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Drogues et toxicomanies complet - Free

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2004<br />

INSTITUT UNIVERSITAIRE DE FORMATION DES<br />

MAITRES DE CRÉTEIL<br />

CENTRE DE Livry-Gargan.<br />

... par Jean-Pierre GESLIN, professeur agrégé à<br />

l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Seine-Saint-Denis,<br />

formateur des professeurs d’écoles <strong>et</strong> des professeurs de collèges <strong>et</strong> de lycées,<br />

enseignant en immunopathologie à la faculté de biologie-médecine de Bobigny de 1985 à 2000.<br />

Ancien vice-président régional de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (F.C.P.E.) de Picardie.<br />

Dessin : « Info Santé » mars 1995<br />

Etre vigilant<br />

... sans "voir la drogue partout",<br />

écouter sans être complice,<br />

comprendre sans excuser,<br />

apprendre à dire non ...<br />

la tâche n'est pas simple.<br />

C.F.E.S.<br />

Face à un problème lié à la drogue ...<br />

vous pouvez appeler le numéro gratuit : 08.00.23.13.13.<br />

24 heures sur 24, 7 jours sur 7, le service national d'information téléphonique<br />

"DROGUES INFO SERVICE" vous fournira une aide, une information, une<br />

orientation sous forme d'adresses <strong>et</strong> de conseils. L'anonymat vous est garanti.<br />

Sur Intern<strong>et</strong> : www.drogues.gouv.fr<br />

En 2001, la drogue correspondait à 1000 milliards de dollars soit 8 % du commerce<br />

mondial.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 1


INTRODUCTION : QUELQUES DEFINITIONS<br />

1 - Qu'est-ce que la DROGUE ?<br />

Selon l'OMS (Organisation Mondiale de la<br />

Santé), une drogue est une substance<br />

(dépourvue de toute valeur nutritive) qui,<br />

introduite dans l'organisme vivant, peut<br />

modifier une ou plusieurs fonctions (tels le<br />

comportement <strong>et</strong> les perceptions).<br />

Une "drogue" peut être employée :<br />

- à des fins médicales<br />

- à des fins non médicales dans le but de<br />

modifier l'activité mentale ("DROGUES<br />

PSYCHOTROPES") qu'il s'agisse d'une<br />

stimulation ("STIMULANTS" ou "PSYCHOSTIMULANTS" ou<br />

"PSYCHOANALEPTIQUES"), d'une sédation ("SEDATIFS" ou "HYPNOTIQUES au sens<br />

large" ou "PSYCHOLEPTIQUE5") ou d'une perturbation de c<strong>et</strong>te activité ("PSYCHO-<br />

DYSLEPTIQUES" tels les anesthésiques volatils, les hallucinogènes, l'alcool ou les<br />

STUPEFIANTS qui tous créent ... UNE AUTRE REALITE).<br />

2 - Qu'est-ce qu'un STUPEFIANT ?<br />

Ce terme a d'abord été utilisé pour désigner les drogues qui provoquent un engourdissement<br />

de la pensée. Il a maintenant un sens plus large <strong>et</strong> recouvre tous les toxiques dont l'abus a<br />

conduit à m<strong>et</strong>tre en place des conventions internationales : morphine, héroïne, cannabis ...<br />

Pour les pharmaciens, il désigne des produits inscrits au "tableau B des substances<br />

vénéneuses" (stupéfiants des conventions internationales + d'autres produits).<br />

3 - TOXICOMANIE:<br />

La toxicomanie est un état d'intoxication périodique ou chronique engendré par la<br />

consommation répétée d'une drogue naturelle ou synthétique.<br />

C'est ainsi que l'on pourra parler de toxicomanie tabagique au delà d'un certain nombre de<br />

cigar<strong>et</strong>tes, nombre suffisant pour engendrer des modifications du comportement. Par contre<br />

un usager occasionnel d'une drogue n'est pas un toxicomane (même si le fait d'utiliser un<br />

solvant, par exemple, peut entraîner des conséquences physiques <strong>et</strong> psychiques).<br />

4 - Qu'est-ce que la TOLERANCE ?<br />

C'est l'adaptation de l'organisme aux eff<strong>et</strong>s de la drogue. Il s'ensuit, qu'à doses égales, les<br />

eff<strong>et</strong>s de la drogue diminuent <strong>et</strong> que le suj<strong>et</strong> a tendance à augmenter les doses pour obtenir<br />

la même sensation.<br />

5 - Qu'est-ce que la DEPENDANCE ?<br />

Joint au volant…<br />

Photo Maif. Juin 2003.<br />

C'est un "état de manque", l'impossibilité de se passer d'un produit même s'il existe des<br />

dangers à la recherche <strong>et</strong> à la poursuite de l'usage de c<strong>et</strong>te substance. On distingue deux<br />

types de dépendances qui peuvent d'ailleurs être associées :<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 2


* Dépendance psychique :<br />

"C'est dans la tête que ça se passe"... l'absence de drogue engendre un état de<br />

malaise, d'angoisse <strong>et</strong> parfois de dépression.<br />

* Dépendance physique:<br />

C'est l'incapacité de vivre sans le produit, sans être malade. On n'en meurt pas mais<br />

on en souffre physiquement. Il faut en général de l'ordre de 10 à 15 jours au toxicomane<br />

en sevrage pour qu'il ne ressente plus ce manque dans sa chair. La dépendance<br />

psychique est, elle, beaucoup plus longue à vaincre.<br />

6 - <strong>Drogues</strong> 1égales <strong>et</strong> illicites (cf. l'article L 626 du code de la santé publique)<br />

<strong>Drogues</strong> légales<br />

(ne deviennent officiellement des « drogues »<br />

que lorsqu'il y a abus dans l'utilisation)<br />

<strong>Drogues</strong> illicites<br />

(<strong>et</strong> dont l'utilisation est susceptible d'entraîner<br />

des poursuites)<br />

TABAC CANNABIS<br />

ALCOOL OPIACES (opium, morphine, héroïne)<br />

MEDICAMENTS COCAÏNE<br />

L.S.D.<br />

AMPHETAMINES<br />

Remarque les législations varient selon les pays, dans les pays musulmans on considère que<br />

la consommation de cannabis est tolérable <strong>et</strong> que l'alcool doit être légalement proscrit.<br />

C'est l'inverse en France.<br />

PLAN :<br />

I - Comment tenter d'enrayer la prise de<br />

drogue à l'adolescence ? (Pages 4 à 20)<br />

A) Quels comportements éducatifs ?<br />

B) Quelle prévention en liaison avec l’école ?<br />

II - Quels indices peuvent perm<strong>et</strong>tre de<br />

repérer une prise toxique chez le jeune ?<br />

(Pages 21 à 23)<br />

III - Face à une consommation de drogue :<br />

(Pages 24 à 31)<br />

A) comment apprécier la situation ?<br />

B) Comment réagir ?<br />

FEUILLES DE COCA<br />

C) Aspects juridiques :<br />

Document extrait de OKAPI n°492.<br />

IV - Les différentes drogues <strong>et</strong> leurs eff<strong>et</strong>s + le dopage (Pages 32 à 144)<br />

V - Données statistiques <strong>et</strong> documentation : (Pages 145 à fin)<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 3


I - Comment tenter d'enrayer la prise de<br />

drogue à l'adolescence ?<br />

L'intérêt principal des études statistiques menées par les chercheurs n'est pas de chiffrer<br />

globalement le phénomène "drogue" mais de définir le plus précisément possible les<br />

comportements qui peuvent contribuer à l'émergence d'une toxicomanie.<br />

I A) Quels comportements éducatifs ?<br />

Les psychologues, médecins <strong>et</strong> enseignants spécialisés se r<strong>et</strong>rouvent pour conseiller :<br />

1 - Lors de la p<strong>et</strong>ite enfance <strong>et</strong> de l'enfance :<br />

Eviter l'hyperprotection de l'enfant <strong>et</strong> communiquer, autant que faire se peut, avec lui de<br />

façon à favoriser son éveil.<br />

Ne pas faire de recours fréquents aux médicaments afin de calmer les pleurs ou de<br />

faciliter l'endormissement.<br />

Une bonne soixantaine de sirops contre la toux contiennent de la codéine <strong>et</strong> de la codéthyline (qui<br />

sont des alcaloïdes de l'opium) <strong>et</strong> de la pholcodine (qui est un dérivé morphinique) ... on n'abusera<br />

pas du Trophirès ®, du Dimétane ® qui, tous les deux, renferment de la pholcodine, du Néocodion<br />

® <strong>et</strong> du Codotussyl ® (codéine + codéthyline), de l'Humex ® (pholcodine + codéthyline), du<br />

Pulmofluide ® (pholcodine + codéine) ...<br />

C<strong>et</strong>te liste, loin d'être exhaustive, n'a pas pour obj<strong>et</strong> de proscrire tel ou tel médicament prescrit<br />

médicalement sur une courte période mais de sensibiliser les parents aux risques de banalisation.<br />

Apprendre à l'enfant à différer son plaisir, lutter contre le "tout, tout de suite".<br />

Beaucoup de psychologues insistent sur la présence du père, éviter le père absent ...<br />

quand c'est possible.<br />

Les parents sont des repères, des références pour les enfants, l'image du parent qui abuse<br />

du tabac, de l'alcool ou de tranquillisants (pour ne pas dire plus) "autorise" un<br />

comportement similaire.<br />

"Une bonne image des parents pour une bonne identité de l'enfant" (Dr Marie-Josèphe Porzier).<br />

Développer le goût pour la lecture, pour l'étude, pour la vie extérieure sportive <strong>et</strong><br />

culturelle <strong>et</strong> ainsi parer à l'installation du désintérêt <strong>et</strong> de l'ennui. S'intéresser aux résultats<br />

scolaires.<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" - « L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 4


2 - De 10 à 14 ans :<br />

C'est la période où les relations avec les copains prennent peu à peu le pas sur la<br />

vie familiale, l'enfant devient capable de coopérer au sein d'un groupe surtout<br />

avec des camarades du même sexe. C<strong>et</strong>te vie sociale intense <strong>et</strong> nouvelle induit le<br />

développement d'une morale autonome <strong>et</strong> une tentative d'échappement aux<br />

obligations émanant de l'adulte.<br />

L'enfant entre dans une période de crise, de relations difficiles avec ses parents<br />

(ce qui n'exclut pas qu'il soit attaché à sa famille…) qui débouche souvent sur la<br />

transgression de l'interdit. La simple curiosité <strong>et</strong> la volonté de se conformer au<br />

comportement du groupe vont faciliter la transgression.<br />

La première cigar<strong>et</strong>te est généralement fumée vers 12 ans (... D'où viennent ces<br />

cigar<strong>et</strong>tes ? Avec quel argent ont-elles été ach<strong>et</strong>ées ?), le premier "joint" risque<br />

de suivre. Ces usages occasionnels, s'ils se produisent au sein d'un entourage<br />

capable de réagir, sont généralement sans lendemain.<br />

Les parents doivent :<br />

S'intéresser aux activités menées durant la journée, à la présence effective en<br />

classe <strong>et</strong> aux résultats scolaires (la démotivation scolaire apparaît le plus<br />

souvent AVANT la prise du produit toxique).<br />

Orienter l'enfant vers la vie associative, le sport, la musique ou un autre art,<br />

les travaux manuels <strong>et</strong> techniques ou tout autre activité positive <strong>et</strong> valorisante.<br />

Informer, ne pas laisser les questions sans réponses. Avant tout le discours<br />

doit être VRAI.<br />

Ne pas développer des attitudes surprotectrices (cf. l'enfant unique ou le<br />

dernier enfant). De nombreux psychologues pensent qu'un tel comportement<br />

des adultes est aussi néfaste dans son résultat que la démission parentale.<br />

Accepter de rencontrer ses copains pour mieux identifier les plus influents.<br />

Ne pas ridiculiser ses attitudes de jeune en recherche d’identité. Reconnaître<br />

son droit à la différence.<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" -<br />

« L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 5


3 - De 15 à 18 ans<br />

On r<strong>et</strong>rouve de façon quasi-constante chez l’adolescent :<br />

Une faible estime de soi <strong>et</strong> un besoin d'être rassuré<br />

Un désintérêt pour le travail scolaire<br />

Une tendance progressive à l'isolement<br />

Une attitude de fuite.<br />

Favorisés par la<br />

mésentente familiale <strong>et</strong><br />

l'absence de dialogue.<br />

La valeur éducative des parents reste, là encore, la meilleure protection même si l'échec est<br />

toujours possible ...<br />

Il importe qu'il se sente aimé <strong>et</strong> écouté ... ce qui ne signifie pas se plier à ses quatre volontés ...<br />

l'adulte doit dans un premier temps écouter puis s'exprimer.<br />

Il faut informer - sans tomber, dans les pièges de la moralisation, de la dramatisation <strong>et</strong> de la<br />

démesure - ou, plus exactement, poursuivre l'information débutée antérieurement AFIN :<br />

* qu'il sache que tôt ou tard, il lui sera proposé de la drogue <strong>et</strong> qu'il réagisse de<br />

façon adéquate.<br />

* qu'il connaisse les risques mais aussi la loi.<br />

* qu'il ait véritablement réfléchi aux raisons qui poussent une société à m<strong>et</strong>tre en<br />

place des interdits.<br />

* qu'il sente qu'il peut s'adresser à son entourage en cas de difficultés.<br />

Docteur PORZIER, professeur GESLIN<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" - « L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

4 - A tout âge : les actions de prévention incluent tout ce qui favorise<br />

un développement harmonieux de la personnalité.<br />

instaurer des relations de confiance en valorisant la communication.<br />

informer <strong>et</strong> prévenir plutôt que d’interdire.<br />

être exigeant (sans autoritarisme) mais savoir reconnaître l’effort.<br />

l’aider <strong>et</strong> l’encourager sans faire à sa place.<br />

accepter son enfant tel qu’il est sans le comparer à ses frères <strong>et</strong> soeurs.<br />

ne pas chercher à réaliser ses propres rêves au travers de son enfant.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 6


UN UN COMPORTEMENT COMPORTEMENT A A RISQUE<br />

RISQUE<br />

MALHEUREUSEMENT MALHEUREUSEMENT TROP TROP FREQUENT FREQUENT :<br />

:<br />

... Refuser d'informer l'enfant ou 1'adolescent par peur d'éveiller un intérêt<br />

pour les substances toxiques <strong>et</strong> d'une façon générale pour la chose interdite.<br />

... A-t-on alors réfléchi au sens du mot "EDUCATION" ?<br />

Peut-on se passer d'aborder avec nos élèves ou nos propres enfants des<br />

notions d'hygiène corporelle ou alimentaire en n'en précisant le pourquoi ?<br />

Peut-on évincer les questions relatives à la vie sexuelle <strong>et</strong> les risques soustendus?<br />

Peut-on se priver d'informations concernant la santé ou l'environnement ?<br />

Peut-on éviter de parler de vieillesse <strong>et</strong> de mort ou encore de l'isolement des<br />

personnes âgées ?<br />

Peut-on om<strong>et</strong>tre de traiter des problèmes sociaux, de la délinquance, de la<br />

violence, de la maltraitance ou de la drogue ?<br />

Un tel comportement<br />

reviendrait à<br />

laisser le jeune<br />

découvrir de façon<br />

"sauvage" ce que<br />

les adultes lui ont<br />

caché, sans aucune<br />

information, sans<br />

préparation ni<br />

repères.<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" -<br />

« L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

Les Les psychologues,<br />

psychologues,<br />

dans dans leur leur majo-<br />

majo<br />

rité, rité, conseillent conseillent de<br />

de<br />

débuter débuter une une informa information informa tion authentique authentique dès dès dès le le primaire.<br />

primaire.<br />

I - B) Quelle prévention en liaison avec l’école ?<br />

Dans une enquête menée par l’Institut Publimétrie du 8 au 11/10/1997 ,<br />

enquête portant sur 1002 personnes, 72 % des suj<strong>et</strong>s interrogés pensaient que<br />

l’information des jeunes à l’école est un moyen efficace de prévention.<br />

« Il n'existe visiblement pas de solution miracle en matière de prévention<br />

contre la drogue chez les préadolescents <strong>et</strong> les adolescents. Les actions<br />

les plus probantes, cependant, semblent bien passer par les<br />

établissements scolaires - collèges principalement - ... À condition que<br />

les adultes, enseignants <strong>et</strong> parents, reconnaissent la nécessité de s'y<br />

impliquer ». Le monde de l'éducation, septembre 1990.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 7


I - B1) LES PROGRAMMES<br />

IB1a) PROGRAMMES DU PRIMAIRE :<br />

Les programmes du primaire (écoles maternelles <strong>et</strong> élémentaires), publiés au B.O. n° 5 du 9<br />

mars 1995, sont clairs :<br />

Cycle des apprentissages premiers (maternelle) : « obj<strong>et</strong>s dangereux <strong>et</strong> produits<br />

toxiques ».<br />

Cycle des apprentissages fondamentaux (grande section, cours préparatoire <strong>et</strong> cours<br />

élémentaire 1 ère année) : « le corps de l’enfant <strong>et</strong> l’éducation à la santé : importance des<br />

règles de vie ».<br />

Cycle des approfondissements : « Le corps humain <strong>et</strong> l’éducation à la santé ...<br />

conséquences à court <strong>et</strong> à long terme de notre hygiène (actions bénéfiques ou nocives<br />

de nos comportements) ».<br />

Ceux du B.O. N°1 du 14 FÉVR. 2002 sont ainsi rédigés :<br />

Cycle des apprentissages premiers (maternelle) :<br />

« Une sensibilisation aux questions d’hygiène <strong>et</strong> de santé perm<strong>et</strong> aux enfants de<br />

comprendre la nécessité de respecter l’intimité de chacun, l’intégrité de son corps <strong>et</strong> de<br />

celui des autres ».<br />

« La prise de conscience des risques occupe une place importante dans ce domaine<br />

d’activités :<br />

- risques de la rue ou de la route (piétons <strong>et</strong> véhicules) ;<br />

- risques de l’environnement familier proche (obj<strong>et</strong>s dangereux <strong>et</strong> produits toxiques) ou<br />

plus lointain (risques majeurs) ».<br />

Cycle des apprentissages fondamentaux (grande section, cours préparatoire <strong>et</strong> cours<br />

élémentaire 1 ère année). Le texte se limite à la formulation suivante : « importance des<br />

règles de vie <strong>et</strong> d’hygiène : habitudes quotidiennes de propr<strong>et</strong>é, d’alimentation, de<br />

sommeil ».<br />

Cycle des approfondissements : « L’éducation à la santé est liée à la découverte du<br />

fonctionnement du corps en privilégiant les conditions de maintien du corps en bonne<br />

santé : … conséquences à court <strong>et</strong> long terme de notre hygiène ; actions bénéfiques ou<br />

nocives de nos comportements… »<br />

La documentation (livres <strong>et</strong> films) existe.<br />

A 9 ans-10 ans, le message est bien perçu, pris en positif <strong>et</strong> imprègne fortement<br />

l'enfant. S'il s'inquiète pour la santé de ses parents (cf. tabac) ... ce n'est pas<br />

une raison pour réfuter la nécessité d'une information !<br />

Ce travail doit se poursuivre ultérieurement en profondeur : les thèmes transversaux du<br />

collège <strong>et</strong> les nouveaux programmes du cycle central (5ème <strong>et</strong> 4ème) « privilégient<br />

l’éducation à la santé <strong>et</strong> à l’environnement ».<br />

... est donc prévue "Une programmation établie sur les 4 niveaux d'enseignement" (donc en<br />

6ème, 5ème, 4ème, 3ème) dans le cadre des "THEMES TRANSVERSAUX" qui sont au<br />

nombre de 6. Citons : l'information <strong>et</strong> la presse, l'environnement <strong>et</strong> le patrimoine, la<br />

sécurité, la SANTE <strong>et</strong> LA VIE, ("causes <strong>et</strong> conséquences des <strong>toxicomanies</strong> : alcoolisme,<br />

tabagisme, mauvais usage <strong>et</strong> abus des médicaments. Les ravages de la drogue").<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 8


IB1b) PROGRAMMES DU COLLEGE :<br />

☺ ☺ ☺ PARLONS DES DANGERS DE LA VIE ☺ ☺ ☺<br />

Sciences de la Vie <strong>et</strong> de la Terre : Programme du cycle central (5 ème - 4 ème ) applicable à la<br />

rentrée 1998. A relier avec l’Education civique : « la santé <strong>et</strong> la sécurité »<br />

Ex. d’activités en 5 ème . Contenus - Notions en 5 ème . Compétences en 5ème.<br />

Exploitation de données<br />

pour relier les risques<br />

d’accident (route, travail)<br />

avec l’alcoolémie ou la<br />

fatigue.<br />

Comparaison d’images de<br />

poumons de fumeur <strong>et</strong> de<br />

non-fumeur.<br />

La consommation ou l’abus de certaines<br />

substances (dopants, alcool), la fatigue,<br />

détériorent le système nerveux ou perturbe<br />

son fonctionnement.<br />

Des substances nocives, ± abondantes dans<br />

l’environnement perturbent le fonctionnement<br />

de l’appareil respiratoire. Certaines<br />

sont à l’origine de maladies graves.<br />

Relier les défaillances du<br />

système nerveux à des<br />

habitudes de vie.<br />

Relier des perturbations de<br />

fonctionnement de l’appareil<br />

respiratoire à la présence de<br />

substances nocives.<br />

En 5 ème ou en 4 ème selon, « le degré de maturité <strong>et</strong> les attentes des élèves »… « Il est utile d’envisager les<br />

risques liés à l’usage de substances toxiques (alcool ou tabac), de certains médicaments, ou encore à<br />

certaines infections virales au cours de la grossesse ».<br />

Sciences de la Vie <strong>et</strong> de la Terre :<br />

Programmes de la classe de 3 ème<br />

Dans l’ancien programme de classe de<br />

3 ème paru au B.O. n° 44 du 12/12/1985, il<br />

était écrit ... « Danger des <strong>toxicomanies</strong> :<br />

alcoolisme, tabagisme, drogues ».<br />

Dans les compléments publiés au B.O.<br />

n° 12 du 23 mars 1989, il était précisé :<br />

Etude de comportements humains : ...<br />

Tabac <strong>et</strong> alcool auront pu être déjà<br />

évoqués à propos de la respiration pour le<br />

premier, de l'alimentation pour le second.<br />

Les drogues seront envisagées, sans<br />

recherche d'exhaustivité, dans leurs<br />

conséquences visibles, immédiates <strong>et</strong> à<br />

long terme, <strong>et</strong> non quant aux mécanismes<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" -<br />

« L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

de leur action, inaccessibles à ce niveau. On s'en tiendra de ce point de vue à une perturbation de l'activité<br />

des cellules nerveuses entraînant accoutumance <strong>et</strong> dépendance.<br />

L'éducation des élèves à la responsabilité individuelle <strong>et</strong> sociale en matière de santé, contribution<br />

essentielle à la prévention sera ainsi poursuivie à propos de c<strong>et</strong>te étude scientifique, à travers l'analyse<br />

objective de données épidémiologiques, <strong>et</strong> en excluant toute attitude moralisatrice.<br />

Les nouveaux programmes de Sciences de la vie <strong>et</strong> de la Terre sont parus au B.O. n° 10 du 15<br />

Octobre 1998. Dans la partie B qui « envisage les moyens grâce auxquels c<strong>et</strong> organisme (l’Homme) se<br />

préserve des risques liés à certains éléments de son environnement »… il est écrit :<br />

Expliquer en quoi le cerveau est un organe fragile.<br />

* Certaines substances chimiques, des agressions lumineuses ou sonores perturbent son fonctionnement.<br />

* Discuter la relation entre l’usage d’une drogue, une agression lumineuse ou sonore <strong>et</strong> des modifications<br />

du comportement.<br />

Les messages nerveux sont élaborés <strong>et</strong> transmis par des cellules spécialisées : les neurones.<br />

* Les neurones communiquent entre eux au niveau des dispositifs spécialisés appelés synapses par<br />

l’intermédiaire de messages chimiques. Les médicaments (les tranquillisants, les anti-dépresseurs) agissent<br />

à ce niveau ; ils modifient l’humeur <strong>et</strong> les comportements.<br />

* Les drogues ont également à ce niveau une action qui les rend dangereuses, car elles perturbent<br />

gravement les relations de l’homme avec son environnement.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 9


1985, en complément éducatif des nouveaux programmes de collège<br />

d’alors, était recommandée l’étude de certains thèmes transversaux<br />

1. Nature <strong>et</strong> objectifs :<br />

Thèmes transversaux :<br />

Afin d'assurer le plus complètement possible<br />

l’éducation de tous les jeunes, les professeurs<br />

développent les relations entre les différentes<br />

disciplines. Les élèves peuvent apercevoir les<br />

convergences entre elles <strong>et</strong> analyser ainsi, selon une<br />

vue d'ensemble, les réalités du monde où ils sont<br />

appelés à vivre <strong>et</strong> à agir.<br />

Six thèmes perm<strong>et</strong>tent .de renforcer c<strong>et</strong>te<br />

cohérence dans les domaines suivants : éducation à la<br />

consommation, au développement, à l’environnement<br />

<strong>et</strong> au patrimoine, l'information, à la santé <strong>et</strong> à la vie,<br />

à la sécurité.<br />

Ces thèmes correspondent à des notions <strong>et</strong> à des<br />

questions déterminées dont la connaissance est indispensable<br />

pour soutenir la réflexion. L‘étude de ces<br />

thèmes traverse toutes les disciplines <strong>et</strong> doit amener<br />

l'élève à prendre conscience des situations <strong>et</strong> des<br />

problèmes du monde contemporain en développant<br />

son sens de la responsabilité vis-à-vis de soi <strong>et</strong> des<br />

autres.<br />

Ces thèmes transversaux ne font donc pas l'obj<strong>et</strong><br />

d'un enseignement spécifique <strong>et</strong> ne nécessitent pas un<br />

horaire supplémentaire. Ils sont pris en charge par les<br />

professeurs des différentes disciplines. Ils sont l'occasion<br />

d'éprouver la cohérence <strong>et</strong> la solidité des savoirs.<br />

Par les connaissances qu'ils regroupent <strong>et</strong><br />

confrontent, par les réflexions qu'ils instaurent, par<br />

les actions qu'ils suggèrent, ils participent à une<br />

éducation qui constitue un des éléments<br />

fondamentaux de notre société démocratique.<br />

2. Instructions :<br />

L'étude de ces thèmes s'établit sur des<br />

connaissances solides, procède par analyses<br />

rigoureuses se développe à partir d'un ensemble<br />

cohérent <strong>et</strong> raisonné d'objectifs.<br />

En classe, dans le cadre de son enseignement disciplinaire,<br />

le professeur suscite sur ces thèmes la prise<br />

de conscience de ses élèves; il saisit l'occasion d'exercices<br />

pour les illustrer; il fait acquérir les connaissances<br />

<strong>et</strong> les méthodes qui sont à la base de toute analyse<br />

<strong>et</strong> conditionnent le progrès de la réflexion.<br />

Dans le prolongement de c<strong>et</strong> enseignement, des<br />

actions éducatives concertées, s'appuyant sur les<br />

points de rencontre entre les disciplines, m<strong>et</strong>tent<br />

l'élève en mesure de procéder à l'investigation des<br />

thèmes.<br />

Le chef d'établissement coordonne les activités<br />

qui perm<strong>et</strong>tent d'assurer c<strong>et</strong>te éducation. Il s'attache<br />

le concours de l'ensemble des professeurs <strong>et</strong> des<br />

personnels de l'établissement, éventuellement de<br />

parents d’élèves <strong>et</strong> d’intervenants extérieurs<br />

qualifiés offrant toute garantie au regard des<br />

exigences du service public. Les médecins <strong>et</strong> les<br />

infirmières peuvent coordonner les interventions<br />

concernant la sécurité ainsi que la vie <strong>et</strong> la santé.<br />

Démarches <strong>et</strong> structures pédagogiques prennent<br />

des formes variées qui ne s'excluent pas. Pour tenir<br />

compte de l'âge des élèves <strong>et</strong> de leurs possibilités,<br />

les travaux sont diversifiés. Ils font appel à<br />

l'expérience des élèves afin d'en faire apparaître la<br />

valeur positive. Proj<strong>et</strong>s d'action éducative, enquêtes,<br />

visites, mises en situation, conférences, expositions,<br />

montages audiovisuels, journaux, théâtre,<br />

productions littéraires ou artistique, <strong>et</strong>c., sont de<br />

nature à susciter la motivation, à solliciter l'activité,<br />

à développer l'esprit d'initiative <strong>et</strong> le sens de la<br />

responsabilité.<br />

Le chef d'établissement invite les<br />

documentalistes à rassembler sur chaque thème une<br />

documentation de base, à m<strong>et</strong>tre à la disposition des<br />

professeurs les supports pédagogiques, à jouer un<br />

rôle privilégié dans l'établissement des liaisons avec<br />

les organismes compétents.<br />

Le chef d'établissement encourage la mise en<br />

place de clubs. Dans ce lieu de libre exercice <strong>et</strong><br />

d'apprentissage de la responsabilité, les élèves<br />

accèdent à une pratique active, approfondissent les<br />

connaissances, se préparent à un engagement<br />

réfléchi <strong>et</strong> fécond.<br />

Une programmation établie sur les quatre<br />

niveaux d’enseignement, <strong>et</strong> pour chaque année, doit<br />

perm<strong>et</strong>tre d'harmoniser l'étude des divers thèmes <strong>et</strong><br />

de la répartir sur l'ensemble de l'année <strong>et</strong> de la<br />

scolarité au collège.<br />

.....<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 10


THEME TRANSVERSAL « la santé <strong>et</strong> la vie » :<br />

L’élève prévient les risques par la connaissance : il se prépare à prendre en charge<br />

activement sa santé entendue comme équilibre physique, psychique <strong>et</strong> intellectuel.<br />

- Hygiène de vie : hygiène bucco-dentaire; ambiance<br />

sonore <strong>et</strong> lumineuse; alternance veille-sommeil; activités<br />

physiques <strong>et</strong> postures.<br />

- Causes <strong>et</strong> conséquences des <strong>toxicomanies</strong> : alcoolisme,<br />

mauvais usage <strong>et</strong> abus des médicaments. Les ravages<br />

de la drogue.<br />

- Alimentation : équilibre de l'alimentation, principes<br />

diététiques.<br />

- Éducation sexuelle :<br />

La préparation aux changements physiologiques <strong>et</strong><br />

psychologiques de la puberté.<br />

La transmission de la vie (cycles sexuels, fécondation, contraception, régulation des<br />

naissances).<br />

Les maladies sexuellement transmissibles.<br />

- Protection sociale ; le coût de la santé.<br />

Liberté <strong>et</strong> responsabilité de l'individu dans la société.<br />

Ces instructions précisaient « Au même titre que les enseignements des différentes<br />

disciplines, 1'enseignement des thèmes transversaux est obligatoire » :<br />

Compléments aux instructions officielles publiées au B.O. du 4 au 30 juill<strong>et</strong> 1987.<br />

Pourtant l’étude des thèmes transversaux n’a été « que rarement pérennisée ».<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" -<br />

« L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

11


I - B2) LE COMITE D’ENVIRONNEMENT SOCIAL :<br />

« La volonté que soient créés dans les établissements scolaires des comités d'environnement social est affirmée<br />

par le ministère de l'Education nationale en 1990, en relation étroite avec la Délégation générale à la lutte contre<br />

la drogue <strong>et</strong> la toxicomanie (DGLDT).<br />

Le comité d'environnement social regroupe autour du chef d'établissement la communauté éducative <strong>et</strong> les<br />

acteurs de la vie sociale <strong>et</strong> du quartier (associations, acteurs institutionnels...).<br />

Il développe une politique de prévention, crée un lien véritable entre l'école <strong>et</strong> son environnement, coordonne les<br />

initiatives en matière de prévention (l<strong>et</strong>tre du 22 octobre 1990).<br />

La circulaire n° 93.137 du 25 février 1993 élargit le champ des compétences des comités d'environnement social,<br />

outil de prévention des dépendances, des conduites à risque <strong>et</strong> de la violence, mais aussi de suivi global des<br />

jeunes dans <strong>et</strong> hors l'école, incluant la recherche de solutions aux problèmes de santé".<br />

Elle étend leurs domaines d'action à l'enseignement primaire <strong>et</strong> m<strong>et</strong> l'accent sur les zones d'éducation prioritaires.<br />

Enfin, elle m<strong>et</strong> en place des groupes académiques de pilotage dont la charge est d'impulser, coordonner, évaluer<br />

les actions.<br />

Ces groupes de pilotage comprennent les inspecteurs pédagogiques régionaux chargés de la vie scolaire, des<br />

proviseurs-vie scolaire, les conseillers techniques des recteurs, médecins, infirmiers, assistants sociaux, des<br />

responsables de formation, des représentants des inspecteurs d'académie, des chefs d'établissement...<br />

Le Plan gouvernemental de lutte contre la drogue <strong>et</strong> la toxicomanie annoncé par le Premier ministre le 21 septembre<br />

1993 prévoit 1 extension du nombre des Comités d'environnement social ».<br />

Extrait du document d’accompagnement du film<br />

« La l<strong>et</strong>tre de Jean » par Guy Gilles <strong>et</strong> Luc Bernard.<br />

Circulaire n° 93-137 du 25 février 1993<br />

Développement des comités d'environnement social (C.E.S.).<br />

" La circulaire du 22 octobre 1990 instaurait les comités d'environnement social (C.E.S.) comme outil privilégié<br />

de la politique du ministère de l'Education nationale <strong>et</strong> de la Culture en matière de toxicomanie <strong>et</strong> conduites à<br />

risques.<br />

Les orientations essentielles de ce texte étaient les suivantes :<br />

- Favoriser une meilleure prise en compte de l'environnement immédiat de l'établissement scolaire <strong>et</strong> des actions<br />

entreprises par les autres services de l'Etat, les collectivités locales, les associations ;<br />

- Ancrer le C.E.S. dans le cadre des actions du ministère de l'Education nationale <strong>et</strong> de la Culture, en veillant<br />

notamment à sa liaison étroite avec le proj<strong>et</strong> d'établissement;<br />

- Laisser une grande souplesse dans l'organisation des actions.<br />

Le bilan établi après deux ans de fonctionnement fait apparaître à la fois l'implication des différents acteurs<br />

(équipe éducative, élèves, partenaires extérieurs), la pertinence <strong>et</strong> la richesse des actions engagées <strong>et</strong> les<br />

nombreuses difficultés rencontrées.<br />

Il me paraît nécessaire, à ce stade, de donner une impulsion nouvelle aux C.E.S., en tenant compte des<br />

expériences engagées <strong>et</strong> des orientations nouvelles qui me semblent s'imposer".<br />

Développement des C.E.S.<br />

" L'objectif fixé lors de la réunion interministérielle du 17<br />

septembre 1992 est de renforcer les C.E.S. existants <strong>et</strong> de<br />

doubler leur nombre en 1992-1993 (= 1 600).<br />

De plus, la poursuite des objectifs assignés à l'Ecole par la loi<br />

d'orientation du 10 juill<strong>et</strong> 1989 me conduit aujourd'hui à<br />

compléter les domaines d'intervention des C.E. S. Ces<br />

indications doivent en eff<strong>et</strong> contribuer à la réalisation de<br />

l'objectif de réussite scolaire, sociale <strong>et</strong> professionnelle de<br />

l'élève, dévolu au système éducatif.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

En 1996-1997, 28 % des établissements<br />

scolaires du second degré disposaient d’un<br />

C.E.S.<br />

Les 3 principales difficultés abordées<br />

étaient :<br />

La sexualité (grossesse, SIDA ...)<br />

La violence.<br />

Les drogues <strong>et</strong> le tabagisme.<br />

C'est pourquoi le C.E.S., tout en restant un outil de prévention des <strong>toxicomanies</strong> <strong>et</strong> conduites déviantes, peut<br />

désormais jouer un rôle moteur dans la prise en charge globale des problèmes rencontrés par les jeunes : dans ce<br />

cadre, la mise en place d'actions relatives à la santé, notamment dans les zones les plus défavorisée, qu'elles<br />

soient urbaines ou rurales, sera l'une des préoccupations majeures. Les personnels de santé (médecins,<br />

infirmières) <strong>et</strong> les personnels sociaux (assistantes sociales) occuperont dans ces actions une place importante.<br />

12


Trois axes seront privilégiés :<br />

1) La prévention des dépendances, des conduites à risques <strong>et</strong> de la violence ;<br />

2) Le suivi des jeunes, dans <strong>et</strong> hors de l'école ;<br />

3) La recherche de solutions aux problèmes de santé dans le cadre d'une prise en charge globale des difficultés<br />

rencontrées par les jeunes.<br />

Le partenariat, élément essentiel du dispositif des C.E.S., doit perm<strong>et</strong>tre, en partant de l'analyse des besoins réels<br />

des jeunes, de m<strong>et</strong>tre en commun les compétences des différentes institutions dans <strong>et</strong> hors l'école, <strong>et</strong> de<br />

rechercher une synergie des actions, afin que la communauté éducative puisse fonctionner de façon plus<br />

harmonieuse pour tous ses membres.<br />

L'effort portera en priorité sur les zones d'éducation prioritaires (Z.E.P.) <strong>et</strong> les établissements difficiles, selon les<br />

objectifs définis dans la circulaire relative à la politique éducative dans les Z.E.P. (circulaire n° 92-360 du 7<br />

décembre 1992) ".<br />

"L'école pouvant être un vecteur privilégié pour structurer une identité dans le quartier, les relations avec les<br />

partenaires extérieurs concernés <strong>et</strong> la concertation entre les différents types d'établissements (école, collège,<br />

lycée, lycée professionnel...) devraient être particulièrement recherchées, par exemple par la constitution de<br />

C.E.S. sous forme de réseau interétablissements.<br />

Je souhaite en outre que l'action ainsi engagée soit étendue au premier degré.<br />

En eff<strong>et</strong>, la prévention doit se faire de plus en plus tôt, notamment dans le domaine des dépendances. La<br />

nécessité s'impose donc d'associer les écoles primaires sous forme de réseaux d'établissements, notamment dans<br />

les Z.E.P. où elles sont très nombreuses : les enseignants du premier degré participeront aux travaux des C.E.S.<br />

afin de jouer le rôle de relais <strong>et</strong> de démultiplicateurs auprès de leurs collègues, des élèves <strong>et</strong> des parents".<br />

Ce teste est suivi de deux chapitres portant sur :<br />

L’amélioration du fonctionnement des C.E.S. (par le biais de contrat <strong>et</strong> par le développement d’une<br />

politique partenariale) <strong>et</strong> la formation initiale <strong>et</strong> continue des personnels.<br />

I - B2 BIS ) Comités d’Education à la Santé <strong>et</strong> à la<br />

Citoyenn<strong>et</strong>é<br />

(ex- Comités d’environnement social)<br />

Loi n° 98 657 du 29.07.1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions<br />

Les CESC sont des dispositifs souples, fonctionnant en maillage avec le contexte social de l’élève,<br />

dont l'objectif est de mobiliser l'ensemble de la communauté éducative <strong>et</strong> les partenaires extérieurs<br />

de l’établissement par des actions de prévention :<br />

• Information, sensibilisation aux manifestations <strong>et</strong> signes précurseurs caractéristiques des conduites à<br />

risques. Les comportements individuels, sociaux <strong>et</strong> la loi. Les devoirs de solidarité.<br />

• Actions : animations, mise en place de moments <strong>et</strong> de lieux d'écoute <strong>et</strong> de dialogue, formation, aide <strong>et</strong><br />

soutien aux élèves <strong>et</strong> aux familles, amélioration de la qualité de la vie scolaire <strong>et</strong> responsabilisation des<br />

élèves.<br />

• Relations institutionnelles : CLPD...<br />

Composition au niveau des établissements : elle est variable. Elle comporte des représentants :<br />

De la communauté éducative : éducateurs (CPE, infirmière, assistante sociale), professeurs <strong>et</strong> personnels<br />

ATOSS, parents, délégués-élèves<br />

Des organismes institutionnels : municipalité, justice, police.<br />

Des partenaires extérieurs : notamment des représentants du milieu associatif.<br />

La présidence est assurée par le chef d'établissement ou son adjoint ; le CPE assume le plus fréquemment<br />

la vice-présidence.<br />

C<strong>et</strong>te instance ne peut avoir d’autorité disciplinaire mais peut siéger en médiation ou<br />

admonestation avec mise à l’épreuve - " table ronde éducative ", " dispositif de remédiation " ou<br />

" commission-savon " - (expression empruntée aux lycéens siégeant au CAVL) .<br />

La création, les statuts, la composition du CESC sont soumis à l’aval du conseil<br />

d’administration. Le CESC est un élément structurant du vol<strong>et</strong> éducatif du proj<strong>et</strong> d’établissement.<br />

La circulaire du 01.07.1998 en spécifie les attributions.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

13


• Loi n° 98 657 du 29.07.1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions (J.O. n° 175<br />

du 31 juill<strong>et</strong> 1998 page 11679) :<br />

Article 143 : " Après l’article 21 de la loi n° 89-486 du 10 juill<strong>et</strong> 1989 précitée, il est inséré un article<br />

21 bis ainsi rédigé :<br />

" Art 21 bis : - Le comité d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é présidé par le chef d’établissement<br />

a pour mission d’apporter un appui aux acteurs de la lutte contre l’exclusion.<br />

" Ce comité a pour mission de renforcer sur le terrain les liens entre l’établissement d’enseignement,<br />

les parents les plus en difficulté <strong>et</strong> les autres acteurs de la lutte contre l’exclusion. En liaison avec les<br />

axes du proj<strong>et</strong> d’établissement, approuvés par le conseil d’administration, il contribue à des initiatives<br />

en matière de lutte contre l’échec scolaire, d’améliorations des relations avec les familles, en<br />

particulier les plus démunies, de médiation sociale <strong>et</strong> culturelle <strong>et</strong> de prévention des conduites à<br />

risques <strong>et</strong> de la violence. "<br />

• Education à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é - Apprendre à porter secours - N.S. n°<br />

97-151 du 10.07.1997 - BO n° 27 du 17.07.1997<br />

• Instruction concernant les violences sexuelles - C. n° 97-175 du 26.08.97 - BO<br />

Hors série n° 5 du 04.09.1997<br />

• Prévention des conduites à risques <strong>et</strong> comités d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la<br />

citoyenn<strong>et</strong>é : C. n° 98-108 du 01.07.98, BO n° 28 du 09 juill<strong>et</strong> 1998, p. 1553 à 1558<br />

- tous les textes antérieurs sont abrogés.<br />

• Lutte contre la violence en milieu scolaire <strong>et</strong> renforcement des partenariats - C.<br />

n° 98-194 du 2.10.1998 - BO hors série n° 11 du 15.10.1998<br />

• Education à la sexualité <strong>et</strong> prévention du SIDA - CIRCULAIRE N°2003-027<br />

DU 17-2-2003<br />

• Orientations pour l’éducation à la santé à l’école <strong>et</strong> au collège - C. n° 98-237 du<br />

24.11.1998 - BO n° 45 du 03.12.1998, p. 2574 à 2580<br />

• Délinquance des mineurs - Mise en œuvre des décisions adoptées par le Conseil<br />

de sécurité intérieur, C. du 06.11.1998 BO n° 45 du 03.12.1998, p. 2568 à 2573<br />

• Repères pour la prévention des conduites à risques - C n° 99-175 du 2.11.99 - Comprimés d’ecstasy.<br />

BO spécial n° 9 du 4.11.99 (2 parties : 1- Guide pratique - 2- Guide théorique)<br />

Dans les établissements, le développement rapide des CESC témoigne de leur adaptation aux besoins très<br />

divers des établissements. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s'agit nullement d'une structure se<br />

superposant à d'autres, mais d'un dispositif ayant vocation à recentrer l'ensemble des actions dans leur<br />

lieu naturel de convergence, qui est <strong>et</strong> ne peut être que l'établissement ou l'école. Dans chaque<br />

établissement le CESC choisira un correspondant, son proj<strong>et</strong> de travail sera intégré au proj<strong>et</strong><br />

d'établissement, validé par le CA.<br />

C'est un des rares dispositifs dont la composition est laissée à l'initiative du terrain. Il favorise la<br />

communication <strong>et</strong> pousse à l'intercatégorialité, au travail en équipe.<br />

Les comités d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é, créés en 1990 sous le nom de comités<br />

d’environnement social, ont apporté, là où ils existent, la preuve de leur efficacité : fédération d'actions de<br />

prévention auparavant dispersées <strong>et</strong> sans cohérence, mobilisation des adultes <strong>et</strong> des élèves de la<br />

communauté scolaire autour d’objectifs clairs, renforcement d’un partenariat efficace, amélioration<br />

significative du climat <strong>et</strong> des relations entre adultes <strong>et</strong> élèves. J’invite donc les recteurs <strong>et</strong> les inspecteurs<br />

d’académie à généraliser les comités d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é en développant une stratégie<br />

volontariste dans leur académie ou leur département. Ils engageront fermement les chefs d’établissement,<br />

les inspecteurs de l’éducation nationale responsables de circonscription <strong>et</strong> les directeurs d’école à m<strong>et</strong>tre en<br />

place ce dispositif de prévention, en tenant compte des spécificités locales <strong>et</strong> en perm<strong>et</strong>tant aux<br />

établissements où fonctionne déjà un comité d’environnement social d’en garder la dénomination, s’ils le<br />

souhaitent, dans une phase transitoire. Dans la même agglomération, par exemple, il est recommandé que<br />

plusieurs établissements fassent fonctionner un comité d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é en réseau,<br />

où les écoles primaires sont tout naturellement associées. Priorité sera accordée au développement des<br />

comités d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é dans les zones d’éducation prioritaires <strong>et</strong> dans les sites les<br />

plus exposés à la violence, à commencer par les sites expérimentaux de prévention de la violence.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

14


3. 1 Les missions du comité d’éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é<br />

Ces missions reposent sur le socle de<br />

valeurs partagées en termes d'équité, de<br />

solidarité, de respect mutuel, de laïcité ;<br />

elles se situent dans la perspective d'une<br />

approche globale prenant en compte les<br />

besoins de l'élève dans <strong>et</strong> hors l'école <strong>et</strong><br />

nécessitent l'organisation d'un authentique<br />

partenariat autour de l'école. Elles<br />

se déclinent en six axes :<br />

- Contribuer à la mise en place de<br />

l'éducation citoyenne dans l'école ou<br />

l'établissement en rendant l'élève<br />

responsable, autonome <strong>et</strong> acteur de<br />

prévention ; 80 1998 n° 8 552-4<br />

- Organiser la prévention des<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Haschich<br />

dépendances, des conduites à risque <strong>et</strong> de la violence dans le cadre du proj<strong>et</strong> d'établissement ;<br />

- Assurer le suivi des jeunes dans <strong>et</strong> hors l' école : le comité d' éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é<br />

perm<strong>et</strong> aux membres de la communauté éducative de prendre en charge les problèmes en concertation,<br />

de faire appel aux compétences de personnels spécialisés en interne (médecins, infirmier(e)s, assistants<br />

sociaux), ou à des relais extérieurs ;<br />

- Venir en aide aux élèves manifestant des signes inquiétants de mal être : usage de produits licites ou<br />

illicites, absentéisme, désinvestissement scolaire, repli sur soi, conduites suicidaires... ;<br />

- Renforcer les liens avec les familles ;<br />

- Apporter un appui aux acteurs de la lutte contre l'exclusion en renforçant les liens entre<br />

l'établissement, les parents les plus en difficulté <strong>et</strong> les autres partenaires concernés (comme la loi d'<br />

orientation relative à la lutte contre les exclusions le prévoit).<br />

3. 2 L' organisation du dispositif<br />

La création du comité d'éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é est soumise au vote du conseil<br />

d'administration puis portée à la connaissance de tous membres de la communauté éducative <strong>et</strong> des<br />

partenaires. Le comité d'éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é développe une démarche de proj<strong>et</strong> qui<br />

suppose l'analyse de la situation de l'établissement <strong>et</strong> de son environnement, des problèmes, des<br />

ressources, des capacités d'initiative, des compétences à développer <strong>et</strong> la définition d'objectifs opérationnels.<br />

Il peut fonctionner en séances plénières mais aussi en commissions restreintes qui perm<strong>et</strong>tent<br />

une plus grande souplesse. Il est présidé par le chef d'établissement. Sa composition est évolutive <strong>et</strong><br />

adaptable à chaque situation locale, mais il associe l'ensemble de la communauté éducative : les<br />

personnels de direction, d'enseignement, d'éducation, de surveillance, sanitaires <strong>et</strong> sociaux, d'orientation,<br />

ATOS, les élèves dont la participation est primordiale, qu'ils soient délégués ou non, les parents<br />

d'élèves <strong>et</strong> les partenaires extérieurs (représentants des collectivités locales, de la justice, de la police,<br />

de la gendarmerie, organismes <strong>et</strong> associations habilités). Les actions conduites font l'obj<strong>et</strong> d'un bilan<br />

annuel établi à partir de qq indicateurs qui perm<strong>et</strong>tront de fixer des repères. C<strong>et</strong>te phase est indispensable<br />

pour s'interroger sur la pertinence des actions, leurs r<strong>et</strong>ombées <strong>et</strong> envisager un recadrage éventuel.<br />

3. 3 Le partenariat<br />

Partant d'une logique centrée sur l’établissement, l'institution éducative joue un rôle fort au sein d'un<br />

"maillage public de prévention". Le comité d'éducation à la santé <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é est, dans ce cadre,<br />

un outil privilégié de coordination des différents partenaires <strong>et</strong> en particulier ceux qui relèvent de<br />

politiques spécifiques : les conseils de zone d'éducation prioritaire, les groupes opérationnels d'action<br />

locale de sécurité (GOALS), les comités départementaux de prévention de la délinquance (CDPD), les<br />

comités communaux de prévention de la délinquance (CCPD), les structures de concertation de<br />

politique de la ville ainsi qu'avec les contrats locaux de sécurité institués par la circulaire du 28<br />

octobre 1997 ( JO du 30 octobre 1997). Ces différentes institutions, pour être pleinement efficaces,<br />

doivent nécessairement mener une action concertée, chacune conservant toutefois ses responsabilités<br />

propres.<br />

15


I - B3) QUELLE PREVENTION EN CLASSE ? ... LES DEMARCHES :<br />

Il n’est plus considéré qu’un discours<br />

victorien fondé sur une suite<br />

d’interdictions ou d’obligations puisse<br />

être efficace.<br />

L’enfant ne doit pas être placé en état<br />

passif de réception, mais doit vivre<br />

activement des situations qui lui<br />

perm<strong>et</strong>tent de percevoir les risques de<br />

son environnement.<br />

Il s’agit d’aboutir à « une prise de<br />

conscience raisonnée des propres<br />

responsabilités de chacun ».<br />

Ce qui est proposé s’appuie sur de<br />

nombreux travaux menés dans les classes<br />

par des enseignants <strong>et</strong> quelquefois par<br />

des personnels de santé<br />

* La situation de départ<br />

(judicieusement choisie) telle la<br />

projection d'un film ou de diapositives,<br />

un événement, un texte, une visite, se poursuivra par une<br />

discussion avec TROIS entrées :<br />

* Qu'en avez-vous pensé ?<br />

L'enseignant tente de faire émerger les représentations <strong>et</strong> les<br />

hypothèses des élèves qui lui perm<strong>et</strong>tront de mieux les<br />

connaître <strong>et</strong> d'affiner ses objectifs.<br />

* Quelles sont vos questions ?<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Feuilles de LSD. Chaque fraise correspond<br />

à une dose marchande.<br />

Photo Maif. Juin 2003.<br />

Ces questions seront réparties entre les élèves qui mèneront<br />

une recherche en équipes (situation de recherche) <strong>et</strong><br />

dialogueront avec l'adulte formateur ⇒ Utilisation de nouveaux<br />

documents (nouveaux films, livres, documents divers). Les différentes équipes de<br />

recherche présenteront le fruit de leur travail à l’ensemble de la classe.<br />

* Qu’est-ce qui vous paraît important pour informer les autres ?<br />

L'idée est d'impliquer les élèves, qu’ils s’investissent <strong>et</strong> réalisent ensemble<br />

quelque chose qui soit utile aux autres.<br />

Ces « productions » peuvent correspondre à des expositions, une pièce de<br />

théâtre, un film ... Elles peuvent être destinées à d’autres classes, aux parents, à<br />

des correspondants.<br />

16


Quelle démarche pédagogique en classe ?<br />

1. Quelles sont vos<br />

réactions ? Qu’en<br />

pensez-vous ?<br />

Comment<br />

réagissez-vous à ce<br />

qui s’est passé (ou<br />

à ce document) ?<br />

Le but est :<br />

de découvrir les<br />

« représentations »<br />

des enfants <strong>et</strong><br />

d’affiner les objectifs<br />

de l’enseignant.<br />

Situation de départ :<br />

Des élèves se sont fait « prendre » avec de la<br />

drogue dans l’établissement.<br />

Film (par exemple « Histoire de Pascal »).<br />

Article de journal ......<br />

<br />

2. Quelles sont vos questions ?<br />

L’adulte peut bien évidemment<br />

répondre ... mais il est<br />

particulièrement intéressant, au<br />

plan pédagogique (afin d’éviter<br />

le discours moralisateur <strong>et</strong> la<br />

transgression), de placer les<br />

enfants en situation de<br />

recherche ...<br />

Ils se présenteront ensuite<br />

mutuellement le résultat de<br />

leurs réflexions (apprentissage<br />

du travail en commun).<br />

<br />

A m<strong>et</strong>tre en rapport avec :<br />

1) Que dit le règlement intérieur ?<br />

(qui devrait être issu d’une concertation avec les élèves à partir d’une<br />

ébauche élaborée par le conseil d’administration)<br />

2) Que dit la loi ?<br />

- « Les recherches les plus récentes montrent l’échec relatif des stratégies<br />

fondées uniquement sur l’information <strong>et</strong> la peur ».<br />

- « L’information est insuffisante pour changer les comportements ».<br />

- « La peur développe parfois le goût de transgresser les interdits <strong>et</strong> la<br />

fascination pour les expériences à risque ».<br />

Daniel Peltaux, consultant Suisse auprès de l’OMS, octobre 1997<br />

... d’où l’importance d’impliquer le jeune comme il est proposé dans la 3 ème<br />

colonne.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

3. Que peut-on faire<br />

pour informer <strong>et</strong><br />

protéger les autres ?<br />

Comment éviter que<br />

cela se<br />

reproduise pour<br />

celui qui a cédé à la<br />

tentation?<br />

Ce travail peut aboutir<br />

à la production d’un<br />

contrat de vie scolaire<br />

signé par l’élève, sa<br />

famille <strong>et</strong> le chef<br />

d’établissement.<br />

Comment éviter que<br />

cela se<br />

produise pour les<br />

autres ?<br />

Réalisation d’une<br />

exposition, d’un livre,<br />

d’une pièce de théâtre,<br />

d’un film ...<br />

17


Travail préparé <strong>et</strong><br />

réalisé en commun avec<br />

des étudiants de l’UF<br />

maternelle.<br />

Un exemple : comment « parler » de la drogue<br />

de la grande section de maternelle au CE2 :<br />

Objectif : prendre conscience des dangers de la drogue, ne<br />

pas accepter d’y goûter en connaissance de cause, ... savoir dire NON.<br />

Document de départ : dessin animé : « La sphère qui envoûte » : ce dessin animé<br />

concerne les schtroumpfs. Il ne peut pas être distingué, dans sa présentation, des<br />

autres dessins animés de la série.<br />

Résumé du film : C’est l’effervescence chez les schtroumpfs car ils préparent la<br />

fête du printemps. Le schtroumpf poète, sans cesse dérangé, ne parvient pas à<br />

terminer son poème. Il tente de s’isoler dans la nature mais les animaux, eux aussi,<br />

perturbent son travail. La sorcière « préadolescents » se métamorphose en fée <strong>et</strong><br />

propose de l’aide au schtroumpf poète sous la forme d’une sphère magique (qui<br />

symbolise la cocaïne) ... une sphère qu’il suffit de toucher pour stimuler ses<br />

activités corporelle <strong>et</strong> cérébrale. Peu à peu, l’usage de la sphère se répand chez les<br />

schtroumpfs : le schtroumpf peintre, le schtroumpf paysan le schtroumpf bricoleur<br />

en font usage. Les travaux de ces schtroumpfs se dégradent tandis que l’eff<strong>et</strong> de la<br />

sphère dure de moins en moins longtemps (accoutumance). Le grand schtroumpf (=<br />

l’autorité) interdit l’usage de la sphère <strong>et</strong> l’emporte chez lui. L’un des schtroumpfs<br />

toxicomanes, en état de dépendance, la vole mais le schtroumpf costaud (= la<br />

police) la détruit.<br />

Les schtroumpfs rejoignent le château<br />

préadolescents qui accepte de leur fournir une<br />

sphère plus grosse (symbolisant l’héroïne)<br />

mais s’en servir n’est plus gratuit, les<br />

schtroumpfs doivent travailler pour y avoir<br />

accès. Leurs tentatives pour résister seraient<br />

vouées à l’échec si le schtroumpf costaud ne<br />

venait les secourir. Lui même, capturé par la<br />

sorcière, serait contraint par préadolescents de<br />

toucher à la sphère si l’un des schtroumpfs<br />

drogué ne la détruisait.<br />

Une nouvelle tentative préadolescents pour<br />

donner une nouvelle sphère au schtroumpf<br />

poète sera refusée par celui-ci <strong>et</strong> le grand<br />

schtroumpf transformera préadolescents en<br />

crapaud.<br />

1 ère séquence :<br />

On passe le film... résumez l’histoire, qu’en pensez-vous ? La pratique montre que<br />

si certains enfants passent totalement à côté du thème, d’autres saisissent le sens du<br />

film échange entre enfants... <strong>et</strong> rien n’empêche l’enseignant de donner des<br />

indications au cas où aucun élève n’aurait compris.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Le schtroumpf farceur offre le<br />

cadeau du grand schtroumpf à<br />

préadolescents<br />

18


2 ème séquence : un grand schtroumpf en peluche, apporté en classe par la maîtresse,<br />

en grande section de maternelle. Il « s’inquiète » <strong>et</strong> lui « parle à l’oreille » : ... « Il<br />

me dit qu’il voudrait être sûr que les enfants ont bien compris ». Au CP <strong>et</strong> en CE, ce<br />

peut être une l<strong>et</strong>tre « envoyée » par le grand schtroumpf à la classe... Expression<br />

orale pouvant déboucher sur la production de 2 affiches :<br />

Qu’est ce qu’il y a de bien dans la<br />

sphère magique ? ☺<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Qu’est ce qui est dangereux dans la<br />

sphère magique ? <br />

C’est bien au début. Après ils ne peuvent plus s’en passer<br />

Les schtroumpfs travaillent plus<br />

facilement.<br />

Leur travail est mal fait.<br />

... Ils sont malheureux ...<br />

3 ème séquence : l’objectif est de définir ce qu’est une drogue : Qu’est ce qui est<br />

pareil que la sphère magique, qu’est ce qui est différent ?<br />

Des photographies représentant différents obj<strong>et</strong>s sont remis à chaque groupe : certains<br />

peuvent entraîner une dépendance : cigar<strong>et</strong>te, bière, vin, apéritif, digestif, colle, seringue...<br />

<strong>et</strong> d’autres peuvent apporter du plaisir sans mener à la dépendance: bonbons, gâteaux, fruits<br />

... tri des photographies <strong>et</strong> réalisation d’affiches.<br />

Je dis non. Je dis oui.<br />

4 ème séquence (CE1 ou CE2) : comment les schtroumpfs se libèrent-ils de la<br />

drogue ? On peut repasser le film réalisation d’une nouvelle affiche.<br />

Les différentes affiches seront exposées (maintenant comment prévenir les autres ?)<br />

<strong>et</strong> des livr<strong>et</strong>s individuels « Je dis oui, je dis non » seront produits » (évaluation).<br />

19


Quelle approche<br />

dans les pays anglo-saxons <strong>et</strong> en Suisse ?<br />

Depuis plus de 20 ans, les<br />

pays anglo-saxons <strong>et</strong> la<br />

suisse ont mis en place des<br />

programmes de prévention<br />

(désormais soutenus par<br />

l’OMS) baptisés Life Skills<br />

Education (skill = habil<strong>et</strong>é,<br />

adresse, technique) <strong>et</strong> inspirés<br />

de la psychologie comportementale<br />

<strong>et</strong> cognitive.<br />

L’approche anglo-saxonne<br />

fait débuter la prévention de<br />

la toxicomanie dès l’âge de 6<br />

ans.<br />

Elle est fondée sur des<br />

discussions en groupes <strong>et</strong><br />

des jeux de rôles.<br />

Elle vise à perm<strong>et</strong>tre à<br />

l’enfant de mieux se<br />

connaître, d’améliorer sa<br />

confiance en lui <strong>et</strong> d’être<br />

capable de résister à la<br />

pression de ses pairs.<br />

Cf. « Impact Médecin Quotidien » du 27/10/1997.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Alice <strong>et</strong> la chenille<br />

(Mary Evans Picture/Explorer).<br />

Une telle démarche a également pour objectif de protéger l’enfant<br />

contre les autres conduites à risque que la toxicomanie <strong>et</strong> contre la<br />

maltraitance.<br />

Les parents sont de plus souvent associés à ces programmes.<br />

Une telle démarche est poursuivie jusqu'à l’âge de 12 ans.<br />

Une étude évaluative : menée sur 2000 élèves suivis pendant 5 ans,<br />

comparée à 2000 témoins, c<strong>et</strong>te étude perm<strong>et</strong> de constater :<br />

une diminution du pourcentage de consommateurs de drogue de 44 %.<br />

une décroissance des polyconsommateurs de 66 %<br />

20


II - QUELS INDICES PEUVENT PERMETTRE DE<br />

REPERER UNE PRISE TOXIQUE CHEZ LE JEUNE ?<br />

(D'après une conférence du Dr. MADELIN complétée par divers<br />

articles médicaux)<br />

Nombre de jeunes pour des raisons variées (curiosité, tentation du<br />

risque, pression des pairs ...) font l'expérience d'une drogue illicite<br />

entre 12 <strong>et</strong> 18 ans ... quelquefois avant. Heureusement, le plus<br />

souvent, ces essais sont sans lendemain. Parfois (diverses études<br />

chiffrent ce "parfois" à 4% ou 5%) l'adolescent s'engage dans<br />

l'escalade de la démarche toxicomaniaque.<br />

Les parents <strong>et</strong> éducateurs souhaitent connaître les indices qui<br />

peuvent perm<strong>et</strong>tre de découvrir la situation <strong>et</strong> par là même<br />

d'espérer interrompre la progression vers la dépendance.<br />

Il faut distinguer les indices concernant le jeune <strong>et</strong> les<br />

indices matériels :<br />

A) INDICES CONCERNANT L'ADOLESCENT:<br />

Toute altération du caractère ou du comportement doit conduire à envisager<br />

l'hypothèse d'une prise de produits toxiques (même si, la plupart du temps, il n'en est<br />

rien).<br />

Irritabilité ou agressivité contrastant avec le comportement antérieur.<br />

Repli sur soi, absence de motivation <strong>et</strong> rej<strong>et</strong> de tout effort.<br />

Fatigue, besoin de sommeil ou au contraire insomnies.<br />

Manque d'appétit <strong>et</strong> amaigrissement (cocaïne <strong>et</strong> amphétamines)<br />

ou encore appétit démesuré (haschich).<br />

Changement de fréquentation <strong>et</strong> de tenue vestimentaire.<br />

Port de lun<strong>et</strong>tes de soleil visant à masquer la rougeur des yeux<br />

(haschich) ou aidant à supporter la dilatation des pupilles liée à la<br />

prise d’hallucinogènes, de « speeds » ou de cocaïne.<br />

Yeux <strong>et</strong> nez qui coulent (consommation de solvants).<br />

Plaintes répétées du jeune concernant des soi-disant vols de<br />

vêtements ou autres obj<strong>et</strong>s (il peut s'agir en fait d'une vente de ces obj<strong>et</strong>s afin de se<br />

procurer de l'argent pour ach<strong>et</strong>er de la drogue).<br />

Extrait de "Parler de la drogue avec les 10-14 ans" -<br />

« L'Univers d'Okapi », n° 2 Bayard-Presse.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Graines de cannabis<br />

La cocaïne <strong>et</strong> les<br />

amphétamines<br />

provoquent une<br />

volubilité, une perte de<br />

l’appétit, une<br />

transpiration abondante,<br />

une dilatation des<br />

pupilles, une accélération<br />

du cœur <strong>et</strong> de la<br />

respiration<br />

21


Si l'enfant sniffe de la colle à maqu<strong>et</strong>te ou à rustine, des solvants tels l'éther,<br />

l'acétone, le trichloréthylène ou l'eau écarlate, fume ou boit de l'alcool, il présentera<br />

une odeur caractéristique ... !<br />

Les solvants organiques induisent un comportement rappelant<br />

celui de l’alcoolique, une ataxie (trouble de la motricité lié à un<br />

défaut de coordination) <strong>et</strong> des hallucinations visuelles <strong>et</strong> auditives.<br />

La prise de benzodiazépines (tout comme celle de<br />

barbituriques) entraîne une élocution pâteuse.<br />

L’air hébété, la prononciation difficile, les yeux rouges <strong>et</strong> les<br />

pupilles dilatées : il a peut-être fumé du haschich. L’association<br />

avec l’alcool développe l’agressivité.<br />

La pupille est dilatée (mydriase) s’il y a eu prise de cocaïne<br />

mais est contractée (myosis) en cas de prise d’un opiacé. Le<br />

myosis peut persister 5 à 7 heures après la prise d’un opiacé.<br />

Un larmoiement, des bâillements <strong>et</strong> une rhinorrhée (= nez qui coule) débutent environ 7 à 8<br />

heures après un sevrage aux opiacés. A la 12 ème heure apparaît une agitation anxieuse, une<br />

irritabilité croissante, une mydriase, des tremblements <strong>et</strong> une horripilation cutanée. Des douleurs<br />

musculaires <strong>et</strong> osseuses. 18 à 24 h après : nausées, accélérations cardiaque <strong>et</strong> respiratoire.<br />

Maximum des troubles dans les 24 à 36 heures : vomissements <strong>et</strong> diarrhée + augmentation de la<br />

température corporelle.<br />

La cocaïne induit de l’agitation <strong>et</strong> des démangeaisons grattage frénétique, en particulier des<br />

avant-bras présence de lésions de grattage.<br />

UTILISATION DU TEST DRUGWIPE :<br />

La société PRETORY S.A. (B.P. 12<br />

- 75695 Paris cedex 20) a lancé en<br />

France, fin janvier 1998, le test de<br />

dépistage « DRUGWIPE »<br />

disponible pour les 4 principales<br />

catégories de drogues : cannabis,<br />

opiacés, cocaïne, amphétamines /<br />

ecstasy.<br />

Principe : le test, de nature immunologique<br />

<strong>et</strong> chromatographique,<br />

est sensible à des doses infinitésimales<br />

: 10 à 100 nanogrammes.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

… Mais rien n’est simple, les<br />

yeux rougis peuvent être signe<br />

de fatigue ou d’un séjour en un<br />

lieu enfumé, la soit-disant perte<br />

d’appétit peut se rencontrer<br />

chez un jeune qui surveille sa<br />

ligne, l’impatience voire<br />

l’agressivité peuvent<br />

simplement être liées à<br />

l’adolescence.<br />

Appareil de dépistage « DRUGWIPE »<br />

(to wipe = essuyer).<br />

Il perm<strong>et</strong> la détection de drogues<br />

sur la peau, au bout des doigts, sur des obj<strong>et</strong>s tels que les vêtements, une mall<strong>et</strong>te ou un clavier<br />

d’ordinateur. On peut confirmer la consommation en testant l’urine.<br />

Disponibilité : début 1998, le test a été expérimentalement disponible en pharmacie dans 3<br />

départements : Seine-Maritime, Eure <strong>et</strong> Yvelines.<br />

En octobre 2004, le journal "Libération" écrit : « Il n'existe aucun dépistage en bord de route<br />

comme l'éthylotest » <strong>et</strong> les tests d'urine peuvent révéler une consommation de cannabis qui<br />

remonte à plusieurs jours voire plusieurs semaines. Le dépistage salivaire « n'est pas encore validé<br />

» car les concentrations en stupéfiants y sont plus faibles <strong>et</strong> restent moins longtemps. En<br />

