SEA <strong>le</strong> lieu d'articulation<br />
d'un échange précieux<br />
d'informations, d'expériences et de<br />
vues sur <strong>le</strong>s marchés algérien et<br />
international, comme il a été, pour<br />
beaucoup d'entreprises du secteur,<br />
l'occasion de mettre en évidence<br />
<strong>le</strong>urs nouveautés technologiques<br />
et <strong>le</strong>s applications réalisées dans<br />
des domaines précis, mais aussi de<br />
proposer des services adaptés en<br />
relation avec <strong>le</strong>s derniers développements<br />
et tendances du secteur<br />
des hydrocarbures.<br />
L'exposition a été éga<strong>le</strong>ment<br />
l'espace de déclarations d'intention<br />
de la part de compagnies étrangères<br />
activant dans <strong>le</strong> secteur en<br />
Algérie dont <strong>le</strong>s éminents représentants<br />
à cet événement ont tenu<br />
à afficher une volonté de déploiement<br />
et d'investissement qu'ils ont<br />
attribuée, entre autres raisons, à la<br />
réalité prometteuse du marché<br />
algérien de l'énergie, mais éga<strong>le</strong>ment<br />
à la réussite des relations de<br />
partenariat que ces sociétés ont<br />
établies avec <strong>le</strong>urs homologues<br />
algériennes du secteur de l'énergie,<br />
notamment Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>.<br />
Cette 3 e édition de la Semaine<br />
internationa<strong>le</strong> de l'énergie, à travers<br />
la diversité de ses manifestations,<br />
la qualité de la participation<br />
et des interventions, mais aussi <strong>le</strong><br />
contexte de transition déterminante<br />
que vit <strong>le</strong> secteur dans son ensemb<strong>le</strong>,<br />
a permis de mettre en lumière<br />
<strong>le</strong>s différentes perspectives de<br />
développement dans <strong>le</strong> domaine<br />
énergétique tout en donnant une<br />
meil<strong>le</strong>ure lisibilité aux dispositions<br />
législatives nouvel<strong>le</strong>s qui ont<br />
touché <strong>le</strong> secteur, que ce soit à travers<br />
l'entrée en application de la loi<br />
sur <strong>le</strong>s hydrocarbures ou de cel<strong>le</strong><br />
relative au marché de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />
Le partenariat n'était pas en reste,<br />
durant cette manifestation, dont <strong>le</strong><br />
bilan sur <strong>le</strong> terrain énergétique fait<br />
ressortir un rythme de réalisations<br />
physiques, de découvertes pétrolières<br />
et d'investissements nationaux<br />
et étrangers directs dont <strong>le</strong>s<br />
chiffres, dans l'interval<strong>le</strong> 2000-<br />
2006, dépassent <strong>le</strong>s 24 milliards de<br />
dollars américains, dont 13 milliards<br />
en association avec des compagnies<br />
étrangères. Enfin,<br />
l'événement a eu <strong>le</strong> mérite de servir<br />
de plate-forme de dialogue de politique<br />
énergétique entre l'Algérie et<br />
ses différents partenaires, notamment<br />
d'Europe, en vue de la<br />
construction d'une dynamique<br />
nouvel<strong>le</strong> qui serve <strong>le</strong>s visions stratégiques<br />
respectives et qui permette<br />
à notre pays d'incarner<br />
p<strong>le</strong>inement son rô<strong>le</strong> d'acteur énergétique<br />
sur <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> plan régional<br />
et international
20<br />
Métiers<br />
La thermovision<br />
Une technique aux applications modernes<br />
La sécurité des installations é<strong>le</strong>ctriques est un souci de tous <strong>le</strong>s<br />
instants. Pour surveil<strong>le</strong>r au plus près son réseau et agir de<br />
manière préventive sur <strong>le</strong>s risques de rupture des connexions,<br />
notamment sur <strong>le</strong>s lignes à haute tension et dans <strong>le</strong>s postes,<br />
<strong>Sonelgaz</strong> a généralisé <strong>le</strong> recours à une technique de pointe, la<br />
thermovision. Une technique préventive dont l'utilité n'est plus à<br />
démontrer tant el<strong>le</strong> concerne tous <strong>le</strong>s paliers dans la distribution<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité, de la production au client final.<br />
L<br />
a thermovision est en<br />
fait une technique<br />
pour assurer la permanence<br />
de la fourniture<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité aux clients de<br />
<strong>Sonelgaz</strong>. Des moyens de contrô<strong>le</strong><br />
et de vérification sont mis en place<br />
à tous <strong>le</strong>s niveaux, depuis la centra<strong>le</strong><br />
jusqu'aux pylônes qui traversent<br />
<strong>le</strong>s agglomérations, en passant<br />
par <strong>le</strong>s postes.<br />
Sur <strong>le</strong> réseau é<strong>le</strong>ctrique de<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s connexions é<strong>le</strong>ctriques<br />
abritent ce qu'on appel<strong>le</strong> des<br />
points chauds dus à des problèmes<br />
liés à la qualité des matériaux, à<br />
l'environnement agressif et à<br />
l'intensité transitée par la<br />
connexion. Ces points chauds, s'ils<br />
ne sont pas détectés et éliminés,<br />
pourront conduire à des incidents<br />
et provoquer des ruptures de<br />
conducteurs, de bretel<strong>le</strong>s, de tendues,<br />
de connexions. Consciente<br />
de enjeux liés à la permanence de<br />
la fourniture d'é<strong>le</strong>ctricité, <strong>Sonelgaz</strong><br />
a introduit la thermographie infrarouge<br />
pour <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de se<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
s installations é<strong>le</strong>ctriques (production,<br />
transport et distribution de<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité) depuis <strong>le</strong>s années 1980<br />
avec utilisation de quelques caméras<br />
infrarouges refroidies à l'azote.<br />
Cette technique, malgré <strong>le</strong>s services<br />
et avantages qu'el<strong>le</strong> présentait,<br />
n'était pas sans inconvénients. Ces<br />
dernières années, el<strong>le</strong> s'est nettement<br />
développée avec l'apparition<br />
sur <strong>le</strong> marché de nouvel<strong>le</strong>s caméras<br />
infrarouges munies de détecteurs<br />
plus sensib<strong>le</strong>s, ce qui <strong>le</strong>s rend<br />
plus performantes et plus fiab<strong>le</strong>s.<br />
Cet outil, <strong>Sonelgaz</strong> s'en sert, <strong>le</strong><br />
développe depuis 2000. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> fait<br />
dans une conjoncture marquée<br />
par <strong>le</strong> développement de plus en<br />
plus important de son réseau é<strong>le</strong>ctrique,<br />
produit des derniers investissements<br />
(en production,<br />
transport et distribution de l'é<strong>le</strong>ctricité).<br />
El<strong>le</strong> a ainsi acquis de nouvel<strong>le</strong>s<br />
générations de caméras<br />
infrarouges de dernière technologie<br />
(treize caméras acquises par<br />
GRTE en 2001), procédé à la<br />
formation d'opérateurs et de<br />
techniciens dans <strong>le</strong> domaine et mis<br />
en place, dans <strong>le</strong>s unités opérationnel<strong>le</strong>s,<br />
de brigades spécialisées<br />
chargées de l'inspection par<br />
thermographie infrarouge.<br />
Comment fonctionne la thermovision<br />
? L'on sait que tout équipement<br />
conducteur parcouru par<br />
un courant é<strong>le</strong>ctrique s'échauffe,<br />
c'est l'effet Jou<strong>le</strong>. Techniquement, la<br />
quantité d'énergie calorifique dissipée<br />
par échauffement est proportionnel<strong>le</strong><br />
à la résistance é<strong>le</strong>ctrique<br />
de l'équipement au carré du courant<br />
et au temps pendant <strong>le</strong>quel<br />
passe ce courant. L'appareillage<br />
é<strong>le</strong>ctrique s'échauffe donc jusqu'à<br />
ce que l'énergie calorifique produite<br />
par <strong>le</strong>s courants soit éga<strong>le</strong> à<br />
l'énergie dissipée dans l'espace<br />
environnant. Il y a dans ce cas équilibre<br />
thermodynamique. Dans des<br />
conditions spécifiques de fonctionnement,<br />
l'appareillage é<strong>le</strong>ctrique<br />
doit se comporter théoriquement<br />
dans des limites nomina<strong>le</strong>s déterminées.<br />
La thermographie infrarouge<br />
dont il est question met en
évidence des anomalies de comportement<br />
thermique par des<br />
mesures de températures relatives<br />
ou absolues. Ce sont ces anomalies<br />
que l'on appel<strong>le</strong> communément<br />
«points chauds». El<strong>le</strong>s<br />
identifient des défauts ou dégradations<br />
loca<strong>le</strong>s par des élévations<br />
anorma<strong>le</strong>s de température. Les<br />
points chauds trouvent généra<strong>le</strong>ment<br />
<strong>le</strong>ur origine suite à la variation<br />
de la résistance de passage du<br />
courant. Les défauts thermiques<br />
fréquents sont : <strong>le</strong> problème de serrage,<br />
l'usure, l'oxydation ou la corrosion<br />
de contact, <strong>le</strong> positionnement<br />
incorrect de contacts mobi<strong>le</strong>s, <strong>le</strong><br />
déséquilibre des charges entre<br />
phases, la ventilation insuffisante de<br />
«tab<strong>le</strong>aux ou locaux» é<strong>le</strong>ctriques et,<br />
enfin, <strong>le</strong>s problèmes de conception<br />
des installations (problème<br />
d'induction). Le contrô<strong>le</strong> thermique<br />
dont il s'agit s'applique à un<br />
ensemb<strong>le</strong> d'équipements et d'installations<br />
: <strong>le</strong>s accessoires des<br />
lignes aériennes (BT, MT, HT et<br />
THT), <strong>le</strong>s plages de bretel<strong>le</strong>s,<br />
plages circuit bouchon, plages sectionneurs<br />
tête de lignes, <strong>le</strong>s raccords,<br />
<strong>le</strong>s manchons, blocs, <strong>le</strong>s<br />
accessoires des composants des<br />
postes de transformation (travées<br />
HT et THT), <strong>le</strong>s contacts de sectionneurs,<br />
<strong>le</strong>s raccords, <strong>le</strong>s doigts<br />
de contact sectionneurs, <strong>le</strong>s barrettes<br />
de TC, <strong>le</strong>s boîtes d'extrémité<br />
tête de câb<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s équipements des<br />
armoires et tab<strong>le</strong>aux é<strong>le</strong>ctriques<br />
(BT et MT), contacteurs, disjoncteurs,<br />
fusib<strong>le</strong>s, connecteurs, <strong>le</strong>s<br />
équipements des centra<strong>le</strong>s thermiques,<br />
<strong>le</strong>s chaudières, <strong>le</strong>s paliers, <strong>le</strong>s<br />
compresseurs, <strong>le</strong>s alternateurs, <strong>le</strong>s<br />
turbines, <strong>le</strong>s pompes, <strong>le</strong>s canalisations<br />
de fluides, <strong>le</strong>s transformateurs,<br />
<strong>le</strong>s raccords… Le contrô<strong>le</strong><br />
par thermographie est réalisé en<br />
trois temps : <strong>le</strong> premier palier, c'est<br />
la visualisation du comportement<br />
thermique global des éléments<br />
d'une même installation. Cel<strong>le</strong>-ci<br />
met en évidence des points dont<br />
<strong>le</strong>s températures sont plus é<strong>le</strong>vées.<br />
Le deuxième palier, c'est l'interprétation<br />
que se fait l'opérateur de la<br />
scène thermique afin de différencier<br />
<strong>le</strong>s échauffements normaux<br />
(bobines de contacteurs, résistances,<br />
selfs, transformateurs) des<br />
échauffements anormaux : ces<br />
derniers sont faci<strong>le</strong>ment identifiab<strong>le</strong>s<br />
par comparaison entre composants<br />
identiques fonctionnant<br />
dans des conditions similaires<br />
(mêmes charges transitantes).
22<br />
Métiers<br />
Cette opération implique une<br />
connaissance certaine de l'appareillage<br />
é<strong>le</strong>ctrique ainsi que de<br />
bonnes notions pratiques dans<br />
l'application de la thermographie<br />
infrarouge : beaucoup de composants<br />
é<strong>le</strong>ctriques ont une émissivité<br />
faib<strong>le</strong> (cuivre, aluminium),<br />
donc un pouvoir réfléchissant très<br />
é<strong>le</strong>vé. L'opérateur ne doit pas<br />
confondre un point anorma<strong>le</strong>ment<br />
chaud avec un point chaud «fantôme»<br />
résultant de la «réf<strong>le</strong>xion»<br />
d'une source de cha<strong>le</strong>ur environnante,<br />
voire l'image thermique de<br />
l'analyste sur <strong>le</strong> composant. Le<br />
technicien doit assurer constamment<br />
son interprétation en éliminant<br />
au maximum <strong>le</strong>s phénomènes<br />
de rayonnement par modification<br />
de l'ang<strong>le</strong> d'observation de la<br />
caméra infrarouge ou par masquage<br />
des sources de cha<strong>le</strong>ur environnantes.<br />
L'opérateur cherchera<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
toujours à réaliser la mesure des<br />
points chauds sur des parties de<br />
bonne émissivité (boulons oxydés,<br />
isolants conducteurs…) afin d'éliminer<br />
la prise en compte des<br />
rayonnements perturbateurs réfléchis<br />
et ainsi diminuer <strong>le</strong>s temps<br />
d'analyse. Les mesures prises dans<br />
ce cas sont relatives en ce sens que<br />
la mise en évidence d'un point<br />
chaud se fera par comparaison des<br />
températures mesurées sur l'élément<br />
défectueux et sur un élément<br />
similaire fonctionnant dans des<br />
conditions identiques (élément de<br />
référence). C'est la différence de<br />
température ou «∆T» (delta.T) qui<br />
caractérise <strong>le</strong> défaut thermique.<br />
Ainsi, si ∆T est inférieure à 10 °C,<br />
<strong>le</strong> point chaud n'est pas grave et, de<br />
ce fait, l'intervention des équipes<br />
de maintenance peut être différée<br />
dans <strong>le</strong> temps. Si ∆T est inférieure<br />
à 35 °C, <strong>le</strong> point chaud est important<br />
et l'intervention des équipes<br />
de maintenance doit être programmée<br />
dès que possib<strong>le</strong>. Si ∆T est<br />
supérieure à 35 °C, <strong>le</strong> point chaud<br />
est très important et l'intervention<br />
des équipes de maintenance doit<br />
être programmée <strong>le</strong> plus rapidement<br />
possib<strong>le</strong>. Le troisième palier,<br />
c'est l'élaboration par l'opérateur<br />
d'un rapport d'analyse et de synthèse<br />
qui doit contenir la liste des<br />
installations diagnostiquées avec<br />
<strong>le</strong>ur mode de fonctionnement. Les<br />
équipements présentant des anomalies<br />
thermiques sont identifiés<br />
textuel<strong>le</strong>ment et visuel<strong>le</strong>ment par<br />
une photo classique «numérique»<br />
et un thermogramme de la scène<br />
thermique où se situe <strong>le</strong> point<br />
chaud, ceux-ci sont complétés par<br />
<strong>le</strong>s conditions et <strong>le</strong>s résultats des<br />
mesures, <strong>le</strong>s causes probab<strong>le</strong>s des<br />
défaillances et <strong>le</strong>s interventions<br />
correctives recommandées. Ces<br />
interventions sont suggérées dans<br />
certains délais établis sur la base de<br />
la gravité des anomalies thermiques.<br />
La gravité d'un défaut dépend<br />
principa<strong>le</strong>ment, pour l'opérateur,<br />
des différences de températures<br />
mises en évidence. Néanmoins, de<br />
faib<strong>le</strong>s écarts de températures peuvent<br />
être très significatifs : ceux-ci<br />
dépendent du type d'équipement,<br />
de ses conditions d'exploitation et<br />
de sa hiérarchie technique au sein<br />
des installations. Dans ces conditions,<br />
l'ultime décision de réparer<br />
<strong>le</strong>s équipements défectueux doit<br />
être prise par <strong>le</strong> personnel responsab<strong>le</strong><br />
des installations. L'utilisation<br />
des caméras infrarouge comme<br />
outil de diagnostic sur <strong>le</strong> réseau<br />
é<strong>le</strong>ctrique de <strong>Sonelgaz</strong> a permis à<br />
cette dernière de réaliser des résultats<br />
non négligeab<strong>le</strong>s traduits par<br />
une meil<strong>le</strong>ure disponibilité des<br />
ouvrages, d'où une meil<strong>le</strong>ure qualité<br />
et continuité de service fourni à<br />
la clientè<strong>le</strong>, par une anticipation de<br />
la panne et de l'arrêt des équipements<br />
(réduction des coûts d'immobilisation),<br />
par une optimisation<br />
du temps presté par <strong>le</strong> personnel<br />
d'entretien (diminution du coût<br />
de la maintenance), par une augmentation<br />
de la fiabilité et<br />
de la longévité des équipements<br />
(accroissement de la rentabilité des<br />
investissements), par une sécurité<br />
accrue à la fois sur <strong>le</strong> personnel et<br />
<strong>le</strong>s tiers, entre autres. Le contrô<strong>le</strong><br />
thermographie, trois centra<strong>le</strong>s<br />
é<strong>le</strong>ctriques l'utilisent aujourd'hui :<br />
Marsa El Hadjedj, Jijel et Ras<br />
Djenet
Transport exceptionnel<br />
Transmex, une flotte et des hommes<br />
Ce sont des dizaines de camions aux allures impressionnantes,<br />
sous forme de convois exceptionnels qui, au bout de dizaines de<br />
jours de trajet, relient <strong>le</strong>s principaux ports du pays à des lieux de<br />
destination distants parfois de plusieurs centaines de kilomètres.<br />
Le transport exceptionnel, seul moyen d'acheminer des «colis»,<br />
tel<strong>le</strong>s des turbines de centra<strong>le</strong>s, pesant jusqu'à 400 tonnes, est un<br />
métier entièrement à part, mais aussi un métier à part entière<br />
auquel <strong>Sonelgaz</strong> a recours des dizaines de fois par an.<br />
Alors qu'el<strong>le</strong> existait<br />
déjà en tant que structure<br />
de <strong>Sonelgaz</strong> chargée<br />
du transport et de<br />
la manutention exceptionnels des<br />
équipements industriels et é<strong>le</strong>ctriques,<br />
Transmex a été érigée en<br />
filia<strong>le</strong> dès 1993. Il s'agit en fait de la<br />
première entité autonome de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> avant <strong>le</strong>s grandes filialisations<br />
nées dans <strong>le</strong> contexte de la<br />
réforme qui a touché <strong>le</strong> Groupe.<br />
Le temps aidant, Transmex est<br />
devenue un exemp<strong>le</strong> accompli de<br />
la transformation, puisque cette<br />
entreprise a accumulé, en tant que<br />
structure de <strong>Sonelgaz</strong> et en tant<br />
qu'entité indépendante, un capital<br />
de 30 ans d'expérience dans un<br />
domaine très particulier qu'est <strong>le</strong><br />
transport et manutention de colis<br />
lourds et hors gabarits. A<br />
Transmex, on exhibe fièrement un<br />
palmarès de performances qui<br />
donnent au titre de <strong>le</strong>ader national<br />
et régional dans ce métier particulier<br />
tout son sens. Il ne fait aucun<br />
doute que <strong>le</strong> titre de <strong>le</strong>ader national<br />
et régional dans ce métier particulier<br />
est bien mérité. Outre<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, la société mère, <strong>le</strong>s services<br />
de Transmex sont sollicités par<br />
des entreprises étrangères et<br />
loca<strong>le</strong>s qui ont investi dans <strong>le</strong><br />
secteur des hydrocarbures et hors<br />
hydrocarbures.<br />
Avant de transporter ou d'effectuer<br />
<strong>le</strong>s travaux de manutention<br />
proprement dits, tout un processus<br />
d'engineering lié à la seu<strong>le</strong> fraction<br />
du transport et de la<br />
manutention est mis en place.<br />
Comme préalab<strong>le</strong> sine qua non à<br />
toute opération de transport, des<br />
études sont faites en fonction, à<br />
chaque fois, des spécificités des<br />
colis à acheminer. Outre <strong>le</strong> poids<br />
et <strong>le</strong> gabarit du colis en question,<br />
chaque nouvel<strong>le</strong> opération comporte<br />
ses spécificités et ses<br />
contraintes, dès lors que <strong>le</strong>s colis à<br />
transporter sont rarement identiques.<br />
Les études consistent éga<strong>le</strong>ment<br />
à déterminer l'itinéraire<br />
idéal, mais aussi <strong>le</strong>s actions à<br />
mener et <strong>le</strong>s prévisions à faire.<br />
En fait, pour ce genre de transport,<br />
décider du tracé du convoi jusqu'à<br />
sa destination fina<strong>le</strong> n'est qu'une<br />
première démarche que suit cel<strong>le</strong><br />
consistant à définir tous <strong>le</strong>s aménagements<br />
devant être réalisés afin<br />
de permettre aux convois exceptionnels<br />
de cheminer en toute
24<br />
Métiers<br />
fluidité, d'assurer la sécurité des<br />
colis et d'atteindre la destination<br />
dans <strong>le</strong>s délais.<br />
Le projet d'un convoi exceptionnel<br />
nécessite, dans certains<br />
cas, <strong>le</strong> déplacement de lignes à<br />
haute tension ou des lignes téléphoniques,<br />
ou encore la réalisation<br />
de passages à gué à même de permettre<br />
la traversée des oueds avec<br />
des charges qui peuvent atteindre<br />
<strong>le</strong>s 400 tonnes, <strong>le</strong>s ponts étant souvent<br />
contournés, car ne pouvant<br />
généra<strong>le</strong>ment supporter des charges<br />
de cette grandeur. Des perspectives<br />
qui nécessitent, entre<br />
autres, des prévisions météorologiques<br />
et une très bonne connaissance<br />
des sites.<br />
Ce métier impose, par ail<strong>le</strong>urs,<br />
une configuration, à chaque fois<br />
renouvelée, des équipements de<br />
transport et de manutention en<br />
adéquation avec l'envergure et <strong>le</strong><br />
poids du colis à transporter, mais<br />
aussi avec l'itinéraire qu'il a été<br />
décidé d'emprunter. Ce sont des<br />
calculs d'optimisation permanente<br />
qui sont faits, mais aussi un savoirfaire<br />
mis à profit, qui implique un<br />
grand sens de l'initiative et une<br />
grande maîtrise technique des<br />
équipements.<br />
L'arrivée des colis à bon port et<br />
en parfait état est déterminante<br />
pour <strong>le</strong> respect des délais de<br />
réalisation des infrastructures<br />
industriel<strong>le</strong>s importantes, voire<br />
stratégiques. L'entreprise devient,<br />
<strong>le</strong> temps d'un transport ou d'une<br />
opération de manutention importante,<br />
un partenaire de premier<br />
ordre de l'investisseur ou du maître<br />
de l'œuvre.<br />
Il est éga<strong>le</strong>ment fait appel au<br />
savoir-faire de Transmex dans des<br />
situations d'urgence, avec des<br />
interventions ultérieures et très<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
délicates sur des convois déjà<br />
lancés où <strong>le</strong>s enjeux consistent<br />
notamment dans <strong>le</strong> respect des<br />
délais de mise en service d'infrastructures<br />
aussi importantes<br />
qu'une centra<strong>le</strong> é<strong>le</strong>ctrique. Des<br />
situations qui mettent à l'épreuve<br />
<strong>le</strong> capital expérience de Transmex,<br />
son niveau de maîtrise des équipements<br />
ainsi que <strong>le</strong>s capacités d'intervention<br />
de ses personnels et de<br />
<strong>le</strong>ur adaptation, en temps réel, à<br />
une situation exceptionnel<strong>le</strong>.<br />
Maîtriser <strong>le</strong> transport nécessite<br />
aussi une parfaite connaissance<br />
des équipements. Dès lors, assurer<br />
l'entretien des engins et des matériels<br />
comp<strong>le</strong>xes et spécifiques a<br />
toujours fait partie des métiers et<br />
des prestations que Transmex a<br />
intégrés à son activité. Une aptitude<br />
qui a mûri tout au long de<br />
deux décennies de pratique et qui<br />
TRANSMEX/SPA en chiffres<br />
est mise à profit par l'entreprise<br />
pour assurer la pérennité de ses<br />
équipements.<br />
Si dans <strong>le</strong> créneau du transport<br />
exceptionnel des colis entre 90 et<br />
400 tonnes, Transmex demeure<br />
l'unique référence en Algérie, <strong>le</strong>s<br />
transports des colis lourds de<br />
moins de 90 t voient naître une<br />
concurrence de plus en plus<br />
importante, dans un contexte où<br />
l'ouverture du marché n'interdit<br />
plus à des concurrents étrangers<br />
de proposer <strong>le</strong>urs services en<br />
Algérie.<br />
Conscients donc de ces enjeux,<br />
Transmex a pris <strong>le</strong>s devants,<br />
notamment par la certification,<br />
dès 2003, aux normes ISO 9001,<br />
version 2000. Ce alors que la certification<br />
QHSE (qualité, hygiène,<br />
sécurité et environnement) est en<br />
cours de concrétisation<br />
Avec un effectif global de l'ordre de 250 employés (cadres et maîtrise),<br />
Transmex se déploie sur tout <strong>le</strong> territoire national, à travers<br />
quatre représentations (Hassi Messaoud, Skikda, Arzew et Hassi<br />
Ameur). El<strong>le</strong> dispose d'un parc de production qui allie performance,<br />
fiabilité et adaptabilité aux besoins divers du marché. Par<br />
ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> parc transport de Transmex est composé de tracteurs<br />
6x4, 6x6, 8x8, de remorques modulaires, de remorques extensib<strong>le</strong>s<br />
et de porte-engins. Un parc pouvant assurer <strong>le</strong> transport de<br />
colis lourds et hors gabarits dont <strong>le</strong> poids peut al<strong>le</strong>r jusqu'à 400<br />
tonnes, ainsi que <strong>le</strong> transport conventionnel (SR 20 tonnes) avec<br />
une capacité de mobilisation, en sous-traitance, de l'ordre de 50<br />
camions/jour.<br />
Concernant <strong>le</strong>s matériels de manutention et de <strong>le</strong>vage, Transmex<br />
dispose de grues de <strong>le</strong>vage d'une capacité atteignant 500 t, de centra<strong>le</strong>s<br />
à vérins pouvant manutentionner des colis monoblocs de<br />
400 t et des chariots élévateurs capab<strong>le</strong>s de porter 6 à 20 t. Outre<br />
ces équipements, deux grues de 120 tonnes sont entrées en fonction<br />
en février 2007, alors que l'entreprise a acquis une grue de 220<br />
tonnes en 2006.
Interview<br />
M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun<br />
Directeur général de l'engineering<br />
«L’engineering réunifié est un capital de compétences»<br />
La nécessité de déterminer de manière organique et organisationnel<strong>le</strong><br />
<strong>le</strong>s missions d’une direction généra<strong>le</strong> de l'engineering<br />
s'est faite d'autant plus sentir que <strong>le</strong> Groupe, connaissant de<br />
grandes mutations dans son organisation, se devait de s'assurer<br />
une conduite, efficace et sans fail<strong>le</strong>, de ses projets d'investissements.<br />
Métier à part, l'engineering est en fait la jonction entre<br />
équipementiers ou constructeurs et <strong>le</strong> Groupe. M. Bou<strong>le</strong>kroun<br />
a été nommé Directeur de cette structure nouvel<strong>le</strong> en juin<br />
2006. Il explique dans cet<br />
entretien <strong>le</strong>s conditions<br />
dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s a été<br />
créée cette entité,<br />
<strong>le</strong>s perspectives de<br />
son évolution et <strong>le</strong><br />
sens qu'il donne<br />
aux missions<br />
qui lui sont<br />
assignées.
