Comportement individuel face au risque : nouveaux apports dans le ...
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∫ ∫ , la fonction u étant unique à une transformation<br />
P ≥ ΛQ<br />
⇔ min u( P) dp ≥ min u( Q) dp<br />
affine près.<br />
p∈Ρ p∈Ρ<br />
Cela signifie que l’agent compare deux situations d’incertitude en se fondant sur l’alternative<br />
la plus pessimiste. Si l’agent a un ensemb<strong>le</strong> de croyances à priori (d’où <strong>le</strong> terme « multiprior<br />
»), il calcu<strong>le</strong> l’espérance d’utilité pour toutes <strong>le</strong>s probabilités possib<strong>le</strong>s et choisit <strong>le</strong><br />
résultat minimum. Nous avons bien là l’illustration d’une grande aversion à l’incertitude : s’il<br />
doit agir <strong>face</strong> à un <strong>risque</strong>, <strong>le</strong> décideur choisira l’action qui minimise <strong>le</strong>s catastrophes.<br />
D’<strong>au</strong>tres approches ont été présentées pour <strong>le</strong>s cas où l’agent connaît l’interval<strong>le</strong> formé par<br />
deux va<strong>le</strong>urs p ' et p '',<br />
à l’intérieur duquel se trouve la probabilité véritab<strong>le</strong> p (on par<strong>le</strong> de<br />
probabilités imprécises). Sous l’hypothèse de quelques axiomes portant sur la distribution des<br />
probabilités, <strong>le</strong>s deux probabilités extrêmes sont agrégées en se fondant sur l’indice de<br />
pessimisme – optimisme de Arrow et Hurwicz reflétant l’attitude <strong>individuel</strong><strong>le</strong> vis-à-vis de<br />
l’ambiguïté, ce qui permet de formu<strong>le</strong>r un critère d’évaluation 29 . Il est alors possib<strong>le</strong> de<br />
rendre compte des préférences des agents par un modè<strong>le</strong> qui s’apparente à celui de VNM. Il<br />
est donc très important de pourvoir cerner <strong>le</strong> comportement des agents <strong>face</strong> <strong>au</strong> <strong>risque</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />
cas pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s probabilités ne sont pas connues parfaitement, comme nous <strong>le</strong> verrons<br />
plus précisément plus bas. Attachons-nous, <strong>dans</strong> un premier temps, <strong>au</strong> cas où ces probabilités<br />
sont connues. Nous privilégierons alors <strong>le</strong> cadre de travail de la Prospect Theory, initiée par<br />
Kahneman et Tversky, qui constitue un pas important <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s tentatives de compréhension du<br />
comportement des agents <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>risque</strong>.<br />
2.1 - Le tournant de la Prospect Theory et ses évolutions<br />
La Prospect Theory constitue un tournant, et ce pour plusieurs raisons 30 . Par son apport<br />
théorique, d’abord. Aussi, parce qu’el<strong>le</strong> résulte d’un changement de paradigme déterminant<br />
<strong>dans</strong> l’approche du <strong>risque</strong>. Au lieu de partir d’une logique axiomatique fondant des théorèmes<br />
qu’il s’agirait de vérifier empiriquement par la suite, <strong>le</strong> cheminement se fait de l’observation<br />
vers <strong>le</strong>s lois de comportements. El<strong>le</strong> consiste en une doub<strong>le</strong> transformation : des probabilités<br />
d’occurrence des différents événements, d’abord ; des conséquences vécues, qu’il s’agisse des<br />
pertes ou des gains, d’<strong>au</strong>tre part. Ces conséquences sont déterminées à partir d’un point de<br />
référence correspondant à la situation initia<strong>le</strong>. Les trois éléments clés sont alors <strong>le</strong>s suivants :<br />
- Des conséquences définies par déviation par rapport à la situation initia<strong>le</strong><br />
- Une fonction de va<strong>le</strong>ur concave pour <strong>le</strong>s gains et convexe pour <strong>le</strong>s pertes, dont la pente est<br />
plus grande pour <strong>le</strong>s pertes que pour <strong>le</strong>s gains<br />
- Une transformation non linéaire de l’échel<strong>le</strong> de probabilité, qui surévalue <strong>le</strong>s événements<br />
faib<strong>le</strong>ment probab<strong>le</strong>s et sous évalue <strong>le</strong>s événements plus probab<strong>le</strong>s<br />
Kahneman et Tversky modifient l’approche de VNM vue plus h<strong>au</strong>t, en substituant à la<br />
fonction d'utilité classique une fonction de valorisation des pertes ou des gains notée v, et une<br />
fonction de transformation des probabilités <strong>au</strong>x probabilités objectives notée π 31 . Dans <strong>le</strong><br />
cadre de cette approche, nous obtenons la représentation suivante :<br />
29 Cf. Jaffray (1989).<br />
30 Cf. Kahneman et Tversky (1979).<br />
31 L’introduction d’une fonction de transformation des probabilités doit éga<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x d’Edwards<br />
(1962).<br />
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