Allemagne existent des Drugwipe II qui seraient capables de déceler la présence de stupéfiants<br />

dans la salive ou la sueur, mais « la sueur n'est pas un bon milieu, assister à une soirée<br />

enfumée pourrait suffire à être contaminé ». Le quotidien conclut que « la prise de sang reste<br />

donc la seule technique fiable qui ait une valeur médico-légale ».<br />

22


B) INDICES MATERIELS ...<br />

Outre les disparitions répétées d'argent…<br />

1 - Concernant le sniffage ou spiromanie :<br />

* Sacs en plastique imprégnés de colle <strong>et</strong> tampons encore<br />

imprégnés de solvants.<br />

* Produits de sniffage (dissolvants, essences, détachants,<br />

colles pour rustines perm<strong>et</strong>tant de réparer les chambres à<br />

air).<br />

2 - Concernant le haschich :<br />

* Papier à rouler les cigar<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> vieux mégots roulés (voir<br />

page 54).<br />

* Tortillons de papier, papier fort roulé, papier d'aluminium<br />

roulé qui servent de porte-cigar<strong>et</strong>tes (la température du joint<br />

est telle qu'elle brûle les lèvres).<br />

* Pipes.<br />

* Des restes d’"herbe" hachée au fond des poches de vêtements.<br />

* Un intérêt brusque pour la botanique avec culture de plantes dont les feuilles dessinent 5<br />

doigts (voir photographie page 53).<br />

* Une pâte marron clair d'odeur sucrée.<br />

* Un liquide noirâtre.<br />

3 - Concernant la cocaïne :<br />

* Tube de stylo à bille dont la cartouche a été éliminée (le<br />

tube de plastique est utilisé pour aspirer la poudre de<br />

cocaïne.<br />

* P<strong>et</strong>its sach<strong>et</strong>s contenant 1 poudre floconneuse blanche :<br />

"la neige" ou "coke" ou "schnouff ".<br />

4 - Concernant l'héroïne :<br />

* Bougie, cuillère. * Seringue, garrot.<br />

5 - Médicaments<br />

• Anxiolytiques :<br />

Boîtes de Valium ®, Librium ®, Lexomil ®, Lysanxia ®,<br />

Nobrium ®, Nordam ®, Novazam ®, Noctram ®, Séresta<br />

®, Sériel ®, Témesta ®, Tranxène ®, Urbanyl ®, Vératran<br />

®, Victan ®, Xanax ®, Halcion ®, Havlane ®.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Cocaïne<br />

Crack<br />

• Opiacés... tels<br />

⇒ Le Moscontin ®, Skenan ® , Dolosal ®, Palfium ®, Fortal ® (qui sont de la morphine ou<br />

des dérivés morphiniques),<br />

⇒ Dicodin ®, Algisédal ®, Codoliprane ®, Dafalgan codéine ®, Efferalgan codéine ®, Klipal<br />

®, Lindilane ®, Antalvic ®, Diantalvic ®, Propofan ® (qui renferment de la codéine ou de la<br />

dihydrocodéine),<br />

⇒ Lamaline ® (qui contient de l’opium),<br />

⇒ Sirops antitussifs ...<br />

* Des substances qui agissent en se fixant sur les récepteurs de la morphine :<br />

Temgésic ® <strong>et</strong> Subutex ®.<br />

23


III - FACE A UNE CONSOMMATION DE DROGUE ...<br />

Comment apprécier la situation <strong>et</strong> comment réagir ?<br />

Si la consommation de produits licites ou illicites ne<br />

mène pas inéluctablement à la dépendance, elle n'est<br />

cependant pas anodine <strong>et</strong> doit susciter votre<br />

vigilance. Par l'usage de drogues, comme d'ailleurs<br />

par l'usage précoce de l'alcool ou du tabac, les jeunes<br />

peuvent exprimer leur malaise. Il faut donc<br />

considérer c<strong>et</strong> usage comme symptôme d'un mal-être<br />

dont il faut se préoccuper sans dramatiser.<br />

C.F.E.S.<br />

III - A - COMMENT APPRECIER LA SITUATION ?<br />

TOUT DEPEND DE ...<br />

(D’après « Drogue-Dialogue », fascicule à<br />

l’intention des acteurs sociaux <strong>et</strong> des<br />

professionnels de santé édité par le C.F.E.S.) :<br />

LE CONSOMMATEUR :<br />

Il y a plusieurs types de consommateurs :<br />

* Les curieux, qui ne veulent qu'essayer le<br />

produit, "pour voir" ses eff<strong>et</strong>s.<br />

* Ceux qui saisissent une occasion.<br />

* Ceux qui en prennent dans les "soirées",<br />

par besoin de faire comme les autres ou par<br />

désir d'expériences excitantes.<br />

* Ceux pour qui la drogue est devenue une<br />

nécessité impérieuse.<br />

LA CONSOMMATION INDIVI-<br />

DUELLE OU EN GROUPE :<br />

La vigilance doit être plus importante envers<br />

le jeune qui consomme seul.<br />

Marijuana<br />

Haschich<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

L’AGE DU PREMIER ESSAI :<br />

La précocité est souvent un signe de gravité.<br />

LA QUANTITE PRISE ET LA<br />

FREQUENCE DE CONSOM-<br />

MATION :<br />

LE TYPE DE PRODUITS<br />

ILLICITES<br />

LA CONSOMMATION DE PRO-<br />

DUITS LICITES :<br />

Alcool, médicaments, solvants, tabac ...<br />

LE COMPORTEMENT GENERAL :<br />

Situation scolaire, familiale, intégration au<br />

groupe. Troubles éventuels du comportement<br />

(recherche réitérée d’ivresse, fugues, tentatives<br />

de suicide, vol).<br />

Ecstasy<br />

24


4<br />

attitudes<br />

à éviter<br />

III - B) FACE A UN JEUNE QUI SE DROGUE ...<br />

(<strong>et</strong> particulièrement qui fume du haschich ou qui<br />

sniffe des solvants)<br />

Ne pas faire comme si on ne savait rien<br />

(politique de l’autruche) <br />

Ne pas céder à la panique<br />

Ne pas banaliser ou être complice<br />

Ne pas rompre les relations avec le jeune.<br />

Rechercher les causes : curiosité ? ennui, solitude ?<br />

phénomène de groupe ? appel au secours ? provocation ?<br />

dépression ?<br />

Aller vers les jeunes, engager le dialogue<br />

c'est facile à dire, ce n'est pas toujours<br />

facile à faire. Le haschisch fait partie de<br />

l'univers de certains d'entre eux <strong>et</strong> il<br />

faudra faire face à différentes<br />

affirmations :<br />

"Je fume du H. Je ne suis pas toxicomane".<br />

"Le H c'est moins dangereux que le tabac".<br />

"C'est les rares moments où je me sens<br />

bien".<br />

"Je fais ce que je veux avec mon corps".<br />

"Le pastis, c'est pas interdit".<br />

"La musique avec un joint c'est éclatant".<br />

"De toute façon vous ne pouvez pas<br />

comprendre".<br />

Plutôt que de proj<strong>et</strong>er sur eux des idées<br />

d'adulte, on peut les renvoyer à leur propre<br />

raisonnement, les aider à s'exprimer (Qu'estce<br />

que ça signifie pour toi ? Qu'est-ce que ça<br />

t'apporte ?).<br />

En d'autres termes<br />

- d'abord ouvrir le dialogue afin,<br />

dans un premier temps, que l'adolescent puisse formuler ce qu'il a à dire.<br />

- éviter les pièges de la moralisation.<br />

- éviter la démesure mais ne pas craindre de présenter les troubles.<br />

« Drogue-Dialogue ». C.F.E.S.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Sans méconnaître le caractère convivial<br />

du haschich, sans en nier les eff<strong>et</strong>s :<br />

désinhibition, euphorie, modification de<br />

certaines perceptions, la réflexion peut<br />

s'orienter dans des directions diverses :<br />

l'usage de haschich est interdit par la<br />

loi<br />

la consommation répétée de haschich :<br />

* entraîne des risques de dépendance<br />

psychologique <strong>et</strong> de perte de liberté,<br />

* ne résout pas les difficultés. Il arrive<br />

même que cela entraîne des conséquences<br />

psychologiques graves, comme par<br />

exemple des crises d'angoisse <strong>et</strong> de<br />

dépersonnalisation,<br />

* perturbe la mémoire, limite les<br />

capacités de raisonnement, diminue les<br />

motivations <strong>et</strong> les performances.<br />

Selon leur personnalité <strong>et</strong> leur environnement,<br />

les jeunes seront plus ou moins<br />

réceptifs à tel ou tel thème de réflexion.<br />

En cas de perte de connaissance qui laisse craindre une overdose :<br />

1. Ne pas le laisser sur le dos, le placer en position latérale de sécurité (sur le<br />

côté, tête en arrière <strong>et</strong> bouche ouverte).<br />

2. Prévenir les secours.<br />

25


LES CONVENTIONS :<br />

Du point de vue juridique, le<br />

système français s’appuie sur 2<br />

conventions :<br />

- « la convention unique » de<br />

1961 visait à remplacer toutes<br />

les conventions antérieures <strong>et</strong><br />

avait pour objectif « de concilier<br />

<strong>et</strong> de fédérer l’ensemble<br />

des règles internationales en la<br />

matière ».<br />

Malheureusement, elle ne<br />

définit pas ce qu’est un<br />

stupéfiant (appelé narcotique<br />

par les américains) ... Est un<br />

stupéfiant toute substance<br />

figurant sur la liste des<br />

stupéfiants ... ce qui a donné <strong>et</strong><br />

donne encore naissance à de<br />

vifs débats particulièrement en<br />

ce qui concerne le cannabis.<br />

- « la convention de Vienne »<br />

de 1971 : complète la<br />

III - C) ASPECTS JURIDIQUES :<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

INJECTION INTRAVEINEUSE<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder :<br />

« Les drogues <strong>et</strong> le cerveau ».<br />

Editions « Pour la Science » -<br />

Diffusion Belin 1987.<br />

précédente en envisageant, en sus des stupéfiants, les médicaments. Il<br />

s’agit ici des médicaments visant à traiter l’anxiété (tranquillisants) ,<br />

l’insomnie (hypnotiques, barbituriques) ... réunis sous le terme de<br />

« psychotropes » tout en sachant qu’il n’est pas non plus défini dans la<br />

convention <strong>et</strong> que ce mot peut avoir un sens plus général (cf. notre<br />

polycopié « Le sommeil <strong>et</strong> le rêve »). La convention autorise leur usage<br />

médical tout en prohibant leur utilisation détournée.<br />

LE TABAC ET L’ALCOOL SONT ABSENTS DE CES TEXTES ...<br />

LA FRANCE A RATIFIÉ CES 2 CONVENTIONS.<br />

26


LA LOI :<br />

La loi n°70-1320 du 31 décembre 1970 constitue le cadre légal dans lequel s’inscrit la politique<br />

française de lutte contre les drogues depuis trente ans. Schématiquement, ses objectifs sont les<br />

suivants :<br />

* réprimer sévèrement le trafic de substances classées comme stupéfiants (dont le cannabis);<br />

* sanctionner pénalement l’usage de stupéfiants – dont, auparavant, seul l’usage en société était<br />

réprimé - par une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement tout en proposant une<br />

alternative thérapeutique à la pénalisation : l’injonction thérapeutique (l'usager interpellé n'est pas<br />

poursuivi s'il accepte de se soum<strong>et</strong>tre aux soins).<br />

* assurer la gratuité <strong>et</strong> l’anonymat des soins pour les usagers qui expriment la volonté d’être pris<br />

en charge.<br />

C<strong>et</strong>te loi a été plusieurs fois modifiée, notamment par l'entrée en vigueur du nouveau code pénal<br />

(1 er mars 1994).<br />

Une évolution législative a été envisagée mais "elle se heurte à certains obstacles juridiques <strong>et</strong> n'a<br />

pas semblée opportune actuellement" ainsi que l'a indiqué le Président de la MILDT le 29 juill<strong>et</strong><br />

2004.<br />

"C'est donc au travers d'instructions générales de politique pénale diffusées aux parqu<strong>et</strong>s par le<br />

Garde des Sceaux qu'une amélioration <strong>et</strong> une harmonisation de la réponse judiciaire à l'usage de<br />

stupéfiants seront assurées. C<strong>et</strong>te politique sera orientée vers la prévention vers la prévention de la<br />

récidive, tout particulièrement en direction des mineurs."<br />

"L'infraction d'usage sera traitée de façon à rendre la sanction plus visible, plus rapide<br />

(composition pénale ou audiences dédiées) <strong>et</strong> plus systématique en utilisant plus largement<br />

qu'actuellement la pal<strong>et</strong>te des sanctions possibles (amende, suspension de permis de conduire ou<br />

immobilisation temporaire d'un véhicule,...)."<br />

La loi n° 99-505 du 18 juin 1999 avait rendu obligatoire, dans le cadre d'une période<br />

expérimentale de deux ans, le dépistage de stupéfiants pour tous les conducteurs impliqués dans un<br />

accident mortel de la route afin notamment de réaliser une étude épidémiologique. L'application de<br />

c<strong>et</strong>te loi avait débuté en 2001.<br />

En lien avec la politique de renforcement de la sécurité routière, la loi n°2003-87 du 3 février<br />

2003 pérennise c<strong>et</strong>te obligation de dépistage <strong>et</strong> crée un délit de conduite sous l’influence de<br />

stupéfiants.<br />

Les articles L.355-14 à L.355-21 du Code de la santé publique énoncent :<br />

Article L.355-14 :<br />

Toute personne usant d'une façon illicite des substances ou plantes classées comme stupéfiants, est<br />

placée sous la surveillance de l'autorité sanitaire.<br />

Article L.355-16 :<br />

1. Si, après examen médical, il apparaît que la personne est intoxiquée, l'autorité sanitaire lui<br />

enjoint de se présenter dans un établissement agréé choisi par l'intéressé, ou à défaut désigné<br />

d'office, pour suivre une cure de désintoxication.<br />

2. Lorsque la personne a commencé la cure à laquelle elle a été invitée, elle fait parvenir à<br />

l'autorité sanitaire un certificat médical indiquant la date du début des soins, la durée probable<br />

du traitement, <strong>et</strong> l'établissement dans lequel ou sous la surveillance duquel aura lieu<br />

l'hospitalisation ou le traitement ambulatoire.<br />

3. L'autorité sanitaire contrôle le déroulement du traitement <strong>et</strong> informe régulièrement le<br />

parqu<strong>et</strong> de la situation médicale <strong>et</strong> sociale de la personne.<br />

4. En cas d'interruption du traitement, le directeur de l'établissement, ou le médecin responsable<br />

du traitement, en informe immédiatement l'autorité sanitaire qui prévient le parqu<strong>et</strong>.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

27


Article L.355-18 : L’autorité sanitaire peut être saisie du cas d’une personne usant d'une façon<br />

illicite de stupéfiants soit par le certificat d'un médecin, soit par le rapport d'une assistante sociale.<br />

Article L.355-21 : précise que les toxicomanes qui se présentent spontanément dans un<br />

dispensaire ou un établissement hospitalier afin d'y être traités peuvent, s'ils le demandent<br />

expressément, bénéficier de l'anonymat au moment de l'admission. C<strong>et</strong> anonymat ne pourra<br />

être levé que pour des causes autres que la répression de l'usage illicite de stupéfiants. Ils pourront<br />

dans ce cas demander au médecin qui les aura traités un certificat nominatif mentionnant les dates,<br />

la durée <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong> du traitement.<br />

La Loi : La répression des délits :<br />

1 an d'emprisonnement <strong>et</strong>/ou 25 000 F d'amende pour usage<br />

illicite de stupéfiants (code de la Santé publique, article L<br />

628).<br />

5 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 500 000 F d'amende pour offre<br />

ou cession en vue de consommation personnelle (Nouveau<br />

code pénal, article 222-39 1 er alinéa).<br />

peine d’emprisonnement aggravée à 10 ans pour offre ou<br />

cession à des mineurs ou dans des centres d'enseignement ou<br />

d'éducation ou dans les locaux de l'administration (Nouveau<br />

code pénal, article 222-39 2ème alinéa).<br />

10 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 50 000 000 F d'amende<br />

• pour transport, détention, offre, cession, acquisition,<br />

emploi illicite de stupéfiants (Nouveau code pénal, article<br />

222-37 1er alinéa).<br />

• facilitation de l'usage (ordonnance fictive ou de<br />

complaisance) : (Nouveau code pénal, article 222-37 2ème<br />

alinéa).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

Depuis l'entrée en vigueur<br />

du nouveau code pénal, seul le<br />

maximum de la peine encourue<br />

prévue en 1970 apparaît.<br />

Exemples :<br />

en 1970, pour offre ou<br />

cession en vue d’une<br />

consommation personnelle,<br />

la peine d’emprisonnement<br />

était de 1 à 5 ans. Elle est<br />

maintenant de 5 ans.<br />

en 1970 pour facilitation de<br />

l’usage (délivrance<br />

d’ordonnances fictives ou de<br />

complaisance), la peine<br />

d’emprisonnement était de 2<br />

à 10 ans. Elle est maintenant<br />

de 10 ans.<br />

• importation ou exportation illicites (Nouveau code pénal, article 222-36 1er alinéa).<br />

5 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 2 500 000 F d'amende pour blanchiment de l'argent : (Nouveau code<br />

pénal, article 324-1).<br />

10 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 5 000 000 F d'amende pour blanchiment de l'argent aggravé :<br />

(Nouveau code pénal, article 324-2).<br />

7 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 1 000 000 F d'amende pour provocation d’un mineur au trafic de<br />

stupéfiants : (Nouveau code pénal, article 227-18-1 1er alinéa).<br />

10 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 2 000 000 F d'amende pour circonstance aggravante : mineur de<br />

moins de 15 ans : (Nouveau code pénal, article 227-18-1 1er alinéa).<br />

5 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 500 000 F d'amende pour : « Fait de ne pas pouvoir justifier de<br />

ressources correspondant à son train de vie tout en étant en relation habituelle avec une<br />

personne se livrant au trafic ou à l’usage de stupéfiants » : (Nouveau code pénal, article 222-39<br />

1er alinéa).<br />

10 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 500 000 F d'amende pour circonstance aggravante si ces personnes<br />

sont mineures (Nouveau code pénal, article 222-39 2ème alinéa).<br />

28


La Loi : La répression des crimes :<br />

20 ans de réclusion criminelle <strong>et</strong> 50 000 000 F d'amende pour production <strong>et</strong> fabrication illicites de<br />

stupéfiants (Nouveau code pénal, article 222-35 1er alinéa).<br />

peine de réclusion portée à 30 ans pour production ou fabrication illicites de stupéfiants si les faits<br />

sont commis en bande organisée (Nouveau code pénal, article 222-35 2ème alinéa).<br />

30 ans de réclusion criminelle <strong>et</strong> 50 000 000 F d'amende pour importation ou exportation illicites<br />

de stupéfiants en bande organisée (Nouveau code pénal, article 222-36 2ème alinéa).<br />

réclusion criminelle à perpétuité <strong>et</strong> 50 000 000 F d'amende pour direction ou organisation d'un<br />

groupement ayant pour obj<strong>et</strong> la production, la fabrication, l'importation, l'exportation, le transport,<br />

la détention, l'offre, la cession, l'acquisition ou l'emploi illicites de stupéfiants (Nouveau code<br />

pénal, article 222-34).<br />

A toutes ces peines peuvent s’ajouter des peines complémentaires telles que :<br />

l’interdiction de séjour <strong>et</strong> l’interdiction du territoire français,<br />

l’interdiction des droits civiques.<br />

La loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 introduit dans le droit pénal deux<br />

nouveaux types d’infractions commises en bande organisée, dont le trafic de<br />

stupéfiants, classé dans la catégorie des crimes <strong>et</strong> délits commis à<br />

l’encontre des personnes, au même titre que le proxénétisme.<br />

Pour une comparaison des lois antidrogue selon les pays : « Tour du monde des<br />

législations » www.routard.com/mag_ dossiers.asp?id_dm=31&ordre=5.<br />

La résolution de FRANCFORT (1994) :<br />

Un texte pour échanger <strong>et</strong> réfléchir ...<br />

Les constatations des signataires:<br />

"1. Les tentatives afin d'endiguer l'offre <strong>et</strong> la consommation de drogues dans nos sociétés<br />

ont échoué. La demande de drogue est restée constante.<br />

2. La toxicomanie est un phénomène de société, que toutes les mesures anti-drogue ne<br />

peuvent empêcher, mais tout au plus réguler <strong>et</strong> éventuellement limiter ...<br />

3. Les politiques en matière de drogues, qui prétendent combattre la toxicomanie en ayant<br />

exclusivement recours au droit pénal <strong>et</strong> à la contrainte à l'abstinence, <strong>et</strong> qui présentent<br />

celle-ci comme la condition de l'octroi de l'aide de l'Etat, ont échoué. La demande de<br />

drogue continue, l'état de misère sanitaire <strong>et</strong> sociale des toxicomanes s'aggrave, de plus en<br />

plus de toxicomanes sont séropositifs, de plus en plus de toxicomanes meurent, le trafic<br />

illégal de la drogue <strong>et</strong> ses profits prennent de plus en plus d'ampleur, alors que la peur des<br />

citoyens augmente face à la recrudescence du trafic de drogue <strong>et</strong> du crime organisé.<br />

4. Le problème de la drogue ne repose pas uniquement sur les propriétés pharmacologiques<br />

des drogues, mais surtout sur le caractère illégal que représente la consommation de<br />

drogue.<br />

L’aspect criminel de la toxicomanie, représente un obstacle aux aides <strong>et</strong> aux thérapies <strong>et</strong><br />

pose à la police <strong>et</strong> à la justice un problème qu'ils ne peuvent résoudre.<br />

5. Les <strong>toxicomanies</strong> vivent en majorité dans les grandes villes ou bien y viennent, car c'est<br />

là que se trouvent le marché, le milieu, mais aussi les aides".<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

29


Les déductions des signataires de la résolution de Francfort :<br />

"1. Les priorités dans le domaine des politiques en matière de drogues doivent être<br />

radicalement modifiées. L’aide apportée aux toxicomanes, ne doit pas cacher des poursuites<br />

pénales, mais doit au contraire être le but des politiques en matière d'éducation <strong>et</strong><br />

d'information. En ce qui concerne la toxicomanie, la majorité des toxicomanes devra<br />

avoir accès aux infrastructures d'aide sanitaire <strong>et</strong> sociale, alors que les mesures de<br />

rétorsion devront se limiter à la minorité d'entre eux. Il faudra donner la priorité aux<br />

poursuites pénales destinées à la lutte contre les réseaux de drogue illégaux ...<br />

L’aide ne doit pas se limiter au but de la désintoxication mais doit aussi perm<strong>et</strong>tre au<br />

toxicomane de mener une vie décente tout en consommant de la drogue.<br />

2. Nous devons, dans le cadre de la politique en matière de drogue, opérer une séparation<br />

entre le cannabis (haschisch) <strong>et</strong> les autres drogues illégales, dans le potentiel de<br />

dépendance, le danger <strong>et</strong> l'implantation dans nos sociétés doivent être clairement<br />

différenciés.<br />

3. La distribution de seringues stériles ainsi que les traitements de substitution à l'aide de<br />

méthadone, sont des moyens de circonscrire le mal.<br />

4. Les conditions juridiques requises, afin d'installer des services spéciaux pour toxicomanes,<br />

où ils pourraient consommer de la drogue sous surveillance doivent être réalisées.<br />

5. L’administration de drogue sous contrôle médical aux toxicomanes de longue durée,<br />

devra être soumise à un examen sans préjugés dans l'optique d'une diminution de la<br />

nuisance pour le patient <strong>et</strong> devra perm<strong>et</strong>tre une mise à l'épreuve dans le cadre scientifique.<br />

6.... travail commun <strong>et</strong>... consultation entre les grandes villes <strong>et</strong> leur régions au suj<strong>et</strong> des<br />

politiques en matière de drogue, <strong>et</strong> ceci également entre les grandes villes des différents<br />

pays européens. En eff<strong>et</strong>, si un nombre limité de grandes villes pratiquaient une politique<br />

en matière de drogue, basée sur l'acceptation de la toxicomanie <strong>et</strong> l'aide ouverte, celles-ci<br />

attireraient irrésistiblement les toxicomanes <strong>et</strong> seraient rapidement saturées".<br />

Les requêtes des signataires :<br />

... " 2. Nous demandons que l'acquisition, la détention <strong>et</strong> la consommation de cannabis, ne<br />

soient plus considérées comme des actes criminels. Son commerce devra être instauré<br />

légalement.<br />

3. Nous demandons que les utilisateurs <strong>et</strong> les utilisatrices d'autres drogues illégales ne<br />

soient pas punis pour l'acquisition, la détention <strong>et</strong> la consommation de celles-ci en quantités<br />

infimes <strong>et</strong> destinées à leurs propres besoins.<br />

4. Nous demandons que les conditions juridiques, d'organisation <strong>et</strong> de financement pour<br />

l'extension nécessaire de l'administration de méthadone, soient établies... ainsi qu’un suivi<br />

médical <strong>et</strong> scientifique des toxicomanes après l'administration de drogue... ».<br />

L’accord des signataires :<br />

" Dans le cadre de l'unité européenne <strong>et</strong> de l'ouverture des frontières, il s'agit d'une situation<br />

qui ne pourra être combattue qu’au niveau international <strong>et</strong> grâce à une coordination entre<br />

les villes intéressées... renforcement de la concertation européenne... rencontres<br />

régulières entre les coordinateurs ... échange de savoir-faire dans les domaines de l'aide<br />

aux toxicomanes, de la prévention, du rôle de la police <strong>et</strong> des infrastructures sanitaires ...<br />

harmonisations nécessaires des systèmes juridiques nationaux... en considérant les<br />

toxicomanes hors du domaine criminel ou pénal <strong>et</strong> sur les fondements d'une limitation du<br />

fléau de la drogue ".<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

30


Un texte opposé : « Drogue légalisée, mort autorisée » :<br />

Psychiatre, directeur médical du Trait d'union, centre d'aide aux toxicomanes, le<br />

docteur Francis Curt<strong>et</strong> est un adversaire convaincu ... de la légalisation de la drogue.<br />

Il explique pourquoi :<br />

Ce n'est pas un hasard si le discours sur la<br />

légalisation de la drogue coïncide avec l’apparition<br />

du sida. On espère ainsi éviter le partage des<br />

seringues. Mais, ce faisant, on lutte contre une<br />

maladie en favorisant un autre phénomène non<br />

moins meurtrier. Car la légalisation de la drogue<br />

fera peut-être mal aux narco-trafiquants mais<br />

sûrement plus mal encore aux toxicos.<br />

1-) Pour anéantir le marché clandestin, il faudrait<br />

légaliser toutes les drogues, sans exception :<br />

cannabis, opium, héroïne, cocaïne, mais aussi crack,<br />

ectasy, ice ... En somme, m<strong>et</strong>tre le poison à la portée<br />

de toutes les bourses. Naturellement, il faudrait<br />

aussi autoriser la drogue aux mineurs.<br />

2-) L'appel ou secours exprimé par la prise de<br />

drogue serait définitivement méprisé : « Droguezvous,<br />

nous ferons le reste ». Le reste, c'est la<br />

maîtrise <strong>et</strong> le contrôle des marginaux dans une<br />

clochardisation à vie dont s'enorgueillit curieusement<br />

la municipalité d'Amsterdam.<br />

3-) Si nos coutumes perm<strong>et</strong>tent à la plupart d'entre<br />

nous d'user de l'alcool sans en abuser, comme les<br />

Asiatiques peuvent user de l'opium, il ne faut pas<br />

oublier qu'aucun Occidental ne peut prétendre<br />

maîtriser des drogues « dures » caractéristiques de<br />

cultures fondamentalement différentes.<br />

4-) Qu'est-ce qu'un toxico ? Quelqu'un qui souffre<br />

psychologiquement. Sa prise de produit nous signifie<br />

que l'existence que nous lui préparons, nous adultes,<br />

ne l'intéresse pas. Il veut à la fois fuir une réalité<br />

qu'il ne supporte pas, <strong>et</strong> lancer un défi à la société.<br />

Alors, si on lui supprime le risque <strong>et</strong> la transgression<br />

des interdits, il se tournera vers d'autres formes de<br />

violence : suicide, conduite à contresens sur les<br />

autoroutes, <strong>et</strong>c. En 1971, quand la French<br />

connection a été démantelée, le nombre<br />

d’héroïnomanes a baissé, mais les suicides ont augmenté<br />

dans la même proportion.<br />

5-) Enfin, si l'Etat devient dealer <strong>et</strong> le soignant<br />

distributeur de mort, comment espérer encore c<strong>et</strong>te<br />

étincelle de confiance qui perm<strong>et</strong> au toxico de<br />

trouver quelqu'un à qui parler de tout ce qu'il avait<br />

préféré taire <strong>et</strong> fuir dans la drogue.<br />

Réduire le problème de la drogue à l’offre, c'est<br />

oublier l'essentiel : la demande. Beaucoup de jeunes<br />

disent « non » aux dealers. Ce sont ceux qui disent<br />

«oui » qui font problème. Les 9/10 de ceux qui<br />

fument un joint le font par curiosité <strong>et</strong>, si les parents<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur<br />

ne dramatisent pas, ils s'arrêtent. Mais ceux qui<br />

prennent de l’héroïne, c'est qu'ils sont mal. Ils savent<br />

qu'ils risquent le sida, la prison... La vie, pour eux, ne<br />

vaut pas la peine d'être vécue. Pour qu'elle ait un peu<br />

de prix, il leur faut sans cesse frôler la mort. Comme<br />

James Dean dans La Fureur de vivre.<br />

Notre boulot, à nous, thérapeutes, c'est de leur<br />

dire: « La drogue ne résout rien. Elle mène à une<br />

impasse. S'il y a des choses qui ne vont pas dans<br />

votre vie, il existe des gens avec qui parler, pour vous<br />

aider à trouver des issues possibles. »<br />

Mais on ne peut pas à la fois donner aux jeunes un<br />

poison qui ne résout rien <strong>et</strong> leur demander de nous<br />

faire confiance. Même pendant la désintoxication, si<br />

nous leur donnons de la drogue à doses dégressives,<br />

nous ne sommes plus que des dealers légaux. Et ils<br />

n'auront pas envie de parler avec nous, car c'est<br />

exactement comme si on leur disait: « Votre douleur<br />

ne nous intéresse pas. » C'est l'attitude des parents<br />

qui se débarrassent d'un enfant à problèmes avec un<br />

bill<strong>et</strong> de 500 F.<br />

C<strong>et</strong>te tendance à la légalisation survient aussi au<br />

moment où certains pays, comme les Etats-Unis,<br />

connaissent un échec compl<strong>et</strong> dans leur lutte contre la<br />

toxicomanie.<br />

Pourtant, je crois qu'on peut encore gagner la<br />

bataille. 1°) En luttant contre la blanchiment de<br />

l'argent. 2°) En aidant les pays du fiers monde à<br />

r<strong>et</strong>rouver dignité <strong>et</strong> autonomie. Leur misère fait la<br />

richesse des marchands d'armes <strong>et</strong> de drogues. 3°) En<br />

développant la prévention.<br />

La prévention, c'est informer les magistrats, les<br />

médecins, les enseignants ; créer des réseaux de<br />

solidarité dans les communes ; concevoir des<br />

émissions pour le grand public. Mais on ne peut plus<br />

se perm<strong>et</strong>tre de laisser la responsabilité de ces<br />

émissions à des gens pleins de bonne volonté mais<br />

incompétents. Il ne viendrait à l'idée de personne de<br />

confier la prévention du cancer à Rika Zaraï ... ».<br />

Propos recueillis par<br />

Claude - Marie TRÉMOIS.<br />

TÉLÉRAMA N° 2092 -<br />

14 février 1990.<br />

31


La circulaire relative à la lutte contre les <strong>toxicomanies</strong> <strong>et</strong> les dépendances du 8 avril 2005<br />

Diffusée le 8 avril 2005 par le ministre de la Justice, elle déclare que " l'esprit de la politique<br />

choisie par le gouvernement en matière de répression de la consommation de drogues est d'afficher<br />

un discours de ferm<strong>et</strong>é mais de privilégier les réponses sanitaires."<br />

Le ministre de la Justice préconise une réponse pénale systématique à l'égard de tout acte d'usage<br />

de stupéfiants afin de ne pas " banaliser l'acte de consommation " mais le texte recommande<br />

toutefois aux parqu<strong>et</strong>s d'orienter prioritairement les personnes interpellées vers les structures de<br />

soins. Les poursuites devant le tribunal correctionnel, <strong>et</strong> les incarcérations devront ainsi demeurer<br />

exceptionnelles.<br />

La circulaire préconise donc une réponse pénale graduée en fonction de la consommation des<br />

usagers : · classement sans suite avec rappels à la loi pour les majeurs sans antécédents judiciaires<br />

<strong>et</strong> détenant de " très faibles quantités de stupéfiants " ; · classement avec une orientation sanitaire<br />

ou sociale pour les " consommateurs occasionnels ou réguliers " de cannabis ; · l'injonction<br />

thérapeutique " qui implique un suivi médical strict, vise les usagers de drogues dures ou<br />

polytoxicomanes " ; · les poursuites devant le tribunal correctionnel sont réservées " aux<br />

récidivistes ainsi qu'aux usagers refusant de se soum<strong>et</strong>tre aux alternatives "<br />

Remarque : En ce qui concerne les mineurs " premiers consommateurs de cannabis ", la circulaire<br />

préfère l'orientation vers une structure sanitaire ou sociale au " classement sans suite avec rappel à<br />

la loi " largement utilisé précédemment qui contribuerait à asseoir le sentiment de banalisation <strong>et</strong><br />

d'impunité ressenti par une partie non négligeable des jeunes consommateurs.<br />

La justice considère en eff<strong>et</strong> que l'orientation perm<strong>et</strong> de délivrer un message sanitaire clair <strong>et</strong><br />

suffisant pour prévenir toute récidive.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 32


IV- LES DIFFERENTES SORTES DE DROGUES ET LEURS EFFETS :<br />

La classification de Delay <strong>et</strong> Deniker (1957) concernait l’ensemble des psychotropes qu’ils aient<br />

une visée thérapeutique ou un but stupéfiant.<br />

3 grandes catégories étaient distinguées :<br />

1 - Stimulants ou psychostimulants ou psychoanaleptiques qui stimulent<br />

l’activité mentale :<br />

- Amphétamines = amines de réveil <strong>et</strong> leurs dérivés qui accroissent la vigilance<br />

- Les psychostimulants « mineurs » : (caféine, vitamine C...)<br />

- Les antidépresseurs.<br />

2 - Sédatifs ou hypnotiques au sens large ( de hypnos) qui induisent le sommeil<br />

ou psycholeptiques (éthymologiquement « qui prennent la pensée ») :<br />

- les hypnotiques au sens strict ou « soporifiques » ou « somnifères » :<br />

* les hypnotiques barbituriques (leur nom se termine en « AL »<br />

* les hypnotiques non barbituriques comme le bromure de potassium.<br />

- les neuroleptiques = antipsychotiques = tranquillisants majeurs :<br />

* les phénothiazines dérivées de la chlorpromazine.<br />

Le Théralène ® (sirop à base d’alimémazine) appartient aussi à ce groupe. Il en est de<br />

même de la prométhazine = Phénergan ®.<br />

* les réserpiniques. La réserpine est une molécule extraite de la racine d’un arbuste<br />

indien appellé « la Rauwolfia ».<br />

* les butyrophénones. Le 1er composé de la série est l’halopéridol utilisé comme antihallucinatoire<br />

( = Haldol ®) ...<br />

- les tranquillisants dits « mineurs » :<br />

Ils se distinguent des hypnotiques par le fait qu’ils ne provoquent pas à proprement parler le<br />

sommeil <strong>et</strong> des neuroleptiques par leur action antipsychotique réduite. On les désigne encore<br />

sous le nom d’ « anxiolytiques ».<br />

* anxiolytiques du groupe des benzodiazépines.<br />

* imidazopyridines (zolpidem = Stilnox ®) + cyclopyrrolones (zopiclone = Imovane ®). ...<br />

3 - Psychodysleptiques (hallucinogènes + stupéfiants, alcool + anesthésiques<br />

volatils) qui dévient l’activité mentale .<br />

Nous distinguerons pour notre part :<br />

IV A) LE TABAC -------- pages 34 à 49 ----- <strong>et</strong> L’ALCOOL ------------- pages 50 à 58<br />

IV B) LE CANNABIS -------------------------------------------------------------- pages 59 à 69<br />

IV C) LES DROGUES DES RAVE - PARTIES : amphétamines <strong>et</strong> dérivés (ice, shabu, ectasy<br />

...) , kétamine <strong>et</strong> L.S.D. ------------------------------------------- pages 70 à 82<br />

IV D) LA COCAÏNE ET LE CRACK ----------------------------------------- pages 83 à 91<br />

IV E) D’AUTRES DROGUES A LA MODE ------------------------------- pages 92 à 97<br />

IV F) LES OPIACES : ----------------------------------------------------------- pages 98 à 112<br />

IV G) LES SOLVANTS ET LA SPIROMANIE -------------------------- pages 113 à 116<br />

IV H) LES POPPERS ----------------------------------------------------------- pages 117 à 118<br />

IV I) LES MEDICAMENTS PSYCHOTROPES -------------------------- pages 119 à 123<br />

IV J) LE DOPAGE DES SPORTIFS ---------------------------------------- pages 124 à 132<br />

IV K) MESCALINE, PSILOCYBINE, IBOGAÏNE, KHAT, BETEL pages 133 à 144<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 33


Le Le tabac tabac :<br />

LA PLANTE ET SON<br />

HISTORIQUE :<br />

Le tabac (Nicotiana tabacum) est une<br />

plante annuelle, herbacée <strong>et</strong> pubescente (=<br />

pourvue de poils) de 1 à 2 mètres de haut à<br />

tige arrondie <strong>et</strong> rameuse. Les fleurs sont<br />

rosées mais il existe des variétés horticoles<br />

de couleurs variées.<br />

L’espèce est originaire d'Amérique : il y<br />

a 3000 ans, les indiens roulaient des<br />

feuilles de tabac obtenir une sorte de grand<br />

cigare qu'ils appelaient “tabaco”. Elle a été<br />

introduite en Europe par Christophe<br />

Colomb qui l’avait découverte à Cuba en<br />

1492 : "hommes <strong>et</strong> femmes" avaient "un<br />

p<strong>et</strong>it tison allumé, composé d’une sorte<br />

d’herbe dont ils aspiraient le parfum<br />

suivant la coutume".<br />

1556 : le moine Angoumois André<br />

THEVET ramène pour la première fois des<br />

graines du tabac en France.<br />

1560 : c’est semble-t-il, Catherine de<br />

Médicis qui contribua, vers la fin du XVI<br />

ème siècle, à répandre l’usage du tabac. Ce<br />

tabac lui avait été envoyé par NICOT,<br />

jeune ambassadeur de France au Portugal.<br />

La reine de France prisait pour calmer ses<br />

migraines <strong>et</strong> celles de son fils François II.<br />

Le tabac devient « l’herbe-à-la-Reine ».<br />

En 1642, le pape Urbain VIII interdit la<br />

consommation de tabac sous peine<br />

d’excommunication.<br />

En 1674, Colbert fait de la fabrication, de<br />

la vente <strong>et</strong> de la distribution du tabac, un<br />

privilège royal... c’est l’ancêtre du monopole. Durant la révolution, en 1791, l’assemblée nationale donne<br />

la liberté de culture, de fabrication <strong>et</strong> de vente du tabac mais Napoléon « recrée » le monopole en 1811.<br />

1809 : Nicolas Louis Vauquelin (1763-1829) isole le principe actif : la nicotine.<br />

Les 1ères cigar<strong>et</strong>tes manufacturées sont apparues à Paris en 1842. 1868 : création de l’Association<br />

Française contre l’abus du tabac (Pasteur en faisait partie). En 1944, les G.I. américains introduisent les<br />

cigar<strong>et</strong>tes blondes.<br />

1950 : Le tabac est cultivé dans 55 départements, avec 105 000 producteurs sur 28 000 hectares.<br />

21 avril 1970 : l'abolition du Monopole. 21 janvier 1971 : création de la 1 ère coopérative tabacole en<br />

Alsace.<br />

Jusqu’au milieu du XX ème PLANTS DE TABAC.<br />

siècle presque personne ne s’inquiétait de la toxicité éventuelle de ces<br />

pratiques... Les premiers soupçons remontent à 1947 lorsque le "Medical Recharch" anglais signala une<br />

augmentation du nombre de cancers du poumon. Ceci fut confirmé en 1962.<br />

Photo extraite de "Textes <strong>et</strong> documents pour la classe" n° 674, avril 1994.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 34


DE LA TOXICITE DU TABAC :<br />

L’analyse sanguine pratiquée sur un tabagique montre généralement :<br />

une augmentation du nombre des globules rouges ou polyglobulie.<br />

un accroissement des globules blancs ou polynucléose.<br />

une élévation des plaqu<strong>et</strong>tes ou hyperplaqu<strong>et</strong>tose.<br />

dans le plasma, le fibrinogène est souvent accru <strong>et</strong> constitue l’un des facteurs du risque<br />

vasculaire.<br />

La fumée du tabac contient 4000 substances dont<br />

plus de 500 cancérigènes.<br />

Cela explique que le tabagisme soit le principal<br />

responsable, en France, de 90 % des cancers des<br />

poumons (risque X 10 par rapport aux non-fumeurs)<br />

<strong>et</strong> de 65 % des cancers ORL sans compter 40 % des<br />

cancers de la vessie... au total 1/3 des cancers.<br />

Le tabac est également cause de 80 à 90 % des<br />

artérites, de 35 % des infarctus du myocarde (risque<br />

X 3 ou 4 pour 20 cigar<strong>et</strong>tes par jour) <strong>et</strong> de 80 % des<br />

broncho-pneumopathies chroniques obstructives<br />

(BPCO) qui conduisent à l’insuffisance respiratoire<br />

chronique.<br />

Le tabac tue chaque année 450 000 personnes en<br />

Europe <strong>et</strong> 60 000 en France 1 Cancer pulmonaire bilatéral.<br />

soit 10 % de la totalité<br />

CNRI/SPL/Cosmos.<br />

des décès (dont 20 000 par infarctus <strong>et</strong> 25 000 par<br />

insuffisance respiratoire). Le fait de fumer 20 cigar<strong>et</strong>tes par jour diminue de 7 à 8 ans<br />

l’espérance de vie.<br />

Chez les femmes, il augmente les fausses couches spontanées de 20%, accroît les grossesses extrautérines<br />

<strong>et</strong> avance la ménopause de 1,5 à 2 ans.<br />

Chez les femmes ménopausées, il est un facteur de risque de fracture du col du fémur : 1<br />

fracture du col sur 8 est due au tabac. L’augmentation des risques est de 17 % à 60 ans, 41 % à<br />

70 ans, 71 % à 80 ans <strong>et</strong> 108 % à 90 ans (méta analyse publiée en octobre 1997 <strong>et</strong> portant sur 29<br />

études regroupant 2156 fumeuses <strong>et</strong> 9705 non-fumeuses + 19 autres études totalisant 3889 fractures<br />

du col non imputables à un traumatisme ou à un cancer). Chez les fumeuses, la densité osseuse<br />

diminue de 2 % de plus tous les 10 ans à partir de la ménopause (avant celle-ci, les fumeuses <strong>et</strong> les<br />

non-fumeuses ont des densités osseuses comparables).<br />

Chez les hommes il élève la fréquence des obstructions des artères péniennes à l’origine<br />

d’impuissance (+ 15 % si 1 paqu<strong>et</strong>/jour durant 5 ans <strong>et</strong> + 72 % si même quantité durant 20 ans).<br />

Récemment (1997), il a été montré que le tabac perturbait également le sommeil avec<br />

augmentation de la latence d’endormissement, présence d’un plus grand nombre d’éveils<br />

intrasommeil <strong>et</strong> moins de sommeil profond. Les ronflements sont fréquents. L’étude devra se<br />

poursuivre pour bien distinguer les eff<strong>et</strong>s associés de l’alcool, du café <strong>et</strong> de la dépression.<br />

La fumée de cigar<strong>et</strong>te renferme essentiellement, outre les substances cancérigènes, trois autres<br />

toxiques : la nicotine, le monoxyde de carbone, le benzopyrène <strong>et</strong> les autres substances<br />

cancérigènes.<br />

1 55000 hommes <strong>et</strong> 5000 femmes mais le nombre des femmes progresse...<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 35


LES EFFETS PHYSIOLOGIQUES DE LA NICOTINE :<br />

Aux doses que s'administre le fumeur, la nicotine :<br />

1. Entraîne une vasoconstriction périphérique, une<br />

tachycardie (= accroissement du rythme cardiaque) <strong>et</strong> une<br />

élévation de la pression artérielle.<br />

2. Elle modifie par ailleurs l'équilibre du système nerveux<br />

central en stimulant l'activité cérébrale : elle augmente la<br />

vigilance, les facultés de concentration intellectuelles, <strong>et</strong>,<br />

dans un premier temps, les activités de mémoire. Chez<br />

d'autres fumeurs, elle apporte au contraire un eff<strong>et</strong><br />

tranquillisant <strong>et</strong> anxiolytique <strong>et</strong> diminue ainsi les<br />

angoisses latentes.<br />

La nicotine peut donc être tour à tour sédative ou excitante <strong>et</strong> euphorisante.<br />

3. Chez la femme :<br />

* La nicotine franchit la barrière placentaire <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>ard de<br />

croissance in utero du fo<strong>et</strong>us est nicotine-dépendant. Le<br />

tabagisme est responsable de 30 % des enfants à bas poids<br />

de naissance. Les fumeuses ont 2 fois plus d’enfants pesant<br />

moins de 2500 grammes que les non-fumeuses. La réduction<br />

pondérale est proportionnelle au nombre de cigar<strong>et</strong>tes<br />

fumées chaque jour.<br />

* La nicotine diminue de façon dose-dépendante la<br />

production des oestrogènes mais n’a pas d’eff<strong>et</strong> sur celle de<br />

la progestérone. Ceci a, en particulier, été prouvé sur<br />

cultures cellulaires humaines (de granulosa).<br />

L’action de la nicotine diminue les pathologies<br />

estrogénodépendantes : fibrome, endométriose, <strong>et</strong> cancer de<br />

l’endomètre ( de 50 %). On n’a pas, par contre, observé d’eff<strong>et</strong>s sur les cancers du sein que<br />

celui-ci présente ou non des récepteurs aux oestrogènes.<br />

La diminution des oestrogènes induit un accroissement de l’ostéoporose avec augmentation de<br />

la fréquence des fractures qui se produisent à un âge plus précoce.<br />

4. La cotinine, produit de dégradation de la nicotine <strong>et</strong> souvent considérée comme ayant peu<br />

d’eff<strong>et</strong>s néfastes, diminue en fait les défenses immunitaires. Son action sur le nombre de cellules de<br />

Langerhans épithéliales semble accroître le risque de cancer du col de l’utérus ( de 50 %),<br />

cancer de l’utérus qui est dû à un virus.<br />

La dose de nicotine inhalée est variable d'un individu à l'autre. Car le fumeur<br />

absorbe le taux de nicotine que son organisme réclame. En étudiant chez des fumeurs, à la<br />

fois la consommation de cigar<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> la quantité de nicotine administrée, on observe un<br />

phénomène «d'autotitration» de la nicotine. Certaines expériences ont ainsi mis en<br />

évidence que si l'on diminue les teneurs en nicotine du tabac, le fumeur compense<br />

systématiquement en modifiant sa façon de fumer (en fumant plus longtemps <strong>et</strong> plus<br />

souvent, par exemple) pour maintenir les mêmes taux de nicotine.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 36


ABSORPTION ET ELIMI-<br />

NATION DE LA NICOTINE :<br />

Jean Nicot.<br />

« L'absorption nicotinique se fait (à<br />

pH alcalin) par les muqueuses<br />

buccales pour le tabac à chiquer, le<br />

cigare, la pipe, <strong>et</strong> par les muqueuses<br />

nasales pour le tabac à priser.<br />

A pH acide (pour la plupart des<br />

cigar<strong>et</strong>tes), l'absorption buccale est<br />

faible.<br />

S'il y a inhalation, la nicotine est<br />

absorbée à 90 % par les alvéoles<br />

pulmonaires qui sont atteintes très<br />

rapidement par la fumée de cigar<strong>et</strong>te<br />

(élévation rapide de la nicotinémie,<br />

diffusion vers les structures cérébrales<br />

<strong>et</strong> fixation sur des récepteurs<br />

spécifiques en 7 secondes) ».<br />

« Quotidien du pharmacien » n° 1941 du<br />

17/101/1991<br />

La nicotine se dégrade ensuite dans<br />

l'organisme de 2 manières ;<br />

* La plus grande part (70 %) est<br />

trans-formée par oxydation par le foie<br />

en cotinine, substance moins toxique,<br />

dénuée d'action psycho actives, sans<br />

eff<strong>et</strong> d'accoutumance.<br />

* Le reste est éliminé par les urines,<br />

soit directement, soit après oxydation.<br />

NICOTINE :<br />

La nicotine est la principale substance responsable de la<br />

dépendance au tabac. Très rapidement, elle va induire<br />

tolérance puis dépendance psychique (dès que la<br />

consommation atteint 5 ou 6 cigar<strong>et</strong>tes par jour) <strong>et</strong> enfin<br />

dépendance physique après plusieurs années. Le besoin<br />

de renouvellent de la dose de nicotine chez un individu<br />

dépendant se chiffre à une demi-heure. Toutes les ½ h<br />

donc, les récepteurs cérébraux sur lesquels se fixe la<br />

nicotine réclament un autre apport. Sinon, un sentiment<br />

de manque, de malaise apparaît. Et l’agressivité<br />

augmente, due à la décharge d'adrénaline <strong>et</strong> de<br />

noradrénaline accompagnant souvent ce manque. Ainsi<br />

s'installe la dépendance pharmaco-logique du tabac.<br />

La molécule de nicotine ressemble par sa forme à un<br />

neurotransm<strong>et</strong>teur (pas seulement cérébral) : l’acétylcholine<br />

qui peut se fixer sur 2 types de récepteurs : les<br />

récepteurs nicotiniques <strong>et</strong> les récepteurs muscariniques.<br />

La nicotine se fixe sur les récepteurs nicotiniques en<br />

prenant la place de l’acétylcholine. Elle stimule ainsi les<br />

neurones du noyau accumbens <strong>et</strong> de l’aire tegmentale<br />

ventrale. Les neurones de ces 2 structures libèrent<br />

localement de la dopamine. Celle-ci, à son tour stimule le<br />

« système de récompense » du cerveau.<br />

Sur le plan physiologique, fumer est un acte aux eff<strong>et</strong>s<br />

complexes, dominés par ceux de la nicotine, qui agit sur<br />

l'organisme comme un véritable piège.<br />

Le système de récompense est la source de la<br />

sensation de plaisir.<br />

Toutes les drogues font intervenir ce système.<br />

Le dosage de la cotinine dans le<br />

sang, dans la salive <strong>et</strong> dans l’urine perm<strong>et</strong> de quantifier l’exposition au tabagisme actif, mais<br />

surtout au tabagisme passif. La concentration moyenne de la cotinine dans l’urine d’un non fumeur<br />

exposé à la fumée ambiante est de 40 mg/ml. La concentration moyenne pour un fumeur actif se<br />

situe aux environs de 1500 mg/ml.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 37


MONOXYDE DE CARBONE :<br />

Présent dans la fumée de cigar<strong>et</strong>te, le monoxyde de<br />

carbone (CO) rejoint les poumons <strong>et</strong> à ce niveau se fixe sur<br />

l'hémoglobine des globules rouges. Il se forme ainsi de la<br />

carboxyhémoglobine, inapte au transport de l'oxygène.<br />

L’affinité du CO pour l'hémoglobine est 250 fois supérieure<br />

à celle de l'oxygène. Conséquence : le CO réduit de 15 à 20<br />

% le taux d'oxygène en circulation. Une personne qui fume<br />

1 paqu<strong>et</strong> de cigar<strong>et</strong>tes par jour voit son taux d'oxygène<br />

dans le sang diminué comme s'il vivait à une altitude de 2<br />

000 mètres.<br />

Il s’ensuit une diminution de l'oxygénation tissulaire.<br />

L'existence <strong>et</strong> l'intensité de la dépendance tabagique<br />

peuvent être mesurées par le taux de monoxyde de carbone<br />

contenu dans l'air expiré.<br />

GOUDRONS ET SUBSTANCES<br />

IRRITANTES :<br />

Mais le tabac, c'est aussi :<br />

Les goudrons ou benzopyrènes, connus<br />

comme agents cancérigènes ;<br />

Chez l'animal, le badigeonnage par des goudrons provoque<br />

l’apparition de tumeurs cutanées.<br />

Chaque cigar<strong>et</strong>te renferme de 20 à 40 nanogrammes de<br />

benzo(a)pyrène qui est transformé dans l’organisme en<br />

BPDE. Le BPDE détermine des carcinogenèses en<br />

provoquant des mutations dans un gène inhibiteur de la<br />

division cellulaire : le gène P 53. Les mutations de ce gène<br />

sont responsables de 60 % des cancers bronchopulmonaires.<br />

On peut également signaler d’autres substances<br />

cancérigènes contenues dans la fumée de tabac : le<br />

cadmium, le naphthylamine, la toluidine, l’uréthane, la<br />

dibenzacridine <strong>et</strong> le polonium 210 ...<br />

Au cours des années 1960, le nombre de cancers squameux<br />

(touchant les grosses bronches) était 3 fois plus fréquent<br />

que l’adénocarcinome (qui se développe dans les<br />

ramifications beaucoup plus fines). Avec l’arrivée des<br />

filtres <strong>et</strong> des cigar<strong>et</strong>tes légères, le nombre<br />

d’adénocarcinomes a été multiplié par 10 chez les hommes<br />

Le « CO-analyseur » perm<strong>et</strong> de mesurer en<br />

quelques secondes le taux de monoxyde de<br />

carbone dans l’air expiré : le patient souffle<br />

dans l’embout <strong>et</strong> son degré d’intoxication par<br />

l’oxyde de carbone s’affiche sur un écran à<br />

cristaux liquides.<br />

Photographie extraite de « Recherche <strong>et</strong> santé »<br />

n° 72 d’octobre 1997.<br />

Document du site p.arvers.free.fr/<br />

Tabac/journe<strong>et</strong>abac2000.htm.<br />

<strong>et</strong> par 17 chez les femmes. Explication : la fumée de cigar<strong>et</strong>tes était autrefois trop irritante pour être<br />

profondément inhalée <strong>et</strong> les goudrons se déposaient dont moins profondément qu’aujourd’hui.<br />

Les substances irritantes, qui provoquent chez certains fumeurs des affections<br />

respiratoires chroniques. Ainsi, la bronchite chronique du fumeur est en grande partie due à des<br />

substances irritantes comme les nitrosamines, qui paralysent les cils vibratoires bronchiques <strong>et</strong><br />

provoquent une stase du mucus. 1 cigar<strong>et</strong>te 20 mn de paralysie des cils bronchiques. Il s’ensuit une<br />

perturbation dans l’activité du système immunitaire (globules blancs du type macrophages) des voies<br />

respiratoires.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 38


Jean-Pierre Geslin, professeur. 39


Tableau synthétique :<br />

principaux constituants<br />

du tabac <strong>et</strong> leurs eff<strong>et</strong>s.<br />

NITROSAMINE :<br />

Paralysie des cils vibratiles bronchiques (20 mn pour 1 cigar<strong>et</strong>te) mauvais<br />

n<strong>et</strong>toyage de l’appareil respiratoire bronchite chronique du fumeur.<br />

NICOTINE :<br />

Absorbée au niveau de la muqueuse buccale (pipe, cigare, tabac à chiquer),<br />

nasale (tabac à priser) ou des alvéoles pulmonaires (cigar<strong>et</strong>te). Principale<br />

substance responsable de la dépendance au tabac (les récepteurs réclament un<br />

nouvel apport toutes les ½ heures. Le manque induit une décharge d’adrénaline <strong>et</strong><br />

de noradrénaline agressivité.<br />

Vasoconstriction périphérique, tachycardie (= du rythme cardiaque), de la<br />

pression artérielle.<br />

de la vigilance <strong>et</strong> de l’attention de la mémoire dans un 1 er temps.<br />

Eff<strong>et</strong> anxiolytique chez certains.<br />

Dégradation à 70 % en cotinine (substance moins toxique) par le foie. Le reste<br />

est éliminé par les urines (soit directement soit après oxydation).<br />

MONOXYDE DE CARBONE :<br />

Se fixe sur l’hémoglobine <strong>et</strong> la rend impropre au transport de l’oxygène de 15<br />

à 20 % du taux d’O2 en circulation.<br />

GOUDRONS (BENZOPYRENES) :<br />

Agent cancérigène responsable de 90 % des cancers du poumon <strong>et</strong> 65 % des<br />

cancers du nez <strong>et</strong> de la gorge. Cancers de l’oesophage en association avec l’alcool.<br />

LE TABAC TUE CHAQUE ANNEE EN EUROPE 450 000 PERSONNES.<br />

Chez les femmes, il augmente les fausses couches spontanées de 20%, accroît les<br />

grossesses extra-utérines <strong>et</strong> avance la ménopause de 1,5 à 2 ans.<br />

Chez les hommes il élève la fréquence des obstructions des artères péniennes à<br />

l’origine d’impuissance.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 40


Quand Quand Quand Quand est----il est est est il il il réellement réellement réellement réellement des des des des risques risques risques risques du du du du tabagisme tabagisme tabagisme tabagisme passif passif passif passif ????<br />

----------------------------------<br />

En 1982, 3 études avaient mis en évidence un<br />

risque accru de cancer du poumon pour les<br />

femmes de fumeurs non fumeuses. Ces<br />

travaux puis d’autres sur l’augmentation de la<br />

fréquence des maladies cardio-vasculaires<br />

chez les fumeurs passifs avaient été discutés<br />

sur un ton parfois polémique (en particulier<br />

par un industriel du tabac).<br />

Une méta analyse publiée en octobre 1997<br />

portant sur 19 études épidémiologiques montre<br />

que le tabagisme passif (toutes autres causes<br />

ajustées) accroît de 30 % le risque de maladies<br />

cardio-vasculaires (l’augmentation du risque<br />

est de 80 % chez les fumeurs).<br />

Une méta analyse aussi rigoureuse, portant<br />

sur 37 études, <strong>et</strong> également publiée en<br />

octobre 1997, montre que le risque du<br />

cancer du poumon est accru de 24 % chez les personnes soumises à un tabagisme<br />

passif (cf. « Impact Médecin Quotidien du 20 0ctobre 1997).<br />

Les oto-rhino-laryngologistes connaissent bien le « syndrome du week-end » qui se<br />

traduit par une élévation de la fréquence des otites <strong>et</strong> des rhino-pharyngites le lundi<br />

matin chez les enfants qui ont passé 2 jours en compagnie de parents ou de grandsparents<br />

fumeurs.<br />

De nombreuses études ont confirmé que les enfants exposés à l’inhalation passive du<br />

tabac souffrent d’une toux chronique avec encombrement bronchique <strong>et</strong> que ceux<br />

atteints d’asthme le voient s’aggraver avec augmentation de la production d’anticorps<br />

(de type immunoglobulines E).<br />

Le tabagisme passif = involontaire entraîne aux U.S.A., d’après c<strong>et</strong>te<br />

étude :<br />

* 3000 morts par cancers du poumon.<br />

* 35 000 à 62 000 morts par maladies cardio-vasculaires.<br />

* De 1900 à 2700 morts subites du nourrisson.<br />

* 150 000 à 300 000 bronchites <strong>et</strong> pneumonies chez les enfants âgés de<br />

moins de 18 mois (faisant de 136 à 212 morts)<br />

* 8 000 à 26 000 nouveaux cas d’asthme (sans compter les exacerbations<br />

d’asthme chez 400 000 à 1 000 000 enfants).<br />

* De 700 000 à 1 800 000 consultations pour otites.<br />

British Medical Journal du 18 octobre 1997.<br />

En France,<br />

un rapport<br />

de mai 1997<br />

estime que<br />

100 à 250<br />

cancers du<br />

poumon par<br />

an sont liés<br />

au<br />

tabagisme<br />

passif.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 41


Comportement en fonction de l’âge :<br />

Avant 10 ans, la répulsion :<br />

L’enfant est gêné par la fumée.<br />

Il tente de décourager ses parents <strong>et</strong><br />

ses grands parents de fumer.<br />

A 11-13 ans, une initiation<br />

clandestine :<br />

Curiosité<br />

Transgression de l’interdit.<br />

A 13- 15 ans comme les<br />

copains ...<br />

On s’efforce de fumer même si l’on<br />

trouve encore la cigar<strong>et</strong>te désagréable ...<br />

Afin de faire comme les copains.<br />

Pour se donner une contenance, s’affirmer, vaincre sa timidité.<br />

Afin de séduire.<br />

Rebuffe/BSIP<br />

Après 15 ans : fumer pour soi-même ...<br />

... On a déjà eu le temps de s'apercevoir :<br />

que le tabac calmait les nerfs, diminuait l’anxiété (liée par exemple à un échec scolaire).<br />

Les jeunes en classes d’apprentissage fument plus que les élèves de lycées. Il semble qu’il existe<br />

une relation inverse entre le tabagisme <strong>et</strong> le prestige des études<br />

(1997).<br />

stimulait la matière grise,<br />

donnait de l'assurance (une cigar<strong>et</strong>te au bout des doigts, ça<br />

pose un homme),<br />

facilitait le dialogue (version moderne du calum<strong>et</strong> de la<br />

paix),<br />

empêchait de grossir (le tabac a une légère action coupefaim).<br />

Bref, qu’il améliorait l'image de soi-même.<br />

Les filles fument plus les garçons entre 12 <strong>et</strong> 19 ans en 2002, en<br />

France.<br />

« A c<strong>et</strong> âge-là, le tabac ne parait pas encore constituer une<br />

vraie menace, <strong>et</strong> les chaînes sont encore assez légères à porter ».<br />

Pourtant, une enquête menée par l'unité 179 de l'INSERM<br />

(Institut National de la Santé <strong>et</strong> de la recherche médicale) a mis en évidence une relation<br />

statistiquement significative entre les habitudes tabagiques <strong>et</strong> les symptômes respiratoires (toux<br />

habituelle, essoufflement à l'effort, sifflements intrathoraciques <strong>et</strong> chez les plus âgés, expectorations<br />

chroniques) chez les adolescents qui commençaient à fumer.<br />

Extraits de que « Choisir ? » n° 250 de mai 1989 + « Info santé » n° 116 de juin 1988. Pharmacien<br />

+ Panorama du Médecin n° 4464 du 3/03/1997.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 42


Les recommandations de l’OMS :<br />

Afin de « libérer la nouvelle génération du tabac », le bureau régional de l’Organisation<br />

Mondiale de la Santé pour l'Europe a mis au point tout un programme d'éducation. Il vise à<br />

empêcher les moins de 11 ans de commencer à fumer <strong>et</strong> à aider ceux de 13 ans avant qu'ils<br />

ne deviennent dépendants du tabac. Au total, les recommandations suivantes ont été<br />

formulées :<br />

1 - Faire respecter l'interdiction<br />

totale de publicité <strong>et</strong> de<br />

promotion du tabac, même lors<br />

des manifestations sportives ou<br />

culturelles sponsorisées par les<br />

fabricants de cigar<strong>et</strong>tes.<br />

2 - Agir sur les parents en les<br />

incitant à ne plus fumer (l'OMS<br />

croit à la vertu de l'exemple).<br />

3 - Eduquer le public <strong>et</strong> l'amener<br />

à considérer l'usage du tabac<br />

comme indésirable.<br />

4 - Restreindre l'usage du tabac<br />

sur les lieux publics pour réduire<br />

l'exposition à la fumée, <strong>et</strong><br />

montrer que ne pas fumer en<br />

public est un comportement<br />

Photo. PHANIE<br />

social normal.<br />

5 - Interdire la vente aux jeunes ...<br />

6 - Faire figurer dans les écoles des programmes scolaires « tabac <strong>et</strong> santé ».<br />

7 - Augmenter le prix du tabac. C<strong>et</strong>te mesure, précise le rapport de l'OMS, a des<br />

répercussions directes sur les jeunes.<br />

L’Atlas du Tabac de l’OMS, produit en collaboration avec les Centers for Disease<br />

Control and Prevention (CDC) d’Atlanta aux Etats-Unis, <strong>et</strong> publié en 2002, offre un<br />

profil statistique unique de l’épidémie. Il montre que consommation de tabac<br />

augmente partout dans le monde. Un sur deux des jeunes fumeurs actuels<br />

mourra de causes liées au tabac.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 43


REGLEMENTATION :<br />

Loi n°91-32 du 10 janvier 1991 dite loi EVIN article 16 <strong>et</strong> codifié à l'article L.35511-7 du<br />

Code de la Santé Publique :<br />

Art. L. 3511-7 .- Il est interdit de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif, notamment scolaire,<br />

<strong>et</strong> dans les moyens de transport collectif, sauf dans les emplacements expressément réservés aux fumeurs.<br />

Loi n°2003-715 du 31 juill<strong>et</strong> 2003 article 5 <strong>et</strong> codifié à l'article L.35511-9 du Code de la<br />

Santé Publique:<br />

Art. L. 3511-9. - Dans le cadre de l'éducation à la santé, une sensibilisation au risque tabagique est<br />

organisée, sous forme obligatoire, dans les classes de l'enseignement primaire <strong>et</strong> secondaire.<br />

Décr<strong>et</strong> n°2003-462 du 21 mai 2003 fixe les conditions d'application de l'interdiction de fumer<br />

dans les lieux affectés à un usage collectif <strong>et</strong> a été codifié aux articles R.3511-1 à 13 <strong>et</strong> R.3512 du<br />

Code de la Santé Publique :<br />

Art. R. 3511-1 - L'interdiction de fumer dans les lieux<br />

affectés à un usage collectif prévue à l'article L. 3511-7<br />

s'applique :<br />

1- Dans tous les lieux fermés <strong>et</strong> couverts accueillant du<br />

public ou qui constituent des lieux de travail ;<br />

2- Dans les moyens de transport collectif ;<br />

3- Dans les lieux non couverts fréquentés par les élèves des<br />

écoles, collèges <strong>et</strong> lycées publics <strong>et</strong> privés, pendant la durée<br />

de c<strong>et</strong>te fréquentation.<br />

Art. R. 3511-2 -L'interdiction de fumer ne s'applique pas<br />

dans les emplacements qui sont mis à la disposition des<br />

fumeurs, au sein des lieux mentionnés à l'article R. 3511-1.<br />

Ces emplacements sont déterminés par la personne ou<br />

l'organisme responsable de ces lieux, en tenant compte de<br />

leur volume, disposition, condition d'utilisation, d'aération<br />

<strong>et</strong> de ventilation <strong>et</strong> de la nécessité d'assurer la protection des<br />

non-fumeurs.<br />

Art. R. 3511-3 -En dehors des cas régis par les articles R. 3511-9 à R. 3511-13 <strong>et</strong> de l'article 74-1 du<br />

décr<strong>et</strong> du 22 mars 1942 sur la police, la sûr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> l'exploitation des voies ferrées d'intérêt général <strong>et</strong><br />

d'intérêt local, les emplacements mis à disposition des fumeurs sont soit des locaux spécifiques, soit des<br />

espaces délimités qui doivent respecter les normes suivantes :<br />

a) Débit minimal de ventilation de 7 litres par seconde <strong>et</strong> par occupant, pour les locaux dont la ventilation<br />

est assurée de façon mécanique ou naturelle par conduits,<br />

b) Volume minimal de 7 mètres cubes par occupant, pour les locaux dont la ventilation est assurée par des<br />

ouvrants extérieurs.<br />

Un arrêté pris par le ministre chargé de la santé <strong>et</strong>, s'il y a lieu, par le ministre compétent, peut établir des<br />

normes plus élevées pour certains locaux en fonction de leurs conditions d'utilisation.<br />

Art. R. 3511-4 -Sous réserve de l'application de l'article R. 3511-5, dans les établissements mentionnés<br />

aux articles L. 231-1 <strong>et</strong> L. 231-1-1 du code du travail, il est interdit de fumer dans les locaux clos <strong>et</strong><br />

couverts, affectés à l'ensemble des salariés, tels que les locaux d'accueil <strong>et</strong> de réception, les locaux affectés<br />

à la restauration collective, les salles de réunion <strong>et</strong> de formation, les salles <strong>et</strong> espaces de repos, les locaux<br />

réservés aux loisirs, à la culture <strong>et</strong> au sport, les locaux sanitaires <strong>et</strong> médico-sanitaires.<br />