26<br />
Interview<br />
NOOR : Comment définirait-on concrètement<br />
la fonction engineering tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> se pratique à<br />
<strong>Sonelgaz</strong> ?<br />
M. Zoubir Bou<strong>le</strong>kroun : La fonction<br />
engineering à <strong>Sonelgaz</strong> peut être définie comme étant la<br />
maîtrise d'œuvre d'ouvrages énergétiques re<strong>le</strong>vant des<br />
trois métiers de base : la production d'é<strong>le</strong>ctricité, <strong>le</strong><br />
transport é<strong>le</strong>ctricité et <strong>le</strong> transport gaz. Cette maîtrise<br />
d'œuvre concerne éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> domaine des infrastructures<br />
immobilières du Groupe. Pour chaque ouvrage<br />
énergétique, l'engineering doit résoudre une trip<strong>le</strong> équation<br />
: la maîtrise des coûts, <strong>le</strong> respect des délais et la<br />
garantie de la qualité. Ces trois éléments fondamentaux<br />
représentent, pour nous, un souci constant et permanent.<br />
J'ajoute que la fonction engineering intervient<br />
pour exécuter <strong>le</strong>s décisions d'une instance du Groupe<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong> «Comité investissements», sur la base de<br />
dossiers émis par la direction de la planification à court,<br />
moyen et long terme. En ce qui concerne <strong>le</strong>s décisions du<br />
Comité investissements, el<strong>le</strong>s se résument en quatre<br />
points : l'intitulé de l'ouvrage, sa localisation, <strong>le</strong>s délais de<br />
mise en service et la consistance. Ceux-ci représentent<br />
ce qu'il convient d'appe<strong>le</strong>r l'«élément d'entrée» à partir<br />
duquel tout processus de réalisation est enc<strong>le</strong>nché.<br />
Naturel<strong>le</strong>ment, l'engineering a une place au sein<br />
du Comité d'investissement…<br />
Z. B. : Oui, bien sûr. Nous mettons en œuvre <strong>le</strong>s décisions<br />
du Comité investissements, mais nous sommes<br />
aussi membres de cette instance. Nous y donnons notre<br />
avis et nous <strong>le</strong> défendons, notamment lorsqu'il s'agit de<br />
débattre de l'urgence des projets à réaliser, des priorités<br />
qui <strong>le</strong>s caractérisent, des délais et des capacités humaines<br />
et matériel<strong>le</strong>s à mobiliser. En amont, nous sommes<br />
éga<strong>le</strong>ment partie prenante dans la planification qui sollicite<br />
notre point de vue pour <strong>le</strong>s projets qu'el<strong>le</strong> initie<br />
dans <strong>le</strong> cadre de ses missions.<br />
Peut-on par<strong>le</strong>r de spécificités propres à la fonction<br />
engineering à <strong>Sonelgaz</strong> ?<br />
Z. B. : L'engineering est un métier, il est de fait spécifique,<br />
dès lors qu'il recense en son sein des capacités permettant<br />
de réaliser des objectifs de plan. Cependant, la<br />
différence que présente l'engineering à <strong>Sonelgaz</strong> par rapport<br />
à l'engineering dans d'autres activités du secteur<br />
énergétique, c'est que <strong>le</strong>s ouvrages, pourrait-on dire,<br />
obéissent à une logique répétitive. Que vous produisiez<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité ou que vous transportiez de l'é<strong>le</strong>ctricité ou<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
du gaz, <strong>le</strong> processus de fond reste identique, malgré <strong>le</strong>s<br />
évolutions technologiques. Que vous produisiez de<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité au diesel, en turbine, au gaz, au cyc<strong>le</strong> combiné<br />
ou par tout autre procédé, la démarche de fond n'est<br />
en rien modifiée, quel<strong>le</strong> que soit l'évolution des technologies.<br />
Idem pour <strong>le</strong> réseau de transport d'é<strong>le</strong>ctricité :<br />
que vous deviez travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> niveau de tension<br />
200 KV ou passer au 400 KV, sur <strong>le</strong> diamètre 20 pouces<br />
ou 40 en gaz, que change-t-on au fond, sinon la conception<br />
des pylônes ou cel<strong>le</strong>s du tube et des équipements<br />
annexes ? Dans <strong>le</strong> domaine des hydrocarbures, en revanche,<br />
<strong>le</strong>s choses se présentent différemment. D'une station<br />
de raffinage à un ouvrage de GNL, <strong>le</strong> changement<br />
est total. Car il faut à chaque fois réétudier et redéfinir <strong>le</strong><br />
processus.<br />
Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s motivations qui ont abouti à la<br />
création d'une Direction généra<strong>le</strong> autonome de<br />
l'engineering ?<br />
Z. B. : La Direction généra<strong>le</strong> de l'engineering est<br />
consacrée comme entité autonome pour appuyer <strong>le</strong><br />
développement des projets de <strong>Sonelgaz</strong>, notamment <strong>le</strong>s<br />
filia<strong>le</strong>s Métiers, <strong>le</strong>s sociétés de production d'é<strong>le</strong>ctricité et<br />
<strong>le</strong>s sociétés à prise de participation. Son organisation est<br />
fondée sur la logique de management par projets transverses<br />
aux métiers. Auparavant, il y avait une direction<br />
de l'engineering constituée de trois sous-directions : <strong>le</strong>s<br />
moyens de production, <strong>le</strong> transport é<strong>le</strong>ctricité et gaz, et<br />
<strong>le</strong>s infrastructures immobilières. Il s'est passé qu'avec la<br />
perspective de filialisation, il y a eu, en 2002, une décision<br />
de redéploiement qui a abouti au rattachement de<br />
l'«engineering moyens de production» à la Direction de<br />
production de l'é<strong>le</strong>ctricité, de l'«engineering transport<br />
é<strong>le</strong>ctricité» à la direction de transport é<strong>le</strong>ctricité, de<br />
celui de l'«engineering gaz» à la Direction du transport<br />
gaz. Pour ce qui est de l'«engineering infrastructures<br />
immobilières», celui-ci a d'abord été rattaché à la<br />
Direction de production d'é<strong>le</strong>ctricité puis à l'administration<br />
généra<strong>le</strong>. A vrai dire, ce changement a été mal<br />
vécu par <strong>le</strong> personnel de l'engineering. Mais il était, souvenons-nous-en,<br />
motivé en partie par <strong>le</strong> contexte de<br />
l'époque : un début de relance et d'amélioration de la<br />
situation économique du pays, un taux de croissance en<br />
é<strong>le</strong>ctricité oscillant entre 5 et 6%. Et par l'esprit qu'en<br />
étant greffé aux métiers de production, de transport<br />
é<strong>le</strong>ctricité et gaz, l'engineering allait continuer d'assurer<br />
<strong>le</strong>s mêmes missions et <strong>le</strong>s mêmes fonctions. Il y a eu des<br />
cas où <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s entités ont été bien acceptées, il y en<br />
a eu d'autres, en revanche, où el<strong>le</strong>s l'ont été moins et se<br />
sont trouvées dans des situations du genre : «Vous venez
chez nous, on va vous utiliser.» Les objectifs des uns et<br />
des autres n'étant pas identiques, forcément il devait y<br />
avoir quelques étincel<strong>le</strong>s qui ont fait qu'en dépit des<br />
moyens engagés la qualité de service demeurait en dessous<br />
des minima requis pour une entité comme <strong>Sonelgaz</strong>.<br />
On se trouvait en p<strong>le</strong>in scénario sous effet raid queen. Le<br />
scénario souhaité, et qui était d'avoir une situation où <strong>le</strong>s<br />
responsab<strong>le</strong>s devaient jouer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de <strong>le</strong>aders, de gérer<br />
ensemb<strong>le</strong> l'exploitation et l'engineering et trancher en cas<br />
de conflit d'intérêts, ne s'est pas concrétisé, ou si peu.<br />
Vous vou<strong>le</strong>z dire qu'il y avait un problème de<br />
confusion des rô<strong>le</strong>s ?<br />
Z. B. : De manière dominante, ce à quoi nous avons<br />
été confrontés était l'absence d'un juste milieu : il y avait<br />
soit un bascu<strong>le</strong>ment vers l'exploitation, soit un bascu<strong>le</strong>ment<br />
vers l'engineering. La tendance lourde même était<br />
de privilégier l'engineering au détriment parfois de l'exploitation,<br />
donc de la continuité et de la qualité de service.<br />
Et ce, pour une raison simp<strong>le</strong> : si tout <strong>le</strong> monde<br />
allait dans cette direction, c'est que <strong>le</strong> programme de<br />
développement et d'investissement augmentait sans<br />
cesse et exigeait des résultats. La <strong>le</strong>çon qui a été tirée<br />
après coup était que si ce que nous voulions, c'est<br />
d'abord la qualité de service et la satisfaction du client,<br />
autant mettre un terme à ce type de fonctionnement<br />
qui, plus est, contribuait à l'éparpil<strong>le</strong>ment de l'engineering<br />
et lui en<strong>le</strong>vait beaucoup de sa force et de sa cohérence.<br />
La décision a été alors prise en 2006 d'y mettre<br />
fin et de laisser <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s s'occuper de <strong>le</strong>urs métiers de<br />
base - l'exploitation - et de regrouper et récréer l'entité<br />
engineering en tenant compte des changements profonds<br />
que <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> a connus. Ce point est<br />
important à signa<strong>le</strong>r parce que tant qu'il y avait des<br />
directions, il y avait toujours au-dessus un chef qui<br />
décidait du mouvement et des attributions du personnel.<br />
Après l'apparition des filia<strong>le</strong>s, ce n'était plus possib<strong>le</strong><br />
en raison de <strong>le</strong>ur autonomie. A l'issue d'un débat<br />
rude mais fécond, nous sommes arrivés à la conclusion<br />
que l'engineering, réunifié, si je puis dire, doit agir par<br />
mandat et pour <strong>le</strong> compte de ces filia<strong>le</strong>s. Désormais, ce<br />
sont <strong>le</strong>s P-DG de ces filia<strong>le</strong>s qui mandatent l'engineering<br />
pour <strong>le</strong>urs ouvrages de développement. Et ce, en<br />
raison du fait que ces ouvrages <strong>le</strong>ur appartiennent et<br />
font partie de <strong>le</strong>urs actifs respectifs. L'important à<br />
signa<strong>le</strong>r à propos de ce mandat, c'est que nous agissions<br />
dans l'environnement comptab<strong>le</strong> de la filia<strong>le</strong> : <strong>le</strong> compte<br />
de la filia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> développement, qu'il soit en dinars<br />
ou en devises, il n'y a que l'engineering qui peut <strong>le</strong> mouvementer.<br />
Pour résumer, je dirai que <strong>le</strong>s motivations<br />
sont trip<strong>le</strong>s : la première est un réajustement ou plutôt<br />
une mise en conformité par rapport à la réalité imposée<br />
par la loi de février 2002, notamment à travers la<br />
restructuration qui s'en est suivie au sein de <strong>Sonelgaz</strong>.<br />
La deuxième concerne l'impératif d'avoir, pour <strong>le</strong>s<br />
clients de <strong>Sonelgaz</strong>, une continuité et une qualité de<br />
service. La troisième, étroitement liée aux deux précédentes,<br />
est un souci de cohérence, de coordination et<br />
d'efficacité dans l'action.<br />
La décision a été alors prise en 2006<br />
d'y mettre fin et de laisser <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s<br />
s'occuper de <strong>le</strong>urs métiers de base<br />
-l'exploitation- et de regrouper et<br />
récréer l'entité engineering en<br />
tenant compte des changements<br />
profonds que <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> a<br />
connus.<br />
Un regroupement sur <strong>le</strong>s cahiers des charges a été<br />
tenu l'année dernière sous la présidence du P-DG<br />
du Groupe. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s nouveautés qu'il a<br />
apportées ?<br />
Z. B. : Le retour d'expérience et l'amélioration<br />
du contenu des cahiers des charges ont fait l'objet de ce<br />
regroupement qui a connu une implication tota<strong>le</strong> du<br />
P-DG du Groupe, des cadres dirigeants, des cadres des<br />
filia<strong>le</strong>s métiers et d'équipes pluridisciplinaires.<br />
Ce regroupement a permis une revue entière des cahiers<br />
des clauses juridiques, administratives et financières et<br />
<strong>le</strong>s annexes à ces cahiers. Cela, comprenant notamment :<br />
<strong>le</strong>s délais et <strong>le</strong>s délais partiels, <strong>le</strong>s limites de fournitures<br />
et prestations, la politique d'acquisition des pièces de<br />
rechange pour <strong>le</strong> compte de l'exploitation, la sous-traitance<br />
en Algérie, <strong>le</strong>s garanties et <strong>le</strong>s garanties performances<br />
des équipements, la liste des sous-fournisseurs<br />
agréés, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la qualité des équipements en<br />
usine et sur <strong>le</strong> site. Cet atelier a permis, en effet, d'améliorer<br />
<strong>le</strong> contenu des cahiers des charges par l'apport de<br />
l'expérience, d'assurer une meil<strong>le</strong>ure cohésion de ces<br />
cahiers, l'examen et la validation des pièces constitutives<br />
d'un appel d'offres pour la réalisation d'une centra<strong>le</strong><br />
à cyc<strong>le</strong> combiné. Cette validation de <strong>document</strong>s communs<br />
est une référence pour l'ensemb<strong>le</strong> des filia<strong>le</strong>s,<br />
moyennant certaines adaptations. Cette mise au point<br />
des cahiers des charges vise éga<strong>le</strong>ment à améliorer
28<br />
Interview<br />
<strong>le</strong> cadre de collaboration entre <strong>le</strong> maître d'œuvre et <strong>le</strong><br />
maître de l'ouvrage par l'apport de l'expérience mutuel<strong>le</strong><br />
dans <strong>le</strong> but d'assurer que l'ouvrage soit une œuvre<br />
commune réussie.<br />
Peut-on dire aujourd'hui, dans <strong>le</strong> contexte particulier<br />
que connaît <strong>Sonelgaz</strong>, que l'engineering tend à<br />
devenir un métier à part entière ?<br />
Z. B. : J'ai répondu en partie et par l'affirmative à cette<br />
question. L'engineering ne tend pas à être un métier à<br />
part entière, il l'est déjà. Un : nous agissons par mandat,<br />
nous avons un maître d'ouvrage qui est <strong>le</strong> client pour<br />
<strong>le</strong>quel nous sommes à l'écoute et pour <strong>le</strong>quel nous agissons<br />
en tant que maître d'œuvre. C'est notre client qui<br />
définit <strong>le</strong>s grandes lignes de son cahier des charges. Nous,<br />
nous sommes à son écoute et agissons avec l'idée que<br />
l'ouvrage est un actif du client. Deux : quel que soit l'ouvrage,<br />
nous sommes organisés en trois entités : <strong>le</strong> développement,<br />
<strong>le</strong>s études et la réalisation. Pourquoi, me<br />
diriez-vous, opère-t-on de cette manière ? C'est pour ne<br />
pas être juge et partie à la fois. Le développement mature<br />
l'affaire, <strong>le</strong>s études de faisabilité et met en place <strong>le</strong> contrat<br />
avec tout ce que cela suppose en termes de procédures<br />
d'appel d'offres, de négociations. Sa mission s'arrête là.<br />
Après, c'est autour des études. Dans l'engineering, nous<br />
avons deux types d'études : ou c'est nous-mêmes qui faisons<br />
<strong>le</strong>s conceptions d'ouvrages ou alors nous contrôlons<br />
<strong>le</strong>s plans qui nous sont soumis en nous assurant de <strong>le</strong>ur<br />
conformité par rapport au contrat, aux dossiers et aux<br />
spécifications techniques. Quant aux réalisations, il s'agit<br />
de la coordination et de la conduite des projets sur sites<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
et <strong>le</strong> suivi de l'ensemb<strong>le</strong> des phases suivantes : suivi et<br />
coordination des expéditions, <strong>le</strong>s travaux, <strong>le</strong>s essais et la<br />
mise en service. A ce propos, nous avons une particularité<br />
à <strong>Sonelgaz</strong> : dans <strong>le</strong>s clauses de paiement, c'est <strong>le</strong> responsab<strong>le</strong><br />
dûment habilité qui autorise l'expédition du<br />
matériel. Il n'y aucun équipement qui entre en Algérie<br />
sans une autorisation dûment signée par une personne<br />
habilitée. Pour que l'opérateur soit payé, il lui faut présenter<br />
<strong>le</strong>s <strong>document</strong>s contractuels, la facture et l'autorisation<br />
paraphés par <strong>Sonelgaz</strong>. Autrement, la banque ne <strong>le</strong> paye<br />
pas. Ceci pour maîtriser <strong>le</strong>s délais d'expédition et inciter<br />
<strong>le</strong> partenaire à accomplir ses obligations loca<strong>le</strong>s (génie<br />
civil, montage…). Pour revenir au type d'organisation qui<br />
prévaut au sein de la Direction engineering, il faut préciser<br />
que nous œuvrons de façon à ce que <strong>le</strong> travail de la<br />
structure développement puisse être critiqué et par l'entité<br />
chargée des études et par cel<strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> de la réalisation.<br />
C'est une précaution que nous prenons pour<br />
avoir <strong>le</strong> feed-back et pour arriver à un meil<strong>le</strong>ur partage<br />
des tâches et des responsabilités. C'est dans ce sens que<br />
nous avons développé toute une cartographie allant de<br />
l'idée de projet jusqu'à sa clôture. Il s'agit d'un <strong>document</strong><br />
qui s'applique à n'importe quel projet, simp<strong>le</strong> ou comp<strong>le</strong>xe,<br />
et qui décrit dans <strong>le</strong> détail <strong>le</strong>s processus majeurs<br />
qui relèvent de la responsabilité du management de l'engineering.<br />
Chaque processus en question décrit concrètement<br />
qui fait quoi et qui est responsab<strong>le</strong> de quoi : que ce<br />
soit <strong>le</strong>s personnes ou la structure.<br />
Y a-t-il une responsabilité de l'engineering après la<br />
réalisation et la mise en service d'un ouvrage ?
Z. B. : Dans <strong>le</strong>s mandats et procédures, il faut<br />
d'abord faire la nuance entre <strong>le</strong>s relations que nous<br />
avons avec <strong>le</strong> constructeur, l'entreprise et cel<strong>le</strong>s que<br />
nous avons avec la filia<strong>le</strong>. C'est complètement différent.<br />
Nous ne libérons pas <strong>le</strong> constructeur si la filia<strong>le</strong> ne<br />
réceptionne pas son ouvrage et si el<strong>le</strong> n'en est pas<br />
satisfaite. Il faut d'abord remettre l'ouvrage à la filia<strong>le</strong>,<br />
qu'el<strong>le</strong> l'exploite, pour libérer <strong>le</strong> constructeur de ses<br />
responsabilités. Une fois que l'ouvrage est mis en<br />
service, l'engineering reste responsab<strong>le</strong> de la gestion de<br />
la période de garantie. S'il n'y pas de problème, la<br />
garantie suit son cours ; s'il y a des problèmes, la filia<strong>le</strong><br />
ne saisit pas <strong>le</strong> constructeur, el<strong>le</strong> saisit plutôt<br />
l'engineering qui est son interlocuteur direct pour<br />
qu'il prenne <strong>le</strong>s mesures nécessaires auprès du<br />
constructeur.<br />
Vous avez dit que <strong>le</strong> plan de charges est très<br />
important. Mais vous agissez aussi pour <strong>le</strong> compte<br />
de centra<strong>le</strong>s et de projets qui ne sont pas ceux de<br />
<strong>Sonelgaz</strong>…<br />
Z. B. : Cette question m'amène d'abord à revenir une<br />
fois encore sur <strong>le</strong> fait que l'une des motivations qui ont<br />
amené <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong> à intégrer l'engineering au<br />
sein d'une structure unifiée était de mettre un terme à la<br />
déperdition de nos ressources humaines. Quand des<br />
sociétés de production comme SKS, SKB et SKH ont été<br />
créées et érigées en filia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s cadres qu'on sollicitait<br />
durant <strong>le</strong>s phases de négociation et de mise en place des<br />
contrats étaient ceux de l'engineering. Ceux-là sont, par<br />
la suite, partis vers ces sociétés. Le même cas peut se<br />
poser si de nouvel<strong>le</strong>s sociétés comme cel<strong>le</strong>s que je viens<br />
de citer voyaient <strong>le</strong> jour et agissaient seu<strong>le</strong>s. Le fait que<br />
l'engineering agit en direction généra<strong>le</strong> et, si je puis dire,<br />
en conseil, cela lui permet d'éviter la déperdition de son<br />
patrimoine humain, de préserver son ossature et de<br />
capitaliser son expérience et son savoir-faire. En ce qui<br />
concerne <strong>le</strong> fait que nous agissons pour des projets n'appartenant<br />
pas à <strong>Sonelgaz</strong>, il ne faut pas oublier que,<br />
d'une part, <strong>Sonelgaz</strong> possède <strong>le</strong> métier et que, d'autre<br />
part, el<strong>le</strong> est partie prenante dans ces projets. Il ne faut<br />
pas oublier non plus que ce sont des projets d'intérêt<br />
national : il s'agit de sociétés qui vont produire de l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
en Algérie et dont <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s vont être connectées<br />
au réseau national. La stratégie adoptée aujourd'hui<br />
en phase amont consiste d'ail<strong>le</strong>urs à dire que, pour des<br />
nécessités de capitalisation d'expertise et de savoir-faire,<br />
c'est l'engineering qui est mandaté pour intervenir. A la<br />
mise en service, la société de projet a ensuite toute la latitude<br />
d'exploiter son ouvrage en concurrence avec <strong>le</strong>s<br />
autres.<br />
<strong>Sonelgaz</strong> connaît de grandes mutations depuis deux<br />
ans. Comment l'engineering suit-il ces mutations et<br />
comment ce métier est-il intégré aux axes de<br />
réf<strong>le</strong>xion et aux politiques de développement initiés<br />
au sein du Groupe ?<br />
Z. B. : Permettez-moi d'abord de revenir sur <strong>le</strong>s<br />
objectifs visés par la transformation profonde que<br />
connaît <strong>Sonelgaz</strong> depuis 2002, avec la loi 02/01 sur l'é<strong>le</strong>ctricité<br />
et la distribution du gaz par canalisations.<br />
<strong>Sonelgaz</strong> se transforme pour s'adapter aux règ<strong>le</strong>s universel<strong>le</strong>s<br />
du marché. Cela, à travers l'amélioration de sa performance<br />
managéria<strong>le</strong>, son efficacité et sa maîtrise des<br />
coûts. Nous sommes, forcément, concernés dans l'atteinte<br />
du premier paramètre, mais nous sommes, à mon<br />
avis, tota<strong>le</strong>ment impliqués dans la partie amont, de l'atteinte<br />
des deux derniers paramètres. J'ai presque envie<br />
de dire que toute la performance de l'homme est réduite<br />
à néant devant l'inefficacité de la machine. Et notre<br />
implication, voire notre responsabilité, se prolonge à<br />
l'échel<strong>le</strong> du secteur de l'é<strong>le</strong>ctricité et de la distribution<br />
du gaz par canalisations afin de réussir cette dynamique<br />
de son ouverture sur l'extérieur. Pourquoi ? Parmi ces<br />
grandes mutations, il y a la production par <strong>le</strong>s tiers.<br />
Comment sommes-nous impliqués ? Si je prends l'exemp<strong>le</strong><br />
de la centra<strong>le</strong> de Hadjret Ennouss, qui est <strong>le</strong> produit<br />
d'un montage très compliqué et là où il y a véritab<strong>le</strong>ment<br />
présence d'un investisseur privé, avec 51% de<br />
parts. Premièrement, l'engineering est sollicité par la<br />
société el<strong>le</strong>-même, SKH, pour lui assurer la coordination<br />
et <strong>le</strong> suivi de la réalisation dans <strong>le</strong> cadre d'une convention<br />
d'assistance technique. Pourquoi nous y sommes intéressés<br />
? Il s'agit quand même d'une centra<strong>le</strong> importante<br />
en Algérie. Il n'est pas dans notre intérêt qu'el<strong>le</strong> devienne<br />
source de problèmes pour notre réseau. Deuxièmement,<br />
<strong>Sonelgaz</strong> est acheteur d'é<strong>le</strong>ctricité : <strong>le</strong>s quatre distributeurs<br />
(SDA, SDC, SDE et SDO) nous ont mandatés pour<br />
gérer <strong>le</strong>urs contrats. Troisièmement, c'est un financement<br />
local auquel participe un groupe de quatre banques<br />
(BEA, CPA, BNA et Cnep). Dans ce type de<br />
financement sans recours à une garantie, ces banques<br />
nous ont sollicités pour faire <strong>le</strong> suivi et confirmer l'état<br />
d'avancement physique du projet. Tout cela est nouveau<br />
et requiert une posture autre que cel<strong>le</strong> que nous pouvions<br />
avoir il y a quelques années avant l'avènement des<br />
mutations : nous ne sommes pas en face d'un contrat<br />
classique où vous avez un constructeur qui réalise pour<br />
vous un projet pour que vous en fassiez ensuite l'usage<br />
prédestiné. Nous sommes en face de quelque chose de<br />
nouveau et de comp<strong>le</strong>xe qui nous a incités à créer une<br />
direction du partenariat, une équipe dédiée à ces
30<br />
Interview<br />
montages et à ces contrats. Avec SKH, il faut assumer<br />
son rô<strong>le</strong> d'assistant technique, suivre, faire des rapports<br />
et facturer. Et il faut éga<strong>le</strong>ment mobiliser <strong>le</strong> personnel<br />
pour <strong>le</strong> suivi sur <strong>le</strong>s chantiers. Enfin, avec <strong>le</strong>s filia<strong>le</strong>s de<br />
distribution, nous agissons par mandat.<br />
Le contexte d'ouverture a étendu l'exercice restreint<br />
de vos missions au sein du Groupe pour<br />
sortir au-delà des frontières, dans <strong>le</strong> cadre du<br />
projet d'interconnexion maghrébine…<br />
Z. B. : Pour répondre à cette question, je reprends<br />
encore l'exemp<strong>le</strong> de SKH. Car, contrairement à d'autres<br />
projets comme SKS de Skikda où nous étions présents<br />
au moment du redéploiement du Groupe et SKB de<br />
Berroughia où nous étions plus ou moins partie prenante,<br />
pour Hadjret Ennouss, nous sommes à tous <strong>le</strong>s<br />
niveaux de la chaîne. Nous sommes intervenus en<br />
amont, notamment au niveau des pièces techniques, et<br />
nous intervenons aujourd'hui en aval pour <strong>le</strong>s autres<br />
besoins du projet. Nous sommes éga<strong>le</strong>ment mandatés<br />
par Sonatrach pour la construction de son ouvrage : <strong>le</strong><br />
gazoduc Sougueur-Hadjret Ennouss. Et ce sont nos<br />
équipes qui suivent la réalisation du chantier d'évacuation<br />
d'énergie de Hadjret Ennouss-Oued Athmania via<br />
des postes et des lignes de 400 KV. Nous agissons, donc,<br />
à une échel<strong>le</strong> multidimensionnel<strong>le</strong> pour une centra<strong>le</strong> de<br />
1 200 MW interconnectée au réseau. Pour répondre<br />
éga<strong>le</strong>ment à votre question, nous sommes présents<br />
aussi dans <strong>le</strong>s groupes de travail chargés de plancher sur<br />
<strong>le</strong> projet 2 000 Mw. Nous y participons avec <strong>le</strong> ministère<br />
de l'Energie et des Mines, Sonatrach et <strong>Sonelgaz</strong>. On<br />
par<strong>le</strong> de l'idée de confier cette affaire à l'engineering et,<br />
si cela se confirme, cela voudra dire implicitement que<br />
nous devrons nous occuper du réseau, des câb<strong>le</strong>s sousmarins,<br />
des études de faisabilité. Cela voudra dire aussi<br />
que nous agirons à l'échel<strong>le</strong> que vous venez d'évoquer :<br />
l'interconnexion avec <strong>le</strong> Maghreb, puis avec l'Europe via<br />
l'Espagne.<br />
La relation entre filia<strong>le</strong>s et Direction de<br />
l'engineering est cel<strong>le</strong> de maître d'œuvre à maître<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
d'ouvrage. Les transactions financières liées aux<br />
prestations fournies par la DGE sont-el<strong>le</strong>s<br />
formulées dans <strong>le</strong> sens de cette relation ?<br />
Z. B. : Ce sont des relations de maître d'ouvrage à<br />
maître d'œuvre qu'on essaye de parfaire au maximum.<br />
En ce qui concerne <strong>le</strong>s transactions financières, nous<br />
avons des comptes dédiés à chacun de nos métiers. Ces<br />
comptes sont alimentés par la Direction des finances du<br />
Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, selon nos prévisions. Cela, parce que<br />
la Direction des finances Groupe dispose des remontées<br />
de fonds des filia<strong>le</strong>s, des distributeurs en plus de la<br />
recherche de financements. Nos comptes sont alimentés<br />
régulièrement en fonction de nos prévisions et nous<br />
agissons directement sur ces comptes avec une autonomie<br />
tota<strong>le</strong> de financement. Pour vous donner un chiffre<br />
: nous avons terminé l'année 2006 à 53 milliards de<br />
dinars, tous ouvrages confondus : 35 milliards pour <strong>le</strong><br />
réseau haute tension, 11 pour <strong>le</strong> gaz et 7 pour <strong>le</strong>s moyens<br />
de production. Pour l'année prochaine, je pense que ça<br />
va bascu<strong>le</strong>r : <strong>le</strong>s moyens de production vont prendre la<br />
première place en termes de dépense. Ces financements<br />
sont recherchés et mis en place par la Direction des<br />
finances qui nous alimente régulièrement. Pour ce faire,<br />
un dispositif constitué du Directeur des finances<br />
Groupe, des Directeurs des finances des filia<strong>le</strong>s et du<br />
Directeur des finances engineering se réunit chaque<br />
semaine pour faire <strong>le</strong> point. J'ajouterai que dans ces<br />
Tout cela est nouveau et requiert une posture autre que cel<strong>le</strong><br />
que nous pouvions avoir il y a quelques années avant l'avènement<br />
des mutations : nous ne sommes pas en face d'un contrat<br />
classique où vous avez un constructeur tel qui vous réalise un<br />
projet pour que vous en fassiez ensuite l'usage prédestiné.<br />
transactions, nous ne prenons que 1%, et c'est uniquement<br />
pour pouvoir financer nos charges d'exploitation,<br />
assurer <strong>le</strong>s salaires. A la fin de l'année, s'il y a des excédents,<br />
nous <strong>le</strong>s reversons à chaque filia<strong>le</strong>. Nous ne<br />
sommes pas dans une logique de profit.<br />
<strong>Sonelgaz</strong> est entrée dans une phase d'investissements<br />
multip<strong>le</strong>s. Comment l'engineering s'organise-t-il<br />
pour honorer ses engagements par rapport<br />
à ses investissements ?<br />
Z. B. : En termes de planification, <strong>le</strong>s échéances 2009-<br />
2010 sont pour nous de l'histoire ancienne. Aujourd'hui,<br />
nous savons ce qu'il faut réaliser jusqu'à 2016.
