Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr
Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr
Lire l'Article - retinavisionetretinaaudition.fr
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Livre.book Page 112 Jeudi, 26. février 2009 3:40 15<br />
II – AFFECTIONS GÉNÉTIQUES DE L’APPAREIL LACRYMAL<br />
Le système lacrymal se compose de deux parties :<br />
– le système sécrétoire, comprenant les glandes lacrymales<br />
principales et accessoires, les cellules caliciformes et les glandes<br />
de Meibomius ;<br />
– le système excrétoire, composé des méats lacrymaux,<br />
des canalicules, du sac lacrymal et du canal lacrymo-nasal.<br />
La cause la plus <strong>fr</strong>équente de consultation en ophtalmopédiatrie<br />
est l’épiphora congénital lié à l’imperforation du canal<br />
lacrymo-nasal. Bien que très <strong>fr</strong>équente, cette affection bénigne<br />
ne présente pas de caractère héréditaire. Il existe en<br />
revanche d’autres affections héréditaires pouvant atteindre les<br />
différentes portions de l’appareil lacrymal.<br />
APPAREIL SÉCRÉTEUR<br />
La glande lacrymale principale est localisée dans une fossette<br />
en arrière du rebord temporal supérieur de l’orbite. Elle est<br />
divisée en deux lobes par l’aponévrose du muscle releveur de<br />
la paupière supérieure. Au cours de l’embryogenèse, sa différenciation<br />
se fait à partir du 40 e jour de gestation. Son agénésie<br />
complète est rare et s’observe dans des syndromes<br />
complexes comprenant l’absence d’une grande partie de la<br />
conjonctive : syndrome cryptophtalmique, anophtalmie, syndrome<br />
lacrimo-auriculo-dento-digital (LADD).<br />
Les canaux excréteurs de la glande lacrymale s’ouvrent dans<br />
le fornix supérieur. Des trajets fistuleux avec ouverture à la<br />
peau dans l’angle externe ont été décrits chez des nouveau-nés.<br />
ALACRYMIE CONGÉNITALE<br />
Elle se traduit par une absence ou une hyposécrétion des larmes,<br />
responsable d’une kératite sèche pouvant conduire à<br />
l’ulcération de cornée. Cet état est aggravé en cas d’hypoesthésie<br />
de la cornée, telle que l’on peut l’observer dans la<br />
dysautonomie familiale ou syndrome de Riley-Day.<br />
Il existe un syndrome d’alacrimie isolée décrit par Mondino<br />
et Brown à propos d’une famille comprenant cinq membres<br />
souf<strong>fr</strong>ant d’une alacrimie sur quatre générations. La<br />
transmission se fait sur le mode dominant autosomique ;<br />
l’hypoplasie de la glande lacrymale a été confirmée par des<br />
tests pharmacologiques et l’examen histologique [126] . Cependant,<br />
l’alacrimie s’intègre le plus souvent dans des syndromes<br />
complexes tels que la dysplasie ectodermique anhydrotique<br />
de Christ-Siemens (cf. chapitre 29), la dysautonomie familiale<br />
et en association avec d’autres anomalies des annexes.<br />
Milunsky (1990) décrit l’association d’une alacrimie, d’une<br />
atrésie du canal lacrymo-nasal et l’absence de glandes salivaires<br />
parotides et sous-maxillaires [125] .<br />
Dysautonomie familiale,<br />
ou syndrome de Riley-Day<br />
Affection décrite par Riley en 1949, son atteinte ophtalmologique<br />
est caractérisée par une sécheresse lacrymale extrême<br />
associée à une hypoesthésie de la cornée entraînant un risque<br />
majeur d’ulcération de la cornée (fig. 7-63). La dysautonomie<br />
se manifeste par des fausses routes, des poussées d’hyperten-<br />
112 ANNEXES PALPÉBRO-CONJONCTIVALES ET SEGMENT ANTÉRIEUR<br />
Fig. 7-63 – Syndrome de Riley-Day (collection de J.-L. Dufier).<br />
sion artérielle paroxystique, une hypersudation associée à des<br />
mains ou des pieds <strong>fr</strong>oids. La neuropathie qui touche les nerfs<br />
sensitifs est à la fois responsable de l’hypoesthésie cornéenne,<br />
de la face (trijumeau) et d’une abolition des réflexes tendineux.<br />
Chez ces enfants, on note souvent une grande labilité<br />
émotionnelle. L’absence de papilles fongiformes au niveau de<br />
la langue est caractéristique. Le diagnostic repose sur un test<br />
de provocation du myosis par de la pilocarpine à 0,1 % ou de<br />
la métacholine à 2,5 % traduisant une hypersensibilité de<br />
dénervation. L’injection intradermique d’histamine n’entraîne<br />
pas de réaction de rougeur.<br />
Le traitement ophtalmologique repose sur l’utilisation<br />
intensive de produits lubrifiants. Cependant, si la symptomatologie<br />
ophtalmologique domine, c’est l’atteinte générale qui<br />
fait la gravité de la maladie avec une survie exceptionnelle audelà<br />
de 30 ans du fait des complications infectieuses bronchopulmonaires<br />
induites par les fausses routes.<br />
D’un point de vue génétique, il s’agit d’une affection récessive<br />
autosomique touchant presque exclusivement les Juifs<br />
ashkénazes d’origine polonaise. La maladie est liée à une<br />
mutation du gène IKBKAP localisé en 9q31 [10, 177] .<br />
Syndrome d’Allgrove, ou syndrome<br />
« triple A » (alacrimie, achalasie, Addison)<br />
Décrit pour la première fois par Allgrove en 1978, c’est une<br />
maladie récessive autosomique associant une alacrimie, une<br />
achalasie du cardia et une maladie d’Addison [4] . L’alacrimie et<br />
l’achalasie peuvent précéder l’insuffisance surrénalienne qui<br />
fait la gravité de la maladie, d’où l’importance de porter le<br />
diagnostic et de surveiller ces enfants. En effet, ils peuvent<br />
être atteints de manifestations neurologiques liées au déficit<br />
en glucocorticoïdes (hyperréflexie, dysarthrie, ataxie…). Le<br />
gène est localisé en 12q13, le gène ALADIN (Alacrima-Achalasia-Adrenal<br />
Insufficiency, Neurological Disorder) code une protéine<br />
à motif WD répété [200] .