Art. R. 3511-5 -Dans les établissements mentionnés aux articles L. 231-1 <strong>et</strong> L. 231-1-1 du code du<br />

travail, l'employeur établit, après consultation du médecin du travail, du comité d'hygiène <strong>et</strong> de sécurité <strong>et</strong><br />

des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du personnel :<br />

- pour les locaux mentionnés à l'article R. 3511-4, un plan d'aménagement des espaces qui peuvent être, le<br />

cas échéant, spécialement réservés aux fumeurs ;<br />

- pour les locaux de travail autres que ceux prévus à l'article R. 3511-4, un plan d'organisation ou<br />

d'aménagement destiné à assurer la protection des non-fumeurs. Ce plan est actualisé en tant que de<br />

besoin tous les deux ans.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 44


Art. R. 3511-6 - La décision de m<strong>et</strong>tre des emplacements à la disposition des fumeurs est soumise à la<br />

consultation du comité d'hygiène <strong>et</strong> de sécurité <strong>et</strong> des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du<br />

personnel, ainsi que du médecin du travail.<br />

C<strong>et</strong>te consultation est renouvelée au moins tous les deux ans.<br />

Art. R. 3511-7 - Une signalisation apparente rappelle le<br />

principe de l'interdiction de fumer dans les lieux mentionnés à<br />

l'article R. 3511-1 <strong>et</strong> indique les emplacements mis à la<br />

disposition des fumeurs.<br />

Art. R. 3511-8 - Les dispositions de la présente section<br />

s'appliquent sans préjudice des dispositions législatives <strong>et</strong><br />

réglementaires concernant l'hygiène <strong>et</strong> la sécurité, notamment<br />

celle du titre IIIIII du livre II du code du travail.<br />

Art. R. 3511-9 - Dans l'enceinte des établissements<br />

d'enseignement publics <strong>et</strong> privés, ainsi que dans tous les locaux<br />

utilisés pour l'enseignement, des salles spécifiques, distinctes des<br />

salles réservées aux enseignants, peuvent être mises à la<br />

disposition des enseignants <strong>et</strong> des personnels fumeurs.<br />

En outre, dans l'enceinte des lycées, lorsque les locaux sont distincts de ceux des collèges, <strong>et</strong> dans les<br />

établissements publics <strong>et</strong> privés dans lesquels sont dispensés l'enseignement supérieur <strong>et</strong> la formation<br />

professionnelle, des salles, à l'exclusion des salles d'enseignement, de travail <strong>et</strong> de réunion, peuvent être<br />

mises à la disposition des usagers fumeurs.<br />

Art. R. 3511-10 - Dans les locaux à usage collectif utilisés pour l'accueil <strong>et</strong> l'hébergement des mineurs<br />

de moins de seize ans, ceux-ci n'ont pas accès aux emplacements mis à la disposition des fumeurs.<br />

Art. R. 3511-11 - Dans les aéronefs commerciaux français ou exploités conformément à la<br />

réglementation française, à l'exception des vols intérieurs d'une durée inférieure à deux heures, des places<br />

peuvent être réservées aux fumeurs à condition que la disposition des places perm<strong>et</strong>te d'assurer la<br />

protection des non-fumeurs.<br />

Art. R. 3511-12 - A bord des navires de commerce <strong>et</strong> à bord des bateaux de transports fluviaux, y<br />

compris les bateaux stationnaires recevant du public, exploités conformément à la réglementation<br />

française, une organisation des espaces, éventuellement modulable, peut être prévue pour m<strong>et</strong>tre des<br />

places à la disposition des fumeurs, dans la limite de 30 % de la surface des salles à usage de bar, de<br />

loisirs <strong>et</strong> de repos <strong>et</strong> de celle des cabines collectives.<br />

Art. R. 3511-13 - Dans les locaux commerciaux, où sont consommés sur place des denrées alimentaires<br />

<strong>et</strong> des boissons, à l'exception des voitures-bars des trains, une organisation des lieux, éventuellement<br />

modulable, peut être prévue pour m<strong>et</strong>tre des espaces à la disposition des usagers fumeurs.<br />

Art. R. 3512-1 - Le fait de fumer dans l'un des lieux mentionnés à l'article R. 3511-1, hors d'un<br />

emplacement mis à la disposition des fumeurs, est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la<br />

3e classe.<br />

Art. R. 3512-2 - Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 5e classe le fait de :<br />

1- Réserver aux fumeurs des emplacements non conformes aux dispositions de la section I du chapitre Ier<br />

du présent titre ;<br />

2- Ne pas respecter les normes de ventilation prévues à l'article R. 3511-3 ;<br />

3- Ne pas m<strong>et</strong>tre en place la signalisation prévue à l'article R. 3511-7<br />

Circulaire n°2000-106 du 11 juill<strong>et</strong> 2000 propose d'inclure l'interdiction de fumer<br />

dans le règlement intérieur.<br />

http://www.ac-clermont.fr/hygienesecurite/Risques_<strong>et</strong>_ambiances/Tabagisme/tabagisme.htm#REGLEMENTATION<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 45


LE NON RESPECT DE L'INTERDICTION DE FUMER PAR LES ELEVES PEUT ENTRAINER<br />

UNE SANCTION DISCIPLINAIRE<br />

Dans un jugement récent du 20 juin 2003, le tribunal administratif de Paris a<br />

rej<strong>et</strong>é la requête formée par un élève contre son exclusion d'un internat. C<strong>et</strong>te<br />

exclusion était motivée par le fait que l'élève avait<br />

fumé dans sa chambre, contrevenant ainsi au règlement<br />

intérieur de l'internat qui prévoit qu'il "est strictement<br />

interdit de fumer à l'internat (<strong>et</strong> notamment dans les<br />

chambres) comme dans tous les autres locaux du lycée<br />

(...). Tout manquement à ces règles peut entraîner une<br />

exclusion immédiate de l'internat". En outre, l'internat<br />

étant menacé de ferm<strong>et</strong>ure pour des raisons de sécurité<br />

incendie, de nombreux appels avaient été opérés auprès<br />

des internes sur le respect de l'interdiction de fumer<br />

dans ces locaux (TA, PARIS, 20.06.2003, M.B.c/lycée<br />

Louis-le-grand, n°0216995/7).<br />

LA MISE EN CAUSE DE LA RESPONSABILITE DE<br />

L'ADMINISTRATION EN CAS DE CARENCE FAUTIVE A APPLIQUER L'INTERDICTION DE<br />

FUMER DANS LES ETABLISSEMENTS<br />

Le tribunal administratif de Marseille<br />

vient, par un jugement du 26 juin 2003, de<br />

condamner l'Etat à verser à une enseignante<br />

souffrant d'une allergie la somme de 1 500€,<br />

l'enseignante étant contrainte de fréquenter, à<br />

l'occasion de son service, la salle des professeurs<br />

du lycée dans laquelle l'interdiction de fumer<br />

n'était pas appliquée malgré ces demandes<br />

réitérées en ce sens. Le juge administratif a<br />

ainsi estimé que l'administration, en ne faisant<br />

pas respecter l'interdiction de fumer dans c<strong>et</strong><br />

établissement scolaire, avait commis une faute<br />

de nature à engager sa responsabilité à l'égard<br />

de l'enseignante dont l'état de santé lui<br />

interdisait la fréquentation de lieux enfumés<br />

(TA, MARSEILLE,26.06.2003, Mme A.c/recteur de l'académie d'Aix-Marseille,<br />

n°996149).<br />

http://www.ac-clermont.fr/hygienesecurite/Risques_<strong>et</strong>_ambiances/Tabagisme/tabagisme.htm#REGLEMENTATION<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 46


Les aides au sevrage :<br />

La 1ère condition, rigoureusement<br />

indispensable, à l’arrêt du tabac, est la<br />

MOTIVATION.<br />

Nombre de fumeurs relativement peu intoxiqués<br />

arrêtent à l’aide de « méthodes placebo » dont ils<br />

entr<strong>et</strong>iennent ainsi la notoriété.<br />

« Le laser, le fil dans l’oreille, l’acupuncture <strong>et</strong> les<br />

dizaines d’autres techniques de magiciens<br />

garantissant un succès dans l’heure <strong>et</strong> sans prise de<br />

poids, c’est du pipeau ».<br />

Pr Gilbert Lagrue du centre de tabacologie de l’hôpital<br />

Henri-Mondor (Val de Marne).<br />

Il est particulièrement recommandé de modérer sa<br />

consommation de café ou de thé, excitants du système<br />

nerveux qui accroissent l’anxiété. Attention aussi à<br />

l’alcool souvent associé au tabac.<br />

Les substituts nicotiniques sont disponibles en France<br />

sous forme de gomme à mâcher, de timbre transdermique, de comprimés sublinguaux <strong>et</strong> à sucer <strong>et</strong><br />

sous forme d'inhaleur.<br />

les méthodes comportementales sont de 2 types :<br />

• les techniques aversives qui consistent à demander au suj<strong>et</strong> de fumer de façon accélérée : c’est « le fumer<br />

rapide » (une bouffée toutes les 6 secondes) ou de « fumer à saturation »... le taux de succès n’est que très<br />

légèrement supérieur à celui d’un placebo.<br />

• les techniques d’auto-prise en charge (auto-observation, établissement d’un contrat) également très peu<br />

efficaces.<br />

Les thérapies de groupe à suivi prolongé.<br />

L’hypnose utilisable avec 90 % des suj<strong>et</strong>s mais qui n’est qu’un outil associé à des<br />

psychothérapies variées.<br />

L’acupuncture donne de bons résultats chez les suj<strong>et</strong>s peu intoxiqués <strong>et</strong> suivis<br />

psychologiquement.<br />

Les gommes ou chewing-gums à la nicotine type « Nicor<strong>et</strong> » :<br />

Elles existent en deux dosages : 2 <strong>et</strong> 4 mg. Le dosage indiqué correspond à la dose contenue dans la<br />

gomme, la dose délivrée étant environ 50 % moindre. « Des timbres transdermiques délivrant la<br />

nicotine pendant 16 h ou 24 h sont disponibles. Les premiers ne délivrent pas de nicotine pendant la<br />

nuit. Les timbres à 24 h, contrairement aux timbres à 16 h, assurent une concentration plasmatique<br />

résiduelle de nicotine le lendemain matin, diminuant le manque <strong>et</strong> l’envie de fumer matinale assez<br />

caractéristiques chez les fumeurs fortement dépendants. Pour éviter des réactions cutanées locales, il<br />

est conseillé de changer le site d’application du timbre quotidiennement ». La nicotine est absorbée au<br />

niveau de la muqueuse buccale. Il faut éviter l’utilisation de la gomme lors de la prise de café ou de<br />

boissons de type sodas qui peuvent diminuer l’absorption de nicotine. Le taux plasmatique maximal de<br />

nicotine est obtenu en 30 minutes <strong>et</strong> représente la moitié de celui obtenu en fumant une cigar<strong>et</strong>te. Le<br />

traitement à une durée de 6 semaines à 6 mois, parfois plus mais rarement supérieur à 1 an. .L’arrêt<br />

doit être progressif.<br />

Ces gommes sont 3 fois plus efficaces (46 %) qu’un placebo de même goût (17 %) à l’arrêt du<br />

traitement mais la différence s’atténue avec le temps. A 3 ou 4 mois, le % de suj<strong>et</strong>s abstinents est<br />

environ du double de celui du groupe placebo.<br />

"Nicor<strong>et</strong>" contient également de l’extrait de crataegus qui atténue la nervosité.<br />

Campagne de prévention antitabac du<br />

Comité Français d’Education pour la<br />

Santé qui encourage ceux qui tentent<br />

d’arrêter de fumer.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 47


« Le risque de transfert de la dépendance aux cigar<strong>et</strong>tes vers une dépendance à la gomme, sans être<br />

nul, reste marginal ».<br />

« L'inhaleur peut être utilisé seul ou en association avec d'autres substituts nicotiniques. Son usage<br />

est bien toléré, bien que l'on observe parfois au niveau de la bouche une irritation locale (40 %),<br />

une toux (32 %) ou une rhinite (23 %). L’absorption de la nicotine après utilisation de l’inhaleur<br />

est buccale <strong>et</strong> non pulmonaire ; la consommation de boisson acide (sodas) est également<br />

déconseillée dans les 15 minutes précédant l'utilisation de l'inhaleur ».<br />

Les textes entre guillem<strong>et</strong>s de ce paragraphes sur les gommes <strong>et</strong> inhalateurs sont extraits d »<br />

http://ist.inserm.fr/basisrapports/tabac/Tabac_Com8.htm<br />

Les timbres à la nicotine<br />

transdermiques :<br />

La dose doit être adaptée au fumeur. Ils sont<br />

appliqués le matin à raison d’1 par jour <strong>et</strong> pour une<br />

période de 24 heures sur le bras, la hanche ou le<br />

thorax. Ils correspondent à l’administration<br />

pendant l’ensemble des 24 heures d’une dose<br />

CONTINUE de nicotine.<br />

Ils existent en 3 tailles correspondant à 3 dosages.<br />

Néanmoins, chez les grands fumeurs, le dosage le<br />

plus élevé peut se révéler insuffisant <strong>et</strong> certains<br />

médecin prescrivent l’application simultanée de 2<br />

timbres transdermiques (ou simultanément la prise<br />

de quelques gomme-nicotine à mâcher lorsque l’envie de fumer devient trop intense)...<br />

3 à 4 semaines de traitement (en fait souvent plus...) suivies d’un arrêt progressif avec des doses de<br />

nicotine décroissantes par périodes de 3 à 4 semaines.<br />

Taux de réussite de l’ordre de 40 % à l’arrêt du traitement mais beaucoup moins sur le long terme ...<br />

L’étude CEASE (Collaborative European Anti-Smoking Evaluation) publiée en<br />

octobre 1997, a porté dans 17 pays sur 3575 suj<strong>et</strong>s fumant plus de 15 cigar<strong>et</strong>tes par jour.<br />

Surveillance par dosage du taux de cotinine.<br />

Nombre de<br />

suj<strong>et</strong>s :<br />

Groupe A :<br />

timbre à 25 mg de<br />

nicotine pen-dant<br />

22 semaines<br />

Groupe B :<br />

timbre à 25 mg de<br />

nicotine pendant<br />

8 semaines<br />

Groupe C :<br />

timbre à 15 mg de<br />

nicotine pen-dant<br />

22 semaines<br />

Groupe D :<br />

timbre à 15 mg de<br />

nicotine pen-dant<br />

8 semaines<br />

Groupe<br />

E :<br />

placebo<br />

711 712 712 715 713<br />

Taux de à 1 an 15 % 16 % 13 % 11 % 10 %<br />

sevrage à 2 ans 11,4 % 9 ,4 % 7,1 %<br />

Pas une grosse différence à 2 ans mais l’écart est significatif.<br />

Maintenir hors de portée des enfants <strong>et</strong> plier le patch avant de le j<strong>et</strong>er.<br />

La grossesse n’est plus une contre-indication absolue à l’emploi de patchs à la nicotine mais<br />

l’allaitement reste déconseillé.<br />

On signale un eff<strong>et</strong> étonnant : dans 80 % des cas les rêves sont accrus (alors que l’endormissement est<br />

normal mais que la 2ème partie de la nuit est plus fragmentés).<br />

Citons "Nicotinell TTS" des laboratoires Ciba-Geigy <strong>et</strong> "Nicopatch" des laboratoires Pierre Fabre.<br />

LeCHAMPIX ou CHANTIX ® - varénicline :<br />

La varénicline se lie aux récepteurs nicotiniques des neurones à l'acétylcholine <strong>et</strong> les stimule (mais<br />

plus faiblement que la nicotine avec laquelle elle entre en compétition). Elle soulage les<br />

symptômes du manque <strong>et</strong> réduit la sensation de plaisir lorsque le suj<strong>et</strong> fume.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 48


Comprimés blancs à 0,5 mg. avalés entiers avec de l'eau. L'administration de CHAMPIX doit<br />

débuter 1 à 2 semaines avant la date d’arrêt du tabac.<br />

Jours 1 – 3 : 0,5 mg une fois par jour<br />

Jours 4 – 7 : 0,5 mg deux fois par jour<br />

Jour 8 – fin du traitement : 1 mg deux fois par jour<br />

Eventuellement association à des antidépresseurs.<br />

Certains fumeurs, très dépendants, présentent des troubles<br />

anxio-dépressifs... qui peuvent d’ailleurs être la cause du<br />

tabagisme. Chez ces patients, l’arrêt du tabac est très<br />

souvent suivi d’une aggravation des troubles.<br />

Le médecin prescrivait alors il y a quelques années un<br />

antidépresseur qui pouvait être :<br />

* un inhibiteur de la recapture de la sérotonine<br />

* un des nouveaux inhibiteurs de la monoamine oxydase.<br />

(Voir notre cours portant sur les dépressions de l’enfant <strong>et</strong> de<br />

l’adulte <strong>et</strong> le polycopié correspondant).<br />

Zyban LP ® (à base d’hydrochloride de bupropion) est<br />

un antidépresseur, commercialisé par les laboratoires<br />

GlaxoSmithKline. Il « est indiqué comme aide au sevrage<br />

tabagique accompagné d'un soutien de la motivation à<br />

l'arrêt du tabac chez les patients présentant une<br />

dépendance à la nicotine ». Traitement de 7 à 9 semaines.<br />

Il empêche simultanément la recapture de la dopamine <strong>et</strong><br />

la noradrénaline au niveau des synapses des cellules<br />

nerveuses.<br />

L'efficacité du chlorhydrate de bupropion comme aide à<br />

l’arrêt du tabac a été découverte par hasard, après la<br />

commercialisation d’un antidépresseur : le Wellburin.<br />

Plusieurs médecins ont rapporté que certains de leurs<br />

patients traités par le Wellburin avaient cessé<br />

spontanément de fumer… Glaxo Wellcome a mené une<br />

enquête <strong>et</strong> a conclu que le Wellburin réduisait<br />

effectivement l'envie de nicotine.<br />

Le taux d'abstinence continue après un an est à 23 %<br />

pour le Zyban, 12 % pour les timbres de nicotine <strong>et</strong><br />

28 % pour la combinaison des deux. Les patients<br />

recevant les traitements placebo ont eu un taux de<br />

réussite de 8 %... rien d’exceptionnel donc…<br />

LES BIDIS contiennent du tabac…<br />

Traitement de substitution nicotinique<br />

par timbre.<br />

Photographie extraite de « Recherche <strong>et</strong> santé »<br />

n° 72 d’octobre 1997.<br />

Il s’agit de p<strong>et</strong>ites cigar<strong>et</strong>tes de 4 cm de longueur fabriquées en Inde que l’on peut se procurer à Paris (aux<br />

puces <strong>et</strong> dans les passages spécialisés en produits orientaux).<br />

Elles contiennent 0,25 grammes de tabac haché (soit le ¼ du tabac contenu dans les cigar<strong>et</strong>tes classiques <strong>et</strong> 3<br />

mg de nicotine) + d’autres plantes comme le bétel (voir suite) + des clous de girofle + des aromates, le tout<br />

enveloppé dans une feuille de « tendu » ou « temburi » (c<strong>et</strong>te plante est considérée par certains comme un<br />

psychotrope).<br />

Les bidis sont fabriqués de façon artisanale par les paysans indiens (<strong>et</strong> sont essentiellement fumés par les<br />

femmes en Inde, au Pakistan <strong>et</strong> en Indonésie), la production étant de... 80 milliards soit 5 % de la production<br />

mondiale de cigar<strong>et</strong>tes.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 49


LES LES LES BOISSONS BOISSONS BOISSONS ALCOOLISÉES ALCOOLISÉES :<br />

L’alcool éthylique ou éthanol de<br />

formule C2H5OH se rencontre<br />

dans de nombreuses boissons<br />

fermentées ou distillées dont la<br />

teneur peut atteindre jusqu'à 50 °.<br />

Il est rapidement absorbé au<br />

niveau de l’estomac <strong>et</strong> de<br />

l’intestin mais c<strong>et</strong>te absorption<br />

peut être r<strong>et</strong>ardée par la présence des aliments.<br />

Il rejoint ensuite tous les liquides biologiques : sang, salive,<br />

liquide céphalo-rachidien, urine. Il passe également la<br />

barrière placentaire <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouve dans le fo<strong>et</strong>us.<br />

Il peut aussi être présent dans le lait maternel.<br />

La destruction de l’alcool s’effectue principalement dans le<br />

foie (90%) grâce à l’action successive de 2 enzymes :<br />

l’alcool déshydrogénase (ADH) <strong>et</strong> l’acétaldéhyde<br />

déshydrogénase (ALDH).<br />

10% sont détruits par le rein (<strong>et</strong> éliminés dans les urines) <strong>et</strong><br />

les poumons (<strong>et</strong> rej<strong>et</strong>és avec l’air expiré).<br />

Les boissons fermentées :<br />

Elles sont obtenues par la transformation du sucre, contenu<br />

dans les fruits, racines ou graines de certaines plantes, en<br />

alcool.<br />

C'est ainsi par exemple, que la fermentation d’un litre de jus<br />

de raisins qui contient 250 grammes de sucre <strong>et</strong> 0 gramme<br />

d’alcool donne 1 litre de vin environ qui titre 5 grammes de<br />

sucre <strong>et</strong> 80 grammes d’alcool.<br />

Les principales boissons alcooliques fermentées sont le cidre<br />

(3 à 6°), la bière (2 à 8°), les vins de table (8 à 12 °), les vins<br />

doux, les vins cuits, le champagne, les apéritifs à base de vins<br />

(18 à 25°).<br />

Les boissons distillées :<br />

Elles proviennent de la distillation des boissons fermentées,<br />

ce qui explique leur concentration élevée en alcool.<br />

Les principales boissons alcooliques distillées sont :<br />

- les eaux de vie (40 à 60°) de vin (cognac, armagnac), de cidre (calvados),<br />

de grains (whisky : 40 à 45°, gin, vodka, genièvre.) ou de fruits (kirsch).<br />

- liqueurs (15 à 35 °), apéritifs à base d’anis (40 à 45°), rhum (40 à 55°)...<br />

La teneur en alcool est exprimée en<br />

degré alcoolique = degré Gay-<br />

Lussac c’est à dire en pourcentage<br />

d’alcool pur présent dans la boisson.<br />

10° = 10 % d’alcool.<br />

n = 100 v/V<br />

n = degré alcoolique = degré<br />

d'alcoolémie = 100 multiplié par v<br />

(volume d’alcool pur) <strong>et</strong> divisé par<br />

V (Volume du mélange eau <strong>et</strong><br />

alcool).<br />

La densité de l’alcool D est de 0,8.<br />

Comment connaître la quantité<br />

Q (exprimée en grammes<br />

d'alcool pur) d'une boisson ?<br />

Q (g) = 1000Dv(cl) /100 = 10 Dv<br />

avec v = nV/100<br />

Q(g) = D nV /10<br />

Q (g) = 0,8 multiplié par le degré<br />

d'alcoolémie n multiplié par le<br />

volume V de la boisson (exprimé en<br />

centilitres), le tout divisé par 10.<br />

1 verre de 6 cl de whisky à 40 °<br />

contient donc :<br />

0,8 X 6 X 40 X /10 = 19,2 g.<br />

L’alcool apporte 7 calories par<br />

gramme contre 4 calories par<br />

gramme pour le sucre.<br />

Les "alcopops" ou<br />

"premix" sont des<br />

boissons à base<br />

d'alcool fort (vodka,<br />

rhum, whisky…)<br />

mélangé à de la<br />

limonade gazeuse ou<br />

non, toujours très<br />

aromatisée.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 50


Comment déterminer l’alcoolémie ?<br />

En France, l'alcool au volant serait responsable de 30 à 40% des accidents<br />

mortels. Ainsi, le bilan annuel de la Sécurité routière 2 2001 perm<strong>et</strong> une<br />

évaluation portant sur une partie des accidents mortels : 31,2 % sont des<br />

accidents dans lesquels au moins un conducteur avait une alcoolémie<br />

positive. 7 720 tués sur la route en 2001, 7 242 en 2002, 5 731 morts en<br />

2003. Sur nos routes, en permanence, un conducteur sur trente a trop bu.<br />

Même s’il ne ressent aucun eff<strong>et</strong> de l’alcool, un automobiliste venant de<br />

boire trois cann<strong>et</strong>tes de bières ou un demi-litre de vin (0,8 g de taux<br />

d’alcoolémie) voit ses risques d’avoir un accident multipliés par 10. A 1,2 g,<br />

le risque est multiplié par 35. Les buveurs occasionnels sont responsables de<br />

85 % des accidents mortels liés à l’alcool. Contrairement aux idées reçues, ni<br />

le café, ni l’aspirine ne diminuent les eff<strong>et</strong>s de l’alcool.<br />

« L’alcoolémie est le taux d'alcool dans le sang. Elle est exprimée<br />

généralement en gramme par litre. L'alcoolémie augmente d'autant plus rapidement <strong>et</strong> elle est d'autant<br />

plus élevée que l'alcool est consommé à jeun, que le degré alcoolique de la boisson est élevé <strong>et</strong> que le<br />

poids du consommateur est faible. Elle est évaluée soit directement par dosage dans le sang, soit<br />

indirectement en analysant l'air expiré, car il existe un rapport constant entre le taux d'alcool dans le<br />

sang <strong>et</strong> celui de l'air expiré. Aussi utilise-t-on communément l’éthylotest <strong>et</strong> l’éthylomètre pour dépister<br />

ou évaluer l’état d’imprégnation d’un conducteur par analyse automatique de l'air expiré ».<br />

Extrait d’une plaqu<strong>et</strong>te éditée par l’assurance maladie des travailleurs salariés.<br />

L’éthylotest est un appareil destiné à<br />

détecter un état d'imprégnation<br />

alcoolique. Il ne donne qu'une valeur<br />

indicative de dépistage. Qu'il soit<br />

chimique ou électronique son résultat n'a<br />

pas de valeur légale.<br />

Les résultats de l’éthylotest doivent être<br />

confirmés par un éthylomètre (appareil<br />

perm<strong>et</strong>tant de mesurer le taux d'éthanol<br />

dans le sang par l'analyse de l'air expiré).<br />

Le but de c<strong>et</strong> appareil est initialement de<br />

remplacer la prise de sang pour apporter<br />

une preuve légale de l'alcoolémie <strong>et</strong><br />

pouvoir sanctionner. Le terme alcootest<br />

désigne une marque déposée.<br />

Les éthylotests chimiques :<br />

Ils renferment du dichromate de potassium jaune (K2Cr2O7) qui<br />

réagit avec l’éthanol présent dans l’air expiré passant alors du<br />

jaune au vert Cr2(SO4)3. Le changement de coloration du réactif<br />

est proportionnel à la quantité d’alcool oxydée. Si le réactif vire<br />

au vert au delà de la limite, l’éthylotest est dit "positif". De plus,<br />

dans ces appareils, on trouve du nitrate d’argent (AgNO 3 ) qui sert<br />

de catalyseur à la réaction (en d’autres termes, le nitrate d’argent<br />

augmente la vitesse de réaction).<br />

L’éthylotest chimique renferme aussi de l’acide sulfurique qui est<br />

présent pour absorber la vapeur d’eau contenue dans l’air expiré.<br />

La relation entre la quantité d’alcool dans le sang <strong>et</strong> la quantité<br />

d’alcool dans l’air expiré se situe dans un rapport de 2 000<br />

environ. On peut aussi écrire qu’il y a 2 000 fois plus d’alcool<br />

dans le sang que dans l’air expiré.<br />

2 « L’accidentologie générale », bilan 2001.<br />

Ethylotest chimique:<br />

Le ballon contrôle la quantité d’air expiré. Le tube contient un<br />

mélange réactif jaune dont la couleur variera plus ou moins<br />

vers le vert en fonction de la quantité d’alcool ingérée. Depuis<br />

le mois de mai 2004, des éthylotests sont disponibles dans les<br />

pharmacies pour 1 euro. Schéma extrait de « Info santé » n° 16.<br />

Ethylotests <strong>et</strong> éthylomètres<br />

électroniques avec embout : de 23<br />

à 170 € (ici environ 135 €) en 2004.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 51


Pour ne pas atteindre le taux délictuel d’alcoolémie soit 0,5 g/l d’alcool par litre de sang…<br />

… les doses de boissons alcooliques à ne pas dépasser pour un conducteur sont :<br />

à jeun au cours d’un repas<br />

femme 1 verre 2 verres<br />

homme 2 verres 3 verres<br />

Document extrait de « INFO SANTE » n° 116 (revue disponible dans les pharmacies)<br />

Remarque importante :<br />

« En soufflant dans l'éthylomètre, il s'agit de contrôler le poids d'alcool présent<br />

par litre d'air expiré. Si après avoir soufflé dans un éthylomètre, celui-ci affiche<br />

0,30 mg, ne vous réjouissez pas trop vite. Le chiffre délivré par l'éthylomètre<br />

électronique repose… sur une base différente de la mesure officielle de<br />

l'alcoolémie calculée par prise de sang. En eff<strong>et</strong>, celle-ci s'évalue en g/l de<br />

sang alors que l'éthylomètre indique une quantité d'alcool en milligramme par<br />

litre d'air. La valeur "air" doit être doublée pour traduire l'alcoolémie par litre de sang. Donc, si l'éthylomètre<br />

affiche le chiffre de 0,30 mg par litre d'air expiré, le gendarme aura raison de notifier un dépassement du<br />

seuil d'alcoolémie autorisé, puisque c<strong>et</strong>te mesure équivaut à 0,6 g d'alcool par litre de sang alors que le<br />

taux maximal toléré est de 0,5 g/l ».<br />

http://www.kadeaux.fr/index.html?targ<strong>et</strong>=Par_catvigoriesEthylotest.html<br />

L'éthylotest anti démarreur « Alcolock » (janvier 2004) :<br />

Il nous vient du Canada <strong>et</strong> est en expérimentation dans la Haute-Savoie durant 6 mois sur une dizaine<br />

d'automobilistes. Le fonctionnement en est simple : le conducteur doit souffler dans l'éthylotest<br />

électronique <strong>et</strong> celui-ci autorise ou non le démarreur à lancer le moteur. La limite est fixée volontairement<br />

à 0,3 g/l. L'objectif est en eff<strong>et</strong> de ne pas jouer avec la limite légale (0,5 g/l). Les conducteurs-cobayes ont<br />

tous été antérieurement arrêtés pour conduite en état d'alcoolémie. Ils devront payer 1260 euros pour le<br />

stage <strong>et</strong> l'installation de l'appareil à bord de leur véhicule mais, en échange, les poursuites à leur encontre<br />

seront arrêtées.<br />

Taux d'alcool Peines<br />

Egal ou supérieur à 0,50 g/l sans<br />

atteindre 0,80 g/l dans le sang, ou<br />

Egal ou supérieur à 0,25 mg/l<br />

dans l'air expiré sans atteindre<br />

0,40 mg/l.<br />

Egal ou supérieur à 0,80 g/l dans<br />

le sang, ou<br />

Egal ou supérieur à 0,40 mg/l<br />

dans l'air expiré.<br />

Contravention de 4ème classe :<br />

- Amende forfaitaire de 135 euros (maxi : 750 euros).<br />

- Réduction de 6 points<br />

Délit correctionnel<br />

En fait, il peut même se produire que<br />

le taux délictuel d’alcoolémie soit<br />

atteint pour des valeurs inférieures...<br />

Un site intéressant à visiter :<br />

http://www.simu-alcool.com/mps/<br />

- Amende pouvant aller jusqu’à 4 500 euros.<br />

- Réduction de 6 points.<br />

- Risque d'emprisonnement (jusqu’à deux ans de prison).<br />

- Risque de suspension du permis : par le Préf<strong>et</strong> : 1 an maximum,<br />

par le tribunal : 3 ans (peine pouvant être doublée).<br />

- Risque d’annulation du permis<br />

* en cas de récidive de conduite sous l'empire d'un état alcoolique ;<br />

* de conduite en état d'imprégnation alcoolique, si le conducteur a<br />

provoqué la mort d'une victime<br />

* si une victime blessée a une incapacité totale de travail supérieure à 3<br />

mois.<br />

Pour les conducteurs de véhicules de transport en commun, le texte est plus restrictif : si<br />

l‘alcoolémie est égale ou supérieure à 0,20 g/litre de sang (0,10 mg/litre d'air expiré) <strong>et</strong> inférieur à 0,8<br />

g/litre de sang (0,40 mg/litre d'air expiré).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 52


De plus, si vous associez consommation de stupéfiants <strong>et</strong> d'alcool à un taux prohibé, vous<br />

encourez 3 ans d'emprisonnement <strong>et</strong> 9 000 euros d'amende.<br />

Dans les deux cas (taux égal ou supérieur à 0,50 g/l <strong>et</strong> à 0,80 g/l), le procureur de la<br />

République peut proposer une alternative dans l’application de la peine, mais sans<br />

rem<strong>et</strong>tre en cause le r<strong>et</strong>rait de points du permis de conduire.<br />

Ces mesures peuvent consister notamment en la remise au greffe du tribunal de grande<br />

instance de son permis de conduire pour une période maximale de quatre mois,<br />

l’accomplissement au profit de la collectivité d’un travail d’intérêt général non rémunéré<br />

pour une durée maximale de 60 heures au cours d’un délai ne pouvant excéder 6 mois…<br />

Résumé : Vente d’alcool <strong>et</strong> conduite en état d'ivresse… la législation :<br />

Les principales mesures de santé publique concernant l’alcool regroupent :<br />

* l’ordonnance n°60-1253 du 29 novembre 1960 (taxe sur les débits de boissons),<br />

* la loi n°91-32 du 10 janvier 1991 (dite loi Evin) qui réglemente la propagande ou la publicité, directe<br />

ou indirecte, en faveur des boissons alcoolisées. La loi EVIN a permis une meilleure protection des<br />

mineurs <strong>et</strong> une meilleure information du consommateur (message sanitaire obligatoire).<br />

* la loi sur la vente de boissons alcoolisées aux mineurs du 1er mai 2002<br />

Les commerçants sont chargés de l'application de la législation. En cas de doute sur l'âge, le personnel de<br />

caisse doit vérifier la carte d'identité <strong>et</strong> refuser la vente aux personnes non autorisées.<br />

La vente d'alcool aux moins de 16 ans est interdite :<br />

Les boissons contenant de l'alcool ne peuvent pas être vendues aux enfants <strong>et</strong> aux jeunes de moins de 16 ans.<br />

Les boissons contenant de l'alcool de distillation demeurent interdites aux moins de 18 ans, conformément à la<br />

législation sur l'alcool<br />

Boissons autorisées à partir de 16 ans :<br />

• Produits de fermentation classiques tels que vin, cidre, bière, dont la teneur en alcool ne dépasse pas 15 %<br />

vol., sans adjonction d'eaux-de-vie.<br />

• Boissons obtenues à partir des produits de fermentation classiques cités ci-dessus, sans adjonction d'eaux-devie,<br />

telles que bière panachée, bière aromatisée, couleurs au vin, sangria sans adjonction d'alcool distillé, vin<br />

mousseux aromatisé. Exemples : Swizly, Two Dogs, Desperados.<br />

Boissons autorisées à partir de 18 ans :<br />

Toutes les autres boissons contenant de l'alcool. Exemples non exhaustifs :<br />

• Boissons spiritueuses, eaux-de-vie de fruits <strong>et</strong> de baies, brandy, liqueurs <strong>et</strong> apéritifs. Exemples : Whisky,<br />

Vodka, Tequila, Kirsch, Williams, Cognac, Cognac aux œufs.<br />

• Boissons additionnées de spiritueux ou d'alcool de fermentation soumis à un traitement technique (dits<br />

premix, alcopops). Exemples : Smirnoff Ice, Bacardi Breezer, Hooper's Hooch, Suze Tonic.<br />

• Vermouth. Vin de liqueur. Exemples: Sherry, Madère, Marsala, Malaga, Porto.<br />

• Vins naturels <strong>et</strong> vins de fruits, de baies ou autres dont la teneur en alcool est supérieure à 15 % vol.<br />

---------------------------------------<br />

L’ivresse publique <strong>et</strong> manifeste est réprimée. La conduite sous l’empire d’un état alcoolique également<br />

(seuil de tolérance établi à 0,5 g/l de sang). L’alcoolisme de l’auteur d’une infraction peut être pris en<br />

considération pour imposer une obligation de soins.<br />

-------------------------------<br />

* les lois relatives à la sécurité routière se sont échelonnées de 1970 à 2003 dans le sens d’une<br />

rigueur accrue… Quelles sanctions pour la conduite en état d'ivresse ?<br />

Si, lors d’un contrôle, l’alcoolémie est supérieure à 0,50 g par litre de sang (suite à une prise de sang) ou<br />

0,25 mg par litre d’air expiré (après avoir soufflé dans un éthylomètre), vous êtes en infraction. Les<br />

sanctions diffèrent alors selon l’alcoolémie constatée.<br />

De 0,50 à 0,80 g dans le sang<br />

Si le taux d’alcool dans le sang est compris entre 0,50 g <strong>et</strong> 0,80 g par litre de sang ou, dans l’air expiré,<br />

entre 0,25 mg <strong>et</strong> 0,40 mg, il s’agit d’une contravention de 4e classe entraînant un r<strong>et</strong>rait de 6 points du<br />

permis de conduire <strong>et</strong> une amende forfaitaire de 135 euros.<br />

À partir de 0,80 g<br />

Si le taux est supérieur ou égal à 0,80 g par litre de sang ou, dans l’air expiré, à 0,40 mg par litre, il s’agit<br />

d’un délit puni d’une peine de deux ans de prison, d’une amende pouvant aller jusqu’à 4 500 euros <strong>et</strong> de la<br />

perte de 6 points du permis de conduire. Le permis peut aussi être suspendu, voire annulé.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 53


L’alcool (en consommation modérée) bon pour la santé...<br />

La cohorte « Paquid » :<br />

3777 personnes de Gironde <strong>et</strong> de<br />

Dordogne, âgées de 65 ans <strong>et</strong> plus,<br />

sont suivies depuis 1988 afin d’étudier<br />

leur vieillissement.<br />

Chez les buveurs modérés (personnes<br />

qui boivent entre 3 <strong>et</strong> 4 verres par<br />

jour), on a observé une baisse de la<br />

fréquence des démences séniles <strong>et</strong> en<br />

particu-lier de la maladie d’Alzheimer<br />

par rapport aux non-buveurs.<br />

D’autres études montrent que :<br />

1) L’action de l’insuline secrétée par<br />

le pancréas se trouve favorisée.<br />

2) L’alcool réduit les risques de<br />

maladies cardio-vasculaires (en<br />

empêchant l’agrégation des plaqu<strong>et</strong>tes<br />

<strong>et</strong> la formation des caillots par<br />

élévation des quantités de prostacycline <strong>et</strong> de plasminogène <strong>et</strong> par diminution de celles de thromboxane).<br />

3) L’alcool accroît les quantités de HDL appelé le « bon cholestérol » (car il transporte les molécules de<br />

cholestérol vers le foie où il est éliminé) <strong>et</strong> diminue celles de LDL dit « mauvais cholestérol » (car il<br />

favorise le dépôt de cholestérol dans les vaisseaux sanguins).<br />

L'alcool <strong>et</strong> ses dangers :<br />

"Depuis 1963, la consommation totale d'alcool en France diminue :<br />

un adulte de plus de 20 ans consommait en moyenne 19,6 litres d'alcool<br />

pur en 1990, contre 25 litres en 1970.<br />

14 % seulement de la population française citaient spontanément<br />

l’alcool comme une drogue en 1997. Depuis, l’image de l’alcool s’est<br />

fortement dégradée.<br />

L'alcool (Inserm 13/03/03) contribuerait à 14 % (1 sur 7) des décès<br />

masculins <strong>et</strong> 3 % (1 sur 33) des décès féminins.<br />

Il est une cause majeure de mortalité prématurée (par maladie) :<br />

* 22% des décès des hommes dans la tranche d’âge 45-54 <strong>et</strong> 48,2% dans celle des 45-64 ans.<br />

* Les pourcentages correspondants pour les femmes sont de 20,3 <strong>et</strong> 40,8%.<br />

- Les seules cirrhoses <strong>et</strong> psychoses représentent 6 % de la mortalité prématurée, près de deux fois plus que<br />

celle liée au Sida (3,9%, DREES, données sur la situation sanitaire <strong>et</strong> sociale en France, 2002).<br />

- Près de 50 % des rixes, 50 à 60 % des actes de criminalité, 5 à 25 % des suicides <strong>et</strong> 20 % des délits<br />

seraient commis sous l’emprise de l’alcool. De 10 à 20 % des accidents du travail seraient liés à une<br />

consommation excessive d’alcool.<br />

a) Les eff<strong>et</strong>s toxiques de l'alcool sont très différents d'un individu à l'autre ;<br />

* une même dose n'a pas le même eff<strong>et</strong> sur chacun : la femme est plus sensible que l'homme <strong>et</strong> les jeunes<br />

sont plus vulnérables,<br />

* l’état général, la fatigue, une autre maladie rendent plus sensible.<br />

b) Tous les organes sont touchés par l'alcool, mais l'appareil digestif <strong>et</strong> le système nerveux<br />

sont les plus atteints :<br />

* irritation des muqueuses aéro-digestives, pouvant conduire aux cancers de la bouche, du pharynx, du<br />

larynx, de l'œsophage, à l'ulcère <strong>et</strong> au cancer de l'estomac ou du duodénum (= début de l'intestin), au<br />

cancer du rectum,<br />

* dégénérescence <strong>et</strong> cirrhose du foie, inflammations du pancréas ou pancréatites,<br />

* déséquilibre nutritionnel par perturbation du mécanisme de la digestion,<br />

* troubles des réflexes, de la vision, de l'équilibre, du jugement,<br />

* lésions des nerfs : crampes, fourmillements, douleurs, altération du psychisme, troubles du caractère,<br />

insomnies, délires". Modifié d’après INFO SANTE n° 116 (document disponible dans les pharmacies).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 54


Décès par alcoolisme <strong>et</strong> psychose alcoolique<br />

Années Total des 2 sexes Hommes Femmes<br />

1960 5074 3294 1150<br />

1970 4063 3125 938<br />

1980 3344 2669 675<br />

1990 2821 2258 563<br />

1993 2614 2075 539<br />

1996 2397 - -<br />

Source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" n° 6160 du 6 novembre 1997.<br />

Décès par cirrhose<br />

Années Total des 2 sexes Hommes Femmes<br />

1960 13401 9007 4394<br />

1970 16954 11814 5140<br />

1980 14881 10504 4377<br />

1990 9641 6725 2916<br />

1993 8790 6088 2702<br />

1996 8960 - -<br />

c) « On peut estimer que l'alcool est présent,<br />

comme cause principale ou secondaire, dans :<br />

- 4/5 des décès par cirrhose du foie,<br />

- 1/3 des décès par accidents de la route,<br />

- 1/2 des homicides <strong>et</strong> 1/4 des suicides,<br />

- 4/5 des cancers de la bouche <strong>et</strong> de l'œsophage ».<br />

Pr Paul PERRIN, de la Faculté de Médecine de Nantes.<br />

Source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" n° 6160 du 6 novembre 1997.<br />

Nombre de décès attribuables à l'alcool<br />

Environ 10 % de la mortalité totale soit<br />

40 000 à 52000 décès (selon les<br />

sources) chaque année sont dus à<br />

l’alcool.<br />

La cirrhose alcoolique est en train de<br />

devenir la 1 ère indication de la<br />

transplantation hépatique en Europe.<br />

Maladies Hommes Femmes<br />

Cancers 14000 2000<br />

Troubles mentaux 2000 500<br />

Cardio-vasculaires 7000 600<br />

Respiratoires 1000 100<br />

Digestives 6000 2200<br />

Traumatismes <strong>et</strong> empoisonnements 6000 1100<br />

Mal spécifié 2000 500<br />

TOTAL 38000 7000<br />

Statistiques de décès 1995, source INSERM. Tableau paru dans le "Quotidien du Médecin" du 22 octobre 1999.<br />

d) Les eff<strong>et</strong>s sur les fonctions cognitives :<br />

* Les fonctions exécutives (= comportements dirigés vers un but précis) : élaboration de concepts,<br />

stratégies de planification... sont affectées.<br />

* La mémoire à court terme est peu perturbée mais il existe un déficit du rappel différé dans le temps.<br />

* La mémoire des événements anciens n’est pas affectée.<br />

* On note une difficulté à évaluer correctement les stimuli visuels <strong>et</strong> auditifs.<br />

Actualités-Innovations-Médecine n° 43. Octobre 1997<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 55


e) L’encéphalopathie de Gay<strong>et</strong>-Wernicke.<br />

Le malade alcoolique ne se nourrit plus <strong>et</strong> présente, de ce fait, des<br />

carences en vitamines <strong>et</strong> particulièrement en vitamine B1. Il s'ensuit une<br />

maladie dite syndrome de Gay<strong>et</strong>-Wernicke.<br />

« Elle se manifeste par des... troubles de l’équilibre, une désorientation<br />

temporo-spatiale, une apathie, une confusion mentale <strong>et</strong> une torpeur.<br />

Dans sa phase aiguë, elle nécessite une hospitalisation (0,1 % des admissions).<br />

Les conséquences sont le plus souvent lourdes : 30 % des malades<br />

gardent des séquelles graves, 10 % décèdent.<br />

En l'absence de traitement, le tableau clinique évolue vers la constitution<br />

d'un syndrome de Korsakoff associant désorientation, amnésie<br />

antérograde <strong>et</strong> polynévrite le tout étant irréversible <strong>et</strong> conduisant à une<br />

prise en charge institutionnelle définitive du suj<strong>et</strong>.<br />

Deux modalités (de supplémentation vitaminique) ont été envisagées : supplémentation médicamenteuse<br />

ou nutritionnelle. La première a été éliminée, du fait de la difficulté de voir <strong>et</strong> de suivre les alcooliques ...<br />

La dose de vitamine B1 nécessaire représente 20 fois les apports conseillés, soit 30 mg/jour, en raison de la<br />

malabsorption <strong>et</strong> de l'augmentation des besoins. Deux types de support ont été envisagés : pain ou vin ?<br />

La supplémentation des farines a donné de bons résultats aux Etats-Unis mais elle couvre une population<br />

insuffisamment ciblée. La supplémentation des boissons alcoolisées est tentante. Elle aurait l'avantage<br />

d'être plus ciblée <strong>et</strong> sans doute mieux acceptée. Des modèles, adaptés à chaque type de boisson en fonction<br />

de leur degré d'alcool, ont été étudiés ; ils semblent techniquement réalisables mais n'ont jamais été mis en<br />

place à grande échelle ».<br />

« Panorama du Médecin » n°3673 du 14 octobre 1992.<br />

f) Alcool <strong>et</strong> sommeil :<br />

L’alcool diminue le sommeil lent profond (qui perm<strong>et</strong> la récupération de la fatigue physique) <strong>et</strong><br />

engendre des éveils nocturnes. De plus il raccourcit la durée du sommeil paradoxal (période du<br />

sommeil où se déroulent la grande majorité les rêves). Le sevrage alcoolique induit un brusque r<strong>et</strong>our<br />

des rêves qui peuvent même apparaître durant l'éveil sous la forme d’hallucinations: c'est le<br />

DELIRIUM TREMENS. Après sevrage le r<strong>et</strong>our d'un sommeil normal aux plans du sommeil lent <strong>et</strong><br />

du sommeil paradoxal nécessite plusieurs semaines voire plusieurs mois.<br />

Cours d'Université de J-P. GESLIN sur le sommeil<br />

g) Les prédispositions à la dépendance alcoolique :<br />

- travaux portant sur les jumeaux : le fait de comparer des groupes de vrais jumeaux <strong>et</strong> de faux<br />

jumeaux, élevés ensemble, perm<strong>et</strong> de faire la part de l’héréditaire <strong>et</strong> de l’environnement dans les<br />

comportements. La maladie alcoolique (abus <strong>et</strong> dépendance) est 2 fois plus fréquente chez les vrais<br />

jumeaux (homozygotes) que chez les faux jumeaux (hétérozygotes).<br />

- études d’enfants adoptés : on a comparé le comportement des parents biologiques <strong>et</strong> des parents<br />

adoptifs de suj<strong>et</strong>s souffrant de maladie alcoolique. Si les parents biologiques ont une forte prévalence pour<br />

l’alcool, c’est que les facteurs génétiques sont prépondérants. Si ce sont les parents adoptifs qui sont<br />

atteints, ce sont les facteurs environnementaux qui l’emportent. Dans c<strong>et</strong>te méthode, on n’a observé une<br />

prédominance génétique mais uniquement pour les enfants mâles.<br />

« Dans certaines familles, une transmission patrilinéaire (= de père en fils) d’une hyperappétence pour<br />

l’alcool est r<strong>et</strong>rouvée ». Pr Jean Adès, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Louis-Mourier (Colombes).<br />

De nombreux gènes de susceptibilité semblent être impliqués dans la maladie alcoolique.<br />

Dans les populations asiatiques, dans lesquelles un fort pourcentage d’individus (40 % des Japonais <strong>et</strong> des<br />

Chinois) présente une forte sensibilité à l’alcool (vasodilatation cutanée, nausées <strong>et</strong> tachycardie), a été mis<br />

en évidence un gène codant pour une forme inactive d’acétaldéhyde déshydrogénase : l’ALDH2. C<strong>et</strong>te<br />

mutation, qui a un eff<strong>et</strong> protecteur contre l‘alcoolisme du fait des manifestations désagréables qu’elle<br />

engendre, n’a pratiquement pas été r<strong>et</strong>rouvée dans les populations occidentales (5 %).<br />

« On s’est beaucoup bagarré entre tenants de la génétique <strong>et</strong> tenants de l’environnement.<br />

Aujourd’hui, on sait que les 2 sont impliqués dans l’alcoolisme.<br />

Pr Nordmann dans « Le Généraliste » n° 1777 du 26 mai 1997.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 56


« Les facteurs socioculturels (carences affectives, séparation du milieu familial ou parents<br />

buveurs excessifs) ne sont pas spécifiques de l’alcoolisme mais de toutes les addictions,<br />

qu’il s’agisse de boulimie ou d’autres <strong>toxicomanies</strong> ». « Impact Médecin » n° 116 du 20/9/1991.<br />

MECANISMES D’ACTION DE L’ALCOOL :<br />

L’alcool est anxiolytique à faibles<br />

doses <strong>et</strong> anxiogène à fortes doses.<br />

A l’inverse des opiacés <strong>et</strong> de la<br />

nicotine, il ne possède pas de<br />

récepteurs propres.<br />

Son action s’exerce par<br />

l’intermédiaire :<br />

• D’une inhibition des neurones<br />

producteurs de GABA (le GABA ou<br />

acide gamma aminobutyrique est un<br />

médiateur qui agit comme frein vis à<br />

vis des autres neurones)<br />

D’où une activation des neurones à<br />

dopamine (de la voie mésolimbique<br />

située au centre du système de<br />

récompense <strong>et</strong> notamment de l’aire<br />

tegmentale ventrale).<br />

L’acamprosate 3 ou Aotal ®, qui,<br />

en diminuant l’appétence à l’alcool,<br />

aide au maintien de l’abstinence chez<br />

les malades alcooliques, est un<br />

agoniste du GABA (c’est à dire qu’il<br />

renforce son eff<strong>et</strong>). 4 ou 5 comprimés<br />

par jour (selon le poids : + ou - de 60<br />

kg) en 3 prises durant 1 an (selon le<br />

nouvel A.M.M.).<br />

• Et peut être d’un eff<strong>et</strong> direct sur les<br />

récepteurs à la sérotonine 5HT3 situés<br />

sur ces mêmes neurones à dopamine.<br />

• Un hypofonctionnement des<br />

neurones à acétylcholine qui serait<br />

responsable des problèmes de mémoire.<br />

On note, chez les alcooliques, une réduction du nombre de neurones à acétylcholine dans le noyau<br />

basal de Meynert<br />

Et une diminution de l’activité d’une enzyme : la choline acétyltransférase (qui intervient dans la<br />

synthèse de l’acétylcholine) dans l’hippocampe (impliqué dans la mémoire) <strong>et</strong> le cortex cérébral.<br />

• Une action sur les récepteurs aux opiacés OP1 <strong>et</strong> OP3 (voir suite, chapitre sur les opiacés).<br />

L’alcoolisation aiguë stimule la synthèse <strong>et</strong> la libération de β endorphine (peptide naturel qui a une<br />

action analgésique comparable à celle de la morphine) dans l’hypothalamus <strong>et</strong> l’hypophyse.<br />

3 AOTAL, délivré sur ordonnance, peut entraîner des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs<br />

abdominales) <strong>et</strong> des troubles cutanés (prurit ...).<br />

Actualités-Innovations-Médecine n° 43. Octobre 1997<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 57


Consommation d’alcool en France : qui boit ?<br />

La consommation annuelle par habitant est en baisse de 30 % depuis 1970.<br />

Estimation du nombre de consommateurs d’alcool en France métropolitaine parmi les 12-75<br />

ans en 2002<br />

Expérimentateurs dont occasionnels dont réguliers dont quotidiens<br />

44,4 millions 41,8 millions 13,1 millions 7,8 millions<br />

- Expérimentateurs : personnes ayant déclaré avoir consommé au moins une fois au cours de leur vie<br />

- Occasionnels : consommateurs dans l’année<br />

- Réguliers : au moins 3 consommations d’alcool dans la semaine<br />

- Quotidiens : consommateurs quotidiens.<br />

On recense presque trois fois plus de buveurs quotidiens parmi les hommes (27,1 %) que parmi les femmes<br />

(11,0 %).<br />

Consommation d’alcool chez les majeurs par tranche d’âge <strong>et</strong> sexe (en %), en 2002<br />

Tranche d'âge 18-75 ans 18-25 ans 26-44 ans 45-75 ans hommes femmes<br />

Expérimentation 97,5 96,3 97,3 98,0 98,7 96,3<br />

Usage régulier* 30,8 15,1 22,7 42,4 42,7 19,7<br />

* : au moins 3 fois par semaine<br />

Selon l’enquête ESCAPAD 2002, l’expérimentation d’alcool à 17 ans est sexuellement peu différenciée <strong>et</strong><br />

concerne plus de 9 jeunes sur 10. Les garçons de 17 ans sont en 2002 trois fois plus nombreux que les filles<br />

à être des buveurs réguliers (au moins 10 consommations par mois) : 18,8 % contre 6,1 %. L’usage<br />

d’alcool au cours des 30 derniers jours a atteint 76,8 % parmi les filles <strong>et</strong> 84,7 % chez les garçons.<br />

L’expérimentation de l’ivresse concerne près de 5 filles sur 10 (49,1 %) <strong>et</strong> un peu plus de six garçons sur<br />

dix (62,8 %).<br />

Consommation d’alcool par tranche d’âge chez les mineurs<br />

(en %), en 2003<br />

(%) 14-15 ans 16-17 ans<br />

Garçons<br />

Expérimentation 84,1 89,0<br />

Usage régulier* 5,8 12,2<br />

Filles<br />

Expérimentation 79,3 87,6<br />

Usage régulier* 2,2 4,6<br />

* : au moins 3 fois par semaine<br />

Par ailleurs, les consommations du week-end sont plus importantes que celles de la semaine. La quantité<br />

moyenne bue le samedi diminue n<strong>et</strong>tement avec l'âge : 5,6 verres entre 18 <strong>et</strong> 25 ans contre 1,9 à plus de 55<br />

ans.<br />

Le rapport EROPP 2002, qui analyse les perceptions <strong>et</strong> opinions de la population française, indique que 7<br />

Français sur dix (70,4 %) estiment que l’alcool représente un danger plus grand pour la société que la<br />

consommation de substances illicites. S’agissant de dépendance, le tabac est perçu comme le produit le<br />

plus addictif (47,7 %), devant l’alcool (27,1 %) <strong>et</strong> le cannabis (21,0 %).<br />

* Contrôles d'alcoolémies : 112 456 tests positifs en 1999.<br />

* En 1999, le traitement de l’alcoolisme <strong>et</strong> des pathologies qui lui sont associées a entraîné un coût direct<br />

de 10 milliards d’euros, soit environ 10 % du total des dépenses de consommation médicale.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 58


2004<br />

Le cannabis ou chanvre indien :<br />

La plante :<br />

Le cannabis (Cannabis<br />

sativa) est une plante de la famille<br />

de l’ortie décrite en 1753 par Linné.<br />

Espèce annuelle d’origine asiatique,<br />

elle est cultivée dans les régions<br />

tropicales <strong>et</strong> tempérées : on la sème<br />

au printemps <strong>et</strong> on récolte à<br />

l’automne. La plante peut atteindre<br />

3 mètres de haut voire 6 mètres<br />

dans des régions qui lui<br />

conviennent mais la taille est<br />

extrêmement variable. Certains<br />

auteurs ont parfois différencié,<br />

depuis la description du Cannabis<br />

sativa, 2 autres espèces de chanvre :<br />

Cannabis indica <strong>et</strong> Cannabis<br />

ruderalis. Les diffé-rences<br />

morphologiques ne sont pas<br />

suffisamment significatives <strong>et</strong><br />

stables pour que ces formes soient<br />

considérées comme des espèces véritables, au sens botanique du terme.<br />

Plant de cannabis (photographie Phanie).<br />

Il existe des plants mâles (feuilles découpées en 4 à 6 folioles) <strong>et</strong> des plants femelles ( 5 à 7<br />

folioles) : on dit que la plante est dioïque. Ce sont les plants femelles (fleurs, feuilles <strong>et</strong> tiges) qui<br />

sont utilisés pour la fabrication de la drogue. Ils sont 2 fois plus riches en principe actif que les pieds<br />

mâles.<br />

Son usage est mentionné dans un traité de botanique trouvé en Chine <strong>et</strong> daté de 4000 ans avant<br />

Jésus Christ. Elle était cultivée sur les pentes de l’Himalaya 3500 ans avant notre ère. Les égyptiens<br />

l’employaient 1500 ans plus tard pour fabriquer des toiles <strong>et</strong> des cordages destinés à leur flotte. Au 2 ème<br />

siècle, Galien fait état des dangers de l’abus du haschich. La plante fut ramenée en France par les<br />

soldats de Napoléon suite à la campagne d’Egypte. Les graines ou "chènevis" perm<strong>et</strong>tent de produire<br />

des tourteaux pour l’alimentation du bétail <strong>et</strong> sont utilisées par les pécheurs en rivières (pêche au<br />

gardon).<br />

Cultivée en zone ensoleillée, le "chanvre textile" donne le Cannabis sativa indica ou "chanvre<br />

indien" pauvre en fibres mais riche en substance active. Le chanvre se protège en eff<strong>et</strong> de la déshydratation<br />

en produisant, au niveau de poils sécréteurs, une résine riche en tétrahydrocannabinol ou THC.<br />

Les lieux de production sont l’Asie (Thaïlande, Laos, Birmanie + Philippines + Inde, Népal,<br />

Pakistan + Afghanistan + Liban), l’Afrique (Maroc + Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Congo, Zaïre,<br />

Centre-Afrique, Kenya, Ouganda) <strong>et</strong> l’Amérique (Jamaïque, Mexique, U.S.A. + Equateur <strong>et</strong> Colombie).<br />

En France, les adeptes de la culture clandestine du cannabis lassés des dealers, mécontents de la<br />

qualité de leurs produits (coupés à la paraffine, à l’huile de vidange ou aux médicaments) <strong>et</strong> afin de s’éviter<br />

d’éventuelles poursuites judiciaires, se sont multipliés. On estime en août 2002 que leur nombre atteint<br />

100 000 <strong>et</strong> que leur production alimente plus de la moitié du marché français. Ils sont aidés par de<br />

multiples ouvrages, revues <strong>et</strong> sites intern<strong>et</strong>. Le matériel nécessaire (dont des lampes à sodium pour la<br />

culture en placards <strong>et</strong> de l’engrais sous forme de « guano de chauve-souris ») est proposé par une<br />

cinquantaine de boutiques de « jardinage ». Il perm<strong>et</strong> d’obtenir en intérieur jusqu’à 6 récoltes par an<br />

(contre 2 en culture extérieure). Les graines, interdites à la vente, sont ach<strong>et</strong>ées en particulier sur<br />

Intern<strong>et</strong> (graines nommées il y a quelques années « graines pour oiseaux de compétition »…). 41 000<br />

pieds ont été arrachés en 2001 au cours de 681 interventions.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 59


Produits récoltés :<br />

Le chanvre indien est, hormis l’alcool <strong>et</strong> le tabac, la drogue la plus consommée dans le monde.<br />

Elle peut être récoltée sous diverses formes qui se fument :<br />

* Les fleurs desséchées avec ajout éventuel de feuilles mais aussi de<br />

tiges hachées : c’est « l’herbe » ou « Marie-Jeanne » ou « marijuana » ou<br />

« marihuana » ou « kif algérien ou marocain » ou « takrouri tunisien » ou<br />

« kabak turc» ou encore « grass », « ganja » qui se présente sous l’aspect de<br />

tabac ou d’herbe séchée dont la couleur varie selon le lieu d’origine<br />

(blonde, brune, bleue ou verte foncé) avec en plus présence de graines : « le<br />

Les producteurs<br />

locaux font sécher les<br />

sommités fleuries tête<br />

en bas, dans le noir,<br />

durant 3 semaines <strong>et</strong> à<br />

une température<br />

supérieure à 18 ° C.<br />

chènevis ». Odeur forte. Sa concentration en THC était de 2% dans les années 1970. Les sélections de<br />

souches nouvelles, les cultures en serre <strong>et</strong> cultures hydroponiques (= avec des solutions nutritives<br />

renouvelées, sans le support d'un sol) ont permis d’atteindre des concentrations de 15 à 25 %.<br />

Récemment, en Hollande, des manipulations génétiques ont permis d'obtenir des variétés très enrichies<br />

en produit psychoactif contenant de 20 à 40% de THC.<br />

Elle est fumée pure ou mélangée à du tabac dans une cigar<strong>et</strong>te que l’on appelle « le joint ». Du côté<br />

buccal, un morceau de carton ferme le joint pour éviter les brûlures. Un gros joint est appelé « pétard »<br />

(« tarpés » en verlan). Elle peut aussi être infusée comme du thé <strong>et</strong> mangée dans des rec<strong>et</strong>tes de<br />

pâtisseries.<br />

* Les sommités fleuries <strong>et</strong> les graines + des<br />

feuilles, après séchage, malaxage <strong>et</strong><br />

compression, forment une sécrétion juteuse : la<br />

résine. On obtient après mélange avec du suif ou<br />

de la cire des « plaqu<strong>et</strong>tes » ou « semelles » de<br />

« haschich » ou « shit » ou « kif » (en Afrique du<br />

Nord) ou « charas » (en Inde) se présentant,<br />

selon la provenance, sous la forme d’une pâte<br />

dure noire (l’afghan), brune ou rougeâtre (le<br />

libanais) ou verdâtre (le marocain). Il faut<br />

environ 45 à 75 kg de cannabis pour produire un<br />

kilo de haschich.<br />

Le consommateur, au détail, achète des<br />

« barr<strong>et</strong>tes » conservées habituellement dans du<br />

papier d’aluminium pour d’éviter la<br />

déshydratation. Il chauffe légèrement la barr<strong>et</strong>te<br />

avec un briqu<strong>et</strong> afin de l’attendrir <strong>et</strong> l’émi<strong>et</strong>ter<br />

ainsi plus facilement. Il mélange ensuite, en<br />

p<strong>et</strong>ite quantité, avec du tabac pour fabriquer un<br />

joint (2 à 6 mg de THC). Il peut aussi être inclus<br />

dans des biscuits ou des gâteaux. Le haschich est<br />

plus concentré en substance active que l’herbe (9<br />

% mais plus s’il s’agit d’une variété sélectionnée<br />

comme la « Nederwi<strong>et</strong> »). On obtient<br />

aujourd’hui des concentrations entre 12 <strong>et</strong> 40 %.<br />

* L’huile (qui est en fait un produit non<br />

gras) est un extrait qui s’obtient en faisant<br />

macérer le haschich dans un solvant. D’aspect<br />

très visqueux, « goudronneux », de couleur vert<br />

foncé, marron ou noire, elle est hautement<br />

concentrée en produit psychoactif (entre 30 <strong>et</strong> 60<br />

Photographie : Perri/Cosmos.<br />

% de THC). Elle est fumée après l’avoir été<br />

déposée sur ou dans une cigar<strong>et</strong>te ou ajoutée à un joint pour accroître son eff<strong>et</strong>.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 60


Eff<strong>et</strong>s recherchés :<br />

Les eff<strong>et</strong>s d’une prise varient beaucoup selon la<br />

personnalité des suj<strong>et</strong>s, le contexte, les modalités de son<br />

utilisation, la quantité absorbée <strong>et</strong> la qualité du produit :<br />

Le cannabis provoque effectivement une<br />

sensation de bien-être.<br />

• La première phase de l’eff<strong>et</strong> se manifeste en quelques<br />

minutes <strong>et</strong> correspond à une légère excitation euphorique<br />

(exaltation de l’humeur) associée à une désinhibition.<br />

• Suit une période d’accroissement<br />

des acuités tactile, visuelle <strong>et</strong> auditive<br />

(hyperesthésie) <strong>et</strong> une modification de<br />

la perception du temps. L’eff<strong>et</strong> est<br />

maximum 15 à 30 minutes après la<br />

prise <strong>et</strong> dure environ 2 heures.<br />

Quelquefois apparaît une distorsion<br />

des perceptions sensorielles : tactiles,<br />

auditives, plus rarement visuelles<br />

(couleurs) mais sans véritables<br />

hallucinations. La musique est<br />

entendue « autrement ».<br />

• La dernière phase dite de « repos<br />

extatique » se termine dans la<br />

somnolence.<br />

L’eff<strong>et</strong> incapacitant (en particulier au<br />

niveau de la conduite auto-mobile)<br />

est assez court : de l’ordre de 1 ou 2<br />

heures mais de p<strong>et</strong>ites anomalies<br />

peuvent être relevées 6 h plus tard <strong>et</strong><br />

de discrètes pertur-bations sont<br />

encore décelables de 12 à 24 heures<br />

après le joint.<br />

• Avalé, ses eff<strong>et</strong>s peuvent prendre<br />

plus de 30 minutes à se manifester, <strong>et</strong><br />

persister de 3 à 8 heures.<br />

Le cannabis <strong>et</strong> des<br />

cannabinoïdes synthétisés chimiquement ont un eff<strong>et</strong> antinauséeux <strong>et</strong><br />

antivomitif utilisés par les cancéreux traités par chimiothérapie. Ils abaissent<br />

la pression intra-oculaire en cas de glaucome. Certains médecins <strong>et</strong> patients<br />

affirment qu’ils calment les douleurs musculaires <strong>et</strong> les spasmes dans la<br />

sclérose en plaques. Un cannabinoïde est autorisé dans certains pays pour<br />

stimuler l’appétit des patients atteints du sida 4 (USA) ou de cancers. Ils<br />

pourraient aussi être utilisés dans le traitement de l’épilepsie.<br />

Des malades demandent une dépénalisation pour un usage thérapeutique.<br />

Les essais thérapeutiques sur la maladie de Parkinson <strong>et</strong> le syndrome de Huntington se sont révélés<br />

inefficaces.<br />

4 La molécule utilisée est le dronabinol (delta-9-THC).<br />

Dessin extrait d’un site de vente de<br />

graines de cannabis.<br />

Cannabis : les différents produits <br />

Résine en haut, herbe au milieu <strong>et</strong> huile en bas.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 61


Quels eff<strong>et</strong>s toxiques ?<br />

Un joint de marijuana<br />

(photographie extraite de « Télérama junior » n° 238 du 21 au 27 mars1998 :<br />

« 10 questions sur la drogue » par Gérard Dhôtel.<br />

Le 11 novembre 1996, « Le Lanc<strong>et</strong> » publiait un éditorial intitulé : « L’usage du cannabis,<br />

même sur un longue période, n’est pas dangereux pour la santé ».<br />

Jean-Paul Tassin, de l’Académie des Sciences, directeur de recherche à l’INSERM <strong>et</strong><br />

chercheur au laboratoire de neuropharmacologie du collège de France terminait un article<br />

dans « La Recherche » n° 287 de mai 1996 par c<strong>et</strong>te phrase : « le cannabis en lui-même n’est<br />

pas un danger pour la société, mais persister à le diaboliser peut en être un ».<br />

FAUT-IL DEMYSTIFIER LE CANNABIS ?<br />

Des médecins affirment qu’on ne note pas de phénomène de<br />

sevrage à l’arrêt de la prise (pas de dépendance physique) <strong>et</strong> qu’il<br />

n’existe pas de nécessité d’augmenter les doses (tolérance) afin<br />

d’obtenir le même eff<strong>et</strong>. L’eff<strong>et</strong> néfaste se limite t-il à une<br />

hyperhémie conjonctivale (= yeux rouges ) <strong>et</strong> la bouche sèche ? !<br />