Les centra<strong>le</strong>s de Terga et de Koudiet Eddraouch sont<br />
connues depuis deux ans. Maintenant, nous passons à la<br />
phase de contrats. Comment y faire face ? Il faut dire que<br />
nous n'avons pas de problème en ce qui concerne la logistique,<br />
mais nous avons perdu énormément de cadres<br />
pour différentes raisons : <strong>le</strong>s départs en retraite, <strong>le</strong> redéploiement<br />
vers d'autres structures, <strong>le</strong>s départs vers d'autres<br />
horizons. Nous sommes passés de 900 personnes<br />
aux a<strong>le</strong>ntours de 1996 à 600 aujourd'hui. Quand j'ai repris<br />
l'engineering, j'ai trouvé exactement 598 personnes en<br />
service. Il faut donc tout reconstruire, et nos prévisions à<br />
ce sujet nous permettent de tab<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> recrutement de<br />
100 à 150 personnes chaque année. Entre juil<strong>le</strong>t et<br />
décembre 2006, nous avons recruté une centaine de personnes<br />
de différents profils : ingénieurs, juristes, économistes<br />
et financiers. L'objectif est de «construire» ces<br />
recrues et de <strong>le</strong>s former. Quant aux difficultés, quand<br />
cel<strong>le</strong>s-ci se présentent, il y a bien sûr des priorités à gérer<br />
pour <strong>le</strong> bon fonctionnement du réseau. Si je prends<br />
l'exemp<strong>le</strong> du réseau «haute tension», la priorité est <strong>le</strong> 400<br />
KV. Mais par moments, tout est prioritaire. S'agissant de<br />
la distribution publique gaz, à titre d'exemp<strong>le</strong>, on ne peut<br />
privilégier une localité par rapport à une autre. Chaque<br />
wali, chaque directeur des mines, chaque élu intervient<br />
en faveur d'un raccordement rapide de sa localité, ce qui<br />
est tout à fait légitime et compréhensib<strong>le</strong>. Cela dit, nous<br />
arrivons à faire 800 km de canalisations de transport gaz<br />
et 50 à 60 distributions publiques par an.<br />
On constate actuel<strong>le</strong>ment une forte demande sur<br />
<strong>le</strong>s équipements é<strong>le</strong>ctriques dans <strong>le</strong> monde. Cela<br />
n'a-t-il pas d'incidences sur la disponibilité de ces<br />
produits sur <strong>le</strong>s marchés internationaux ?<br />
Z. B. : En effet, des besoins colossaux d'investissement<br />
sont enregistrés dans <strong>le</strong> monde, ces dernières<br />
années. Ces investissements interviennent, dans certains<br />
pays comme ceux du Golfe, pour répondre à la croissance<br />
de la consommation et, dans d'autres pays, pour des<br />
impératifs de renouvel<strong>le</strong>ment des infrastructures qui ont<br />
atteint <strong>le</strong>ur limite d'âge. Naturel<strong>le</strong>ment, cela influe sur la<br />
disponibilité de la matière première, comme <strong>le</strong> cuivre et,<br />
par là-même, sur la disponibilité de câb<strong>le</strong>s spécifiques et<br />
des transformateurs. Cette contrainte a naturel<strong>le</strong>ment<br />
des incidences sur <strong>le</strong>s délais de réalisation, mais nous<br />
essayons de nous en accommoder, sans pour autant que<br />
cela affecte nos exigences sur la qualité des produits<br />
auprès des équipementiers…<br />
Cette course à l'investissement dans <strong>le</strong> monde<br />
n'agit-el<strong>le</strong> pas aussi sur <strong>le</strong> comportement des<br />
constructeurs ? Ne sont-ils pas dans une situation<br />
confortab<strong>le</strong> à même d'imposer <strong>le</strong>urs règ<strong>le</strong>s ou de<br />
choisir des marchés par rapport à d'autres ?<br />
Z. B. : Pas tout à fait juste : nous arrivons aujourd'hui<br />
à un bon ratio de participation à nos appels d'offres, soit<br />
en moyenne 5 soumissionnaires par appel d'offres quand<br />
il s'agit de réaliser des lignes ou des postes. Quant au segment<br />
de production de l'é<strong>le</strong>ctricité, il est vrai, considérée<br />
la demande mondia<strong>le</strong> d'investissement, que nous constatons<br />
que <strong>le</strong>s constructeurs sont dans une situation<br />
confortab<strong>le</strong>. Nous vivons cela comme une contrainte<br />
dans la mesure où nous avons des investissements assez<br />
conséquents à réaliser, dans des délais relativement<br />
courts. Cela dit, je pense que nos marchés sont attractifs<br />
pour plusieurs raisons : la bonne situation financière de<br />
l'Algérie, <strong>le</strong>s grands chantiers d'investissements que lance<br />
<strong>le</strong> Groupe et <strong>le</strong> label confiance dont jouit <strong>Sonelgaz</strong> auprès<br />
de ses prestataires. Le problème, je <strong>le</strong> situerai, à mon<br />
sens, dans <strong>le</strong>s opérations qui aboutissent à la recevabilité<br />
de moins de quatre soumissionnaires et où notre marge<br />
de manœuvre dans <strong>le</strong>s négociations est limitée, notamment<br />
à cause du caractère urgent des projets.<br />
Vous venez d'aborder un aspect déterminant dans<br />
<strong>le</strong> management des projets que sont <strong>le</strong>s<br />
négociations. Quels sont <strong>le</strong>s facteurs de réussite de<br />
cel<strong>le</strong>s-ci ?<br />
Z. B. : A mon sens, la meil<strong>le</strong>ure négociation est cel<strong>le</strong><br />
qui aboutit à l'atteinte des objectifs : la réalisation d'un
32<br />
Interview<br />
projet avec <strong>le</strong> moindre coût possib<strong>le</strong> d'investissement,<br />
dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs délais et selon <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs standards et<br />
normes de qualité et de sécurité. Et j'ajouterai surtout l'acquisition<br />
du savoir et du savoir-faire, sur chaque maillon<br />
de l'opération sur laquel<strong>le</strong> nous intervenons.<br />
Pour cela, il faut que l'engineering se détermine en<br />
tant que pô<strong>le</strong> d'excel<strong>le</strong>nce…<br />
Z. B. : Il faut, en effet, disposer ou créer autour de<br />
l'engineering ce pô<strong>le</strong> d'excel<strong>le</strong>nce des compétences dans<br />
tous <strong>le</strong>s aspects dans <strong>le</strong>squels intervient ce métier : <strong>le</strong><br />
juridique, <strong>le</strong> financier, <strong>le</strong> technique et <strong>le</strong> technologique.<br />
Pour <strong>le</strong> moment, nous n'avons pas la prétention de dire<br />
qu'il existe tota<strong>le</strong>ment au sein du Groupe, mais nous<br />
avons un noyau et nous sommes en voie de constituer un<br />
réseau d'expertise autour de lui, pour compenser certaines<br />
lacunes dans <strong>le</strong>s domaines pointus. Nous complétons<br />
aussi au fur et à mesure notre banque de données<br />
qui sera éga<strong>le</strong>ment renforcée avec la mise en œuvre des<br />
nouveaux systèmes d'information du Groupe.<br />
La ressource humaine constitue un des dossiers<br />
urgents qu'aurait à traiter votre direction. Pouvezvous<br />
nous décrire la situation actuel<strong>le</strong> et nous présenter<br />
<strong>le</strong>s défis à re<strong>le</strong>ver dans ce sens ?<br />
Z. B. : L'engineering a perdu au fil du temps des compétences,<br />
et pas des moindres. Ce que nous sommes en<br />
train de faire, c'est de reconstituer cette ressource stratégique,<br />
canaliser <strong>le</strong>s énergies, <strong>le</strong>s orienter en termes de<br />
technologie et de concept, de méthodologie, de suivi et<br />
de management du projet. Notre plan d'action s'étend sur<br />
quatre à cinq ans, car il ne s'agit pas de recruter uniquement,<br />
il faut aussi bien accueillir <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s recrues,<br />
<strong>le</strong>s former et <strong>le</strong>ur offrir un cadre de travail adéquat et<br />
agréab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s intégrer progressivement. L'enjeu étant de<br />
<strong>le</strong>s rendre tota<strong>le</strong>ment opérationnels dans un délai de<br />
deux ans. Nous sommes satisfaits globa<strong>le</strong>ment parce qu'il<br />
y a du répondant. Nous constatons cela à travers cette<br />
soif d'apprendre chez ces jeunes cadres qui restent au<br />
bureau au-delà des heures de travail. Nous essayons aussi<br />
de forger l'esprit d'équipe à travers un programme monté<br />
par la DGE et qui consiste à ce que tous <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s<br />
de l'engineering passent au moins une demi-journée au<br />
centre de Ben Aknoun en compagnie des jeunes cadres<br />
pour <strong>le</strong>ur expliquer, dans une ambiance convivia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />
missions, <strong>le</strong>s attributions, <strong>le</strong>s ouvrages et <strong>le</strong>s projets de<br />
l'engineering. Nous faisons cela parce que l'engineering<br />
est avant tout un travail de groupe. Il faut écouter, proposer,<br />
discuter et convaincre par des arguments et obtenir<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
l'adhésion de l'équipe. Sans l'adhésion, la conviction et<br />
l'implication de tous, de lourdes hypothèques peuvent<br />
peser sur <strong>le</strong> projet.<br />
Quel est <strong>le</strong> profil d'un cadre de la Direction de l'engineering<br />
? Les universités algériennes présentent-el<strong>le</strong>s<br />
pour vous un réservoir intéressant ?<br />
Z. B. : Je préfère commencer par la rapidité d'adaptation<br />
dans <strong>le</strong> milieu professionnel car, avec l'expérience,<br />
nous avons constaté que de grandes éco<strong>le</strong>s et universités<br />
nous envoient des cadres qui s'intègrent très vite. Pour<br />
d'autres, ceux qui en sont issus demandent plus de<br />
temps. Ceux de l'université de Bab Ezzouar ou de l'Eco<strong>le</strong><br />
polytechnique d'El Harrach, à titre d'exemp<strong>le</strong>, arrivent à<br />
s'adapter à notre environnement au bout de 15 à 18<br />
mois. Ce qui est peut-être dû à la formation dispensée au<br />
niveau de ces centres universitaires. J'ajoute à cela qu'il<br />
faut, comme préalab<strong>le</strong> indispensab<strong>le</strong>, l'amour du métier<br />
d'engineering qui requiert de la disponibilité, de la mobilité,<br />
de la ténacité, du cran et un sens poussé de la négociation,<br />
que ce soit au plan technique, juridique ou<br />
financier.<br />
L'engineering offre-t-il une possibilité de carrière<br />
valorisante au sein du Groupe ?<br />
Z. B. : Nous n'offrons rien d'autre que ce qui existe à<br />
<strong>Sonelgaz</strong>. Et nous veillons à ce que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s recrues<br />
aient un cadre de travail adéquat. Ce sont des équipes<br />
qui sont dans <strong>le</strong>s bureaux, mobilisées à des heures tardives.<br />
Certaines d'entre el<strong>le</strong>s ont une tel<strong>le</strong> motivation<br />
qu'el<strong>le</strong>s suivent un projet de bout en bout et jusque dans<br />
<strong>le</strong>s phases où el<strong>le</strong>s ne sont plus véritab<strong>le</strong>ment concernées.<br />
Je crois que cela est dû en partie au fait que notre<br />
travail est un constant appel à la réf<strong>le</strong>xion et à l'innovation<br />
et que nos cadres travail<strong>le</strong>nt sur des dossiers stratégiques<br />
et sont régulièrement en contact avec des<br />
partenaires étrangers. Ces contacts créent certainement<br />
de l'émulation et font que, hormis la phase du redéploiement,<br />
l'engineering enregistre un faib<strong>le</strong> taux de déperdition<br />
et de départs vers d'autres filia<strong>le</strong>s et directions du<br />
Groupe. Quand on m'a chargé de reprendre la direction,<br />
j'ai appelé tous <strong>le</strong>s gens qui étaient à l'engineering pour<br />
avoir <strong>le</strong>ur avis et savoir s'ils souhaitaient me rejoindre ou<br />
rester à <strong>le</strong>urs postes. Pour tous, c'était <strong>le</strong> retour sans<br />
aucune hésitation
Dossier<br />
Programme<br />
national gaz<br />
Le pari du développement<br />
Si <strong>le</strong> développement du gaz naturel<br />
en tant qu'énergie propre est, dans<br />
<strong>le</strong> contexte mondial, l'instrument<br />
d'une stratégie environnementa<strong>le</strong><br />
communément perçue, il est en Algérie,<br />
outre cette priorité, l'objet d'une politique<br />
d'investissements à plusieurs tenants,<br />
avec pour objectifs la conquête de nouveaux<br />
marchés gaziers dans <strong>le</strong> monde,<br />
la mise à contribution du GN en tant que<br />
vecteur de progrès social et sa promotion<br />
comme énergie stratégique<br />
dans <strong>le</strong> développement de l'industrie.
34<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
Perspectives de l'Algérie<br />
sur <strong>le</strong> marché du gaz naturel<br />
dans <strong>le</strong> monde<br />
Sonatrach, un opérateur majeur sur la scène gazière<br />
internationa<strong>le</strong><br />
Les préoccupations d'ordre écologique ainsi que <strong>le</strong>s progrès<br />
technologiques ont permis, ces dernières années, au gaz naturel<br />
de s'ériger comme une source d'énergie de premier choix.<br />
En effet, <strong>le</strong> gaz naturel étant l'énergie fossi<strong>le</strong> la plus propre et la<br />
plus adaptée aux nouvel<strong>le</strong>s exigences environnementa<strong>le</strong>s, sa part<br />
dans <strong>le</strong> bilan énergétique mondial ne cesse de croître.<br />
Ainsi, la consommation de gaz naturel dans<br />
<strong>le</strong> monde est passée de 2 461 Gm 3 , en<br />
2000, à 2 750 Gm 3 , en 2005, soit un taux<br />
de croissance annuel moyen de 2,5%<br />
contre 1,7% pour <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong> brut sur la même période.<br />
Cette tendance devrait se confirmer à moyen et long<br />
terme avec une demande mondia<strong>le</strong> en gaz naturel qui<br />
devrait progresser à un rythme annuel moyen de l'ordre<br />
de 2 à 2,4 % pour atteindre <strong>le</strong>s 3 160 Gm 3 et 3 700 Gm 3<br />
en 2010 et 2020 respectivement. Le secteur de la génération<br />
é<strong>le</strong>ctrique qui devrait absorber, à lui seul, 35% à<br />
40% du gaz naturel commercialisé continuera à jouer <strong>le</strong><br />
rô<strong>le</strong> de moteur de la croissance de la demande mondia<strong>le</strong><br />
en gaz naturel.<br />
Plusieurs indicateurs soutiennent une croissance<br />
des échanges gaziers, notamment <strong>le</strong> GNL, dans <strong>le</strong>s prochaines<br />
années : la stagnation de la production aux<br />
Etats-Unis, l'épuisement des réserves au Royaume-Uni<br />
et en Europe, la libéralisation des secteurs du gaz<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
naturel et de l'é<strong>le</strong>ctricité dans <strong>le</strong>s pays de l'Union européenne<br />
ainsi que l'appétit croissant des pays émergents<br />
comme la Chine et l'Inde pour <strong>le</strong> gaz naturel.<br />
Dans ce même sillage, et avec une production en<br />
déclin, l'Europe devrait connaître dans <strong>le</strong>s prochaines<br />
années une importante croissance de sa dépendance<br />
vis-à-vis des importations à partir de sources hors<br />
Europe. En effet, en dépit du fort potentiel de la<br />
Norvège, la production européenne devrait se maintenir<br />
à son niveau actuel jusqu'en 2010, puis amorcer un<br />
déclin à partir de 2011.<br />
La demande dans la région (UE 25, Norvège,<br />
Turquie et Suisse) devrait, quant à el<strong>le</strong>, continuer à croître<br />
à un rythme soutenu et atteindre 600 Gm 3 et 730<br />
Gm 3 , en 2010 et 2020, respectivement contre 526 Gm 3<br />
en 2004. Le secteur de la génération é<strong>le</strong>ctrique devrait<br />
absorber, à lui seul, 70% de la demande additionnel<strong>le</strong>.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, la libéralisation des secteurs du gaz<br />
naturel et de l'é<strong>le</strong>ctricité en Europe et la multiplication
du nombre d'opérateurs conjuguée à la volonté des<br />
pays de l'Union à sécuriser <strong>le</strong>urs fournitures en diversifiant<br />
<strong>le</strong>s sources d'approvisionnement, suite notamment<br />
à la crise russo-ukrainienne, hiver 2005-2006,<br />
qui avait provoqué une réduction des livraisons de gaz<br />
naturel russe à l'Europe, devraient favoriser <strong>le</strong>s échanges<br />
par méthaniers. A cet effet, plusieurs terminaux<br />
de regazéification sont en cours de construction ou en<br />
projets pour permettre aux pays de l'Union européenne<br />
d'assurer une partie de <strong>le</strong>urs besoins à partir de<br />
sources lointaines au Moyen-Orient et en Afrique, <strong>le</strong>s<br />
fournitures par gazoducs à partir de Russie et d'Algérie<br />
devant continuer à satisfaire la plus grande partie de la<br />
demande additionnel<strong>le</strong> de gaz naturel.<br />
En Amérique du Nord, la demande de gaz naturel<br />
devrait progresser à un rythme annuel moyen de 1,2%<br />
pour atteindre près de 840 Gm 3 , en 2010, et 980 Gm 3 ,<br />
en 2020, grâce principa<strong>le</strong>ment à une forte demande<br />
du secteur de la génération é<strong>le</strong>ctrique.<br />
La production aux Etats-Unis et au Canada étant<br />
en stagnation, la consommation additionnel<strong>le</strong> devrait<br />
être couverte par des importations de GNL. A cet<br />
effet, en plus des cinq terminaux de réception de GNL<br />
existants, plusieurs nouveaux terminaux de regazéification<br />
sont en cours de construction ou en projets sur<br />
<strong>le</strong>s côtes est et ouest des Etats-Unis, au Canada et au<br />
Mexique. Ces derniers permettront l'importation de<br />
volumes de gaz naturel à partir du Moyen-Orient,<br />
d'Afrique et d'Australie.<br />
En Asie, la demande de gaz naturel devrait enregistrer<br />
dans <strong>le</strong>s prochaines années <strong>le</strong> taux de croissance<br />
<strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong> monde, en raison<br />
principa<strong>le</strong>ment de la forte demande de la Chine et de<br />
l'Inde. Outre <strong>le</strong> secteur é<strong>le</strong>ctrique qui va jouer un rô<strong>le</strong><br />
majeur dans la croissance de la demande, <strong>le</strong> secteur<br />
industriel, dans <strong>le</strong>quel la part du gaz est très inférieure<br />
à cel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> occupe dans <strong>le</strong>s pays industrialisés,<br />
devrait représenter <strong>le</strong> principal vecteur de croissance.<br />
Pour répondre à une partie de cette demande, plusieurs<br />
projets de terminaux de regazéification sont<br />
développés en Chine et en Inde. Toutefois, une partie<br />
de ces projets pourrait ne pas voir <strong>le</strong> jour en raison<br />
principa<strong>le</strong>ment de la compétition avec <strong>le</strong> charbon,<br />
notamment en Chine.<br />
Côté offre, avec plus de 40% des réserves mondia<strong>le</strong>s<br />
de gaz naturel, la région du Moyen-Orient devrait<br />
jouer un rô<strong>le</strong> de plus en plus prépondérant dans l'approvisionnement<br />
gazier mondial, principa<strong>le</strong>ment sous<br />
forme de GNL.<br />
Le GNL, vecteur de croissance du commerce mondial<br />
du gaz naturel<br />
Les nouvel<strong>le</strong>s configurations de marché qui se<br />
dessinent et qui sont porteuses d'opportunités aussi<br />
diverses qu'attractives incitent à trouver des solutions<br />
innovantes permettant de continuer à assurer, à<br />
long terme, <strong>le</strong>s revenus aux vendeurs et<br />
Le GNL, vecteur de croissance du commerce mondial du gaz naturel
36<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
<strong>le</strong>s approvisionnements aux acheteurs, tout en saisissant<br />
autant que faire se peut ces opportunités.<br />
En effet, la concurrence et la compétitivité au<br />
niveau international et l'intensification des échanges<br />
commerciaux internationaux ont amené <strong>le</strong>s compagnies<br />
à développer et à mettre en œuvre des stratégies<br />
globa<strong>le</strong>s qui vont au-delà du marché national.<br />
Dans cet environnement en constante mutation, la<br />
pérennité de ces compagnies et <strong>le</strong>ur réussite tiennent<br />
à <strong>le</strong>ur aptitude à l'amélioration de <strong>le</strong>urs performances,<br />
à l'innovation, au changement et à l'adaptation aux<br />
nouvel<strong>le</strong>s donnes de <strong>le</strong>ur environnement.<br />
Outre l'éloignement des zones de production de<br />
gaz naturel de cel<strong>le</strong>s de consommation, plusieurs<br />
autres éléments devraient contribuer à accroître <strong>le</strong>s<br />
échanges de gaz naturel par méthaniers. Ces échanges<br />
qui devraient croître à un rythme annuel moyen de 7%<br />
d'ici à 2020 permettraient au GNL d'atteindre une part<br />
de 38% dans <strong>le</strong> commerce mondial du gaz naturel,<br />
estimé à 1 350 milliards de mètres cubes à cet horizon,<br />
contre 22,7% en 2005. Parmi <strong>le</strong>s éléments qui pourraient<br />
contribuer à la croissance du GNL :<br />
- La construction de trains de liquéfaction et de<br />
méthaniers de capacités de plus en plus importantes,<br />
permettant ainsi de réaliser des économies d'échel<strong>le</strong>.<br />
- La stagnation de la production domestique aux<br />
Etats-Unis et <strong>le</strong> déclin assez rapide de la production<br />
de gaz en mer du Nord britannique.<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Une croissance continue des exportations de gaz naturel de Sonatrach<br />
- L'émergence en Asie de nouveaux marchés privilégiant<br />
cette option tels que l'Inde et la Chine.<br />
- Les prix plus é<strong>le</strong>vés du gaz sur certains marchés<br />
(nord-américain et européen), et qui ont tendance à<br />
favoriser <strong>le</strong> développement du GNL.<br />
- La diversification par <strong>le</strong>s clients de <strong>le</strong>urs sources<br />
d'approvisionnement (problématique de la sécurité<br />
d'approvisionnement et du transit).<br />
Exportations de 85 Gm 3 vers 2010 pour l'Algérie<br />
A travers Sonatrach, pionnier de l'industrie gazière,<br />
l'Algérie, au cours des quatre dernières décennies, a<br />
participé activement à la construction des marchés<br />
gaziers européens et à la pénétration du gaz naturel<br />
dans <strong>le</strong>s bilans énergétiques de certains pays membres<br />
de l'Union européenne où cette source d'énergie était<br />
souvent absente.<br />
Forte d'une position géographique privilégiée lui<br />
donnant accès aux marchés gaziers en développement<br />
et de ses qualités de fournisseur fiab<strong>le</strong> et continu,<br />
Sonatrach a tissé des relations de confiance et de coopération<br />
avec <strong>le</strong>s plus grands groupes européens.<br />
A travers deux principaux ouvrages : <strong>le</strong>s gazoducs<br />
Enrico Mattei, vers l'Italie, et Pedro Furan Farell, et ses<br />
installations de liquéfaction, installées à l'est et à<br />
l'ouest de l'Algérie, Sonatrach a exporté, en 2005, près<br />
de 65 Gm 3 de gaz naturel, dont 61,5% par gazoduc<br />
(GEM et GPDF) et 38,5% sous forme de GNL.
Ce volume a permis à Sonatrach d'occuper <strong>le</strong> 4 e rang<br />
des exportateurs de gaz naturel dans <strong>le</strong> monde, juste<br />
derrière la Russie, <strong>le</strong> Canada et la Norvège, et ce en<br />
dépit de la destruction d'une partie de la liquéfaction<br />
du comp<strong>le</strong>xe de Skikda <strong>le</strong> 19 janvier 2004.<br />
L'Europe reste <strong>le</strong> principal marché pour <strong>le</strong> gaz<br />
naturel algérien avec plus de 94,5% des exportations<br />
algériennes en 2005, suivie par <strong>le</strong>s Etats-Unis (4,4%) et<br />
la Tunisie (1%).<br />
Pour maintenir la position de l'Algérie comme<br />
exportateur majeur de gaz naturel dans <strong>le</strong> monde,<br />
notamment vers <strong>le</strong>s marchés d'Europe du Sud, et<br />
atteindre l'objectif d'exportation de 85 Gm 3 /an de gaz<br />
naturel fixé à l'horizon 2010, Sonatrach déploie une<br />
stratégie de développement adaptée à un nouvel environnement<br />
caractérisé par une croissance continue de<br />
la demande de gaz, mais éga<strong>le</strong>ment par des schémas de<br />
fonctionnement de plus en plus comp<strong>le</strong>xes.<br />
Des projets d'envergure, <strong>le</strong>s gazoducs Medgaz<br />
(8 Gm 3 /an) devant relier directement l'Algérie à<br />
l'Espagne et Galsi (8 Gm 3 /an), ligne directe entre<br />
l'Algérie et l'Italie via la Sardaigne, devraient entrer en<br />
service en 2009 et 2010. Ces projets ont franchi des<br />
étapes décisives de <strong>le</strong>ur développement avec <strong>le</strong> vote de<br />
la décision fina<strong>le</strong> d'investissement du projet Medgaz,<br />
<strong>le</strong> 21 décembre 2006, <strong>le</strong> lancement prochain des<br />
Sonatrach, un fournisseur majeur de gaz naturel<br />
travaux de construction et l'augmentation du capital<br />
de la société Galsi, qui engagera très prochainement<br />
<strong>le</strong>s études d'engineering FEED.<br />
Sonatrach devrait éga<strong>le</strong>ment augmenter ses exportations<br />
à travers <strong>le</strong>s extensions des gazoducs existants,<br />
notamment <strong>le</strong> gazoduc Enrico Mattei, dont la capacité<br />
devrait être augmentée de 6,5 Gm 3 /an dès 2008.<br />
Deux nouveaux trains de liquéfaction sont éga<strong>le</strong>ment<br />
en projet, l'un d'une capacité de 4,5 MT/an en<br />
remplacement de la capacité perdue à Skikda suite à<br />
l'accident survenu en janvier 2004 et l'autre dans <strong>le</strong><br />
cadre du projet intégré de Gassi Touil, en association<br />
avec Repsol/Gas Natural.<br />
Le développement d'un positionnement dans l'aval<br />
gazier international est éga<strong>le</strong>ment un axe important de<br />
la stratégie de développement mise en œuvre par<br />
Sonatrach, qui lui permettra d'avoir un accès direct<br />
aux marchés finaux et capturer ainsi une partie de la<br />
marge.<br />
Pour ce faire, Sonatrach s'est investie dans un programme<br />
d'envergure s'articulant essentiel<strong>le</strong>ment<br />
autour des axes suivants :<br />
- Réservation de capacités de regazéification à Is<strong>le</strong><br />
of Grain, en Grande-Bretagne (2,35 Gm 3 /an à partir<br />
de 2005 et 4,75 Gm 3 /an à partir de 2009), à Montoir<br />
(1 Gm 3 /an à partir de 2010). Sonatrach étudie
38<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s possibilités de réservation d'une capacité<br />
de regazéification sur <strong>le</strong> marché nord-américain.<br />
A cet effet, trois <strong>le</strong>ttres d'intention ont été signées avec<br />
Sempra LNG, Occidental Petro<strong>le</strong>um et Freeport LNG.<br />
• Réservation de capacité de transport sur <strong>le</strong>s<br />
nouveaux gazoducs Medgaz et Galsi.<br />
• Création de filia<strong>le</strong>s de commercialisation pour<br />
accompagner la stratégie d'intégration dans l'aval<br />
gazier européen, comme c'est <strong>le</strong> cas au Royaume-Uni<br />
(Sonatrach Gas Marketing), en Espagne (Sonatrach<br />
Gas Commercializadora) et en Italie (Sonatrach Gas<br />
Italia). Une filia<strong>le</strong> devrait éga<strong>le</strong>ment être créée en<br />
France pour commercialiser <strong>le</strong>s volumes de gaz naturel<br />
transportés sur ce marché.<br />
• Renforcement de la flotte de transport maritime par<br />
l'acquisition de nouveaux méthaniers. Sonatrach<br />
devrait réceptionner deux nouveaux méthaniers d'une<br />
capacité de 75 000 m 3 chacun en 2007 et 2008 respectivement<br />
et la commande de 2 nouveaux méthaniers,<br />
Atlantic Max (145 000 m 3 ) est en cours.<br />
Forte de son expérience et de son expertise développées<br />
au cours des quatre dernières décennies ainsi<br />
que de sa position, unique au monde, de fournisseur de<br />
gaz par gazoduc mais aussi de GNL, Sonatrach continuera<br />
à être un acteur incontournab<strong>le</strong> de la scène énergétique<br />
et gazière mondia<strong>le</strong>. Et c'est en s'appuyant sur<br />
<strong>le</strong>s atouts indéniab<strong>le</strong>s dont el<strong>le</strong> dispose, et en mettant<br />
en œuvre une stratégie dynamique lui permettant de<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Renforcement de la position de Sonatrach dans <strong>le</strong>s pays de l’Europe du Sud<br />
tirer avantage des changements intervenus sur <strong>le</strong>s marchés<br />
mondiaux, qu'el<strong>le</strong> continuera aussi à faire face à<br />
une concurrence accrue pour préserver et développer<br />
sa position et se hisser aux premiers rangs des compagnies<br />
gazières et pétrolières dans <strong>le</strong> monde avec<br />
comme objectif essentiel la maximisation de la valorisation<br />
des hydrocarbures algériens<br />
Mohamed Chawki Rahal<br />
Vice-Président Sonatrach<br />
activité Commercialisation
Programme national gaz<br />
Un millier de distributions publiques<br />
d'ici à l'horizon 2009<br />
La politique de promotion du gaz naturel en Algérie, si el<strong>le</strong><br />
semb<strong>le</strong> faire écho à une vision mondia<strong>le</strong> de développement<br />
d'une énergie propre, n'en décou<strong>le</strong> pas moins d'une volonté des<br />
pouvoirs publics de mettre à contribution de manière optimum<br />
<strong>le</strong> potentiel énergétique national au service du développement<br />
durab<strong>le</strong>.<br />
Après la phase historique de l'é<strong>le</strong>ctrification,<br />
c'est au tour du gaz naturel de jouer<br />
son rô<strong>le</strong> en tant que <strong>le</strong>vier pour <strong>le</strong> développement<br />
socio-économique du pays.<br />
Une ambition pour l'Algérie et un défi extraordinaire<br />
pour <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>, qui accompagne ce processus<br />
depuis <strong>le</strong>s premières années de l'indépendance. Les<br />
décisions prises par <strong>le</strong>s pouvoirs publics tout au long<br />
de cette période se sont articulées autour d'enjeux<br />
sociaux s'articulant autour de la problématique d'accès<br />
des populations à l'énergie, mais aussi des enjeux<br />
industriels en relation avec la production d'é<strong>le</strong>ctricité<br />
et l'alimentation des clients industriels. La finalité<br />
étant la réalisation d'un équilibre entre l'exploitation<br />
optimum du gaz et du pétro<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> énergétique,<br />
d'une part, et entre <strong>le</strong>s différentes régions du pays,<br />
d'autre part. Associée, depuis <strong>le</strong> départ, à cette vision,<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, partie prenante dans ce processus en tant<br />
qu'instrument de la politique énergétique de l'Etat, a<br />
évolué dans différents contextes en vue de ces objectifs,<br />
dans <strong>le</strong> cadre très engageant des nombreux programmes<br />
de développement gaz, travaillant toujours,<br />
en concertation avec <strong>le</strong>s pouvoirs publics, à une optimisation<br />
des mécanismes financiers et de gestion des<br />
projets pour palier <strong>le</strong>s lacunes et <strong>le</strong>s défaillances qui se<br />
sont manifestées à chaque étape de ce processus.<br />
Et c'est à l'épreuve des acquis consolidés en matière<br />
de montage financier et de gestion des programmes<br />
que <strong>le</strong>s entraves et <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s successifs, rencontrés<br />
durant <strong>le</strong>s expériences antérieures, devaient être neutralisés<br />
en vue de donner un rythme optimum aux<br />
projets engagés et de garantir une livraison des réalisations<br />
selon <strong>le</strong>s délais et la qualité requis. A ce titre,<br />
l'historique de ces expériences est assez éloquent pour<br />
expliquer et justifier <strong>le</strong>s choix actuels. En fait, l'intérêt<br />
avéré du gaz naturel n'a jamais été perdu de vue par <strong>le</strong>s<br />
pouvoirs publics à travers <strong>le</strong>s décennies écoulées,<br />
même si <strong>le</strong>s perspectives de son développement<br />
étaient guidées par une perception des priorités qui<br />
changeait selon <strong>le</strong>s enjeux et <strong>le</strong>s politiques menées.<br />
Après l'indépendance, et dans l'élan de l'industrialisation<br />
que vivait <strong>le</strong> pays, <strong>le</strong> financement des programmes<br />
de développement du gaz était soumis par <strong>le</strong>s<br />
pouvoirs publics à la priorité de développement des<br />
industries. Ainsi, à chaque fois que l'Etat créait de nouvel<strong>le</strong>s<br />
infrastructures gazières pour desservir <strong>le</strong>s unités<br />
industriel<strong>le</strong>s, la décision était prise d'alimenter <strong>le</strong>s<br />
localités mitoyennes. Par la suite, et pour des raisons<br />
fondées d'équilibre socio-économique régional, il fut<br />
décidé de confectionner un plan de développement<br />
du gaz ayant une finalité strictement socia<strong>le</strong>.<br />
Dans ce registre, <strong>le</strong>s années 1980 ont connu deux<br />
plans de développement du gaz, <strong>le</strong>s deux allant respectivement<br />
de 1980/84 et de 1985/89. Il s'agissait, à travers<br />
<strong>le</strong>s deux plans, de répondre à l'objectif primordial<br />
d'alimenter des centaines de localités dans plusieurs
40<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
wilayas pour donner une impulsion à l'utilisation du<br />
gaz dans <strong>le</strong> pays, mais éga<strong>le</strong>ment pour répondre à un<br />
besoin social réel en gaz naturel. Le financement était<br />
pris en charge à 100% par <strong>le</strong>s pouvoirs publics avec<br />
pour objectif l'alimentation de pas moins de 500 localités.<br />
Un objectif qui est devenu irréalisab<strong>le</strong> par la suite<br />
à cause de la crise pétrolière vécue par notre pays à<br />
partir de 1986. Sur <strong>le</strong> nombre initial des localités à couvrir,<br />
un tri a été fait, priorisant, en vue d'une optimisation<br />
des coûts, <strong>le</strong>s localités mitoyennes des gazoducs.<br />
Cette option circonstanciée de privilégier <strong>le</strong> critère de<br />
rentabilité pour concrétiser une partie du plan a<br />
conduit <strong>Sonelgaz</strong> à solliciter un crédit temporaire<br />
auprès de la Banque algérienne de développement<br />
(BAD), sous des conditions de long terme et de taux<br />
bonifiés. En dépit de cet effort d'optimisation, <strong>le</strong> programme<br />
n'a pas abouti à cause de l'insuffisance des<br />
crédits.<br />
ANNEE Nombre de DP Nombre de DP<br />
mises en gaz par année mises en gaz cumulées<br />
2002 28 293<br />
2003 61 354<br />
2004 42 396<br />
2005 78 473<br />
2006 51 524<br />
Total général 260 524<br />
Répartition des distributions publiques<br />
mises en gaz durant la période 2002-2006<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Durant <strong>le</strong>s années 1990, <strong>le</strong>s besoins en gaz naturel<br />
se faisaient pressants, alors que des retards dans l'exécution<br />
de programmes antérieurs étaient enregistrés.<br />
C'est à la faveur de cette perception que <strong>le</strong>s pouvoirs<br />
publics ont dressé un plan de développement gaz, mais<br />
qui était déjà rattrapé par <strong>le</strong>s réformes économiques et<br />
donc aussi par une logique de financement adaptée au<br />
contexte. Désormais, c'était à <strong>Sonelgaz</strong> d'entrer en<br />
contact avec <strong>le</strong>s banques pour étudier avec cel<strong>le</strong>s-ci la<br />
possibilité d'un financement du programme, moyennant<br />
un appui des pouvoirs publics en vue du remboursement<br />
à long terme à taux bonifiés. Dans cette<br />
perspective, <strong>Sonelgaz</strong> a introduit un dossier auprès de<br />
la BNA, qui devait motiver son refus de financement<br />
du fait de l'absence de garanties de l'Etat au vu de la<br />
situation financière de l'entreprise à l'époque.<br />
Le statu quo devait durer jusqu'en 1994, date à<br />
laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s pouvoirs publics ont initié une autre approche<br />
pour impulser un développement de l'activité gaz<br />
dans <strong>le</strong> pays. Il était question, en la circonstance, d'un<br />
schéma de financement nouveau qui consistait en une<br />
mise à contribution de tous <strong>le</strong>s acteurs concernés, à<br />
savoir l'Etat, <strong>Sonelgaz</strong>, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s et, en<br />
bout de course, <strong>le</strong>s abonnés. A partir d'une structuration<br />
globa<strong>le</strong> incluant <strong>le</strong>s coûts du transport et de la distribution,<br />
il était question de répartir <strong>le</strong>s pourcentages<br />
avec des parts respectivement dévolues aux acteurs<br />
cités plus haut, à hauteur de 35, 30, 25 et 10% pour <strong>le</strong>s<br />
Hauts Plateaux et <strong>le</strong> Sud, et à hauteur de 25%, 30, 25 et<br />
20% pour <strong>le</strong>s localités du Nord.<br />
Ce schéma mis en place, un plan a été arrêté, mais<br />
en cours de réalisation, <strong>Sonelgaz</strong> devait rencontrer un<br />
obstac<strong>le</strong> majeur, notamment la non-perception de la<br />
part des col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s pour compléter <strong>le</strong> financement<br />
du programme. Pour cette raison et, initia<strong>le</strong>ment,<br />
Evolution du nombre de localités alimentées en gaz naturel (1999 - 2006)
Type de programme Longueur réseau Nombre de localités<br />
(de l'ordre de) en km<br />
PCSC 1 792 117<br />
Hauts Plateaux 2 870 237<br />
10 wilayas du Sud 2 400 100<br />
Evolution du taux national de pénétration<br />
du gaz à l'horizon 2009<br />
à cause du choix du montage financier qui ne séparait<br />
pas l'investissement transport de celui destiné à la distribution,<br />
<strong>le</strong> plan en question n'a pas connu un taux de<br />
réalisation important. En concertation avec <strong>le</strong>s pouvoirs<br />
publics, il a été décidé d'adopter une autre forme<br />
de montage financier en vue de neutraliser <strong>le</strong>s dysfonctionnements<br />
et <strong>le</strong>s accidents de parcours. Dans<br />
l'interval<strong>le</strong> 1997/98, un schéma de financement partant<br />
du principe de séparation des ouvrages a été<br />
adopté, l'investissement transport devant échoir à<br />
100% à l'Etat, qui supporte <strong>le</strong>s coûts distribution à hauteur<br />
de 50%, à charge pour <strong>Sonelgaz</strong> de financer <strong>le</strong>s<br />
50% restants et de récupérer un forfait de 10 000 DA<br />
auprès des abonnés au moment du raccordement de<br />
ceux-ci au réseau. C'est ce schéma de financement qui<br />
devait s'appliquer jusqu'en 2006.<br />
Durant la période 2002-2006, outre <strong>le</strong>s programmes<br />
reliquats qui devaient être pris en charge, de nouveaux<br />
programmes ont vu <strong>le</strong> jour, notamment dans un<br />
contexte de politique énergétique rénovée, fondée sur<br />
un développement intensif et extensif du réseau de<br />
gaz naturel avec pour ambition d'atteindre successivement<br />
un taux de pénétration de 36% à l'horizon 2006,<br />
et de 50% à l'horizon 2009. Durant la période 2002-<br />
2006, et contrairement aux années précédentes, <strong>le</strong>s<br />
montages financiers n'ont pas constitué un problème<br />
majeur pour la concrétisation des programmes.<br />
Néanmoins, d'autres difficultés ont émergé, notamment<br />
cel<strong>le</strong>s concernant la capacité de réalisation des<br />
Nouveaux programmes<br />
d'alimentation des localités<br />
éloignées du Sud et des<br />
Hauts Plateaux<br />
entreprises retenues, <strong>le</strong> mode de lancement des appels<br />
d'offres ainsi que <strong>le</strong>s entraves rencontrées sur <strong>le</strong> terrain.<br />
Ce qui a occasionné des retards dans <strong>le</strong>s délais de<br />
réalisation de certains programmes. Le Groupe de travail<br />
- constitué des représentants des ministères de<br />
l'Energie, des Finances et de l'Intérieur ainsi que de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> - qui a suivi la situation des programmes DP<br />
Gaz depuis <strong>le</strong>ur lancement a procédé, vers 2004, à une<br />
évaluation globa<strong>le</strong> des réalisations en cours et analysé<br />
<strong>le</strong>s causes de freinage. En premier lieu, la capacité de<br />
réalisation des entreprises, pour la plupart en cours de<br />
construction, ainsi que <strong>le</strong>ur capacité à s'approvisionner<br />
en tubes et matériels. En deuxième lieu, la multiplicité<br />
des appels d'offres, la perte de temps et<br />
l'absence de visibilité sur l'ensemb<strong>le</strong> des programmes<br />
qu'el<strong>le</strong>s induisent. En troisième lieu, et dans une moindre<br />
mesure, <strong>le</strong>s oppositions de passage à l'origine de<br />
retards au niveau de certaines localités.<br />
Cette démarche d'identification des dysfonctionnements<br />
a permis, par la suite, de préconiser des<br />
mesures adaptées, à savoir la nécessité d'adapter l'option<br />
de réalisation de clé en main, un classement en<br />
catégories A, B et C des entreprises qui prédéfinit <strong>le</strong>urs<br />
capacités de réalisation en fonction de <strong>le</strong>urs références<br />
et de <strong>le</strong>urs moyens et une mise à disposition de ces<br />
entreprises de réalisation d'un comptoir unique pour<br />
l'approvisionnement en tubes et en matériels au niveau<br />
de la filia<strong>le</strong> Cameg qui permet à la fois de réduire l'impact<br />
du coût d'approvisionnement à l'international,<br />
moyennant l'acquisition de stocks conséquents, ainsi<br />
que l'impact du temps de l'approvisionnement sur <strong>le</strong>s<br />
délais de livraison, <strong>le</strong>s entreprises retenues ne pouvant<br />
acquérir <strong>le</strong> matériel avant la concrétisation du contrat<br />
avec <strong>Sonelgaz</strong>. Enfin, l'établissement d'un appel d'offres<br />
unique qui permet de soumettre en même temps<br />
tous <strong>le</strong>s programmes et d'identifier de façon simultanée<br />
toutes <strong>le</strong>s entreprises retenues. S'agissant des<br />
oppositions de passage, la gestion de cette question a<br />
été soumise aux pouvoirs publics qui, au fur et à<br />
mesure, arrivent à débloquer la situation. Il y a eu,<br />
malgré ces difficultés, plusieurs localités qui ont été<br />
raccordées entre 2002 et 2006
42<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
M. Saïdani, P-DG du GRTG<br />
«Toutes <strong>le</strong>s conditions sont réunies<br />
pour atteindre <strong>le</strong>s 57% à l'horizon 2009»<br />
Les nombreuses expériences de <strong>Sonelgaz</strong> en matière de gestion<br />
des programmes de développement gaz durant <strong>le</strong>s dernières<br />
décennies auront permis d'identifier toutes <strong>le</strong>s entraves et <strong>le</strong>s<br />
dysfonctionnements qui ont été à l'origine de retards dans la<br />
livraison des projets, voire même dans <strong>le</strong>ur aboutissement.<br />
L'optimisation qui en a résulté a permis, dès 2004, de donner une<br />
vitesse de croisière aux différents programmes. Une perception<br />
qui permet au premier responsab<strong>le</strong> du GRTG <strong>Sonelgaz</strong> d'afficher<br />
une certaine assurance quant au rendez-vous de fin 2009.<br />
NOOR : L'année 2002 a connu une accélération<br />
du développement du programme national gaz. En<br />
votre qualité de président du comité de suivi de ce<br />
programme, quel bilan faites-vous, aujourd'hui, sur<br />
la période 2002-2006 en termes de réalisation, de<br />
contraintes et d'enseignements ?<br />
M. Saïdani : Le programme national gaz a<br />
démarré effectivement avec une nouvel<strong>le</strong> stratégie à<br />
partir de 2004. Une stratégie élaborée sur la base des<br />
orientations du P-DG du Groupe suite à un diagnostic<br />
effectué se rapportant à l'état d'avancement du programme<br />
DP gaz et aux contraintes et entraves enregistrées<br />
sur <strong>le</strong>s exercices s'étalant de 2002 à 2004. Le problème<br />
majeur identifié était celui des approvisionnements<br />
en tubes, en postes gaz et en accessoires. Le fait<br />
que <strong>le</strong>s appels d'offres étaient lancés en clé en main, <strong>le</strong>s<br />
entreprises de réalisation, encore en cours de<br />
construction, n'avaient pas <strong>le</strong>s moyens nécessaires ni<br />
<strong>le</strong> savoir-faire pour commander à l'étranger tous <strong>le</strong>s<br />
matériels gaz. Il a été re<strong>le</strong>vé du retard dans <strong>le</strong>s délais de<br />
réalisation des projets du fait du temps mis par ces<br />
entreprises pour l'importation des matériels en question.<br />
A partir de 2004, il a été donc décidé de confier à<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
la Cameg, filia<strong>le</strong> de <strong>Sonelgaz</strong>, la mission d'approvisionnement<br />
en tubes de différents diamètres, en postes de<br />
différents débits et en accessoires pour <strong>le</strong>ver tota<strong>le</strong>ment<br />
la contrainte des approvisionnements. C'est à<br />
partir de cette date que <strong>le</strong> Programme national gaz<br />
(PNG) a connu un nouvel essor. 2004 devait connaître<br />
une autre innovation. Il s'agit d'un nouveau mode de<br />
gestion des appels d'offres, à savoir l'option de retenir<br />
<strong>le</strong> principe de l'appel d'offres unique à travers <strong>le</strong>quel<br />
nous avons attribué aux différentes entreprises soumissionnaires,<br />
publiques et privées, tout <strong>le</strong> programme<br />
fixé par <strong>le</strong>s pouvoirs publics. Autre manière<br />
de faire qui nous a permis une meil<strong>le</strong>ure prise en<br />
charge du programme gaz, il s'agit du procédé de allotissement<br />
des ouvrages en plusieurs tranches, en fonction<br />
de <strong>le</strong>ur consistance. Ce découpage nous a permis<br />
d'affecter une DP à une à trois entreprises, nous donnant<br />
ainsi suffisamment de latitude pour décider, en<br />
cas d'avancement non satisfaisant de la réalisation, la<br />
résiliation du contrat avec l'entreprise défaillante et<br />
l'affectation de cette tranche à l'entreprise en charge<br />
d'un lot mitoyen et qui est, de fait, identifiée comme<br />
performante. De la sorte, nous sommes certains d'optimiser<br />
notre gestion des délais de réalisation.