Pourtant, le Bull<strong>et</strong>in Officiel du Ministère de l’Education nationale du 24 mars 1977 était<br />

ainsi rédigé :<br />

« ... expliquer que la haschisch... s'accumule dans les tissus graisseux <strong>et</strong> y persiste une dizaine<br />

de jours avant d'être éliminé. Sous l'eff<strong>et</strong> d'un stress, un suj<strong>et</strong> ayant fumé du ''hasch'' plusieurs<br />

jours auparavant libère brusquement celui-ci dans son sang <strong>et</strong> il s'ensuit une ivresse<br />

cannabique (c'est la décharge d'adrénaline associée au stress qui provoque le relargage de la<br />

drogue dans le courant sanguin).<br />

Par ailleurs les cannabinoïdes traversent la barrière placentaire. Il faut rappeler à c<strong>et</strong> égard<br />

que, dans les pays où le cannabis est endémique, les femmes n'ont jamais été consommatrices<br />

de cannabis, pour des raisons culturelles. Pour des raisons du même ordre, cela ne serait pas le<br />

cas dans les pays occidentaux.<br />

Des altérations sensibles de l'appareil respiratoire apparaissent. On a observé chez les jeunes<br />

soldats américains qui fumaient de grosses doses de haschisch pendant 5 à 15 mois des<br />

altérations pulmonaires comparables à celles présentes chez les gros fumeurs de tabac, après 20<br />

ans de tabagisme. La fumée de marijuana possède un pouvoir cancérigène aussi puissant que<br />

celui du tabac <strong>et</strong> une cigar<strong>et</strong>te de cannabis est habituellement inhalée plus profondément <strong>et</strong><br />

r<strong>et</strong>enue plus longtemps dans les poumons qu'une cigar<strong>et</strong>te ordinaire<br />

Le Le Le Le cannabis cannabis cannabis cannabis peut peut peut peut occasionner occasionner occasionner occasionner des des des des changements changements changements changements de de de de personnalité personnalité<br />

personnalité<br />

personnalité profonds profonds profonds profonds <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

permanents permanents permanents permanents lorsqu’ils lorsqu’ils lorsqu’ils lorsqu’ils prennent prennent prennent prennent place place place place au au au au moment moment moment moment de de de de la la la la puberté puberté puberté puberté ».<br />

Effectivement, diverses études postérieures (1977 à 1997) concluent que :<br />

Si le produit est concentré, il s’ensuit une véritable ivresse avec incapacité à évaluer<br />

les distances <strong>et</strong> altération des réflexes (désorientation temporo-spatiale) <strong>et</strong> parfois des<br />

hallucinations. « Les interdits sont négligés ». A noter que le cannabis est néanmoins plus<br />

rarement facteur de violence que l’alcool (mais il est moins vite éliminé... cf. suite).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 62


Le THC franchit la barrière placentaire chez la femme enceinte, rejoint le fo<strong>et</strong>us <strong>et</strong> peut<br />

aller agir au niveau de son cerveau. Il se r<strong>et</strong>rouve également dans le lait maternel.<br />

La destruction du THC s’effectue au niveau du foie mais est très lente du fait de sa forte<br />

fixation sur ses récepteurs. Il faut plus d’une semaine à 1 mois pour éliminer les composants<br />

actifs d’un seul joint, ceux-ci se condensant dans le tissu adipeux. On a en eff<strong>et</strong> r<strong>et</strong>rouvé le<br />

principe actif dans les urines jusqu'à 1 mois après la consommation. Il suffit en conséquence<br />

d’une seule consommation hebdomadaire pour que la substance s’accumule progressivement<br />

dans l’organisme.<br />

Les eff<strong>et</strong>s toxiques rapportés correspondent à des consommations régulières de plusieurs<br />

joints par jour pendant 3 à 7 ans (accroissement du rythme cardiaque + décroissance de la<br />

fonction ventilatoire ; diminution de la spermatogenèse <strong>et</strong> perturbation de l’ovulation).<br />

L’existence d’une élévation de la fréquence des cancers des voies aéro-digestives chez les gros<br />

fumeurs de cannabis restait discutée.<br />

Le rapport de l’académie des sciences de 1997 :<br />

« Face à l’augmentation préoccupante de la consommation de<br />

cannabis, en particulier chez les élèves du second degré », François<br />

d'Aubert, ministre du budg<strong>et</strong>, a souhaité disposer d'un bilan compl<strong>et</strong> des<br />

connaissances relatives aux mécanismes d'action de ce produit <strong>et</strong> de ses<br />

eff<strong>et</strong>s sur la santé. Un rapport de l'Académie des sciences réalisé durant<br />

1 année par 23 experts (à la demande du secrétariat d'Etat à la<br />

Recherche) a été présenté lors de la 8 ème conférence internationale sur la<br />

réduction des risques le 27 mars 1997 ... Ce rapport confirme que<br />

« l’usage de la marijuana entraîne toute une série d'eff<strong>et</strong>s toxiques ».<br />

Il ressort de c<strong>et</strong>te l’étude :<br />

Pipe à cannabis<br />

que l'usage du cannabis provoque, à plus ou moins long terme, une concentration intellectuelle<br />

difficile, des troubles de la mémoire avec perturbation de l'apprentissage <strong>et</strong> passivité. Ceci<br />

correspond au « syndrome amotivationnel » décrit antérieurement.<br />

des troubles de la respiration <strong>et</strong> de la pression artérielle (qui diminue en position debout),<br />

ainsi qu'une ‘‘action immunosuppressive’’, c’est à dire une décroissance des défenses<br />

immunitaires.<br />

En fait, c’est la diminution des capacités mnésiques <strong>et</strong> la démotivation qui doivent le<br />

plus inquiéter chez le jeune.<br />

ATTENTION... « Les observations de l'Académie des sciences portent essentiellement sur des<br />

teneurs en THC de 3%, les plus fréquentes ». « Toutefois, avec le haschisch (résine) néerlandais :<br />

le « shrong », élevé sous serre, ce taux peut atteindre les 20% ou les dépasse s'il s'agit d'« huile ».<br />

(« Le Quotidien du Médecin » n° 6038 du 01/04/1997 <strong>et</strong> « Impact Médecin n° 1037 du 03/04/1997).<br />

Le shrong est encore dénommé « cannabis rouge », il est cultivé aux Pays-Bas (« Nederwi<strong>et</strong> »)<br />

<strong>et</strong> en Californie. En Hollande, il existerait 40 000 planteurs autorisés par l’état (cf. « La<br />

toxicomanie » par le Dr Robert Pocheau).<br />

Les rapports de l’INSERM en 2001, de l’académie américaine des sciences de<br />

1999 <strong>et</strong> du sénat canadien en 2002 sont concordants <strong>et</strong> confirment une bonne partie des<br />

points précédents à l’exception de la baisse des défenses immunitaires qui bien que possible<br />

reste pour l’instant non prouvée.<br />

Il n’y a pas de risques d’overdose… Aucun décès lié directement au cannabis n’a été<br />

rapporté. Le phénomène de tolérance est peu marqués (il n’a pas été observé chez l’adulte <strong>et</strong><br />

très rarement chez l’enfant <strong>et</strong> l’adolescent) <strong>et</strong> la dépendance, uniquement psychologique<br />

n’affecte que 5 à 20 % des consommateurs réguliers.<br />

Par contre le cannabis entraîne une tachycardie (= du rythme cardiaque) qui le rend<br />

néfaste aux cardiaques.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 63


Le risque de maladies pulmonaires, y compris le cancer est considéré comme élevé <strong>et</strong> serait lié au<br />

tabac associé.<br />

Le passage transplacentaire est confirmé. Les concentrations chez le fœtus peuvent être supérieures<br />

à celles de la mère ! Chez les grandes consommatrices l’enfant naît prématurément, plus p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> moins<br />

lourd, des troubles comportementaux ont été observés. Une partie de ces eff<strong>et</strong>s est peut être à relier à<br />

la baisse de la glycémie provoquée par le cannabis.<br />

Notre avis :<br />

Le jeune ne sait pas ce qu’il a ach<strong>et</strong>é, ce peut être « du foin » mais aussi un produit très chargé (<strong>et</strong><br />

de plus en plus) en THC <strong>et</strong> donc toxique. Ce peut même être un mélange de haschich <strong>et</strong> de crack<br />

émanant d’un dealer qui veut fixer le client... là les risques sont gravissimes.<br />

Comment expliquer les eff<strong>et</strong>s du cannabis ?<br />

Le delta 9-tétrahydrocannabinol (THC), isolé en<br />

1964, est l’un des 500 composants du cannabis <strong>et</strong><br />

le principe actif de la drogue. C’est un produit<br />

lipophile, c’est à dire capable de se solubiliser dans<br />

les graisses. 20 % du produit fumé passe dans<br />

l’organisme, le restant étant dégradé par la<br />

combustion ou partant en fumée. Le THC peut<br />

alors se fixer au niveau du tissu cérébral (1% du<br />

contenu en THC du joint rejoint le cerveau).<br />

Deux types de récepteurs connus au<br />

tétrahydrocannabinol (THC), expliquent au<br />

moins en partie les dysfonctionnements<br />

observés :<br />

Les premiers récepteurs ou CB1 sont localisés<br />

dans l’encéphale sur les neurones <strong>et</strong> sur les<br />

cellules gliales chez tous les vertébrés y compris<br />

l’homme. Une expérience américaine portant sur une<br />

Dessin extrait du journal « Le Monde »<br />

du 14 août 2002 : « Les fumeurs-jardiniers font le succès<br />

du cannabis "made in France" ».<br />

centaine d’étudiants, fumant du haschich marqué par un isotope radioactif, a montré que le THC<br />

persistait 3 semaines au niveau du cerveau dans le système limbique (impliqué dans le plaisir). Ils sont<br />

également abondants au niveau du cerveau dans l’hippocampe (impliqué dans<br />

la mémoire <strong>et</strong> plus précisément dans l’étiqu<strong>et</strong>age des informations<br />

nouvellement acquises), dans la substance noire <strong>et</strong> dans le cervel<strong>et</strong>.<br />

Ils servent normalement de liants à 2 endocannabinoïdes naturels du cerveau.<br />

* Le 1er est une substance lipidique produite par les neurones : l’anandamide<br />

(de ananda = félicité ou béatitude en sanskrit). Ce composé, comme le<br />

cannabis, induit une hypothermie, une analgésie, une hypomotricité <strong>et</strong> une<br />

catalepsie.<br />

* Ils servent aussi, tous les 2, de récepteurs (mais avec moins d’affinités) au<br />

"2 arachidonyl-Glycérol" (= 2 AG) dont la concentration cérébrale est 200<br />

fois plus importantes que celle de l'anandamide.<br />

Le cannabis suscite une libération de dopamine dans le cerveau mais de façon<br />

beaucoup moins n<strong>et</strong>te que les stupéfiants. Il interfère aussi avec les neurones à sérotonine <strong>et</strong> les<br />

neurones utilisant le GABA comme médiateur.<br />

Des récepteurs CB1 existent également en dehors du système nerveux central : testicules, utérus,<br />

intestin grêle, vessie. L’absence de CB1 dans le thalamus, le tronc cérébral <strong>et</strong> la moelle épinière<br />

expliquerait que l'abus de marijuana ne s'accompagne pas de risques vis à vis des fonctions vitales.<br />

Les seconds ou CB2 sont présents sur les globules blancs (en particulier les monocytes <strong>et</strong><br />

lymphocytes B <strong>et</strong> T) <strong>et</strong> pourrait expliquer l'affaiblissement des défenses immunitaires : plusieurs cas<br />

de sensibilisation à des maladies infectieuses ont été mis en évidence.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 64


Provenance du cannabis importé en France :<br />

« La marijuana est relativement rare en France. Le peu de<br />

marijuana disponible provient d'Amérique (Colombie,<br />

Jamaïque), d'Afrique (Côte d'Ivoire, Cameroun, Congo,<br />

Nigeria) ou des Pays-Bas. Dans le midi de la France,<br />

notamment en Ardèche <strong>et</strong> dans le Sud-Ouest, on peut<br />

trouver de la marijuana cultivée localement, parfois plantée<br />

avec des graines en provenance des Pays-Bas 5 …<br />

Les chiffres de l'OCRTIS (Office Central pour la<br />

Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants), qui rassemble<br />

les données concernant les drogues interceptées par la<br />

douane, la police <strong>et</strong> la gendarmerie, montrent que presque<br />

tout le cannabis intercepté est constitué de haschich. ».<br />

Boekhout van Solinge, Tim. Le cannabis en France.<br />

P<strong>et</strong>er Cohen & Arjan Sas (Eds.) (1996).<br />

Le cannabis importé correspond à 80 % à du haschich<br />

marocain. On trouve également des haschichs pakistanais<br />

<strong>et</strong> afghan.<br />

Qui est touché ?<br />

En 2002, 7 millions de Français en consomment dont 3,3 millions régulièrement qu’il s’agisse<br />

du chanvre indien ou de ses dérivés. Le cannabis représente 85 % de la consommation de drogues<br />

prohibées en 2002.<br />

Dans son livre « Les drogues » aux éditions<br />

Dominos-Flammarion (1995), Pierre Richard parlait<br />

déjà de 5 millions de fumeurs occasionnels.<br />

« 12 % des 11-19 ans avaient goûté au<br />

haschisch » en mars 1997. Ils sont 53,7 % (48,9 %<br />

des filles <strong>et</strong> 58,3 % des garçons) parmi les 17-19<br />

ans en mai 2002.<br />

« 5 % des amateurs de cannabis ‘‘passeraient‘‘<br />

(en France) à l'usage de stupéfiants par voie<br />

intraveineuse » (mars 1997).<br />

En fait ce pourcentage semble varier selon les<br />

pays <strong>et</strong> la drogue ultérieure : aux USA, en 1993, 16<br />

% des étudiants fumeurs de cannabis avouaient<br />

avoir essayé la cocaïne mais ils n’étaient que 4% au<br />

Canada <strong>et</strong> 1, 8 % aux Pays-Bas.<br />

Une étude du MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue <strong>et</strong> la Toxicomanie)<br />

portant sur 1087 consommateurs de cannabis (haschisch = résine de cannabis <strong>et</strong> herbe = fleurs ou<br />

feuilles de cannabis séchées) <strong>et</strong> datant de décembre 1996 montre qu’il s’agit à 70 % d’hommes.<br />

Agés de 28 ans en moyenne ils étaient généralement bien insérés socialement (2 % se trouvaient en<br />

situation de précarité <strong>et</strong> 12 % au chômage). Pour plus de la moitié, il s’agissait de « gros<br />

consommateurs » fumant plus de 150 « joints » par mois, 30 % en consommaient 1 ou 2 par<br />

semaine <strong>et</strong> 15 % 1 ou plus par mois. Le don ou le partage était très fréquent entre consommateurs.<br />

¼ effectuaient leur propre culture (surtout dans des sites ruraux), rarement pour la revente. L’âge<br />

du début était en moyenne de 16 ans.<br />

5 30 euros environ le sach<strong>et</strong> de 10 graines en octobre 2004 sur intern<strong>et</strong>.<br />

Feuille de cannabis.<br />

« Impact Médecin hebdo » n° 418 du 4 /09/ 1998.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 65


L’office français des drogues <strong>et</strong> <strong>toxicomanies</strong> soulignent qu’en 2002-2003, les très jeunes<br />

expérimentent souvent d’abord des produits à inhaler (colle, solvants, éther) puis des médicaments<br />

psychotropes, le tabac <strong>et</strong>/ou l’alcool avant la prise de cannabis. La prise de tabac <strong>et</strong> d’alcool<br />

persiste conjointement à celle du cannabis mais la consommation de cannabis baisse à partir de<br />

l’insertion professionnelle.<br />

Un diagnostic biologique de la prise de cannabis est possible dans les urines.<br />

Le résultat est positif au delà de 100 nanogrammes par millilitre de Δ 9 TTC.<br />

Ce dosage n’indique pas s’il s’agit d’une prise occasionnelle ou habituelle.<br />

Comment la personne qui fumait occasionnellement du cannabis<br />

était-elle perçue fin 1997 ? Qu’en est-il en 2002 ?<br />

L’opinion évolue ...<br />

- D’une part , « le premier joint semble avoir remplacé la<br />

première cigar<strong>et</strong>te comme motif d’inquiétude pour les<br />

parents. Si les adolescents n’y prêtent souvent pas plus<br />

d’attention que cela, les familles horrifiées y voient souvent<br />

à tort, l’entrée dans la toxicomanie ».<br />

Docteur Serge Aizenfisz de l’UFR Xavier Bichât.<br />

- D’autre part, à la date de d’octobre 1997, nos concitoyens<br />

se montrent de plus en plus tolérants : 9 personnes sur 10<br />

chercheraient par le dialogue à comprendre leur enfant s’il<br />

se droguait, 3 % seulement auraient envie de lui « flanquer<br />

une raclée ». 42 % (contre 26 % il y a 9 ans) pensent que la<br />

prévention doit passer prioritairement par la création de<br />

relations de confiance entre parents <strong>et</strong> enfants.<br />

L’information des jeunes à l’école apparaît primordiale pour<br />

62 % des français.<br />

- « En 2002 : La moitié de la population âgée de 15 à 75 ans<br />

continue à juger que l'expérimentation du cannabis est déjà<br />

dangereuse (50,8 % en 2002 contre 51,3 % en 1999) mais la<br />

proportion de personnes<br />

considérant que ce produit n’est<br />

dangereux qu’à partir d’une<br />

consommation quotidienne est<br />

en hausse : 32,5 % contre 28,1<br />

% en 1999.<br />

La thèse de l’escalade (selon<br />

Feuille de cigar<strong>et</strong>te fine<br />

type OCB, tabac blond<br />

de préférence au brun.<br />

Le carton est constitué<br />

d’un tick<strong>et</strong> de métro ou<br />

de train…<br />

UN FUMEUR OCCASIONNEL DE<br />

JOINT EST-IL UN<br />

TOXICOMANE ?<br />

Si la réponse est « NON » pour 64<br />

% des sondés, la proportion<br />

atteint<br />

77 % pour les 15-34 ans.<br />

Enquête du 8 au 11 octobre 1997 sur<br />

1002 personnes effectuée pour<br />

l‘association « Grande Ecoute »<br />

dirigée<br />

par le psychiatre Francis Curt<strong>et</strong>.<br />

laquelle l’usage de cannabis conduirait à consommer par la suite des<br />

produits plus dangereux) est, comme en 1999, partagée par 7 individus<br />

sur dix (69,9 % en 1999 contre 69,8 % en 2002). Cependant, la part des<br />

personnes « tout à fait d’accord » avec c<strong>et</strong>te idée a légèrement diminué,<br />

passant de 39,4 % à 36,1 % de 1999 à 2002.<br />

Dans la hiérarchie de la dangerosité, le cannabis arrive en dernière<br />

position (derrière l’alcool <strong>et</strong> le tabac), seuls 2,0 % des individus interrogés<br />

jugeant qu’il est le produit le plus dangereux ».<br />

« La proportion de personnes interrogées se déclarant favorables à la mise en vente libre du cannabis<br />

connaît une réelle progression : ils sont 23,9 % en 2002, soit près du quart de la population, contre<br />

17,1 % en 1999 ».<br />

Passage extrait de http://www.ofdt.fr/ofdt/fr/point2.htm<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 66


Vers une dépénalisation du cannabis ?<br />

Bernard Kouchner <strong>et</strong> « La voie de la<br />

réglementation des drogues douces »<br />

Ira-t-on ou non, au-delà du débat sur la cigar<strong>et</strong>te<br />

de cannabis qu'untel fume <strong>et</strong> que l'autre interdit,<br />

vers une modification de la loi du 31 décembre<br />

1970 ? « Je le souhaite, répond le secrétaire<br />

d'Etat à la Santé.<br />

Mais pour cela, il faut convaincre ses propres<br />

amis <strong>et</strong> aborder sans fracas le face-à-face<br />

parlementaire. La voie vers la légalisation ou la<br />

réglementation des drogues douces, ajoute-t-il,<br />

nous est autorisée maintenant. Un modèle cohérent<br />

<strong>et</strong> adapté à la situation française est à<br />

trouver. Il importe, également, de satisfaire à la<br />

demande sociale <strong>et</strong> médicale de réduction des<br />

risques chez les toxicomanes. Et pourquoi ne<br />

pas ouvrir une discussion sur le plaisir, même si<br />

c'est aventureux ... Enfin, il ne faut rien brusquer».<br />

« J'espère, conclut Bernard Kouchner,<br />

qu'il sortira de tout ça une proposition de loi<br />

généreuse prenant en compte la notion de<br />

risque». Risque <strong>et</strong> plaisir, plaisir du risque,<br />

comme les temps ont changé !<br />

Philippe ROY, « Le Quotidien du Médecin n°<br />

6155 du 30 octobre 1997.<br />

Drogue : Guigou <strong>et</strong> Kouchner, pas d'accord sur la loi de 1970.<br />

Dessin paru dans « La Recherche » n°287 de mai 1996.<br />

La ministre de la Justice réfute l'idée de revenir sur la législation du 31 décembre 1970 concernant<br />

la drogue. Rej<strong>et</strong>ant clairement une telle éventualité, au micro de RTL, Elisab<strong>et</strong>h Guigou explique<br />

que « la société, les parents d'abord, doit dire aux enfants qu'il ne faut pas toucher à la drogue<br />

parce que toutes les drogues sont dangereuses. Il faut redire c<strong>et</strong> interdit. C'est un problème de<br />

santé publique avant tout <strong>et</strong> je crois que c'est là, peut-être, que nous avons des progrès à faire ».<br />

Pour Mme Guigou, « la loi est là, elle est appliquée d'ailleurs par les parqu<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> modulée en<br />

fonction des gens. On ne va pas traiter de la même façon un trafiquant <strong>et</strong> un toxicomane, surtout<br />

pour la première fois ».<br />

Le secrétaire d'Etat à la Santé, interrogé par « le Nouvel Observateur », estime, pour sa part, que la<br />

loi de 1970 « n'est pas adaptée aux situations que nous connaissons». « Les toxicomanes ne sont<br />

pas des délinquants, mais, très souvent, des malades, <strong>et</strong> la toxicomanie est un problème de santé<br />

publique majeur nécessitant information, prévention <strong>et</strong> réduction des risques », affirme Bernard<br />

Kouchner, en soulignant que le suj<strong>et</strong> « mérite autre chose qu'une polémique de peu d'envergure».<br />

Article non signé, « Le Quotidien du Médecin n° 6137 du 6 octobre 1997.<br />

Elisab<strong>et</strong>h Guigou <strong>et</strong> Bernard Kouchner avaient à l’époque, tous les 2, reçu le professeur<br />

Roger Henrion président de la commission « Henrion » (voir page suivante).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 67


En 1995, le Professeur Henrion rem<strong>et</strong>tait le rapport « Réflexion sur la drogue <strong>et</strong> la<br />

toxicomanie » au ministre des affaires sociales <strong>et</strong> de la santé, rapport réalisé à la demande de<br />

Simone Veil <strong>et</strong> de Philippe Douste-Blazy. Au sein de la commission, qui siégea de mars 1994 à<br />

février 1995, 2 groupes s’opposaient :<br />

Contre la dépénalisation du cannabis :<br />

8 membres de la commission.<br />

Il faut maintenir la pénalisation de l’usage pour tous<br />

les produits. Il faut conserver « un interdit » sur le<br />

chanvre indien, en substituant toutefois à la notion de<br />

délit celle de contravention.<br />

Pour les autres drogues, pour usage simple, la durée de<br />

l’emprisonnement passerait de 1 an à 6 mois.<br />

L’interdit constitue un ‘’rempart ‘’ « sur lequel<br />

pouvaient s’appuyer les éducateurs, les parents <strong>et</strong> les<br />

policiers ».<br />

« Sans lui, on assisterait à une augmentation de la<br />

consommation de drogues, principalement chez les<br />

adolescents les plus influençables ou connaissant des<br />

problèmes familiaux ou psychologiques ».<br />

Pour la dépénalisation (sans délit connexe) :<br />

9 membres de la commission dont le Pr Henrion.<br />

Il faut modifier la loi afin de la rendre crédible.<br />

« Il convient de ne pas négliger l’ampleur du<br />

phénomène : on compterait 1 million d’usagers <strong>et</strong> 12<br />

% de ‘’fumeurs récréatifs’’ chez les 11-19 ans ».<br />

« La loi de 1970 constitue un écran du à la prohibition<br />

du chanvre indien, préjudiciable à une préventioninformation<br />

efficace. A ce propos, il est paradoxal<br />

d’interdire l’héroïne, tout en tolérant le port de<br />

seringue au nom de la santé publique ».<br />

Rappelons que la loi de 1970, toujours en vigueur en 2002, prévoit une peine d’emprisonnement<br />

d’un an <strong>et</strong> une amende de 3750 euros pour un simple consommateur. L’usage est toutefois dépénalisé<br />

de fait depuis la circulaire Peyrefitte de 1978 complétée par une circulaire Badinter de 1984. Ces 2<br />

textes enjoignent les parqu<strong>et</strong>s de ne plus poursuivre les simples usagers de cannabis.<br />

Selon le pr. Henrion, la dépénalisation devrait être accompagnée d’1 réglementation en 8 points :<br />

1. Interdiction de fumer des joints avant 16 ans, en raison du « syndrome de démotivation » qui se<br />

caractérise par des troubles de la mémoire, de l'attention <strong>et</strong> de la vigilance, <strong>et</strong> peut entraîner une<br />

désinsertion scolaire <strong>et</strong> sociale.<br />

2. Interdiction de fumer des joints dans les lieux publics accueillant des jeunes, tels que les établissements<br />

scolaires, les foyers d'hébergement, ou encore les casernes <strong>et</strong> les espaces loisirs, compte tenu de la «<br />

fum<strong>et</strong>te passive » <strong>et</strong> du caractère incitatif du geste du fumeur en communauté.<br />

3. Interdiction de fumer des joints dans les métiers dits de sécurité, comme chirurgien, pilote d'avion ou<br />

conducteur de TGV (note 1).<br />

4. Répression de l'ivresse cannabique dans les lieux publics ou sur la voie publique.<br />

5. Création d'un délit de conduite sous l'emprise du cannabis, consécutif, exclusivement, à un accident ou<br />

à un « comportement notablement dangereux » (note 1).<br />

6. Maintien d'une sanction de l'incitation à la consommation, notamment par voie de presse.<br />

7. Possibilité d'une incitation à un traitement, à défaut d'une injonction thérapeutique, en cas de<br />

cannabisme chronique ou lorsque l'usage de la drogue est associé à l'alcool <strong>et</strong> au tabac ou à la<br />

polytoxicomanie.<br />

8. Evaluation triennale, ou quinquennale, de la future loi, avant de la modifier ou de la pérenniser, voire<br />

d'apporter des changements aux dispositions touchant aux opiacés.<br />

« Et, à terme, relève le Pr Henrion, il n'est pas exclu que l'on passe de la dépénalisation à la légalisation<br />

contrôlée, c'est-à-dire à la vente, sous le contrôle de l'Etat, de cannabis chez les buralistes». « Dans tous<br />

les cas, poursuit le praticien, si le gouvernement se prononçait pour la dépénalisation, <strong>et</strong> nos recommandalions<br />

restent toujours d'actualité, il devrait ouvrir, au préalable, un large débat de fond en<br />

direction des médecins <strong>et</strong> du public sur les véritables dangers du cannabis».<br />

Note 1 : remarque personnelle... où doit s’arrêter l’interdiction ? Tous les conducteurs de transports en commun ? Chauffeurs de cars<br />

transportant des enfants ? Personnels au contact d’enfants ? Employés de centrales ? Infirmières ? ...<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 68


La drogue au volant désormais<br />

sanctionnée<br />

LE FIGARO : 24 janvier 2003<br />

C'est un aberrant vide juridique que le Parlement<br />

a comblé hier matin, en adoptant définitivement la<br />

proposition de loi du député UMP du Val-de-<br />

Marne, Richard Dell'Agnola, faisant de la drogue<br />

au volant un délit au même titre que l'alcool. Le<br />

groupe PS <strong>et</strong> le PC se sont abstenus, estimant<br />

que le texte manquait de clarté.<br />

La loi UMP prévoit de punir les conducteurs sous<br />

l'emprise de stupéfiants ou de psychotropes de<br />

deux ans de prison <strong>et</strong> 4 500 € d'amende,<br />

comme ceux pris en état d'ébriété. Le 19<br />

décembre dernier, les sénateurs ont aggravé les<br />

peines en cas d'association d'alcool <strong>et</strong> de drogue<br />

au volant, en les portant à trois ans<br />

d'emprisonnement <strong>et</strong> 9000 € d'amende.<br />

Pour des raisons budgétaires mais aussi pour<br />

faciliter le travail des policiers, les contrôles ne<br />

seront pas systématiques, sauf bien sûr, pour les<br />

accidents mortels. Pour le reste, c'est en cas de<br />

suspicion de conduite sous influence lors d'un<br />

accident, ou après une infraction au code de la<br />

route, que les tests pourront avoir lieu.<br />

Pas évident effectivement pour les forces de<br />

l'ordre d'accompagner chaque suspect à l'hôpital<br />

pour lui faire subir des analyses d'urine, puis<br />

des tests de sang en cas de positivité: «C'est<br />

comme pour l'alcool avec l'éthylotest. Si les<br />

procédures sont simplifiées sur le terrain, on<br />

n'hésitera pas à procéder à des contrôles, estime<br />

un gendarme. Mais si on doit accompagner une<br />

personne sous emprise de stupéfiants à l'hôpital,<br />

ce sera plus difficile à appliquer».<br />

Le député à l'origine du texte, Richard<br />

Dell'Agnola, a conscience de c<strong>et</strong>te difficulté<br />

d'application. Pour faciliter la tâche des forces de<br />

l'ordre, il compte s'inspirer du système allemand<br />

« drug wipe » : il s'agit d'un bâtonn<strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong><br />

de recueillir la salive <strong>et</strong> de déceler en quelques<br />

secondes la présence ou non de stupéfiants.<br />

«Quand la loi entrera en vigueur, j'espère que des<br />

laboratoires français s'inspireront de ce<br />

système», souligne le député qui compte<br />

également avec sa loi rendre les conducteurs<br />

plus prudents : «La France est le seul pays<br />

d'Europe à ne pas avoir pris de disposition dans<br />

ce sens, aujourd'hui c<strong>et</strong>te lacune devrait être<br />

comblée ».<br />

L'application de ces contrôles laisse perplexe le<br />

professeur Michel Reynaud, psychiatre,<br />

addictologue <strong>et</strong> chef de service à l'hôpital Paul-<br />

Brousse de Villejuif : « Le problème avec le<br />

cannabis c'est qu'il est difficile de connaître<br />

exactement quand a eu lieu la<br />

consommation. On va réaliser des dosages<br />

compliqués <strong>et</strong> onéreux sans être sûr que<br />

l'accident est imputable à la<br />

consommation», dit ce médecin, qui craint<br />

une multiplication des contentieux.<br />

Le psychiatre déplore que l'aspect sanitaire<br />

n'ait pas également été pris en compte par<br />

les députés : «C'est bien de punir, mais il<br />

faut aussi traiter <strong>et</strong> soigner. C'est comme<br />

pour l'alcool, rien n'est prévu : on ne fait<br />

pas la différence entre un consommateur<br />

d'alcool ou de cannabis occasionnel ou<br />

dépendant. Bientôt avec la nouvelle<br />

législation, on va se contenter d'enlever 6<br />

points sur un permis. Une injonction<br />

thérapeutique devrait absolument compléter<br />

la pénalisation ».<br />

Selon Richard Dell'Agnola, la loi sur les<br />

drogues au volant devrait entrer en vigueur<br />

avant l'été après la publication des décr<strong>et</strong>s<br />

d'application. « La mécanique est simple. le<br />

dispositif est semblable à celui de l'alcool »,<br />

note le député.<br />

C'est l'usage du cannabis qui est<br />

principalement visé par c<strong>et</strong>te nouvelle<br />

législation. Une étude épidémiologique<br />

lancée en octobre 2001 révèle, que, sur<br />

plus de 2 000 accidents mortels, 12 à 17 %<br />

des conducteurs, tous âges confondus,<br />

étaient sous l'emprise du cannabis, <strong>et</strong><br />

plus de 20 % chez les moins de 27 ans. Le<br />

ministre de la Justice, Dominique Perben, a<br />

d'ailleurs suggéré de « dédier » c<strong>et</strong>te loi à<br />

Marilou, décédée le 1er janvier 2002, lors<br />

d'un accident de voiture causé par un jeune<br />

qui avait fumé du haschich.<br />

Françoise Lemoine<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur. 69


LES DROGUES DES « RAVE-PARTIES »<br />

AMPHETAMINES ET DÉRIVÉS :<br />

- Historique de l’utilisation des amphétamines<br />

• Les eff<strong>et</strong>s bénéfiques, sur l’asthme, d’une hormone<br />

extraite des glandes médullosurrénales : l’adrénaline,<br />

étaient déjà connus au début du siècle. Néanmoins, on<br />

ne pouvait pas l’utiliser par voie orale, car l’hormone<br />

est dégradée lors de son transit digestif.<br />

• L’amphétamine a été créée initialement avec un<br />

objectif thérapeutique précis : soulager les symptômes<br />

de l’asthme. K.K. CHEN en 1920, pharmacologue de la<br />

firme Lily d’Indianapolis, remarqua que dans la<br />

pharmacopée chinoise, une plante était prônée pour<br />

pallier les sifflements de l’asthme. C<strong>et</strong>te plante ou MA<br />

HUANG" = Ephedra vulgaris" = "Ephedra distachya",<br />

originaire de Chine du Nord <strong>et</strong> de Mongolie, poussait<br />

dans les zones désertiques. Les gardes du corps de<br />

Gengis Kahn consommaient du thé à l'éphédra afin de<br />

rester vigilants. L’éphédra ou raisin de mer, renferme<br />

effectivement une substance qui dilate les bronches<br />

mais a aussi un eff<strong>et</strong> stimulant : l’EPHEDRINE.<br />

L’éphédrine reste active après une administration orale<br />

• En 1935, Gordon Alles synthétisait l’amphétamine<br />

qui présentait l’« avantage » de pouvoir être inhalée<br />

(alors que l’éphédrine devait être administrée par voir<br />

orale). L’amphétamine vendue en inhalateurs sous le<br />

nom de BENZEDRINE ® s’avéra posséder des<br />

propriétés euphorisantes <strong>et</strong> devint rapidement, en vente<br />

libre dans les drugstores, une source de toxicomanie.<br />

• Les armées allemandes (dans les Balkans au<br />

Ephédra ou raisin de mer.<br />

On la cultive à partir de semis en<br />

automne ou bien par division des<br />

racines au printemps <strong>et</strong> à automne. La<br />

plante mesure de 50 cm à 1 mètre. Les<br />

tiges sont récoltées toute l’année puis<br />

séchées.<br />

printemps 1941) <strong>et</strong> britanniques (aviateurs de la bataille d’Angl<strong>et</strong>erre), les soldats américains (par le<br />

biais de militaires britanniques), les militaires <strong>et</strong> civils des<br />

industries de guerre japonais ont largement utilisé la drogue.<br />

• Dans les années 1950, 5 % des jeunes Japonais en utilisaient<br />

régulièrement. Ephédrine, Méthédrine, Maxiton furent aussi,<br />

après la guerre, employés par les étudiants, les sportifs <strong>et</strong> les<br />

hommes d’affaire européens <strong>et</strong> américains afin de vaincre la<br />

fatigue.<br />

• En 1960, les hippies américains découvrirent que l’injection<br />

intraveineuse avait un eff<strong>et</strong> plus rapide <strong>et</strong> plus intense que la prise<br />

orale. Une piqûre toutes les 2 heures, nuit <strong>et</strong> jour durant 3 à 6<br />

jours, perm<strong>et</strong>tait un « voyage » avec éveil <strong>et</strong> état d’excitation<br />

constants. Chaque piqûre entraîne un plaisir intense <strong>et</strong> bref « le<br />

RUSH ». Rapidement s’installe un état de dépendance avec<br />

« effondrement dépressif » en cas de manque. Les préparations<br />

injectables furent r<strong>et</strong>irées de la vente aux USA en 1973.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 70


- Spécialités pharmaceutiques <strong>et</strong> produits illicites :<br />

« Dans les années 1960, plusieurs spécialités à base d’amphétamines étaient encore disponibles en<br />

France (Maxiton ®, Corydrane ®), y compris la méthamphétamine (Tonédron ®), qui une action<br />

particulièrement puissante sur le système nerveux central ».<br />

« Cependant, ces substances ont rapidement été consommées abusivement pour leur action<br />

stimulante <strong>et</strong> euphorisante ... Conséquence logique de c<strong>et</strong>te évolution, les amphétamines ont été<br />

inscrites au tableau B <strong>et</strong> ont disparu du dictionnaire VIDAL, à l’exception de la fénétylline ou<br />

CAPTAGON ».<br />

Extrait de JIM (Journal International de Médecine) n°172 du 10 Oct. 1990.<br />

Principales amphétamines médicamenteuses <strong>et</strong> substances apparentées utilisées en<br />

thérapeutique :<br />

Le 15 septembre 1997, les laboratoires Servier ont annoncé cesser de commercialiser des<br />

anorexigènes (= coupe-faim) : l’Isoméride ® (ou dexfenfluramine) encore nommé Redux ® aux USA<br />

<strong>et</strong> Pondéral ® (fenfluramine) qui causent de l'hypertension artérielle pulmonaire.<br />

Etaient alors encore disponibles à la vente :<br />

DCI Nom commercial Posologie<br />

Amfépramone<br />

Anorex ®, Modératan ® <strong>et</strong> Préfamone ® 1 gélule / jour<br />

(ANOREXIGENE)<br />

Tenuate Dospan ®<br />

1 comprimé / jour<br />

Clobenzorex (ANOREXIGENE) Dinintel ® 2 gélules / jour<br />

Méfénorex (ANOREXIGENE) Incital ® 1 comprimé / jour<br />

Fenproporex (ANOREXIGENE) Fenproporex Deglaude action prolongée ® 1 comprimé / jour<br />

Fénozalone (PSYCHOSTIMULANT) Ordinator ® 2 à 3 comprimés / j<br />

Molécules inscrites au tableau B des substances toxiques.<br />

L'obésité nécessite une prise en charge prolongée portant sur plusieurs années voire toute la vie. Les<br />

médicaments anorexigènes (coupe-faim) ont, eux, une action qui diminue progressivement avec le temps.<br />

Ils peuvent par ailleurs provoquer une pharmacodépendance, ce qui interdit tout traitement prolongé.<br />

Le 2 septembre 1999, Philippe Dun<strong>et</strong>on, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des<br />

produits de santé (Afssaps) annonce la suspension totale des autorisations de mise sur le marché de tous<br />

les médicaments anorexigènes (coupe-faim) fabriqués à partir d'amphétamines.<br />

Sont donc concernées les spécialités suivantes :<br />

ANOREX 75 mg, MODERATAN 75 mg, PREFAMONE CHRONULE 75 mg, TENUATE DOSPAN 75 mg, DININTEL<br />

30 mg, FENPROPOREX ACTION PROLONGEE DEGLAUDE 20 mg.<br />

En 2000, l'Agence Européenne pour l'Evaluation des Médicaments à recommander le r<strong>et</strong>rait définitif<br />

du marché de tous les médicaments anorexigènes.<br />

Pourtant… Extraits de la revue<br />

« Prescrire » :<br />

« En novembre 2002, le Tribunal européen de première<br />

instance a annulé une décision de la Commission<br />

européenne qui avait conduit en 2000 au r<strong>et</strong>rait des<br />

AMM, pour raison de pharmacovigilance, de 10<br />

anorexigènes commercialisés dans des États de l'Union<br />

européenne : amfépramone, clobenzorex, fenproporex,<br />

fenbutrazate, mazindol, mefenorex, norpseudoéphédrine, phendimétrazine,<br />

phenmétrazine <strong>et</strong> phentermine ».<br />

« En juill<strong>et</strong> 2003, la Cour européenne de justice a confirmé ce jugement, en<br />

rej<strong>et</strong>ant le pourvoi de la Commission »… Ces produits peuvent donc revenir sur les marchés européens… Et c'est<br />

arrivé… « Un communiqué de l'Agence danoise du médicament m<strong>et</strong> en garde contre les risques d'eff<strong>et</strong>s<br />

indésirables de Regenon® (amfépramone), qui est à nouveau disponible dans ce pays depuis septembre 2003 ».<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 71


- « L’ice ou crystal ou cranck ou speed » ou « go » :<br />

Un dérivé de l’éphédrine : l’hypochlorure de<br />

méthamphétamine utilisé par des combattants<br />

allemands pendant la deuxième guerre mondiale<br />

("drogue d'Hitler") est devenu l’une des drogues<br />

"des années 90" (cf. TONEDRON 6 ®). Obtenue<br />

par recristallisation de la poudre de<br />

méthamphétamine, elle provient essentiellement<br />

d’Extrême-Orient.<br />

Elle se présente sous la forme de plaques<br />

transparentes ressemblant à de la glace d’où son<br />

nom de « ICE » ou de verre cassé d’où le terme<br />

de « CRYSTAL ».<br />

Elle est fumée mais aussi employée en<br />

intraveineux afin d’obtenir un flash (sensation<br />

de chaleur intense avec sentiment<br />

d’éclatement). Son action puissante <strong>et</strong> rapide est<br />

à l’origine de 2 autres de ses dénominations :<br />

« CRANK » (= manivelle) ou « SPEED » (=<br />

vitesse).<br />

Elle engendre pendant 8 à 24 heures : de<br />

l’exaltation, une stimulation de l’activité<br />

intellectuelle, une sensation de bien-être avec<br />

euphorie <strong>et</strong> une facilitation des contacts avec<br />

l’entourage. La fatigue disparaît, il existe une<br />

hyperactivité, de l’insomnie <strong>et</strong> une perte de<br />

l’appétit.<br />

Ses eff<strong>et</strong>s indésirables sont une tachycardie <strong>et</strong><br />

une hypertension, une accélération du rythme<br />

respiratoire <strong>et</strong> de la fièvre associés à une perte de<br />

poids. A signaler des crises d’angoisse <strong>et</strong> des<br />

conduites agressives ou destructrices. En forte<br />

dose des atteintes musculaires, rénales (lésion<br />

des néphrons), des infarctus <strong>et</strong> des hémorragies<br />

cérébrales ont été rapportées. Des complications<br />

psychiatriques (avec comportement<br />

psychotique), ont été décrites. FORTE<br />

DÉPENDANCE d’installation rapide.<br />

- « Le « shabu » <strong>et</strong> les pilules Thaï<br />

(pour Thaïlande)<br />

Aucun rapport avec le shabu-shabu, fondue<br />

japonaise à base de boeuf, un des plats les plus<br />

populaires dans ce pays. C’est ici le nom donné<br />

au Japon, aux Philippines <strong>et</strong> de façon plus<br />

générale en Asie du Sud-est à l’ice quand elle se<br />

présente sous la forme pulvérulente (Shabu) ou<br />

de pilules (pilules Thaï) <strong>et</strong> non pas sous forme<br />

de cristaux. En fait Shabu <strong>et</strong> pilules Thaï sont<br />

devenus synonymes.<br />

6 TONEDRON® : Jusque dans les années 1970, certains soigneurs cyclistes possédaient une mall<strong>et</strong>te qu'ils<br />

appelaient "la p<strong>et</strong>ite famille des amphétamines". On y trouvait "la mémé" (le Meratran ®), "le pépé" (le<br />

Tonedron ®), "la p<strong>et</strong>ite Lili" (le Lidepran ®) <strong>et</strong> "le cousin Riri" (la Ritaline ®).<br />

Ice.<br />

Pilules "Thaï" = Yaba.<br />

Elles ont souvent une forte odeur de vanille<br />

http://www.toxi.ch/fre/news_966076289_15947.html<br />

D’autres pilules "Thaï".<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 72


C<strong>et</strong>te drogue est également consommée à Hawaii <strong>et</strong> sur la<br />

côte ouest des U.S.A. Elle est généralement fumée dans une<br />

pipe en verre. La fumée, inodore, est inhalée <strong>et</strong> produit un<br />

« rush » analogue à celui d’une injection intraveineuse de<br />

méthamphétamine <strong>et</strong> qui persiste de 8 à 24 heures. Mêmes<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>et</strong> mêmes troubles qu’avec l’ice.<br />

Le marché national du shabu aux Philippines représente, à<br />

lui seul, un tiers du budg<strong>et</strong> national. La plus grande partie<br />

provient de Chine ou de Hong Kong. Le reste de Taipeh, de<br />

Bangkok <strong>et</strong> du Vi<strong>et</strong>nam. Ce produit est de plus en plus<br />

répandu dans les soirées techno.<br />

- Des comprimés qui val(ai)ent l’équivalent de 80<br />

à 100 francs pièce (12 à 15 euros) <strong>et</strong> qui peuvent tuer ...<br />

Leur composition est, pour le moins, incertaine puisqu’on<br />

peut y rencontrer, outre les composés ci-dessous, du LSD, de<br />

la strychnine, de la lidocaïne, des benzodiazépines, des<br />

barbituriques, de la cocaïne, de l’héroïne parfois... <strong>et</strong> même<br />

de la lessive !<br />

- « La Colombe » est un mélange d’amphétamine <strong>et</strong> de<br />

caféine. « Avec les risques cardiaques en prime, elle n’a<br />

vraiment rien de pacifique ».<br />

- « Le Froggy » doit son nom au fait qu’il se présente<br />

comme des pastilles vertes... comme une grenouille (= frog).<br />

Il renferme de l’éphédrine.<br />

- « Le Cupidon » rassemble de l’éphédrine + de la caféine +<br />

de l’isosafrol + du paracétamol qui est un analgésique (= il<br />

supprime la douleur) <strong>et</strong> un antipyrétique (= anti fièvre) <strong>et</strong><br />

que l’on r<strong>et</strong>rouve dans le Doliprane ® + souvent du sucre<br />

en sus.<br />

- « La Pété »... les initiales « P T » sont gravées sur le cach<strong>et</strong>.<br />

C’est un concentré d’un dérivé de l’amphétamine : le MDE.<br />

- « Le Smiley moon », comprimé orné d’un croissant de<br />

lune souriant. C’est un dérivé du MDMA (Cf. suite<br />

l’ecstasy) : le MDA... encore plus toxique.<br />

- « La pilule de l’amour » ou<br />

« ECSTASY 7 » ou « E » ou « EX » :<br />

Composition chimique :<br />

C’est un analogue de l’amphétamine : le MDMA ou<br />

3, 4 - méthylène - dioxy - méthamphétamine. On la<br />

dénomme également « Adam », « ESSENCE », MDM,<br />

XTC <strong>et</strong> même « chamallow ». L’ecstasy ne contient<br />

théoriquement que du MDMA, mais, les comprimés vendus<br />

renferment souvent des mélanges de produits (comme les<br />

amphétamines ou la cocaïne) ». Elle est consommée sous la<br />

forme de comprimés ou de capsules contenant 50 à 150 mg<br />

de principe actif.<br />

Le produit dénommé « Eve » est le 3, 4 - méthylène -<br />

dioxy - éthamphétamine ou MDEA. D’autres dérivés sont<br />

connus des utilisateurs par leurs sigles : TMA-2, MDBD,<br />

DOM/STP, DOB, MFT, nexus... ils apportent à quelques<br />

variantes près, des eff<strong>et</strong>s similaires.<br />

7 Certains écrivent « Ectasy ».<br />

La « Pété » : concentré de M.D.E.<br />

Comprimé de Smiley moon :<br />

du MDA<br />

Comprimé de COCO X probablement<br />

fabriqué en Pologne : une p<strong>et</strong>ite dose<br />

d’Ecstasy <strong>et</strong> beaucoup d’amphétamines.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 73


- Les nouvelles pilules de type ecstasy en 2002-2003 :<br />

Près de 9 comprimés collectés sur 10<br />

contiennent de la MDMA (85 %), molécule<br />

de l’ecstasy… La caféine est également…<br />

présente parmi les comprimés collectés (12<br />

%). Les substances inertes identifiées dans<br />

les comprimés sont essentiellement des<br />

sucres (lactose, amidon, sorbitol,<br />

saccharose), des acides gras, de la cellulose,<br />

du talc (moins de 4 % des comprimés)…<br />

… Parmi les 180 logos différents répertoriés<br />

de juill<strong>et</strong> 2002 à septembre 2003, les plus<br />

fréquents sont «Mitsubishi » (7 % des<br />

collectes), «Baleine/dauphin» (6 %),<br />

«Smiley», «@», «Motorola» <strong>et</strong> «Coeur» (4<br />

% chacun), «Papillons» (3 %), «Cibles»,<br />

«Couronnes/Rolex », « Batman/Baccardi »,<br />

«Sabot», «Superman» (2 % chacun),<br />

«Etoile» <strong>et</strong> «Sky», «Nike» (1 % chacun).<br />

Les comprimés sans logo (5 % des collectes)<br />

sont appelés le plus souvent les « artisanaux<br />

», ou selon leur couleur : «p<strong>et</strong>its bleus», «p<strong>et</strong>its roses», «XTC jaunes »…<br />

… Une belle collections de pilules de type ecstasy.<br />

Un comprimé d'ecstasy ach<strong>et</strong>é à l'unité vaut en<br />

moyenne 11,3 euros en France en 2002.<br />

Pour un même logo, le rapport entre la plus p<strong>et</strong>ite dose <strong>et</strong> la dose la plus élevée de MDMA peut aller de 1 à<br />

30. Ainsi, parmi les comprimés qui portent un logo « Baleine/Dauphin », le moins dosé contenait 4 mg de<br />

MDMA <strong>et</strong> le plus dosé 124 mg, un dosage plus de 30 fois supérieur. Même si les deux tiers des comprimés<br />

« Baleine/Dauphin » collectés (35/55) sont dosés dans une fourch<strong>et</strong>te relativement étroite (entre 40 <strong>et</strong> 80<br />

mg), il reste illusoire pour un usager de considérer ce logo comme un moyen de présumer du dosage en<br />

MDMA d’un comprimé d’ecstasy.<br />

La fréquence des autres substances amphétaminiques (hors MDMA <strong>et</strong> amphétamine) demeure à des<br />

niveaux plus faibles <strong>et</strong> reste stable : 5 % des comprimés contiennent de la MDEA, 2 % de la MDA, 5 %<br />

des produits intermédiaires de synthèse. La fréquence de la méthamphétamine (1 %) ne progresse pas.<br />

Enfin, des amphétaminiques plus rares ont été identifiés : il s’agissait de 2 comprimés contenant du 1-PEA<br />

<strong>et</strong> d’un comprimé contenant du 2-CT-2. Ces comprimés étaient vendus pour de l’ecstasy.<br />

Informations récentes sur les produits de synthèse circulant en France<br />

OFDT - 3 avenue du Stade de France - 93218 Saint-Denis Cedex/Tél. : 0141627716<br />

Historique (ecstasy <strong>et</strong> dérivés):<br />

L’ecstasy est connue depuis le début du siècle. Elle a été employée en Allemagne dès 1914 comme<br />

anorexigène (= coupe faim) <strong>et</strong> pour réduire la sensation de fatigue. Elle a surtout été utilisée<br />

aux Etats-Unis à partir de 1970 <strong>et</strong> y a été interdite en 1985 (elle est prohibée en France depuis<br />

1986).<br />

« La consommation d'ecstasy, lors de soirées « rave » (« To rave » = délirer, s'extasier), est un<br />

phénomène de mode venu des pays anglo-saxons. Dans un décor de boîte de nuit (chaleur, milieu<br />

confiné, jeux de lumière), musique « techno », danses effrénées (effort physique) c<strong>et</strong>te substance<br />

interdite est consommée avec de l’alcool, <strong>et</strong> parfois avec des neuroleptiques ».<br />

Eff<strong>et</strong>s (ecstasy <strong>et</strong> dérivés) en général 6 à 8 heures <strong>et</strong> jusqu’à 20 heures :<br />

Les eff<strong>et</strong>s apparaissent 20 à 60 minutes après la prise d’ecstasy. Ils persistent « en plateau » durant<br />

2 ou 3 heures puis diminuent progressivement : c’est la « descente » décrite assez souvent comme<br />

pénible. Outre une action anorexigène, la substance possède également des propriétés<br />

euphorisantes, diminue l’agressivité contre autrui (dans les raves parties, la musique est violente<br />

mais les phénomènes de violence sont rares), perm<strong>et</strong> une meilleure communication avec<br />

l’entourage (désinhibition) <strong>et</strong> accroît la perception des émotions.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 74


On lui attribue également des propriétés aphrodisiaques... d’où son nom de pilule de l’amour. En<br />

fait, elle "féminise" les rapports (caresses, sensualité avec moins d'intérêt pour la pénétration).<br />

La réputation d’innocuité du MDMA est totalement erronée, il peut induire des crises cardiaques<br />

foudroyantes <strong>et</strong>, en cas de prises répétées, des lésions irréversibles des neurones. Chez l’animal, on<br />

note des lésions anatomiques de voies nerveuses impliquant la sérotonine.<br />

On a mis en évidence un phénomène de tolérance qui conduit certains usagers à consommer une<br />

dizaine de comprimés par soirée ce qui, bien évidemment, accroît la fréquence <strong>et</strong> la gravité des<br />

symptômes observés.<br />

Il ne semble pas exister de phénomène de dépendance physique ni d'accoutumance mais la<br />

dépendance psychique est souvent sévère (1999).<br />

Principaux eff<strong>et</strong>s<br />

recherchés par la prise<br />

d’ecstasy :<br />

ouverture d'esprit, loquacité.<br />

confiance en soi.<br />

rapprochement avec les autres.<br />

insouciance, acceptation.<br />

sensualité <strong>et</strong> accroissement des<br />

performances sexuelles.<br />

euphorie, bonheur.<br />

Principaux eff<strong>et</strong>s secondaires<br />

de la prise d’ecstasy :<br />

Stade initial de l’intoxication<br />

agitation, logorrhée. Irritabilité<br />

avec instabilité dans les périodes<br />

d'abstinence.<br />

insomnie avec asthénie intense<br />

le jour suivant la prise,<br />

tremblements <strong>et</strong> réflexes<br />

exagérés.<br />

moiteur de la mains/sueur,<br />

sensation de chaud <strong>et</strong> froid.<br />

sécheresse buccale <strong>et</strong><br />

déshydratation corporelle<br />

Comprimés d'Ecstasy (photo AFP).<br />

L'administration de MNDA chez la souris entraîne une<br />

diminution des défenses immunitaires (réduction de la réponse<br />

lymphoproliférative à un agent mitogène, du % de<br />

lymphocytes T matures <strong>et</strong> du ratio lymphocytes CD4/CD8.<br />

Travaux italiens de 1999.<br />

conduisant à une soif intense. Le suj<strong>et</strong> absorbe souvent tellement d’eau qu’il peut s’ensuivre une<br />

« intoxication par l’eau » avec hyponatrémie (= diminution du taux de sodium dans le sang)... qui peut<br />

être mortelle. Il existe en conséquence des envies impérieuses d’uriner.<br />

grincements de dents (= bruxisme)... même à la 1ère prise d’ecstasy.<br />

mydriase (= dilatation des pupilles).<br />

des hallucinations peuvent survenir dès la 1 ère fois.<br />

Intoxication confirmée<br />

hyperactivité désorganisée, fatigue.<br />

perte d’appétit fréquente (anorexie) associée à une perte de poids, douleurs abdominales, nausées,<br />

vomissements.<br />

raideur des mâchoires, crampes musculaires.<br />

troubles de la coordination motrice (attention à la conduite automobile).<br />

congestion faciale. Sueurs <strong>et</strong> température.<br />

mydriase, palpitations, accélération du rythme cardiaque <strong>et</strong> hypertension artérielle, accélération du<br />

rythme respiratoire (= hyperpnée).<br />

difficultés de concentration <strong>et</strong> troubles de mémoire. Dépression.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 75


Intoxication sévère<br />

mydriase, tachycardie, hypertension, infarctus.<br />

angoisse, manifestations psychotiques avec<br />

hallucinations <strong>et</strong> attaques de panique pouvant<br />

conduire à des violences y compris contre soi-même.<br />

hyperthermie souvent supérieure à 40 °C.<br />

un état comateux avec des convulsions est<br />

possible en particulier chez les passeurs après rupture<br />

intradigestive du sac qu’ils ont ingéré.<br />

Remarques :<br />

* des décès ont été rapportés (par hyperthermie<br />

maligne ou par collapsus ou encore par insuffisance<br />

rénale aiguë ...) pour une prise unique de 100 mg.<br />

* les accidents de la route sont fréquents sous ecstasy.<br />

Secourisme <strong>et</strong> traitements qui relèvent du<br />

médecin ... : Tout consommateur<br />

d’amphétamines (<strong>et</strong> particulièrement d’ecstasy)<br />

présentant une hyperthermie (fièvre) <strong>et</strong> des signes<br />

de déshydratation doit être hospitalisé<br />

Secouriste :<br />

.<br />

Une enquête menée dans les lycées parisiens<br />

montre que la proportion d'élèves ayant déjà<br />

essayé l'ecstasy est passée de 0,1 % en 1991 à<br />

3 % en 1998. La tendance se poursuit<br />

puisqu'en 2000, parmi les garçons de 19 ans :<br />

3,7 % ont expérimenté l'ecstasy <strong>et</strong> 6,7 % ont<br />

expérimenté les amphétamines.<br />

Entre 2000 <strong>et</strong> 2002, le nombre de jeunes gens<br />

ayant expérimenté (en France) l'ecstasy a<br />

doublé ; tel est également le cas pour la<br />

cocaïne.<br />

Le lien entre l'usage de ces produits <strong>et</strong> les fêtes<br />

techno est très n<strong>et</strong> (Cf. rapport au sénat en<br />

2003).<br />

http://www.senat.fr/rap/r02-321-1/r02-321-15.html<br />

* En cas d’absorption buccale récente : faire vomir. * En cas de déshydratation : faire boire de l'eau.<br />

* Faire mâcher du chewing-gum pour limiter les * En cas de perte de conscience : après contrôle<br />

problèmes de contracture de la mâchoire.<br />

des fonctions respiratoire <strong>et</strong> cardiaque, mise en<br />

position latérale de sécurité.<br />

* Appeler le SAMU.<br />

Médecin : le traitement n’est pas spécifique de l’intoxication. Il vise essentiellement à éviter<br />

les complications de la prise d’amphétamines.<br />

* Oxygénothérapie en SMUR. Intubation trachéale <strong>et</strong> ventilation artificielle si troubles de conscience<br />

<strong>et</strong>/ou état de mal convulsif.<br />

* si la prise d’amphétamines est récente, il est possible en service hospitalier d’utiliser le charbon activé<br />

(50 g) qui s’oppose avec efficacité à l’absorption des amphétamines.<br />

* le traitement de l’agitation fait intervenir des benzodiazépines en intramusculaire ou en intraveineux<br />

(Valium par exemple) que le médecin peut, en cas d’hallucinations, potentialiser par les phénothiazines<br />

en I.M. (Largactil par exemple). Autres possibilités : le Droleptan ® intramusculaire ou le Loxapac ®<br />

intramusculaire.<br />

* l’hypertonie musculaire est traitée à l’hôpital par le Dantrium ® (un myorelaxant contenant du<br />

Dantrolène) en intraveineux.<br />

* le traitement de l’hyperthermie s’effectue au domicile par hydratation <strong>et</strong> refroidissement externe à<br />

l’aide de linges mouillés. Si c<strong>et</strong>te méthode s’avère insuffisante on emploie de plus, en milieu hospitalier,<br />

des phénothiazines qui agissent sur les centres thermorégulateurs.<br />

* le traitement des convulsions fait appel aux benzodiazépines : au domicile Valium ® en IM ou IV <strong>et</strong> à<br />

l’hôpital Rivotril ® en intraveineux initial puis par perfusion continue.<br />

* l’hypertension cède souvent avec la sédation mais exige parfois un traitement particulier : au domicile<br />

Adalate en sublingual ou Loxen ® en prise buccale. A l’hôpital, Loxen ® injectable puis perfusion<br />

continue de c<strong>et</strong>te même substance ou Trandate ® injectable dans les mêmes conditions.<br />

* les troubles du rythme ventriculaire sont traités, en milieu hospitalier, par le Xilocard ® en<br />

intraveineux.<br />

Cf. 1. « Le concours médical », « Intoxication aiguë par les amphétamines » Dr J.M. Guérin - 19/04/1997.<br />

2. « Le Généraliste» du 21 août 1997 : « Intoxication à l’ecstasy <strong>et</strong> aux amphétamines » Dr V. Danel.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 76


L’intoxication à la cocaïne est très proche de celle aux amphétamines.<br />

La confirmation du diagnostic est apportée par l’analyse toxicologique.<br />

La détection urinaire des amphétamines est possible pendant 3 ou 4 jours.<br />

L’amphétamine, ses<br />

dérivés <strong>et</strong> la cocaïne<br />

ont le même<br />

mécanisme d’action :<br />

Ces molécules<br />

psychotoniques agissent<br />

toutes au niveau de la<br />

jonction entre les cellules<br />

nerveuses (= au niveau des<br />

synapses), là où sont libérés<br />

les neuromédiateurs<br />

qui assurent la<br />

communication entre ces<br />

neurones.<br />

- Elles provoquent la<br />

libération de la dopamine,<br />

de la noradrénaline <strong>et</strong> de la<br />

sérotonine contenues dans<br />

les vésicules de stockage<br />

localisées dans les<br />

terminaisons synaptiques<br />

des cellules nerveuses.<br />

- Elles bloquent la<br />

recapture de ces 3<br />

substances transm<strong>et</strong>trices<br />

par la membrane<br />

présynaptique (en<br />

particulier celle de la<br />

dopamine qui est normalement<br />

reprise à 80 %).<br />

- Elles ont une activité<br />

directe, à forte dose, sur les<br />

récepteurs à sérotonine <strong>et</strong><br />

peut être les autres<br />

récepteurs.<br />

Sites d’action des drogues :<br />

Les substances neuroactives peuvent agir par :<br />

- blocage du stockage du neurotransm<strong>et</strong>teur dans les vésicules<br />

- augmentation ou, à l’inverse, arrêt de la libération du médiateur<br />

- inhibition de la synthèse du neuromédiateur<br />

- blocage de la recapture du médiateur par le neurone présynaptique<br />

- inhibition des enzymes de dégradation présents dans la fente synaptique<br />

- inhibition des enzymes de dégradation présents dans les mitochondries<br />

- liaison au récepteur postsynaptique qui se trouve bloqué ou stimulé.<br />

« En terme d’eff<strong>et</strong>s sur le<br />

cerveau, il est<br />

virtuellement impossible<br />

de distinguer les<br />

amphétamines de la<br />

cocaïne. Les impressions<br />

distinctes ressenties par les utilisateurs de ces deux drogues ne reflètent rien d’autre que des<br />

différences de vitesse de pénétration dans le cerveau, différences liées au mode d'administration : la<br />

cocaïne inhalée agit plus vite que les amphétamines prises par voie orale ... ».<br />

Solomon Snyder « Les drogues <strong>et</strong> le cerveau » 1987.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 77


« Superman » (en<br />

fait un comprimé<br />

de kétamine).<br />

LA KETAMINE OU KÉTALAR ®<br />

:<br />

Il s’agit d’un anesthésique non<br />

barbiturique d'action rapide, administrable par<br />

voie intramusculaire (IM) ou intra-veineuse (IV),<br />

intra rectale, intra nasale ou orale. Seule la voie<br />

percutané fait défaut. Il a une action antalgique<br />

puissante à partir de 0,25 mg/kg en grande partie<br />

liée à une action au niveau de la moelle épinière.<br />

L’eff<strong>et</strong> est de courte durée (environ 30 minutes). Il<br />

est utilisé en particulier pour les interventions<br />

courtes comme le réalignement d’un membre<br />

suivi du brancardage jusqu’à l’ambulance chez un<br />

patient choqué, le transport d’un grand brûlé (kétamine IM 5 mg/kg), le remplacement des pansements<br />

des grands brûlés.<br />

Il existe deux formes d'usage humain : Kétalar ® <strong>et</strong> Kétamine Panpharma ®.<br />

Il est par ailleurs très employé en médecine vétérinaire avec 3 formes : Kétamine UVA®,<br />

Clorkétam ® <strong>et</strong> Imalgène ®.<br />

On observe, chez l’homme, au réveil des perturbations des sensations visuelles <strong>et</strong> auditives, de<br />

l’humeur <strong>et</strong> de l’image corporelle. S’y associent une anxiété, une sensation de flottement <strong>et</strong> de<br />

dépersonnalisation, des rêves éveillés, voire des hallucinations. La kétamine est en eff<strong>et</strong> très proche<br />

chimiquement du LSD (comme elle c’est un dérivé de la phencyclidine), elle peut donc entraîner un<br />

état dissociatif, qui dure peu de temps (30 minutes) <strong>et</strong> cède à l’injection d’une benzodiazépine comme<br />

l’Hypnovel ® (2 mg IV) ou le Valium ® (5 mg IV).<br />

La kétamine agit comme un antagoniste du récepteur-canal N-Méthyl-D-Aspartate (NMDA).<br />

Les toxicomanes ont commencé à utiliser ce produit dans<br />

les années 1970. Certains le dénomme « vitamine K » !!!,<br />

"Spécial K" ou "Super K" ou encore K<strong>et</strong>, Kit Kat, Keller, Super<br />

acide <strong>et</strong> Super C. Ils réduisent à l’état de poudre le contenu<br />

liquide des ampoules médicales <strong>et</strong> le sniffent ou l’utilisent en<br />

cach<strong>et</strong>s. Les eff<strong>et</strong>s sont proches de ceux du LSD. La kétamine est<br />

classée comme stupéfiant depuis l’arrêté du 8 août 1997.<br />

Actuellement, la substance, volée dans des centres<br />

vétérinaires ou hôpitaux, est employée dans les soirées techno<br />

mais il lui est reproché de gêner la communication. La réputation<br />

aphrodisiaque qui accompagne ce produit, explique en grande<br />

partie son attraction. Les eff<strong>et</strong>s sont à leur maximum pendant 4 à<br />

6 heures puis diminuent brusquement. Un surdosage peut provoquer un "Horrortrip"<br />

avec des expériences angoissantes.<br />

Ses eff<strong>et</strong>s :<br />

* Une bronchodilatation, un accroissement de la fréquence cardiaque <strong>et</strong> une<br />

élévation de la pression artérielle. Elle partage ce dernier eff<strong>et</strong> avec le LSD <strong>et</strong> la<br />

Phencyclidine ou « poussière d’ange » ou PCP (voir le chapitre « les drogues à la mode »).<br />

* Une élévation des pressions intraoculaire (ne pas utiliser en cas de plaies<br />

oculaires) <strong>et</strong> intracrânienne (ce qui limite son emploi en neurochirurgie).<br />

* Des propriétés anti convulsivantes.<br />

* Une abondante sécrétion salivaire <strong>et</strong> trachéobronchique, prévenue par l’atropine.<br />

* Attention, ce produit passe la barrière placentaire. L’association kétamine -<br />

barbituriques est par ailleurs très dangereuse <strong>et</strong> l’usage chronique <strong>et</strong> prolongé de la<br />

kétamine génère une tolérance <strong>et</strong> une dépendance psychologique au produit.<br />

Lire l’article d’Estelle Nouel dans « Impact Médecin Quotidien » n° 980 du 5/12/1996 <strong>et</strong> le site http://www.urgencepratique.com/2articles/pharmaco/Morphine.htm<br />

par Frédéric GRECO <strong>et</strong> Philippe OLIVIER.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 78


LA SUBSTANCE :<br />

Le L.S.D. 25 (Lysergic<br />

Saure Di<strong>et</strong>hylamid 25) ou<br />

lysergine ou lysergamide ou<br />

diéthylamide de l'acide<br />

lysergique ou « acid » peut<br />

être extrait de la<br />

fructification d’un champignon<br />

parasite du seigle :<br />

« l'ergot de seigle » ou<br />

Claviceps purpurea 8 . Le<br />

LSD existe aussi dans les<br />

graines de volubilis. Il a été<br />

produit par synthèse en<br />

1943 par le chimiste suisse<br />

Hofmann à la 25 ème<br />

transformation (d’où le<br />

nom de LSD 25).<br />

Ce représentant des<br />

hallucinogènes (drogue susceptible<br />

d’induire des<br />

hallucinations) ressemble,<br />

d'un point de vue chimique,<br />

à une substance assurant la<br />

communication entre les<br />

cellules nerveuses : la<br />

sérotonine. Le LSD inhibe<br />

LE L.S.D. OU ACIDE :<br />

Epi de maïs infecté par un champignon : le « claviceps » ou<br />

« ergot de seigle » dont on extrait le L.S.D.<br />

C’est Thuillier qui en 1630 comprit que « le Mal des ardents » ou<br />

« Feu sacré » ou « Feu de Saint Antoine » (connu en Europe depuis<br />

1096) était lié à l’ergot de seigle.<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder : « Les drogues <strong>et</strong> le<br />

cerveau »- Editions Pour la Science-Belin 1987.<br />

l’eff<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te sérotonine. Il interfère également avec 2 autres transm<strong>et</strong>teurs cérébraux : la<br />

dopamine <strong>et</strong> l’adrénaline.<br />

Moins utilisé que dans les années 1970, sa consommation s’effectue par voie orale sous forme<br />

liquide (incolore, inodore <strong>et</strong> sans saveur qui peut imbiber des supports variés) ou de comprimés. Dans<br />

les rave - parties ce sont des buvards de 1 cm de côté, souvent orné d'un dessin, <strong>et</strong> imprégnés du<br />

produit qui sont employés ou encore des micropointes ressemblant à une mine de crayon de couleur<br />

grise ou bleu. Selon sa provenance, une dose (un trip) peut contenir entre 50 <strong>et</strong> 400 microgrammes<br />

de LSD. 25 microgrammes de LSD suffisent à entraîner des eff<strong>et</strong>s psychotropes.<br />

Timbres de LSD<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder.<br />

8 Ce Claviceps affecte le seigle mais aussi l’avoine <strong>et</strong> le froment. Au Moyen-Âge il était cause du Feu de St<br />

Antoine = Feu Sacré = Mal des Ardents. Certains malades finissaient au bûcher pour possession…<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 79


LES EFFETS :<br />

Le LSD est actif dès 0,025 à 0,050 mg <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te drogue peut être<br />

administrée à l'insu de la personne. L'absorption est gastro-intestinale.<br />

... des hallucinations <strong>et</strong> des troubles de la personnalité<br />

proches de la schizophrénie...<br />

« L’expérience dite<br />

‘’psychédélique ‘’ dépend<br />

largement de la personnalité<br />

du suj<strong>et</strong>, des événements antérieurs de son existence, de ses<br />

attitudes, de ses espoirs, de ses motivations. Le cours de<br />

l'expérience psychédélique sera profondément déterminé<br />

également par l'environnement, la présence ou l'absence de<br />

compagnons dans l'aventure <strong>et</strong> les événements extérieurs<br />

pouvant survenir. Il semble que pour le L.S.D. 25 <strong>et</strong> les<br />

autres hallucinogènes, la quantité utilisée exerce plus<br />

d'influence sur la durée (jusqu'à 72 heures) que sur la<br />

quantité ou l'intensité des eff<strong>et</strong>s ».<br />

"La toxicomanie" Ministère de la solidarité <strong>et</strong> de la santé.<br />

Les différentes étapes du « voyage » ou « trip » :<br />

Le voyage au LSD se déroule en 3 phases : «le départ», «le<br />

voyage» marqué par des altérations des perceptions<br />

sensorielles qui peuvent être agréables (good trip) ou non<br />

(bad trip), <strong>et</strong> «le r<strong>et</strong>our» à l’état normal.<br />

Dans la ½ heure voire l’heure qui suit l’ingestion du<br />

produit, la personne devient euphorique <strong>et</strong> présente des<br />

troubles de la mémoire immédiate <strong>et</strong> de la conscience. Il<br />

arrive que cela prenne plusieurs heures <strong>et</strong> certains suj<strong>et</strong>s en<br />

reprennent en pensant que la première prise était<br />

inefficace… avec pour conséquence une double dose dans<br />

l’organisme... A noter durant c<strong>et</strong>te phase : une dilatation<br />

des pupilles (ou mydriase), une élévation de la température<br />

corporelle avec suées, larmoiements, salivation <strong>et</strong><br />

sécheresse de la bouche, une accélération du rythme<br />

cardiaque (= tachycardie) associée à une élévation de la<br />

pression artérielle <strong>et</strong> du rythme respiratoire ainsi que<br />

l’apparition de tremblements <strong>et</strong> de vertiges.<br />

Viennent ensuite des modifications sensorielles qui vont<br />

persister de 3 à 8 heures mais parfois beaucoup plus :<br />

troubles visuels avec perturbation des distances <strong>et</strong> des<br />

contrastes, troubles auditifs, troubles de la perception de<br />

l’espace <strong>et</strong> du temps<br />

Suit enfin une phase d’hébétude <strong>et</strong> de dépression.<br />

Des bons (good trip) <strong>et</strong> des mauvais voyages (bad<br />

trip) : les hallucinations peuvent être obj<strong>et</strong> de plaisir ("la<br />

La schizophrénie<br />

correspond à un ensemble de maladies<br />

mentales se caractérisant par une perte<br />

de contact avec le milieu extérieur, des<br />

délires fréquents <strong>et</strong> une sensation<br />

d’irréalité de soi.<br />

Comix buvards<br />

à 50 microgrammes de LSD<br />

Planète") comme elles peuvent devenir terrifiantes ("le Flip"). D’après l’association de raves<br />

"Techno Plus", les 2 causes de bad trip les plus fréquemment rencontrées sont :<br />

- Une personne qui prend pour la première fois un buvard entier. « La première fois il faut<br />

fractionner (1/4 au maximum) ».<br />

- Une personne gobe un trip, ne sent rien 1 heure ou 2 après <strong>et</strong> de ce fait en regobe un autre.<br />

« Attention un trip peut m<strong>et</strong>tre cinq ou six heures à monter ! ».<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 80


« La désinhibition est manifeste <strong>et</strong> prédominante... »<br />

«... Une vision pénétrante de la réalité à la fois intuitive <strong>et</strong> irrationnelle s'installe dans un<br />

sentiment profond de joie <strong>et</strong> de sérénité.<br />

Les usagers évoquent une puissance d'émerveillement <strong>et</strong> un sens accru du sacré, la conviction de<br />

vivre des instants inexprimables <strong>et</strong> indescriptibles ...<br />

... Mais aussi, ces modifications de la perception peuvent déboucher sur un sentiment absolu de<br />

l'absurde, s'accompagner d'un r<strong>et</strong>our dramatique à la conscience, de données inconscientes ou<br />

rej<strong>et</strong>ées, associées à des émotions très vives. L'angoisse, les illusions pénibles ou paranoïdes (1)<br />

les accès de panique peuvent surgir à un moment d'accentuation d'une vulnérabilité affective,<br />

jusque là compensée. Les aspects esthétiques des eff<strong>et</strong>s résident dans la modification <strong>et</strong><br />

l'intensification des sensations, en particulier visuelles, <strong>et</strong> dans l'apparition de synesthésies<br />

sensorielles (2). Les couleurs deviennent plus vives <strong>et</strong> plus brillantes, irisant le contour des obj<strong>et</strong>s<br />

dont la forme <strong>et</strong> les dimensions paraissent s'estomper ».<br />

Note 1 : Illusions ou délires paranoïdes = le suj<strong>et</strong> est plongé<br />

dans un univers imaginaire peuplé d'idées incohérentes <strong>et</strong><br />

d'hallucinations nombreuses (qui évoquent une schizophrénie).<br />

Note 2 : synesthésie = phénomène d’échange des sens, où on<br />

peut éprouver, par exemple, le toucher <strong>et</strong> le son (frapper des<br />

mains) sous la forme de visions (perception visuelle d’ondes<br />

sonores).<br />

« Le corps lui-même peut être l'obj<strong>et</strong> d'une perception<br />

étrange, comme si sa forme ou son poids s'altérait. La<br />

perception tactile devient inhabituelle. C’est l'imagerie<br />

visuelle qui se trouve profondément transformée,<br />

particulièrement dans l'obscurité : vision de couleurs<br />

étincelantes où prédominent le rouge <strong>et</strong> le vert, de figures<br />

géométriques <strong>et</strong> kaléidoscopiques complexes, de paysages<br />

fantastiques ou de formes architecturales en spirale ou en<br />

tunnel. Il est à noter que les images consécutives durent plus<br />

"La toxicomanie" Ministère de la solidarité <strong>et</strong> de la santé.<br />

longtemps, comme décomposées sous l'action d'un stroboscope <strong>et</strong> que le déroulement du temps<br />

subjectif est plus rapide qu'à l'état naturel ».<br />

"La toxicomanie", 1988.<br />

« Le 3 ème œil » ...<br />

imprégné de L.S.D.<br />

Reproduction de visions induites par le LSD. La drogue affecte<br />

diverses zones du cerveau : l'hippocampe, le striatum <strong>et</strong> le cortex cérébral.<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder.<br />

Pas de dépendance <strong>et</strong> peu de risques d’overdose mais on observe à long terme<br />

des pertes de mémoire <strong>et</strong> des baisses des facultés intellectuelles.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 81


Des "flashbacks" ou<br />

"reviviscences" se<br />

produisent chez 15% des<br />

usagers « généralement de<br />

façon brutale, sans signes<br />

précurseurs, dans les<br />

quelques jours ou semaines<br />

suivant la consommation »,<br />

Ils sont particulièrement<br />

dangereux <strong>et</strong> responsables<br />

d’accidents mortels. « Leur<br />

mécanisme est inconnu à ce<br />

jour <strong>et</strong> ne m<strong>et</strong> pas en jeu le<br />

Timbres de LSD<br />

stockage transitoire de L.S.D. <strong>et</strong> sa libération tardive comme certains ont pu l’avancer ».<br />

EVOLUTION DE LA CONSOMMATION :<br />

« Ce produit a connu<br />

des périodes de fortes<br />

consommations par le passé <strong>et</strong><br />

en fait, sa réapparition est<br />

cyclique car il jouit d’une très<br />

mauvaise réputation parmi les<br />

usagers avertis, les nouvelles<br />

vagues de consommation étant<br />

liées à la curiosité ».<br />

M. SITBON <strong>et</strong> R. TROUVÉ<br />

http://www.drogue-dangerdebat.org/eclairage/eclairage_abcdair<br />

e6.htm<br />

Le LSD est exporté en<br />

contrebande des États-Unis vers<br />

des pays d'Europe particulièrement<br />

les Pays-Bas. L’approvisionnement<br />

se fait souvent à<br />

partir de ce pays.<br />

L’expérimentation <strong>et</strong> la<br />

consommation actuelles de<br />

LSD sont relativement limitées<br />

en population générale. La<br />

consommation est principalement<br />

circonscrite aux jeunes<br />

adultes <strong>et</strong> à des contextes<br />

festifs pour lesquels elle est en<br />

augmentation ces dernières<br />

années.<br />

M. SITBON <strong>et</strong> R. TROUVÉ<br />

http://www.drogue-danger-debat.org/eclairage/eclairage_abcdaire6.htm<br />

http://www.inflict.org/images/drug/MVC-881S.jpg<br />

Représentation délirante de la prise de LSD<br />

Au sein de la population adulte, les niveaux d’expérimentation du LSD sont néanmoins<br />

faibles chez les 18-44 ans (1,5 % pour les femmes <strong>et</strong> 3,5 % pour les hommes) <strong>et</strong> relativement plus<br />

élevés aux 2 extrémités de la tranche d’âge.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 82


Cocaïne : 2 g pour 1 kg de feuilles.<br />

LA COCAÏNE ET LE CRACK :<br />

LA COCAÏNE<br />

(= "NEIGE" = "COKE" = "SCHNOUFF")<br />

PLANTE ET SUBSTANCE ACTIVE :<br />

Bien avant la conquête des conquistadores,<br />

les indiens mastiquaient des feuilles de<br />

2,5 à 7 cm de longueur, d’aspect vernissé,<br />

cueillies sur un arbuste à tronc blanchâtre de 5 à<br />

6 m de haut lorsqu’il est sauvage. Cultivé, on le<br />

réduit à une hauteur comprise entre 50 cm <strong>et</strong> 2.5<br />

m afin de faciliter la cueill<strong>et</strong>te. C<strong>et</strong> arbuste, qui<br />

possède des fleurs blanches de 1 à 2 cm <strong>et</strong> des<br />

fruits de 1 à 2 cm à noyau, est nommé "cocaïer 9 "<br />

ou "arbre divin" des Incas (= Erythroxylum<br />

coca 10 ). Il pousse en altitude, entre 700 <strong>et</strong> 1700<br />

mètres, sur le versant est des Andes (Pérou dont<br />

il est originaire, Colombie, Bolivie, Chili,<br />

Argentine). Le cocaïer est également cultivé en<br />

Indonésie <strong>et</strong> dans l'Est africain.<br />

La coca fut redécouverte par le<br />

navigateur espagnol Francisco Pizzaro (1478 -<br />

1541) <strong>et</strong> condamnée par l’Eglise (en 1567) qui<br />

lui attribuait des propriétés démoniaques<br />

La cocaïne (= coke, neige, poudre, "cc", "cesse",<br />

"caroline", "cécile"...), isolée en 1859 par le<br />

chimiste allemand Albert Niemann, est un<br />

alcaloïde (C17 H21 NO4) présent à la concentration<br />

de 0,2 % à 1, 8 % dans les feuilles. 1<br />

hectare de coca fournit 1,5 tonne de feuilles qui<br />

donneront 3 kg de cocaïne. Il faut donc 500 kg<br />

de feuilles de coca pour produire 1kg de cocaïne.<br />

On extrait la cocaïne en malaxant des feuilles<br />

préalablement séchées dans du kérosène. Les<br />

alcaloïdes sont ensuite séparés des sels.<br />

On acquiert alors une pâte ou « pasta » ou « bazuco »<br />

qui peut être fumée mélangée à du tabac. C<strong>et</strong>te pâte<br />

traitée à l’ammoniaque donne la cocaïne base. Par<br />

chlorhydrata-tion, on obtient un chlorhydrate de<br />

cocaïne (sel de cocaïne) qui correspond au produit<br />

consommé. La drogue se présente, du moins sous sa<br />

forme de chlorhydrate, comme une fine poudre blanche<br />

cristalline, d’aspect floconneux, qui lui valut jadis le<br />

nom de neige. Pure à 92% au maximum à l’origine, elle<br />

est coupée à l’aide de caféine <strong>et</strong> d’anesthésistes locaux<br />

<strong>et</strong> est conditionnée en paqu<strong>et</strong>s de quelques grammes<br />

renfermant de 3 à 35 % d’alcaloïdes.<br />

9 Le terme « khoka » signifie « arbre par excellence ». Il trouve son origine chez le peuple Aymara, XXe siècle avant<br />

notre ère, qui vivait sur les rives du lac Titicaca bien avant la civilisation inca, <strong>et</strong> qui cultivait la plante.<br />

10 C’est le botaniste Lamarck qui lui donna ce nom à cause de la couleur brun rouge de son bois. En eff<strong>et</strong>,<br />

Erythroxylum signifie « bois rouge » en grec.<br />

Buisson de coca (photographie extraite du livre de Solomon<br />

Snyder « Pour la Science », éditions Belin 1987).<br />

La plante (famille des Linacées) vit 50 à 100 ans.<br />

3 récoltes des feuilles ont lieu par an, en juill<strong>et</strong>, en<br />

novembre <strong>et</strong> en mars.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 83


HISTORIQUE :<br />

Les feuilles de coca ont été utilisées par les<br />

Indiens d'Amérique du Sud depuis plus de<br />

3000 ans.<br />

La cocaïne a bénéficié de la publicité<br />

de l’ouvrage de Sigmund Freud : « Uber coca »<br />

en 1884. Initialement Freud conseillait l’utilisation<br />

locale de la cocaïne en chirurgie dermatologique <strong>et</strong><br />

ophtalmologique pour ses propriétés analgésiques.<br />

« Lorsque je pris de la cocaïne pour la première<br />

fois, j’étais dans un état de légère dépression<br />

provoqué par la fatigue [...] Quelques minutes plus<br />

tard, je ressentis une soudaine gai<strong>et</strong>é accompagnée<br />

d’une impression de bien-être [...] d’une assez<br />

longue durée, qui ne diffère en rien de l’euphorie<br />

normale chez une personne en bonne santé. On a<br />

l’impression de pouvoir mieux se dominer, d’avoir<br />

plus de vitalité, on est tout simplement normal; il<br />

devient difficile de croire qu’on est sous l’influence<br />

d’un produit quelconque». Par la suite, il<br />

consomma lui-même de grandes quantités de<br />

cocaïne. Il la recommanda dans son livre pour<br />

combattre l’alcoolisme, les <strong>toxicomanies</strong> à la<br />

morphine, les dépressions nerveuses, les débilités <strong>et</strong><br />

les neurasthénies, les saignements de nez,<br />

l’impuissance <strong>et</strong> la cachexie (= amaigrissement extrême)… <strong>et</strong> même comme aphrodisiaque. Ce<br />

n’est qu’en 1887, que Freud prend conscience que la substance n’est pas sans innocuité… ce qui<br />

n’empêcha pas qu’il en consomme jusqu’en 1895.<br />

<strong>et</strong> de celle du pharmacien corse Angelo Mariani qui, associé à un médecin 11 , donna son nom à<br />

un vin dans lequel étaient infusées des feuilles de coca. Ce vin fut largement commercialisé de<br />

1863 à la 1ère guerre mondiale. Edison, Jules Verne, Dumas fils, Emile Zola, Anatole France,<br />

Edmond Rostand, le tsar de Russie, les princes de Galles <strong>et</strong> les rois de Suède <strong>et</strong> de Norvège <strong>et</strong><br />

même le pape Léon XIII étaient des adeptes de ce vin. Mariani, dans son officine du boulevard<br />

Haussmann à Paris, proposait aussi des<br />

pastilles à la cocaïne.<br />

Un pharmacien américain Smith<br />

Pemberton inventa le coca-cola à base de<br />

feuilles de coca <strong>et</strong> de noix de Kola (ou cola)<br />

qui contient de la caféine (cf. photo). Ce n’est<br />

qu’entre 1903 <strong>et</strong> 1906 que les feuilles de coca<br />

employées pour la fabrication du coca-cola<br />

furent au préalable décocaïnées.<br />

La cocaïne est réapparue en tant que<br />

drogue dans les années 1960.<br />

Actuellement plus de 80 % de la cocaïne<br />

absorbées dans le monde provient de la<br />

Colombie, du Pérou <strong>et</strong> de la Bolivie.<br />

11 Charles Fauvel, qui conféra une légitimité médicale au produit.<br />

Arbre à cola : Cola nitida<br />

qui renferme de la caféine.<br />

(Photographie extraite du livre de Solomon Snyder<br />

« Pour la Science », Editions Belin 1987).<br />

Fabrication d’une ligne de cocaïne.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 84


UTILISATION :<br />

En prise nasale (= le sniff 12 ) par inhalation au moyen d’une p<strong>et</strong>ite paille placée dans une narine.<br />

La poudre est disposée, dans un premier temps, en lignes (en s’aidant souvent d’une lame de<br />

rasoir), sur une surface lisse puis aspirée à l’aide de la paille. L’eff<strong>et</strong> se produit en une 20 aine de<br />

minutes. La cocaïne, de par son eff<strong>et</strong> vasoconstricteur, peut entraîner une nécrose de la cloison<br />

nasale.<br />

ou par voie intraveineuse où la dose requise est 5 fois moindre qu’en inhalation.<br />

L'eff<strong>et</strong> aigu dure alors environ un ¼ d'heure <strong>et</strong> peut être suivi d'un épisode de malaise psychique<br />

(dysphorie) marqué, imposant le recours à une nouvelle injection. Ceci explique la pratique<br />

courante qui consiste à adjoindre de l’héroïne. La préparation est alors appelée "speed-ball" <strong>et</strong><br />

l'eff<strong>et</strong> sédatif de l’héroïne évite ce désagrément.<br />

La voie injectable requière des mesures de prévention identiques à celles de l’héroïne (cf. risques<br />

d’infections par les virus du SIDA <strong>et</strong> par ceux des hépatites B <strong>et</strong> C).<br />

EFFETS DE LA COCAÏNE:<br />

L'eff<strong>et</strong> majeur est l'eff<strong>et</strong> psychostimulant :<br />

Intensification de l'état de veille <strong>et</strong> de l'attention,<br />

sensation d'hyper lucidité.<br />

Hyperactivité, accroissement de l'initiative <strong>et</strong> de<br />

l'énergie.<br />

Les usagers ressentent sous son emprise une<br />

confiance extrême dans leurs possibilités physiques<br />

<strong>et</strong> mentales.<br />

Insomnie.<br />

Suj<strong>et</strong>s plus loquaces, voire logorrhéiques.<br />

Accroissement de la libido.<br />

Souvent manifestation d’une nervosité <strong>et</strong> d’une<br />

irritabilité marquées qui peut conduire à des actes de<br />

violence.<br />

Baisse de l’appétit mais une tolérance apparaît<br />

au bout d’1 mois environ.<br />

La cocaïne est aussi un anesthésique<br />

local (ce qui la différencie des amphétamines)<br />

c<strong>et</strong>te propriété l’ayant d’abord fait employer en<br />

médecines oculaire <strong>et</strong> dentaire. On en a tiré en<br />

1905 la prococaïne qui a des eff<strong>et</strong>s stimulants<br />

moins puissants.<br />

La chronicité de l'usage induit :<br />

des troubles de l’attention <strong>et</strong> de la fatigue réversibles à l’arrêt de la toxicomanie.<br />

de l’anxiété, des insomnies, des accès dépressifs (60% des cocaïnomanes souffrent de<br />

dépression <strong>et</strong> 29% sont alcooliques) <strong>et</strong> parfois une confusion mentale. L'exacerbation de ces<br />

phénomènes au cours d'un usage répété <strong>et</strong> prolongé, aboutit à des illusions <strong>et</strong> des hallucinations.<br />

des démangeaisons associées à la sensation <strong>et</strong> à la vision de parasites ou d'insectes sous la peau<br />

activités compulsives de grattage en particulier des avant-bras.<br />

12 En anglais : to sniff = renifler.<br />

Feuilles de coca <strong>et</strong> cocaïne :<br />

L'usage de cocaïne provoque une<br />

euphorie immédiate, un sentiment de<br />

puissance intellectuelle <strong>et</strong> physique<br />

<strong>et</strong> une indifférence à la douleur <strong>et</strong> à<br />

la fatigue.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 85


Sur le plan des conséquences physiologiques, l'intoxication peut<br />

s'accompagner :<br />

En usage nasal de saignements de nez, de rhinites à répétition, de risques de bronchites <strong>et</strong> de<br />

pneumonies.<br />

D’une élévation de la température centrale.<br />

De troubles cardiovasculaires beaucoup plus marqués en cas d’injection intraveineuse :<br />

tachycardie (= accélération cardiaque), hypertension artérielle liée aussi à une constriction de la<br />

plupart des vaisseaux sanguins, troubles du rythme, insuffisance coronarienne aiguë mais aussi<br />

des infarctus du myocarde (y compris chez de jeunes suj<strong>et</strong>s) <strong>et</strong> des arrêts cardio-respiratoires.<br />

La cocaïne se concentre dans le cerveau (jusqu'à 20 fois la concentration trouvée dans le sang).<br />

On note une diminution brusque du flux circulatoire cérébral du fait de la vasoconstriction. C’est<br />

c<strong>et</strong>te hypoxie qui est responsable de l’euphorie ressentie pendant 5 à 15 mn. Mais il s’ensuit de<br />

violents maux de tête chroniques, des insomnies, des tremblements <strong>et</strong> il y a risque de convulsions.<br />

Des attaques de panique <strong>et</strong> délires<br />

évoquant la schizophrénie (perte de<br />

contact avec l’environnement) sont<br />

répertoriés.<br />

Des actes violents dirigés contre<br />

les autres ou contre soi-même<br />

(agressions sexuelles, tentatives de<br />

suicide <strong>et</strong> mutilations) ne sont pas<br />

rares.<br />

Les centres de l’encéphale qui<br />

contrôlent la respiration sont d’abord<br />

stimulés puis inhibés, c<strong>et</strong>te 2ème<br />

phase pouvant d’ailleurs conduire au<br />

décès.<br />

La dose toxique se situe entre 0, 2<br />

<strong>et</strong> 2 grammes selon les individus.<br />

Alors que les dérivés de l'opium<br />

induisent une tolérance, la cocaïne<br />

provoque, elle, une sensibilisation si<br />

elle est prise de façon intermittente =><br />

la l0 ème prise de cocaïne aura alors<br />

encore plus d'eff<strong>et</strong>s que la première.<br />

Le suj<strong>et</strong> augmente progressivement<br />

néanmoins les doses (160 mg/jour <br />

15 gr/par jour avec les risques qu'on<br />

imagine.<br />

Cocaïne.<br />

Les eff<strong>et</strong>s physiologiques induits par la cocaïne :<br />

mydriase, hypoventilation, tachycardie, hypertension<br />

artérielle <strong>et</strong> vasoconstriction. Sous l’eff<strong>et</strong> de la<br />

cocaïne, les vaisseaux se contractent donc <strong>et</strong> les<br />

tissus, insuffisamment irrigués, se nécrosent. C’est<br />

en particulier le cas de la cloison nasale qui peut<br />

subir une perforation.<br />

Il a par ailleurs été montré que la cocaïne passe dans le sperme <strong>et</strong> se fixe sur les<br />

spermatozoïdes ce qui perm<strong>et</strong> l'introduction de la drogue dans l'oeuf. Ceci est sans doute à relier<br />

au fait que "la consommation de cocaïne par le père a été associée, épidémiologiquement, au<br />

développement anormal de la progéniture" ».<br />

D’après « Le quotidien du médecin », n° 4824, 9/10/1991<br />

La cocaïne traverse la barrière placentaire <strong>et</strong> passe dans le lait de la femme qui allaite (avec<br />

troubles cardiaques <strong>et</strong> respiratoires chez l’enfant).<br />

C’est 10 à 15 % des enfants, dont la mère a consommé régulièrement de la cocaïne au cours de<br />

sa grossesse, qui présentent des troubles neurologiques ultérieurs.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 86


Prise nasale de cocaïne :<br />

Le prix moyen du gramme de cocaïne varie, en France <strong>et</strong> en 2002,<br />

de 52 à 91 € selon les lieux.<br />

MECANISME D’ACTION :<br />

(Photographie BSIP/ Camacho « Impact Médecin » n° 1076 du 17 juin 1997).<br />

Les manifestations psychiques en<br />

relation avec la cocaïne sont moins<br />

durables que celles dues aux<br />

amphétamines, c<strong>et</strong>te action éphémère<br />

encourageant fortement à la répétition<br />

des prises.<br />

"En terme d'eff<strong>et</strong>s sur le cerveau, il est<br />

virtuellement impossible de distinguer<br />

les amphétamines de la cocaïne. Les<br />

impressions distinctes ressenties par<br />

les utilisateurs de ces deux drogues ne<br />

reflètent rien d'autre que des<br />

différences de vitesse de pénétration<br />

dans le cerveau, différences liées au<br />

mode d'administration : la cocaïne,<br />

inhalée agit plus vite que les<br />

amphétamines par voie orale..."<br />

Solomon Snyder<br />

«Les drogues <strong>et</strong> le cerveau » 1987.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 87


La cocaïne agit principalement sur les neurones des zones du cerveau dites « de<br />

récompense » : le noyau accumbens <strong>et</strong> le cortex (pré)frontal.<br />

Elle contribue, comme les amphétamines :<br />

• A favoriser la libération dans la fente synaptique de 3 médiateurs : la dopamine, la noradrénaline<br />

<strong>et</strong> de la sérotonine.<br />

• A bloquer leur recapture (<strong>et</strong> particulièrement celle de la dopamine 13 ) au niveau des extrémités<br />

présynaptiques. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> semble aussi se r<strong>et</strong>rouver pour l’acétylcholine <strong>et</strong> les opioïdes endogènes.<br />

• Par la suite, il y a diminution de la quantité de dopamine disponible par inhibition de la<br />

production <strong>et</strong>/ou blocage de la libération du médiateur par les neurones (eff<strong>et</strong> rétroactif sur les<br />

récepteurs D2)... d’où la lassitude intellectuelle observée dans un second temps.<br />

• La cocaïne<br />

freine la<br />

production du<br />

GABA. La<br />

baisse de ce<br />

neurotransm<strong>et</strong><br />

teur serait<br />

responsable<br />

des<br />

convulsions<br />

observées.<br />

• Au niveau<br />

du cœur, la<br />

cocaïne induit<br />

une entrée<br />

massive de<br />

calcium dans<br />

les cellules<br />

myocardique<br />

qui se<br />

trouvent<br />

lésées.<br />

STATISTIQUES :<br />

Plus de 10 millions de consommateurs réguliers <strong>et</strong> 20 millions de consommateurs occasionnels aux<br />

U.S.A.<br />

En France : Chez les jeunes scolarisés, 2 % des filles <strong>et</strong> 2,1 % des garçons de 14 à 18 ans déclarent<br />

avoir pris de la cocaïne au cours de leur vie (http://www.senat.fr/rap/r02-321-1/r02-321-15.html 2003).<br />

« La consommation de ce produit dépasse maintenant le cercle habituel des privilégiés <strong>et</strong> des milieux<br />

à la mode pour toucher une population jeune de toutes origines sociales, plus vulnérable aux<br />

phénomènes de mode <strong>et</strong> à l'exemplarité de certaines « élites ». (...) dans certaines secteurs, sous sa<br />

forme classique ou sous forme de crack, ce produit fait jeu égal, voire dépasse l'héroïne ». Michel<br />

Bouch<strong>et</strong> Chef de la mission de lutte anti-drogue (MILAD), 12/3/2003. La population concernée en<br />

France par la consommation de cocaïne est relativement âgée (une trentaine d'année en moyenne),<br />

essentiellement masculine (à plus de 80 %) <strong>et</strong> possédant une activité professionnelle (à plus de 80 %<br />

également). Dans notre pays, on considère qu’il y a 1 toxicomane à la cocaïne pour 3 ou 4 usagers<br />

occasionnels.<br />

13 L’accumulation de la dopamine dans la fente synaptique avec activation des récepteurs D1 <strong>et</strong> D2 est responsable de<br />

la facilitation des capacités intellectuelles <strong>et</strong> physiques.<br />

Document extrait de « Actulités-Innovations-Médecine » n°36 de janvier 1997.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 88


Un vaccin anti-cocaïne :<br />

George Koob, début 1996, a associé un<br />

analogue stable de la cocaïne (la cocaïne se<br />

dégrade spontanément par hydrolyse) <strong>et</strong> un<br />

carrier protéique <strong>et</strong> a injecté l’ensemble à des<br />

rats (1 injection <strong>et</strong> 2 rappels).<br />

Ces rats vaccinés ont été comparés à des rats<br />

non vaccinés contre la cocaïne, tous recevant la<br />

cocaïne par voie sous-cutanée : sur les rats<br />

vaccinés, la drogue n’a plus d’eff<strong>et</strong>s.<br />

Chez les rats vaccinés, des anticorps anticocaïne<br />

se fixent sur la cocaïne formant un<br />

complexe de forte taille. C<strong>et</strong>te molécule, du fait<br />

de son volume, ne peut pas franchir la barrière<br />

hémo méningée (= barrière sang-cerveau),<br />

protégeant ainsi le cerveau <strong>et</strong> donc les zones du<br />

plaisir de la cocaïne.<br />

Remarque : la drogue était injectée aux<br />

rongeurs par voie sous-cutanée alors que les<br />

toxicomanes emploient la voie nasale ou la voie<br />

intraveineuse... les anticorps risquent de ne pas<br />

avoir le temps d’agir dans le cas d’une prise toxicomaniaque ...<br />

En fin 1996, le Dr Barbarta Fox (Massachuss<strong>et</strong>s) a produit des anticorps catalytiques<br />

capables de scinder en 2 la cocaïne. Le mécanisme de protection du cerveau se trouve ainsi<br />

doublé. Ces anticorps ont été testé avec succès sur des rats <strong>et</strong> des souris rendus dépendants à<br />

la cocaïne (cf. « Nature Médecine » d’octobre 1996).<br />

L’article, d’octobre 1997, précisait que les essais de vaccination sur<br />

l’homme devaient débuter fin 1997. Après une 1 ère injection suivie<br />

d’1 ou 2 rappels, une injection tous les 6 mois pourrait protéger de<br />

la rechute les cocaïnomanes en voie de désintoxication.<br />

En 2004 : où en est-on ?<br />

Le vaccin ne supprime pas le désir de prendre de la cocaïne.<br />

Il élimine par contre les sensations habituelles procurées par la<br />

Le principe de c<strong>et</strong>te<br />

vaccination est<br />

applicable à d’autres<br />

substances addictives<br />

<strong>et</strong> l’équipe du docteur<br />

Fox travaille déjà sur<br />

un vaccin contre la<br />

nicotine.<br />

drogue. Selon la compagnie britannique Xenova, une étude préliminaire menée aux États-<br />

Unis auprès de 22 consommateurs réguliers ou en cours de désintoxication montre que le<br />

"vaccin" mis au point, <strong>et</strong> nommé "TA-CD", a permis à 50 % des toxicomanes de se libérer<br />

de leur dépendance pendant au mois 6 mois. La compagnie prévoit un autre essai clinique<br />

qui sera réalisé sur 130 personnes <strong>et</strong> dont les résultats ne devraient être connus qu'en 2006.<br />

Attention... un tel vaccin n’est pas destiné à protéger des adolescents avant qu’ils risquent de<br />

succomber à la tentation... Un risque évident : les suj<strong>et</strong>s pourraient accroître la dose de<br />

cocaïne afin de dépasser les eff<strong>et</strong>s des anticorps. D’autre part, certains critiques pensent<br />

qu'une fois la cocaïne devenue inefficace, les toxicomanes ne feront que la remplacer par une<br />

autre drogue.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 89


LE CRACK :<br />

Le crack (ou "Crystal"), qui<br />

affecte les plus défavorisés, est apparu<br />

aux Etats-Unis au début des années<br />

1980. En 1985, 1 million d’américains<br />

avaient essayé le crack. En 1987, ils<br />

étaient 22 millions! Introduit à Paris en<br />

1987, il a été à l’origine de 400<br />

interpellations en 1995. En 2004, en<br />

France, il semble cantonné à l’Ile-de-<br />

France (surtout Paris), aux Antilles <strong>et</strong> à<br />

le Guyane. Le crack français provient<br />

surtout des Antilles néerlandaises <strong>et</strong><br />

transite par les Antilles françaises.<br />

Le crack s'obtient en ajoutant de<br />

l'eau <strong>et</strong> du carbonate (Na2CO3), du<br />

bicarbonate de sodium (HNa CO3) ou<br />

même de l'ammoniaque (NH4OH) aux<br />

grains de chlorhydrate de cocaïne.<br />

... Fabriquer du crack revient donc à<br />

transformer les cristaux de cocaïne en<br />

une substance chimique beaucoup moins pure.<br />

... Le crack peut être fumé tout en gardant les propriétés pharmacologiques de la poudre de<br />

cocaïne. Seulement 1 % du chlorhydrate de cocaïne fumé tel quel dans une cigar<strong>et</strong>te (souvent avec<br />

de la marijuana) résiste à la chaleur, <strong>et</strong> conserve donc les propriétés pharmacologiques de la<br />

molécule de cocaïne (excitation, euphorie, sensation de plaisir). Alors que le crack, lui, en<br />

conserve 84 %, malgré la pyrolyse.<br />

C<strong>et</strong>te méthode de fabrication du crack s'inspire d'une ancienne technique découverte, dès 1974, en<br />

Californie <strong>et</strong> connue sous le nom anglais de <strong>Free</strong> Basing. Mais la manipulation du <strong>Free</strong> Basing est<br />

plus dangereuse que celle du crack, même si elles ont toutes deux le même but : transformer le<br />

chlorhydrate de cocaïne en une substance proche de la cocaïne - base pour pouvoir la fumer. En<br />

eff<strong>et</strong>, le solvant, employé lors du <strong>Free</strong> Basing, généralement de l'éther, est très inflammable. C'est<br />

en pratiquant le <strong>Free</strong> Basing que le comédien américain Richard Pryor s'est infligé les brûlures au<br />

visage qui l’ont conduit à la mort en 1980.<br />

De plus, c<strong>et</strong>te méthode du <strong>Free</strong> Basing demande,<br />

au départ, une grande quantité de chlorhydrate<br />

de cocaïne, très coûteuse, ce qui restreint le<br />

nombre des adeptes.<br />

L'unité de vente "normale" du crack est le "caillou ».<br />

Le prix du caillou est « inférieur à une dose<br />

"normale" d'héroïne (1/5 de gramme). Le crack est<br />

parfois vendu en quantité supérieure, sous forme de<br />

"gal<strong>et</strong>te". C’est une sorte de gâteau plat qui équivaut<br />

à 5 ou 6 cailloux.<br />

Les morceaux de crack sont fumés dans des<br />

cigar<strong>et</strong>tes ou dans des pipes à eau, <strong>et</strong> même<br />

dans des boîtes de Coca-Cola vides.<br />

Dans ce dernier cas, le fumeur dépose un morceau<br />

Le crack : cristaux blanchâtres légèrement teintés.<br />

Consistance de la lessive en poudre agglomérée.<br />

(Photographie Cosmos)<br />

La boite perm<strong>et</strong> de fumer le crack.<br />

http://www.usdoj.gov/dea/photo_library1.html<br />

de crack sur une concavité (un coup donné sur la boîte) percée de trous. Le récipient, tenu horizontalement,<br />

contient une p<strong>et</strong>ite quantité d’eau afin de refroidir la fumée produite par le crack chauffé à<br />

l'aide d'un briqu<strong>et</strong>. Le fumeur inhale la fumée par le trou d’ouverture de la boîte métallique.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 90


C’est le crépitement caractéristique produit par la cocaïne - base sous la flamme<br />

du briqu<strong>et</strong> qui a donné son nom (crack) à c<strong>et</strong>te drogue.<br />

Une fois inhalée, la drogue atteint le<br />

cerveau en six ou sept secondes : c'est le<br />

« flash ». Les eff<strong>et</strong>s sont comparables à ceux<br />

obtenus par une injection intraveineuse de<br />

cocaïne.<br />

Les eff<strong>et</strong>s sont tout d'abord une<br />

augmentation de la pression artérielle, avec<br />

une accélération des battements de coeur<br />

(tachycardie). Puis viennent les tremblements,<br />

les maux de tête auxquels s’ajoutent<br />

des nausées <strong>et</strong> des diarrhées.<br />

La prise de crack provoque également des<br />

troubles pulmonaires, qui peuvent aboutir à<br />

un arrêt de la respiration (apnée) <strong>et</strong> à la mort.<br />

Le tout s’accompagne de symptômes<br />

Crack conditionné (photographie Gamma). psychiques tels que le sentiment d’euphorie,<br />

de toute-puissance, une hyperexcitation, avec une augmentation du désir sexuel <strong>et</strong> enfin des<br />

hallucinations. Ces symptômes durent entre 15 <strong>et</strong> 30 minutes pour s’estomper progressivement en<br />

1 ou 2 heures. Ce mécanisme peut s’expliquer par les eff<strong>et</strong>s neurobiologiques de la cocaïne qui<br />

perturbe le fonctionnement des cellules nerveuses du cerveau ... <strong>et</strong> plus particulièrement celles qui<br />

produisent de la dopamine, neurotransm<strong>et</strong>teur associé à la sensation de plaisir.<br />

Extrait de « Science <strong>et</strong> vie » n° 869 de février 1990 : « Le crack, cigar<strong>et</strong>te du condamné » de Dubrana<br />

Didier.<br />

Le « crack dancing » un nouvel instrument pour interpréter la danse de Saint-Guy.<br />

« ... M. Daras <strong>et</strong> coll. ont observé sept cas de mouvements anormaux <strong>et</strong> de dyskinésies aiguës<br />

parmi les 701 personnes qui se sont présentées en deux ans aux urgences de leur hôpital newyorkais<br />

après avoir consommé du crack.<br />

Les malades (cinq femmes <strong>et</strong> deux hommes) âgés de 21 à 58 ans prenaient de manière régulière de<br />

la cocaïne depuis 8 mois à 5 ans avant l'épisode dyskinétique ... Les mouvements anormaux sont<br />

apparus immédiatement après avoir fumé le crack chez trois malades, deux heures après la prise<br />

chez un patient <strong>et</strong> le lendemain chez les deux autres, <strong>et</strong> ont disparu quasi spontanément en deux à<br />

six jours. Ces symptômes se sont régulièrement répétés à chaque prise de crack pour trois des<br />

patients... ».<br />

Leur description relativement rare tiendrait surtout<br />

au fait qu'ils amènent exceptionnellement à consulter<br />

(le motif principal de 1’hospitalisation des cas<br />

rapportés n'était jamais la présence de ces mouvements<br />

anormaux).<br />

« Ces mouvements anormaux paraissent suffisamment<br />

fréquents pour avoir donné lieu à une dénomination<br />

spécifique par les toxicomanes en deux langues : ″″″″crack<br />

dancing ″″″″ chez les Anglo-Saxons, <strong>et</strong> ″″″″ boca torcida ″″″″<br />

(bouche tordue) chez les Hispaniques. Leur pronostic<br />

lointain est inconnu du fait de l'absence habituelle de suivi<br />

chez ces patients ».<br />

Dr Jean-Marc Bleibel JIM n° 328 du 19/10/1994.<br />

Crack<br />

(le trombone donne l’échelle).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 91


D’autres « DROGUES À LA MODE » :<br />

la PCP, le DXM <strong>et</strong> le GHB…<br />

Le marché des drogues change constamment <strong>et</strong> de nouvelles drogues envahissent<br />

régulièrement les soirées techno <strong>et</strong> les clubs.<br />

I- PCP = Phencyclidine = « poussière d'ange » = « poudre d’ange »<br />

(angel dust) :<br />

C’est un produit classé comme stupéfiant <strong>et</strong> désigné sous les autres appellations de : "peace pill" (=<br />

pour PeaCe Pill = "pilule de la paix"), d’"Ozone"… mais aussi de "cyclone", "supergrass" (= super herbe),<br />

"killer weed" (= joint de tueur), "embalming fluid" (= liquide d’embaumement), "rock<strong>et</strong> fuel" (=<br />

carburant de fusée) <strong>et</strong> même "crystal" (sans pour autant être de l’ICE).<br />

Historique :<br />

La pipéridine ou 1-(1-phencyclohexyl) a été développée en 1926 comme anesthésique chirurgical. C’est à<br />

partir de c<strong>et</strong>te substance que la Phencyclidine ou PCP, une molécule de la famille des hallucinogènes, a été<br />

synthétisée aux USA en 1956 (laboratoires Parke-David). Développé comme anesthésique intraveineux<br />

sous le nom de Sernyl® en 1958, elle a rapidement été abandonnée en raison des troubles du comportement<br />

qu’elle provoquait : 10% des patients déliraient pendant des heures à leur réveil… Parke-Davis a arrêté<br />

tout test humain en 1965. En 1960, sa commercialisation débute sous le nom de Sernylan®, c<strong>et</strong>te fois-ci<br />

comme anesthésique général à usage vétérinaire (jusqu’en 1979). Dès 1970 apparaissent les premières<br />

<strong>toxicomanies</strong> utilisant c<strong>et</strong>te substance par ailleurs assez facile, quoique dangereuse, à synthétiser dans un<br />

laboratoire clandestin. La multiplication des cas de <strong>toxicomanies</strong> aboutit, en 1979, à l’arrêt de la<br />

fabrication industrielle de ce produit. En Europe sa détention <strong>et</strong> son usage sont interdits.<br />

Présentation :<br />

Sous sa forme pure, la PCP est une poudre cristalline<br />

blanche qui se dissout aisément dans l'eau mais aussi dans<br />

l’alcool. La plupart du temps la PCP, sur le marché illicite,<br />

contient des impur<strong>et</strong>és qui lui donnent une couleur brune.,<br />

Elle peut être facilement colorée <strong>et</strong> est conditionnée sous<br />

forme de cristaux, tabl<strong>et</strong>tes, comprimés, gélules ou sous<br />

forme liquide.<br />

Le produit se sniffe, se fume (poudre ajoutée dans un joint<br />

de cannabis, cigar<strong>et</strong>te imbibée de liquide), s’ingère (goût<br />

amer) ou s’injecte par voie veineuse (1 dose de 2 à 5 mg).<br />

Il peut aussi être appliqué localement sur d’autres tissus<br />

humides que la muqueuse nasale (muqueuses rectale,<br />

vaginale).<br />

Lors de sa fabrication, l’odeur des vapeurs peut dénoncer<br />

les chimistes clandestins.<br />

Tableau clinique :<br />

Différentes formes de PCP<br />

<strong>et</strong> matériel pour l’utiliser.<br />

La PCP libère au niveau des synapses des cellules nerveuses la noradrénaline <strong>et</strong> de la dopamine. Elle<br />

inhibe aussi leur recapture (voir page 73) à la façon des amphétamines, de leurs dérivés <strong>et</strong> de la cocaïne.<br />

Elle a également une action sur la sérotonine. Il s’ensuit une action psychostimulante.<br />

Elle interfère avec des récepteurs à acétylcholine de type nicotinique dans l’hippocampe (d’où des pertes<br />

de la mémoire à court terme chez les utilisateurs réguliers).<br />

Elle agit aussi sur le récepteur sigma aux opiacés responsable d’eff<strong>et</strong>s dysphoriques.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 92


Comme la kétamine, de structure proche, la PCP a une<br />

action antagoniste du glutamate au niveau du<br />

récepteur NMDA (N-Méthyl-D-Aspartate... qui joue<br />

un rôle important dans la transmission des sensations de<br />

douleur dans le système nerveux central… voir ci-dessous<br />

les eff<strong>et</strong>s à dose moyennes.<br />

Les eff<strong>et</strong>s sont quasi immédiats <strong>et</strong> durent de 3 à 7 heures.<br />

On observe généralement, dans l’heure qui suit (mais<br />

plus rapidement si le PCP est injecté ou sniffé) : des<br />

mouvements anormaux des yeux (nystagmus vertical<br />

ou horizontal), une hypertension <strong>et</strong> une tachycardie, une diminution de la réponse à la douleur <strong>et</strong><br />

une absence de coordination des mouvements (ataxie) avec rigidité musculaire. Existence de<br />

« mauvais voyages » comme avec le LSD.<br />

* A faibles doses (< 5 mg) on constate une désinhibition + un sentiment de bien être <strong>et</strong> de détachement du<br />

réel (peace pill) mais aussi des difficultés de concentration <strong>et</strong> de communication pouvant aller jusqu’à<br />

l’isolement <strong>et</strong> au mutisme <strong>et</strong> des distorsions perceptives.<br />

* A dose moyenne (5 à 15 mg) l’impulsivité <strong>et</strong> l’agitation violente sont prédominantes. Elle<br />

s’accompagne d’hallucinations. Les patients sont difficiles à maîtriser, ils sont insensibles à la douleur <strong>et</strong><br />

leurs forces sont décuplées. L’automutilation, le suicide ou l’homicide peuvent s’ensuivre.<br />

* A forte dose (1 g) l’intoxication mène au coma <strong>et</strong> à l’arrêt respiratoire. La toxicité nécessite un lavage<br />

gastrique <strong>et</strong> un traitement par l’halopéridol.<br />

Remarques :<br />

Les dépendances physique <strong>et</strong> psychique sont importantes <strong>et</strong> rapides contrairement à ce qu’on observe pour<br />

les autres hallucinogènes (LSD <strong>et</strong> kétamine). Les adeptes peuvent en eff<strong>et</strong> réitérer les prises afin de<br />

r<strong>et</strong>rouver le sentiment d'invulnérabilité. Pas de syndrome de sevrage du fait de l’élimination très lente du<br />

produit. Peuvent apparaître des problèmes persistants d'élocution.<br />

Un phénomène de "flash-back" (réminiscence chimique des eff<strong>et</strong>s longtemps après la prise) peut se<br />

rencontrer comme avec le LSD.<br />

Pilules de PCP, le trombone donne l’échelle.<br />

A gauche : molécule de PCP<br />

<strong>et</strong> à droite de kétamine.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 93


II- Le DXM :<br />

Historique :<br />

Le dextrométhorphane ou DXM (Dextrom<strong>et</strong>horphan)<br />

C18H25NO est une substance apparentée aux opiacés (plus<br />

précisément à la codéine) qui a le pouvoir de bloquer, dans le<br />

cerveau, le centre de la toux (dans la partie dorsolatérale du<br />

bulbe cérébral) pendant quelques heures. Par contre,<br />

contrairement aux opiacés, il n'entraîne pas de constipation. Il<br />

est utilisé surtout en anesthésie préopératoire afin de diminuer<br />

les douleurs post-opératoires en chirurgies dentaire <strong>et</strong><br />

viscérale. Il est peu efficace dans les douleurs chroniques.<br />

Ceci fait parfois dire qu’il ne possède pas de propriétés<br />

analgésiques ou calmantes ce qui est inexact.<br />

Le DXM a été introduit dans des médicaments 14 contre les<br />

Des sites expliquent comment produire<br />

la substance…<br />

toux sèches aiguës sous forme de sirops, comprimés ou gélules. Ceux-ci ont été consommés de<br />

manière abusive <strong>et</strong> dans les années 80 déjà, le DXM circulait parmi les punks pour ses eff<strong>et</strong>s<br />

euphorisants <strong>et</strong> hallucinogènes. A côté des médicaments enregistrés, on trouve aussi dans les soirées<br />

des pilules vendus comme de l’ecstasy <strong>et</strong> contenant du DXM, mais le dosage est ici beaucoup plus<br />

importantes (exemple : comprimés appelés « Triangle vert », « circle Z »…).<br />

Présentation :<br />

Le dextrométhorphane parfois nommé " robo " (anglophone venant du nom du sirop Robotussin ) peut<br />

se présenter sous forme de sirop commercialisé en pharmacie, de gélules, de poudre (qui peut se<br />

consommer en sniff) ou sous forme de comprimés. Il est, sous forme de sirop, absorbé par voie orale,<br />

parfois mélangé à une boisson. «… rapidement absorbé dans le tube digestif puis métabolisé par le foie<br />

<strong>et</strong> excrété dans les urines. Sa demi-vie plasmatique est d'environ 11 heures ».<br />

http://www.ofdt.fr/BDD/sintes/ir_020517_dxm.htm<br />

Tableau clinique :<br />

Comme avec le PCP, on peut observer un nystagmus (mouvements incontrôlés des yeux), une<br />

tachycardie, <strong>et</strong> une difficulté ou impossibilité de se tenir debout sans tituber (ataxie) avec rigidité<br />

musculaire. L’accroissement de la pression sanguine est occasionnelle.<br />

* Consommé à faible dose, ses eff<strong>et</strong>s sont proches de ceux de l'alcool : un<br />

sentiment d'ivresse avec vertiges (pas forcément désagréables) <strong>et</strong> une<br />

légère excitation.<br />

* Lors de doses plus élevées la conscience de la réalité est modifiée <strong>et</strong> il<br />

existe un ressenti de dissociation du corps <strong>et</strong> de l'esprit. Les eff<strong>et</strong>s sont<br />

similaires à ceux de la Phencyclidine (PCP) à faibles doses. On observe :<br />

de la somnolence <strong>et</strong> de la confusion, des mouvements incoordonnés <strong>et</strong> de<br />

l’agitation, plus rarement des hallucinations <strong>et</strong> des moments de panique<br />

peuvent survenir.<br />

Circle Z… du DMX<br />

Le DMX peut provoquer chez certains des nausées <strong>et</strong> des problèmes<br />

gastriques (vomissements) aggravés par la consommation d’alcool ainsi que de la diarrhée… :<br />

14 En 2000 : ACTIFED TOUX SECHE, CODOTUSSYL TOUX SECHE, HUMEX TOUX SECHE (France) + une<br />

vingtaine d’autres spécialités commercialisées dans notre pays… BRONCHENOLO (ITALIE), CANFODION<br />

(ITALIE), CAPSYL (BELGIQUE), DESTROMETORFANO (ITALIE), FLUPRIM (ITALIE), ROMILAR (Belgique,<br />

PAYS-BAS, ANGLETERRE, USA), ROMILAR EXPECTORANS (SUISSE), SEDOTUS (ITALIE), SIMATUS<br />

(ITALIE), TORFILE (PAYS-BAS), TUSSADE (USA), TUSSISTOP (ITALIE), VALATUX (ITALIE)<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 94


« J’ai bu le 1/3 de la bouteille (de sirop) d’un coup... ça tournait dans les<br />

alentours de 200, 220 mg de DXM ... J’ai détesté ça car j’ai vomi tout la<br />

soirée... J’étais seul... je vomissais, j’étais étourdi à mort ce qui me donnait<br />

mal au coeur <strong>et</strong> continuait de me faire vomir… Et tout ça a fini avec la<br />

diarrhée bien sûr... Ca a été une soirée complète comme si j’avais un<br />

grosse gastro... mais en plus j’étais gelé... Sa gèle oui... essayez le si ça<br />

vous tente... mais moi j’ai pas aimé ça… ».<br />

Certains usagers trouvent que le DXM " rend trop stupide ".<br />

On note également des réactions d'allergie avec démangeaisons<br />

importantes <strong>et</strong> des bouffées de chaleur. Assez fréquemment, le pouls est<br />

accéléré <strong>et</strong> des pupilles dilatées. Souvent inhibition de l'orgasme chez<br />

l'homme <strong>et</strong> occasionnellement chez la femme.<br />

* Lors d'utilisations fréquentes à des doses importantes, une dépendance<br />

psychique peut s'installer. On a signalé des cas de dépression <strong>et</strong> constaté<br />

quelques évolutions graves avec coma, convulsions <strong>et</strong> hypertension<br />

massive.<br />

« Motorola » : ¾ de<br />

DXM <strong>et</strong> ¼ de<br />

Pseudoéphedrine.<br />

Une autre<br />

« Motorola » contient<br />

de la kétamine plus un<br />

peu de caféine.<br />

Enfin, la combinaison du DXM avec certaines substances médicamenteuses, comme des<br />

antidépresseurs, des produits amincissants <strong>et</strong> des antiallergiques, peut être particulièrement<br />

dangereuse. L'association avec l'alcool ou d'autres morphiniques accroît fortement l'eff<strong>et</strong> sédatif.<br />

Bien que le DXM ne soit pas réellement un opioïde, les intoxications peuvent être traitées avec de la<br />

Naloxone.<br />

L'évolution dépend de la dose mais avec toutefois une grande variabilité selon les individus. Il se<br />

pourrait que, chez certains suj<strong>et</strong>s, une particularité génétique ait pour eff<strong>et</strong> de réduire le métabolisme<br />

du DXM ("polymorphisme CYP2D6"). Ces patients développeraient des symptômes graves à des<br />

doses qui n'affectent que faiblement d'autres personnes. La littérature médicale fait même état de cas<br />

mortels heureusement exceptionnels.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 95


III- Le GHB ou Gamma Hydroxy Butyrate ou Gamma OH ou Liquid<br />

ecstasy ou liquid X ou liquid E ou Fantasy :<br />

Historique :<br />

… Aucun rapport avec l’Ecstasy… Le gamma hydroxyde butyrate (de sodium)<br />

encore appelé « drogue des violeurs » <strong>et</strong> "GBH" (Grievous = pénible, Bodily =<br />

physiquement, Harm = mal) est une drogue de synthèse obtenue en 1961 par Henri<br />

Labborit 15 . Formule chimique : C4H7NaO3 dérivée de celle d’un neuromédiateur<br />

inhibiteur naturellement présent dans le système nerveux central : le GABA. Elle<br />

était utilisée en médecine comme anesthésiant général <strong>et</strong> dans le traitement de<br />

l'insomnie <strong>et</strong> de l'alcoolisme. Elle est maintenant peu employée (sauf en<br />

neurochirurgie <strong>et</strong> dans le traitement de la narcolepsie 16 ) à cause de ses eff<strong>et</strong>s<br />

secondaires indésirables. Elle a ensuite servi, à partir de 1980, comme dopant dans le<br />

milieu du culturisme car elle stimule la libération de l’hormone de croissance. En<br />

1990 les USA <strong>et</strong> le Canada ont interdit sa fabrication <strong>et</strong> son utilisation. En 1999, la<br />

Mission interministérielle de lutte contre la drogue <strong>et</strong> la toxicomanie (MILDT) a classé le GHB<br />

comme produit stupéfiant. Bien qu’il s’agisse d’un produit prohibé, le GHB circule maintenant dans<br />

les soirées techno.<br />

Présentation :<br />

Il est vendu en poudre blanche cristalline ou en granulés à<br />

dissoudre dans l'eau ou tout autre liquide. Le GHB existe<br />

aussi sous forme de pilules blanches <strong>et</strong> sous la forme d’un<br />

liquide incolore <strong>et</strong> inodore légèrement salé.<br />

130 000 doses, avaient été découvertes en 1998<br />

dans un laboratoire clandestin de la Région<br />

Parisienne, depuis les saisies sont très faibles : 6<br />

grammes en 2000 <strong>et</strong> une vingtaine de grammes en 2001... du<br />

Poudre <strong>et</strong> liquide incolore…<br />

fait de la difficile identification de la substance.<br />

Le GHB peut être introduit dans un verre à l’insu d’un(e) consommateur (trice).<br />

L’action de la substance se situe au niveau du thalamus (Cf. Journal of Neuroscience du 10 décembre 2003) sur<br />

la « balance excitation <strong>et</strong> inhibition » des neurones présents dans c<strong>et</strong>te région du cerveau : une<br />

personne excitée sera calmée par la consommation de GHB, tandis qu’une personne angoissée sera<br />

désinhibée.<br />

Tableau clinique :<br />

Selon le dosage, les eff<strong>et</strong>s pourront durer de 1 à 3 heures.<br />

* A faible dose (1g), l’action ressemble à celle de l’alcool : le GHB a des eff<strong>et</strong>s euphorisants <strong>et</strong><br />

relaxants… eff<strong>et</strong>s désinhibiteurs <strong>et</strong> "socialisants" avec soumission qui se font sentir 10 à 20<br />

minutes après la prise par voie orale <strong>et</strong> atteignent leur maximum au bout d’une heure. Une<br />

incoordination motrice <strong>et</strong> une sensation de vertige rendent la conduite automobile particulièrement<br />

dangereuse. A noter aussi des palpitations <strong>et</strong> une chute de la pression artérielle. Au bout de<br />

quelques heures, le réveil se fait sans eff<strong>et</strong>s résiduels désagréables (pas de gueule de bois).<br />

* A plus forte dose (2 à 4 g) apparaissent des maux de tête <strong>et</strong> des crampes, une somnolence<br />

voisine de l’hypnose qui peut aller, si la dose est particulièrement forte, jusqu’à un sommeil<br />

profond proche du coma (4 à 8 g) avec dépression respiratoire <strong>et</strong> convulsions.<br />

15<br />

Le créateur du premier neuroleptique : le Largactil ( ou chlorpromazine) utilisé pour combattre<br />

l’agressivité.<br />

16<br />

La narcolepsie est une maladie caractérisée par une exagération pathologique du besoin de dormir.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 96


Lorsque le GHB est mélangé à d'autres substances, les dangers s'accroissent singulièrement. II<br />

augmente le risque de détresse respiratoire, d'étouffement lié à la consommation d'opiacés<br />

(héroïne, méthadone, codéine) <strong>et</strong> peut alors devenir mortel. Le mélange GHB/alcool peut aussi<br />

renforcer de façon dramatique les eff<strong>et</strong>s de l'un <strong>et</strong> de l'autre <strong>et</strong> être cause de décès.<br />

Remarques : dans la durée, il n’y a pas de dépendance physique, ni de syndrome de sevrage mais une<br />

dépendance psychologique marquée.<br />

Le GHB, outre le fait qu’il provoque une soumission, entraîne une<br />

amnésie quasi-complète : le consommateur peut ainsi oublier<br />

complètement ce qu'il a vécu les heures précédentes.<br />

Le GHB est utilisé à des fins délictueuses dans des affaires<br />

d'escroquerie à la carte bleue : des caméras de surveillance<br />

montrent les victimes en train de composer leur code au<br />

distributeur... mais, elles, ne se souviennent de rien...<br />

Le GHB est également employé dans des soirées privées,<br />

les rave parties, des boites de nuit, des soirées d'entreprise<br />

dans le cadre de la "soumission chimique" d’où son autre nom de<br />

"drogue des violeurs" ou "drogue du viol" (date rape drug). Devant la commission du Sénat 2003 un<br />

expert en pharmacie <strong>et</strong> toxicologie a expliqué : « Vous avez 80 sites sur la drogue des violeurs sur<br />

Intern<strong>et</strong> (sur lesquels) on vous explique comment l'utiliser pour soum<strong>et</strong>tre votre victime <strong>et</strong> aboutir au<br />

fait criminel qu'est le viol ».<br />

« En France, selon le professeur Georges Lagier, responsable du centre anti-poison à l'hôpital<br />

Ferdinand-Widal à Paris qui étudie le phénomène depuis 1997, 143 cas de soumission chimique ont<br />

été enregistrés entre 1999 <strong>et</strong> 2001 ». Certains clubs comme Le Queen à Paris, en 2002, avaient<br />

décidé de servir des verres munis de couvercles en plastique pour éviter toute<br />

manipulation… La seule véritable prévention consiste à être accompagné(e) de personnes de<br />

confiance <strong>et</strong> de veiller les un(e)s sur les autres.<br />

Georges Lagier explique que « Le GHB reste seulement quatre heures dans le sang <strong>et</strong> entre six <strong>et</strong> dix<br />

heures dans les urines. Avant même que les victimes ne prennent conscience qu'elles ont été droguées,<br />

il n'en subsiste plus aucune trace. »… mais on peut en r<strong>et</strong>rouver le produit dans le verre ou même…<br />

dans les cheveux de la victime 1 mois après : les violeurs potentiels ne sont plus à l'abri des<br />

poursuites, le premier procès de « viol par soumission chimique » a eu lieu à Bobigny fin 2003.<br />

C<strong>et</strong>te drogue serait également utilisée dans les milieux pédophiles…<br />

GHB en poudre.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 97


Les Les opiacés opiacés <strong>et</strong> autres<br />

analgésiques analgésiques narcotiques narcotiques narcotiques :<br />

:<br />

Les analgésiques narcotiques 17 sont utilisés médicalement pour soulager les douleurs moyennes <strong>et</strong> intenses,<br />

pour guérir la toux <strong>et</strong> pour contrôler la diarrhée. Ces substances peuvent aussi causer un état euphorique de<br />

bien-être.<br />

Certaines désignées sous le terme « d’opiacés » recouvrent tous les dérivés de l'opium, qu'ils soient<br />

d'origine naturelle (morphine, codéine), semi synthétique (héroïne…) ou synthétique (fentanyl 18 ….).<br />

D’autres, non issues à l’origine de l’opium, sont fabriquées artificiellement en laboratoires. Toutes ces<br />

substances, employées sans contrôle médical, peuvent être source de <strong>toxicomanies</strong>. L'utilisation <strong>et</strong> la<br />

consommation de ces substances sont donc contrôlées légalement.<br />

LA PLANTE :<br />

L’opium 19 est le suc d’une plante<br />

herbacée de la famille du<br />

coquelicot (famille des Papavéracées)<br />

: le pavot indien ou<br />

Papaver somniferum.<br />

HISTORIQUE :<br />

Dans la région de Sumer, au<br />

moyen orient, ont été r<strong>et</strong>rouvés<br />

des écrits datant de 4000 ans<br />

avant J.C. <strong>et</strong> mentionnant que le<br />

pavot était doté d’actions<br />

analgésique <strong>et</strong> anti diarrhéique.<br />

Homère (vers 850 avant J.C.),<br />

dans l'Odyssée, cite les vertus du<br />

"nepenthes", mélange à base<br />

d'opium, qu'Hélène donne à<br />

Télémaque pour "apaiser toutes<br />

les douleurs <strong>et</strong> faire oublier tous<br />

les malheurs". Les propriétés de<br />

l'opium étaient connues du<br />

médecin grec Hippocrate (460 à<br />

377 av. J. C) <strong>et</strong> des Romains.<br />

Certains pensent que se seraient<br />

les Arabes qui auraient introduit<br />

l'opium en Inde. D’autres<br />

affirment que la consommation<br />

d’opium est originaire de ce<br />

pays.<br />

Le pavot n'apparaît dans la flore<br />

chinoise qu'à une époque<br />

relativement récente : la 1ère mention écrite de c<strong>et</strong>te plante date du VIIIe siècle.<br />

17 Opium, Codéine, MS-Contin (morphine), Héroïne (diacétylmorphine) = H, cheval, junk, smack,<br />

Dolophine (méthadone), Demerol (mépéridine ou péthidine), Dilaudid (hydromorphone), Hycodan<br />

(hydrocodone), Novahistine-DH, Percodan (oxycodone), Talwin (pentazocine), Lomotil.<br />

18 Le Fentamyl est maintenant un médicament générique. Autres : Durogesic, Thalamonal. Hypnorm est à usage<br />

vétérinaire.<br />

19 Du grec opion : suc de pavot.<br />

Champ de pavot : Le cycle compl<strong>et</strong> de la semence à la récolte de<br />

l'opium prend environ 3 mois. La récolte du latex s’effectue par<br />

incision des capsules dans les 15 jours suivant la chute des pétales. Le<br />

rendement des cultures perm<strong>et</strong> d'obtenir dans des régions humides <strong>et</strong><br />

ensoleillées environ 10 kg d'opium par hectare. Le latex est ensuite<br />

séché. Il sert de matière première pour l’extraction de la morphine,<br />

elle-même étant à la base de la synthèse de l’héroïne.<br />

Photographie extraite du livre de Denis Richard : les drogues » aux éditions<br />

Dominos - Flammarion 1995.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 98


Des historiens estiment qu’il été importé en Chine par les Arabes en 763. Le laudanum, teinture<br />

alcoolique à base d'opium, a été utilisé comme médicament en Europe à partir de 1524.<br />

En 1666, l'opium commence à être fumé à Macao <strong>et</strong> à Canton. Au début du XIX ème siècle se sont<br />

surtout les eff<strong>et</strong>s euphorisants qui sont recherchés.<br />

Les chinois introduisirent c<strong>et</strong>te pratique en Cochinchine, dans la presqu'île malaise, le Siam, les<br />

Philippines, les îles Hawaï, l'Australie <strong>et</strong> l'Amérique du Sud.<br />

L’isolement du principal principe actif de l’opium : la<br />

morphine (de Morphé, dieu du sommeil) est réalisé par le<br />

chimiste allemand Friedrich Sertürner en 1817.<br />

La morphine perm<strong>et</strong> des injections (la seringue hypodermique<br />

est inventée en 1850 par Charles Gabriel Pravaz) à eff<strong>et</strong>s<br />

beaucoup plus intenses que la consommation orale ou<br />

l’inhalation d’opium.<br />

L’héroïne, plus soluble dans les graisses que la morphine, est<br />

découverte en 1874 par l’Anglais Wright mais fait son<br />

apparition au XX ème Opium<br />

siècle.<br />

Différentes héroïnes variant par leur couleur (du blanc au<br />

brun) <strong>et</strong> leur texture.<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder.<br />

L’héroïne = « blanche » = « poudre » se présente sous la<br />

forme d’une poudre plus ou moins fine, blanche ou brune. La<br />

brune (brown sugar) est la forme la plus courante. Sa couleur<br />

peut varier du blanc cassé au marron foncé <strong>et</strong> se présente sous<br />

une forme granuleuse. Elle peut être coupée jusqu'à 97% avec<br />

des produits toxiques (strychnine) ou non (caféine, lactose,<br />

glucose….). Peu soluble, les toxicomanes la dissolvent en la<br />

faisant chauffer dans une p<strong>et</strong>ite cuillère en milieu acide ( jus<br />

de citron).<br />

La blanche : plus rare… peut être légèrement rose. Elle est<br />

généralement plus raffinée <strong>et</strong> plus pure. Poudre très fine, elle<br />

est souvent coupée au lactose. L’héroïne <strong>et</strong> la morphine<br />

s'utilisent en injections hypodermiques (sous la peau) ou plus<br />

souvent en injections intraveineuses.<br />

On obtient l’héroïne en ajoutant 2<br />

groupes acéthyl (CH3-CHOH) qui en<br />

accroissant sa liposolubilité<br />

facilitent sa pénétration dans les<br />

tissus neuronaux. Elle possède les<br />

mêmes propriétés que la morphine<br />

mais est 2 à 4 fois plus active.<br />

PRINCIPES ACTIFS :<br />

Pavot blanc<br />

<br />

Opium<br />

(=latex obtenu en incisant les<br />

capsules).<br />

<br />

Morphine Pholcodine<br />

<br />

Héroïne Codéine<br />

<strong>et</strong> codéthyline<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 99