Nous avons donc au fur et à mesure amélioré notre<br />
façon de faire. A ce titre, l'appel d'offres unique n° 3,<br />
dont l'ouverture des plis a eu lieu <strong>le</strong> 10 décembre 2006,<br />
a vu la mise en œuvre d'une autre stratégie consistant<br />
en l'affectation aux entreprises publiques qu'on a classées<br />
dans la catégorie de performance «A», à savoir<br />
l'Enac et Cosider, de lots d'une longueur comprise<br />
entre 250 et 400 km. Ce qui nous a permis, d'ores et<br />
déjà, de saturer, pour <strong>le</strong>s exercices 2006 et 2007, <strong>le</strong>s<br />
capacités de réalisation de ces deux entités en plus du<br />
portefeuil<strong>le</strong> que nous avons confié à la filia<strong>le</strong> de<br />
<strong>Sonelgaz</strong>, Kanaghaz, dont on a éga<strong>le</strong>ment saturé <strong>le</strong>s<br />
capacités de réalisation.<br />
Les pouvoirs publics affichent, à travers <strong>le</strong> Groupe,<br />
l'ambition d'atteindre un taux de pénétration gaz<br />
de 57% à l'horizon 2009. Cette ambition se traduit<br />
par un nombre de projets d'une envergure sans<br />
précédent. Compte tenu de l'expérience capitalisée<br />
par <strong>Sonelgaz</strong>, quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s dispositions prises<br />
pour atteindre cet objectif ?<br />
M. S. : Le taux de pénétration du gaz naturel enregistré<br />
à fin 2006 est de 37%, et l'ambition des pouvoirs<br />
publics est d'atteindre, à l'horizon 2009, <strong>le</strong> taux de<br />
57%. Ce taux sera concrétisé à travers <strong>le</strong> programme<br />
des Hauts Plateaux, <strong>le</strong> Programme de développement<br />
des wilayas du Sud et <strong>le</strong>s programmes complémentaires<br />
et de soutien à la croissance. Le programme des<br />
Hauts Plateaux permettra de raccorder 237 localités<br />
réparties sur <strong>le</strong>s 20 wilayas que couvre cette région du<br />
pays. Concernant <strong>le</strong> Programme Sud, il couvre 10<br />
wilayas et nous permettra de raccorder 59 localités. Il<br />
faut préciser qu'au 31 décembre 2006 pas moins de<br />
524 localités sont raccordées au gaz naturel. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />
sur <strong>le</strong>s 48 wilayas que compte notre pays, 45<br />
disposent d'ores et déjà d'un réseau de gaz naturel, 2<br />
wilayas étant raccordées en gaz propane. Seu<strong>le</strong><br />
demeure la wilaya de Tindouf qui bénéficiera très<br />
bientôt d'une station GPL. On <strong>le</strong> constate à travers ces<br />
chiffres, un effort immense a été consenti par <strong>le</strong>s pouvoirs<br />
publics à partir de l'année 2000, date à laquel<strong>le</strong><br />
l'Algérie a connu une croissance remarquab<strong>le</strong> du taux<br />
de pénétration du gaz naturel. Aux 524 localités raccordées<br />
au GN viendront s'ajouter, à l'horizon 2009,<br />
300 autres qui ramèneront à 824 <strong>le</strong> nombre des localités<br />
raccordées. Un chiffre qui correspond à l'ambitieux<br />
pourcentage de 57% que nous nous fixons, avec<br />
<strong>le</strong>s pouvoirs publics, comme objectif à atteindre dans<br />
trois ans.
44<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
Pour se faire une idée précise de l'importance, en<br />
termes de taux de pénétration, du chiffre de 48%, il<br />
faut tout simp<strong>le</strong>ment retenir <strong>le</strong> fait que beaucoup de<br />
pays à travers <strong>le</strong> monde n'ont pas encore concrétisé un<br />
tel objectif. Il faut retenir aussi que ce taux de couverture<br />
gaz signifie que toutes <strong>le</strong>s localités urbaines et<br />
suburbaines seront raccordées au gaz et que seu<strong>le</strong>s<br />
demeurent <strong>le</strong>s petites localités rura<strong>le</strong>s et cel<strong>le</strong>s du Sud<br />
qui sont situées à une trop grande distance du réseau<br />
gaz pour être raccordées au GN. Ce qui est tout à fait<br />
normal et pratiqué de par <strong>le</strong> monde, même dans <strong>le</strong>s<br />
pays où <strong>le</strong> taux de pénétration gaz est important. C'est<br />
<strong>le</strong> cas notamment de la Russie où <strong>le</strong>s petites localités<br />
trop éloignées du réseau gaz ne sont pas raccordées.<br />
Le fait est évident qu'un taux de 57% sera, une fois<br />
concrétisé, un taux très satisfaisant. A ce dernier titre,<br />
et pour atteindre cet objectif très engageant, <strong>Sonelgaz</strong><br />
a confié la réalisation de 75% de ces programmes des<br />
Hauts Plateaux et des wilayas du Sud aux trois entreprises<br />
publiques de canalisations que sont Kanaghaz,<br />
Cosider et l'Enac. D'ici à fin 2009, ces entreprises<br />
s'occuperont à 100% du programme DP gaz.<br />
Quel<strong>le</strong>s sont, selon vous, <strong>le</strong>s zones identifiées<br />
comme des zones à risques dans la réalisation de<br />
ces programmes ?<br />
M. S. : Le problème que nous rencontrons actuel<strong>le</strong>ment<br />
dans certaines wilayas du pays a trait aux<br />
oppositions au passage de nos ouvrages. On fait face,<br />
çà et là, à des oppositions de la part de quelques propriétaires<br />
terriens du secteur privé, en dépit de l'obtention<br />
par <strong>Sonelgaz</strong> du permis de construire et de<br />
l'arrêté d'utilité publique. Nous arrivons dans beaucoup<br />
de cas à trouver des solutions à l'amiab<strong>le</strong> avec<br />
ces citoyens en collaboration étroite avec <strong>le</strong>s directions<br />
des mines et de l'industrie des wilayas<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
concernées, que nous remercions pour <strong>le</strong>ur précieux<br />
soutien. Quelques cas qui, fort heureusement, ne sont<br />
pas nombreux, demeurent encore en suspens mais<br />
seront solutionnés. Ce qui entraîne quelques retards<br />
dans la réalisation de quelques-uns de nos ouvrages<br />
destinés à alimenter certaines localités. Autre fait que<br />
nous gérons et que nous avons d'ail<strong>le</strong>urs anticipé, c'est<br />
<strong>le</strong> cas de certaines entreprises de réalisation du secteur<br />
privé qui se sont lancées dans <strong>le</strong> programme DP<br />
gaz et qui s'avèrent ensuite défaillantes à cause d'un<br />
manque d'expérience, de moyens matériels et<br />
humains suffisants. Nous avons donc dû résilier un<br />
certain nombre de contrats et réaffecter <strong>le</strong>s projets<br />
concernés à d'autres entreprises qui opèrent sur des<br />
lots mitoyens, et dont la performance est avérée. Cela<br />
dit, nous faisons tout pour assister et encourager toutes<br />
<strong>le</strong>s entreprises pour <strong>le</strong>s aider à respecter <strong>le</strong>urs obligations<br />
contractuel<strong>le</strong>s, car il s'agit pour nous de disposer<br />
du plus grand nombre d'entreprises pour mieux<br />
optimiser <strong>le</strong> rythme de réalisation et, surtout, pour<br />
dynamiser <strong>le</strong> principe de concurrence entre ces entités<br />
et ne pas enregistrer de retard dans la concrétisation<br />
Les programmes DP gaz ont effectivement impacté <strong>le</strong> fonctionnement<br />
et l'exploitation du réseau transport gaz puisque, par<br />
<strong>le</strong> passé, bon an, mal an, il était enregistré une mise en service<br />
maximum de 200 à 300 km de réseau. Depuis <strong>le</strong>s trois dernières<br />
années, on connaît un transfert à l'exploitation entre 500 et<br />
900 km. Ce qui est énorme, puisque la longueur tota<strong>le</strong> de notre<br />
réseau est de 6 660 km à fin 2006.<br />
du programme national gaz. S'agissant de la visibilité<br />
que nous avons en vue de la concrétisation des programmes<br />
à l'horizon fixé, la vitesse de croisière en termes<br />
de réalisation devrait être atteinte dans <strong>le</strong> courant<br />
de l'année 2007. Cela parce que <strong>le</strong>s expériences que<br />
nous avons connues précédemment nous ont permis<br />
d'optimiser tous <strong>le</strong>s aspects qui devaient l'être encore<br />
à fin 2006. Les enseignements que nous en avons tirés<br />
nous ont donné davantage de visibilité par rapport<br />
aux accidents de parcours probab<strong>le</strong>s, aux aléas et aux<br />
dysfonctionnements, que ce soit dans la gestion des<br />
approvisionnements, des appels d'offres, de nos relations<br />
avec <strong>le</strong>s entreprises de réalisation ou par rapport<br />
à des questions inhérentes aux programmes. C'est sur
la base de ces acquis et de l'anticipation des problèmes<br />
que <strong>Sonelgaz</strong> ambitionne de livrer <strong>le</strong>s différents programmes<br />
en cours dans <strong>le</strong>s délais fixés par <strong>le</strong>s<br />
pouvoirs publics, à savoir fin 2009.<br />
Quel est l'impact de ce programme sur <strong>le</strong> GRTG, ses<br />
infrastructures et son mode d'exploitation du<br />
réseau, sur <strong>le</strong>s tarifs du GRTG et, par conséquent,<br />
sur ceux de la distribution ?<br />
M. S. : Les programmes DP gaz ont effectivement<br />
impacté <strong>le</strong> fonctionnement et l'exploitation du réseau<br />
transport gaz puisque, par <strong>le</strong> passé, bon an, mal an, il<br />
était enregistré une mise en service maximum de 200<br />
à 300 km de réseau. Depuis <strong>le</strong>s trois dernières années,<br />
on connaît un transfert à l'exploitation entre 500 et<br />
900 km. Ce qui est énorme, puisque la longueur tota<strong>le</strong><br />
de notre réseau est de 6 660 km à fin 2006. Cette<br />
croissance importante nous a amenés à mettre en<br />
place et à projeter l'installation durant <strong>le</strong>s deux années<br />
à venir de nouveaux districts de transport du gaz au<br />
niveau de chaque siège de wilaya du nord du pays et<br />
des Hauts Plateaux pour nous rapprocher de notre<br />
clientè<strong>le</strong> en vue d'une qualité de service optimum,<br />
consistant concrètement dans la diminution des<br />
délais d'intervention et dans l'anticipation de l'incident.<br />
Chaque nouveau district est composé, dans un<br />
premier temps, de 5 à 6 techniciens, pour atteindre à<br />
court terme <strong>le</strong> nombre de 13 techniciens et 2 ingénieurs.<br />
Ces districts nous permettent de dépanner<br />
rapidement notre clientè<strong>le</strong> en cas d'incident et d'assurer<br />
par là-même une meil<strong>le</strong>ure qualité de service.<br />
L'autre projet que nous sommes en train de mettre en<br />
œuvre pour adapter notre gestion à la croissance du<br />
réseau concerne la création d'un dispatching gaz. Le<br />
projet a été transféré, début 2007, à la Direction généra<strong>le</strong><br />
de l'engineering qui en assurera la mise en œuvre<br />
pour <strong>le</strong> compte du GRTG. Un bureau d'études étranger<br />
a été déjà retenu en 2006 pour nous accompagner<br />
dans l'élaboration du cahier des charges et la définition<br />
de l'architecture du projet. En attendant la mise<br />
en place du dispatching, nous avons installé sur <strong>le</strong>s<br />
points stratégiques du réseau 40 RTU (équipements<br />
de <strong>le</strong>cture à distance) qui constituent trois minicentres<br />
de télé-exploitation régionaux qui nous permettent<br />
de connaître à tout instant et à distance <strong>le</strong>s pressions<br />
entrée et sortie au niveau des points névralgiques<br />
et des clients <strong>le</strong>s plus importants du GRTG. Cela,<br />
bien sûr, en vue d'anticiper <strong>le</strong>s incidents, mais aussi<br />
pour une meil<strong>le</strong>ure qualité de service et une diminution<br />
des délais d'intervention. Nous avons éga<strong>le</strong>ment<br />
mis en place un plan de modernisation du réseau,<br />
s'étalant de 2007 à 2011, pour rénover <strong>le</strong>s équipements<br />
et pour faire face à tous <strong>le</strong>s aléas que suppose<br />
l'importance d'un réseau appelé à doub<strong>le</strong>r à la fin<br />
2010.<br />
En face de cette course tous azimuts au<br />
développement gaz, <strong>le</strong>s gros clients demeurent une<br />
priorité en termes de qualité de service et de vente<br />
d'énergie. Avez-vous ressenti la nécessité de<br />
prendre des dispositions particulières en direction<br />
de cette catégorie de clients ? Si oui, quel<strong>le</strong>s sontel<strong>le</strong>s<br />
?<br />
M. S. : Nous avons, bien entendu, pris en compte,<br />
à travers <strong>le</strong>s dispositions que nous avons mises en<br />
œuvre récemment, la gestion des grands clients qui<br />
sont appelés communément <strong>le</strong>s grands comptes, qui<br />
sont <strong>le</strong>s grosses centra<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, <strong>le</strong>s clients<br />
industriels importants et <strong>le</strong>s postes DP alimentant <strong>le</strong>s<br />
grandes agglomérations pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nous réalisons<br />
la prestation de transport gaz. Pour tous ces<br />
clients et autres nœuds névralgiques du réseau, nous<br />
avons installé ce type d'appareils de <strong>le</strong>cture à distance<br />
de la pression entrée et sortie au niveau de trois directions<br />
régiona<strong>le</strong>s d'Alger, d'Oran et de Constantine. Le<br />
fonctionnement des clients industriels ayant souscrit<br />
un débit de gaz important tels que Mittal Steel<br />
Annaba, Fertial Annaba, <strong>le</strong>s cimenteries d'ACC de<br />
M'sila et de Ch<strong>le</strong>f et des postes DP qui alimentent <strong>le</strong>s<br />
grandes agglomérations fait l'objet, tout particulièrement,<br />
de visites fréquentes et d'un suivi régulier du<br />
diagramme de pression. Par ail<strong>le</strong>urs, et suite à l'extension<br />
importante que connaîtra <strong>le</strong> réseau GN dans <strong>le</strong><br />
sud de notre pays suite à la mise en œuvre par <strong>le</strong>s pouvoirs<br />
publics des programmes des Hauts Plateaux et<br />
des wilayas du Sud, nous envisageons la création<br />
d'une quatrième direction régiona<strong>le</strong> transport gaz au<br />
Sud
46<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
Reportage<br />
Djelfa à l'ère du gaz naturel<br />
Lorsque l'énergie change la vie<br />
Située à 300 km au sud de la capita<strong>le</strong>, Djelfa est une région typiquement<br />
rura<strong>le</strong>. Spécifique par plusieurs aspects, el<strong>le</strong> incarne<br />
une contrée où se côtoient, dans l'esprit des populations, sentiment<br />
de privation, conscience de la dureté du climat et espoir<br />
très fort d'une amélioration de <strong>le</strong>urs conditions de vie.<br />
Avec une étendue de 32 256 km 2 et une<br />
population de 940 367 âmes, en majorité<br />
de modeste condition, la région est traversée<br />
par un froid hivernal terrib<strong>le</strong>. Ici,<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité et <strong>le</strong> gaz sont assimilés, à juste raison, à<br />
deux éléments de base nécessaires à la vie.<br />
Présentement, une visite à Djelfa, même de courte<br />
durée, s'avère édifiante. En fait, <strong>le</strong> gaz qui rentre<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
progressivement dans <strong>le</strong>s foyers des Djelfaouis est en<br />
passe de bou<strong>le</strong>verser tout un mode de vie. L'impact<br />
socio-économique du gaz naturel, sur une population<br />
rura<strong>le</strong>, étouffée par l'iso<strong>le</strong>ment et meurtrie par <strong>le</strong><br />
climat, est tout simp<strong>le</strong>ment extraordinaire. Le bonheur,<br />
très visib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s visages des famil<strong>le</strong>s qui ont<br />
déjà bénéficié du raccordement, traduit, plus que <strong>le</strong><br />
soulagement, <strong>le</strong> sentiment de revivre, et pour cause.<br />
Tout <strong>le</strong> monde s'accorde à dire que la vie à Djelfa, surtout<br />
en saison hiverna<strong>le</strong>, est un «enfer glacé». Les<br />
Djelfaouis en souffrent doub<strong>le</strong>ment, à l'instar des habitants<br />
des Hauts Plateaux. La température baisse<br />
jusqu'à atteindre des pics inférieurs de -6 °C à<br />
-13 °C. L'étendue géographique de la wilaya,<br />
qui s'étire en longueur vers <strong>le</strong> sud, n'a pas<br />
arrangé <strong>le</strong>s choses, tant des populations<br />
entières, enclavées dans <strong>le</strong>s collines,<br />
ont longtemps enduré la froidure et<br />
l'iso<strong>le</strong>ment. Le climat impitoyab<strong>le</strong><br />
confine <strong>le</strong>s populations entre quatre<br />
murs ou, tout au mieux, autour
d'un feu nourri de «combustib<strong>le</strong>s de fortune» à l'aide<br />
desquels on tente de résister à la bise. Retranchés sous<br />
<strong>le</strong>s couvertures jusqu'à fin mai, <strong>le</strong>s Naïlis passent des<br />
mois durant dans une longue «hibernation».<br />
Et arrive <strong>le</strong> gaz…!<br />
Le programme quinquennal de développement est<br />
venu à Djelfa avec <strong>le</strong> Prométhée tant attendu, ramenant<br />
une flamme à ces populations dont la réception<br />
d'un tel événement donnait toute la mesure du rô<strong>le</strong><br />
que <strong>le</strong> gaz naturel pouvait jouer dans <strong>le</strong> renouveau<br />
social. Pour beaucoup, <strong>le</strong> gaz arrive <strong>le</strong>ntement, mais<br />
sûrement. Il vient comme pour «souff<strong>le</strong>r la cha<strong>le</strong>ur<br />
dans <strong>le</strong>s veines des corps rongés par <strong>le</strong> froid et toujours<br />
emmitouflés dans <strong>le</strong>urs couvertures derrière <strong>le</strong>s murs<br />
frigorifiés de <strong>le</strong>urs maisons».<br />
Les enfants crient <strong>le</strong>ur joie dans <strong>le</strong>s cités : «Le gaz<br />
arrive ! Le gaz arrive !» Les chuchotements gagnent<br />
toute la cité ou <strong>le</strong>s villages à la vue des véhicu<strong>le</strong>s b<strong>le</strong>us<br />
de la <strong>Sonelgaz</strong> qui sillonnent quartiers et villages,<br />
transportant <strong>le</strong>s équipes dédiées à l'achèvement des<br />
travaux de raccordement, d'installation ou de mise en<br />
service des compteurs de gaz naturel pour <strong>le</strong>s nouveaux<br />
abonnés, de plus en plus nombreux. Des rassemb<strong>le</strong>ments<br />
de gens se forment autour de ces<br />
porteurs de progrès et, surtout, de cha<strong>le</strong>ur que sont<br />
<strong>le</strong>s techniciens de <strong>Sonelgaz</strong> pour témoigner <strong>le</strong>ur joie.<br />
A la délégation commercia<strong>le</strong> de l'agence principa<strong>le</strong> de<br />
la wilaya, on explique que partout où une équipe de<br />
<strong>Sonelgaz</strong> franchissait un quartier ou un village<br />
concerné par ce programme, ce sont <strong>le</strong>s mêmes scènes<br />
de liesse populaire. Alors qu'à la cité El Baha <strong>le</strong> chantier<br />
avance progressivement, à la cité La Concorde, la<br />
mise en service des compteurs au niveau de la dernière<br />
tranche des 190 logements, sur <strong>le</strong>s 1 680 déjà<br />
desservis, a été achevée à la veil<strong>le</strong> du Ramadhan. Dans<br />
cette cité, <strong>le</strong>s locataires se réjouissent de l'ambiance à<br />
l'intérieur des appartements, au «climat» plus doux<br />
comparativement à <strong>le</strong>urs anciennes demeures où<br />
«personne ne résistait au froid infernal», comme on<br />
aime à <strong>le</strong> répéter ici.<br />
A la cité El Baha de 220 logements évolutifs, distante<br />
de 7 km du chef-lieu, la vie change aussi de cou<strong>le</strong>ur.<br />
El Baha est une cité déserte. Quelque 25<br />
logements à peine sont occupés. Ils <strong>le</strong> sont grâce à<br />
l'avènement du gaz naturel qui semb<strong>le</strong> tel<strong>le</strong>ment<br />
égayer la vie des habitants. Le reste des attributaires a<br />
choisi d'attendre, d'autres ont choisi l'exode, mettant<br />
<strong>le</strong>urs maisons en vente. Certains bénéficiaires ont préféré<br />
louer des maisons dans des localités disposant de<br />
gaz. Le bouche-à-oreil<strong>le</strong> aidant, la nouvel<strong>le</strong> de l'arrivée<br />
du gaz a complètement inversé la tendance et,<br />
aujourd'hui, ils sont nombreux à retourner volontiers<br />
chez eux.<br />
Cinq programmes, tous modes de payement<br />
confondus, sont en cours de réalisation. En effet, <strong>le</strong>s<br />
abonnés domestiques sont desservis dans <strong>le</strong> cadre du<br />
programme de développement du Président de la<br />
République au profit de la région, tota<strong>le</strong>ment financé<br />
par l'Etat. Autrement dit, <strong>le</strong> client ne paye rien. Ces<br />
programmes viennent en fait renforcer <strong>le</strong>s programmes<br />
QLS, dont <strong>le</strong> niveau de participation des foyers<br />
est de 10 000 DA. Ajoutés aux programmes RCN et<br />
PW/PC non payab<strong>le</strong>s éga<strong>le</strong>ment. De même, la conversion<br />
est effectuée gratuitement pour tout <strong>le</strong> monde.<br />
Les DPG s'é<strong>le</strong>vaient à 27 701 abonnés raccordés en<br />
2001. Ce chiffre est passé au doub<strong>le</strong>, en vertu de ces<br />
programmes, et ce en cinq ans seu<strong>le</strong>ment. A fin 2006,<br />
<strong>le</strong>s DPG totalisaient quelque 57 000 abonnés. Les estimations<br />
tab<strong>le</strong>nt sur un taux de 110 000 abonnés d'ici à<br />
l'an 2009.<br />
Avant d'en arriver là, <strong>le</strong>s Djelfaouis, pour se<br />
réchauffer un tant soit peu et faire cuire <strong>le</strong>urs repas,<br />
consommaient en moyenne 3 à 4 bouteil<strong>le</strong>s butane<br />
tous <strong>le</strong>s 10 jours durant <strong>le</strong>s froides journées d'hiver. Les<br />
ménages devaient payer 250 DA à 300 DA la bouteil<strong>le</strong>,<br />
hors pénuries. Mais avec l'introduction du gaz naturel<br />
dans <strong>le</strong>s maisons, <strong>le</strong>s bénéficiaires retrouvent <strong>le</strong>urs<br />
logements à El Baha, abandonnés depuis <strong>le</strong>ur distribution<br />
en 1996, pour se diriger vers <strong>le</strong>s centres urbains.<br />
Des locataires installés depuis quelques jours seu<strong>le</strong>ment<br />
ont été motivés, avait-on dit, par <strong>le</strong> branchement<br />
de cette source naturel<strong>le</strong> si précieuse. Les économies<br />
destinées au paiement annuel du loyer sont désormais<br />
converties en investissement judicieux sur <strong>le</strong>s installations<br />
internes des demeures.<br />
Mais que faisaient <strong>le</strong>s Djelfaouis en attendant<br />
l'arrivée du gaz naturel ? Ils utilisaient du mazout et du<br />
bois, pour ceux qui pouvaient se <strong>le</strong> permettre. Les<br />
forêts environnantes sont dévastées à cause de la<br />
coupe fraudu<strong>le</strong>use du bois. Un commerce lucratif pour<br />
ceux qui avaient l'audace et <strong>le</strong>s moyens, ce alors que<br />
<strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s ménages déboursaient jusqu'à 1 500 DA <strong>le</strong><br />
quintal de bois tous <strong>le</strong>s dix jours, l'approvisionnement<br />
en bouteil<strong>le</strong>s de gaz butane n'étant pas toujours garanti
48<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
en ces temps-là, du fait parfois de la rupture des stocks<br />
et de la chaîne de distribution souvent due aux conditions<br />
climatiques. La spéculation qui s'ensuivait augmentait<br />
<strong>le</strong>s charges pour <strong>le</strong>s habitants et rendait l'hiver<br />
moins supportab<strong>le</strong> qu'il ne l'était, avec des bouteil<strong>le</strong>s à<br />
gaz à 400, voire à 500 DA. La fin justifiant parfois <strong>le</strong>s<br />
moyens, <strong>le</strong>s habitants de ces localités recouraient à<br />
des combustib<strong>le</strong>s dangereux et toxiques, notamment<br />
des pneus. «Faute de moyens, nous avions recours aux<br />
matières plastiques, au caoutchouc et nous achetions<br />
même du nylon, en cas de nécessité, pour se réchauffer»,<br />
confie Laïd, forestier de son état et chef d'une famil<strong>le</strong><br />
de sept personnes.<br />
Le gaz, <strong>le</strong> retour et la confiance retrouvée<br />
Avec l'avènement du gaz dans <strong>le</strong>s foyers, la situation<br />
des citoyens va s'améliorant. Les famil<strong>le</strong>s ressentent<br />
un net changement dans <strong>le</strong>ur vie. «On redécouvre<br />
la vie !» ironisent Laïd et ses voisins. Le comportement<br />
des famil<strong>le</strong>s a éga<strong>le</strong>ment connu des changements,<br />
comme l'attestent ces pères de famil<strong>le</strong> habitant<br />
cette cité LSP, peinés par l'iso<strong>le</strong>ment. Bachir, un autre<br />
voisin de Laïd, un sexagénaire, confie qu'il est devenu<br />
actuel<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> de «respirer un meil<strong>le</strong>ur oxygène,<br />
la tête hors des couvertures». Une manière de<br />
dire que l'oxygène a un «goût» différent avec <strong>le</strong> gaz de<br />
vil<strong>le</strong> ! Emmitouflés tout <strong>le</strong> temps sous <strong>le</strong>s couvertures,<br />
<strong>le</strong>s parents ne changeaient pas <strong>le</strong>urs vêtements, et <strong>le</strong>s<br />
enfants ne pouvaient quitter <strong>le</strong>ur couchage la nuit.<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
«Ils urinent jusqu'à 1'âge de 12 ans dans <strong>le</strong>ur lit qu'on<br />
essaye, inuti<strong>le</strong>ment, de sécher chaque jour», avoue<br />
Khelifa, père de quatre enfants. Des conditions qui <strong>le</strong>s<br />
prédisposent aux maladies comme <strong>le</strong>s pneumonies ou<br />
<strong>le</strong>s bronchites.<br />
Sur <strong>le</strong> plan économique, <strong>le</strong>s services compétents<br />
(dépannage et exploitation) notent une importante<br />
diminution de la consommation en é<strong>le</strong>ctricité, due à la<br />
baisse de la fraude, et donc une réduction de la fréquence<br />
des pannes é<strong>le</strong>ctriques. Les gens qui se chauffent<br />
désormais au gaz abandonnent l'utilisation des<br />
ustensi<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, nous explique-t-on. Ce qui a<br />
pour effet immédiat une diminution significative de la<br />
surcharge sur <strong>le</strong>s transformateurs, <strong>le</strong>s fils é<strong>le</strong>ctriques et<br />
par conséquent sur <strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s. Les graves accidents<br />
comptés par dizaines chaque mois se raréfient de plus<br />
en plus.<br />
Les citoyens rencontrés éprouvent incontestab<strong>le</strong>ment<br />
un sentiment de confort et une amélioration de<br />
<strong>le</strong>ur santé. Ils considèrent que <strong>le</strong> gaz naturel a modernisé<br />
<strong>le</strong>ur mode de vie. Le changement de comportement<br />
dans <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s est nettement visib<strong>le</strong>. Plus de<br />
soucis de bouteil<strong>le</strong>s de gaz butane, de stockage de<br />
gasoil qu'on payait au prix fort et qu'on ramenait de<br />
loin sur motocyc<strong>le</strong> ou en charrette. Les points de<br />
vente, situés généra<strong>le</strong>ment au centre des vil<strong>le</strong>s, à 10, 25,<br />
voire 50 km, et plus dans certains cas, compliquent<br />
davantage l'approvisionnement. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s chantiers<br />
en cours ont attiré de la main-d'œuvre dans une<br />
région pauvre. Le programme en exécution a permis,<br />
certes, la création de postes de travail non permanents,<br />
toutefois <strong>le</strong> métier de la plomberie prospère et<br />
contribue à la résorption du chômage. Sur <strong>le</strong> plan scolaire,<br />
<strong>le</strong> conditionnement au gaz naturel des classes de<br />
cours dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s a beaucoup favorisé <strong>le</strong> retour<br />
massif des garçons et fil<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>urs pupitres qu'ils ont<br />
quittés à cause du froid<br />
QLS: Quartiers et logements sociaux<br />
RCN : Raccordement clientè<strong>le</strong> nouvel<strong>le</strong><br />
PW/PC : Programme de wilaya et programme communal<br />
DPG : Distribution publique de gaz<br />
SDC : Société de distribution centre
Conscients des conditions de vie des <strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s équipes<br />
de <strong>Sonelgaz</strong> travail<strong>le</strong>nt comme dans une fourmilière.<br />
Les agents ne sont freinés que par <strong>le</strong> week-end. Les<br />
chantiers qui sont à pied d'œuvre avancent à un grand<br />
rythme, assurent <strong>le</strong>s clients eux-mêmes. Les équipes<br />
mènent une course contre la montre afin d'amener <strong>le</strong><br />
confort dans <strong>le</strong>s domici<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>urs concitoyens. Les<br />
agences qui atteignent parfois jusqu'à 150 installations<br />
par jour travail<strong>le</strong>nt avec une grande célérité, comme en<br />
témoignent <strong>le</strong>s clients rencontrés dans <strong>le</strong>s couloirs de<br />
l'agence principa<strong>le</strong> de Djelfa. Tout <strong>le</strong> monde est content<br />
de l'accueil et de la prestation de service. Le délai de<br />
trois jours seu<strong>le</strong>ment séparant <strong>le</strong> payement de <strong>le</strong>urs<br />
redevances et la mise en service pour ceux dont <strong>le</strong>s installations<br />
sont conformes aux normes est scrupu<strong>le</strong>usement<br />
respecté. La prestation est estimée irréprochab<strong>le</strong><br />
par l'ensemb<strong>le</strong> des nouveaux clients interrogés. «Ce<br />
n'est pas un compliment, c'est la réalité», assure-t-on. Il<br />
reste que des obstac<strong>le</strong>s subjectifs viennent se greffer à<br />
la liste des difficultés rencontrées. Ils se résument généra<strong>le</strong>ment<br />
par l'extension des installations internes qui<br />
n'obéissent pas aux normes exigées par <strong>Sonelgaz</strong>. Les<br />
habitations rura<strong>le</strong>s de type ouvert n'aident pas à la<br />
répartition équitab<strong>le</strong> de la cha<strong>le</strong>ur entre <strong>le</strong>s chambres,<br />
d'où <strong>le</strong> recours à ce genre d'extension en quête de<br />
confort. La SDC (<strong>Sonelgaz</strong> Distribution Centre) classe<br />
Djelfa, de par ses caractéristiques steppiques, climatiques<br />
et géographiques comme une région à consommation<br />
spécifique. Sur <strong>le</strong>s 13 wilayas du Centre, <strong>le</strong>s<br />
prévisions annoncent que dans quelques années, Djelfa<br />
deviendra la région qui comptera la plus grande<br />
moyenne nationa<strong>le</strong> de consommation de gaz naturel.<br />
En termes de populations, Djelfa, chef-lieu de wilaya,<br />
est classée 8 e localité à l'échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> où la consommation<br />
moyenne est de 30 000 thermies/année/abonné.<br />
A la question de savoir pourquoi ce décalage entre <strong>le</strong><br />
nombre de branchements réalisés et celui de mises en<br />
service, plusieurs causes sont énumérées. Il s'agit, entre<br />
autres, de l'incapacité des ménages à s'acquitter des<br />
droits de mise en service, de l'absence d'installation<br />
interne, de non-conformité, de l'absence des famil<strong>le</strong>s de<br />
<strong>le</strong>urs logements ou encore de l'éloignement des agences<br />
des clients qui ne se manifestent pas. Cela dit,<br />
depuis l'avènement du gaz dans <strong>le</strong>s foyers, <strong>le</strong>s gens ressentent<br />
de la joie, mais <strong>le</strong>urs conditions matériel<strong>le</strong>s ne<br />
se sont pas pour autant améliorées. Les revenus, pour<br />
Ça «gaze» à Djelfa !<br />
ceux qui en ont, très faib<strong>le</strong>s par rapport au SNMG (des<br />
rémunérations ne dépassant pas, pour <strong>le</strong>s manœuvriers,<br />
<strong>le</strong>s 6 000 à 8 000 DA), constituent un di<strong>le</strong>mme<br />
pour <strong>le</strong> Groupe <strong>Sonelgaz</strong>. «Très nombreux sont <strong>le</strong>s cas<br />
sociaux insolvab<strong>le</strong>s», est-il précisé. Et comme <strong>le</strong> compteur<br />
tourne sans discontinuer en hiver, <strong>le</strong>s factures peuvent<br />
atteindre en cette saison 7 000 à 8 000 DA/abonné.<br />
«Qui peut payer ?» s'interroge-t-on à Djelfa. «L'ardoise<br />
de l'agence du chef-lieu de wilaya s'élève, à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, à<br />
quelque 11 milliards de centimes», nous précise-t-on.<br />
Pour gérer cette question tout en préservant l'équilibre<br />
financier des famil<strong>le</strong>s, <strong>Sonelgaz</strong> établit avec ses clients<br />
des ca<strong>le</strong>ndriers de recouvrement. Même lorsqu'on<br />
décide des coupures de courant, que ce soit pour <strong>le</strong>s<br />
usages domestiques ou l'administration, à chaque fois<br />
qu'un client se présente, il trouve écoute et compréhension.<br />
Une entente est souvent trouvée sur ce que <strong>le</strong><br />
client est en mesure de payer, et c'est alors qu'est établi<br />
un échéancier. Pour ce qui est du payement, notamment,<br />
des frais de raccordement et de la mise en service<br />
sont échelonnés sur quatre trimestres (à raison de<br />
2 500 DA/terme) pour permettre aux habitants de<br />
profiter des bienfaits du gaz naturel à l'instar des autres<br />
citoyens algériens<br />
Evolution du taux de pénétration<br />
du gaz de vil<strong>le</strong> à Djelfa<br />
Trois vil<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>ment étaient alimentées jusqu'à<br />
2001. Depuis, des efforts ont été remarquab<strong>le</strong>ment<br />
déployés pour étoffer <strong>le</strong> réseau gazier dans<br />
<strong>le</strong>s différentes zones de Djelfa, comme c'est<br />
montré ci-dessous, chiffres à l'appui :<br />
En 2001 : Djelfa, Messaâd et Dar Chyoukh.<br />
En 2003 : Idrissia.<br />
En 2004 : Modjbara, Aïn Ibbil.<br />
En 2005 : Aïn Ouessara (compte 11 480 branchements),<br />
Bahbah Bahbah (9 700 branchements<br />
réalisés). Bennahar, El Birine.<br />
En 2006 : Aïn Maâbed (1 397 branchements<br />
réalisés, dont 500 mis en service) et Faidh<br />
El Botma.<br />
Trois autres DP sont en cours de réalisation à<br />
Aïn Feuka, Charef et Had S'hari.
50<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
Transformation et valorisation<br />
du gaz naturel<br />
Un avenir prometteur pour l'industrie pétrochimique<br />
en Algérie<br />
La disponibilité de réserves considérab<strong>le</strong>s en gaz naturel à<br />
travers <strong>le</strong> monde a favorisé <strong>le</strong> développement de l'industrie<br />
gazo-chimique qui enregistre aujourd'hui un formidab<strong>le</strong> essor<br />
à travers <strong>le</strong> monde (Amérique du Nord, Europe de l'Ouest,<br />
Asie, Afrique du Sud et Moyen-Orient). Cette industrie permet<br />
de mettre à la disposition des marchés une grande variété de<br />
produits intermédiaires, issus de la transformation du gaz naturel,<br />
tels que l'éthylène, <strong>le</strong> polyéthylène, propylène, méthanol,<br />
ammoniacs… Ces produits de base, dits produits de première<br />
génération, serviront comme matière première à l'industrie<br />
pour la fabrication d'une multitude de produits finis à plus forte<br />
va<strong>le</strong>ur ajoutée.<br />
La stratégie nationa<strong>le</strong> mise en œuvre à travers<br />
la compagnie nationa<strong>le</strong> Sonatrach, pour<br />
développer l'ensemb<strong>le</strong> des activités hydrocarbures<br />
et mettre <strong>le</strong> potentiel humain et<br />
industriel aux standards internationaux, s'articu<strong>le</strong><br />
autour des principaux axes ci-après :<br />
Augmentation de la production des hydrocarbures<br />
liquides et gazeux à travers l'intensification des<br />
programmes d'exploration et de production<br />
Réhabilitation de l'outil de production<br />
Valorisation optima<strong>le</strong> des produits et recherche<br />
de nouveaux marchés<br />
Encouragement du partenariat dans tous <strong>le</strong>s<br />
segments de l'activité hydrocarbures<br />
Renforcement des capacités managéria<strong>le</strong>s<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Encouragement des investissements nationaux<br />
et étrangers<br />
Apport et maîtrise des nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />
La mise en œuvre de cette stratégie nécessite évidemment<br />
l'élaboration d'un programme de travail avec<br />
un échéancier précis, la mobilisation des moyens<br />
humains et matériels très importants et, enfin, la formation<br />
de la ressource humaine, aspect bénéficiant<br />
d'une attention particulière au sein du secteur.<br />
Cet aspect, comme l'a toujours rappelé <strong>le</strong> ministre de<br />
l'Energie et des Mines, constitue, en effet, la clé de tout<br />
développement économique et social de toute entité.<br />
Bien entendu, cette stratégie n'aurait pu être envisagée,<br />
sans la réadaptation du cadre juridique et
institutionnel à l'environnement international, caractérisé<br />
aujourd'hui par une rude concurrence. Les<br />
réformes, engagées au cours des années 1980 à la<br />
faveur de la promulgation de la loi 86-14, ont marqué<br />
un début d'ouverture du domaine minier hydrocarbures<br />
national à l'investissement étranger. Ces réformes<br />
avaient pour objectifs :<br />
La mise en place d'un cadre juridique approprié<br />
qui définisse, entre autres, <strong>le</strong>s conditions d'accès<br />
des investisseurs étrangers au domaine minier<br />
national.<br />
La reconstitution des réserves de pétro<strong>le</strong> brut<br />
à <strong>le</strong>ur niveau initial.<br />
L'impulsion d'une nouvel<strong>le</strong> dynamique au secteur<br />
hydrocarbures, principal pourvoyeur de recettes<br />
pour <strong>le</strong> Trésor public.<br />
L'impact était immédiat, puisque <strong>le</strong>s compagnies<br />
étrangères ont très vite saisi l'intérêt de cette ouverture<br />
et commencé à négocier directement avec Sonatrach<br />
des contrats sur des blocs de recherche, sur la base du<br />
principe de partage de la production, tel que défini par<br />
la loi. Les objectifs tracés vingt ans plus tôt ont, certes,<br />
été réalisés en grande partie. Cependant, <strong>le</strong>s profondes<br />
mutations enregistrées sur la scène internationa<strong>le</strong>,<br />
conjuguées aux faib<strong>le</strong>s performances de notre secteur,<br />
en raison du cadre juridique qui atteignait ses limites,<br />
imposaient une seconde série de réformes pour<br />
<strong>le</strong> parachèvement du cadre juridique et institutionnel.<br />
Facteurs favorisant <strong>le</strong> développement<br />
de la gazochimie<br />
Le chantier lancé dans ce cadre au début des<br />
années 2000 vient d'être finalisé avec la mise en place<br />
des organes auxquels est confiée la prise en charge du<br />
projet, consacrant ainsi la séparation du rô<strong>le</strong> de l'Etat,<br />
régulateur, du rô<strong>le</strong> économique. Sur un autre registre,<br />
l'introduction de nouvel<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s et procédures transparentes<br />
dans la conduite des activités, notamment en<br />
ce qui concerne l'attribution des contrats à travers <strong>le</strong>s<br />
appels d'offres, a suscité un intérêt grandissant pour<br />
<strong>le</strong>s investisseurs étrangers pour un secteur aussi vital<br />
et prometteur que celui des hydrocarbures. Cet<br />
engouement international ne fait que renforcer l'image<br />
et la crédibilité de notre secteur.<br />
Les avantages accordés sous <strong>le</strong> régime de l'ANDI et<br />
<strong>le</strong> bas prix du gaz sur <strong>le</strong> marché national ont aussi<br />
contribué largement à intéresser des compagnies de<br />
renommée internationa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> secteur gazier de<br />
notre pays, en général, et pour <strong>le</strong> domaine de la transformation<br />
et la valorisation de ce gaz en produits finis,<br />
en particulier.<br />
Développement de l'activité transformation<br />
et valorisation du gaz naturel<br />
Actuel<strong>le</strong>ment, l'Algérie dispose de deux comp<strong>le</strong>xes<br />
pétrochimiques, <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe d'éthylène et dérivés<br />
(CP1K) de Skikda et <strong>le</strong> second, celui d'Arzew pour la<br />
production de méthanol et résines (CP1Z). Doté d'une<br />
capacité de production de 259 000 t/an, <strong>le</strong> CP1K<br />
englobe 6 unités qui produisent de l'éthylène, du polyéthylène,<br />
de la soude, du chlore, des PVC… Ces produits<br />
sont destinés en grande partie pour <strong>le</strong>s besoins<br />
du marché national. Le méthanol produit au CP1Z<br />
d'Arzew, soit 80% de la production tota<strong>le</strong>, est destiné<br />
essentiel<strong>le</strong>ment au marché international.<br />
Dans <strong>le</strong> cadre de la nouvel<strong>le</strong> politique énergétique<br />
du secteur, et en complément à d'autres programmes<br />
de développement, <strong>le</strong> ministère de tutel<strong>le</strong> a mis en<br />
œuvre une stratégie visant <strong>le</strong> développement de la<br />
branche «gazochimie», visant à moyen et long terme<br />
<strong>le</strong>s objectifs suivants :<br />
Favoriser <strong>le</strong> développement du tissu industriel<br />
national hors hydrocarbures par la mise<br />
sur <strong>le</strong> marché de la matière première nécessaire,<br />
actuel<strong>le</strong>ment importée.<br />
Rechercher des débouchés pour <strong>le</strong>s produits<br />
algériens sur <strong>le</strong>s marchés extérieurs.<br />
Promouvoir la maîtrise de la technologie<br />
et l'exploitation des unités industriel<strong>le</strong>s<br />
pétrochimiques.<br />
Le développement de la recherche scientifique.<br />
La création de l'emploi.<br />
Cette stratégie a permis d'identifier et de lancer plusieurs<br />
appels d'offres pour la réalisation en partenariat<br />
de comp<strong>le</strong>xes industriels qui seront implantés au<br />
niveau des pô<strong>le</strong>s industriels de Skikda, d'Arzew et dans<br />
la future zone industriel<strong>le</strong> de Béni Saf. Cette stratégie se<br />
veut avoir aussi comme vecteur essentiel <strong>le</strong> partenariat<br />
mutuel<strong>le</strong>ment avantageux avec <strong>le</strong>s <strong>le</strong>aders mondiaux<br />
dans <strong>le</strong> domaine de la pétrochimie à travers :<br />
L'acquisition de la technologie et du savoir-faire<br />
dans <strong>le</strong> domaine.<br />
La maîtrise de l'exploitation des unités gazochimiques.
52<br />
Dossier<br />
Programme national gaz Le pari du développement<br />
La pénétration des marchés internationaux<br />
et l'accès au réseau de distribution du partenaire.<br />
La récupération d'une marge sur <strong>le</strong>s ventes<br />
des produits pétrochimiques à forte plus-value.<br />
Aussi, <strong>le</strong> choix d'un partenaire se fait-il sur la base<br />
d'un ensemb<strong>le</strong> de critères précis qui tiennent compte<br />
des références du partenaire dans <strong>le</strong> domaine, sa capacité<br />
financière et sa technologie. L'Algérie a porté éga<strong>le</strong>ment<br />
son choix sur des technologies éprouvées. Une<br />
option qui permet sans prétendre au risque zéro, de<br />
minimiser au moins <strong>le</strong>s risques industriels et environnementaux<br />
qui caractérisent ce type d'installations très<br />
comp<strong>le</strong>xes.<br />
Consistance et gamme des projets ciblés<br />
Pour ces futurs projets, l'Algérie consacre sur <strong>le</strong><br />
moyen terme un volume de gaz d'environ 8 milliards<br />
de mètres cubes par an, soit 27% du volume destiné<br />
pour <strong>le</strong>s besoins du marché national.<br />
Ces volumes de gaz sont répartis sur <strong>le</strong>s comp<strong>le</strong>xes<br />
ci-après :<br />
Méthanol d'Arzew<br />
Ammoniac d'Arzew (2 comp<strong>le</strong>xes)<br />
Ammoniac de Béni Saf<br />
Aluminium de Béni Saf<br />
Vapocraquage de l'éthane, production des<br />
polyoléfines et mono éthylène d'Arzew<br />
En somme, 7 nouveaux projets de développement<br />
de l'industrie de la transformation et la valorisation du gaz<br />
naturel ont été inscrits dans <strong>le</strong> plan de développement de<br />
la branche pétrochimie qui en comporte une dizaine.<br />
Les besoins financiers en investissements pour la<br />
réalisation de ces projets sont évalués à plus de 15 milliards<br />
de dollars. Parmi ces sept projets, il y a lieu de<br />
noter la réalisation future des comp<strong>le</strong>xes de :<br />
1• Ammoniac/urée à Béni Saf, d'une capacité<br />
de 660 000 t/an.<br />
2• Ammoniac/dérivés à Arzew d'une capacité de<br />
1,32 million t/an. Le contrat a été attribué à la<br />
compagnie égyptienne Orascom.<br />
3• Ammoniac/dérivés à Arzew d'une capacité de<br />
1,32 million t/an. Le contrat a été attribué au<br />
groupe saoudien Suhail/ Bahwan.<br />
4• Méthanol à Arzew d'une capacité de 1 million<br />
de t/an.<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
5• Déshydrogénation du propane et production<br />
du polypropylène (PDH/PP), d'une capacité<br />
de 500 000 t/an.<br />
6• Vapocraquage de l'éthane à Arzew d'une capacité<br />
de 1,4 million t/an.<br />
7• Extraction de l'éthane à partir des comp<strong>le</strong>xes<br />
de GNL d'Arzew, destiné au projet vapocraquage<br />
de l'éthane. Ce projet a fait l'objet du lancement<br />
d'un appel d'offres.<br />
Hormis l'avantage de disponibilité de la matière première<br />
essentiel<strong>le</strong>, qui est <strong>le</strong> gaz naturel, <strong>le</strong> choix des projets<br />
est motivé éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong>s résultats d'études de<br />
marché des produits gazo-chimiques sur <strong>le</strong>s marchés<br />
local et international. Ces deux facteurs, pour ainsi dire,<br />
sont à l'origine de l'identification des opportunités de<br />
projets d'investissements ainsi que la détermination des<br />
capacités des futurs comp<strong>le</strong>xes gazo-chimiques.<br />
La réalisation de cet ambitieux programme constituera,<br />
assurément, un jalon pour la création de richesses<br />
et de milliers d'emplois dans <strong>le</strong>s années à venir, <strong>le</strong><br />
secteur étant, plus que jamais, ouvert aux opportunités<br />
d'affaires et offrant toutes <strong>le</strong>s conditions favorab<strong>le</strong>s<br />
à l'investissement grâce à la disponibilité d'une maind'œuvre<br />
qualifiée, des mesures financières incitatives<br />
et la proximité des marchés<br />
La liste des produits de première génération<br />
ci-dessous (liste non exhaustive) illustre quelques<br />
exemp<strong>le</strong>s de produits finis parmi <strong>le</strong>s milliers de produits<br />
possib<strong>le</strong>s qu'on peut fabriquer et mettre sur <strong>le</strong><br />
marché. L'usage de ces produits varie du simp<strong>le</strong><br />
usage domestique à l'usage de haute technologie.<br />
Polyéthylène Basse Densité (PEBD) : films plastiques<br />
destinés pour la fabrication de sachets.<br />
Polyéthylène Haute Densité (PEHD) : produits<br />
rigides destinés pour la fabrication de flacons divers<br />
(détergents, cosmétiques jerricans…).<br />
Polyéthylène Basse Densité Linéaire (LLDPE) :<br />
films pour emballage ménager, sacs, gainages<br />
de câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctriques, bouteil<strong>le</strong>s, corps creux…<br />
Polypropylène (PP) : destinés pour <strong>le</strong>s équipements<br />
automobi<strong>le</strong>s, emballages alimentaires, texti<strong>le</strong>, tapis<br />
synthétiques…<br />
Méthanol : destiné pour la production d'antigel,<br />
solvants, carburants, fibres texti<strong>le</strong>s,<br />
Ammoniac : destiné pour la production d'angrais,<br />
explosifs…
Proximité<br />
Travail de proximité<br />
Une démarche résolue et un défi quotidien<br />
Reportage<br />
Se rapprocher du client, comprendre ses préoccupations, <strong>le</strong><br />
sensibiliser, l'orienter et l'informer… c'est <strong>le</strong> travail que s'assignent,<br />
jour après jour, <strong>le</strong>s services commerciaux de <strong>Sonelgaz</strong>,<br />
répartis à travers <strong>le</strong> territoire national. Au-delà du recouvrement<br />
des créances, devenu problématique pour l'entreprise,<br />
cette démarche vise prioritairement la réappropriation p<strong>le</strong>ine<br />
et entière de son image de marque auprès des Algériens.