Injection d’héroïne :<br />

L’eff<strong>et</strong> immédiat de l’héroïne évoque un orgasme... C’est le « flash » (de l'anglais, " éclair "). Il est suivi d’une<br />

sensation d’apaisement, d’euphorie <strong>et</strong> d’extase. L’héroïne déprime le cervel<strong>et</strong> (entraînant ainsi une incoordina-tion<br />

des mouvements = ataxie), l'activité cardiaque, la pression artérielle <strong>et</strong> la respiration. Par contre, elle stimule les<br />

centres de la régulation thermique induisant une hypothermie. Son activation des "récepteurs mu" présents sur les<br />

neurones de la moelle épinière se traduit par une diminution de la sensation de douleur ou analgésie.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 100


SIGNES CLINIQUES D'INTOXICATION A L'HEROÏNE :<br />

Après son administration dans l’organisme, l'héroïne (1/2 vie de 5 à 7 minutes) est<br />

transformée en quelques minutes en 6-acétylmorphine ou 6-MAM (d’une ½ vie d’un peu<br />

moins de 2 heures) puis quelques heures en morphine (d’une ½ vie de 24 à 27 heures).<br />

* Réduction du diamètre des pupilles (ou myosis).<br />

* Des vomissements en début d'intoxication.<br />

* Des abcès aux points d’injections Des démangeaisons (liées à une libération d'histamine) <strong>et</strong> des<br />

grattages. Des oedèmes pouvant donner aux mains un aspect gonflé.<br />

* Une baisse de la motilité intestinale à l’origine d’une constipation.<br />

* Une aménorrhée (absence de règles) chez la femme intoxiquée chronique (qui résulte d'une<br />

diminution de la sécrétion d'une hormone hypophysaire : la F.S.H.) parfois associée à une<br />

galactorrhée (= émission de lait due à une augmentation de la production d'une autre hormone de<br />

l'hypophyse : la prolactine).<br />

* Des pathologies dentaires.<br />

* Les opiacés <strong>et</strong> en particulier l’héroïne, sont connus pour réduire l’activité du système<br />

immunitaire ce qui favorise les survenues d'infections virales <strong>et</strong> bactériennes ainsi que de cancers.<br />

* La tolérance se caractérise par une diminution des eff<strong>et</strong>s obtenus avec la même dose (du fait<br />

d’une décroissance du nombre <strong>et</strong> de l’affinité des récepteurs).<br />

* Les nouveau-nés de mères intoxiquées sont en état de manque à la naissance mais les opiacés y<br />

compris l’héroïne ne sont pas tératogènes (= pas de malformations).<br />

L'ACCIDENT LE PLUS GRAVE EST l’OVERDOSE<br />

(= OD) :<br />

L'overdose ou surdose est un coma par surdosage qui peut<br />

entraîner la mort. En fait, elle peut se produise si le produit est<br />

trop fort, s'il est coupé avec des produits toxiques ou encore si le<br />

suj<strong>et</strong> mélange les produits (médicaments <strong>et</strong>/ou drogues <strong>et</strong>/ou<br />

produits de substitution <strong>et</strong>/ou alcool). Le risque est maximal<br />

après une période d'abstinence (sevrage, prison).<br />

Les symptômes varient suivant le produit utilisé, dépresseur ou<br />

stimulant. Dans le cas de l’héroïne :<br />

- Le SAMU fera appel aux techniques de réanimation avec<br />

assistance respiratoire…<br />

* Les premiers signes d’une overdose sont : une somnolence, une<br />

respiration saccadée puis ralentie, le visage qui pâlit.<br />

* L’overdose se caractérise par une dépression respiratoire (les<br />

centre nerveux contrôlant la respiration sont débordés par la dose de<br />

produit), un myosis 20 , un trouble de la conscience <strong>et</strong> implique un<br />

recours rapide :<br />

- Essayez en stimulant la personne de l'empêcher de sombrer dans le<br />

coma : parlez-lui, secouez-le, pincez-le, faites le marcher, <strong>et</strong>c.<br />

- Si la personne est déjà inconsciente, m<strong>et</strong>tez la en position de<br />

sécurité (allongée sur le côté), dégrafez ses vêtements <strong>et</strong> appelez<br />

immédiatement le SAMU (15 ou 112)<br />

Trop de mélanges amène un<br />

risque d'overdose.<br />

Dessin :<br />

http://perso.wanadoo.fr/entr<br />

aidsida/toxs/overdose.html<br />

20 Habituellement, l'injection de morphinique induit un myosis (= rétrécissement des pupilles) bilatéral de la<br />

même façon que les benzodiazépines. La mydriase (= dilatation des pupilles) accompagne les consommations<br />

d'amphétamines <strong>et</strong> de cocaïne.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 101


- à des antagonistes de la morphine comme la NALOXONE (= NARCAN ®) 21 .<br />

Si l'on consomme de l'alcool <strong>et</strong> surtout des benzodiazépines (Rohypnol®, Tranxene®, Valium®...)<br />

avec l’héroïne, le risque d’overdose augmente fortement.<br />

Nombre de décès par overdose :<br />

1994 : 566, 1996 : 564, 1999 : 118, 97 en 2002.<br />

Entre 1994 <strong>et</strong> 2000, la réduction des overdoses<br />

aura été de 80%... même si le nombre absolu<br />

de décès par overdose est probablement<br />

sous-estimé.<br />

LE SYNDROME DU SEVRAGE OU ETAT DE MANQUE :<br />

« La symptomatologie en est<br />

relativement stéréotypée <strong>et</strong> constituée<br />

par l'inversion des signes de<br />

l'intoxication », elle naît en général<br />

dans les 7 heures suivant la<br />

dernière prise :<br />

• « Apparaissent successivement<br />

dans les 1ères heures bâillements,<br />

rhinorrhée (= écoulement nasal),<br />

sueurs, larmoiements » <strong>et</strong> hypersalivation.<br />

• Puis, dans les 12 heures, sensation<br />

de froid interne ou de chaud-froid<br />

avec frissons <strong>et</strong> horripilation,<br />

mydriase (= dilatation des pupilles),<br />

douleurs musculaires <strong>et</strong> osseuses sur<br />

fond d'anxiété, d’anorexie, d'insomnie,<br />

d’agitation <strong>et</strong> d’irritabilité.<br />

• « Ces symptômes s'aggravent <strong>et</strong><br />

apparaissent dans les 18 à 24 heures,<br />

des troubles cardiovasculaires<br />

(tachycardie = accélération du rythme cardiaque), hypertension artérielle) », tachypnée (=<br />

accélération du rythme respiratoire) <strong>et</strong> des nausées.<br />

• « Le tableau est à son apogée au bout de 24 à 36 heures d'abstinence avec diarrhée <strong>et</strong>, parfois,<br />

vomissements <strong>et</strong> fièvre ». Il peut exister des convulsions.<br />

• « Le tout s'estompe au bout de 4 à 5 jours mais laisse souvent persister insomnie, irritabilité,<br />

dépression pendant plusieurs semaines ».<br />

« C<strong>et</strong>te séquence est celle qui correspond au sevrage de l’héroïne ou de la morphine. Pour ce<br />

qui est de l'opium ou des codéines, l'installation des symptômes se fait de façon plus tardive,<br />

persiste plus longtemps <strong>et</strong> l'intensité en est moindre, du moins pour les codéinés ».<br />

La toxicomanie, 1988 (texte complété).<br />

21 L’Anexate est l’antidote pour les benzodiazépines<br />

Héroïne blanche (ou légèrement rose) très pure : 80<br />

euros le gramme <strong>et</strong> plus fréquemment héroïne<br />

brune (en fait du blanc cassé au marron foncé) ou<br />

brown sugar : 53 euros le gramme en 2002.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 102


Mécanismes d’action des opiacés :<br />

L’idée de l’existence de récepteurs endogènes à la morphine <strong>et</strong> aux<br />

autres opiacés sous-tend la présence de médiateurs physiologiques<br />

(c’est-à-dire naturellement présents dans l’organismes) capables de se<br />

fixer à ces récepteurs. Ces ligands naturels sont réunis sous le nom<br />

d’endomorphines ou opiacés endogènes. Ils agissent comme des<br />

neuromodulateurs de l’action de divers neuromédiateurs comme :<br />

* la sérotonine, la noradrénaline, la dopamine<br />

* le GABA <strong>et</strong> * l’acétylcholine.<br />

Les ligands naturels ou endomorphines sont au nombre d’une 20 aine.<br />

Elles possèdent toutes le même enchaînement N-terminal de 4 acides<br />

aminés nécessaires à leur activité : tyrosine-glycine-glycinephénylalanine.<br />

Elles appartiennent à 3 familles distinctes en fonction de<br />

leur précurseur :<br />

• la pro-opiomélanocortine à l’origine des α, β, γ <strong>et</strong> δ endorphines <strong>et</strong> de l’ACTH ou hormone<br />

corticotrope.<br />

• la Pro-enképhaline A à l’origine des enképhalines : m<strong>et</strong>-enképhaline <strong>et</strong> leu-enképhaline.<br />

• la Pro-enképhaline B ou prodynorphines à l’origine de la néo-endorphine <strong>et</strong> des dynorphines.<br />

Les différents opiacés agissent soit sur tous ces récepteurs (agonistes compl<strong>et</strong>s), soit sur certains<br />

d’entre eux (agonistes partiels) soit positivement sur certains <strong>et</strong> négativement sur d’autres qu’ils<br />

inhibent ( agonistes/antagonistes).<br />

Récepteurs<br />

séquencés<br />

<strong>et</strong> clonés<br />

Ancienne<br />

dénomination<br />

Ligants<br />

endogènes <strong>et</strong> exogènes<br />

OP1 δ ou delta Grande affinité pour les<br />

enképhalines mais peu<br />

pour la morphine.<br />

OP2 dont la<br />

stimulation<br />

diminue la<br />

libération de<br />

dopamine<br />

OP3 dont la<br />

stimulation<br />

augmente la<br />

libération de<br />

dopamine<br />

κ ou<br />

kappa<br />

Affinité pour la dynorphine<br />

A<br />

mais pas pour la β<br />

endorphine.<br />

μ ou mu Affinité pour les<br />

enképhalines <strong>et</strong><br />

très grande affinité ** pour<br />

la morphine <strong>et</strong> les<br />

morphiniques<br />

<br />

OP3 est le seul qui<br />

réagisse à la morphine, à la<br />

méthadone <strong>et</strong> à la<br />

buprénorphine.<br />

Sigma (s) Récepteur impliqué<br />

également dans l'action<br />

pharmacologique de la<br />

phencyclidine ou PCP<br />

(Angel Dust).<br />

Eff<strong>et</strong> de<br />

l’agoniste<br />

Analgésie spinale seule.<br />

Olfaction.<br />

Dépression respiratoire.<br />

Analgésie spinale seule,<br />

sécrétion de la prolactine,<br />

eff<strong>et</strong>s anti diarrhéiques,<br />

dysphorie <strong>et</strong> sédation.<br />

Myosis. Eff<strong>et</strong> anorexigène.<br />

Analgésie** (spinale <strong>et</strong><br />

supraspinale).<br />

Dépression respiratoire.<br />

Bradycardie.<br />

Baisse de la motilité<br />

intestinale.<br />

Hypothermie.<br />

Euphorie <strong>et</strong> sédation.<br />

Myosis<br />

Dépendance.<br />

Dysphorie.<br />

Hallucinations.<br />

Stimulation vasomotrice.<br />

Antagoniste<br />

Naltrindole,<br />

Naltriben.<br />

Buprénorphine<br />

Naloxone<br />

(= Narcan)<br />

Et naltrexone<br />

(= Nalorex).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 103


** Chez des souris mutantes dépourvues de récepteur OP3 :<br />

la morphine ne montre pas d’eff<strong>et</strong> analgésique<br />

l’administration chronique de morphine ne crée pas de phénomène de dépendance.<br />

LA POLITIQUE DE REDUCTION DES RISQUES :<br />

Elle consiste en :<br />

1 - La vente libre de seringues stériles.<br />

2 - La mise en œuvre de programmes d’échange de seringues (les usagers rapportent leur seringue<br />

utilisée <strong>et</strong> l’échangent pour une stérile).<br />

3 - La distribution de kits de prévention contenant : 2 seringues stériles, 2 ampoules d’eau distillée,<br />

2 tampons alcoolisés, 2 tampons secs, 2 récipients de dilution <strong>et</strong> de chauffe, 2 filtres, 1 préservatif.<br />

4-- La mise en place d’un traitement de substitution.<br />

Jusqu’en 1994, le traitement médical avoué de l’état de manque faisait exclusivement appel<br />

* aux antalgiques (Spasfon ® ou Viscéralgine ®), à des tranquillisants ou à des<br />

neuroleptiques dans les cas plus sévères (Nozinan ®).<br />

* au Catapressan ® (= clonidine) utilisé à raison d’1/2 comprimé toutes les 4 à 6 heures<br />

car il diminue les rythmes cardiaque <strong>et</strong> respiratoire <strong>et</strong> les sécrétions tout en accroissant la<br />

glycémie (= teneur en sucre du sang) <strong>et</strong> en restreignant l’agitation ...<br />

* l’usager se voyait d’emblée proposer l’abstinence d’ailleurs le plus souvent transgressée.<br />

L’irruption du SIDA <strong>et</strong> le fort pourcentage de séropositifs parmi les toxicomanes du fait du<br />

partage des seringues (lui même lié à une pénurie en matériel stérile) ont obligé les<br />

autorités à prendre en compte la santé des toxicomanes.<br />

• La vente libre des seringues en pharmacie a commencé en 1987 avec la loi Barzac.<br />

• Dès 1994, des lieux d’accueil ou « boutiques » se sont ouverts dans les quartiers les plus<br />

touchés. Ils visaient à établir des contacts, à perm<strong>et</strong>tre aux toxicomanes de se laver, de se nourrir<br />

<strong>et</strong> de dormir. Ces boutiques n’étaient pas des lieux de soins même si quelques soins élémentaires<br />

pouvaient y être dispensés. Ils pouvaient par contre perm<strong>et</strong>tre une orientation vers le milieu<br />

sanitaire. Des appartements thérapeutiques relais, des hébergements de transition <strong>et</strong> des<br />

hébergements d’urgence ont par ailleurs été créés.<br />

• Des programmes d’échange de seringue avec des bus allant au devant des usagers se sont mis<br />

en place.<br />

• Des distributions de trousses de prévention, trousses<br />

contenant du matériel d’injection stérile, ont depuis lors<br />

lieu dans les pharmacies.<br />

• Des " traitements" de substitution en ambulatoire pour<br />

les toxicomanes aux opiacés se sont développés dans des<br />

centres spécialisés (traitement par méthadone à partir<br />

d’avril 1995) <strong>et</strong> auprès des médecins généralistes<br />

(traitement par Subutex ® débuté en janvier 1996).<br />

Ces traitements, qui ont à terme pour objectif le sevrage,<br />

sont maintenant une pratique généralisée en Europe<br />

occidentale. Aujourd’hui lorsqu’un héroïnomane fébrile<br />

consulte en urgence un médecin généraliste, celui-ci traite<br />

la souffrance par un opiacé : 1 ou 2 comprimés de 2 mg<br />

de buprénorphine haut dosage (Subutex ®) <strong>et</strong> tente de<br />

m<strong>et</strong>tre en place un suivi.<br />

Photographie F. Astier/Sygma.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 104


Le traitement de substitution n’est qu’une des composantes de la prise en charge<br />

...« Il s’agit de donner du temps au temps, d’améliorer autant les conditions matérielles de la vie<br />

du toxicomane que sa conscience <strong>et</strong> son analyse de sa dépendance ». Il importe de comprendre<br />

qu’il ne faut pas « s’attendre à une abstinence complète dès la prise en charge »<br />

(Vincent Bargouin dans « Le Quotidien du Médecin du 29 septembre 1997).<br />

C<strong>et</strong>te politique de restriction des risques a été mise en place tardivement mais la bataille<br />

idéologique semble aujourd’hui terminée face aux résultats favorables obtenus :<br />

• démarginalisation des usagers.<br />

Les toxicomanes sont sevrés de<br />

leur problème d’approvisionnement<br />

... <strong>et</strong> ce n’est pas rien ...<br />

• moins de complications<br />

périnatales pour les enfants nés<br />

de mères dépendantes (mais la<br />

méthadone n’évite pas le<br />

syndrome de « manque pour le<br />

nouveau-né).<br />

• réduction du nombre des<br />

overdoses.<br />

• diminution du partage des<br />

seringues <strong>et</strong> donc des<br />

contaminations par les virus du<br />

SIDA <strong>et</strong> des hépatites.<br />

• décroissance de la délinquance.<br />

Document extrait de<br />

http://www.antenne.sida.vsn<strong>et</strong>.ch/prventio.htm<br />

Référence : « La revue du praticien » n° 380 du 5 mai 1997 :<br />

« Organisation des soins <strong>et</strong> prise en charge des toxicomanes » par Dominique De Galard <strong>et</strong> Marijo Taboada.<br />

• En 2004, « près de 100 000 personnes en France bénéficient aujourd'hui de ces<br />

traitements… Quant au bilan, il ne prête guère à polémique. Le rapport demandé par le<br />

ministère de la Santé en 2002 évoque des «résultats spectaculaires sur les plans sanitaire,<br />

économique <strong>et</strong> social», avec, par exemple, 6 fois moins de décès par surdose entre 1994 <strong>et</strong> 2000.<br />

Reste une question, non réglée à ce jour: quand arrêter un tel traitement ? ».<br />

L'Express du 21/06/2004<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 105


Toxicomanie intraveineuse <strong>et</strong> infections par<br />

les virus du SIDA <strong>et</strong> des hépatites :<br />

150 000 personnes sont porteuses du VIH en France (à la mi 2002). Les seringues contaminées par les<br />

virus HIV1 <strong>et</strong> HIV2 (virus du SIDA) <strong>et</strong> échangées entre différents partenaires ont répandu la maladie<br />

parmi les toxicomanes. En France, 35 % à 40 % des 160 000 usagers de drogues par voie<br />

intraveineuse seraient contaminés par le VIH.<br />

240 nouveaux cas de sida <strong>et</strong> 199 décès chez les usagers de drogues par voie injectable en 2002.<br />

La contamination par rapports hétérosexuels représente : 44,5 % des cas de sida en 2000<br />

<strong>et</strong> 49% des cas en 2001, la contamination par rapports homosexuels : 28,1 % des cas de<br />

sida en 2000 <strong>et</strong> 24% des cas en 2001, <strong>et</strong> la contamination par usage de drogues :14,6 des<br />

cas en 2000 <strong>et</strong> 15% des cas en 2001.<br />

602 toxicomanes ont été étudiés par le docteur Gwenaelle Vital-Trecan responsable du<br />

département de santé publique de l’hôpital Cochin-Port Royal (cf. « Impact Médecin » n°1036 du 2 avril 1997).<br />

Femmes Hommes<br />

59 % n’utilisent pas de préservatifs. 47 % n’utilisent pas de préservatifs.<br />

14 % ont recours à la prostitution. 7 % ont recours à la prostitution.<br />

Une autre étude de 1997, portant sur 612 toxicomanes intraveineux, indique que 30 % des patients<br />

séropositifs pratiquent l’échange des seringues en 1997 <strong>et</strong> que 19 % n’utilisent pas de préservatifs<br />

(D’après une communication de Jeanne Simon sociologue à Cochin).<br />

Quels risques de contamination lorsqu’on se pique avec une seringue souillée par le sang<br />

d’une personne infectée ?<br />

Nature du virus en cause : % de contamination<br />

Virus de l’immunodéficience humaine 0,3 %<br />

Virus de l’hépatite C 3 %<br />

Virus de l’hépatite B 30 %<br />

Si piqûre : faire saigner. N<strong>et</strong>toyer immédiatement la plaie à l’eau courante <strong>et</strong> au savon. Rincer.<br />

Désinfecter ( au moins 5 mn de contact si possible 10 mn avec de l’alcool à 70 ° ou un dérivé chloré -<br />

de l’eau de javel à 12 % diluée au 1/10 ou du Dakin - ou encore de la polyvidone iodée = Bétadine ®).<br />

Entreprendre, avec l’accord de l’intéressé, un traitement antirétroviral dans l’heure suivante <strong>et</strong> au plus<br />

tard dans les 4 heures par bithérapie (AZT = Rétrovir 250 mg matin <strong>et</strong> soir <strong>et</strong> 3TC = Epivir 150 mg<br />

matin <strong>et</strong> soir) ou trithérapie (AZT-3TC aux doses précédentes + une antiprotéase par exemple<br />

Indinavir 800mg toutes les 8 heures). Ce traitement sera poursuivi 48 heures <strong>et</strong> réévalué ensuite avec<br />

un spécialiste qui pourra l’arrêter ou le prolonger 4 à 6 semaines.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 106


D'autres maladies comme les hépatites<br />

virales B, C, D <strong>et</strong> G sont également transmises<br />

lors des prêts de seringues.<br />

• En France, il y aurait environ 100 à 150 000<br />

personnes porteuses du virus de l‘hépatite B (=VHB).<br />

Le virus de l’hépatite B est un virus à ADN qui se<br />

transm<strong>et</strong> principalement par voie sexuelle ou par voie<br />

"parentérale" (transfusions, piqûres, tatouages...). Les<br />

précautions à prendre pour éviter la transmission sont<br />

donc une utilisation systématique de préservatifs<br />

pendant les rapports sexuels <strong>et</strong> d’éviter l’échange de<br />

seringues usagées… <strong>et</strong> la vaccination : GENHEVAC<br />

B, ENGERIX ou TWINRIX. La transmission de la<br />

mère à l’enfant existe également mais un traitement<br />

précoce par immunoglobulines suivi d’une<br />

vaccination perm<strong>et</strong>tent d’éviter la maladie. En 1997,<br />

57 % des usagers de drogues par voie intraveineuse sont contaminés par l’hépatite B.<br />

• L’hépatite C toucherait 780 000 personnes en France (soit 1,26 % de la population) en 2004<br />

(Etude de l’Institut Proscop). 5 000 nouveaux cas par an de contamination par le virus à ARN de<br />

l’hépatite C (=VHC). Les facteurs de risque connus sont l’usage de drogue, la transfusion avant<br />

1992, le piercing <strong>et</strong> le tatouage…. Le partage du matériel nécessaire à la préparation ou à<br />

l’injection de drogues (cuillère, eau, coton, seringue <strong>et</strong> paille pour la prise de drogue par voie<br />

nasale) est actuellement le principal risque persistant malgré les différentes mesures de la politique<br />

de réduction des risques (voir supra). Plus rarement la contamination peut se faire par contact<br />

sexuel ou être périnatale chez le nouveau-né. En 2004, 27,86 % de la population des usagers de<br />

drogues intraveineuses sont contaminés par le virus de l’hépatite C (Etude de l’Institut Proscop). Il<br />

n’existe pas encore de vaccin.<br />

• Le virus D (=VHD) ne peut à lui seul provoquer d'hépatite. C’est un virus défectif à ARN<br />

dépourvu d’enveloppe qui ne se développe que chez des patients également infectés par le du virus<br />

de l'hépatite B. C<strong>et</strong>te double infection VHB-VHD résulte d'une co-infection ou d'une surinfection<br />

d'un patient préalablement infecté par le VHB... Les modes de contamination par le VHD sont en<br />

eff<strong>et</strong> identiques à ceux virus de l'hépatite B. La proportion de porteurs du virus infectés par le VHD<br />

est estimée à 5%. La vaccination contre le virus B protège du virus D.<br />

• Le virus G (=VHG) est un virus à ARN responsable d’hépatite qui a été découvert en 1996. Il<br />

affecterait 1% à 5 % de la population. Il serait principalement<br />

transféré par voie sanguine <strong>et</strong> les principales victimes de c<strong>et</strong>te<br />

hépatite sont des patients transfusés <strong>et</strong> les utilisateurs de<br />

drogues injectables. Il peut aussi être transmis par une mère à<br />

son nouveau-né lors de l’accouchement (transmission<br />

verticale) ou lors activités sexuelles. Encore peu connu, ce<br />

virus serait souvent associé à celui aux hépatites B <strong>et</strong> C <strong>et</strong> au<br />

VIH. Son pouvoir pathogène paraît faible.<br />

Il faut continuer à lutter contre la persistance des<br />

comportements à risques susceptibles de favoriser la<br />

propagation du SIDA <strong>et</strong> des hépatites B, C, D <strong>et</strong> G.<br />

Virus du SIDA (image Hach<strong>et</strong>te).<br />

Dessin extrait de http://www.infosida.ch/brochures/rouge.htm<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 107


Utilisation médicale des opiacés :<br />

1. Les antalgiques opiacés centraux :<br />

La codéine par voie orale (associée à du paracétamol) est utilisée en cas de douleurs moyennes<br />

chez les cancéreux.<br />

La morphine est prescrite en cas de douleurs fortes chez les cancéreux, l’objectif étant, comme<br />

pour la codéine, d’améliorer la qualité de vie des malades (diminution des douleurs, restauration<br />

du sommeil <strong>et</strong> de l’appétit). Elle n’est pas réservée au malade en fin de vie, son utilisation ne doit<br />

être dictée qu’en raison de l’intensité du phénomène douloureux. On l’emploie (cf. le cahier n° 2 du<br />

« Quotidien du Médecin » du 13/11/1997) :<br />

par voie orale sous forme de sulfate de<br />

morphine à libération prolongée (associé à du<br />

paracétamol <strong>et</strong>/ou à des corticoïdes comme la<br />

prednisolone).<br />

par voie injectable sous forme de<br />

chlorhydrate en sous cutanée ou en<br />

intraveineuse en continu ou par PCA * (= en<br />

« bolus »).<br />

Les voies orale <strong>et</strong> injectable peuvent être associées.<br />

La PCA est une technique de contrôle de la<br />

douleur par le patient lui-même (Patient<br />

Controlled Analgesia = PCA), l’auto injection de<br />

morphine étant sous-cutanée ou intraveineuse. Le<br />

patient s’administre des « bolus » de morphine à<br />

l’aide d’un bouton poussoir.<br />

L’apparition d’une assuétude (dépendance psychologique) ou d’une dépendance physique est<br />

rarissime chez les malades hospitalisés (4 cas d’assuétude dans une étude de Porter <strong>et</strong> Jick portant sur<br />

11 000 malades).<br />

L’emploie de substances opioïdes dans le traitement de douleurs post-opératoire <strong>et</strong> des douleurs<br />

chroniques non cancéreuses (en particulier dans les douleurs rhumatologiques : arthroses sévères<br />

rebelles <strong>et</strong> lombalgies résistantes) <strong>et</strong> chez les brûlés est un suj<strong>et</strong> très discuté <strong>et</strong> qui ne fait pas encore<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un consensus en 1997. Toutefois la tendance est à leur utilisation quand les autres antalgiques<br />

ont échoué.<br />

Les modalités de prescription constituent en France, en 1997, une bonne sécurité : carn<strong>et</strong> à souches<br />

+ durée maximale de prescription de 7 jours pour les produits intraveineux, de 14 jours pour la voie<br />

orale <strong>et</strong> de 28 jours pour les morphiniques à libération prolongée.<br />

2 formes orales d'action prolongée sont proposées : Moscontin ® <strong>et</strong> Skenan ®.<br />

A partir de la molécule de morphine,<br />

des dérivés synthétiques ont été élaborés<br />

pour conserver, voire augmenter, les eff<strong>et</strong>s<br />

analgésiques centraux en diminuant le risque<br />

de dépendance. C'est le cas de :<br />

* La péthidine (Dolosal), 1 er analgésique<br />

morphinique entièrement de synthèse. Le<br />

Dolosal est de faible puissance (10 fois moindre<br />

que la morphine) son action est rapide entre 5 à<br />

10 mn <strong>et</strong> sa durée d’action est brève de 2 à 3<br />

heures. La péthidine, ou DOLOSAL, a fait<br />

l'obj<strong>et</strong> d'un r<strong>et</strong>rait du marché à épuisement des stocks de façon unilatérale par le Laboratoire, fin 2001.<br />

C'est un produit regr<strong>et</strong>té par les médecins en raison de son caractère non spasmomimétique. En eff<strong>et</strong> la<br />

morphine induit des contractions musculaires lisses <strong>et</strong> aggrave les douleurs (colique néphrétique ou<br />

obstacle biliaire par exemples). C'est la raison pour laquelle elle doit être utilisée en association avec un<br />

spasmolytique (par ex. le SPASFON) dans ces indications. Le DOLOSAL n'avait pas c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, <strong>et</strong> pouvait<br />

être utilisé seul.<br />

* Le dextromoramide (Palfium). Mise sur le marché en 1957 <strong>et</strong> arrêt de commercialisation en avril 1999.<br />

* Et de la pentazocine (Fortal). Fait partie des 84 médicaments dé remboursés totalement sous le<br />

ministère Jean-François Mattéi en 2003.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 108


Deux autres substances, appelées antalgiques opinoïdes mixtes, agissent comme<br />

agonistes partiels / antagonistes sur les récepteurs.<br />

Il s'agit :<br />

• de la buprénorphine (Temgésic ®). Comprimés<br />

sublinguaux (= comprimés à laisser fondre sous la langue)<br />

dosés à 0,2 mg de chlorhydrate de buprénorphine en boîte<br />

de 20. Prescrits à raison de 1 ou 2 comprimés par prise, 3<br />

fois par jour en général, en cas de douleurs postopératoires<br />

<strong>et</strong> de douleurs néoplasiques. Le Temgésic ®<br />

était aussi utilisé en toute illégalité comme produit de<br />

substitution par les toxicomanes <strong>et</strong> même par des<br />

médecins avant l’introduction de la buprénorphine à haut<br />

dosage ou Subutex ®.<br />

La buprénorphine (Temgésic) est maintenant disponible hors de nos frontières en patch<br />

transdermique, sous le nom de Transtec. Il se change tous les 3 jours, <strong>et</strong> existe en 3 dosages. Le<br />

premier est équivalent à 4 cp de Temgésic par jour, soit environ 60 mg de morphine (ou un patch<br />

de 25 µg de Durogésic). Il existe un dosage intermédiaire (+50%), <strong>et</strong> un dosage maximal (+100%).<br />

Nul doute que ce patch sera prochainement proposé en France.<br />

• <strong>et</strong> de la nalbuphine (Nubain ®).<br />

L'eff<strong>et</strong> analgésique est beaucoup moins important qu'avec les substances précédentes, mais les eff<strong>et</strong>s<br />

secondaires de dépendance <strong>et</strong> de dépression respiratoire sont pratiquement nuls.<br />

En utilisant des molécules encore plus spécifiques des OP3, on obtient une action anesthésique,<br />

comme c'est le cas pour le fentanil (Fentanyl ®), l'alfentanil<br />

(Rapifen ®) <strong>et</strong> le sulfentanil (Sulfenta ®).<br />

2. Les antalgiques opiacés périphériques :<br />

La codéine, la dihydrocodéine (= Dicodin<br />

®) <strong>et</strong> le dextro-propoxyphène.<br />

Ces substances sont peu lipophiles <strong>et</strong> de ce fait agissent<br />

surtout au niveau de la moelle épinière.<br />

La codéine est associée au paracétamol dans un grand<br />

nombre de spécialités comme par exemple Algisédal ®,<br />

Codoliprane ®, Dafalgan Codéine ®, Efferalgan Codéine<br />

®, Klipal®, Lindilane ®... avec une potentialisation des<br />

deux actions analgésiques.<br />

De même, le dextropropoxyphène (Antalvic ®) est associé<br />

au paracétamol dans le Di-antalvic ® <strong>et</strong> le Propofan ®.<br />

L'association d'opium <strong>et</strong> de paracétamol (Lamaline ®) doit<br />

aussi figurer dans ce cadre des antalgiques morphiniques<br />

mineurs (l'opium ne représente qu'une faible dose en<br />

équivalent morphinique).<br />

Par ailleurs, la codéine <strong>et</strong> ses dérivés codéthyline,<br />

pholcodine, noscapine <strong>et</strong> dextrométhorphane, sont des<br />

antitussifs largement utilisés en cas de toux sèche.<br />

Codéine sous différentes<br />

formes.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 109


3. Les antagonistes des récepteurs aux opiacés.<br />

Dans la désintoxication aux opiacés : héroïne, morphine, codéinés (mais pas<br />

celle à la cocaïne), on emploie 2 traitements de substitution :<br />

En moins de dix ans, le nombre de patients recevant un de ces substituts est passé de quelques dizaines à près de<br />

100.000(2004). Près de 80% sont sous Subutex prescrit par les médecins généralistes <strong>et</strong> 20% sous méthadone<br />

dispensée uniquement dans les centres de soins spécialisés en toxicomanie (CSST) <strong>et</strong> depuis 2002 dans les hôpitaux.<br />

• La buprénorphine 22 (= Subutex ®) qui est une forme de<br />

Temgésic à haut dosage. Elle est prise par voie orale en<br />

sublingual ... ne pas avaler mais laisser fondre dans la<br />

bouche. Comprimés dosés à 0,4 mg, 2 mg <strong>et</strong> 8 mg à raison de<br />

8 à 10 mg par jour sans dépasser 16 mg en 1 (le matin), 2<br />

(matin <strong>et</strong> soir) ou 3 prises (matin, midi <strong>et</strong> soir). Prise<br />

fragmentée en phase d’induction puis ensuite prise unique de<br />

préférence.<br />

• Elle est autorisée en France depuis février 1996, elle est<br />

prescrite en ville par des généralistes (pour une durée<br />

maximale de 28 jours). Le médecin inscrit le nom du<br />

pharmacien <strong>et</strong> ses coordonnées sur le bon de prescription.<br />

• Le produit serait sans danger pour les femmes enceintes<br />

mais c’est encore à l’étude.<br />

• Protection du manque <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> antalgique mais ne<br />

reproduit pas les autres eff<strong>et</strong>s des opiacés (pas de sensation<br />

de flash ni d’eff<strong>et</strong> euphorisant).<br />

Constipation au début ou en cas de surdosage.<br />

• Sa forte affinité pour les récepteurs aux opiacés annule<br />

l’eff<strong>et</strong> de la prise de ces derniers elle présente l’avantage<br />

de ne pas pouvoir entraîner d’overdose.<br />

• Pas d’eff<strong>et</strong> anxiolytique <strong>et</strong> sédatif. La somnolence<br />

s’observe en début de traitement ou en cas de surdosage.<br />

• Près de 80 000 patients traités par c<strong>et</strong>te substance, en<br />

France, en 2004.<br />

• Chez 10 % des suj<strong>et</strong>s on constate un accroissement de la<br />

prise d’alcool <strong>et</strong> de benzodiazépines. Ces associations avec la<br />

buprénorphine sont dangereuses.<br />

• Le traitement ne peut démarrer que si la personne ne s’est<br />

pas injecté d’opiacés depuis au moins 12 h.<br />

• Si la personne s’injecte la substance au lieu de la boire,<br />

outre les problèmes septiques, on observe des troubles<br />

vasculaires <strong>et</strong> des granulomatoses pulmonaires.<br />

• La méthadone 23 (chlorhydrate de<br />

morphine) est le plus souvent un liquide<br />

utilisé en prise orale qui se présente comme<br />

un sirop très sucré.<br />

30 à 40 mg/jour jusqu'à 64-80 mg/jour.<br />

Apparition de l'eff<strong>et</strong> après 30 minutes. Agit 4<br />

- 6 heures après une première dose unique.<br />

Agit 24 heures après administration répétée.<br />

• Elle est délivrée dans des centres<br />

spécialisés au moins au début <strong>et</strong> exige une<br />

prise (30 à 80 mg) <strong>et</strong> donc une visite<br />

quotidienne. La prescription ne peut excéder<br />

7 j. Cf. circulaire du 31 mars 1995.<br />

• Peut être utilisée par les femmes enceintes.<br />

• Reproduit partiellement les eff<strong>et</strong>s des<br />

opiacés. Constipation fréquente.<br />

• Avec ce produit, il existe un risque<br />

d’overdose s’il y a stockage en vue d’une<br />

prise unique (d’où la nécessité de contrôles<br />

urinaires réguliers pour vérifier que la prise<br />

est effectivement réalisée) ou si de l’héroïne<br />

lui est associée.<br />

• Eff<strong>et</strong> anxiolytique <strong>et</strong> sédatif. Peut induire<br />

une somnolence mais aussi une baisse de la<br />

libido dans 10 à 25 % des cas.<br />

• Elle est prescrite à 20 000 patients, en<br />

France en 2004.<br />

• Son eff<strong>et</strong> est diminué par l’alcool <strong>et</strong> il ne<br />

faut pas l’associer aux benzodiazépines<br />

(risque d’états confusionnels).<br />

• Constipation <strong>et</strong> hypersudation sont<br />

fréquentes en début de traitement. R<strong>et</strong>ard des<br />

menstruations. Œdème des chevilles.<br />

• La méthadone n’évite pas au nouveau-né<br />

de mère toxicomane le syndrome de manque.<br />

22 Existe en comprimés, en ampoules intramusculaire <strong>et</strong> intraveineuse <strong>et</strong> en système transdermique.<br />

23 MEPECTON (sirop), MEPHENON ampoules injectables/comprimés, METHADDICT comprimés.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 110


Le médecin débute généralement le<br />

traitement par Subutex ® qui constitue<br />

le traitement de première intention<br />

« comme on essaie un 1 er antibiotique<br />

devant une infection grave ». En cas<br />

d’échec, après quelques semaines de<br />

traitement, la méthadone pourra être<br />

tentée.<br />

« Un traitement par Subutex ® ou par<br />

Méthadone est un traitement médical,<br />

prescrit par un médecin, délivré par un<br />

pharmacien <strong>et</strong> remboursé par la sécurité<br />

sociale. Son intérêt est reconnu. Ce n’est<br />

pas de la drogue ».<br />

Phrases entre guillem<strong>et</strong>s : « Le Quotidien du<br />

Médecin » n° 6169 du 20 novembre 1997.<br />

En 2004 subsiste un problème majeur,<br />

le détournement des produits. Le<br />

Flacons de méthadone.<br />

Photographie Voisin/Phanie.<br />

Subutex, prescrit par certains médecins de ville, est réduit en poudre pour être consommé avec<br />

d’autres médicaments ou être revendu au marché noir. Ceci ne doit pas rem<strong>et</strong>tre en cause la<br />

politique de substitution qui s’avère une réussite…<br />

… En 2004 on estime que grâce aux traitements de substitution, le nombre de décès par<br />

overdose a été divisé par cinq. Les patients « injecteurs » sont six fois moins nombreux qu’en<br />

1995. Près de 3.500 vies ont été sauvées. Plus de 50% des patients ont une meilleure situation<br />

sociale. Trois patients sur quatre estiment « s’en être sortis » <strong>et</strong> plus de deux sur trois<br />

déclarent une meilleure qualité de vie. Près de 3.500 vies ont été sauvées. Côté grossesse, on<br />

constate trois fois moins de prématurité.<br />

Dans les dépressions respiratoires provoquées par les morphiniques, dépressions qui vont<br />

de l’hypoventilation à l’apnée, on utilise la naloxone (= Narcan ®).<br />

En cas d’overdose, on injecte progressivement 1 ampoule de 0,4mg, l’injection pouvant<br />

être renouvelée. L’action est rapide (30 secondes à 2 minutes) <strong>et</strong> spectaculaire sur le niveau<br />

de conscience <strong>et</strong> la ventilation. Une surveillance hospitalière est ensuite nécessaire car il<br />

peut exister un rebond des eff<strong>et</strong>s de l’héroïne à l’arrêt de l’eff<strong>et</strong> thérapeutique de la<br />

naloxone.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 111


Addenda :<br />

Les sirops contre la toux :<br />

(modifié fin 1998)<br />

Nos grands-mères m<strong>et</strong>taient, dans certaines régions, une larme de calvados (ou de son<br />

équivalent) dans le biberon afin de faciliter l’endormissement des tout-p<strong>et</strong>its ...<br />

Aujourd’hui, les sirops contre la toux, détournés de leur utilisation médicale, prennent le<br />

relais... dépassements des doses <strong>et</strong> prolongements inconsidérés des traitements<br />

antitussifs sont monnaie courante...<br />

La codéine <strong>et</strong> la codéthyline sont des alcaloïdes de l’opium... La pholcodine est un<br />

dérivé de la morphine ...<br />

Certains sirops contiennent de l’alcool comme les « Néo-codion » enfant <strong>et</strong><br />

adulte, Codotussyl toux sèche adulte, Codotussyl élixir adulte (qui renferme<br />

aussi de la belladone <strong>et</strong> de l’aconit), Pulmofluide (réservé à l’adulte), les<br />

Tussipax (enfant <strong>et</strong> adulte), Bronchy (sirop enfant), le Camphodionyl (enfant<br />

<strong>et</strong> adulte), les Dinacodes (enfant <strong>et</strong> adulte), l’Eucalyptine Lebrun (enfant <strong>et</strong><br />

adulte) …<br />

Noms des spécialités<br />

Bronchy ® (sirop enfant)<br />

Camphodionyl (enfant <strong>et</strong> adulte)<br />

Codotussyl ® (pas pour enfant de moins de 15 ans)<br />

Diméthane ® (enfant à partir de 5 ans ⇒ adulte)<br />

Dinacode codéïne (enfant <strong>et</strong> adulte)<br />

Eucalyptine Lebrun (enfant <strong>et</strong> adulte)<br />

Néo-codion ® enfant<br />

Trophirès ® (forme adulte <strong>et</strong> forme enfant)<br />

Tussipax ® (sol. buvable 30 mois ⇒ adulte,<br />

sirop 12 ans ⇒ adulte)<br />

Codéine Éthylmorphine Phol<br />

=codéthyline codine<br />

+ - -<br />

+ - -<br />

+ - -<br />

- - +<br />

+ - -<br />

+ - -<br />

+ - -<br />

- - +<br />

+ + -<br />

Ces sirops ne doivent être utilisés que pour des toux sèches d’irritation, c’est à dire des toux<br />

qui ne ramènent pas de sécrétions. Les toux grasses sont utiles car elles éliminent les sécrétions<br />

bronchiques infectées... il ne faut pas chercher à les supprimer.<br />

L’alimémazine (Théralène ®) <strong>et</strong> la prométhazine (Phénergan ®) ne doivent servir à traiter que<br />

des toux d’origine allergique. Ils ont l’inconvénient d’être sédatifs <strong>et</strong>, de plus, rendent les<br />

sécrétions bronchiques plus épaisses.<br />

Ne pas laisser tous ces sirops à portée des enfants...<br />

leur goût sucré est fort attractif...<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 112


Le sniffage ou sniffing ou spiromanie :<br />

Définition <strong>et</strong> historique :<br />

Sniffer, c'est l'action consciente<br />

d'inhaler profondément par le nez <strong>et</strong> / ou<br />

par la bouche des substances volatiles<br />

dans le but d'atteindre un état d'ébriété<br />

euphorique.<br />

L'inhalation de solvants industriels<br />

ou pharmaceutiques est une pratique qui<br />

s'est beaucoup développée dans le courant<br />

des années 1970. Elle concerne de l’ordre<br />

de 3 % des jeunes.<br />

Les produits employés<br />

actuellement contiennent le plus souvent<br />

du toluène. Ce sont des colles, des laques,<br />

des vernis, des diluants <strong>et</strong> solvants pour<br />

peintures, des solvants pour adhésifs, des<br />

dissolvants pour vernis à ongles, des<br />

dégraissants <strong>et</strong> des détachants, l’éther, des<br />

produits à base de pétrole (l’essence, le<br />

kérosène, l’essence de briqu<strong>et</strong>), des gaz<br />

propulseurs d'aérosols (sprays contenant<br />

du diflurodichlorométane ou de<br />

l’hydrocarbone isobutane)... pour la<br />

plupart couramment utilisés dans la vie<br />

domestique.<br />

L’adolescent étale le produit dans un sac plastique<br />

pour en inhaler le contenu.<br />

Il est rare qu’il y ait mélange de plusieurs toxiques.<br />

(Photo. « Le Généraliste n° 1258-1259, 7 mai 1991).<br />

Le protoxyde d’azote N2O ou gaz hilarant issu d’une bombonne est conditionné dans des<br />

ballons vendus dans les soirées-rave. Il est aussi couramment utilisé comme gaz propulseur d'air pour<br />

n<strong>et</strong>toyer les p<strong>et</strong>ites pièces mécaniques (en photo, horlogerie, <strong>et</strong>c.)<br />

Le sniffage, signe de souffrance <strong>et</strong> de blocage, jeu avec la toxicité <strong>et</strong> la mort, est l’expression<br />

de dysfonctionnements sévères des relations entre le suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> son environnement familial <strong>et</strong> social. Il<br />

s’agit bien d’une conduite revendiquée de défi <strong>et</strong> de risque.<br />

Qui est touché ?<br />

Il s’agit principalement de garçons.<br />

Surtout des préadolescents <strong>et</strong> adolescents, le pic se situant entre 12 <strong>et</strong> 16 ans.<br />

Dans des familles se caractérisant par leur grande instabilité <strong>et</strong> la violence des rapports entre leurs<br />

membres.<br />

La spiromanie concerne des groupes défavorisés ou aux origines socio-économiques modestes.<br />

« On trouve fréquemment, chez l’un des parents, une consommation régulière de drogues licites<br />

(alcool, tabac, médicaments) ». (« Le Généraliste 5/05/1991).<br />

On observe de p<strong>et</strong>ites épidémies de quelques semaines dans un établissement scolaire ou un<br />

quartier en difficulté. Le sniffage est une conduite transitoire.<br />

Le « sniffing ». est sensible aux eff<strong>et</strong>s de mode.<br />

Ce comportement peut s'expliquer, en partie, par la facilité <strong>et</strong> le coût peu élevé de<br />

l'approvisionnement.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 113


Comment se déroule l’inhalation ?<br />

Au dessus d’un flacon<br />

contenant les solvants.<br />

Sur un tampon.<br />

Dans un sac en plastique.<br />

Parfois même dans les mains.<br />

Comment réagir ?<br />

... la spiromanie est un signe<br />

de détresse ...<br />

L’enfant s’est souvent<br />

volontairement laissé<br />

surprendre ...<br />

Face à un enfant<br />

pratiquant la SPIROMANIE<br />

n'ayez surtout pas de réaction<br />

violente... pour des raisons<br />

psychologiques mais aussi<br />

parce que les solvants chlorés<br />

peuvent, par eux-mêmes, enclencher des troubles du rythme cardiaque <strong>et</strong> votre comportement<br />

pourrait accentuer le phénomène.<br />

Il importe d'interroger l'enfant sur la raison de ce comportement si son état le perm<strong>et</strong>.<br />

Si vous constatez qu'il semble atteint de somnolence, d'hallucinations, qu'il présente une<br />

incoordination motrice voire des troubles de la conscience, il vous faudra, selon votre estimation<br />

de l'état de l'enfant, faire appel au SAMU 15 ou à un médecin.<br />

Si l'enfant peut communiquer <strong>et</strong> comprendre, il vous<br />

appartiendra de lui parler des dangers de ses pratiques (<strong>et</strong><br />

ceci même s’il les connaît en partie)... mais votre objectif<br />

doit rester de ne pas perdre contact avec lui.<br />

Avec son accord vous pourrez faire appel au médecin<br />

scolaire, au psychologue scolaire ou à l’assistante sociale.<br />

Si le phénomène s’est produit dans un établissement<br />

scolaire, le chef d’établissement, lors de la rencontre<br />

avec les parents :<br />

• Prendre soin de ne pas dramatiser.<br />

• Il est important qu’à aucun moment la famille se sente<br />

accusée.<br />

• L’affection des parents pour leur enfant quelles que soient<br />

les apparences ne doit pas être mise en doute.<br />

• Il ne faut pas s’ériger en juge mais réfléchir, avec eux, sur<br />

les difficultés rencontrées par leur enfant <strong>et</strong> les solutions possibles.<br />

Inhalation de colle.<br />

Photo extraite de glue-sniffing.com<br />

Image extraite d’un opuscule :<br />

« Le sniffing »<br />

édité par le comité d’information sur<br />

la spiromanie en milieu scolaire.<br />

Les adultes (parents, éducateurs, enseignants) éprouvent généralement des sentiments<br />

d’incompétence, d’impuissance, de culpabilité <strong>et</strong> de rej<strong>et</strong>.<br />

Le plus souvent, l’un des jeunes sert de bouc émissaire <strong>et</strong> est exclu de l’établissement,<br />

l’argument étant qu’il faut protéger la communauté ...<br />

On ne fait alors que déplacer le problème sans le résoudre.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 114


Les eff<strong>et</strong>s aigus :<br />

Ils sont variables selon les types de produits<br />

utilisés 24 :<br />

Euphorie, excitation psychomotrice, désinhibition,<br />

agressivité avec facilitation des passages à l’acte.<br />

Modification des perceptions (sans hallucinations<br />

visuelles en général sauf à forte dose).<br />

Incoordination motrice avec démarche titubante,<br />

difficultés d'élocution, flou ébrieux, sédation <strong>et</strong> sommeil.<br />

Les solvants chlorés peuvent produire des troubles du<br />

rythme cardiaque.<br />

Les eff<strong>et</strong>s du gaz hilarant ou protoxyde d’azote ou<br />

"Proto" surviennent en quelques secondes <strong>et</strong> ne durent<br />

que tant qu'il est inhalé : euphorie, distorsions visuelles<br />

<strong>et</strong> auditives donnant aux sons une enveloppe métallique,<br />

fous rires pas toujours présents <strong>et</strong>… anesthésie. Le gaz<br />

est très froid, assez froid pour entraîner des gelures du<br />

nez, des lèvres <strong>et</strong> même des cordes vocales s’il sort<br />

directement du conteneur métallique. Le risque disparaît<br />

s’il a été introduit d’abord dans un ballon. Le gaz peut<br />

entraîner une chute… ne pas l’absorber debout. Il peut<br />

induire des nausées <strong>et</strong> des vomissements, de l’arythmie<br />

<strong>et</strong> parfois de l’angoisse.<br />

Eff<strong>et</strong> du sniffing de colle<br />

sur un enfant d’Amérique<br />

centrale (Honduras).<br />

Document extrait de gbgmumc.org/photos/latinamerica/94351m.stm.<br />

La plupart des produits inhalés cessent d'agir après quelques minutes, quelques heures ou<br />

plus selon la quantité inhalée. Ensuite :<br />

"Gueule de bois" (maux de tête, nausées <strong>et</strong> bourdonnements d’oreilles).<br />

Irritation des muqueuses <strong>et</strong> de la peau.<br />

La mort est possible par arrêt respiratoire, arythmie cardiaque ou asphyxie par obstruction<br />

des voies aériennes (étouffement… voir suite).<br />

24 * Le terme de benzénisme concerne l'intoxication par le benzène (C6H6) seul. En inhalation, le benzène<br />

provoque un état d'ivresse, des vomissements, une somnolence pouvant aller jusqu'au coma, Des<br />

convulsions en cas de forte exposition. Dans la durée, sur le sang, il provoque anémie (diminution des<br />

globules rouges <strong>et</strong> de l’hémoglobine), leucopénie (= diminution des globules blancs ou leucocytes) portant<br />

sur les polynucléaires neutrophiles <strong>et</strong> thrombopénie (= diminution des plaqu<strong>et</strong>tes). Ces anomalies<br />

régressent à l'arrêt de l'exposition.<br />

* Le terme de benzolisme s'applique à l'intoxication provoquée par le benzène mélangé à ses homologues<br />

supérieurs : le toluène (= méthyl benzène) <strong>et</strong> les xylènes (diméthyl benzène). Ce sont des irritants de la<br />

peau <strong>et</strong> des muqueuses (oculaires <strong>et</strong> respiratoires). Ils provoquent une ébriété <strong>et</strong> des troubles de la<br />

conscience. Ils n’entraînent pas de modifications au niveau du sang. Des atteintes hépatiques <strong>et</strong> rénales ont<br />

été décrites chez les toxicomanes inhalant du toluène <strong>et</strong> des xylènes.<br />

* Le trichloréthylène est un solvant chloré qui entraîne une ébriété <strong>et</strong> des troubles de conscience, une<br />

difficulté à fixer son attention, S’ajoute des atteintes du goût <strong>et</strong> de l'odorat. De plus : risque de troubles du<br />

rythme cardiaque. Atteintes hépatiques comme avec les autres dérivés chlorés.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 115


Ether, trichloréthylène,<br />

détachants, chlore.<br />

Les dangers de la spiromanie :<br />

En l’état actuel des recherches, on considère qu’il<br />

existe peu de phénomène de tolérance (<strong>et</strong> donc peu de<br />

nécessité d’accroître les doses) <strong>et</strong> généralement pas de<br />

dépendance physique (on n’observe pas de phénomène de<br />

sevrage sauf pour le trichloréthylène).<br />

Il y a risque à utiliser un sac en plastique :<br />

* c<strong>et</strong>te forme de spiromanie est la plus dangereuse car c'est la méthode qui perm<strong>et</strong> d'absorber le plus<br />

de produit.<br />

* une syncope peut être suivie d'un étouffement.<br />

Si la prise est répétée, on note des troubles de l'attention <strong>et</strong> de la mémoire + des dégradations des<br />

performances des autres fonctions intellectuelles + des céphalées.<br />

Irritation des yeux <strong>et</strong> de la sphère O.R.L.<br />

Difficultés à respirer. Les poumons peuvent être lésés (oedème aigu du poumon lié à la causticité<br />

du produit).<br />

Nausées, désordres digestifs avec perte de poids <strong>et</strong>, si prises réitérées, atteintes du foie (nécrose<br />

centro-lobulaire).<br />

Destructions des reins (tubulopathies aiguës en général réversibles) heureusement rares mais<br />

parfois importantes (nécessitant jusqu'à une mise sous dialyse).<br />

Le sang lui-même peut être affecté en cas de prises répétées sur de longues périodes (aplasie liée à<br />

la présence de benzène par exemple).<br />

Problèmes d’équilibre irréversibles (ataxie cérébelleuse).<br />

L’essence outre le fait qu’elle est cause insomnies, de tremblements <strong>et</strong> d’anorexie peut<br />

conduire au saturnisme quand elle contient du plomb.<br />

Les suj<strong>et</strong>s les plus exposés aux eff<strong>et</strong>s toxiques du gaz hilarant sont ceux qui, du fait d’un<br />

régime végétarien, présentent déjà un déficit en vitamines B12. En eff<strong>et</strong> l’usage répété du N2O<br />

interfère avec le métabolisme de c<strong>et</strong>te vitamine B-12. Il peut s’ensuivre une perte d'appétit, de la<br />

fatigue, de anémie <strong>et</strong> des troubles de la mémoire ainsi que des douleurs musculaires. Un cas de<br />

paralysie consécutive a été décrit.<br />

Selon une enquête réalisée en 1986 par l’INSERM auprès de 4846 toxicomanes vus dans des<br />

centres spécialisés, 4 % avaient débuté leur toxicomanie par l’usage de solvants.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 116


« LES POPPERS » : DES NITRITES VOLATILS<br />

Le nitrite d’amyle, apparu dans les années 50, é tait destiné à l’origine à soigner<br />

l’angine de poitrine. Initialement le produit se présentait sous forme de p<strong>et</strong>ites<br />

ampoules de verre d’où le terme “poppers” ou "snappers" qui évoque le bruit<br />

'Pop" lors du débouchage. Ce produit a aussi été utilisé au Viêt-Nam afin de<br />

doper les troupes avant l’assaut. Transformé, par un étudiant en Médecine, en<br />

nitrite de butyle, il était surtout employé, dans les années 1970, dans les groupes<br />

homosexuels aux U.S.A., comme aphrodisiaque.<br />

Aujourd’hui les nitrites d’amyle, de butyle <strong>et</strong> d’isobutyle, de propyle <strong>et</strong><br />

d’isopropyle, de pentyle, de cyclohexyde 25 … sont vendus sous forme de flacon<br />

de 10 à 15 ml <strong>et</strong> sont utilisés (en inhalation ou en vaporisation). Leur usage se<br />

développe aussi chez les hétérosexuels.<br />

Les « poppers » (à l’exception du nitrite d’amyle) s’achètent en France, dans les<br />

sex-shops ou sur Intern<strong>et</strong>. Ils sont souvent vendus sous les dénominations de<br />

" Rush ", " Jolt ", " Locker Room ", " Jack Hammer " ou " TNT ". Ils sont<br />

également proposés dans les soirées ou sont vaporisés comme désodorisants…<br />

dans les discothèques.<br />

« Une brève inhalation du produit entraîne un état d'éblouissement <strong>et</strong>/ou<br />

d'étourdissement (avec euphorie) qui lève toutes les inhibitions de l'usager.<br />

La sensation de chaleur (avec accélération cardiaque) qui envahit le corps<br />

est ressentie comme une forte sensation orgasmique. Selon les usagers<br />

questionnés le cerveau est en " pleine ébullition". Mais l’eff<strong>et</strong> principal est<br />

une relaxation musculaire presque totale ».<br />

http://psydoc-r.broca.inserm.fr/<strong>toxicomanies</strong>/toxicomanie/produits/synthedrogs/poppers/poppers.htm<br />

L’eff<strong>et</strong> sur la sexualité : le produit n’augmente pas les performances mais<br />

« r<strong>et</strong>arde » l’éjaculation <strong>et</strong> « prolonge » la durée de l’orgasme. En fait, il ne<br />

s’agit que d’un ralentissement de la perception temporelle. Les poppers ont<br />

aussi pour eff<strong>et</strong> de relâcher la musculature anale lors de la sodomisation.<br />

L’absorption est pulmonaire mais aussi cutanée, muqueuse <strong>et</strong> digestive. Par<br />

voie pulmonaire le produit agit en 30 à 60 secondes. La durée d’eff<strong>et</strong> ne dépasse<br />

pas 5 minutes. La dégradation s’effectue dans le foie. L’élimination est urinaire.<br />

Symptômes :<br />

* Principal symptôme : cyanose intense avec aspect gris ardoise des téguments<br />

non corrigé par la mise sous oxygène.<br />

* Hypotension liée à la vasodilatation des artérioles dans les 30 secondes qui<br />

suivent l’inhalation <strong>et</strong> vertiges pouvant aller à la perte de connaissance.<br />

Tachycardie compensatrice (pouls allant de 95 à 105) <strong>et</strong> dyspnée.<br />

* Teinte brun chocolat du sang non modifiée par la mise sous oxygène. C<strong>et</strong>te<br />

couleur est liée à la formation de méthémoglobine. La méthémoglobine est une<br />

hémoglobine dont le fer est à l’état ferrique Fe +++ par perte d’un électron. Il<br />

s’ensuit une hypoxie. Si plus de 70 % de méthémoglobine (poppers avalés ou<br />

injectés) : traitement par le bleu de méthylène en intraveineux (65 à 100 mg).<br />

* Vision floue ou double (chez 67% des sniffeurs) parfois colorée en jaune <strong>et</strong><br />

sensation de picotements oculaires avec un accroissement des sécrétions<br />

lacrymales.<br />

25 Le nitrite de cyclohexyde est présent dans les désodorisants.<br />

Ils se<br />

présentent sous<br />

la forme de<br />

flacons de 10 à<br />

15 ml renfermant<br />

un<br />

liquide limpide<br />

légè-rement<br />

teinté de jaune<br />

qui a la<br />

particularité<br />

d’être volatil <strong>et</strong><br />

que l'on sniffe<br />

directement à<br />

la bouteille.<br />

Ne jamais<br />

boire ou<br />

injecter.<br />

8 ou 9 euros le<br />

flacon en 2004.<br />

Les douanes<br />

françaises ont<br />

saisi 20 337<br />

doses en 1998 <strong>et</strong><br />

32 011 en 2002.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 117


Si utilisation régulière des poppers :<br />

* Dermatose faciale due à la vasodilatation cutanée<br />

(érythrose) <strong>et</strong> gonflement du visage.<br />

* Céphalées (= maux de tête). Nausées,<br />

vomissements.<br />

* Atteinte de la muqueuse nasale <strong>et</strong> apparition de<br />

croûtes jaunâtres autour du nez. Bronchites par<br />

irritation de la muqueuse.<br />

* Augmentation de la pression intraoculaire.<br />

* Anémie hémolytique <strong>et</strong>, si le système immunitaire<br />

est déjà affaibli, risque d’affaiblissement additionnel<br />

sous poppers. Ainsi, il semble que le sarcome de<br />

Kaposi soit plus fréquent chez les homosexuels<br />

séropositifs qui inhalent des poppers ((Cf. « Le<br />

Quotidien du Médecin » n° 6151 du 24/10/1997).<br />

Cela serait du à l’immunosuppression provoquée par<br />

les poppers.<br />

* Troubles de l’érection. L’eff<strong>et</strong> est transitoire <strong>et</strong><br />

cesse à l’arrêt des prises.<br />

ATTENTION : L'association de<br />

poppers <strong>et</strong> de Viagra ® peut avoir<br />

des conséquences mortelles. Il faut<br />

aussi éviter le Lévitra ® <strong>et</strong> le Cialis ®,<br />

produits de « type Viagra ® » mais<br />

plus récents.<br />

ATTENTION également à<br />

l’association avec l’ecstasy.<br />

L’expérimentation de produits licites <strong>et</strong><br />

illicites à 17-18 ans en 2003, en France :<br />

Filles Garçons Ensemble<br />

alcool 92,8 % 93,8 % 93,3 %<br />

tabac 79,3 % 75,9 % 77,6 %<br />

cannabis 49,7 % 56,2 % 53,0 %<br />

médicaments<br />

psychotropes<br />

produits à<br />

inhaler<br />

37,9 % 15,5 % 26,5 %<br />

4,1 % 5,2 % 4,7 %<br />

poppers 3,7 % 5,3 % 4,5 %<br />

champignons<br />

hallucinogènes<br />

2,6 % 5,9 % 4,3 %<br />

ecstasy 3,0 % 5,2 % 4,2 %<br />

amphétamines 1,5 % 3,0 % 2,3 %<br />

cocaïne 1,7 % 2,8 % 2,3 %<br />

LSD 0,9 % 1,9 % 1,4 %<br />

héroïne 0,8 % 1,3 % 1,1 %<br />

crack 0,7 % 1,0 % 0,9 %<br />

Kétamine 0,4 % 0,7 % 0,6 %<br />

Subutex® 0,6 % 0,9 % 0,8 %<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 118


Consommation de psychotropes :<br />

la France championne du monde…<br />

Psychotrope = substance naturelle ou<br />

synthétique susceptible de modifier<br />

l’activité mentale (au niveau de la<br />

vigilance, des perceptions, du cours<br />

de la pensée, de l’humeur...).<br />

Si le terme "psychotropes" est pris au sens<br />

large, on distingue :<br />

1 - Les stimulants ou psychostimulants<br />

ou psychoanaleptiques qui stimulent<br />

l’activité mentale :<br />

- Amphétamines = amines de réveil (voir<br />

précédemment).<br />

- Les psychostimulants « mineurs » : (caféine, vitamine C ...).<br />

- Les antidépresseurs.<br />

2 - Les sédatifs ou hypnotiques au sens large (de hypnos) qui induisent le<br />

sommeil ou psycholeptiques :<br />

- les hypnotiques au sens strict ou soporifiques ou somnifères.<br />

- les neuroleptiques = antipsychotiques = tranquillisants majeurs.<br />

- les tranquillisants dits « mineurs » ou anxiolytiques.<br />

3 - Les psychodysleptiques qui ne sont pas des médicaments <strong>et</strong> qui<br />

dévient l’activité mentale (hallucinogènes + stupéfiants, alcool +<br />

anesthésiques volatils).<br />

Une autre classification plus restrictive<br />

mais plus facile d’emploi peut être utilisée :<br />

1. Les antipsychotiques (neuroleptiques <strong>et</strong> assimilés) qui sont des anxiolytiques<br />

puissants ayant par ailleurs des eff<strong>et</strong>s anti-délirants <strong>et</strong> anti-hallucinatoires. Ils représentent<br />

le traitement de base de la schizophrénie. Ils ne seront pas traités ici.<br />

2. Les tranquillisants (anxiolytiques <strong>et</strong> hypnotiques) qui diminuent l’anxiété <strong>et</strong><br />

favorisent le sommeil mais présentent un risque d’abus.<br />

3. Les antidépresseurs qui corrigent l’humeur triste tout en étant soit anxiolytiques<br />

soit stimulants.<br />

4. Les régulateurs de l’humeur ou thymorégulateurs qui ont pour but de<br />

prévenir les rechutes périodiques dans la maladie maniaco-dépressive se caractérisant par une<br />

alternance de périodes d’excitations (accès maniaques) <strong>et</strong> de périodes dépressives (accès de<br />

mélancolie. Les 3 substances utilisées (sels de lithium, carbamazépine <strong>et</strong> valpromide) ne<br />

concernent pas notre suj<strong>et</strong>.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 119


Généralités :<br />

L’anxiété voire le trac, l’insomnie, la déprime, la panique, la phobie ... <strong>et</strong> surtout le<br />

stress ... tels sont les symptômes aujourd'hui exprimés par bon nombre des patients<br />

amenés à consulter leur généraliste.<br />

30% des patients qui consultent un généraliste présentent des troubles<br />

psychologiques. Ce sont ces mêmes généralistes qui sont à l'origine de 83% des<br />

prescriptions de psychotropes.<br />

A) Tranquillisants :<br />

Les tranquillisants dits « mineurs » ou<br />

anxiolytiques se distinguent des hypnotiques par<br />

le fait qu’ils ne provoquent pas à proprement<br />

parler le sommeil <strong>et</strong> des neuroleptiques par leur<br />

action antipsychotique réduite.<br />

En France, 7% de la population absorbe des<br />

tranquillisants dits mineurs ... soit 3 fois plus que<br />

les américains <strong>et</strong> 6 fois plus que les anglais. Dans<br />

c<strong>et</strong>te surconsommation, plus de la moitié des<br />

patients ont débuté leur traitement depuis 5 ans au<br />

moins <strong>et</strong> un tiers depuis 10 ans.<br />

On distingue :<br />

Les anxiolytiques du groupe des<br />

benzodiazépines utilisés soit pour calmer<br />

l’anxiété soit pour induire le sommeil. Médicaments<br />

purement symptomatiques, ils ont une durée d’action courte (de 3 heures à 36 heures selon les<br />

produits). Il faut augmenter les doses pour conserver leurs eff<strong>et</strong>s (phénomène de tolérance) <strong>et</strong> ils<br />

sont responsables de dépendances psychologique <strong>et</strong> physique.<br />

Leur action passe par le renforcement de l’efficacité du principal médiateur cérébral inhibiteur : le<br />

GABA.<br />

Ils sont métabolisés dans le foie <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>és dans les urines.<br />

Les benzodiazépines (comme les barbituriques <strong>et</strong> la réserpine) diminuent le stade IV du sommeil<br />

lent mauvaise récupération.<br />

L’Halcion ® <strong>et</strong> le Rohypnol ® peuvent provoquer une perte temporaire de la mémoire.<br />

Les imidazopyridines (zolpidem = Stilnox ®) <strong>et</strong> cyclopyrrolones (zopiclone = Imovane<br />

®) qui semblent entraîner moins de tolérance <strong>et</strong> avoir moins d’eff<strong>et</strong>s négatifs sur la mémoire.<br />

B) Antidépresseurs :<br />

Anxiété...<br />

Fin 1997, on estime à 20 % le pourcentage des français véritablement dépressifs à un moment ou<br />

l’autre de leur vie (15 % chez les hommes, 25 % chez les femmes)... des femmes actives <strong>et</strong> des<br />

personnes âgées pour la plupart.<br />

Au total : 71,5% des prescriptions d'antidépresseurs pour les femmes 28,5% pour les hommes<br />

(mais les hommes avouent avoir plus de difficultés que les femmes présenter de telles difficultés).<br />

A l’arrêt peut apparaître, comme avec les benzodiazépines, un phénomène de sevrage.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 120


Le syndrome de sevrage aux benzodiazépines :<br />

Les benzodiazépines doivent leur nom à une structure chimique commune : le<br />

noyau benzodiazépine qui associe une molécule de benzène ("benzo") <strong>et</strong> une<br />

molécule contenant deux atomes d’azote ("diaz"). Les noms des benzodiazépines<br />

comportent tous le même suffixe " …azépam".<br />

Les benzodiazépines sont des anxiolytiques qui ont un eff<strong>et</strong> sur les troubles du sommeil. Ils facilitent<br />

l’action d’un neurotransm<strong>et</strong>teur cérébral, le GABA (=acide gamma amino butyrique) qui, en<br />

perm<strong>et</strong>tant l’entrée de chlore dans les neurones (hyperpolarisation), diminue l’excitabilité du<br />

système nerveux central.<br />

La consommation chronique de benzodiazépines (quotidienne ou presque pendant plusieurs mois<br />

consécutifs) concerne 5 à 7 % des adultes particulièrement des femmes (2 fois plus que les hommes)<br />