54<br />
Proximité<br />
Service commercial de Boumerdès, un jour<br />
de semaine. L'affluence n'est pas pour<br />
aujourd'hui. De rares clients se présentent,<br />
la majorité pour s'acquitter de <strong>le</strong>ur facture.<br />
«Les gens viennent généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> jeudi. C'est compréhensib<strong>le</strong>.<br />
Malgré la fou<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s choses se passent bien,<br />
nous avons des clients disciplinés », dit, dans un sourire,<br />
une employée du service. Un client est au guichet<br />
des réclamations. «Je suis venu signa<strong>le</strong>r une erreur de<br />
relève de mon compteur. Avant, si cela arrivait, cela<br />
prenait du temps pour la rectification. Actuel<strong>le</strong>ment,<br />
c'est pratiquement en temps réel», explique-t-il. En<br />
face de lui, un agent, une femme, pianote sur son clavier.<br />
El<strong>le</strong> consulte la base de données du système de<br />
gestion clientè<strong>le</strong>. L'erreur est détectée tout de suite et<br />
rectifiée dès cet instant. «Ce système facilite énormément<br />
la tâche. Tout y est introduit en temps réel. S'il y<br />
a une erreur de facturation, par exemp<strong>le</strong>, une nouvel<strong>le</strong><br />
facture est émise sans avoir à demander au client de<br />
revenir. Cela permet éga<strong>le</strong>ment de ne pas pénaliser des<br />
clients en <strong>le</strong>ur coupant l'énergie alors qu'ils ont payé.<br />
L'information de paiement est désormais introduite<br />
en temps réel, à l'encaisse-<br />
ment, sans risque de confusion.<br />
Ici, dans ce centre<br />
spacieux et lumineux,<br />
la clientè<strong>le</strong> affiche sa<br />
satisfaction. «La situation<br />
s'est nettement améliorée.<br />
Même quand on vient se<br />
plaindre, on trouve du<br />
répondant», témoigne une<br />
cliente. Pour <strong>le</strong>s mauvais<br />
payeurs, il a été décidé d'appliquer la rég<strong>le</strong>mentation<br />
en coupant l'énergie au 16 e jour après l'émission de la<br />
facture, mais un effort est fourni pour <strong>le</strong>s amener à<br />
obtempérer sans avoir recours à ce moyen radical.<br />
Généra<strong>le</strong>ment, la coupure n'intervient qu'au bout<br />
de la deuxième facture impayée. Il a été décidé, en<br />
revanche, de joindre une relance avec la facture qui rappel<strong>le</strong><br />
au client qu'il pourrait être poursuivi en justice. En<br />
général, cette méthode est efficace. De nombreux<br />
clients sont venus payer après avoir reçu cet avis.<br />
Mais si dans ce centre <strong>le</strong>s choses semb<strong>le</strong>nt al<strong>le</strong>r au<br />
mieux, ce n'était pas <strong>le</strong> cas, il y a encore quelques mois,<br />
dans celui de Rouiba, à titre d'exemp<strong>le</strong>.<br />
L'aménagement des locaux ne date en effet que de<br />
l'été 2006. Ce centre, celui de Réghaïa et de Khemis<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Il s'est, en effet, avéré que <strong>le</strong><br />
fait de répondre aux besoins<br />
des clients exigeait une capacité<br />
d'analyse et de prise de<br />
décision au sein même des<br />
services commerciaux.<br />
El Khechna, sont situés dans <strong>le</strong> même espace, à la<br />
sortie de Rouiba, dans de vieux hangars. Avant <strong>le</strong><br />
réaménagement, <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> handicap consistait dans<br />
des conditions d'accueil et de travail en dessous des<br />
attentes des clients, en plus de l'éloignement. Le premier<br />
handicap a été <strong>le</strong>vé pour <strong>le</strong> service commercial<br />
de Rouiba. Son réaménagement a permis aux travail<strong>le</strong>urs<br />
de mener à bien <strong>le</strong>ur mission et aux clients de<br />
venir dans un espace mieux adapté. Il est en outre<br />
prévu son implantation prochaine au centre-vil<strong>le</strong> de<br />
Rouiba pour être au plus près de la clientè<strong>le</strong>. Ici, <strong>le</strong><br />
client vient surtout se plaindre du montant de la facture.<br />
Les agents de <strong>Sonelgaz</strong> prennent <strong>le</strong> temps d'expliquer<br />
que la facture reflète la consommation et que<br />
si <strong>le</strong>s clients veu<strong>le</strong>nt une baisse, ils doivent veil<strong>le</strong>r à<br />
bien gérer <strong>le</strong>ur consommation. Au-delà donc de la<br />
résolution des problèmes ou de la gestion des demandes<br />
de raccordement, un soin particulier est mis à sensibiliser<br />
<strong>le</strong> citoyen sur sa manière de consommer<br />
l'énergie. Les résultats sont souvent rapides. «Oui, j'ai<br />
compris ! Je fais attention. Je ne laisse pas la lumière<br />
allumée dans une pièce non occupée, je surveil<strong>le</strong> mes<br />
enfants, et cela se reflète<br />
sur ma facture», nous<br />
indique une cliente rencontrée<br />
sur place.<br />
Aux Issers, ce sont<br />
d'autres difficultés que<br />
doivent affronter <strong>le</strong>s<br />
agents du service commercial.<br />
Un profil de<br />
population essentiel<strong>le</strong>ment<br />
de montagne,<br />
autrement dit une population qui habite des zones<br />
enclavées, qui pose <strong>le</strong> problème épineux de la proximité.<br />
Il y a à peine deux mois, ce service occupait un<br />
petit espace dans un ancien poste de transformation.<br />
Actuel<strong>le</strong>ment, après réaménagement, <strong>le</strong> cadre a bien<br />
changé. «Les conditions de travail et d'accueil d'avant<br />
ne permettaient pas un rendement quotidien optimum.<br />
Aujourd'hui, nous nous réjouissons de ces changements<br />
qui vont nous permettre de mieux faire notre<br />
travail et de mieux accueillir nos clients», estime <strong>le</strong><br />
chef du service commercial. Cette après-midi, quelques<br />
personnes sont en attente. La calme règne, pas<br />
de protestations spectaculaires ou autre. «Le seul<br />
problème qui se pose est l'éloignement. On perd des<br />
fois une journée rien que pour se déplacer pour
<strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment d'une facture», explique un client. Ce<br />
centre gère en effet cinq communes : Issers, Si<br />
Mustapha, Chabet El Ameur, Timezrit et Legata. Ici,<br />
<strong>le</strong> problème de recouvrement ne se pose pas avec<br />
acuité. Ce sont pour la plupart d'anciens clients qui ont<br />
l'habitude de payer. Pour <strong>le</strong> handicap de l'éloignement,<br />
bien réel, des solutions sont envisagées comme cel<strong>le</strong> de<br />
l'ouverture d'un bureau au siège de l'APC de Chabet El<br />
Ameur pour l'encaissement. Cela procède de la politique<br />
de rapprochement de la clientè<strong>le</strong>.<br />
Une image de marque à défendre<br />
<strong>Sonelgaz</strong> s'engage résolument dans une démarche<br />
commercia<strong>le</strong> à même de la rapprocher davantage de<br />
ses clients. Une démarche pour laquel<strong>le</strong> l'entreprise<br />
met en place des mécanismes qui permettent de<br />
répondre au plus près aux préoccupations de ses<br />
clients, <strong>le</strong>squels mécanismes ne peuvent qu'amener à<br />
la résolution du problème de recouvrement des créances<br />
que rencontre <strong>Sonelgaz</strong>. Les services commerciaux<br />
qui jouent <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d'interface ont été ainsi dotés de<br />
moyens matériels et humains pour mener à bien ce<br />
travail de proximité. Qualité d'accueil, capacité de<br />
réaction rapide et efficace, ainsi que la bonne organisation<br />
sont <strong>le</strong>s maîtres mots de cette stratégie. Cela<br />
commence par l'espace de plus en plus spacieux et<br />
convivial réservé à l'accueil, par <strong>le</strong> choix des agents<br />
désignés pour rencontrer <strong>le</strong>s clients, par <strong>le</strong> niveau des<br />
chefs de services commerciaux ainsi que par une plus<br />
grande décentralisation. Il s'est, en effet, avéré que <strong>le</strong><br />
fait de répondre aux besoins des clients exigeait une<br />
capacité d'analyse et de prise de décision au sein même<br />
des services commerciaux. Ce qui a amené à poser<br />
comme critère, entre autres, pour <strong>le</strong> poste de chef de<br />
service, celui du diplôme universitaire. <strong>Sonelgaz</strong> a<br />
lancé dans ce sens un appel à candidature au sein de<br />
l'entreprise qui a permis à de nombreux travail<strong>le</strong>urs<br />
répondant à ces conditions de postu<strong>le</strong>r. L'objectif étant<br />
de permettre la résolution des problèmes posés tous<br />
<strong>le</strong>s jours par <strong>le</strong>s clients de manière rapide et efficiente,<br />
sans avoir systématiquement recours à des structures<br />
plus é<strong>le</strong>vées dans la hiérarchie. Parallè<strong>le</strong>ment à ces<br />
efforts en matière de moyens humains, un service<br />
informatique a été mis en place au niveau des directions<br />
régiona<strong>le</strong>s, chargé de la facturation, désormais<br />
décentralisée, avec un système informatisé de gestion<br />
clientè<strong>le</strong>. Un système en réseau qui permet d'introduire<br />
<strong>le</strong>s données et de <strong>le</strong>s consulter en temps réel.<br />
Se réapproprier l'activité de relève<br />
Privilégier la compétence, renforcer <strong>le</strong>s services<br />
commerciaux par des cadres, réaménager <strong>le</strong>s espaces<br />
sont donc autant de moyens mis en place pour un plus<br />
grand rapprochement des services de <strong>Sonelgaz</strong> avec sa<br />
clientè<strong>le</strong>. Cela est accompagné par une réappropriation<br />
de son image de marque à travers notamment la<br />
reprise à son compte de l'activité de relève. Cette activité,<br />
avec cel<strong>le</strong> de l'encaissement sur place, confiée<br />
depuis quelques années à des sous-traitants, va être<br />
ainsi reprise en main. Le Groupe s'est, en effet, rendu<br />
compte qu'il avait beaucoup perdu de sa crédibilité<br />
alors que, dans un passé pas si lointain, l'agent<br />
<strong>Sonelgaz</strong> chargé de la relève était une personne familière<br />
des famil<strong>le</strong>s. Une campagne de recrutement a eu<br />
lieu en direction principa<strong>le</strong>ment des jeunes.<br />
Les personnes retenues sont envoyées en formation<br />
technique et commercia<strong>le</strong> avant d'être mises sur <strong>le</strong> terrain<br />
en étant parrainées dans un premier temps.<br />
La nouveauté remarquée lors de ces recrutements, c'est<br />
l'engouement des femmes pour ce travail. Pour la première<br />
fois, des femmes occuperont <strong>le</strong> poste de re<strong>le</strong>veur.<br />
Une situation qui devrait faciliter <strong>le</strong>s échanges et<br />
rassurer <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s car, pendant la journée, ce sont<br />
souvent <strong>le</strong>s femmes qui occupent la maison. Une attention<br />
qui accompagne d'autres qui ne manqueront pas<br />
de mettre en évidence tous <strong>le</strong>s moyens, humains et<br />
matériels, mis en place pour la réussite d'un travail de<br />
proximité indispensab<strong>le</strong>, voire vital pour <strong>Sonelgaz</strong>
56<br />
Marchés et tendances<br />
Rencontre régiona<strong>le</strong><br />
sur <strong>le</strong> développement de l'énergie<br />
atomique à des fins pacifiques<br />
Les ambitions nucléaires de l'Afrique<br />
L'Afrique rejoint <strong>le</strong> reste du monde dans ses ambitions de maîtrise,<br />
d'exploitation et de mise à contribution de la technologie<br />
nucléaire dans <strong>le</strong>s efforts de développement durab<strong>le</strong>. Avec une<br />
participation qualitative d'hommes politiques, de dirigeants<br />
d'institutions internationa<strong>le</strong>s et d'éminents scientifiques africains<br />
et occidentaux, cette rencontre, <strong>le</strong> temps de deux jours, n'a pas<br />
manqué de faire ressortir la volonté et la détermination des différents<br />
intervenants d'explorer tous <strong>le</strong>s aspects susceptib<strong>le</strong>s de<br />
promouvoir la démarche d'approche en vue de l'accession des<br />
pays africains au nucléaire.<br />
n° 6 - Mars 2007
Alger a abrité, début janvier, une réunion<br />
africaine sur <strong>le</strong> nucléaire civil. Intitulée<br />
«Première Conférence régiona<strong>le</strong> africaine<br />
sur la contribution de l'énergie<br />
nucléaire à la paix et au développement durab<strong>le</strong>», cette<br />
rencontre a été marquée par une intervention inaugura<strong>le</strong><br />
de Son Excel<strong>le</strong>nce Monsieur <strong>le</strong> Président de la<br />
République, Abdelaziz Bouteflika, qui a, d'emblée,<br />
donné <strong>le</strong> ton de l'événement en mettant en lumière<br />
autant <strong>le</strong>s enjeux africains liés au nucléaire civil que <strong>le</strong><br />
contexte dans <strong>le</strong>quel cette démarche intervient.<br />
M. Abdelaziz Bouteflika a ainsi tenu à préciser que<br />
cette rencontre «se tient sous l'éclairage des défis<br />
majeurs que posent <strong>le</strong>s problématiques inter-reliées de<br />
la sécurité énergétique, des changements climatiques<br />
et de la préservation des ressources naturel<strong>le</strong>s ainsi<br />
que du défi essentiel de la non-prolifération des armes<br />
nucléaires, à un moment où l'énergie nucléaire<br />
s'affirme comme alternative propre, durab<strong>le</strong> et économiquement<br />
viab<strong>le</strong> aux énergies fossi<strong>le</strong>s». Une manière<br />
pour <strong>le</strong> chef de l'Etat de pointer du doigt autant la légitimité<br />
des ambitions africaines d'accéder au savoir et à<br />
la technologie nucléaires que cel<strong>le</strong> de l'exigence de la<br />
communauté internationa<strong>le</strong> quant à la non-prolifération<br />
des armes atomiques. C'est donc en vue d'une<br />
technologie nucléaire au service de finalités strictement<br />
civi<strong>le</strong>s que doivent se déployer <strong>le</strong>s efforts<br />
africains. Des vues qui confortent, dans sa<br />
mission, l'incontournab<strong>le</strong> Agence internationa<strong>le</strong> de<br />
l'énergie atomique (AIEA), éminemment représentée<br />
durant cette conférence par son président,<br />
<strong>le</strong> D r Al Baradaï, et néanmoins prix Nobel de la paix<br />
pour l'année 2005.<br />
La technologie nucléaire, un droit<br />
Faisant écho à l'intervention du Président de la<br />
République, <strong>le</strong> ministre de l'Energie et des Mines,<br />
M. Chakib Khelil, en soulignant <strong>le</strong> droit «inaliénab<strong>le</strong>»<br />
des pays africains à l'utilisation exclusivement pacifique<br />
de l'énergie nucléaire, semblait répercuter ainsi l'inquiétude<br />
des Africains de se voir interdits de développer<br />
<strong>le</strong> nucléaire civil dans un contexte mondial où <strong>le</strong><br />
monde évolue à l'épreuve d'une profonde inquiétude<br />
sous-tendue par la crainte d'une pénurie d'énergie à<br />
moyen terme. M. Khelil devait, à ce dernier titre, évoquer<br />
<strong>le</strong>s préalab<strong>le</strong>s devant précéder une exploitation du<br />
nucléaire dans la production de l'énergie, à savoir<br />
la maîtrise des applications nucléaires dans différents<br />
domaines tels que la santé, l'agriculture et l'eau.<br />
Insistant sur la contribution de l'énergie nucléaire à la<br />
paix et au développement durab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> ministre de<br />
l'Energie et des Mines a éga<strong>le</strong>ment indiqué que la rencontre<br />
d'Alger a appelé <strong>le</strong>s pays africains à coopérer<br />
dans <strong>le</strong> domaine de l'utilisation de l'énergie nucléaire<br />
dans <strong>le</strong> champ socio-économique. Une coopération<br />
qui doit être axée notamment sur la formation d'experts<br />
dans différents domaines tels que la santé, l'environnement,<br />
l'hydraulique et la production é<strong>le</strong>ctrique.<br />
L'Algérie, pour sa part, a la capacité, à travers ses réacteurs<br />
de recherche, de recevoir des experts des autres<br />
pays africains, a affirmé <strong>le</strong> ministre qui a plaidé en<br />
faveur d'une collaboration avec <strong>le</strong>s autres pays africains<br />
disposant de réacteurs de recherche, comme<br />
l'Egypte et l'Afrique du Sud.<br />
La rencontre d'Alger, première du genre sur <strong>le</strong><br />
développement et l'utilisation de l'énergie atomique à<br />
des fins pacifiques en Afrique, a permis aussi à l'Algérie<br />
de se mettre à l'heure de la «diplomatie scientifique».<br />
Durant deux jours, près de 45 représentants politiques<br />
et experts d'Etats africains ont pu débattre de «la<br />
contribution de l'énergie nucléaire à la promotion de la<br />
paix et du développement». Un tel événement a vu<br />
aussi la contribution d'un certain nombre d'institutions<br />
et d'agences, continenta<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s,<br />
comme l'AIEA, donnant à la rencontre d'Alger un<br />
caractère particulier. En témoignent <strong>le</strong>s déclarations<br />
d'un certain nombre de participants qui ont mis en<br />
évidence l'importance de l'énergie nucléaire et son rô<strong>le</strong><br />
dans la résorption de certains maux «de type purement<br />
scientifique» qui rongent l'Afrique : <strong>le</strong>s maladies,<br />
la question du traitement de l'eau, <strong>le</strong>s applications<br />
agrico<strong>le</strong>s…<br />
Les applications d'abord<br />
Les organisateurs de cette conférence se sont fixé trois<br />
objectifs. D'abord, lancer la recherche scientifique<br />
dans ce domaine. Ensuite, faire participer l'Afrique en<br />
tentant de l'initier au nucléaire et <strong>le</strong> mettre à son service<br />
par <strong>le</strong> biais de l'acquisition des moyens technologiques<br />
adéquats, du savoir et du savoir-faire. Et en<br />
troisième lieu, permettre à l'Algérie de remettre ce secteur<br />
à l'ordre du jour et d'utiliser ses installations et<br />
moyens pour pouvoir «<strong>le</strong>s articu<strong>le</strong>r sur ce qui se passe<br />
dans ce domaine à travers <strong>le</strong> monde».
58<br />
Marchés et tendances<br />
En fait, par <strong>le</strong> biais de l'Algérie, l'Afrique revendique<br />
son droit à utiliser l'énergie et <strong>le</strong>s applications atomiques<br />
après avoir ratifié toutes <strong>le</strong>s conventions et règ<strong>le</strong>ments<br />
interdisant la prolifération des armes<br />
nucléaires. A titre d'illustration, l'un des pays africains<br />
<strong>le</strong> plus avancé dans ce domaine, à savoir l'Afrique du<br />
Sud, a détruit son arsenal nucléaire, mettant fin ainsi à<br />
l'encombrant héritage du régime de l'apartheid.<br />
Comme l'a d'ail<strong>le</strong>urs souligné <strong>le</strong> Président Bouteflika :<br />
«L'Afrique a aussi (…) été d'un apport à l'universalité<br />
du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.<br />
El<strong>le</strong> contribue éga<strong>le</strong>ment à l'élargissement des assises<br />
géopolitiques de la composition de l'AIEA et du<br />
déploiement de ses missions», qui a plaidé pour «l'établissement<br />
d'un forum régional de sûreté et de sécurité<br />
nucléaires».<br />
Prenant appui sur cette Afrique «pionnière dans <strong>le</strong><br />
désarmement nucléaire» et initiatrice du Traité de<br />
Pelindala qu'el<strong>le</strong> a d'ail<strong>le</strong>urs conclu, <strong>le</strong> chef de l'Etat a<br />
clairement laissé entendre que <strong>le</strong> continent noir «ne<br />
peut que soutenir vigoureusement l'établissement<br />
d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-<br />
Orient».<br />
Le nucléaire, une voie vers la paix<br />
Plus que <strong>le</strong>s applications et <strong>le</strong>s usages, la conférence<br />
d'Alger a mis en évidence <strong>le</strong> lien entre l'utilisation<br />
du nucléaire à des fins pacifiques et la<br />
non-prolifération des armes nucléaires, alors que se<br />
pose à l'Afrique la question de la sécurité des installations<br />
nucléaires «pacifiques». Le deal à passer entre <strong>le</strong><br />
continent africain et <strong>le</strong> monde développé consiste à<br />
assurer à l'Afrique <strong>le</strong> droit d'accéder aux technologies<br />
et à l'énergie, tout en s'assurant la coopération des pays<br />
développés pour garantir la sécurité des installations.<br />
Si <strong>le</strong>s perspectives s'inscrivent donc dans cette logique,<br />
la rencontre d'Alger a permis d'entrevoir <strong>le</strong> projet que<br />
négocie l'Algérie avec l'AIEA relatif à la planification de<br />
l'énergie atomique et à l'introduction de l'é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />
dans <strong>le</strong>s capacités énergétiques du pays. La<br />
mise en œuvre de ce projet devrait prendre effet<br />
durant l'année 2007 et s'éta<strong>le</strong>ra sur deux ans. Il s'agit<br />
d'un projet multiforme qui inclura éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s applications<br />
atomiques en matière de santé ou de dessa<strong>le</strong>ment<br />
d'eau mer. Dans <strong>le</strong> même temps, on verra<br />
l'introduction dans <strong>le</strong>s centres de soins des technologies<br />
pour <strong>le</strong> traitement du cancer, notamment.<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
Une dizaine de centres incluant la médecine nucléaire<br />
destinée à la santé publique seront mis en place d'ici à<br />
2009. Dans cette même logique de dynamisation du<br />
développement des applications du nucléaire, un<br />
décret a été signé en 2005 légalisant l'utilisation des<br />
techniques de conservation de produits agrico<strong>le</strong>s à<br />
partir de l'énergie atomique.<br />
Il faut souligner que la réunion africaine d'Alger<br />
s'est tenue dans un contexte fort propice à la concrétisation<br />
des objectifs fixés. Autrement dit, el<strong>le</strong> intervenait<br />
au moment où <strong>le</strong>s grandes puissances nucléaires,<br />
comme <strong>le</strong>s Etats-Unis, ont allégé <strong>le</strong> blocus budgétaire<br />
et scientifique imposé au nucléaire, alors que l'AIEA a<br />
octroyé, en 2005, à plusieurs pays africains une somme<br />
globa<strong>le</strong> de 25 millions de dollars destinée à acquérir<br />
une expérience dans <strong>le</strong> domaine des applications<br />
nucléaires.<br />
Les recommandations de la conférence d'Alger ont<br />
été remises au Sommet des chefs d'Etat africains qui<br />
s'est tenu, fin janvier, à Addis-Abeba, en Ethiopie,<br />
créant éga<strong>le</strong>ment un précédent très significatif, l'instance<br />
africaine n'ayant jamais eu à traiter ces questions<br />
au plus haut niveau
Enjeux et perspectives…<br />
M. Hamid Aït Abderrahim, expert<br />
algéro-belge en é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />
«L'Algérie a toutes <strong>le</strong>s compétences humaines<br />
pour développer l'é<strong>le</strong>ctronucléaire»<br />
La solution du nucléaire en tant qu'alternative<br />
aux énergies fossi<strong>le</strong>s dans la production de<br />
l'é<strong>le</strong>ctricité connaît une fortune certaine dans <strong>le</strong>s<br />
nouvel<strong>le</strong>s politiques énergétiques. Outre ses<br />
enjeux économiques, l'énergie nucléaire, une fois<br />
optimisées <strong>le</strong>s questions de la gestion des déchets<br />
et de la sécurité, est un moyen de faire face au phénomène du<br />
réchauffement planétaire.<br />
NOOR : Le monde regarde aujourd'hui<br />
l'é<strong>le</strong>ctronucléaire comme une des alternatives<br />
viab<strong>le</strong>s aux énergies fossi<strong>le</strong>s. Il semb<strong>le</strong> que l'heure,<br />
pour tous, soit à une mobilisation urgente pour<br />
préparer l'après-pétro<strong>le</strong>. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s raisons de<br />
ce regain d'intérêt ?<br />
M. Hamid Aït Abderrahim : Il est évident<br />
qu'une technologie est opératoire quand el<strong>le</strong><br />
arrive à satisfaire à plusieurs conditions. La première,<br />
et non des moindres, c'est qu'el<strong>le</strong> a effectivement<br />
atteint un niveau de développement et de performance<br />
réel. La seconde, non moins importante que la<br />
précédente, c'est qu'il y a des éléments nouveaux qui<br />
mettent ou remettent cette technologie au goût du<br />
jour. Ce qui est <strong>le</strong> cas, aujourd'hui, du nucléaire. Je<br />
m'explique : <strong>le</strong> nucléaire, pour la production de l'é<strong>le</strong>ctricité,<br />
a été mis en œuvre la première fois comme un<br />
sous-produit des réacteurs pour <strong>le</strong>s sous-marins.<br />
En fait, cette technologie a été un produit destiné initia<strong>le</strong>ment<br />
à un usage militaire qui n'était pas celui de<br />
la bombe, mais du transport. Cela dit, l'investissement<br />
dans ce domaine a été tel<strong>le</strong>ment lourd que <strong>le</strong>s concepteurs<br />
de cette technologie ont jugé nécessaire de <strong>le</strong><br />
rentabiliser. C'est ainsi qu'on a retenu l'option d'exploiter<br />
<strong>le</strong> nucléaire dans l'application civi<strong>le</strong> de la production<br />
de l'é<strong>le</strong>ctricité. Après un certain temps<br />
d'utilisation de cette technologie dans <strong>le</strong> but avoué de<br />
son développement pour la production é<strong>le</strong>ctrique, on<br />
s'est rendu compte de certaines contraintes majeures,<br />
à savoir une utilisation non rationnel<strong>le</strong> des ressources,<br />
car on n'utilise que 0,7% des ressources primaires,<br />
alors qu'on produit des déchets nucléaires dont la<br />
durée de vie et <strong>le</strong> haut niveau de radiotoxicité s'étendent<br />
sur des centaines de milliers d'années.<br />
Le premier développement massif du nucléaire a été<br />
déc<strong>le</strong>nché par <strong>le</strong> choc pétrolier de 1973. Un nouveau<br />
besoin s'est alors manifesté qui devait faire du
60<br />
Enjeux et perspectives…<br />
La demande mondia<strong>le</strong> en énergie jusqu’en 2030, d’après l’AIE<br />
Les combustib<strong>le</strong>s fossi<strong>le</strong>s vont continuer à dominer la composition de la demande globa<strong>le</strong><br />
Le pétro<strong>le</strong> et <strong>le</strong> charbon restent <strong>le</strong>s combustib<strong>le</strong>s dominants<br />
nucléaire l'alternative à une énergie classique devenant<br />
trop chère. Une technologie nouvel<strong>le</strong> a été mise en<br />
route, mais dans cette euphorie généra<strong>le</strong>, il y a eu des<br />
accidents graves, un à Three Mi<strong>le</strong>s Islands, en<br />
Pennsylvanie, en 1979, et un autre, majeur, à Tchernobyl<br />
(Ukraine) en 1986. Tout d'un coup, <strong>le</strong> nucléaire est<br />
devenu peu attrayant pour <strong>le</strong> grand public, mais éga<strong>le</strong>ment<br />
pour <strong>le</strong>s défenseurs de l'énergie fossi<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong><br />
était redevenue dans cet interval<strong>le</strong>, pas du tout chère,<br />
au point d'être à un prix (en dollar constant) en dessous<br />
des prix d'avant <strong>le</strong> choc pétrolier de 1973. Ce qui a<br />
contribué à mettre en sommeil la demande massive<br />
concernant l'énergie nucléaire. Aujourd'hui, la situation<br />
a évolué. Depuis l'an 2000, un intérêt pour <strong>le</strong> nucléaire<br />
se fait grandissant d'année en année, et l'on voit de par<br />
<strong>le</strong> monde de plus en plus de grands pays consommateurs<br />
d'énergie qui s'orientent vers une option stratégique<br />
de développement du nucléaire. Les pays de l'Est<br />
asiatique, <strong>le</strong> Japon, la Chine, l'Inde, la Thaïlande,<br />
l'Indonésie, <strong>le</strong>s Corées du Sud et du Nord… sont d'ores<br />
et déjà engagés dans un programme nucléaire lourd et<br />
intense, alors que <strong>le</strong>s pays qui étaient déjà nucléaires<br />
depuis <strong>le</strong>s années 1950, en l'occurrence <strong>le</strong>s Etats-Unis<br />
d'Amérique, qui n'ont plus construit de centra<strong>le</strong><br />
nucléaire depuis 26 ans, déploient des fonds et fournissent<br />
des efforts très intenses pour impulser une<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
dynamique de redéploiement nucléaire. Cela, non seu<strong>le</strong>ment<br />
à cause de l'augmentation des prix du pétro<strong>le</strong>,<br />
mais aussi à cause de la crise à venir, très probab<strong>le</strong>, de<br />
l'approvisionnement en brut. Des pays comme la<br />
Norvège et la Grande-Bretagne arrivent à la fin de <strong>le</strong>urs<br />
ressources et la principa<strong>le</strong> source de pétro<strong>le</strong> et de gaz, à<br />
savoir <strong>le</strong> Moyen-Orient, ne suffit pas ni n'est éternel<strong>le</strong>.<br />
A titre d'exemp<strong>le</strong>, et pour <strong>le</strong> cas qui nous intéresse <strong>le</strong><br />
plus : l'Algérie. Notre pays, en 2017, n'aura plus de<br />
pétro<strong>le</strong>, et au rythme d'exploitation du gaz, on risque<br />
de ne plus en avoir à l'horizon 2055 si de nouvel<strong>le</strong>s<br />
découvertes ne sont pas faites d'ici là. C'est pour cela<br />
qu'aujourd'hui il y a un besoin de sécurité d'approvisionnement,<br />
sous-tendu par une crise énergétique annoncée.<br />
Cela, surtout qu'il y a de grands nouveaux<br />
consommateurs d'énergie, tels que la Chine, l'Inde et <strong>le</strong><br />
Brésil. Ce qui a pour effet d'inquiéter <strong>le</strong>s grands<br />
consommateurs traditionnels d'énergie qui se trouvent<br />
de fait concurrencés sur <strong>le</strong>s ressources d'énergie fossi<strong>le</strong>s.<br />
Bref, tout <strong>le</strong> monde est conscient - abstraction faite de<br />
toute tendance baissière circonstanciée - que la réalité<br />
du marché pétrolier aujourd'hui, c'est que <strong>le</strong> prix du<br />
baril ne cessera pas de grimper ou, du moins, ne connaîtra<br />
plus de baisse, car la demande est très grande et el<strong>le</strong><br />
ira crescendo. Voilà ce qui justifie et explique<br />
aujourd'hui l'intérêt pour <strong>le</strong> nucléaire.
L'Europe voudrait réinstal<strong>le</strong>r un débat rénové sur <strong>le</strong><br />
nucléaire en vue d'un développement intensif de<br />
cette technologie pour concilier <strong>le</strong>s soucis écologiques<br />
et économiques. Où en est aujourd'hui l'état<br />
d'avancement de la recherche nucléaire ? Sommesnous<br />
à un stade de maîtrise et d'optimisation de<br />
cette technologie, notamment pour l'aspect de sécurité<br />
du procédé et des installations ?<br />
H. A. A. : Il y a deux chantiers en Europe qui sont<br />
actuel<strong>le</strong>ment engagés qui traduisent l'orientation<br />
nucléaire de l'Europe : une centra<strong>le</strong> en Finlande, soit<br />
un EPR de 1 700 Mégawatts é<strong>le</strong>ctriques, et un autre en<br />
Produit Kg/tonneNL Composition Isotopique (%)U<br />
U 935 238U/(99%) 235U/(1%) Normandie, en France, de même envergure. Ce qui<br />
anticipe d'ores et déjà sur <strong>le</strong> sort du débat qu'on tente<br />
de rouvrir sur <strong>le</strong> nucléaire, que ce soit en Belgique, en<br />
Al<strong>le</strong>magne ou en Suède. Par ail<strong>le</strong>urs, il faut savoir que<br />
la production de l'é<strong>le</strong>ctricité par la méthode nucléaire<br />
est une industrie éprouvée et en p<strong>le</strong>ine maturité. La<br />
technologie du réacteur à spectre thermique est utilisée<br />
au Canada, aux Etats-Unis, en Europe, au Japon,<br />
en Inde… à une échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong> depuis une cinquantaine<br />
d'années. Sur <strong>le</strong>s réacteurs que nous avons<br />
aujourd'hui, <strong>le</strong>s recherches qui se font depuis une<br />
dizaine d'années déjà sont surtout orientées vers la<br />
recherche de performance économique. Le nucléaire<br />
est la source d'énergie qui produit de l'é<strong>le</strong>ctricité au<br />
plus bas prix. En Belgique, <strong>le</strong> kiloWatt/heure nucléaire<br />
est produit à 3 eurocents, celui gazier à 7 eurocents et<br />
celui du pétro<strong>le</strong> à 10 eurocents. Le nucléaire est donc<br />
deux fois plus intéressant, et c'est d'autant plus<br />
attrayant pour un industriel producteur d'é<strong>le</strong>ctricité<br />
lorsqu'on sait que <strong>le</strong> prix de l'é<strong>le</strong>ctricité est indexé au<br />
prix du pétro<strong>le</strong>. Ce qui est tout aussi intéressant à faire<br />
comme développement en termes de recherche, c'est<br />
d'arriver à prolonger la durée de vie d'une centra<strong>le</strong><br />
nucléaire qui est essentiel<strong>le</strong>ment dictée par l'état de<br />
fragilisation de la cuve du réacteur. A titre d'exemp<strong>le</strong>,<br />
vous pouvez tout remplacer dans une voiture quand<br />
el<strong>le</strong> vieillit, mais pas <strong>le</strong> châssis. La cuve du réacteur est<br />
ce châssis. Aujourd'hui, on estime cette durée de vie à<br />
60 ans, mais la licence d'exploitation se donne des<br />
marges de sûreté et on n'accorde, à ce titre, que 30 à 40<br />
ans. Mais il est clair que si on démontre que <strong>le</strong>s cuves<br />
peuvent tenir, dans des conditions optima<strong>le</strong>s de sécurité,<br />
60 ans, on aura gagné 20 ans de fonctionnement.<br />
Pu 12 238 Pu/(3.5%) 239 Pu/(51.9%) 240 Pu/(23.8%) 241 Pu/(12.9%) 242 Pu/(7.9%)<br />
NP 0.72 237 Np/(100%)<br />
Am 0.66 241 Am/(58.3%) 243 Am/(41.7%)<br />
Cm 0.11 242 244 Cm/(8.8%) Cm/(91.2%)<br />
Produits<br />
50.7<br />
Dont 3.44 kg de PF à longue demi-vie : 99Tc : 1.2 kg;<br />
de Fission<br />
93Zr : 1.05 kg; 135Cs : 0.59 kg; 107Pd : 0.34 kg; 129I : 0.26 kg<br />
Quantités de déchets hautement radioactifs produits par tonne de combustib<strong>le</strong> UO2 irradiés dans un réacteur à eau<br />
pressurisée jusqu'à un taux de combustion de 50 GWd/tonne de noyaux lourds<br />
Il est, bien entendu, hors de question que cela se fasse<br />
aux dépens de la sûreté, même si sur <strong>le</strong> plan économique,<br />
cela représente un gain énorme.<br />
Maintenant, pour contrebalancer cet énoncé positif, il<br />
faut dire que cette technologie n'utilise que 0,7% de la<br />
ressource globa<strong>le</strong>, notamment l'uranium 235 seu<strong>le</strong>ment.<br />
La recherche menée actuel<strong>le</strong>ment consiste à<br />
explorer la possibilité d'utiliser des réacteurs nouveaux<br />
dits à spectres à neutrons rapides en vue de<br />
brû<strong>le</strong>r tout, ou du moins, la majorité du combustib<strong>le</strong><br />
nucléaire, c'est-à-dire <strong>le</strong>s 0.7% d'uranium 235 mais,<br />
surtout, <strong>le</strong>s 99.3% d'uranium 238. Pour traduire la<br />
situation actuel<strong>le</strong> de la combustion nucléaire en langage<br />
de disponibilité des ressources, il faut préciser,<br />
au prix aujourd'hui de l'uranium qui est cédé à 10 dollars<br />
<strong>le</strong> kilo, que nous aurons des ressources d'une<br />
durée de vie de 50 ans. Autrement dit, dans 50 ans, <strong>le</strong><br />
monde n'aura plus de combustib<strong>le</strong> pour faire fonctionner<br />
<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s nucléaires, alors que, paradoxa<strong>le</strong>ment,<br />
<strong>le</strong>s investissements déjà consentis et ceux
62<br />
Enjeux et perspectives…<br />
attendus sont gigantesques. Il est clair que la solution<br />
est incontournab<strong>le</strong>, pour peu qu'on assimi<strong>le</strong> l'idée de<br />
base que c'est d'enjeux liés au développement durab<strong>le</strong>,<br />
à l'échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>, qu'il est question. Et pour ce cas<br />
de figure, seul <strong>le</strong> passage à la technologie des réacteurs<br />
à spectres à neutrons rapides peut prolonger la<br />
durée d'utilisation des ressources disponib<strong>le</strong>s. On<br />
passerait de 50 ans d'utilisation, pour ces ressources<br />
avérées, à 2000 ans. A échel<strong>le</strong> humaine, cette durée<br />
donne de la marge d'ici à ce que de nouvel<strong>le</strong>s sources<br />
soient révélées à l'humanité, et certainement aussi de<br />
nouvel<strong>le</strong>s technologies.<br />
En parlant de nouvel<strong>le</strong>s technologies, cel<strong>le</strong>s en<br />
cours de mise de conception promettent-el<strong>le</strong>s de<br />
résoudre <strong>le</strong>s lancinantes questions de la sûreté<br />
nucléaire et de la gestion des déchets ?<br />
H. A. A. : C'est tout l'intérêt des nouvel<strong>le</strong>s filières<br />
de réacteurs sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on travail<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>ment.<br />
Les filières à spectre rapide, entre autres, un réacteur<br />
déjà testé, celui refroidi au sodium. Il s'agit d'une technologie<br />
testée aux Etats-Unis, en France, en Russie et<br />
au Japon, notamment. Mais il s'agit essentiel<strong>le</strong>ment de<br />
réacteurs de tête de filière ou de recherche.<br />
Aujourd'hui, on se focalise sur un nouveau réacteur au<br />
sodium, plus économique, et éga<strong>le</strong>ment sur un réacteur<br />
refroidi au plomb, car <strong>le</strong> sodium est inflammab<strong>le</strong><br />
au contact de l'air et de l'eau, ce qui pose de sérieux<br />
problèmes de sûreté. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> plomb est plus<br />
dense que <strong>le</strong> combustib<strong>le</strong>, et même si on va jusqu'à l'accident<br />
majeur, autrement dit jusqu'à la fusion du cœur,<br />
il ne se passe rien, car <strong>le</strong> combustib<strong>le</strong>, étant plus léger<br />
que <strong>le</strong> caloporteur (<strong>le</strong> plomb), va tout simp<strong>le</strong>ment flotter<br />
sous forme de grumeaux à la surface du plomb. Et<br />
dans ce cas, l'accident de criticité est impossib<strong>le</strong>. La<br />
troisième filière à spectre rapide, c'est cel<strong>le</strong> des réacteurs<br />
refroidis au gaz. Voilà où on en est sur <strong>le</strong> plan de<br />
la recherche sur <strong>le</strong>s filières nouvel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> chal<strong>le</strong>nge<br />
étant de <strong>le</strong>s démarrer, à l'échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong>, vers 2030.<br />
Il faut donc construire un prototype de réacteur entre<br />
2015 et 2020.<br />
Pour ce qui est de la technologie utilisée actuel<strong>le</strong>ment,<br />
<strong>le</strong> problème de gestion des déchets issus des<br />
réacteurs nucléaires demeure réel. A titre d'exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />
cas de la Belgique. Cel<strong>le</strong>-ci a démarré son programme<br />
de production nucléaire massive en 1975. En 1974, un<br />
programme de recherche sur la gestion des déchets<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
nucléaires qui vont sortir de ces centra<strong>le</strong>s a été mis sur<br />
pied. Entre autres solutions envisagées, cel<strong>le</strong> retenue a<br />
été l'enfouissement des déchets dans des couches géologiques<br />
stab<strong>le</strong>s. Pour <strong>le</strong> cas d'un petit pays comme la<br />
Belgique, c'est l'argi<strong>le</strong> qui fait l'objet d'études de fiabilité.<br />
Dans des couches géologiques entre moins 100 et<br />
moins 400 m de profondeur avec des épaisseurs de<br />
300 m. L'idée retenue, c'est de creuser des ga<strong>le</strong>ries dans<br />
cette argi<strong>le</strong> et y entreposer <strong>le</strong>s déchets en question. Il<br />
faut savoir que dans une tonne de combustib<strong>le</strong><br />
nucléaire, il y a de l'ordre de 60 kg de déchets, car <strong>le</strong>s<br />
940 kilos restants sont récupérés de nouveau comme<br />
combustib<strong>le</strong>. Les déchets sont mis dans une matrice de<br />
verre qui est à son tour coulée dans des fûts en acier<br />
qui seront mis dans des ga<strong>le</strong>ries creusées dans l'argi<strong>le</strong>.<br />
La solution est donc là sur <strong>le</strong> plan technique. La seu<strong>le</strong><br />
difficulté, et qui est bien réel<strong>le</strong>, c'est que ces déchets<br />
gardent <strong>le</strong>ur niveau de toxicité industriel<strong>le</strong> durant<br />
500000 ans et plus, avant de revenir à <strong>le</strong>ur niveau naturel<br />
de toxicité correspondant à cel<strong>le</strong> du minerais d'uranium<br />
qui a servi à la fabrication du combustib<strong>le</strong>. On a<br />
donc à faire avec une gestion de durée qui dépasse la<br />
dimension humaine. Dans nos activités humaines, on<br />
n'est pas habitués à gérer des durées de ce genre. A la<br />
limite, lorsque vous vous retrouvez en Egypte, en face<br />
des pyramides, vous vous dites que vous avez devant<br />
vos yeux la preuve que l'homme est arrivé à laisser,<br />
6000 ans plus tard, des traces et même des témoignages<br />
vivants d'une technologie humaine qui a pu défier<br />
l'histoire. C'est une durée gérab<strong>le</strong> et raisonnab<strong>le</strong>. Un<br />
million d'années, en revanche, c'est au-dessus de la<br />
dimension humaine et de toutes <strong>le</strong>s prévisions.<br />
D'ail<strong>le</strong>urs, dans l'état actuel de notre technologie, nous<br />
n'avons jamais compté sur la barrière fabriquée par<br />
l'homme pour prétendre à la sûreté liée aux déchets<br />
nucléaires, mais plutôt sur la barrière géologique. Cela<br />
dit, nous n'avons pas <strong>le</strong> droit de léguer aux générations<br />
futures, pour un million d'années, un héritage aussi<br />
diffici<strong>le</strong> à gérer.<br />
Que serait donc la solution pour ce problème ?<br />
H. A. A. : Face à ce problème incontournab<strong>le</strong>, des<br />
recherches se font depuis une dizaine d'années de<br />
façon intense sur une gestion alternative des déchets<br />
nucléaires. Des recherches qui se résument dans la<br />
problématique de la séparation et de la transmutation.<br />
Cela veut dire qu'on veut séparer <strong>le</strong>s éléments
dangereux des déchets nucléaires dans une première<br />
phase chimique dite de séparation. Ensuite, intervient<br />
la phase de transmutation. Ce qui est entrepris dans<br />
cette phase, c'est l'acte de transmutation des déchets<br />
nucléaires, plus lourds que l'uranium, comme <strong>le</strong> plutonium,<br />
l'américium, <strong>le</strong> curium… Ce sont des éléments<br />
fabriqués artificiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> réacteur nucléaire<br />
et qui sont plus lourds que l'uranium. La transmutation<br />
s'opère en <strong>le</strong>s fissionnant, en <strong>le</strong>s cassant en deux<br />
produits de fission pour qu'ils deviennent par la suite<br />
un petit problème à gérer, comme celui des produits de<br />
la fission de l'uranium. Réussie cette opération à<br />
doub<strong>le</strong> articulation de séparation et de transmutation,<br />
<strong>le</strong> problème de la gestion des déchets est ramené à<br />
l'échel<strong>le</strong> temporel<strong>le</strong> humaine de 300 à 600 années. Les<br />
recherches menées et <strong>le</strong>s expériences faites ont été<br />
concluantes à l'échel<strong>le</strong> du laboratoire, avec une maîtrise<br />
de l'ordre de 99,99% pour ce qui concerne la séparation.<br />
Cela dit, ce qui est vrai et valab<strong>le</strong> à l'échel<strong>le</strong> du<br />
microgramme doit se confirmer à l'échel<strong>le</strong> du kilogramme,<br />
pour voir si l'effet est <strong>le</strong> même sur des quantités<br />
plus grandes quand el<strong>le</strong>s sont soumises plus<br />
longtemps aux radiations. Quand cel<strong>le</strong>s-ci bombardent<br />
la molécu<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>s la détruisent. C'est ce qu'on fait<br />
notamment pour tuer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s cancéreuses dans <strong>le</strong>s<br />
hôpitaux. Pour notre cas, si vous laissez la molécu<strong>le</strong><br />
utilisée pour effectuer la séparation des noyaux plus<br />
lourds que l'uranium en présence de radiations plus<br />
longtemps qu'il ne faut, el<strong>le</strong> risque d'être détruite et ne<br />
pourra plus faire <strong>le</strong> travail. Pour développer <strong>le</strong> procédé<br />
expérimenté à l'échel<strong>le</strong> du laboratoire vers l'échel<strong>le</strong><br />
industriel<strong>le</strong>, la batail<strong>le</strong> n'est pas encore forcément<br />
gagnée. Il y a une transition qui doit s'opérer pour<br />
envisager l'industrialisation de ces procédés. Il faut<br />
passer à l'échel<strong>le</strong> d'unité pilote, qui correspond à un<br />
niveau 10 par rapport au niveau 1 du laboratoire. Cela,<br />
avant que d'al<strong>le</strong>r vers l'échel<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong> qui serait,<br />
el<strong>le</strong>, d'un niveau 100, voire 1000.<br />
Mais alors, gagner <strong>le</strong> pari d'une gestion optima<strong>le</strong><br />
des déchets nucléaires, au vu de l'avancée technologique,<br />
tel<strong>le</strong> que vous la présentez, n'est qu'une question<br />
de temps…?<br />
H. A. A. : Pas uniquement, puisqu'il s'agit de<br />
dépasser un premier obstac<strong>le</strong>, à savoir celui de la faisabilité<br />
technique à grande échel<strong>le</strong>. Et puis, même si on<br />
passe avec succès cette étape, ce ne sera pas encore<br />
acquis, car il faudra, pour passer à l'étape industriel<strong>le</strong>,<br />
savoir si économiquement une tel<strong>le</strong> technologie est<br />
viab<strong>le</strong>. Si une industrie peut faire de l'argent avec ça,<br />
el<strong>le</strong> <strong>le</strong> fera. La science a démontré son savoir, la technique<br />
et la technologie <strong>le</strong>ur savoir-faire, mais l'économique<br />
prévaudra.<br />
Il est évident que pour acquérir<br />
une technologie nouvel<strong>le</strong>, il ne<br />
s'agit pas seu<strong>le</strong>ment d'acheter des<br />
équipements.<br />
Quand on aborde <strong>le</strong> sujet du nucléaire, en général, et<br />
celui de l'é<strong>le</strong>ctronucléaire, en particulier, en pensant<br />
au transfert technologique, notamment vers des<br />
pays d'Afrique tels que l'Algérie, on entrevoit très<br />
vite des obstac<strong>le</strong>s de toutes natures. Ce transfert estil<br />
aujourd'hui possib<strong>le</strong>, si oui, comment ?<br />
H. A. A. : Il est évident que pour acquérir une<br />
technologie nouvel<strong>le</strong>, il ne s'agit pas seu<strong>le</strong>ment<br />
d'acheter des équipements. Une partie du savoir-faire<br />
qui est derrière doit être acquise en même temps. On<br />
pourrait invoquer <strong>le</strong> refus des industries avancées de<br />
collaborer à ce transfert. En guise de réplique à cet<br />
argument, il suffit de regarder autour de soi. La Chine,<br />
par exemp<strong>le</strong>, qui a besoin de sources d'énergie, a<br />
acheté des réacteurs nucléaires auprès de compagnies<br />
qui ont bien voulu entreprendre avec el<strong>le</strong>, de manière<br />
sérieuse, dans un but avoué et communément<br />
accepté, <strong>le</strong> transfert du savoir-faire et de la technologie.<br />
Il ne s'agit pas de savoir-faire qui permet de fabriquer<br />
des centra<strong>le</strong>s nucléaires, mais plutôt de savoirfaire<br />
qui permet de <strong>le</strong>s gérer avec toutes <strong>le</strong>s conditions<br />
de maîtrise et d'adaptation que cela implique. Pour<br />
réussir cela, la toute première condition, c'est de préparer<br />
<strong>le</strong> terrain humain, autrement dit, des compétences,<br />
des gens formés à ces techniques, de bons ingénieurs<br />
mécaniciens, de bons physiciens nucléaires,<br />
é<strong>le</strong>ctriciens, é<strong>le</strong>ctroniciens, de bons physiciens des<br />
réacteurs. Une condition à laquel<strong>le</strong> l'Algérie répond<br />
d'ores et déjà. Je <strong>le</strong> sais et <strong>le</strong> crois : il y a de grandes<br />
compétences dans ces domaines en Algérie. La<br />
seconde étape va consister à négocier l'achat d'une<br />
technologie quelconque. Les Chinois ont acheté<br />
6 réacteurs avec des conditions qui <strong>le</strong>ur assuraient un
64<br />
Enjeux et perspectives…<br />
transfert sûr et de qualité du savoir-faire et de la technologie.<br />
La démarche a été la suivante : <strong>le</strong>s deux premiers<br />
réacteurs seront fabriqués par des Français avec<br />
des ingénieurs chinois, au niveau des laboratoires et<br />
des bureaux du constructeur européen, en train seu<strong>le</strong>ment<br />
de regarder. Les deux réacteurs suivants<br />
seront dessinés en même temps par <strong>le</strong>s Français et <strong>le</strong>s<br />
Chinois, en train de se corriger mutuel<strong>le</strong>ment. C'est<br />
l'étape-clé du transfert de savoir-faire et de technologie.<br />
Les deux derniers réacteurs seront faits par <strong>le</strong>s<br />
Chinois sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des Français. C'est <strong>le</strong><br />
moment où la maîtrise de la technologie est acquise<br />
par <strong>le</strong>s locaux. C'est ainsi que ça s'est fait, en achetant<br />
6 réacteurs et en transférant la technologie en Chine.<br />
Cela ne veut pas dire que <strong>le</strong>s Chinois n'achètent plus<br />
rien chez <strong>le</strong> constructeur. Seu<strong>le</strong>ment, ils ont la<br />
maîtrise de la technologie chez eux et ils peuvent<br />
modifier une composante d'un réacteur, si c'est<br />
nécessaire. En fait, l'intelligence de la négociation des<br />
contrats prouve qu'on peut se permettre en Algérie<br />
d'obtenir de réels transferts de technologie.<br />
En parlant de compétences et de transfert de technologie,<br />
vous-même en êtes l'incarnation. Ce qui<br />
nous fait penser que l'université pourrait aussi jouer<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
La flotte européenne de production thermique et nucléaire<br />
son rô<strong>le</strong> en jetant des passerel<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s industries<br />
concernées et <strong>le</strong>s universités algériennes.<br />
Qu'en pensez-vous ?<br />
H. A. A. : Vous faites bien d'évoquer ce sujet, car<br />
<strong>le</strong> fait est patent aujourd'hui que <strong>le</strong>s industries nucléaires<br />
en Europe, qui sont <strong>le</strong>s plus actives dans <strong>le</strong> monde,<br />
ont de moins en moins de nouveaux ingénieurs qui<br />
arrivent sur <strong>le</strong> marché de l'emploi. Il <strong>le</strong>ur faut des ingénieurs<br />
par milliers et Dieu sait que ce nombre ne peut<br />
être concrétisé dans <strong>le</strong> seul continent européen. A titre<br />
d'illustration, Areva seu<strong>le</strong> a besoin de pas moins de<br />
4 000 ingénieurs chaque année, pendant la prochaine<br />
décennie. Un pays comme l'Algérie, qui dispose d'ores<br />
et déjà de compétences avérées dans <strong>le</strong> domaine<br />
nucléaire, pourrait signer un contrat de collaboration<br />
qui consiste à former des ingénieurs, des physiciens,<br />
en partenariat avec l'industrie qui voudrait <strong>le</strong>s utiliser<br />
en Europe. Un tel engagement fera en sorte que cette<br />
industrie va jouer sa réputation, car ces ingénieurs<br />
seront formés aux standards de cette industrie. Cette<br />
formation se ferait en synergie avec l'Université<br />
algérienne, l'université européenne et <strong>le</strong>s industries<br />
avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s cette université travail<strong>le</strong>. On créerait<br />
une synergie tripartite à haute va<strong>le</strong>ur ajoutée pour
tous. Fina<strong>le</strong>ment, chacun y trouverait son compte : <strong>le</strong><br />
transfert de technologie se ferait réel<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong> support<br />
entre <strong>le</strong> monde universitaire serait efficace, et <strong>le</strong><br />
transfert de technologie se ferait selon des standards<br />
rigoureux.<br />
Lorsque vous ouvrez de tel<strong>le</strong>s perspectives pour<br />
l'Algérie, on constate bien que vous lui entrevoyez<br />
un avenir incontournab<strong>le</strong> dans l'é<strong>le</strong>ctronucléaire…<br />
H. A. A. : Il est vrai qu'on est en droit de s'interroger<br />
sur l'opportunité d'un déploiement é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />
en Afrique. Je pense franchement qu'il est légitime<br />
pour ce continent de commencer à penser à l'aprèspétro<strong>le</strong>,<br />
à l'après-gaz… La question pour l'Algérie, c'est<br />
de savoir si notre pays éga<strong>le</strong>ment est concerné par la<br />
perspective é<strong>le</strong>ctronucléaire. En fait, l'Algérie a <strong>le</strong>s<br />
conditions requises pour développer deux solutions<br />
parallè<strong>le</strong>s. Cel<strong>le</strong> du solaire, car nous avons des surfaces<br />
désertiques immenses où on ne peut que déployer un<br />
arsenal technique, mais pas celui du photovoltaïque,<br />
plutôt un système fondé sur une conversion à cyc<strong>le</strong><br />
thermodynamique. Pour être mieux optimisé, la thermodynamique<br />
ne doit pas être basée sur l'eau. Il faut<br />
passer à un cyc<strong>le</strong> basé sur <strong>le</strong> sel fondu, ce qui permet de<br />
monter à des températures beaucoup plus é<strong>le</strong>vées dans<br />
<strong>le</strong> circuit secondaire, d'avoir par là-même un rendement<br />
thermodynamique beaucoup plus important et,<br />
donc, de rendre possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> stockage de l'énergie. C'est<br />
une voie de développement qui peut constituer une<br />
des alternatives aux hydrocarbures en Algérie. La<br />
seconde, effectivement, c'est l'é<strong>le</strong>ctronucléaire, et<br />
l'Algérie doit jeter son dévolu dans un premier temps<br />
sur des technologies déjà éprouvées, réel<strong>le</strong>ment<br />
démontrées et matures.<br />
On par<strong>le</strong> de l'Algérie, mais ne pensez-vous pas que<br />
l'é<strong>le</strong>ctronucléaire en tant que projet devrait prendre<br />
une dimension régiona<strong>le</strong> plus étendue ?<br />
H. A. A. : Je ne connais pas tous <strong>le</strong>s détails du<br />
réseau nord-africain, mais il me paraît suffisamment<br />
intégré, en tout cas au niveau maghrébin, qu'il faudrait<br />
penser à une solution régiona<strong>le</strong> dans l'é<strong>le</strong>ctronucléaire<br />
qui serait beaucoup plus efficace et plus viab<strong>le</strong> économiquement<br />
sur <strong>le</strong> plan du risque associé à l'investissement.<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, la tail<strong>le</strong> de ces centra<strong>le</strong>s devra être<br />
déterminée, sur <strong>le</strong> plan technique, par rapport aux<br />
capacités du réseau. Des centra<strong>le</strong>s de puissance<br />
moyenne, entre 600 et 300 Mégawats é<strong>le</strong>ctriques,<br />
pourraient être une option optimum. De toutes <strong>le</strong>s<br />
façons, il suffit de faire des études pour cela, et <strong>le</strong>s gens<br />
de <strong>Sonelgaz</strong> sont tout à fait en mesure de juger de cela.<br />
Il est, par ail<strong>le</strong>urs, d'une importance capita<strong>le</strong> de<br />
consentir un projet pareil à l'échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong>, de<br />
manière intégrée, avec un partage équitab<strong>le</strong> des risques<br />
et des compétences. Dans ce registre, l'Europe a<br />
été pionnière, grâce à la synergie de l'union. Ce qui<br />
donne aujourd'hui à l'Europe Unie une dimension plus<br />
importante. Dans un continent jeune comme l'Afrique,<br />
cela peut être un très bon début, avec l'avènement d'un<br />
ensemb<strong>le</strong> régional, comme <strong>le</strong> Maghreb, qui pourrait<br />
devenir une véritab<strong>le</strong> locomotive du développement<br />
du continent africain, surtout dans un domaine aussi<br />
engageant et aussi lourd que <strong>le</strong> nucléaire<br />
Le professeur Hamid Aït Abderrahim est ingénieur en<br />
physique nucléaire, détenant un PhD en physique des<br />
réacteurs. Il est professeur en ingénierie des réacteurs<br />
nucléaires à l'Université catholique de Louvain, en<br />
Belgique. Il est, entre autres, président du conseil de gouvernance<br />
du Virtual European Lead Laboratory -Vella,<br />
membre du conseil scientifique du Centre de recherche<br />
nucléaire de Birine, en Algérie, coordinateur scientifique<br />
pour un projet scientifique de l'AIEA.<br />
Il a publié plus de 80 artic<strong>le</strong>s et animé des conférences<br />
dans <strong>le</strong>s domaines des réacteurs nucléaires et de la dosimétrie.
66<br />
Société et développement<br />
Eau et développement durab<strong>le</strong><br />
Un enjeu vital pour <strong>le</strong> continent africain<br />
L'Afrique est certainement, dans sa grande diversité, <strong>le</strong> continent<br />
où la question de l'eau hypothèque au plus haut point<br />
l'avenir et demeure <strong>le</strong> pendant de crises socia<strong>le</strong>, économique et<br />
politique. En vue d'une solution durab<strong>le</strong>, et dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s<br />
efforts à fournir sont colossaux, qui devront suivre <strong>le</strong> rythme de<br />
la croissance démographique et <strong>le</strong>s besoins en développement<br />
dont l'amp<strong>le</strong>ur est tel<strong>le</strong> que chaque jour en Afrique 100 000<br />
personnes de plus doivent être desservies en eaux potab<strong>le</strong>,<br />
d'irrigation et pour la production industriel<strong>le</strong>, dans un contexte<br />
où <strong>le</strong> continent connaît un vaste mouvement de concentration<br />
urbaine.<br />
n° 6 - Mars 2007
Quarante pour cent de<br />
la population de<br />
l'Afrique sub-saharienne<br />
vivent en dessous<br />
du seuil de pauvreté de<br />
1 dollar/jour. Parmi <strong>le</strong>s 45 pays<br />
ayant <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s indicateurs de<br />
développement humain, 35 sont en<br />
Afrique. La dette globa<strong>le</strong> des pays<br />
représente 67,5% du produit intérieur<br />
brut (PIB), avec de grandes<br />
variations nationa<strong>le</strong>s. La Banque<br />
africaine de développement (BAD)<br />
considère que, pour réduire la pauvreté<br />
de moitié d'ici à 2015, il serait<br />
nécessaire que <strong>le</strong>s pays à plus faib<strong>le</strong>s<br />
revenus connaissent une croissance<br />
continue du PIB de 8% par<br />
an. Dans ce contexte de pauvreté,<br />
<strong>le</strong>s conditions sanitaires sont particulièrement<br />
dégradées, en milieu<br />
urbain comme en milieu rural.<br />
Depuis <strong>le</strong>s années 1970, on a<br />
constaté une reprise spectaculaire<br />
des maladies endémiques, notamment<br />
cel<strong>le</strong>s liées à l'eau comme la<br />
malaria (1,5 million de morts par<br />
an par défaut d'assainissement ; au<br />
moins 1 enfant sur 5 mort avant<br />
l'âge de 5 ans <strong>le</strong> serait de paludisme,<br />
de choléra et de dysenterie).<br />
L'agriculture représente<br />
aujourd'hui en moyenne 85% des<br />
prélèvements en eau en Afrique<br />
(contre 9% pour <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités et<br />
6% pour l'industrie). Ce taux varie<br />
selon <strong>le</strong>s pays : il est d'autant plus<br />
fort que <strong>le</strong> pays est aride, l'irrigation<br />
étant alors indispensab<strong>le</strong> à la culture.<br />
La gestion intégrée des ressources<br />
en eau est donc très<br />
étroitement liée à l'avenir de l'agriculture<br />
africaine. 40% du PIB africain<br />
(60% même en Ethiopie et en<br />
Somalie) sont à imputer au secteur<br />
agrico<strong>le</strong>, qui emploie 60% de la<br />
main-d'œuvre. L'Afrique voit son<br />
alimentation dépendre, maintenant,<br />
pour 17% de ses importations et de<br />
l'aide alimentaire. La dégradation<br />
des sols (qui a affecté 500 millions<br />
d'hectares depuis 1950, soit 65%<br />
de la surface cultivée) et la forte<br />
variabilité climatique menacent<br />
drastiquement <strong>le</strong>s capacités de production<br />
agrico<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s récoltes pourraient<br />
de ce simp<strong>le</strong> fait être divisées<br />
par 2 dans <strong>le</strong>s 40 prochaines années<br />
(Pnue, 2000).<br />
Une meil<strong>le</strong>ure gestion des ressources<br />
en eau et <strong>le</strong> développement<br />
des services publics d'eau et d'assainissement<br />
sont reconnus par la<br />
communauté internationa<strong>le</strong><br />
comme l'un des facteurs prioritaires<br />
du développement durab<strong>le</strong> de<br />
régions entières. Le continent africain<br />
figure au premier rang des<br />
priorités à cet égard : sécurité,<br />
santé, production agrico<strong>le</strong> et énergie<br />
y sont en cause. Les responsab<strong>le</strong>s<br />
africains ont aujourd'hui mis<br />
l'eau au centre de <strong>le</strong>urs préoccupations.<br />
Le progrès affiché et voulu<br />
par <strong>le</strong> Nouveau partenariat pour<br />
<strong>le</strong> développement africain<br />
(New Partnership for Africa's<br />
Development - Nepad) en ce sens<br />
se fera par la conjonction de la<br />
volonté africaine et d'une assistance<br />
internationa<strong>le</strong> soutenue.<br />
Les changements significatifs doivent<br />
s'opérer dans la durée nécessaire<br />
à la pérennité des actions<br />
entreprises, en privilégiant <strong>le</strong> progrès<br />
continu et <strong>le</strong>s franchissements<br />
d'étapes.<br />
Chronique d'une mobilisation<br />
régiona<strong>le</strong><br />
Les objectifs engagent la communauté<br />
internationa<strong>le</strong> à réduire<br />
de moitié, d'ici à 2015, la part des<br />
personnes qui souffrent de la faim<br />
et la part de la population qui n'a<br />
pas accès à l'alimentation en eau<br />
potab<strong>le</strong> et à l'assainissement. Les<br />
dernières années ont vu parallè<strong>le</strong>ment<br />
un repositionnement spectaculaire<br />
des priorités liées à l'eau<br />
dans <strong>le</strong>s objectifs et demandes des<br />
acteurs africains.<br />
«L'eau : l'affaire de tous» est<br />
devenu <strong>le</strong> message c<strong>le</strong>f du Second<br />
Forum mondial de l'eau de La Haye<br />
en mars 2000, au cours duquel la<br />
«Vision africaine de l'eau pour <strong>le</strong><br />
XXI e sièc<strong>le</strong>» (African Caucus, 1999)<br />
a été présentée et débattue. En septembre<br />
2001, sous l'égide de la<br />
BAD, est créé <strong>le</strong> Haut Comité africain<br />
de pilotage pour l'eau (African<br />
Water Task Force, AWTF), qui<br />
adopte à Bonn, en décembre 2001,<br />
au cours de la Conférence sur <strong>le</strong>s<br />
eaux douces, une position commune<br />
en ce qui concerne l'eau.<br />
Progressivement, la mobilisation<br />
s'est étendue à toute l'Afrique, par <strong>le</strong><br />
biais de conférences thématiques<br />
entre opérateurs, décideurs et<br />
scientifiques. Les 43 dirigeants participant<br />
à la Conférence des ministres<br />
africains de l'eau (African<br />
Ministerial Conference on Water,<br />
AMCOW), réunis à Abuja, en avril<br />
2002, puis à Johannesburg, en août<br />
2002, représentent la première<br />
mobilisation continenta<strong>le</strong> de niveau<br />
politique aussi é<strong>le</strong>vé. Dans son<br />
<strong>document</strong> d'octobre 2001, <strong>le</strong> Nepad<br />
propose quatre lignes d'action :<br />
accélérer <strong>le</strong> travail sur <strong>le</strong>s projets<br />
multi-objectifs d'aménagement de<br />
la ressource, établir une task-force<br />
pour planifier la lutte contre <strong>le</strong>s<br />
effets négatifs du changement climatique<br />
en Afrique, collaborer avec<br />
l'Initiative mondia<strong>le</strong> pour l'environnement<br />
et l'assainissement (Global<br />
environmental sanitation initiative,<br />
Gesi) et appliquer <strong>le</strong> programme<br />
des Nations unies pour l'habitat sur
68<br />
Société et développement<br />
<strong>le</strong>s économies d'eau (Water conservation)<br />
dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s africaines.<br />
Ressources en eau et gestion<br />
des grands bassins<br />
Il cou<strong>le</strong> deux fois moins d'eau en<br />
Afrique que sur la moyenne des<br />
autres continents. Mais ce continent<br />
connaît, en outre, des disparités<br />
internes majeures : <strong>le</strong> tiers de cet<br />
écou<strong>le</strong>ment se produit dans <strong>le</strong> seul<br />
bassin du Congo (aussi nommé<br />
Zaïre), couvrant 12% de la surface<br />
du continent. 40% de la surface<br />
continenta<strong>le</strong> ne connaissent pas<br />
d'écou<strong>le</strong>ment permanent et 13% de<br />
cel<strong>le</strong>-ci sont endoréiques. La variabilité<br />
interannuel<strong>le</strong> des ressources<br />
est considérab<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments<br />
de la période 1970-1990 ont ainsi<br />
été plus de deux fois inférieurs à<br />
ceux des 20 années précédentes<br />
dans <strong>le</strong> bassin du Sénégal et <strong>le</strong><br />
Fouta-Djalon (Mahé et Olivry,<br />
1995). Ceci rend la planification des<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
aménagements et la rentabilisation<br />
des infrastructures particulièrement<br />
diffici<strong>le</strong>s. La variabilité saisonnière<br />
est puissamment marquée<br />
dans <strong>le</strong>s régions de climat méditerranéen,<br />
mais aussi, bien sûr, pour<br />
<strong>le</strong>s bassins des f<strong>le</strong>uves sahéliens<br />
(Sénégal ou Niger).<br />
La disponibilité de l'eau est un<br />
facteur indispensab<strong>le</strong> au peup<strong>le</strong>ment<br />
: on associe spontanément la<br />
faib<strong>le</strong> densité historique de population<br />
de l'Afrique à la rareté hydrique<br />
et l'on ne peut ignorer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de<br />
la sécheresse dans <strong>le</strong>s grandes<br />
migrations internes au continent.<br />
Quantitativement, l'enjeu africain<br />
actuel de l'eau n'est pas celui de son<br />
caractère potab<strong>le</strong>, mais de son<br />
usage agrico<strong>le</strong>, qui domine <strong>le</strong>s<br />
besoins : rares sont <strong>le</strong>s lieux où l'eau<br />
disponib<strong>le</strong> ne supporterait pas, en<br />
théorie, des populations beaucoup<br />
plus nombreuses s'il ne s'agissait<br />
que d'accès à une eau potab<strong>le</strong>. 9 des<br />
20 pays dans <strong>le</strong> monde ne disposant<br />
pas de 1 000 m 3 par habitant se<br />
trouvent sur <strong>le</strong> continent africain<br />
(Afrique du Nord et Sahel) (Tien<br />
Duc, 1999). Ceci pour souligner<br />
la disproportion entre <strong>le</strong>s besoins<br />
hydrauliques de l'activité agrico<strong>le</strong><br />
avec <strong>le</strong>s ressources en eau<br />
disponib<strong>le</strong>s dans cette zone.<br />
Une interdépendance<br />
sous-régiona<strong>le</strong> forte<br />
Le rô<strong>le</strong> des grands f<strong>le</strong>uves est<br />
particulièrement essentiel en<br />
Afrique : en transférant des ressources<br />
en eau des zones à climat<br />
humide aux zones plus arides, ils<br />
atténuent <strong>le</strong>s contrastes climatiques.<br />
Des pays comme <strong>le</strong> Niger,<br />
la Gambie, <strong>le</strong> Botswana, la<br />
Mauritanie, <strong>le</strong> Soudan, <strong>le</strong> Tchad ou<br />
l'Egypte ont une part prépondérante<br />
(dépassant 75% et atteignant<br />
parfois 98%) de <strong>le</strong>urs ressources<br />
provenant ainsi d'autres pays. Des<br />
f<strong>le</strong>uves comme <strong>le</strong> Congo, <strong>le</strong> Nil, <strong>le</strong><br />
Zambèze, <strong>le</strong> Niger, la Volta et des<br />
lacs comme <strong>le</strong> Tchad intéressent<br />
chacun entre 6 et 10 Etats. La<br />
Gambie, <strong>le</strong> Sénégal, <strong>le</strong> Limpopo,<br />
l'Orange, l'Okavango en concernent<br />
3 ou 4 chacun. Le grand aquifère<br />
souterrain du Sahara (décrit<br />
comme continental terminal) est<br />
partagé par de nombreux pays. La<br />
question de la gestion et du partage<br />
des eaux internationa<strong>le</strong>s est ainsi<br />
une c<strong>le</strong>f essentiel<strong>le</strong> de la stabilité du<br />
continent africain. Par ce lien physique,<br />
<strong>le</strong>s politiques du secteur agrico<strong>le</strong><br />
(irrigation, pêche), de l'énergie<br />
(hydroé<strong>le</strong>ctricité), des transports<br />
(navigation), voire même du tourisme<br />
(qualité des écosystèmes,<br />
réserves, zones humides) de nombreux<br />
pays sont interdépendantes<br />
et ceci d'autant plus fortement que<br />
la ressource demeure rare et bien<br />
souvent majoritairement importée.