<strong>et</strong> des personnes âgées de plus de 65 ans.<br />

Les benzodiazépines ont différents types d’actions :<br />

Tranquillisante (= anxiolytique)<br />

spécialités commercialisées :<br />

Lexomil ® = bromazépam / Librium ®<br />

= chlordiazépoxide / Lysanxia ® =<br />

prazépam, / Nobrium ® = médazépam /<br />

Nordaz ® = Praxadium ® =<br />

nordazépam / Novazam ® = diazépam /<br />

Séresta ® = oxazépam / Sériel ® =<br />

tofisopam / Témesta ® = lorazépam /<br />

Tranxène ® = Noctran 10 =<br />

chlorazépate dipotassique / Urbanyl ®<br />

= clobazam / Valium ® <strong>et</strong> Vivol ® =<br />

diazépam / Vératran ® = clotiazépam /<br />

Victan ® = lofrazépate d’éthyle /<br />

Xanax ® = alprazolam,<br />

Principaux eff<strong>et</strong>s néfastes des BZD :<br />

Anticonvulsivante<br />

Valium ® =<br />

diazépam /<br />

Témesta. ® =<br />

lorazépam <strong>et</strong><br />

Tranxène ®<br />

(delirium<br />

tremens) /<br />

Rivotril ® =<br />

chlonazépam<br />

(épilepsie).<br />

Myorelaxante<br />

Valium ®<br />

= diazépam<br />

<strong>et</strong><br />

Myolastan<br />

® =<br />

tétrazépam.<br />

Sédative ou hypnotique<br />

(eff<strong>et</strong> majoré par l’alcool),<br />

½ vie courte :<br />

Halcion ® = triazolam /<br />

Havlane ® = loprazolam.<br />

½ vie moyenne :<br />

Noctamide ® =<br />

lormétazépam <strong>et</strong><br />

Normison ® = témazépam.<br />

½ vie longue :<br />

Mogadon ® = nitrazépam /<br />

Rohypnol 26 ® = Noriel ® =<br />

flunitrazépam / Nuctalon<br />

® = estazolam.<br />

• Trouble de la mémoire des événements récents en particulier lors du pic plasmatique.<br />

• Hypotonie avec risque de chute particulièrement chez les personnes âgées.<br />

• Troubles de la vigilance.<br />

• Interaction avec l’alcool (<strong>et</strong> plus spécialement avec le Valium ®, le Léxomil ® <strong>et</strong> le Rohypnol ®).<br />

• L’abus induit des troubles du comportement de type excitabilité <strong>et</strong> agressivité.<br />

• Les benzodiazépines associées à l’alcool <strong>et</strong>/ou aux opiacés peuvent être à l’origine de conduites<br />

toxicomaniaques.<br />

En cas d’absorption massive dans un but autolytique, l’antidote spécifique, disponible<br />

en milieu hospitalier est le flumazénil ou Anexate ®.<br />

26 Le Rohypnol peut être avalé, mastiqué, dissout sous la langue ou dans une boisson, après écrasement il peut<br />

être reniflé. On peut aussi se l’injecter ou encore le fumer. Il n’a pas de goût ni d’odeur <strong>et</strong> est de couleur<br />

blanche : il peut donc être mélangé à tout breuvage à l’insu du consommateur… ou de la consommatrice… Il a<br />

une réputation de "drogue du viol" du fait de l’augmentation de la suggestibilité <strong>et</strong> des périodes d'amnésie totale<br />

qu'il provoque lorsqu’il est consommé avec de l'alcool. Absorbé avec de l'alcool ou de la marijuana, il en<br />

augmente <strong>et</strong> en prolonge les eff<strong>et</strong>s. Il est difficilement détectable lors des tests de dépistage. L’arrêté de 2001 a<br />

restreint ses conditions de mise sur le marché. Au marché noir, un comprimé coûte de 2 à 6 euros.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 121


Sevrage des BZD :<br />

Lors de l’arrêt brutal d’une consommation<br />

chronique d’une benzodiazépine, quelle que<br />

soit sa nature, peut exister un syndrome de<br />

sevrage : dépendance psychologique (=<br />

attachement subjectif du patient à son<br />

traitement) mais aussi physique. Ceci se<br />

produit dans la moitié des cas avec anxiété <strong>et</strong><br />

insomnie (mais aussi parfois nausées,<br />

douleurs musculaires <strong>et</strong> tremblements,<br />

vertiges).<br />

L’hyperesthésie = hypersensibilité sensorielle<br />

est fréquente (surtout à la lumière, au bruit <strong>et</strong><br />

aux odeurs).<br />

Les<br />

facteurs de<br />

risque :<br />

Les<br />

manifes-<br />

tations du<br />

sevrage :<br />

Comment<br />

éviter le<br />

syndrome<br />

du<br />

sevrage ?<br />

Traitement<br />

du<br />

syndrome<br />

de sevrage:<br />

Sevrage aux benzodiazépines :<br />

il nécessite l’accord <strong>et</strong> la motivation du patient.<br />

Durée du traitement<br />

poursuivie plus de 3<br />

mois<br />

Posologies<br />

élevées<br />

Surviennent dans la journée ou<br />

dans les 2 jours suivants l’arrêt<br />

du traitement ou la diminution<br />

de la posologie pour les<br />

produits à ½ vie brève (3 à 8<br />

jours pour ceux à ½ vie<br />

longue).<br />

½ vie du<br />

produit<br />

courte<br />

(inférieure à<br />

8 heures)<br />

Manifestations<br />

du<br />

sevrage<br />

durant<br />

1 à 6<br />

semaines.<br />

Antécédents de dépendance (alcool,<br />

drogues ...)<br />

Symptômes :<br />

* Réapparition des symptômes ayant<br />

motivé le traitement : c’est le<br />

phénomène de rebond.<br />

* Anxiété, insomnie.<br />

* Parfois céphalées, nausées, douleurs<br />

musculaires, tremblements, vertiges.<br />

* Hypersensibilité.<br />

* Saveur métallique dans bouche.<br />

* Rarement : convulsions.<br />

* Diminuer progressivement les posologies est la méthode la plus employée à raison<br />

de moins ¼ de comprimé toutes les semaines.<br />

* Autre méthode : substituer dans un 1 er temps un produit à ½ vie courte par une<br />

substance à ½ vie longue : Valium ® ou Tranxène ®.<br />

* Des stratégies plus lourdes (Tégr<strong>et</strong>ol ® = carbamazépine ou des antidépresseurs<br />

comme le Tofranil® ou le Floxydral®) sont parfois mises en œuvre. Ces prescriptions<br />

sont de l’ordre de quelques semaines.<br />

* Psychothérapie ou, au moins, suivi médical hebdomadaire.<br />

Réintroduction de la molécule précédemment prescrite à dose égale ou inférieure puis<br />

en diminuant progressivement.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 122


Le syndrome de sevrage<br />

aux antidépresseurs :<br />

Il est moins connu que le syndrome de sevrage aux<br />

benzodiazépines mais est probablement aussi<br />

fréquent.<br />

Il ne s’observe que chez 40 % des suj<strong>et</strong>s mais peut<br />

concerner la plupart des antidépresseurs <strong>et</strong><br />

particulièrement les antidépresseurs tricycliques.<br />

Les<br />

différents<br />

types d’antidépresseurs<br />

Eff<strong>et</strong>s<br />

Les symptômes du sevrage varient selon le type d’antidépresseurs :<br />

Les IMAO = inhibiteurs<br />

des monoamineoxydases.<br />

Bloquent l’activité d’1 ou<br />

2 enzyme(s) qui assurent<br />

la dégradation de la<br />

dopamine, de la noradrénaline,<br />

de<br />

l’adrénaline, de la<br />

sérotonine <strong>et</strong> de la<br />

tryptamine.<br />

Exemples 1 ère génération :<br />

Marsilid ®, Niamide ®,<br />

Nardelzine ®.<br />

2 ème génération :<br />

les RIMA qui ne<br />

bloquent que la 1 ère<br />

enzyme : Humoryl ® <strong>et</strong><br />

Moclamide ®.<br />

Manifesta-<br />

tions du<br />

sevrage :<br />

Etats confusionnels<br />

avec désorientation dans<br />

le temps <strong>et</strong> l’espace<br />

voire délire.<br />

Tricycliques<br />

=<br />

Imipraminiques<br />

S’opposent au recaptage, par les<br />

terminaisons synaptiques, de la<br />

noradrénaline, de la sérotonine <strong>et</strong> de la<br />

dopamine.<br />

1 ère génération :<br />

Non sédatifs : Tofranil ®, Pertofran<br />

®, Prothiaden ®, Anafranil ®,<br />

Psychotyl ®, Concordine ®.<br />

Sédatif léger : Surmontil ®.<br />

Sédatifs : Elavil ® = Laroxyl ®,<br />

Insidon ®, Novéril ®.<br />

2 ème génération :<br />

Survector ® (dopamine),<br />

Défanyl ® (sérotonine)<br />

Vivalan ® (noradrénaline)<br />

Athymil ® (noradrénaline).<br />

Rebond de type hypercholinergique<br />

(troubles digestifs, anxiété, troubles<br />

moteurs).<br />

Inhibiteurs de la<br />

recapture de la<br />

sérotonine<br />

S’opposent au<br />

recaptage de la<br />

sérotonine.<br />

Prozac ®<br />

<strong>et</strong> Floxyfral ®.<br />

Anxiété, irritabilité<br />

<strong>et</strong> paresthésies voire<br />

sensation de chocs<br />

électriques.<br />

Les facteurs de risque du sevrage aux antidépresseurs <strong>et</strong> le traitement :<br />

Les facteurs de Durée du Fortes doses. ½ vie du produit courte.<br />

risque : traitement.<br />

Traitement : Réintroduction de l’antidépresseur précédemment prescrite à dose égale ou<br />

inférieure puis en diminuant progressivement.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 123


Le dopage des sportifs :<br />

Actuellement, le dopage se définit comme l'utilisation de produits <strong>et</strong> de<br />

méthodes destinés à augmenter artificiellement la performance <strong>et</strong> dont<br />

les eff<strong>et</strong>s présentent des dangers supposés ou démontrés sur la santé.<br />

L’état des lieux :<br />

- Dès des premiers jeux olympiques (776 ans avant Jésus-Christ), la grande idée<br />

fut que la force des athlètes devait être recherchée dans les viandes animales. En<br />

mangeant leur chair, les sportifs espéraient s'accaparer leurs qualités. Tous se<br />

gavaient de viandes : les lutteurs se nourrissaient de porc bien gras, les sauteurs<br />

de chèvres, les pugilistes <strong>et</strong> les lanceurs de taureaux. « Le summum consistait à<br />

manger les testicules des animaux les plus forts ».<br />

- 1886 : le cycliste Linton meurt d'une surdose de Triméthyl = Triméthadione<br />

(3,5,5-triméthyl-1,3-oxazolidine-2,4-dione) à propriétés analgésique = qui<br />

diminue la douleur) <strong>et</strong> anti épileptique.<br />

- J.O. 1904 : au marathon, Thomas Hicks s'effondre avant l’arrivée : son entraîneur, par 2 fois, lui fait boire une<br />

rasade de cognac <strong>et</strong> lui injecte 1 mg de sulfate de strychnine 27 , un alcaloïde 28 végétal très toxique utilisé à<br />

p<strong>et</strong>ites doses en médecine pour ses propriétés toniques (= qui donne de la vigueur) <strong>et</strong> stimulantes sur le système<br />

nerveux. Hicks remporte le marathon… <strong>et</strong> n’est pas disqualifié.<br />

- Dans les années 30, les amphétamines prennent le pas sur la strychnine. Origine des « amphé » : l'éphédra est un<br />

sous-arbrisseau à feuilles écailleuses, à fleurs jaunes <strong>et</strong> aux baies rouges. Ses tiges sont consommées depuis<br />

plusieurs siècles car elles sont réputées faciliter l'exercice physique <strong>et</strong> supprimer la fatigue. Ses propriétés sont liées<br />

à la présence d’éphédrine qui dilate les bronches, stimule les muscles <strong>et</strong> augmente le taux de glucose dans le sang.<br />

A partir de l’éphédrine, les scientifiques vont synthétiser la première amphétamine ou benzédrine. La première loi<br />

anti-dopage française (1965) interdit les amphétamines.<br />

- A la fin des années 40 <strong>et</strong> durant les années 50, les culturistes <strong>et</strong> les haltérophiles avaient recours à la testostérone<br />

(hormone mâle produite par les testicules) pour accroître leur masse <strong>et</strong> leur puissance musculaires. Les équipes<br />

sportives soviétiques l’ont largement utilisée.<br />

- Les américains développent les "stéroïdes androgènes anabolisants" (SAA), souvent appelés “stéroïdes” ou<br />

“androgènes”, dérivés chimiques extrêmement puissants de la testostérone. Ces stéroïdes avaient été employés après<br />

la guerre par les médecins afin de traiter les survivants des camps de concentration allemands pour qu’ils r<strong>et</strong>rouvent<br />

un poids normal. Ils stimulent les croissances musculaire <strong>et</strong> osseuse.<br />

-1952 : aux J.O d'hiver, certains patineurs craquent, victimes des amphétamines <strong>et</strong> en 1967, ces mêmes<br />

amphétamines provoquent la mort du coureur anglais Tommy Simpson lors de la 13 ème étape du tour de France sur<br />

les flancs du Mont Ventoux.<br />

- Dans les années 1980, les bêta stimulants tendent à remplacer les stéroïdes anabolisants puisqu’ils ont les mêmes<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent un gain de muscles plus important.<br />

- 1988 aux Jeux d'Eté de Séoul : le sprinter canadien Ben Johnson bat son rival Carl Lewis<br />

au 100 m en 9,79 secondes… mais… Johnson s'est dopé avec un stéroïde anabolisant :<br />

le Stanozolol… Outre Ben Johnson, 11 autres athlètes furent contrôlés positifs lors de ces<br />

jeux notamment les haltérophiles bulgares.<br />

- Les résultats des contrôles antidopages effectués en France du 9 au 28 juill<strong>et</strong> 2002 lors du Tour de France 2002<br />

sont les suivants : 114 prélèvements ont été effectués, 33 (soit 29 %) faisaient ressortir la présence de substances<br />

interdites ou soumises à restriction. Ces prélèvements ont été effectués sur 92 sportifs : pour 23 d’entre eux, les<br />

résultats prouvaient la présence de ces drogues. Ces 23 coureurs appartenaient à 11 équipes, 2 françaises <strong>et</strong> 9<br />

étrangères. Les analyses faisaient ressortir la présence de glucocorticoïdes (voir suite) dans 18 cas (17 de la<br />

triamcinolone acétonide 29 <strong>et</strong> 1 de la bétaméthasone 30 ), de salbutamol dans 3 cas, de terbutaline dans 2 cas <strong>et</strong> enfin de<br />

glucocorticoïdes combinés à du salbutamol dans 10 cas.<br />

- Avec 25 athlètes n’ayant pas respecté la réglementation antidopage, les JO d’Athènes 2004 signent un record…<br />

27<br />

La strychnine était autrefois employée pour tuer les corbeaux <strong>et</strong> les rongeurs <strong>et</strong> est parfois encore utilisée pour détruire les<br />

renards <strong>et</strong> les taupes.<br />

28<br />

Composé organique basique contenant de l’azote <strong>et</strong> extrait tiré d'un végétal.<br />

29<br />

Triamcinolone acétonide = Kenacort, normalement employé pour traiter les allergies mais qui peut entraîner des hallucinations<br />

visuelles.<br />

30<br />

Noms commerciaux : Célestène, B<strong>et</strong>nesol, Diprostène…<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 124


Le dopage concerne aujourd’hui des disciplines jusque là considérées comme épargnées telles<br />

le judo <strong>et</strong> le football. « Le dopage n’épargne aucun sport, y compris la pétanque, mais on en<br />

trouve le plus de cas dans les sports où on effectue le plus de contrôles » ... ironise le<br />

médecin du sport Jean-Pierre de Mondenard.<br />

Nature des produit utilisés (en France) :<br />

Nature du produit utilisé : 2000 2001 2002<br />

Stéroïdes anabolisants (dont la nandrolone) : 10 % 9 % 5%<br />

Salbutamol (un bêta-2 mimétique) : 22 % 21 % 12 %<br />

Bêta-agoniste (autre que salbutamol) ? 3 % 3 %<br />

Bêta-bloquants : ? 1 % 1%<br />

Corticoïdes : 20 % 17 % 42 %<br />

Cannabis : 23 % 25 % 21 %<br />

EPO : Pas de<br />

méthode<br />

1 % 0,2 %<br />

Stimulants : 16 % 16 % 8%<br />

Diurétiques : ? 2 % 4 %<br />

Narcotiques : ? 2 % 2 %<br />

Anesthésiques locaux : ? 3 % 2 %<br />

Les produits dopants :<br />

L’arrêté actuellement en vigueur est celui du 20<br />

avril 2004, publié au Journal Officiel de la<br />

République Française (=JORF) le 5 mai 2004,<br />

modifié par l'arrêté du 16 août 2004 (JORF du 27<br />

août 2004). L’article 2 précise que " le sportif doit<br />

s’assurer que tout médicament, supplément,<br />

préparation en vente libre ou toute autre<br />

substance qu’il utilise ne contient aucune<br />

substance interdite. "<br />

On distingue :<br />

1) Les « agents anabolisants » qui réunissent les<br />

« stéroïdes androgènes 31 » <strong>et</strong> « les bêta 2<br />

mimétiques 32 » : ils perm<strong>et</strong>tent de faire du muscle.<br />

2) Glucocorticoïdes : naturels (cortisol) ou de synthèse, ils diminuent la douleur <strong>et</strong><br />

l'inflammation <strong>et</strong> sont euphorisants.<br />

3) Le cannabis qui constitue une classe à part.<br />

4) Les hormones peptidiques <strong>et</strong> assimilées : (GH = hormone de croissance, hCG gonadotrophine<br />

chorionique humaine, EPO = érythropoïétine, ACTH = Hormone corticotrope par exemples).<br />

5) Les stimulants (amphétamines, cocaïne <strong>et</strong> leurs dérivés…) favorisent l'état de vigilance.<br />

6) Analgésiques centraux <strong>et</strong> narcotiques : ils effacent les signaux d'alerte périphériques<br />

comme la douleur <strong>et</strong> possèdent une action au niveau du cerveau (morphine par exemple).<br />

31 Stéroïdes androgènes : ils regroupent la testostérone <strong>et</strong> ses dérivés synthétiques. Ils augmentent<br />

l'agressivité. Ils sont interdits "dans" <strong>et</strong> "hors" compétition. La nandrolone fait partie de ce groupe.<br />

32 Ils incluent le salbutamol. Ils sont interdits durant la compétition <strong>et</strong> hors compétition.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 125


- Le (ou la) nandrolone 33 :<br />

Il arrive en 3 ème position derrière le cannabis <strong>et</strong> le<br />

salbutamol dans l’étude menée en 1997 sur 7000<br />

personnes. C’est un stéroïde anabolisant 34 injectable, très<br />

lipophile <strong>et</strong> qui de ce fait s’accumule dans le tissu adipeux.<br />

La nandrolone est administrée par voie intramusculaire. La<br />

dose habituelle est de 50 à 100 mg 1 fois par mois. Son<br />

élimination, s’effectue par voie urinaire (sous formes de la<br />

norandrostérone <strong>et</strong> de la norétiocholanolone) <strong>et</strong> est très lente :<br />

on le r<strong>et</strong>rouve dans les urines 3 à 6 mois après son<br />

administration, en particulier en cas de perte de poids.<br />

Il stimule les synthèses protéiques : il accroît ainsi la masse<br />

musculaire <strong>et</strong> augmente la croissance de la matrice osseuse. Il s'oppose aux eff<strong>et</strong>s catabolisants (= de<br />

dégradation) des corticoïdes (voir suite). Il diminue l'élimination urinaire du calcium <strong>et</strong> du phosphore. Il<br />

majore également l’hématopoïèse (= production du sang <strong>et</strong> de ses composants).<br />

Eff<strong>et</strong>s secondaires : une rétention de liquide avec enflure des jambes, des chevilles <strong>et</strong> des pieds (œdème)<br />

que les sportifs évitent en réduisant l’apport en sels de leur alimentation. On note aussi de l’acné, un<br />

accroissement de la pilosité faciale mais une perte des cheveux (=calvitie). Une augmentation du volume<br />

des seins… dans les 2 sexes… Des nausées <strong>et</strong> des vomissements, de l’arythmie <strong>et</strong> une chute de pression<br />

artérielle, des insomnies <strong>et</strong> une réduction de la mémoire.<br />

A signaler chez l’homme des troubles de l’érection <strong>et</strong> de l’éjaculation.<br />

Chez la femme : eff<strong>et</strong>s de masculinisation <strong>et</strong> menstruations irrégulières.<br />

C’est à c<strong>et</strong>te substance que le judoka médaillé olympique Djamel BOURAS a été contrôlé positif en<br />

octobre 1997. Djamel BOURAS a toujours nié s’être dopé volontairement.<br />

Testostérone, clostébol, déhydroépiandrostérone (DHEA), fluoxymestérone, métandiénone,<br />

méténolone, oxandrolone, stanozolol … appartiennent au même groupe (mêmes eff<strong>et</strong>s).<br />

- Les bêta-2 mimétiques <strong>et</strong> le salbutamol 35 :<br />

Dans l’organisme, au niveau des cellules, les récepteurs dits « β » provoquent, lorsqu’ils sont stimulés<br />

(par l’adrénaline, la noradrénaline <strong>et</strong> d’autres substances appelées « sympathomimétiques bêta<br />

adrénergiques »), une augmentation de la fréquence <strong>et</strong> de la force des battements cardiaques (= eff<strong>et</strong>s<br />

chronotrope <strong>et</strong> inotrope positifs). Il existe de plus une vasodilatation <strong>et</strong> un relâchement des muscles<br />

bronchiques. On note par ailleurs une activation métabolique (= augmentation des réactions chimiques<br />

dans l’organisme) avec un accroissement du sucre présent dans le sang <strong>et</strong> une augmentation de la<br />

consommation d’oxygène. Le sucre provient d’une molécule de réserve présente dans les muscles <strong>et</strong> le<br />

foie : le glycogène (glycogénolyses musculaire <strong>et</strong> hépatique). Il existe également une lipolyse (=<br />

mobilisation des graisses en réserve dans le tissu adipeux). Il peut apparaître une sécheresse de la bouche,<br />

un tremblement des extrémités ainsi que des palpitations voire un diabète à fortes doses.<br />

L’étude des récepteurs β a conduit à en distinguer 2 types : les β1 sont essentiellement cardiaques (eff<strong>et</strong><br />

chronotrope <strong>et</strong> inotrope) alors que les β2 siègent au niveau des vaisseaux <strong>et</strong> des bronches.<br />

Le salbutamol est un stimulant β2 qui a, de ce fait, des eff<strong>et</strong>s vasodilatateur <strong>et</strong> broncho-dilatateur. Le<br />

salbutamol se r<strong>et</strong>rouve dans la Ventoline ou le Spreor utilisés dans le traitement de l’asthme. On sait que ce produit<br />

employé en aérosols peut susciter chez les patients des <strong>toxicomanies</strong>. Le salbutamol est principalement éliminé par voie<br />

urinaire.<br />

Bêta-2 mimétiques en sport : ils sont tous interdits sauf le formotérol, le salbutamol, le salmétérol <strong>et</strong><br />

la terbutaline exclusivement sous forme d'inhalation avec une justification médicale préalable. Le<br />

salbutamol ne doit pas être présent au delà de 1000 nanogrammes par millilitre d’urine.<br />

33 Nom commercial : Deca-Durabolin®<br />

35 Salbutamol Merck® 5 mg/5 ml sol pour perfusion IntraVeineuse.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 126


- Les bêta-bloquants :<br />

Ils ont l’eff<strong>et</strong> inverse : ils diminuent la fréquence cardiaque, les tremblements <strong>et</strong> le stress aidant<br />

à la relaxation <strong>et</strong> à la concentration. Les tireurs sont parmi les principaux utilisateurs de bêtabloquants.<br />

Les bêta-bloquants sont interdits en compétition seulement, dans les sports<br />

suivants :<br />

Aéronautique (FAI), Automobile (FIA), Billard (WCBS), Bobsleigh (FIBT), Boules (CMSB), Bridge (FMB),<br />

Curling (WCF), Echecs (FIDE), Gymnastique (FIG), Lutte (FILA), Motocyclisme (FIM), Natation (FINA) en<br />

plongeon <strong>et</strong> nage synchronisée, Pentathlon moderne (UIPM) pour la discipline du pentathlon moderne, Quilles<br />

(FIQ), Ski (FIS) saut à skis <strong>et</strong> snowboard free style, Tir (ISSF) (aussi interdits<br />

hors compétition), Tir à l’arc (FITA) (aussi interdits hors compétition),<br />

Voile (ISAF) barreurs seulement.<br />

Les risques liés à ces produits sont : l’hypoglycémie, des signes de<br />

fatigue <strong>et</strong> une diminution des performances sexuelles.<br />

- Les glucocorticoïdes :<br />

Naturels (cortisol 36 ) ou de synthèse : ce sont des substances anti-fatigue<br />

qui diminuent la douleur <strong>et</strong> l'inflammation <strong>et</strong> sont euphorisants. Ils<br />

perm<strong>et</strong>tent une poursuite de l'effort au-delà du seuil de tolérance… mais<br />

attention à la défaillance cardiaque. Les sportifs utilisent des<br />

diurétiques pour lutter contre la rétention d'eau provoquée par le<br />

dopage aux corticoïdes… mais aussi échapper aux contrôles antidopage.<br />

Les corticoïdes entraînent une fragilité des tendons <strong>et</strong> peuvent être cause de déchirures<br />

musculaires. Ils sont interdits par voie générale (orale, rectale, injections intraveineuse <strong>et</strong><br />

intramusculaire). Leur utilisation sous toute autre forme nécessite une justification médicale.<br />

Il existe 24 substance(s) entrant dans c<strong>et</strong>te classe : acébutolol, alprénolol, aténolol, béfunolol, bétaxolol,<br />

bisoprolol, bunolol, cartéolol, carvédilol, céliprolol, esmolol, labétalol, lévobunolol, métipranolol, métoprolol,<br />

nadolol, nébivolol, oxprénolol, penbutolol, pindolol, propranolol, sotalol, tertalolol, timolol… lisez les boîtes !<br />

L’année 2002 restera caractérisée par le pourcentage très important de corticoïdes détectés (42 %).<br />

- Le cannabis : le cannabis est interdit en compétition.<br />

... « Le cannabis est au contraire un produit qui ne présente que des désavantages pour la<br />

réalisation d'une performance sportive. C'est un véritable facteur de désorganisation de la coordination<br />

chez l’être humain » expliquait le docteur P<strong>et</strong>er Jan Geerlings, membre d'un centre de désintoxication à<br />

Amsterdam dans Libération du 24 janvier 1996.<br />

Alors, dopant ou pas ?... Pourquoi des sportifs de haut niveau (83 contrôlés positifs en 1995) utiliseraient-ils<br />

le cannabis, même en consommation courante, s'il diminue réellement la performance ?<br />

Pour Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport <strong>et</strong> spécialiste du dopage, la chose est entendue : « le<br />

cannabis est pris sciemment par certains sportifs pour pouvoir affronter l'adversaire, lutter contre le stress <strong>et</strong><br />

la trouille que provoquent les confrontations directes, où le sportif est proche du public. Sa fonction calmante<br />

répond bien à la définition du dopage : faire fonctionner le corps au-delà de ses aptitudes. La preuve en est<br />

que ce sont uniquement dans ces sports-là, comme le football, le handball, le bask<strong>et</strong>-ball ou le tennis, que l'on<br />

détecte des cas positifs ». Un sentiment partagé par Jean-Paul Escande, président de la Commission nationale<br />

de lutte contre le dopage : les sportifs « ont une énorme pression sur les épaules. Ils peuvent être tentés par<br />

quelque chose qui les calme »…<br />

Certes, précise la psychiatre Sylvie Wieviorka, « mais les techniques de contrôle ne perm<strong>et</strong>tent pas<br />

de différencier le THC pris juste avant une compétition, de ce qui est pris la veille ou pris 1, 2 ou 3<br />

semaines auparavant. A cela s'ajoute le fait que, selon sa provenance, le cannabis varie fortement en<br />

THC ... ». Document extrait de « La recherche n° 287 de mai 1996.<br />

36 Cortisol : hormone produite par les glandes surrénales qui a un eff<strong>et</strong> anti inflammatoire <strong>et</strong> dont le rôle est de<br />

réguler le métabolisme des glucides (=sucres), lipides (graisses), protides, des sels <strong>et</strong> de l'eau pour limiter<br />

les variations brutales de l'équilibre physiologique de l'organisme.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 127


- L'hormone de croissance :<br />

Une glande située à la base du cerveau, l’hypophyse<br />

antérieure, produit, au niveau de ses cellules dites<br />

somatotropes, l’hormone de croissance (ou STH = hormone<br />

somatotrope = somatotrophine = somatropine = GH =<br />

growth hormone) qui est une hormone peptidique de 191<br />

acides aminés.<br />

« L'hormone de croissance est recherchée pour 2 raisons<br />

principales :<br />

- favoriser la prise de muscles (synthèse des protéines <strong>et</strong><br />

actions sur l'ARN) grâce à des prises associées à 1 régime<br />

protéiné (suppléments en acides aminés) <strong>et</strong> 1 entraînement intensif.<br />

- augmenter les charges d'entraînement grâce à une<br />

amélioration de la récupération <strong>et</strong> une diminution de la fatigue<br />

engendrée par l'exercice. C<strong>et</strong>te hormone est celle de la récupération.<br />

La 1ère utilisation est le fait des sportifs pratiquant des activités de force-vitesse, la 2 ème En vente sur Intern<strong>et</strong>…<br />

est le fait des<br />

"endurants".<br />

A l'inverse des stéroïdes anabolisants, la détection de l'hormone de croissance est extrêmement<br />

difficile pour ne pas dire impossible. En eff<strong>et</strong>, elle n'est plus détectable dans le sang quelques minutes<br />

seulement après son absorption. Après trente minutes, la moitié de la quantité d'hormone ingérée a<br />

disparu de la circulation ».<br />

« Le plus souvent, l'hormone de croissance n'est pas prise seule mais en association avec un facteur de<br />

croissance appelé IGF-1 (ou somatomédine C)… Toutes deux s'influencent réciproquement de<br />

manière positive (rétroaction positive) ». http://www.volodalen.com/23dopage/dopage3.htm<br />

Le principal risque de l’hormone de croissance est l’acromégalie : hypertrophie du nez, des oreilles,<br />

de la langue : saillie des arcades sourcilières, grosses narines, mâchoire inférieure plus large, mains <strong>et</strong><br />

pieds qui augmentent de taille, sueurs, hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, douleurs<br />

osseuses, impuissance….<br />

- L’HCG ou gonadotrophine chorionique humaine :<br />

L'hCG est sans doute utilisée depuis longtemps par les<br />

athlètes. Toutefois, la preuve de son usage ne remonte<br />

qu'à 1983. En 1987, dans 2 compétitions britanniques<br />

(cyclisme <strong>et</strong> haltérophilie), environ 10 % des participants<br />

s’avéraient être positifs à l'hCG. On imagine l'étonnement<br />

des personnels des laboratoires : c<strong>et</strong>te hormone n'existe<br />

normalement que chez les femmes enceintes ! …<br />

Néanmoins certaines tumeurs malignes du testicule en<br />

sécrètent également…Ce n’était pas le cas ici…<br />

L’hCG stimule la production de stéroïdes androgènes<br />

anabolisants naturels (testostérone, androstérone...). Est utilisée<br />

dans le traitement des stérilités masculine <strong>et</strong> féminine.<br />

A la fin d'un cycle de dopage aux stéroïdes androgènes,<br />

l’hCG perm<strong>et</strong> de lutter contre les conséquences de l'arrêt<br />

de ces stéroïdes anabolisants. En eff<strong>et</strong> l'administration de<br />

gonadotrophine chorionique "relance" la production<br />

endogène (= interne) de testostérone, freinée pendant la<br />

cure de stéroïdes anabolisants administrés.<br />

Le pregnyl, le primogonyl, le chorigon…<br />

contiennent de la gonadotrophine<br />

chorionique qui injectée en intramusculaire<br />

chez l'homme, stimule la<br />

sécrétion d'androgènes par les cellules de<br />

Leydig des testicules.<br />

Eff<strong>et</strong>s gênants : ceux déjà signalés à propos de la testostérone <strong>et</strong> des autres androgènes.<br />

Développement des seins chez l’homme <strong>et</strong> perturbation des règles chez la femme.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 128


- L'EPO ou érythropoïétine :<br />

C<strong>et</strong>te hormone est produite<br />

naturellement par le rein (80 %) <strong>et</strong> par le<br />

foie (20 %). Sa sécrétion augmente<br />

lorsque les tissus sont en hypoxie (= en<br />

manque d’oxygène). Elle stimule la<br />

formation des globules rouges. Elle<br />

perm<strong>et</strong> ainsi d'améliorer les performances<br />

de l'organisme <strong>et</strong> de soutenir un effort<br />

durable.<br />

Le gène humain de<br />

l'érythropoïétine a été cloné en 1983 <strong>et</strong> la<br />

production d'hormone humaine<br />

recombinante (= par génie génétique) a<br />

démarré en 1987. Elle est apparue dans<br />

les cercles sportifs la même année, avant<br />

même qu'elle ne soit mise sur le marché<br />

officiel en 1988.<br />

L'hormone est indiquée en<br />

médecine dans le traitement des suj<strong>et</strong>s<br />

atteints d'anémie liée à une insuffisance<br />

rénale chronique que la personne soit<br />

dialysée ou non.<br />

EPO :<br />

l'Eprex de Janssen-Cilag <strong>et</strong> le<br />

NeoRecormon de Roche.<br />

Impact Médecin Hebdo" n° 453 du 21 mai 1999.<br />

Lors du tour de France de juill<strong>et</strong> 1998,<br />

104 doses d'EPO avaient été saisies dans une<br />

camionn<strong>et</strong>te de l'équipe néerlandaise TVM.<br />

Le soigneur de l'équipe Festina avait, lui, été<br />

interpellé avec plus de 400 doses de produits<br />

dopants, principalement de l'EPO.<br />

A forte dose l'EPO accroît la viscosité du sang ce qui favorise la thrombose (= formation de<br />

caillots dans un vaisseau sanguin).<br />

On sait aujourd’hui différencier par analyse l'EPO naturelle de l'EPO recombinante en se<br />

fondant sur le nombre de molécules de sucres (plus nombreuses pour les formes naturelles) fixées à la<br />

protéine.<br />

La loi relative à la protection de la santé des sportifs <strong>et</strong> à la lutte contre le dopage adoptée le 23<br />

mars 1999 ("loi Marie Georges Buff<strong>et</strong>") oblige tout médecin soupçonnant un dopage à le déclarer.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 129


- Un stimulant : le bromontan…<br />

Le terme “stimulant” s’applique à un<br />

ensemble de substances englobant les<br />

stimulants du système nerveux central<br />

(notamment la cocaïne, les<br />

amphétamines <strong>et</strong> la nicotine) <strong>et</strong> les<br />

amines sympathomimétiques<br />

(éphédrine, pseudoéphédrine,<br />

phénylpropanolamine).<br />

Objectif : diminuer la fatigue <strong>et</strong><br />

prolonger l’état de veille + accroître<br />

attention, vigilance <strong>et</strong> pouvoir de<br />

concentration + diminuer la douleur.<br />

Conséquences indésirables :<br />

insomnie, agitation, tremblements,<br />

irritabilité, arythmie cardiaque (Cf.<br />

Tom Simpson 1967) <strong>et</strong> dépendance.<br />

Le bromontan est une substance<br />

psychostimulante du groupe des adamantanes qui a été détectée chez 5 athlètes lors des J.O. d’Atlanta en<br />

1996. Elle figure maintenant sur la liste des agents dopants. Elle entraîne un accroissement de libération de<br />

dopamine dans le cerveau <strong>et</strong> ralentit sa recapture de ce médiateur comme le font les amphétamines <strong>et</strong> la<br />

cocaïne. Cf. « Impact Médecin » du 29 /9/1997.<br />

Le bromontan agit sur la concentration <strong>et</strong> stimule l'activité physique. Utilisé par les cosmonautes russes <strong>et</strong><br />

au sein de l’armée russe. En ski de fond, la Russe Liubov Egorova, 6 fois championne olympique, a été<br />

contrôlée positive au bromontan aux Championnats du monde 2001 en Finlande...<br />

Pour 2004, les stimulants suivants : la caféine, la phényléphrine, la phénylpropanolamine, le<br />

pipradol, la pseudoéphédrine <strong>et</strong> la synéphrine ne sont pas considérés comme des substances<br />

interdites. L’éphédrine est autorisée jusqu’à 10 microgrammes par millilitre d’urine.<br />

- L'Alcool (éthanol) :<br />

La détection sera effectuée par éthylométrie. Pour certains sports (automobile, billard, lutte,<br />

motocyclisme, ski) la présence de la moindre quantité d’alcool constitue une violation des règles<br />

antidopage. Il est seulement interdit en compétition <strong>et</strong> seulement dans les sports suivants :<br />

Aéronautique (FAI) (0.20 g/L), Automobile (FIA) (0.00 g/L), Billard (WCBS) (0.00 g/L), Boules (CMSB) (0.50<br />

g/L), Gymnastique (FIG) (0.10 g/L), Karaté (WKF) (0.40 g/L), Lutte (FILA) (0.00 g/L), Motocyclisme (FIM)<br />

(0.00 g/L), Pentathlon moderne (UIPM) (0.10 g/L), Roller Sports (FIRS) (0.02 g/L), Ski (FIS) (0.00 g/L), Tir à<br />

l’arc (FITA) (0.10 g/L), Triathlon (ITU) (0.40 g/L).<br />

D’après http://www.santesport.gouv.fr/contenu/dopage/produits_dopants.asp<br />

- Les diurétiques <strong>et</strong> autres agents masquants :<br />

Les agents masquants sont des produits qui ont la capacité d’entraver l’excrétion des produits dopants<br />

ou de dissimuler leur présence dans les prélèvements effectués lors des contrôles antidopage<br />

(diurétiques, hydroxyéthylamidon, épitestostérone par exemple).<br />

Les diurétiques sont des substances qui stimulent la sécrétion de l'urine. Ils sont interdits "en" <strong>et</strong> "hors"<br />

compétition comme agents masquants.<br />

Dans les sports ci-dessous catégorisés par le poids <strong>et</strong> dans les sports où une perte de poids peut améliorer la<br />

performance, aucune justification thérapeutique ne peut être délivrée pour l’utilisation de diurétiques : Aviron<br />

(poids léger) (FISA), Body-building (IFBB), Boxe (AIBA), Haltérophilie (IWF), Judo (IJF), Karaté (WKF),<br />

Lutte (FILA), Powerlifting (IPF), Ski (FIS) pour le saut à skis seulement, Taekwondo (WTF), Wushu (IWUF).<br />

D’après http://www.santesport.gouv.fr/contenu/dopage/produits_dopants.asp<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 130


- Et la créatine ?<br />

* La créatinine est un p<strong>et</strong>it peptide de 3 acides aminés (méthionine, arginine,<br />

glycine) présent à l’intérieur des muscles squel<strong>et</strong>tiques mais qui n’est pas stocké<br />

par ceux-ci (il n’y a pas de mise en réserve de créatine).<br />

* La crétine provient de l’alimentation (viandes, volailles, poissons apportent 1 à 2<br />

grammes par jour) ou est fabriquée par l’organisme (2 grammes par jour<br />

synthétisés par le foie pour l’essentiel).<br />

* Au repos, elle se combine à un phosphate pour former de la phosphocréatine (ou<br />

phosphagène) sous l’eff<strong>et</strong> d’une enzyme la créatinekinase ou créatine<br />

phosphokinase ou CPK. Le phosphate provient lui-même d’une substance appelée<br />

adénosine triphosphate ou ATP :<br />

Créatine + ATP Créatine phosphate + ADP<br />

* Lors de l’effort, la phosphocréatine transfère son phosphate pour reformer de<br />

l’ATP (la réaction fonctionne donc à l’envers). La dégradation de la phosphocréatine est rapide <strong>et</strong> le stock<br />

s’épuise en 5 à 7 secondes. C’est l’adénosine triphosphate = ATP qui constitue la source d’énergie<br />

immédiatement disponible pour une activité musculaire.<br />

* En cas de lésion musculaire, on r<strong>et</strong>rouve l’enzyme créatine kinase dans le sang. C<strong>et</strong>te CPK s’accroît<br />

aussi en cas d’infarctus <strong>et</strong> de myopathies.<br />

La créatine du commerce est un dérivé synthétique résultant d'une réaction chimique entre<br />

la sarcosine de sodium <strong>et</strong> le cyanamide. Elle est vendue sous forme de poudre soluble ou<br />

semi soluble, de comprimés ou sous forme liquide.<br />

ATTENTION : Selon les sources du ministère jeunesse <strong>et</strong> sport, 50 à<br />

70 % des lots de créatine saisis en France, dans les magasins <strong>et</strong> aux<br />

frontières, contiennent en plus des anabolisants ! Ce constat pourrait<br />

expliquer que certains sportifs de bonne foi soient déclarés positifs<br />

aux anabolisants alors qu'ils pensaient ne pas en avoir consommé.<br />

24/03/2001 - Le Monde - J.-Y. N.<br />

« En publiant, il y a quelques semaines, un avis concluant en substance à<br />

l'inefficacité quasi totale à p<strong>et</strong>ites doses <strong>et</strong> à la dangerosité potentielle des<br />

apports massifs de créatine à des fins dopantes (Le Monde du 25<br />

/01/2001), Martin Hirsch, directeur général de l'Agence française de<br />

sécurité sanitaire des aliments (Afssa), a déclenché une controverse aussi<br />

vive qu'inédite ».<br />

« La découverte de la créatine remonte au milieu du XIXe siècle, <strong>et</strong> celle<br />

de ses principales fonctions au début du XXème… L'émergence de c<strong>et</strong>te<br />

substance dans les milieux du culturisme <strong>et</strong> du sport professionnel <strong>et</strong><br />

amateur semble relativement récente, vers la fin des années 1980. "Une<br />

étude a montré qu'environ la moitié des sportifs participant aux Jeux<br />

olympiques étaient des consommateurs réguliers de créatine"… La<br />

supplémentation en créatine serait surtout le fait des culturistes, des<br />

lutteurs, de joueurs de tennis, des cyclistes, des rameurs, des sauteurs à<br />

ski, des skieurs alpins, voire nordiques, <strong>et</strong> de nombreux pratiquants de<br />

sports collectifs, parmi lesquels le rugby, le handball, le bask<strong>et</strong>-ball, le<br />

football <strong>et</strong> le hockey sur glace." … ».<br />

A quelle dose ?<br />

« On sait en eff<strong>et</strong> qu'une alimentation de type végétarien ne fournissant<br />

pas de créatine ne provoque pas de carences, l'organisme assurant alors à<br />

lui seul la production de la créatine nécessaire à la contraction<br />

musculaire… ».<br />

« En pratique, les conseils des fabricants proposent aux utilisateurs de consommer environ 0,3 gramme de<br />

créatine par jour <strong>et</strong> par kilogramme de poids corporel pendant environ 5 jours 37 (dose dite "de charge") <strong>et</strong><br />

0,03 g par jour <strong>et</strong> par kg durant les semaines ou les mois suivants (dose "d'entr<strong>et</strong>ien") ».<br />

37 Soit 20 à 25 grammes par jour ou l’équivalent de créatine contenu dans 4 à 5 kilos de viande rouge.<br />

La créatine se déshydrate<br />

spontanément <strong>et</strong> en permanence<br />

dans nos muscles, <strong>et</strong> son produit<br />

de déshydratation, la créatinine,<br />

est sécrété dans le plasma puis<br />

excrété par les reins dans les<br />

urines. La"créatinurie" ou<br />

quantité de créatinine émise<br />

dans les urines des 24 h est<br />

propor-tionnelle à la masse<br />

musculaire des suj<strong>et</strong>s. Dès que<br />

son taux anormalement dans<br />

le sang, cela signifie que la<br />

fonction rénale (filtration par les<br />

reins) n’est plus suffisante.<br />

La "clairance de la créatinine"<br />

traduit donc la capacité que<br />

possèdent les reins à filtrer <strong>et</strong> à<br />

débarrasser le sang de ses<br />

impur<strong>et</strong>és <strong>et</strong> en particulier de sa<br />

de la créatinine qui s’y trouve.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 131


- Et la créatine ? (suite)<br />

La créatine est-elle efficace ?<br />

Elle n’a pas d’eff<strong>et</strong> sur la prise de muscle… si le sportif constate un eff<strong>et</strong>, c’est que le produit ach<strong>et</strong>é contenait<br />

de plus des anabolisants! Quant elle est consommée seule, elle ne possède pas d’eff<strong>et</strong> dopant.<br />

« Pour autant, une majorité de spécialistes de physiologie <strong>et</strong> de médecine<br />

du sport estiment que, s'il peut avoir un eff<strong>et</strong> dans l'augmentation de la<br />

performance musculaire, ce rôle ne peut, dans le meilleur des cas,<br />

concerner, pour des périodes extrêmement brèves, que certains types<br />

d'exercices très spécifiques. Un consensus existe ainsi, au sein des<br />

experts, pour considérer qu'avec un apport exogène important de créatine<br />

les eff<strong>et</strong>s d'amélioration de la performance sportive ne concernent que les<br />

exercices brefs <strong>et</strong> répétés de haute intensité, durant quinze secondes au<br />

plus. On obtiendrait… un meilleur maintien de la vitesse du sprint court<br />

<strong>et</strong> répété (...) sans eff<strong>et</strong> sur la vitesse maximale, ainsi qu'un meilleur<br />

maintien de la hauteur lors de détentes verticales répétées sans eff<strong>et</strong> sur la hauteur maximale. La supplémentation en<br />

créatine n'a en revanche pas d'eff<strong>et</strong>s démontrés sur les épreuves de plus de 30 secondes relevant des autres filières<br />

énergétiques ».<br />

« L'un des apports, souvent avancé, de la créatine est une augmentation du poids de l'organisme, souvent interprétée<br />

comme une augmentation de la masse musculaire. L'analyse de la littérature scientifique montre qu'environ un tiers des<br />

nombreuses publications concernant la supplémentation en créatine chez le sportif n'observent pas de variations<br />

significatives du poids. Les deux autres tiers montrent, avec de la créatine pure, des variations allant de 0,8 % à 2,9 %,<br />

au maximum, du poids corporel, obtenues dès les premiers jours, <strong>et</strong> selon toute vraisemblance dues à une rétention<br />

d'eau. "L'augmentation de poids corporel ainsi obtenue se situe donc entre 0 <strong>et</strong> 2,5 kilogrammes au maximum, notent<br />

les experts réunis par l'Afssa. Ce phénomène devrait être systématiquement rappelé aux sportifs relevant de certaines<br />

spécialités comme la lutte, le judo, la boxe, voire l'haltérophilie, qui doivent contrôler leur poids corporel."… ».<br />

La prise de poids ne correspond effectivement pas à du muscle mais à de l’eau !!!... Elle correspond à une<br />

rétention d’eau.<br />

Certaines études conduisent néanmoins à penser que la créatine favorise la récupération. Elle a aussi sur<br />

beaucoup un eff<strong>et</strong> placebo important!<br />

Est-elle dangereuse ?<br />

Il n’existe pas encore de véritable consensus entre les chercheurs. Si elle a des eff<strong>et</strong>s négatifs à l’état pur, ils<br />

sont faibles…<br />

Ses eff<strong>et</strong>s négatifs sur les reins (à haute dose <strong>et</strong> uniquement en injections intraveineuses) ne sont pas prouvés puisqu’un<br />

seul cas a été décrit.<br />

- A VENIR OU DEJA EN EXPERIMENTATION<br />

CHEZ LES SPORTIFS :<br />

* Le Growth Hormone Releasing Factor = Growth Hormone Releasing<br />

Hormone = somatocrinine = GH-RH est une hormone peptidique normalement<br />

produite par l’hypothalamus <strong>et</strong> ici fabriquée par génie génétique. Il stimule la<br />

production de l'hormone de croissance.<br />

* L'Insuline-like Growth factor 1 ou somatomédine A (IGF1) est normalement<br />

produite sous l’eff<strong>et</strong> de l’hormone de croissance. L'IGF-1 stimule le<br />

développement en augmentant l'incorporation de glucose, d'acides aminés <strong>et</strong> de<br />

sulfate dans les cellules <strong>et</strong> en stimulant la synthèse protéique. Déjà utilisée.<br />

* L'interleukine 3 (IL3) <strong>et</strong> divers CSF, facteurs de croissance qui interviennent<br />

sur les cellules souches de la moelle osseuse productrices de sang.<br />

* « Les transporteurs artificiels d'oxygène <strong>et</strong> notamment les perfluorocarbones<br />

(PFC), composés chimiques utilisés en particulier comme propulseurs d'aérosols <strong>et</strong> dans les anciens<br />

réfrigérateurs. Ils ont la propriété de dissoudre immédiatement l'oxygène <strong>et</strong> de le relarguer à volonté<br />

dans les muscles ».<br />

http://crdp.ac-bordeaux.fr/decatalogue/page.asp?lang=fr&idmenu=5&id=sport_sante/dopage&tm=2&ti=3#doc46<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 132


MESCALINE,<br />

PEYOTL, BETEL...<br />

La mescaline :<br />

Molécule isolée par le chimiste<br />

allemand R. Heffter en 1896 <strong>et</strong> nommée<br />

triméthoxy-phénéthylamine 38 , c’est l’un<br />

des principes majeurs extrait d’un p<strong>et</strong>it<br />

cactus sans épines du sud-ouest des Etats<br />

Unis <strong>et</strong> du nord du Mexique : le peyotl ou<br />

« peyote » (nom latin Lophophora<br />

williamsii ou Anhalonium Lewinii).<br />

Ce cactus, d’ailleurs assez rare, couvert<br />

de poils argentés, à fleurs roses <strong>et</strong> grosse<br />

racine pivotante, pousse en zones arides<br />

<strong>et</strong> caillouteuses sur les hauts plateaux. La<br />

mescaline est principalement contenue<br />

dans les excroissances à goût amer du somm<strong>et</strong> du<br />

cactus dénommées « boutons de peyotl ». Ces<br />

boutons mesurent 2 à 5 cm de diamètre.<br />

Ils contiennent en moyenne 6 % de mescaline. La<br />

dose hallucinogène semble être de 200 à 500 mg de<br />

mescaline.<br />

La drogue est employée sous la forme de<br />

rondelles de « boutons » séchées qui sont<br />

mastiquées ou utilisées pour fabriquer des infusions<br />

ou encore hachées puis fumées.<br />

On peut aussi produire la mescaline<br />

chimiquement. Elle se présente sous l’aspect d’une<br />

poudre blanche cristallisée que l’on peut colorer, de<br />

comprimés ou de gélules ou même d’un liquide.<br />

Elle peut alors être ingérée, injectée ou fumée.<br />

Considérée comme sacrée par les Aztèques,<br />

la plante sert depuis des siècles lors des cérémonies<br />

religieuses des indiens du Mexique pour avoir des<br />

visions.<br />

« Ceux qui en mangent ou en mâchent ont<br />

des visions drôles ou terrifiantes... des visions<br />

terrifiantes comme le diable » écrit Francisco<br />

Hernandez, médecin à la cour de Philippe II<br />

d’Espagne, qui alla au Mexique avec Cortez dans le<br />

but d’étudier les plantes médicinales <strong>et</strong> y r<strong>et</strong>ourna<br />

par la suite.<br />

38 La structure de la molécule n’a été élucidée qu’en 1919.<br />

Cactus peyotl<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder :<br />

« Les drogues <strong>et</strong> le cerveau ».<br />

Chaman (prêtre qui communique avec les<br />

esprits en employant l’extase <strong>et</strong> la transe)<br />

du Mexique suspendant des rondelles de<br />

peyotl afin de les faire sécher. A partir du<br />

début du 19 ème siècle le peyotl a aussi été<br />

utilisé par les Apaches, les Kiowas <strong>et</strong> les<br />

Comanches.<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder :<br />

« Les drogues <strong>et</strong> le cerveau ».<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 133


Rouhier, vers 1920, l’appelait « la plante qui fait les yeux<br />

émerveillés ».<br />

Le romancier Aldous Huxley (auteur du livre « Le<br />

meilleur des mondes », a testé sur lui-même les propriétés<br />

hallucinogènes de la mescaline espérant ainsi « briser les<br />

murs de sa prison sensorielle ». Le récit de son expérience<br />

a fait l’obj<strong>et</strong> de son livre « Les portes de la perception ».<br />

« Une demi-heure après avoir avalé la drogue, j’eus<br />

conscience d'une danse lente de lumières dorées. Un peu<br />

plus tard il y eut de somptueuses surfaces rouges,<br />

s'enflant <strong>et</strong> s'étendant à partir de noeuds d'énergie<br />

brillants qui vibraient d'une vie aux dessins continûment<br />

changeants ».<br />

Le « voyage », qui ressemble à celui procuré par le LSD,<br />

n’est pas toujours aussi agréable <strong>et</strong> le poète surréaliste<br />

Henri Michaux dans « Misérable miracle » (1956) décrit<br />

à quel point il peut être « intolérable », « insupportable ».<br />

Les changements du comportement au cours de<br />

l'intoxication sont dus à une hyperactivité cérébrale<br />

induite par une libération de dopamine <strong>et</strong> de sérotonine<br />

cérébrales.<br />

Aux doses où elle provoque des eff<strong>et</strong>s psychédéliques<br />

(euphorie, modification des perceptions sensorielles avec<br />

en particulier des hallucinations visuelles, perceptions<br />

modifiée du corps), la mescaline engendre une dilatation<br />

des pupilles, une augmentation de la température<br />

corporelle (= hyperthermie), une détente musculaire,<br />

souvent une augmentation de la fréquence cardiaque (=<br />

tachycardie) <strong>et</strong> des dérangements intestinaux avec nausées<br />

<strong>et</strong> vomissements. S’ajoute des troubles de la concentration<br />

<strong>et</strong> une altération de la mémoire immédiate.<br />

Elle peut induire à forte dose : des maux de tête, une<br />

diminution de la tension artérielle <strong>et</strong> un ralentissement des<br />

rythmes cardiaque <strong>et</strong> respiratoire.<br />

Aucun cas d'overdose mortelle n’a jamais été<br />

rapporté, <strong>et</strong> les complications graves sont<br />

exceptionnelles<br />

A noter que l’alcool désigné sous le nom de « mescal »<br />

provient d’un autre cactus : l’agave.<br />

Des dérivés de la mescaline ont également été synthétisés,<br />

comme l'escaline, la proscaline, la thiomescaline, la<br />

triméthoxyamphétamine (TMA) dérivé méthylé de la<br />

mescaline obtenu par le chimiste Alexander Shulgin <strong>et</strong><br />

surtout l'ecstasy. La ressemblance chimique entre la<br />

mescaline <strong>et</strong> l’ecstasy ou MDMA est évidente.<br />

La demi-vie de la mescaline dans<br />

l’organisme est de l'ordre de 6<br />

heures. La plus grande partie est<br />

éliminée par les urines.<br />

Vision sous mescaline.<br />

Les dérivés ont des eff<strong>et</strong>s plus intenses que la mescaline <strong>et</strong> si la consommation de mescaline est<br />

plus un suj<strong>et</strong> de curiosité que d’inquiétude en Europe…il n’en est pas de même pour l’ecstasy…<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 134


La psilocybine :<br />

La psilocybine est le principal principe actif du champignon Psilocybe mexicana <strong>et</strong> d’autres<br />

champignons mexicains dits « champignons magiques » (Psilocybe zapotecorum, Psilocybe<br />

cœrulescens…) qui généralement bleuissent en vieillissant <strong>et</strong> qui appartiennent au groupe des<br />

psilocybes. Selon l'espèce, les eff<strong>et</strong>s hallucinogènes sont obtenus en consommant de 2 à une<br />

vingtaine de champignons. Certains de ces champignons se r<strong>et</strong>rouvent aux USA, dans les Caraïbes,<br />

en Australie, en Inde <strong>et</strong> dans le Sud-est asiatique. Une seule espèce européenne : le "bonn<strong>et</strong> de<br />

lutin" (en raison du chapeau légèrement conique) ou Psilocybe semilanceata contient de la<br />

psilocybine (à une concentration de 0,4%). C’est un champignon à tige grêle, d’une 10aine de<br />

centimètres, poussant dans les prairies ensoleillées sur sols<br />

humides <strong>et</strong> acides.<br />

Au total, une quarantaine d’espèces renferment la substance.<br />

La psilocine, un autre alcaloïde un peu plus actif, est présente<br />

en plus p<strong>et</strong>ites quantités.<br />

Ces champignons peuvent être mangés frais ou séchés, ou<br />

"sniffés" ou fumés. Ils perdent leurs propriétés<br />

hallucinogènes s’ils sont cuits.<br />

Bonn<strong>et</strong> de<br />

lutin.<br />

De nos jours, les espèces sauvages sont toujours<br />

recherchées mais poussent souvent associées à un<br />

champignon vénéneux (Galerina autumnalis)<br />

d’où un risque pour les consommateurs. Elles<br />

sont également cultivées. La vente des spores, la<br />

culture <strong>et</strong> la consommation des psilocybes sont<br />

interdites.<br />

Des « sculptures de pierre » très antérieures à 500<br />

ans avant Jésus-Christ, mises à jour au Salvador,<br />

au Guatemala <strong>et</strong> au Mexique, représentent des<br />

champignons hallucinogènes, dont les pieds<br />

portent des faces de dieux ou de démons.<br />

<br />

Ces champignons étaient déjà utilisés par les Mayas 39 lors<br />

des rituels religieux <strong>et</strong> passaient pour divinatoires. Diego<br />

Duran écrit à propos du sacre de Montezuma II : « Le<br />

sacrifice terminé <strong>et</strong> les marches du temple <strong>et</strong> de la cour<br />

restant baignées de sang humain, ils s’en allèrent tous<br />

manger des champignons, nourriture qui leur faisait perdre à<br />

tous la raison ».<br />

Des prêtres ayant accompagné Cortez au Mexique ajoutent :<br />

« Certains s’imaginaient dévorés par des bêtes sauvages...<br />

Certains avaient la vision d’un passage à la tranquillité par la<br />

mort... Ils voyaient toutes ces choses... <strong>et</strong> lorsque le champignon avait cessé d’agir, ils<br />

conversaient <strong>et</strong> décrivaient leurs visions ».<br />

« A la lumière du jour, les yeux ouverts, les couleurs des obj<strong>et</strong>s, des tapis, des toiles peintes,<br />

deviennent fulgurantes, acquièrent une vivacité, une pur<strong>et</strong>é, une profondeur jusque-là<br />

inconnues ».<br />

Roger Heim, ancien directeur du Muséum d’Histoire naturelle.<br />

39 Matas : groupe d'Amérindiens localisés au Guatemala, au Mexique <strong>et</strong> au Honduras.<br />

« Pierre - champignon »<br />

Photographie remaniée extraite d’un livre de<br />

Jean-Marie Gerbault : « Les drogues du<br />

bonheur » : Hach<strong>et</strong>te 1965.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 135


C’est en 1958 que le chimiste suisse Albert<br />

Hofmann (de la société pharmaceutique<br />

Sandoz) <strong>et</strong> Roger Heim isolent les 2<br />

substances actives : la psilocybine <strong>et</strong> la<br />

psilocine qui présentent une grande similitude<br />

chimique avec un médiateur cérébral : la<br />

sérotonine mais aussi avec :<br />

* Le L.S.D. ou lysergamide ou lysergide ou<br />

« acide » déjà découvert par Hofmann, qui<br />

provoque également des hallucinations mais à<br />

des doses plus faibles <strong>et</strong> de façon plus<br />

prolongée en général. Le LSD est<br />

essentiellement pris par voie orale bien qu’il<br />

puisse être fumé ou injecté. Les crises<br />

d’angoisse, fréquentes avec le LSD, sont<br />

beaucoup plus rares avec la psilocybine <strong>et</strong> la<br />

psilocine.<br />

* La bufoténine trouvée dans le venin de la<br />

peau de crapaud (très employée dans les<br />

préparations des sorciers médiévaux) <strong>et</strong> dans<br />

les fruits de Cahobe (une légumineuse)<br />

utilisés dans les cérémonies rituelles aux<br />

Caraïbes pour leurs eff<strong>et</strong>s hallucinatoires.<br />

Psilocybe mexicana ou « la chair des dieux»<br />

(« Teonanacatl ») des Aztèques contient de la<br />

psilocybine.<br />

C’est une espèce très répandue, à croissance lente<br />

(2 à 3 semaines). Le chapeau de 1 à 2 cm de<br />

diamètre présente un mamelon <strong>et</strong> porte sur sa face<br />

inférieure des lamelles productrices de spores. Le<br />

pied, long <strong>et</strong> grêle, mesure 8 cm de long sur 1,5<br />

mm de diamètre.<br />

Photographie r<strong>et</strong>raitée extraite d’un livre de Jean-<br />

Marie Gerbault : « Les drogues du bonheur » : Hach<strong>et</strong>te<br />

1965.<br />

La psilocybine est un dérivé du tryptophane (un acide<br />

aminé précurseur de la sérotonine). Les eff<strong>et</strong>s de la psilocybine <strong>et</strong> de la psilocine sont semblables à<br />

ceux produits par le LSD <strong>et</strong> le sentiment de relaxation évoque celui produit par le cannabis.<br />

La psilocybine est, à l'état pure, une substance cristallisée blanche. Dans l’organisme, la<br />

psilocybine perd un groupement phosphate <strong>et</strong> devient la psilocine qui constitue le<br />

métabolite actif. La drogue est détectable dans les urines pendant une semaine.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 136


* Une dose de 4 à 8 milligrammes de psilocybine<br />

suffit à provoquer en une ½ ou ¾ d’heure <strong>et</strong> pour<br />

une durée de 4 à 6 heures « un état d’ivresse avec<br />

relaxation corporelle <strong>et</strong> des troubles psychiques<br />

marqués ». On observe également des<br />

réminiscences d’un passé oublié.<br />

* Les doses plus importantes (13 mg ou plus)<br />

peuvent provoquer des rougeurs faciales <strong>et</strong> une<br />

transpiration abondante avec une hyperthermie<br />

associée, des vertiges <strong>et</strong> des étourdissements, un<br />

engourdissement de la langue <strong>et</strong> de la bouche, des<br />

nausées <strong>et</strong> des malaises digestifs, de l'anxiété <strong>et</strong><br />

des frissons. On observe également une<br />

augmentation du rythme cardiaque, de<br />

l'hypertension artérielle, une mydriase (=<br />

augmentation du diamètre de la pupille) <strong>et</strong> une<br />

hyper réflexivité.<br />

S’ajoutent une impression de ralentissement du<br />

temps, de séparation de son propre corps <strong>et</strong> un<br />

sentiment d'irréalité avec incapacité à se<br />

concentrer.<br />

La toxicité est relativement faible. Les rares<br />

accidents mortels rapportés sont, comme pour<br />

d’autres hallucinogènes, plutôt liés à l’état de<br />

confusion mentale des victimes qui comm<strong>et</strong>tent<br />

alors des actes insensés.<br />

La Convention de Vienne 1971 sur les substances<br />

psychotropes classe comme stupéfiants la psilocine <strong>et</strong><br />

la psilocybine contenues dans les champignons du<br />

genre Psilocybe.<br />

Le droit français est beaucoup plus strict puisque<br />

tous les champignons hallucinogènes sont classés<br />

comme stupéfiants, quel que soit leur genre<br />

(notamment les Stropharias, Conocybes <strong>et</strong><br />

Psilocybes). Acquisition, possession, usage,<br />

production, transport <strong>et</strong> cession sont expressément<br />

interdits.<br />

« L'usage est en augmentation mais la toxicité de la<br />

psilocybine est bien moindre que celle du L.S.D.<br />

(activité 100 fois moins grande). Toutefois, les<br />

revendeurs de psilocybine n’hésitent pas en période<br />

de pénurie à revendre du L.S.D. ou de la<br />

phencyclidine au lieu de psilocybine, ce qui mène<br />

évidemment à des eff<strong>et</strong>s tout autres ».<br />

Professeur Renaud TROUVE<br />

Figurine de terre cuite représentant une femme<br />

Chaman du Mexique <strong>et</strong><br />

un « champignon magique ».<br />

Photographie extraite du livre de Solomon Snyder :<br />

« Les drogues <strong>et</strong> le cerveau ».<br />

Des champignons délirants…<br />

Les accidents nécessitant une hospitalisation sont aussi souvent liés à la toxicité des champignons<br />

vénéneux confondus avec les psilocybes.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 137


L’ibogaïne :<br />

L’iboga ou "Tabernanthe iboga" est une plante hallucinogène de la forêt équatoriale d’Afrique de<br />

l’ouest. Les racines, râpées <strong>et</strong> infusées, sont utilisées, au Gabon, à faibles doses comme stimulant.<br />

A hautes doses, elles sont employées pendant la cérémonie d'admission à la société initiatique<br />

gabonaise du culte "Bwiti" 40 afin d’induire des visions <strong>et</strong> de communiquer avec des parents<br />

décédés. L’ibogaïne en est la substance active.<br />

Arbuste de l'Ouest africain du genre<br />

Tabernanthe : le "Tabernanthe iboga".<br />

cocaïne.<br />

La prise d'Ibogaïne occasionne une période de<br />

plusieurs heures ou le suj<strong>et</strong> ne peut ou ne veut pas<br />

parler.<br />

En 1939, apparut sur le marché français une<br />

spécialité pharmaceutique, le "Lambarène" à base<br />

d'un extrait sec de racines de Tabernanthe manii. Il<br />

était dosé à 0,20 g d'extrait par comprimé soit<br />

environ 8 mg d'ibogaïne. Le vulcanologue français<br />

Haroun TAZIEFF, décrit l'expérience qu'il fit du<br />

Lambarène dans son livre : "Le gouffre de la Pierre<br />

St-Martin" (Arnaud Editions) : « Je me hâtais, dopé<br />

au Lambarène, sautant d'un bloc à l'autre avec une<br />

agilité r<strong>et</strong>rouvée... ».<br />

Suite à son utilisation comme dopant en cross, en<br />

cyclisme <strong>et</strong> en alpinisme, il est interdit aux USA<br />

depuis 1960 <strong>et</strong> en France depuis 1966. Selon le<br />

journal Newsweek, en 1962, un héroïnomane,<br />

Howard Lotsof (qui a depuis pu se libérer de la<br />

drogue) a absorbé des capsules d’ibogaïne qui ont<br />

provoqué des hallucinations d’une 30 aine<br />

d’heures. C<strong>et</strong> homme affirme qu’à la fin de ce<br />

« voyage », il ne souffrait pas de manque <strong>et</strong> que son<br />

besoin d’héroïne avait disparu. Il aurait conseillé à<br />

des personnes intoxiquées d’employer également<br />

l’ibogaïne <strong>et</strong> plusieurs dizaines auraient ainsi pu se<br />

libérer de leur dépendance à l’héroïne <strong>et</strong> à la<br />

Dans le traitement des toxicomanes, H. Lotsof donne, par voie orale, une dose unique de 500 mg à<br />

1g de chlorhydrate d'ibogaïne. La séance dure environ… 36 heures (durée comparable à ce que les<br />

<strong>et</strong>hnologues ont observé au cours de l'initiation au Bwiti).<br />

40 « Chez les Mitsogho (<strong>et</strong> les Bapinzi), le Bwiti est strictement réservé aux hommes, <strong>et</strong> les initiés sont<br />

considérés comme Maîtres <strong>et</strong> seuls gardiens du mystère de la connaissance visuelle de l'au-delà qui leur a<br />

été donnée par l'iboga, "l'arbre miraculeux" . C<strong>et</strong>te initiation est indispensable pour la promotion<br />

sociale à l'intérieur de la tribu <strong>et</strong> tout individu incapable de rejoindre le Bwiti est strictement banni<br />

<strong>et</strong> est considéré par tout un chacun comme une femme ». Robert GOUTAREL, Directeur de<br />