Eau, agriculture, milieu rural<br />
et alimentation<br />
Trente des 50 pays comptant<br />
plus de 20% de personnes mal<br />
nourries sont d'Afrique. Le nombre<br />
des mal nourris y est passé de 100 à<br />
200 millions dans <strong>le</strong>s 40 dernières<br />
années. Les images de famine et<br />
d'exode, liés à la sécheresse, nous<br />
rappel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s catastrophes antérieures<br />
gravées dans <strong>le</strong>s mémoires.<br />
En 2002, près de 38 millions de personnes,<br />
chiffre en forte augmentation,<br />
y souffraient de la famine. Or,<br />
la production vivrière, qui est <strong>le</strong><br />
moyen essentiel de subsistance en<br />
milieu rural, conditionne <strong>le</strong> maintien<br />
du peup<strong>le</strong>ment. Ces deux<br />
enjeux majeurs, alimentation et<br />
ruralité, sont évidemment liés.<br />
La question du développement<br />
rural semb<strong>le</strong>, symétriquement,<br />
une question de filière de production<br />
capab<strong>le</strong> d'affronter la concurrence<br />
des marchés mondiaux, en<br />
apportant des revenus suffisants<br />
pour justifier <strong>le</strong> choix de cette<br />
implantation plutôt que celui de<br />
l'exode vers la vil<strong>le</strong>, susceptib<strong>le</strong> a<br />
priori d'offrir une gamme des services<br />
et d'emplois plus riches. Dans<br />
cette logique, on se tourne naturel<strong>le</strong>ment<br />
vers la valorisation des<br />
atouts locaux en recherchant des<br />
spéculations apportant la meil<strong>le</strong>ure<br />
va<strong>le</strong>ur ajoutée : en général<br />
des cultures d'exportation à forts<br />
besoins de main-d'œuvre. On est<br />
alors confronté aux diffici<strong>le</strong>s<br />
débats autour de l'Organisation<br />
mondia<strong>le</strong> du commerce (OMC).<br />
Plongée dans un monde dont<br />
el<strong>le</strong> subit <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, avec un taux<br />
de croissance de 1%/an, l'agriculture<br />
africaine ne suit pas l'évolution<br />
démographique, et l'Afrique<br />
est la seu<strong>le</strong> région au monde où la<br />
production per capita diminue.<br />
Les conflits, la sécheresse l'expliquent<br />
pour une part. Le poids économique<br />
du continent s'affaiblit :<br />
17% du PIB mondial aujourd'hui,<br />
pour 2/3 de la main-d'œuvre. Le<br />
mot «agriculture» est devenu en<br />
Afrique subsaharienne synonyme<br />
de pauvreté, de dénuement,<br />
d'exode en fin de compte.<br />
Une agriculture vivrière autarcique<br />
de subsistance, à l'abri des<br />
marchés, mais en dépendance<br />
tota<strong>le</strong> des fluctuations climatiques,<br />
reste dans bien des cas la seu<strong>le</strong><br />
survie rura<strong>le</strong>. Il ne faudrait cependant<br />
pas s'en tenir à cette seu<strong>le</strong><br />
image. La culture africaine la plus<br />
répandue est <strong>le</strong> riz, qui représente,<br />
à lui seul, près d'un tiers des spéculations.<br />
Les situations de surexploitation<br />
des ressources en eau sont<br />
directement liées à l'usage agrico<strong>le</strong><br />
sur <strong>le</strong>s cultures principa<strong>le</strong>s<br />
(d'après FAO, 1994), ainsi que <strong>le</strong>s<br />
prélèvements de ressources en eau<br />
et la diversité des pratiques d'irrigation.<br />
L'épuisement des ressources<br />
disponib<strong>le</strong>s pose ainsi<br />
directement un problème d'autosuffisance<br />
alimentaire aux Etats <strong>le</strong>s<br />
plus démunis de ce point de vue. Il<br />
atteste l'amp<strong>le</strong>ur des efforts qui<br />
restent à consentir pour une gestion<br />
responsab<strong>le</strong> et maîtrisée des<br />
prélèvements agrico<strong>le</strong>s.<br />
Cultures et pratiques<br />
de l'irrigation<br />
Le nord du continent africain<br />
est <strong>le</strong> terrain privilégié de l'irrigation,<br />
où cel<strong>le</strong>-ci peut même être une<br />
condition sine qua non de la mise<br />
en culture. Ail<strong>le</strong>urs, l'utilisation de<br />
l'eau est très variab<strong>le</strong>. En Afrique<br />
équatoria<strong>le</strong>, là où <strong>le</strong>s précipitations<br />
sont <strong>le</strong>s plus importantes, l'agriculture<br />
pluvia<strong>le</strong> reste dominante.<br />
L'irrigation y est pratiquée pour<br />
mener à bien <strong>le</strong>s cultures de contresaison,<br />
pour la riziculture, pour<br />
sécuriser des spéculations exigeantes<br />
en eau, ou sous forme de culture<br />
de marais et de bas-fonds.<br />
A Madagascar, l'irrigation du riz sur<br />
<strong>le</strong>s plateaux est très développée, ce<br />
qui explique <strong>le</strong> fort pourcentage de<br />
la superficie avec contrô<strong>le</strong> de l'eau<br />
en fonction de la superficie cultivée,<br />
bien que la pluviométrie soit<br />
importante dans ce pays. Les cultures<br />
de décrue sont pratiquées<br />
essentiel<strong>le</strong>ment en bordure du<br />
L'épuisement des ressources<br />
disponib<strong>le</strong>s pose ainsi<br />
directement un problème<br />
d'autosuffisance alimentaire<br />
aux Etats <strong>le</strong>s plus<br />
démunis de ce point de<br />
vue.<br />
Niger et du Sénégal et de <strong>le</strong>urs<br />
affluents, ou encore aux abords du<br />
Logone, du Chari, du Congo, du<br />
Molopo et de l'Okavango. Les<br />
fadamas (zones d'inondation saisonnière)<br />
du nord-ouest du<br />
Nigeria représentent 70% des cultures<br />
de décrue. L'irrigation par<br />
épandage de crues n'est, quant à<br />
el<strong>le</strong>, présente que dans <strong>le</strong>s pays du<br />
Maghreb et la Corne de l'Afrique.<br />
Un million d'hectares sont équipés<br />
en aspersion, la plus grande partie<br />
étant concentrée dans <strong>le</strong>s pays du<br />
Nord ainsi qu'au Zimbabwe et en<br />
Afrique du Sud et, dans une moindre<br />
mesure, au Kenya et en<br />
Zambie. C'est en Egypte et en
70<br />
Société et développement<br />
Afrique du Sud que l'on trouve <strong>le</strong>s<br />
plus importantes superficies équipées<br />
en micro-irrigation.<br />
Crise urbaine et services d'eau<br />
et assainissement<br />
L'urbanisation sauvage qui<br />
accueil<strong>le</strong> la majeure partie des<br />
nouveaux habitants des mégapo<strong>le</strong>s<br />
des pays en développement<br />
procède d'un phénomène sensib<strong>le</strong>ment<br />
différent de ceux qui ont<br />
créé <strong>le</strong>s développements urbains,<br />
même très spectaculaires, du XIX e<br />
et de la première moitié du XX e<br />
sièc<strong>le</strong>s, dont <strong>le</strong> moteur avait été<br />
l'attractivité de l'emploi industriel<br />
en p<strong>le</strong>in essor. Aujourd'hui, sur<br />
fond de disqualification des<br />
productions paysannes, cette<br />
urbanisation répond à un déséquilibre<br />
démographique majeur lié à<br />
une baisse relative de la mortalité<br />
infanti<strong>le</strong> et se poursuit inexorab<strong>le</strong>ment,<br />
même en situation de crise<br />
économique, ne laissant aucun<br />
espoir d'emploi ni de revenus (<strong>le</strong>s<br />
taux de chômage dans <strong>le</strong>s mégapo<strong>le</strong>s<br />
ont atteint jusqu'à 50% dans <strong>le</strong>s<br />
années 1980 et n'ont pas diminué<br />
depuis). Aujourd'hui, la col<strong>le</strong>ctivité<br />
urbaine, loin d'appe<strong>le</strong>r de ses vœux<br />
une tel<strong>le</strong> expansion, y voit une<br />
source de troub<strong>le</strong>s et de déséquilibres<br />
qu'el<strong>le</strong> tente d'endiguer tant<br />
bien que mal. Certains de ces<br />
quartiers progressent de 10 à 20%<br />
par an (Pnue, 2000). Cette urbanisation<br />
spontanée, généra<strong>le</strong>ment<br />
sans support légal, exécutée par<br />
autoconstruction, se développe<br />
dans <strong>le</strong>s pires conditions de site, en<br />
occupant en général <strong>le</strong>s territoires<br />
<strong>le</strong>s plus ingrats (fonds de vallées<br />
marécageux, zones exposées aux<br />
inondations, flancs de collines<br />
soumis au ruissel<strong>le</strong>ment, au ravinement,<br />
aux coulées de boues…).<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
De ce fait, ceux-ci sont <strong>le</strong>s plus<br />
coûteux à équiper en services<br />
publics (longueur de canalisations,<br />
instabilité des terrains, profondeur<br />
des fondations, importance des<br />
voiries nécessaires pour des transports<br />
publics…). Dans <strong>le</strong> même<br />
temps, c'est sur ces territoires que<br />
<strong>le</strong>s investissements col<strong>le</strong>ctifs sont<br />
<strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s. Etant <strong>le</strong>s lieux d'accueil<br />
par défaut de la grande pauvreté,<br />
la possibilité de prise en<br />
charge par <strong>le</strong>s habitants y est éga<strong>le</strong>ment<br />
la plus réduite.<br />
La concentration urbaine massive<br />
accroît <strong>le</strong> besoin d'infrastructures<br />
d'eau potab<strong>le</strong> et surtout<br />
d'assainissement, et cel<strong>le</strong>s qui<br />
existent souffrent d'un déficit<br />
quasi général de gestion et de<br />
maintenance. Selon l'Organisation<br />
mondia<strong>le</strong> de la santé (OMS, 2001),<br />
«l'objectif du plan d'action de<br />
Johannesburg implique la nouvel<strong>le</strong><br />
desserte de 404 millions<br />
d'Africains en eau potab<strong>le</strong> et de 410<br />
millions en assainissement. Les<br />
Une forme tolérée<br />
de dégradation<br />
des services publics<br />
répercute implicitement<br />
la charge sur<br />
<strong>le</strong>s contribuab<strong>le</strong>s et<br />
<strong>le</strong>s autres usagers,<br />
directement ou<br />
indirectement<br />
investissements réalisés sur la<br />
décennie 1990-2000 (45,73 milliards<br />
de dollars) ont permis respectivement<br />
cel<strong>le</strong> de 135 millions<br />
d'Africains (eau potab<strong>le</strong>) et 98 millions<br />
d'Africains (assainissement),<br />
avec une aide extérieure tota<strong>le</strong> de<br />
31 milliards de dollars américains<br />
(3,1 milliards/an)». Il faudrait donc<br />
aujourd'hui, à première vue, multiplier<br />
<strong>le</strong>s rythmes d'investissement<br />
du secteur en Afrique par au moins<br />
3 pour l'eau potab<strong>le</strong> et 4 pour l'assainissement.<br />
En réalité, l'effort<br />
devrait être bien plus considérab<strong>le</strong><br />
encore, car même lorsqu'ils sont<br />
considérés comme desservis, la<br />
très grande majorité des quartiers<br />
des vil<strong>le</strong>s africaines ne bénéficient<br />
pas, en fait, d'un service digne de<br />
ce nom.<br />
Les services essentiels<br />
et <strong>le</strong>ur tarification<br />
Un approvisionnement en eau<br />
et une épuration corrects reviennent<br />
dans <strong>le</strong>s grands centres<br />
urbains des pays développés à<br />
quelques euros par mètre cube. Le<br />
principe qui domine aujourd'hui<br />
est celui d'une récupération des<br />
coûts de services (y compris éventuel<strong>le</strong>ment<br />
<strong>le</strong>s coûts environnementaux<br />
induits) sur <strong>le</strong>s usagers<br />
qui en sont <strong>le</strong>s bénéficiaires. Cette<br />
logique repose sur la recherche<br />
d'une rationalisation des comportements<br />
des acteurs (politiques<br />
économes et gestion au moindre<br />
coût), en limitant la pression des<br />
prélèvements obligatoires indifférenciés<br />
en contrepartie d'un paiement<br />
des services publics.<br />
Beaucoup s'accordent aussi à<br />
reconnaître <strong>le</strong> caractère «essentiel»<br />
du service public d'eau et d'assainissement.<br />
Conditionnant<br />
directement la survie, ce dernier<br />
participe de fait à une sorte de<br />
noyau dur de services publics liés<br />
aux besoins vitaux, comme <strong>le</strong>s<br />
équipements de santé publique ou<br />
d'éducation. L'accès à l'eau est de<br />
plus en plus mis en avant comme
un droit fondamental : <strong>le</strong>s autorités<br />
politiques loca<strong>le</strong>s ont donc à créer<br />
<strong>le</strong>s conditions d'un accès à une eau<br />
de qualité satisfaisante et à instaurer<br />
parallè<strong>le</strong>ment un mode de gestion<br />
des rejets (assainissement,<br />
latrines…) pour l'ensemb<strong>le</strong> de la<br />
population, sans condition de ressources.<br />
Cela ne signifie bien sûr<br />
pas la gratuité de tels services, mais<br />
une tarification comportant <strong>le</strong>s<br />
péréquations et aides suffisantes<br />
pour être assumée par <strong>le</strong>s plus<br />
pauvres. La réalité la plus commune<br />
est que <strong>le</strong>s systèmes de tarification<br />
imposés étant en décalage<br />
avec <strong>le</strong>s ressources financières des<br />
usagers, ces services ne sont purement<br />
et simp<strong>le</strong>ment pas payés par<br />
ceux-ci. Une forme tolérée de<br />
dégradation des services publics<br />
répercute implicitement la charge<br />
sur <strong>le</strong>s contribuab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s autres<br />
usagers, directement ou indirectement,<br />
par une baisse de qualité :<br />
gestion, entretien, maintenance et<br />
renouvel<strong>le</strong>ment insuffisants des<br />
infrastructures, fuite et gâchis,<br />
absence de gestion de clientè<strong>le</strong>,<br />
fonctionnaires sous-payés et<br />
absents de <strong>le</strong>ur travail, petite prévarication<br />
au quotidien, passedroits<br />
; la spira<strong>le</strong> de la dégradation<br />
peut al<strong>le</strong>r très loin.<br />
Les énergies africaines se mobilisent<br />
et affichent actuel<strong>le</strong>ment une<br />
volonté nouvel<strong>le</strong> de progrès vers<br />
une meil<strong>le</strong>ure gouvernance, adaptée<br />
à chaque situation, et non pas<br />
imposée selon un modè<strong>le</strong> universel.<br />
Les acteurs internationaux<br />
reconnaissent, eux aussi, <strong>le</strong> caractère<br />
crucial de ces enjeux. La<br />
société civi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités loca<strong>le</strong>s<br />
débordent de bonne volonté,<br />
mais ne parviennent pas encore à<br />
sortir de l'expérimentation, parfois<br />
aventureuse. La tâche est excessive<br />
et <strong>le</strong>s conditions confortab<strong>le</strong>s d'un<br />
succès assuré sont loin d'être au<br />
rendez-vous. Les réticences compréhensib<strong>le</strong>s,<br />
mais lourdes de<br />
conséquences, des uns ou des<br />
autres peuvent suffire à rater celuici.<br />
Raisonnab<strong>le</strong>ment, il n'y a pourtant<br />
pas d'autre choix que de faire<br />
confiance ensemb<strong>le</strong> au processus<br />
en cours, en acceptant <strong>le</strong>s risques,<br />
en amplifiant <strong>le</strong>s moyens mobilisés<br />
et en travaillant en commun au<br />
succès, même partiel. C'est en tout<br />
cas aujourd'hui la plus sage des<br />
décisions<br />
Extrait du dossier «Les problématiques<br />
de l'eau», de Pierre-Alain<br />
Roche, in la revue Afrique contemporaine<br />
n°205, parue en janvier<br />
2003, éditée par l'Agence française de<br />
développement (AFD).
72<br />
Une journée avec…<br />
Une journée avec <strong>le</strong>s lignards<br />
Des hommes à la hauteur des pylônes<br />
Quand on a fini de consentir tous <strong>le</strong>s efforts financiers imaginab<strong>le</strong>s<br />
pour concrétiser <strong>le</strong> développement et fini de répertorier<br />
tous <strong>le</strong>s atouts à même de renforcer celui-ci, rien ne vaut un<br />
regard d'appréciation et une méditation sur l'humain ou plutôt<br />
sur ces hommes qui, dans l'ombre, veil<strong>le</strong>nt à ce que tous ces<br />
efforts et ces atouts ne soient pas vains. C'est <strong>le</strong> cas de ces professionnels<br />
de la haute tension, qu'on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s lignards, et qui<br />
sont toujours présents pour que <strong>le</strong> courant é<strong>le</strong>ctrique ne s'arrête<br />
jamais.<br />
déclinent <strong>le</strong> nom de<br />
<strong>le</strong>ur métier sous <strong>le</strong><br />
terme de câb<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>c-<br />
S'ils<br />
triques qu'ils surveil<strong>le</strong>nt<br />
en permanence, c'est que <strong>le</strong>ur<br />
vie et <strong>le</strong>ur métier vont jusqu'à se<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
confondre avec <strong>le</strong>s lignes. Dans<br />
<strong>le</strong>ur activité, la technique, aussi<br />
évoluée qu'el<strong>le</strong> puisse être, ne peut<br />
se passer des hommes. Certes, <strong>le</strong>s<br />
lignards sont formés et équipés en<br />
conséquence, mais au-delà de la<br />
condition de maîtrise et des compétences<br />
professionnel<strong>le</strong>s, il y a<br />
dans <strong>le</strong>urs actes quotidiens quelque<br />
chose qui tient de l'héroïsme<br />
car, certainement, même aussi<br />
bien équipés, ils ne sont pas nombreux<br />
ceux qui sont volontaires<br />
pour escalader <strong>le</strong>s pylônes et<br />
approcher des lignes à haute tension<br />
que parcourt un courant très<br />
puissant.<br />
Le théâtre des opérations est<br />
une exploitation agrico<strong>le</strong> non loin<br />
de Réghaïa. Ils sont là, se préparant<br />
à affronter la haute tension et on<br />
voit, à <strong>le</strong>urs gestes et à <strong>le</strong>urs attitudes,<br />
que ces actions relèvent d'une<br />
activité qui relève désormais du<br />
quotidien. Chez ces hommes, on<br />
ne voit nul<strong>le</strong> propension à la dramatisation<br />
de ce travail, nul<strong>le</strong> fanfaronnade<br />
et aucun sentiment de<br />
sou<strong>le</strong>ver des montagnes. Réunis en<br />
cerc<strong>le</strong>, comme pour un moment<br />
de méditation, ils reçoivent
La répartition des tâches, une phase primordia<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> travail sous tension<br />
<strong>le</strong>s dernières consignes. Au bout<br />
de ce court conciliabu<strong>le</strong>, chacun se<br />
voit attribué une mission précise.<br />
Les agents vont intervenir alors<br />
que <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s sont sous tension. Ce<br />
sont 255 000 volts qui parcourent<br />
<strong>le</strong>s lignes. Dans ce cas, la première<br />
mesure de sécurité, c'est bien <strong>le</strong><br />
respect des consignes et la coordination<br />
entre <strong>le</strong>s membres de<br />
l'équipe.<br />
La suite se laisse deviner. Les<br />
lignards, si bien nommés, vont à<br />
l'assaut d'un pylône, l'action devant<br />
se dérou<strong>le</strong>r à plus de 40 m audessus<br />
du sol. Cela pour accomplir<br />
un travail d'entretien courant : un<br />
changement de chaînes, ces isolateurs<br />
auxquels sont suspendus <strong>le</strong>s<br />
câb<strong>le</strong>s. Les anciennes chaînes en<br />
verre sont remplacées par des<br />
chaînes en matériau composite. A<br />
cause d'une météo défavorab<strong>le</strong>,<br />
l'intervention se fera à distance. Un<br />
euphémisme que ce vocab<strong>le</strong> d'intervention<br />
à distance. En fait,<br />
<strong>le</strong>s agents interviennent directement<br />
sur <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s en utilisant des<br />
perches qui <strong>le</strong>ur permettent de<br />
rester à une distance de sécurité de<br />
2 m. Une fois en phase de changement<br />
de la chaîne, on entend <strong>le</strong><br />
crépitement de l'é<strong>le</strong>ctricité à<br />
chaque fois que <strong>le</strong> câb<strong>le</strong> sous tension<br />
est eff<strong>le</strong>uré par un outil. En<br />
dessous, tenus à bonne distance du<br />
périmètre de sécurité, soigneusement<br />
balisé, on ne peut qu'être<br />
admiratifs devant la dextérité et <strong>le</strong><br />
courage de ces hommes.<br />
En moins de 20 minutes, la<br />
chaîne est changée. Ces gestes,<br />
probab<strong>le</strong>ment d'une plate banalité<br />
à <strong>le</strong>urs yeux, et paradoxa<strong>le</strong>ment<br />
d'une dangerosité certaine,<br />
n'étaient <strong>le</strong>s mesures et <strong>le</strong>s consignes<br />
de sécurité, sont répétés des<br />
dizaines de fois par semaine. De<br />
toute évidence, ces hommes semb<strong>le</strong>nt<br />
s'adonner à l'escalade des<br />
pylônes comme d'autres vont au<br />
bureau ou se rendent à l'usine.<br />
Cette perception est due essentiel<strong>le</strong>ment<br />
au fait que <strong>le</strong>s opérations<br />
d'entretien sont programmées à<br />
l'avance et préparées sans stress<br />
particulier. Si, aujourd'hui, <strong>le</strong>s<br />
lignards interviennent sur des<br />
lignes de 255 000 volts, ils interviendront<br />
bientôt sur des lignes de<br />
400 000 volts, sur des pylônes qui<br />
culmineront à 70 mètres. Une<br />
perspective qui n'a pas l'air de <strong>le</strong>s<br />
intimider outre mesure. On peut<br />
se poser la question de savoir s'il<br />
faut consentir une intervention<br />
sous tension quand on sait qu'il est<br />
plus simp<strong>le</strong> de couper <strong>le</strong> courant <strong>le</strong><br />
temps d'un entretien ou d'une<br />
réparation. L'optimisation de la<br />
gestion des réseaux é<strong>le</strong>ctriques et<br />
<strong>le</strong>s normes en termes d'entretien<br />
des câb<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt qu'on ne coupe<br />
jamais <strong>le</strong> courant. Un niveau d'exigence<br />
auquel <strong>Sonelgaz</strong> est arrivée<br />
grâce à une politique de formation<br />
qui met ses agents aux standards<br />
internationaux <strong>le</strong>s plus récents.
74<br />
Une journée avec…<br />
Mais au-delà des opérations<br />
programmées, il y a <strong>le</strong>s urgences.<br />
Aujourd'hui, el<strong>le</strong>s sont imposées<br />
par des conditions climatiques<br />
particulières et <strong>le</strong>s intempéries.<br />
Parfois, des câb<strong>le</strong>s sont rompus à<br />
cause du vent ou de la neige, mais<br />
il faut absolument rétablir <strong>le</strong> courant.<br />
Ces interventions, qui mobilisent<br />
hommes et matériel, parfois<br />
durant de longues heures de la<br />
nuit, sont pénib<strong>le</strong>s, mais <strong>le</strong>s<br />
lignards sont conscients que <strong>le</strong>ur<br />
métier est particulier. Car il faut<br />
être armé de sacrées convictions et<br />
trouver de sérieuses motivations,<br />
lorsqu'on doit intervenir de nuit,<br />
affrontant <strong>le</strong> froid et la pluie, pour<br />
assurer aux autres l'éclairage et <strong>le</strong><br />
confort douil<strong>le</strong>t des appartements<br />
modernes. Les lignes à haute tension<br />
ne traversent pas tout <strong>le</strong><br />
temps des agglomérations paisib<strong>le</strong>s<br />
et, souvent, c'est dans <strong>le</strong>s<br />
contrées <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s d'accès<br />
et dans <strong>le</strong>s coins <strong>le</strong>s plus éloignés<br />
que <strong>le</strong>s câb<strong>le</strong>s sont rompus.<br />
Pourtant, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s<br />
situations, chez <strong>le</strong>s lignards, on ne<br />
craint pas de mouil<strong>le</strong>r sa chemise<br />
quand la situation l'impose.<br />
Cela étant dit, <strong>le</strong>s interventions<br />
dans des conditions climatiques<br />
diffici<strong>le</strong>s sont certainement un<br />
moindre mal quand on sait que<br />
<strong>le</strong>s lignards ont été lourdement<br />
mis à contribution sur ce que <strong>le</strong>s<br />
tab<strong>le</strong>aux d'intervention désignent<br />
sous l'appellation d'ATS. Ces initia<strong>le</strong>s<br />
renvoient aux actes de sabotage<br />
qui ont touché <strong>le</strong>s infrastructures<br />
de <strong>Sonelgaz</strong> durant la tragédie<br />
nationa<strong>le</strong>. Plus que jamais, <strong>le</strong>s<br />
lignards ont été aux premiers rangs<br />
pour rétablir <strong>le</strong> courant, et ce des<br />
dizaines de fois dans <strong>le</strong>s délais<br />
<strong>le</strong>s plus courts possib<strong>le</strong>s et dans<br />
des conditions dangereuses. Une<br />
n° 6 - Mars 2007<br />
situation de gestion comp<strong>le</strong>xe qui<br />
devenait dramatique lorsque <strong>le</strong>s<br />
pylônes étaient eux-mêmes piégés.<br />
Des lignards ont perdu la vie sur<br />
des interventions, d'autres ont été<br />
b<strong>le</strong>ssés. Aujourd'hui, on tient toujours<br />
à rendre hommage à ces<br />
hommes qui ont, durant <strong>le</strong> milieu<br />
des années 1990, accompli, parfois<br />
au péril de <strong>le</strong>ur vie, <strong>le</strong>ur mission<br />
contre l'obscurité.<br />
Quant au travail quotidien des<br />
lignards, s'il peut avoir des allures<br />
moins chargées de prouesses, il<br />
n'en est pas moins méritoire. Car il<br />
s'agit d'un travail d'entretien indispensab<strong>le</strong><br />
pour la continuité du service.<br />
Près de Si Mustapha, une<br />
équipe de lignards s'affaire au<br />
changement et au lavage de chaînes<br />
hors tension, sur des pylônes<br />
plus petits et des câb<strong>le</strong>s qui ne<br />
transportent que 60 000 volts. Une<br />
réduction d'échel<strong>le</strong>, certes, mais<br />
c'est en fait sur ce genre de travaux<br />
que <strong>le</strong>s lignards sont <strong>le</strong> plus sollicités,<br />
puisque ces lignes sont plus<br />
nombreuses. Ce sont el<strong>le</strong>s qui partent<br />
des postes d'abaissement, distribuent<br />
<strong>le</strong> courant aux clients MT<br />
(moyenne tension) et alimentent<br />
<strong>le</strong>s agglomérations.<br />
Hormis cette scène bana<strong>le</strong> du<br />
travail quotidien, <strong>le</strong>s lignards sont<br />
toujours confrontés à une multitude<br />
de défis, parfois des plus inattendus.<br />
Une des problématiques à<br />
laquel<strong>le</strong> ils font face depuis des<br />
années, et qui persiste au jour d'aujourd'hui,<br />
ce sont <strong>le</strong>s nids de cigognes.<br />
Comme on <strong>le</strong> sait, cet oiseau<br />
migrateur apprécie <strong>le</strong>s situations<br />
en hauteur. Quel meil<strong>le</strong>ur point de<br />
vue peut avoir une cigogne sinon<br />
sur <strong>le</strong> faîte d'un pylône ? Les risques<br />
de pannes sont augmentés à<br />
cause de ces volati<strong>le</strong>s qui campent<br />
sur <strong>le</strong>s pylônes, causant des dégâts<br />
aux installations. Il faut faire<br />
preuve de trésors d'imagination<br />
pour en venir à bout. De véritab<strong>le</strong>s<br />
études dignes de naturalistes sont<br />
entreprises par <strong>le</strong>s lignards pour<br />
comprendre <strong>le</strong> comportement de<br />
l'oiseau et ensuite trouver l'idée qui<br />
gênera <strong>le</strong> plus son installation afin<br />
de l'éloigner des pylônes. La dernière<br />
trouvail<strong>le</strong> en date a été la<br />
transformation judicieuse des balises<br />
sphériques qui signa<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s<br />
câb<strong>le</strong>s à haute tension aux avions<br />
en empêcheurs de «nidifier en<br />
rond».<br />
Que ce soit contre <strong>le</strong>s pannes,<br />
<strong>le</strong> mauvais temps, la hauteur des<br />
pylônes, la haute tension ou<br />
encore <strong>le</strong>s cigognes opiniâtres, <strong>le</strong>s<br />
lignards, en équipes soudées,<br />
accomplissent, chaque jour, des<br />
missions dont l'importance autant<br />
que la dangerosité n'ont d'éga<strong>le</strong>s<br />
qu'une humilité qui s'affiche sur<br />
tous <strong>le</strong>s visages doublée d'une solidarité<br />
de groupe à l'épreuve des<br />
tâches péril<strong>le</strong>uses. C'est pour cela<br />
d'ail<strong>le</strong>urs qu'il n'y a pas un lignard,<br />
mais des lignards