Recherche Honoraire au C.N.R.S. + Otto GOLLNHOFER <strong>et</strong> Roger SILLANS, <strong>et</strong>hnologues, C.N.R.S.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 138


Des chercheurs ont confirmé les dires H. Lotsof sur<br />

des rats rendus dépendants à la cocaïne <strong>et</strong> à la<br />

morphine. Par exemple, l’ibogaïne réduit l’autoadministration<br />

intraveineuse de morphine chez le rat<br />

(S.D. Glick. 1991) … Mais on a noté chez ces rongeurs<br />

traités à l’ibogaïne des lésions de neurones au niveau<br />

du cervel<strong>et</strong> (destruction de récepteurs jouant un rôle<br />

dans la dépendance ?).<br />

En 1993, ont commencé des tests sur l’homme afin d’aider au<br />

sevrage de la cocaïne <strong>et</strong> de l’héroïne. On sait que<br />

l'administration d'amphétamine, de cocaïne, de morphine, de<br />

nicotine <strong>et</strong> d'alcool augmente les niveaux de la dopamine<br />

extracellulaire dans le cerveau au niveau du noyau nommé<br />

« nucleus accumbens » <strong>et</strong>, à une moindre degré, dans le<br />

« striatum ».<br />

L’ibogaïne bloque les<br />

stimulations de la dopamine (au<br />

niveau mésolimbique <strong>et</strong> striatal),<br />

induites par la morphine <strong>et</strong> par la<br />

cocaïne (I.M. Maisonneuve. 1991).<br />

Son eff<strong>et</strong> n’est pas spécifique de<br />

la morphine <strong>et</strong> de la cocaïne, elle<br />

Cristal d’ibogaïne.<br />

© Marco Resinovic<br />

est active en présence de toutes<br />

les drogues induisant une<br />

pharmacodépendance. De plus<br />

l'ibogaïne inhibe l'oxydation de<br />

la sérotonine <strong>et</strong> catalyse celle des catécholamines (dont fait partie<br />

la dopamine) par une MAO (= monoamine oxydase), la<br />

cæruloplasmine (B.C. Barrass <strong>et</strong> Coult. 1972). Le LSD produit le<br />

même eff<strong>et</strong>. Ce dernier mécanisme explique que l'ibogaïne <strong>et</strong> le<br />

LSD suppriment le sommeil paradoxal (période des rêves) <strong>et</strong><br />

induit l'apparition des phénomènes hallucinatoires (C. Debru, 1990).<br />

« Même si l'ibogaïne peut être considérée comme un<br />

hallucinogène (onirophrénique), elle n'engendre aucune<br />

pharmacodépendance, <strong>et</strong> il a été prouvé qu'elle supprime la<br />

dépendance aux opiacées, aux amphétamines, à la cocaïne, au<br />

LSD <strong>et</strong> même à l'alcool <strong>et</strong> au tabac ».<br />

Robert GOUTAREL, Directeur de Recherche Honoraire au C.N.R.S. + Otto<br />

GOLLNHOFER <strong>et</strong> Roger SILLANS, <strong>et</strong>hnologues, C.N.R.S.<br />

Fruits de l’Iboga.<br />

Racines de l’Iboga.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 139


Le khat ou kat ou qat:<br />

Dénommé encore quat, kath, cath, miraa,<br />

thé des Abyssins, thé d'Arabie, thé<br />

africain.<br />

L’arbre Catha edulis (famille des<br />

célastracées), pousse en Arabie saoudite,<br />

au Yémen, en Ethiopie <strong>et</strong> en Somalie, à<br />

Madagascar. Son emploi reste très<br />

généralement localisé. La plante se<br />

développe à une altitude de 1500 à 2000<br />

mètres. Ses feuilles (amères), persistantes,<br />

sont vendues sous forme de bottes <strong>et</strong><br />

mastiquées fraîches (3 jours maximum<br />

après la cueill<strong>et</strong>te) depuis des temps<br />

immémoriaux.<br />

« Appelé aussi "la salade" par les<br />

djiboutiens, le khat ou qat est une plante<br />

dont les feuilles contiennent une substance<br />

hallucinogène… Plaisir individuel <strong>et</strong> plus<br />

Dans les pays musulmans, la "botte" est souvent<br />

ach<strong>et</strong>ée le jeudi, le vendredi correspond au<br />

dimanche des pays occidentaux.<br />

souvent de groupe, les hommes Djiboutiens aiment, comme ils le disent si bien, "brouter" durant des<br />

heures… Mâchées longuement <strong>et</strong> mélangées à la salive, le consommateur forme une grosse boule qu'il<br />

garde dans la bouche pendant plusieurs heures… Que de douleurs effacées grâce à l'euphorie<br />

tranquillisante du khat ! Il est le véritable amortisseur de la crise sociale ! Acheminé d'Éthiopie ou du<br />

Yémen par avion spécial, on le r<strong>et</strong>rouve en vente libre à Djibouti. Étalé sur une table <strong>et</strong> recouvert<br />

d'un linge humide pour sa conservation, il n'y a pas d'endroit dans la ville où il ne manque. Du<br />

vendeur sur le marché au préposé du district ou, du policier au chauffeur de taxi, tous entr<strong>et</strong>iennent<br />

une énorme boule qui leur déforme la joue ».<br />

Copyright © east.africa 2001<br />

Les eff<strong>et</strong>s du khat sont similaires à ceux de<br />

l'amphétamine <strong>et</strong> dure jusqu'à 24 heures.<br />

L'utilisation donne soif <strong>et</strong> peut entraîner des<br />

problèmes digestifs (constipation ou<br />

diarrhée, ballonnements).<br />

Le khat induit lors des séances de<br />

"broutage" qui durent en moyenne 5 heures<br />

30 :<br />

1. Une phase tonique :<br />

a) Une disparition de la fatigue, une<br />

anxiolyse avec confiance en soi <strong>et</strong> sensation<br />

de bien-être, une euphorie avec activité<br />

mentale accrue <strong>et</strong> stimulation des interactions sociales durant 1 h 30 à 2 h.<br />

b) Puis une excitation (en particulier sexuelle 41 Feuilles de Khat.<br />

) suivie d’illusions (durée de 4 heures).<br />

41 Il existe « une corrélation significative entre la consommation du khat <strong>et</strong> la recherche du plaisir sexuel<br />

par les consommateurs. En eff<strong>et</strong>, pour 63 % de notre échantillon, l’absorption du khat facilite les rapports<br />

sexuels entre les hommes <strong>et</strong> les femmes alors que 12,7 % pensent le contraire. Il s’agit d’une position<br />

tranchée aussi bien pour les hommes que les femmes même si 24,3 % de l’échantillon estiment ne pas<br />

savoir son influence sur les rapports sexuels ». Thèse de doctorat en Psychologie de Chehem Mohamed<br />

Watta (2003).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 140


2. … suivie d’une phase dépressive :<br />

La plante induit ensuite une grande lassitude, une perte<br />

d'appétit (eff<strong>et</strong> anorexigène) <strong>et</strong> des symptômes<br />

dépressifs (dont les eff<strong>et</strong>s sont contrecarrés par du<br />

café).<br />

Les feuilles <strong>et</strong> tiges contiennent 3 principes actifs : la<br />

cathinone (aminophénylpropanone), la cathine<br />

(norpseudoéphédrine) <strong>et</strong> la noréphédrine. Quand les<br />

feuilles sèchent, le cathinone est converti en cathine.<br />

Ces substances ont des eff<strong>et</strong>s similaires à ceux des<br />

amphétamines.<br />

La m<strong>et</strong>hcathinone ou "méthylcathinone" ou<br />

éphédrone est la molécule synthétisée en laboratoire <strong>et</strong><br />

désignée aux Etats Unis sous les termes de "cat",<br />

"goob", "Jeff", "speed", "bathtub", "speed", "mulka",<br />

"gagers", "The C", "wild cat", "wonder star", "Cadillac<br />

express", "ephedrone". Elle a été classée sur la liste des<br />

stupéfiants, en 1992. Elle peut être ingérée, fumée en<br />

pipe, sniffée ou injectée. Elle aurait un potentiel<br />

addictif similaire à celui du crack.<br />

« Beaucoup d'entre eux l'utilisaient en sniff. Le sniff était<br />

suivi d'une euphorie <strong>et</strong> d'une excitation ainsi que d'un<br />

accroissement de la perception visuelle. Un tel usage<br />

Feuilles de Khat.<br />

produisait pendant 5 à 8 heures une augmentation de l'énergie, des sentiments d'endurance <strong>et</strong> d'invincibilité,<br />

un accroissement du désir sexuel. Des doses plus importantes semblent produire un eff<strong>et</strong> plus "trippant",<br />

avec des eff<strong>et</strong>s visuels plus prononcés <strong>et</strong> même des hallucinations. L'usage était fréquemment accompagné<br />

de maux de tête, de crampes abdominales, de sudation <strong>et</strong> de tachycardie ».<br />

Extrait de Substance abuse. A comprehensive textbook. Third edition., Lowinson J.H., Ruiz P.,<br />

Millman R.B., Langrod J.G., Williams & Wilkins, USA, 1997, p 268.<br />

« Comme l'a indiqué le Professeur Patrick Mura devant la commission, le marché clandestin<br />

français voit aujourd'hui arriver le yagé, le cohoba, l'iboga ou l'haïwachka, qui sont des<br />

lianes hallucinogènes d'Afrique ou d'Amérique, mais aussi le khat <strong>et</strong> le kava, utilisés<br />

notamment en Nouvelle-Calédonie, le peyotl <strong>et</strong> la psilocybine, champignons hallucinogènes<br />

de plus en plus consommés en France ».<br />

De telles substances exotiques sont d'un accès très facile pour qui possède un accès à<br />

Intern<strong>et</strong> : de nombreux sites étrangers les proposant à la vente sans risquer d'être poursuivis<br />

par les autorités nationales, il est aisé d'en passer commande <strong>et</strong> de se les faire livrer par colis<br />

postal. Souvent très concentrées en produits actifs, elles ont été très peu étudiées <strong>et</strong> leurs<br />

eff<strong>et</strong>s sont largement inconnus.<br />

Sénat 2003 http://www.senat.fr/rap/r02-321-1/r02-321-16.html<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 141


Le bétel :<br />

Le poivrier bétel (Piper b<strong>et</strong>le) est une<br />

liane d’Indonésie largement cultivée en<br />

Asie.<br />

Ses feuilles coriaces <strong>et</strong> vert foncé sont<br />

traitées au lait de chaux <strong>et</strong> enroulées<br />

autour d’un morceau de noix d’arec.<br />

"Ces gens mâchent presque toujours un<br />

fruit qu'ils nomment arec <strong>et</strong> qui<br />

ressemble à une poire. Ils le coupe en<br />

quatre <strong>et</strong> en enveloppent chaque<br />

morceau dans la feuille d'un arbre<br />

appelé b<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> qui est semblable à<br />

celle du laurier. Ils se fourrent cela<br />

dans la bouche, <strong>et</strong> après l'avoir bien<br />

mastiqué, ils le crachent. Leur bouche<br />

en devient toute rouge. Tous ces gens<br />

utilisent ce fruit pour se restaurer le<br />

cœur".<br />

Antonio Pigaf<strong>et</strong>ta,<br />

voyageur aux Philippines, 16ème siècle.<br />

Les feuilles peuvent aussi être réduites<br />

en poudre dont on fait une pâte épaisse.<br />

On y ajoute un broyât de noix d’arec <strong>et</strong><br />

du lait de chaux.<br />

Le mélange ou « bétel », d’usage très<br />

ancien, est utilisé en orient <strong>et</strong><br />

particulièrement en Inde, à Zanzibar, en<br />

Thaïlande, en Indonésie, au Cambodge,<br />

en Chine <strong>et</strong> à Taiwan, au Vi<strong>et</strong>nam <strong>et</strong> en<br />

Malaisie.<br />

Il est mastiqué <strong>et</strong> provoque un eff<strong>et</strong><br />

tonique <strong>et</strong> une légère sensation<br />

d’ivresse. Il teinte la salive en rouge.<br />

A la longue la mastication du produit<br />

déchausse les dents.<br />

COMPLEMENT : Nous allons<br />

maintenant présenter 2 plantes qui,<br />

sans être utilisées comme des<br />

drogues actuellement, peuvent<br />

entraîner des hallucinations.<br />

Image extraite du livre de Georges BECKER :<br />

« Plantes toxiques ». Editions Gründ, 1986.<br />

Vendeuse de b<strong>et</strong>tel (pinlang) par une jeune fille<br />

courtement vêtue, une pinlang Mei, à Taiwan.<br />

http://stephfer.free.fr/noix%20de%20b<strong>et</strong>el.htm<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 142


La belladone :<br />

... ou « Belle Dame » ou « Bouton noir » (Atropa<br />

belladonna) est une plante herbacée vivace de la<br />

famille de la tomate (famille des Solanacées). Ses<br />

buissons d’une taille de 50 cm à 2 mètres de hauteur<br />

se rencontrent dans les chemins forestiers <strong>et</strong> les<br />

clairières ainsi que dans les lieux incultes au sol<br />

calcaire. Les feuilles sont alternes à la partie<br />

inférieure de la plante <strong>et</strong> disposées par 2 (une grande<br />

<strong>et</strong> une p<strong>et</strong>ite) à la partie supérieure.<br />

La plante produit en mai-juin de grandes fleurs solitaires<br />

pourpres ou violacées puis, d’août à octobre,<br />

des baies brillantes ressemblant à des cerises de 1 à 2<br />

cm de diamètre. Ces baies vertes puis noires sont<br />

entourées d’un calice vert en forme d’étoile. Le suc<br />

du fruit ressemble au jus de cassis.<br />

Son nom latin « Atropa » est celui de l’aînée des 3<br />

parques qui tranchait le fil de la vie. Belladonna =<br />

« belle dame »... celles de la renaissance s’en<br />

enduisaient les paupières avant le bal afin de dilater<br />

leurs prunelles.<br />

C’est l’un des ingrédients avec la jusquiame, le<br />

datura <strong>et</strong> la mandragore 42 (toutes 3 à eff<strong>et</strong>s<br />

hallucinatoires… cf. Jeanne d’Arc ?) de la fameuse<br />

"pommade des sorcières" … c<strong>et</strong>te pommade qui,<br />

lorsqu’on s’en enduisait les muqueuses, faisait<br />

« planer »…. Voir page suivante.<br />

Toute la plante <strong>et</strong> en particulier les fruits<br />

renferment :<br />

Atropa belladon(n)a<br />

ou « Tollkirsche » = « cerise folle » en<br />

allemand.<br />

Image extraite du livre de Georges BECKER :<br />

« Plantes toxiques ». Editions Gründ, 1986.<br />

* de l’hyoscyamine (qui, comme antagoniste de l’acétylcholine, induit une accélération du<br />

rythme cardiaque <strong>et</strong> une hypertension, une mydriase <strong>et</strong> une dilatation des bronches, une<br />

diminution des contractions intestinales ainsi qu’une baisse de toutes les sécrétions : sudorale,<br />

lacrymale, salivaire, nasale, bronchique, gastrique). L’hyocyamine est également présente dans<br />

le datura <strong>et</strong> la jusquiame.<br />

* <strong>et</strong> son isomère l’atropine qui possède les mêmes propriétés mais à un degré moindre <strong>et</strong> est aussi<br />

présente dans le datura <strong>et</strong> la jusquiame.<br />

* de la scopolamine (à eff<strong>et</strong> sédatif, source d’amnésies, de perte de volonté <strong>et</strong> d’hallucinations).<br />

Elle est aussi particulièrement abondante dans le datura mais se r<strong>et</strong>rouve aussi dans la jusquiame.<br />

Maux de tête <strong>et</strong> nausées peuvent survenir rien qu’en respirant la plante.<br />

3 ou 4 baies chez l’enfant <strong>et</strong> 10 à 15 baies chez l’adulte peuvent être mortelles.<br />

Ces fruits ont tué tous les soldats (160) du 12 ème régiment d’infanterie le 1er septembre 1825.<br />

Les escargots s’étant nourris des baies deviennent toxiques. Des oiseaux comme les grives<br />

musiciennes <strong>et</strong> les insectes comme les doryphores en mangent sans être incommodés.<br />

42 La mandragore est considérée comme aphrodisiaque <strong>et</strong> sa racine à parfois une forme anthropoïde.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 143


Evolution :<br />

* Les symptômes débutent par des maux de tête accompagnés de troubles digestifs (nausées <strong>et</strong><br />

vomissements), une sécheresse de la bouche (avec soif intense), une rougeur de la face <strong>et</strong> du cou.<br />

* Une agitation avec logorrhée, euphorie, pleurs spasmodiques, état de chorée, ataxie (= trouble de la<br />

coordination motrice comme en état d’ivresse). Délire <strong>et</strong> hallucinations visuelles <strong>et</strong> auditives avec<br />

dilatation des pupilles <strong>et</strong> photophobie. Augmentation des rythmes respiratoire <strong>et</strong> cardiaque,<br />

accroissement de la pression sanguine <strong>et</strong> élévation de la température (hyperthermie).<br />

* Convulsions. Paralysie de + en + nombreuses y compris des muscles respiratoires aboutissant à la<br />

mort.<br />

Traitement : Laver mains <strong>et</strong> bouche. Faire vomir le suj<strong>et</strong>. Il fait appel, en milieu médical, au lavage<br />

d’estomac, à du charbon activé <strong>et</strong> à la physostigmine (2 mg toutes les 20 minutes).<br />

Le datura officinal :<br />

... ou stramoine ou « pomme épineuse » ou<br />

« herbe aux sorciers » ou « herbe aux<br />

magiciens » ou « herbe au diable » (Datura<br />

stramonium) est une plante herbacée<br />

annuelle de 50 cm à 1 mètre. Elle appartient<br />

à la famille de la tomate (= famille des<br />

Solanacées).<br />

Toute la plante, mais surtout les feuilles <strong>et</strong><br />

les graines, contient de l’hyoscyamine, de la<br />

scopolamine <strong>et</strong> de l’atropine tout comme la<br />

belladone. Le Datura était utilisé par des<br />

bandes de « détrousseurs » à Paris au 18 ème<br />

siècle <strong>et</strong> l’est encore actuellement en<br />

Colombie.<br />

Elle provoque après ingestion : une soif<br />

intense, une congestion de la face, une<br />

mydriase, une tachycardie, une<br />

hypertension, des céphalées, des vertiges <strong>et</strong><br />

un affaiblissement de la sensibilité.<br />

A plus forte dose apparaissent des<br />

hallucinations fantastiques.<br />

A très forte dose elle induit un délire, des<br />

convulsions, une paralysie des membres<br />

suivie d’un coma conduisant à la mort.<br />

Elle était très utilisée autrefois par les<br />

sorciers : elle entrait dans la composition de<br />

breuvages lors des sabbats <strong>et</strong> était censée perm<strong>et</strong>tre de voir le diable.<br />

Autres plantes hallucinogènes :<br />

DATURA :<br />

Dessin extrait de « Quelle est donc c<strong>et</strong>te fleur » de D. Aichele.<br />

Editions Fernand Nathan.<br />

* La mandragore qui, associée à la belladone au datura <strong>et</strong> à la jusquiame (c<strong>et</strong>te dernière renfermant<br />

également de l’hyoscyamine, de la scopolamine <strong>et</strong> de l’atropine), entrait dans la composition de la<br />

« pommade des sorcières ». Celle-ci appliquée sur la peau ou les muqueuses pouvait induire des<br />

hallucinations de voyage dans les airs... Ce serait l’origine de la légende des sorcières volant sur<br />

des balais.<br />

* Un champignon : l’amanite tue-mouches mastiquée lors de cérémonies rituelles par les<br />

Koryèques = Koryaks au Kamtchatka.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 144


V- DONNEES STATISTIQUES<br />

Les jeunes de 17-18 ans vivant en France ont dépensé en moyenne, par mois, près de<br />

94 millions d'euros en 2003 pour leur consommation de cannabis, de tabac <strong>et</strong> d'alcool,<br />

soit la moitié de leurs revenus mensuels, selon une étude de l'Observatoire français<br />

des drogues <strong>et</strong> <strong>toxicomanies</strong> (OFDT) publiée le 4 octobre 2004.<br />

A) L'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants publie en<br />

2002 les chiffres suivants :<br />

22,8 % des 18-75 ans ont expérimenté le cannabis au cours de leur vie 43 ; 2,0 %<br />

ont expérimenté la cocaïne 44 ; 1,4 % ont expérimenté les amphétamines ; 0,8 %<br />

ont expérimenté l’ecstasy 45 ; 0,7 % ont expérimenté l’héroïne 46 .<br />

90 000 est le nombre estimé de personnes par mois sous traitement de<br />

substitution au cours de l’année 2002<br />

Selon les sources, 30 à 60 % des consommateurs d’héroïne <strong>et</strong> 30 % à 55 % des<br />

consommateurs de cocaïne pratiquent l’injection.<br />

97 décès par surdoses ont été recensés en 2002,<br />

niveau le plus bas jamais atteint.<br />

240 nouveaux cas de sida <strong>et</strong> 199 décès chez<br />

les usagers de drogues par voie injectable.<br />

96 740 interpellations pour infraction à la législation dont 84 % concernent des faits<br />

d’usage. 65 907 saisies ont été opérées en France, le produit le plus couramment saisi<br />

étant le cannabis.<br />

Le prix médian du gramme d’héroïne blanche est de 80 €, 53 € pour l’héroïne brune. Le<br />

comprimé d’ecstasy est vendu en moyenne à 11,3 €.<br />

Le prix moyen du gramme de cocaïne varie de 52 à 91 € selon les sites.<br />

21448 condamnations pour<br />

infraction à la législation sur les drogues<br />

ont été prononcées en 2001, soit 6% de<br />

moins qu’en 2000.<br />

Près des ¾ des<br />

condamnations pour ILS en infraction<br />

principale se traduisent par une peine<br />

d’emprisonnement, la moitié d’entre<br />

elles bénéficiant d’un sursis total. Bien<br />

que l’emprisonnement ferme pour<br />

usage de stupéfiants ait n<strong>et</strong>tement<br />

diminué, on constate que ce recours fait<br />

toujours partie de la pratique judiciaire<br />

(pour 1 077 cas d’usage<br />

l’emprisonnement ferme a été r<strong>et</strong>enu).<br />

Les autres peines prononcées<br />

sont essentiellement des peines<br />

d’amende (utilisées dans 1/3 des<br />

condamnations pour usage illicite de<br />

stupéfiants) <strong>et</strong> les peines de substitution<br />

ou les mesures éducatives (10,5 % de<br />

l’ensemble des condamnations pour ILS<br />

<strong>et</strong> 15 % dans l’ensemble des condamnations pour usage).<br />

43 23, 7 % pour les 12 -75 ans d’après l’enquête ESCAPAD 2003.<br />

44 2,2 % pour les 12 -75 ans d’après l’enquête ESCAPAD 2003.<br />

45 1,1 % pour les 12 -75 ans d’après l’enquête ESCAPAD 2003.<br />

46 0,9 % pour les 12 -75 ans d’après l’enquête ESCAPAD 2003.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 145


B) Rapport de l'OFDT : "Résultats des enquêtes ESCAPAD 2002 <strong>et</strong> 2003"<br />

respectivement publiés le 20 octobre 2003 <strong>et</strong> le 4 octobre 2004.<br />

Introduction<br />

Les statistiques présentées ci-dessous portent sur la consommation de l'ensemble des produits.<br />

Elles sont issues de 2 enquête réalisées les 4 <strong>et</strong> 15 mai 2002 <strong>et</strong> les 10 <strong>et</strong> 14 mai 2003, lors des<br />

Journées d'Appel de Préparation à la Défense. Enquêtes auprès respectivement de 16668<br />

adolescents des deux sexes (8341 garçons <strong>et</strong> 8327 filles) âgés de 17 à 19 ans en 2002 <strong>et</strong> de<br />

15387 adolescents des deux sexes (7725 garçons <strong>et</strong> 7662 filles) âgés de 17-18 ans.<br />

Statistiques d'expérimentation chez les jeunes de 17-19 ans en 2002 <strong>et</strong> 2003<br />

Ces statistiques sont des statistiques "d'expérimentation", c'est à dire quelles mesurent le<br />

pourcentage de personnes d'une population visée qui ont consommé un produit psychoactif au moins<br />

une fois dans leur vie.<br />

Le tableau ci-dessous présente les niveaux d’expérimentation de substances psychoactives<br />

chez les jeunes de 17 à 19 ans en 2002 <strong>et</strong> de 17-18 ans en 2003, en France.<br />

L’expérimentation de produits licites <strong>et</strong> illicites à 17-19 ans en 2002 <strong>et</strong> à 17-18 ans en 2003 :<br />

2002 2003<br />

Filles Garçons Ensemble Filles Garçons Ensemble<br />

alcool 93,1 % 94,1 % 93,6 % 92,8 % 93,8 % 93,3 %<br />

tabac 80,0 % 77,3 % 78,6 % 79,3 % 75,9 % 77,6 %<br />

cannabis 48,9 % 58,3 % 53,7 % 49,7 % 56,2 % 53,0 %<br />

médicaments<br />

psychotropes<br />

produits à<br />

inhaler<br />

33,7 % 13,6 % 23,6 % 37,9 % 15,5 % 26,5 %<br />

4,6 % 6,9 % 5,8 % 4,1 % 5,2 % 4,7 %<br />

poppers 4,1 % 6,4 % 5,2 % 3,7 % 5,3 % 4,5 %<br />

champignons<br />

hallucinogène<br />

s<br />

2,6 % 6,7 % 4,7 % 2,6 % 5,9 % 4,3 %<br />

ecstasy 3,3 % 6,0 % 4,7 % 3,0 % 5,2 % 4,2 %<br />

amphétamines 1,6 % 2,9 % 2,3 % 1,5 % 3,0 % 2,3 %<br />

cocaïne 1,4 % 2,7 % 2,0 % 1,7 % 2,8 % 2,3 %<br />

LSD 1,0 % 2,1 % 1,6 % 0,9 % 1,9 % 1,4 %<br />

héroïne 0,6 % 1,4 % 1,0 % 0,8 % 1,3 % 1,1 %<br />

crack 0,4 % 1,0 % 0,7 % 0,7 % 1,0 % 0,9 %<br />

kétamine ? ? ? 0,4 % 0,7 % 0,6 %<br />

Subutex® ? ? ? 0,6 % 0,9 % 0,8 %<br />

GHB ? ? ? 0,3 % 0,5 % 0,4%<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 146


Mis à part le tabac (niveau équivalent pour les deux sexes) <strong>et</strong> les médicaments psychotropes<br />

(chiffre plus élevé pour les filles) on observe que les garçons sont toujours plus expérimentateurs que<br />

les filles. L’expérimentation de l’alcool intervient tôt, sans que les enquêtés puissent en général en<br />

préciser le moment. Le premier verre est souvent bu en famille. Les expérimentations les plus<br />

précoces sont ensuite, dans l’ordre, la cigar<strong>et</strong>te (avant 14 ans pour les deux sexes), suivie des<br />

produits à inhaler <strong>et</strong> de l’entrée dans le tabagisme quotidien (entre 14 <strong>et</strong> 15). Les expérimentations<br />

suivantes sont celles des médicaments psychotropes, du cannabis <strong>et</strong> de l’ivresse alcoolique. Ces deux<br />

dernières interviennent juste après 15 ans.<br />

Viennent ensuite les autres drogues illicites, en moyenne après ou autour de l’âge de 16 ans.<br />

Statistiques de consommation chez les jeunes de 17-19 ans en 2002 <strong>et</strong> 17-18 en 2003<br />

Consommation sur le mois écoulé :<br />

Les statistiques qui suivent sont des statistiques de consommation se référant aux 30 derniers<br />

jours.<br />

Le tableau ci-dessous présente les niveaux de consommation de substances psychoactives chez<br />

les jeunes de 17 à 19 ans en 2002 <strong>et</strong> de 17-18 ans en 2003, en France, ayant consommé au<br />

moins une fois sur le mois écoulé.<br />

La consommation de produits licites <strong>et</strong> illicites à 17-19 ans en 2002 <strong>et</strong> à 17-18 ans en 2003<br />

au cours des 30 derniers jours :<br />

2002 2003<br />

Filles Garçons Ensemble Filles Garçons Ensemble<br />

alcool 73,2 % 83,1 % 79,2 % 76,2 % 84,1 % 80,2 %<br />

tabac 50,4 % 49,9 % 50,1 % 48,2 % 47,3 % 47,7 %<br />

cannabis 27,1 % 42,1 % 34,8 % 26,3 % 37,9 % 32,3 %<br />

médicaments<br />

psychotropes<br />

15,0 % 4,6 % 9,8 % 18,0 % 5,8 % 11,8 %<br />

ecstasy 1,5 % 2,5 % 2,0 % 1,0 % 2,2 % 1,6 %<br />

champignons<br />

hallucinogènes<br />

0,5 % 1,8 % 1,2 % 0,6 % 1,4 % 1,0 %<br />

poppers 1,0 % 1,3 % 1,1 % 0,7 % 1,3 % 1,0 %<br />

amphétamines 0,7 % 1,1 % 0,9 % 0,6 % 1,2 % 0,9 %<br />

produits à inhaler 0,6 % 1,0 % 0,8 % 0,5 % 0,9 % 0,7 %<br />

cocaïne 0,6 % 0,9 % 0,7 % 0,6 % 1,2 % 0,9 %<br />

LSD 0,3 % 0,6 % 0,4 % 0,3 % 0,7 % 0,5 %<br />

héroïne 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,5 % 0,4 %<br />

crack 0,1 % 0,2 % 0,2 % 0,2 % 0,4 % 0,3 %<br />

Ecstasy<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 147


Consommation régulière :<br />

Nous appelons "consommation régulière" une consommation :<br />

• quotidienne pour le tabac<br />

• égale ou supérieure à 10 prises au cours des 30 derniers jours pour les autres drogues.<br />

Le tableau ci-dessous présente les niveaux de consommation régulière de quelques substances<br />

psychoactives chez les jeunes de 17 à 19 ans en 2002 <strong>et</strong> de 17-18 ans en 2003, en France.<br />

La consommation régulière de produits licites <strong>et</strong> illicites à 17-19 ans en 2002 <strong>et</strong> 17-18 ans en 2003<br />

2002 2003<br />

Filles Garçons Ensemble Filles Garçons Ensemble<br />

tabac 42,0 % 42,1 % 42,0 % 7,5 % 21,0 % 14,4 %<br />

cannabis 8,0 % 21,2 % 14,7 % 39,9 % 40,2 % 40,0 %<br />

alcool 6,0 % 18,5 % 12,4 % 7,6 % 17,9 % 12,9 %<br />

médicaments<br />

psychotropes<br />

4,1 % 1,1 % 2,6 % 4,7 % 1,3 % 2,9 %<br />

Pour les autres produits, les niveaux sont trop faibles pour qu’on puisse établir des niveaux<br />

d’usage régulier.<br />

Commentaires par produit<br />

Tabac : expérimentation très répandue <strong>et</strong> large consommation<br />

Le tabac est le produit pour lequel la différence sexuelle est la moins marquée dans les<br />

consommations. 8 jeunes sur 10 âgés entre 17 <strong>et</strong> 19 ans ont expérimenté le tabac <strong>et</strong> 4 sur 10<br />

fument tous les jours.<br />

Environ 1 jeune sur 10 présente des signes de forte dépendance au tabac (combinaison du fait de<br />

fumer plus de 20 cigar<strong>et</strong>tes par jour <strong>et</strong> de fumer sa 1ère cigar<strong>et</strong>te dès le réveil ou avant de quitter<br />

son domicile) ; les garçons sont un peu plus nombreux à faire partie de ce groupe que les filles.<br />

Alcool : expérimentation banalisée mais consommation très masculine<br />

L’expérimentation de l’alcool chez les 17-19 ans concerne 9 jeunes sur dix.<br />

En dehors de l’expérimentation, la différenciation sexuelle est marquée concernant les<br />

consommations : plus le niveau de consommation augmente plus la différence garçons/filles<br />

croît. Un peu plus de 8 garçons sur dix en 2002 <strong>et</strong> 2003 <strong>et</strong> un peu plus de 6 filles sur dix en 2002<br />

<strong>et</strong> le même niveau que les garçons en 2003 déclarent avoir bu de l’alcool au cours du dernier<br />

mois. Trois fois plus de garçons (18,5 % en 2002, 21 % en 2003) que de filles (6,0 % en 2002,<br />

7,5 % en 2003) ont une consommation régulière d’alcool (plus de 10 usages au cours du<br />

dernier mois). La consommation des jeunes a lieu plus particulièrement le week-end. La<br />

consommation de bières fortes (titrant entre 8°<strong>et</strong> 12°<strong>et</strong> vendue en can<strong>et</strong>tes de 50 cl) concerne<br />

surtout les garçons ; dans ce dernier cas la différence entre les sexes est encore plus marquée.<br />

Concernant l’ivresse, entre 17 <strong>et</strong> 19 ans, 2 garçons sur 3 <strong>et</strong> 1 fille sur 2 déclarent en avoir déjà fait<br />

l’expérience.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 148


Cannabis : large expérimentation <strong>et</strong> diversités des consommations<br />

Commentaire 2002 : Le cannabis est, de loin, la substance illicite la plus fréquemment<br />

expérimentée : plus de la moitié des 17-19 ans (environ 5 filles sur 10 <strong>et</strong> 6 garçons sur 10)<br />

déclarent en avoir déjà fumé au cours de leur vie. C<strong>et</strong>te expérimentation augmente avec l’âge :<br />

entre 17 <strong>et</strong> 19 ans elle croît de 12 points chez les filles <strong>et</strong> de 10 points chez les garçons.<br />

L’usage au cours de l’année concerne 41,5 % des filles <strong>et</strong> 53 % des garçons de 17-19 ans.<br />

Les chiffres de l’usage au cours du dernier mois sont de 27,1 % pour les filles <strong>et</strong> 42,2 % pour les<br />

garçons. Enfin, 8,0 % des filles <strong>et</strong> 21,2 % des garçons déclarent plus de 10 usages de<br />

cannabis par mois (usage régulier). En 2002, l’usage régulier de cannabis des 17-19 ans est<br />

donc aussi fréquent que celui d’alcool. Parmi les usagers réguliers, 97,0 % des 17-19 ans<br />

déclarent avoir déjà consommé du cannabis avant midi <strong>et</strong> 89,6 % en avoir déjà consommé seul.<br />

On note une différence entre les sexes mais celle-ci est moins marquée pour l’usage de cannabis<br />

que pour celui d’alcool.<br />

Commentaire 2003 : À 17-18 ans, 49,7 % des filles <strong>et</strong> 56,2 % des garçons déclarent avoir déjà<br />

consommé du cannabis au cours de leur vie. Contrairement à celle de l’alcool <strong>et</strong> de la cigar<strong>et</strong>te,<br />

déjà largement répandus à la fin de l’adolescence, <strong>et</strong> de façon plus importante que pour les<br />

médicaments psychotropes, l’expérimentation de cannabis est liée à l’âge : de 17 à 18 ans, la<br />

proportion d’expérimentateurs augmente de 5 points chez les filles <strong>et</strong> de presque 6 points chez les<br />

garçons.<br />

Les usages au cours des 12 derniers mois ou des 30 derniers jours s’avèrent cependant d’un<br />

niveau similaire à 17 <strong>et</strong> 18 ans. La différence sexuelle est assez marquée aussi bien pour l’usage<br />

au cours de la vie que pour des usages plus récents ; toutefois, même supérieurs à ceux observés<br />

pour le tabac, les écarts entre les sexes sont inférieurs à ceux mesurés pour l’alcool, les ivresses<br />

ou même les médicaments psychotropes.<br />

L’écart entre les sexes se creuse pour les fréquences d’usages les plus élevées, sans toutefois<br />

atteindre ceux mesurés pour l’alcool ou les médicaments psychotropes : il y a, à 17-18 ans, 2,4<br />

fois plus de garçons que de filles qui sont usagers réguliers (17,9 % vs 7,6 %), <strong>et</strong> 2,7 fois plus<br />

qui sont usagers quotidiens (7,9 % vs 2,9 %).<br />

Médicaments psychotropes :<br />

consommation surtout féminine<br />

A 17-19 ans, l’expérimentation des médicaments<br />

psychotropes, c'est-à-dire le fait d’avoir déjà pris<br />

des médicaments pour les nerfs ou pour dormir,<br />

concerne n<strong>et</strong>tement plus de filles que de garçons :<br />

* respectivement 33,7 % <strong>et</strong> 13,5 % en 2002 (pour les 17-19 ans)<br />

* respectivement 37,9 % <strong>et</strong> 15,5 % en 2003 (pour les 17-18 ans).<br />

Commentaire 2002 : Une prescription médicale est à l’origine de la dernière prise de<br />

médicaments psychotropes dans la moitié des cas. Presque aussi souvent, ce sont les parents ou<br />

l’intéressé lui-même qui ont décidé de c<strong>et</strong>te prise. Quant aux motifs, les garçons citent en priorité<br />

« pour dormir », tandis que la motivation « contre le stress » arrive en tête chez les filles.<br />

Commentaire 2002 : Une fois sur deux, un médecin se trouve à l’origine de la dernière prise de<br />

ces médicaments psychotropes, un parent, plus d’une fois sur quatre.<br />

Garçons <strong>et</strong> filles avancent des raisons différentes pour justifier leur dernière prise. Parmi les<br />

garçons, le désir d’avoir un sommeil de meilleure qualité, le désir très général de se soigner <strong>et</strong> les<br />

motifs « festifs » comme le désir de se stimuler ou de faire la fête sont plus fréquents. Parmi les<br />

filles, en revanche, c’est le désir de lutter contre le stress qui est surtout mis en avant. Les filles<br />

semblent davantage stressées que les garçons.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 149


Autres substances illicites : expérimentations fortement liées à l’âge :<br />

Commentaire 2002 :<br />

Les produits à inhaler, tels que les colles <strong>et</strong> les solvants, <strong>et</strong> le poppers sont les substances illicites<br />

les plus couramment expérimentées après le cannabis. Elles se situent devant les champignons<br />

hallucinogènes <strong>et</strong> l’ecstasy.<br />

D’autres produits peuvent être consommés plus tardivement comme le LSD ou la cocaïne.<br />

Certains demeurent extrêmement rares comme l’héroïne ou le crack.<br />

A l’exception de ces 2 dernières substances, les expérimentations sont liées à l’âge <strong>et</strong> augmentent<br />

entre 17 <strong>et</strong> 19 ans. Les niveaux d’expérimentation des filles sont<br />

toujours inférieurs à ceux des garçons.<br />

Pour tous ces produits les niveaux sont trop faibles pour qu’on<br />

puisse établir des niveaux d’usage régulier.<br />

Commentaire 2003 :<br />

Les substances illicites (ou détournées de leur usage) autres que le<br />

cannabis les plus souvent expérimentées à 17-18 ans sont, dans<br />

l’ordre :<br />

• les produits à inhaler, tels que les colles <strong>et</strong> les solvants (4,7<br />

%),<br />

• l’ecstasy (4,2 %),<br />

• les poppers (4,5 %),<br />

• les champignons hallucinogènes (4,3 %),<br />

• les amphétamines (2,3 %),<br />

• la cocaïne (2,3 %)<br />

Les niveaux d’expérimentation déclarés par les filles sont assez<br />

faibles (toujours inférieurs à 5 %), culminant pour les produits à inhaler <strong>et</strong> les poppers. Ceux<br />

observés pour les garçons sont toujours plus élevés, mais restent également relativement bas<br />

(inférieurs à 6 %, ce maximum étant atteint pour les champignons hallucinogènes).<br />

Kétamine, Subutex® <strong>et</strong> GHB sont des produits très rares, consommés dans des populations<br />

particulières.<br />

Toutes les expérimentations sont liées à l’âge <strong>et</strong> augmentent significativement de 17 à 18 ans :<br />

autrement dit, ces expérimentations ont fréquemment lieu après 17 ans. Les niveaux<br />

d’expérimentation des filles sont toujours inférieurs à ceux des garçons.<br />

Pour tous ces produits les niveaux sont trop faibles pour qu’on puisse établir des niveaux d’usage<br />

régulier.<br />

Kétamine<br />

Timbres de LSD<br />

Poppers<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 150


Evolution des consommations de 2000 à 2003 pour les jeunes de 17 ans :<br />

La comparaison des enquêtes ESCAPAD 2000 <strong>et</strong> 2003 pour les garçons <strong>et</strong> les filles de 17 ans<br />

perm<strong>et</strong> de mesurer un eff<strong>et</strong> génération « pur », c’est-à-dire affranchi de tout eff<strong>et</strong> âge<br />

puisque ce dernier est constant.<br />

Si l’on considère l’ensemble de la période 2000 <strong>et</strong> 2003, on peut r<strong>et</strong>enir parmi les faits<br />

marquants une n<strong>et</strong>te baisse de l’usage de tabac, une augmentation des consommations<br />

d’alcool <strong>et</strong> de médicaments psychotropes, ainsi qu’une hausse des usages de cannabis sur<br />

c<strong>et</strong>te période.<br />

Ce dernier mouvement masque un infléchissement récent (par rapport à 2002) des usages<br />

réguliers, en particulier pour les garçons.<br />

. Tableau de consommation régulière :<br />

Evolution 2000-2003 du niveau d’usage régulier de tabac, d’alcool, de cannabis <strong>et</strong> de<br />

médicaments psychotropes à 17 ans :<br />

2000 2002 2003<br />

tabac : usage quotidien 41,1 % 39,5 % 37,6 %<br />

alcool : plus de 10 usages / mois 10,9 % 12,6 % 14,5 %<br />

cannabis : plus de 10 usages / mois 10,0 % 12,3 % 10,6 %<br />

médicaments : plus de 10 usages / mois 1,8 % 2,1 % 2,8 %<br />

Tabac : légère baisse des usages occasionnel <strong>et</strong> quotidien<br />

Entre 2000 <strong>et</strong> 2003, l’expérimentation de tabac est restée stable parmi les filles comme parmi les<br />

garçons. En revanche, le tabagisme actuel (fumeurs occasionnels <strong>et</strong> quotidiens) a n<strong>et</strong>tement baissé.<br />

La baisse amorcée entre 2000 <strong>et</strong> 2002 est donc<br />

largement confirmée par les données 2003. Les<br />

hausses régulières des prix des produits de<br />

l’industrie du tabac contribuent à la diminution<br />

de leur consommation.<br />

Alcool : expérimentation stable, usages<br />

en hausse chez les garçons<br />

Les niveaux d’expérimentation d’alcool sont<br />

similaires pour les deux années. La hausse des<br />

usages n’est significative que pour les garçons.<br />

Ils sont, en 2003, 21,2 % au lieu de 16,0 %<br />

en 2000 à être des buveurs réguliers (au moins 10 consommations par mois). Il y a en 2003<br />

environ 3 fois plus de garçons dans c<strong>et</strong>te catégorie (21,2 %) que de filles (7,4 %).<br />

L’expérimentation de l’ivresse est stable : elle continue de concerner près de cinq filles sur dix<br />

(47,6 % en 2003 <strong>et</strong> 49,5 % en 2000) <strong>et</strong> un peu plus de six garçons sur dix (64,3 % en 2003 contre<br />

65,4 % en 2000).<br />

Cannabis : hausse de l'usage pour les filles <strong>et</strong> recul récent mais encore faible de l'usage<br />

pour les garçons<br />

Mesuré pour la génération des 17 ans, le niveau d’expérimentation a doublé entre 1993 <strong>et</strong> 1999,<br />

c<strong>et</strong>te évolution s’étant inversée à partir de 2002 parmi les garçons. L’augmentation annuelle<br />

moyenne entre 1993 <strong>et</strong> 2002 était environ de 3,2 points pour les filles <strong>et</strong> de 3,3 points pour les<br />

garçons. La baisse observée entre 2002 <strong>et</strong> 2003 apparaît du même ordre pour les garçons (3,2<br />

points à 18 ans) même si elle n’est pas significative à 17 ans. Il est probable que la croissance<br />

observée au cours des années 1990 se soit achevée en 2002, vu les niveaux atteints qui situent la<br />

France en tête des pays européens.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 151


L’usage occasionnel (au moins une fois au cours de<br />

l’année) du cannabis qui avait connu une hausse du<br />

même ordre que celle de l’expérimentation au cours de<br />

la période 1993-2002 montre désormais une<br />

stabilisation parmi les filles de 17 ans autour de 40 % <strong>et</strong><br />

une n<strong>et</strong>te baisse parmi les garçons de 17 ans (46 % en<br />

2003 contre 50 % en 2002).<br />

On r<strong>et</strong>rouve c<strong>et</strong>te tendance de baisse récente assez<br />

forte parmi les garçons <strong>et</strong> de stabilisation parmi les<br />

filles pour les usages au cours du mois <strong>et</strong> les usages<br />

réguliers de cannabis. Désormais, à 17 ans, 14,6 %<br />

des garçons déclarent avoir consommé du cannabis au<br />

moins dix fois au cours des trente derniers jours. C’est<br />

le cas de 6,5% des filles de c<strong>et</strong> âge.<br />

Médicaments psychotropes : n<strong>et</strong>te hausse de l'expérimentation<br />

Entre 2000 <strong>et</strong> 2003, le niveau d’expérimentation a n<strong>et</strong>tement progressé parmi les adolescents de 17 ans<br />

(19,8 % contre 24,7 % en 2003), de même que celui de l’usage au cours de l’année ou encore au cours<br />

du mois, c<strong>et</strong>te augmentation se r<strong>et</strong>rouve parmi les garçons comme parmi les filles.<br />

Les fréquences de l’usage régulier (au moins dix fois au cours des trente derniers jours) à 17 ans<br />

apparaissent toutefois similaires dans les deux enquêtes pour les garçons <strong>et</strong> en hausse significative<br />

pour les filles :<br />

• 4,5 % des filles en 2003 contre 2,6 % en 2000,<br />

• 1,2 % des garçons en 2003 contre 1,0 % en 2000.<br />

Autres substances psychoactives illicites !<br />

Un léger développement de l’expérimentation d’autres<br />

substances est observé entre 2000 <strong>et</strong> 2003.<br />

Parmi ces substances, trois groupes peuvent<br />

schématiquement être isolés :<br />

• les quatre produits les plus consommés qui, quand<br />

on compare aux autres tranches d’âge, sont «<br />

spécifiques » des jeunes (produits à inhaler,<br />

champignons hallucinogènes, poppers, ecstasy),<br />

• deux produits qui sont plutôt consommés plus tard<br />

(amphétamines, cocaïne)<br />

Amphétamines<br />

• <strong>et</strong> trois qui restent plus rares (LSD, héroïne, crack).<br />

Pour l’ecstasy, c<strong>et</strong>te légère hausse entre 2000 <strong>et</strong> 2003 confirme des données <strong>et</strong>hnographiques qui<br />

illustrent une probable diffusion du produit hors des cadres festifs. L’héroïne <strong>et</strong> le crack restent des<br />

produits très rarement consommés par les jeunes.<br />

Quoi qu’il en soit, les niveaux d’usage de toutes ces drogues restent très bas.<br />

La hiérarchie des produits est à peu près la même qu’en 2000, mais certains produits sont en légère<br />

hausse. C’est le cas, pour les deux sexes, de l’ecstasy, des amphétamines <strong>et</strong> de la cocaïne. Si les écarts<br />

sont faibles (variant de 0,5 à 1,3 points entre 2000 <strong>et</strong> 2003), ils n’en sont pas moins tous significatifs.<br />

Les poppers ne voient leur niveau d’expérimentation augmenter significativement que pour les filles<br />

(+ 1 point), tandis que le LSD est le seul produit qui apparaît en légère baisse (parmi les garçons<br />

uniquement). L’héroïne <strong>et</strong> le crack restent au niveau d’expérimentation très bas qu’ils connaissaient<br />

déjà en 2000.<br />

À 17 ans, les produits à inhaler apparaissent aussi consommés en 2003 qu’en 2000, parmi les garçons<br />

comme parmi les filles.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 152


Évolution 2000-2003 de l’expérimentation d’autres substances psychoactives<br />

illicites à 17 ans<br />

2000 2003<br />

produits à inhaler 4,1 % 4,4 %<br />

ecstasy 2,1 % 3,3 %<br />

champignons hallucinogènes 3,1 % 3,5 %<br />

poppers 2,4 % 3,3 %<br />

amphétamines 1,0 % 1,8 %<br />

cocaïne 1,0 % 1,6 %<br />

LSD 1,2 % 0,9 %<br />

héroïne 0,7 % 0,8 %<br />

crack 0,6 % 0,6 %<br />

Nombre de consommateurs de substances psychoactives parmi les 12-75 ans<br />

Associée aux autres sources citées, l'enquête ESCAPAD 2003 offre les données les plus récentes<br />

perm<strong>et</strong>tant de m<strong>et</strong>tre à jour l'estimation du nombre d'individus concernés en France par les<br />

différents usages de substances psychoactives.<br />

Proportion de consommateurs en population générale (12-75 ans)<br />

Expérimentateurs Occasionnels Réguliers Quotidien<br />

s<br />

Alcool 96,5 % 90,8 % 28,5 % 17,0 %<br />

Tabac 80,0 % 34,8 % 28,3 % 28,3 %<br />

Médicaments<br />

psychotropes<br />

// 19,3 % 8,3 % 5,22 %<br />

Cannabis 23,7 % 9,1 % 1,8 % 1,0 %<br />

Cocaïne 2,2 % 0,4 % // //<br />

Ecstasy 1,1 % 0,4 % // //<br />

Héroïne 0,9 % // // //<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 153


C) Pays producteurs de drogues :<br />

« Le rapport de l’Observatoire géopolitique des drogues (OGD), rendu public le jeudi 20 avril 2000,<br />

souligne que la production des stupéfiants ne régresse nulle part <strong>et</strong> que son commerce est en augmentation.<br />

L’union européenne est devenue le plus important marché de la planète, l’Espagne constituant la porte des<br />

trafics en Europe.<br />

La mondialisation des flux financiers profite au blanchiment de l’argent <strong>et</strong> à son corollaire, la<br />

criminalisation du politique. Malgré leurs plans de lutte antidrogue, les grands pays occidentaux font<br />

souvent des concessions à des Narco-Etats en fonction de leurs intérêts politiques ».<br />

http://www.chanvre-info.ch/info/fr/article205.html<br />

« Si l'on observe parfois quelques r<strong>et</strong>ombées économiques positives provenant des marchés illégaux de la<br />

drogue, elles ne touchent pratiquement que les pays industrialisés du Nord. 90% 47 des profits du trafic<br />

finissent par alimenter, quasiment sans coup férir après blanchiment, les insatiables marchés financiers<br />

américains, européens ou japonais. Plaque tournante affairiste, la Suisse joue un rôle important dans le<br />

recyclage de l'argent de la drogue. Jusqu'à présent, jamais une officine de blanchiment ou une des banques<br />

qui les soutiennent n'ont été condamnées! Les maigres 10% de bénéfice qui restent dans le Tiers-monde ne<br />

sont pas investis dans les proj<strong>et</strong>s productifs (comme des fabriques ou des infrastructures), mais servent à<br />

acquérir des produits <strong>et</strong> des équipements de luxe importés ou à ach<strong>et</strong>er des terres ou des immeubles pour<br />

une infime minorité de nantis… L'alliance entre la mafia de la drogue <strong>et</strong> les grands propriétaires terriens<br />

renforce encore les inégalités sociales existantes dans les structures traditionnelles ».<br />

http://www.droleg.ch/f_cap6.html<br />

Ce qui précède est confirmé par le rapport l'ONU publié en février 2003 : « les pays producteurs de drogue<br />

ne profitent pas des revenus tirés du trafic qui en découle. Loin de favoriser leur développement, il<br />

déstabilise leurs économies <strong>et</strong> pervertit leurs systèmes politiques.<br />

En réalité, les profits tirés du trafic de drogue sont réalisés à 98 % dans les pays consommateurs, indique le<br />

rapport 2002 de l'Office international de contrôle des stupéfiants (OICS). L'OICS relève que « les pays<br />

producteurs de drogue enregistrent une baisse de leur croissance ».<br />

« L'essentiel des profits sont perçus par les groupes qui se livrent au trafic aux différents niveaux de la<br />

chaîne de distribution » en Amérique du nord <strong>et</strong> en Europe. Ces deux continents sont les principaux<br />

marchés mondiaux.<br />

Le revenu global des agriculteurs cultivant le pavot à<br />

opium en Afghanistan <strong>et</strong> la coca en Colombie se serait<br />

établi en 2000 à quelque 1,6 milliard de francs, soit tout<br />

juste 2% des 54 milliards de dollars de l'aide mondiale au<br />

développement.<br />

« Le trafic de stupéfiants, depuis quelques années,<br />

est en pleine mutation : un changement radical<br />

s'opère dans le trafic. Les pays du Nord, qui étaient<br />

jusqu'alors plutôt consommateurs, sont devenus des<br />

pays producteurs de drogues de synthèse alors que<br />

les pays du Sud, qui étaient jusqu'ici plutôt des pays<br />

producteurs <strong>et</strong> faiblement consommateurs, sont<br />

devenus des pays consommateurs de ces drogues de<br />

synthèse produites dans le nord. Ce bouleversement<br />

géopolitique de la drogue produit des eff<strong>et</strong>s qu'on ne<br />

mesure pas encore complètement aujourd'hui, <strong>et</strong> les<br />

conséquences n'en sont pas encore pleinement connues ».<br />

M. Bernard P<strong>et</strong>it, commissaire principal, chef de l'Office central pour la répression du<br />

trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), rapport au Sénat le 19mars 2003.<br />

47 98 % d’après le rapport 2002 de l'Office international de contrôle des stupéfiants (OICS)…. Voir suite.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 154


Zones de production :<br />

http://www.sciences-po.fr/cartographie/cartotheque/cartotheques/cartes_diagrammes/monde/drogue/drogues1999.jpg<br />

ATS = Stimulants de type amphétamine.<br />

* La Colombie était responsable à elle seule des 2/3 de la<br />

production de feuilles de coca <strong>et</strong> de 80 % de la<br />

production de cocaïne en 2001. La culture de coca a<br />

enregistré un recul pour la quatrième année consécutive<br />

en Colombie, au Pérou <strong>et</strong> en Bolivie en 2004… Mais la<br />

production de coca, l se développe en Géorgie.<br />

* L’opium jusqu’alors produit en Birmanie <strong>et</strong> en<br />

Afghanistan se développe dans les pays d’Asie centrale,<br />

dans le Caucase <strong>et</strong> dans les Balkans. L’Afghanistan a<br />

r<strong>et</strong>rouvé en 2002 son rang de principal fournisseur<br />

mondial d'opium, un an après la chute des talibans, avec<br />

3 400 tonnes d'opium récoltées. Par contre, en 2004, la<br />

culture du pavot régresse au Myanmar <strong>et</strong> au Laos<br />

* Cannabis en Afrique sub-saharienne.<br />

* Les seigneurs de la guerre se reconvertissent dans le<br />

trafic en ex-Yougoslavie.<br />

* Ethiopie, Burundi, Ouganda, Rwanda, les pays<br />

africains producteurs de café ont trouvé la solution à la<br />

chute constante des cours mondiaux : ils cultivent de la<br />

drogue… coca <strong>et</strong> marijuana en Amérique latine, khat en<br />

Afrique de l’Est.<br />

Peyolt : En 1991, le<br />

gouvernement mexicain a inscrit le<br />

cactus peyotl sur la liste des<br />

plantes menacées de disparition,<br />

les Indigènes conservent le droit<br />

de le cueillir pour leurs cérémonies<br />

religieuses.<br />

Lire l’article » khat par khat » par Saïd Aït-Hatrit du mardi 9 décembre 2003 sur http://www.afrik.com/article6847.html<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 155


Les consommateurs :<br />

Les consommateurs de drogue (exception faite du tabac <strong>et</strong> de l’alcool) représentaient 180 millions<br />

de personnes dans le monde en 2001, soit 3% de la population mondiale ou encore 4,2% des<br />

personnes âgées d'au moins 15 ans selon l'ONU.<br />

Ils consommaient essentiellement du cannabis (144<br />

millions de consommateurs), des stimulants aux<br />

amphétamines (20 millions), de la cocaïne (14 millions)<br />

<strong>et</strong> des opiacés (13,5 millions dont neuf millions<br />

d'héroïnomanes). L'addition de ces différents types de<br />

consommateurs dépassait le chiffre de 180 millions car<br />

des toxicomanes consomment plusieurs drogues.<br />

2004 : “Après avoir considérablement augmenté au<br />

cours des cinquante dernières années, l’abus de drogues<br />

progresse désormais plus lentement. Moins d’une<br />

personne adulte sur 30 (5 % de la population mondiale<br />

âgée de 15 à 64 ans) a consommé des drogues illicites<br />

au cours des 12 derniers mois, le nombre de<br />

consommateurs de tabac est sept fois plus important <strong>et</strong><br />

représente 30 % de la population mondiale, ce qui est<br />

considérable”<br />

Antonio Maria Costa : « Rapport mondial sur les<br />

drogues 2004 ».<br />

2004 : Environ 3 % de la population mondiale (185<br />

millions de personnes) ont consommé des drogues<br />

durant les 12 derniers mois, selon l’Office des Nations<br />

Unies contre la drogue <strong>et</strong> le crime (ONUDC). Un p<strong>et</strong>it<br />

pourcentage de la population mondiale est concerné par Préparation de la seringue d’héroïne<br />

l’abus de cocaïne (13 millions) ou d’opiacées – héroïne,<br />

morphine <strong>et</strong> opium (15 millions). Le cannabis est de loin la substance la plus communément<br />

consommée (au moins une fois par an par plus de 150 millions de personnes), suivi des stimulants<br />

de type amphétamine (38 millions d’usagers dont 8 millions de consommateurs d’ecstasy).<br />

Rapport mondial sur les drogues 2004 des Nations Unies<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 156


LE TABAC :<br />

Aux termes de la loi n°91-32 du 10 janvier 1991 (dite loi Evin), fumer<br />

dans un lieu public est interdit, sauf en cas d’autorisation explicite. La<br />

publicité <strong>et</strong> le parrainage en faveur du tabac sont strictement<br />

réglementés. L’affichage d’un message sanitaire est obligatoire sur les<br />

emballages des produits du tabac (mention « nuit gravement à la santé<br />

»). La teneur maximale autorisée en goudron a connu une diminution<br />

continue depuis 1991 (12 mg par cigar<strong>et</strong>te au 1 er janvier 1998).<br />

La loi n°2003-725 du 31 juill<strong>et</strong> 2003 interdit la vente de tabac aux<br />

mineurs de moins de 16 ans. La France rejoint ainsi un certain nombre<br />

de pays de l’Union européenne ayant adopté c<strong>et</strong>te mesure, notamment l’Espagne, l’Irlande, le<br />

Royaume-Uni <strong>et</strong> l’Autriche (où c<strong>et</strong>te mesure est, non pas nationale, mais régionale; bien qu’elle<br />

concerne quasiment la totalité du territoire autrichien). En Italie, l’interdiction est plus limitée (elle ne<br />

concerne que les moins de 14 ans) ; en Suède ou en Finlande, elle est au contraire plus étendue,<br />

s’appliquant aux moins de 18 ans.<br />

La mortalité liée au tabac :<br />

* 2000 : 1,1 milliard de fumeurs dans le monde. Part des fumeurs : hommes 47% <strong>et</strong> femmes 12%.<br />

L’Organisation mondiale de la santé estime qu’environ 200 000 personnes sont décédées à cause<br />

de l’abus de drogues en 2000, ce qui correspond à 0,4 % de tous les décès survenus dans le monde,<br />

25 fois moins que le nombre de décès dus au tabac (4,9 millions, soit 8,8 % du total). Si l’on<br />

mesure les années de vie ajustées sur l’incapacité, l’abus de drogues aurait causé la perte de 11,2<br />

millions d’années de vie en bonne santé, tandis que le tabac aurait engendré une perte cinq fois<br />

plus grande (59,1 millions).<br />

* 2002 : 4,9 millions de personne sont morts du tabac dans le monde soit 13 400 personnes par<br />

jour <strong>et</strong> 560 personnes par heure.<br />

* 2004 : On compte 1,3 milliard de consommateurs de tabac dans le monde, soit sept fois plus que<br />

d’usagers de drogues. * Estimation pour 2020 d’après l’OMS : entre 8,4 <strong>et</strong> 10 millions de décès<br />

annuels dont 70% dans les pays en voie de développement.<br />

Quel est le pays le plus touché ?<br />

C’est sans doute la Chine mais nous ne disposons que des chiffres de<br />

1997 :<br />

* Sur 3 cigar<strong>et</strong>tes fumées dans le monde, 1 était fumée en Chine (les<br />

chinois consommaient 4 fois plus de cigar<strong>et</strong>tes que les américains).<br />

* La Chine comportait alors 300 millions de fumeurs.<br />

* 63 % des hommes fumaient mais 4 % des femmes seulement.<br />

* 750 000 décès annuels dus au tabagisme étaient décomptés.<br />

Le prix du tabac en France :<br />

24/09/04 : Les nouveaux prix du tabac sont parus vendredi au Journal<br />

Officiel ainsi que le décr<strong>et</strong> instaurant un prix plancher de 0,22278<br />

centime d'euro par cigar<strong>et</strong>te.<br />

Le décr<strong>et</strong> paru jeudi, qui applique un amendement voté en juill<strong>et</strong> 2004,<br />

interdit de vendre les cigar<strong>et</strong>tes à moins de 0,22278 euro l'unité (soit<br />

4,46 euros pour un paqu<strong>et</strong> de 20 ; 4,23 euros pour un paqu<strong>et</strong> de 19 <strong>et</strong><br />

5,57 euros pour un paqu<strong>et</strong> de 25).<br />

La stabilité des prix de la plupart des grandes marques s'explique par la<br />

chute actuelle des ventes (-25% sur les sept premiers mois de 2004), qui<br />

- Début 1997, la part de<br />

la fiscalité sur le prix du<br />

tabac correspond à 76, 7<br />

%.<br />

- En 1997, les taxes<br />

spécifiques devraient<br />

rapporter à l’état 4,8<br />

milliards de francs en<br />

plus qu’en 1996 qui<br />

avait déjà permis une<br />

collecte de 54 milliards<br />

de francs.<br />

- Actuellement (2004),<br />

76,7 % du prix du tabac<br />

partent toujours dans les<br />

caisses de l'Etat. Chaque<br />

année, le tabac rapporte<br />

en moyenne plus de 8<br />

milliards d'euros à l'Etat.<br />

décourage les fabricants d'augmenter leurs tarifs <strong>et</strong> déclenche au contraire c<strong>et</strong>te guerre des prix qui les<br />

pousse à s'aligner sur le nouveau prix plancher.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 157


En valeur, les ventes n'ont cependant reculé que de 9%, puisque les prix ont bondi de 20% du fait<br />

des hausses fiscales.<br />

Dans les départements frontaliers, la baisse est encore plus spectaculaire, avec des pics supérieurs à<br />

45%. Une large partie de la baisse s'explique par un simple report des achats de l'autre côté des<br />

frontières, où les cigar<strong>et</strong>tes sont presque moitié moins chères, comme en Espagne ou en Allemagne.<br />

Depuis deux ans, le prix des cigar<strong>et</strong>tes en France, poussé par les hausses fiscales, a augmenté de près<br />

de 60%, les cigar<strong>et</strong>tes les plus vendues passant de moins de 3 euros fin 2001 à 4,50 ou 5 euros en<br />

2004.<br />

La hausse du tabac n’est pas nouvelle… un exemple : 1991 à 1996<br />

12, 7 millions de fumeurs réguliers de 18 ans <strong>et</strong> plus en 1996 (1 homme sur 3 <strong>et</strong> 1 femme sur 5)<br />

fumant au moins 1 cigar<strong>et</strong>te par jour ... soit 400 000 de moins qu’au début 1992. En 1996, les<br />

dépenses des fumeurs atteignaient 72 milliards de francs (contre 45 en 1991) = 450 francs par<br />

mois. Durant la même période, les taxes sont passées de 70 % à 76 %. Entre septembre 1991 <strong>et</strong><br />

décembre 1996, le tabac avait subi 9 hausses. L’augmentation de prix est-elle la cause de la<br />

baisse de consommation ou faut-il y voir un eff<strong>et</strong> des campagnes de prévention <strong>et</strong> de<br />

l’interdiction de la publicité ?<br />

Ces hausses des prix, auraient entraîné une baisse de la consommation : celle-ci avait<br />

effectivement chuté globalement de 8,5 % pour toutes les formes de tabac <strong>et</strong> tous les âges<br />

confondus de 11,3 % pour les cigar<strong>et</strong>tes (elle était passée de 5, 8 cigar<strong>et</strong>tes par jour <strong>et</strong> par<br />

personne de plus de 15 ans à 5 cigar<strong>et</strong>tes).<br />

Les campagnes de prévention <strong>et</strong> l’interdiction de la publicité (Loi Evin du 10/01/1991<br />

appliquée depuis janvier 1993) avaient aussi participé au phénomène : seulement 26 % des<br />

fumeurs ayant déjà tenté l’arrêt déclaraient alors que le prix est un élément incitateur.<br />

En 1997, ces taxes rapporteront à l’Etat français 5 fois le montant de l’impôt sur la fortune.<br />

- 60 % des hommes fumaient en 1976 <strong>et</strong> 40 % en 1996… mais le nombre de femmes fumeuses s’était,<br />

lui, accru (24 % en 1976 à 30 % en 1996). Les hommes restent en 2002 plus souvent fumeurs de tabac<br />

que les femmes (37,9 % vs 31,0 %) mais la différence s’est encore réduite.<br />

- Par contre, les jeunes de 18 à 25 ans étaient 30 % à fumer il y a 20 ans ; 44,1% en font un usage<br />

quotidien en 2002.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 158


- D’après une étude parue dans la circulaire n°2003-288 du 23<br />

mai 2003 relative à la journée mondiale sans tabac du 31 mai<br />

2003 :<br />

31 % des élèves de plus de 16 ans fument quotidiennement<br />

de 12 à 17 ans, les jeunes filles sont plus nombreuses que les<br />

garçons : 26,9 % contre 21,9 %.<br />

Estimation du nombre de consommateurs de tabac<br />

en France métropolitaine parmi les 12-75 ans :<br />

Expérimentateurs dont occasionnels dont réguliers<br />

36,6 millions 16,0 millions 13,0 millions<br />

- Expérimentateurs : personnes ayant déclaré avoir consommé au<br />

moins une fois au cours de leur vie.<br />

- Occasionnels : consommateurs dans l’année.<br />

- Réguliers : pour le tabac, l’usage régulier s’entend à partir d’1 cigar<strong>et</strong>te / jour (usage quotidien).<br />

Ventes de tabac <strong>et</strong> de cigar<strong>et</strong>tes<br />

Evolution de 1990 à 2003<br />

D’après le CDIT (Centre de Documentation <strong>et</strong><br />

d’Information sur le Tabac) :<br />

Le nombre d’employés par l’industrie du tabac en<br />

France : production : 6 000 producteurs + 30 000<br />

saisonniers, vente : bureaux de tabacs (33915 débits<br />

recensés en 1999).<br />

Production en 1999 en France : 26 080 tonnes, pour une<br />

valeur de 713 MF.<br />

Rec<strong>et</strong>tes fiscales du tabac en France : 17.42 milliards de<br />

F en 1981, 64.4 milliards de F en 2000.<br />

Valeur de la taxe prélevée sur un paqu<strong>et</strong> de cigar<strong>et</strong>tes de<br />

20 francs : 15 F <strong>et</strong> 20 centimes.<br />

Le lancement de la campagne<br />

anti tabac de 1997 avait<br />

coïncidé avec la sortie du film :<br />

« Le pari ».<br />

Neuf fumeurs sur dix ont<br />

commencé avant l'âge de 20 ans.<br />

Membres du CDIT<br />

(Centre de Documentation <strong>et</strong><br />

d’Information sur le Tabac) :<br />

1. la Fédération Nationale des<br />

Producteurs de Tabac<br />

2. la Confédération des Chambres<br />

Syndicales des Débitants de Tabac<br />

3. Philip Morris France<br />

4. Association des Fabricants de<br />

Cigares en France<br />

5. British American Tobacco France<br />

6. Japan Tobacco International<br />

7. SEITA / Altadis<br />

… mais OUI !!!<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 159


L’ALCOOL (en France) :<br />

L’alcool est la 3 ème cause de mortalité en France.<br />

L’alcool est présent dans 30 à 40 % des accidents mortels de la<br />

route, dans 20 % des accidents domestiques <strong>et</strong> dans 10 à 20 % des<br />

accidents de travail.<br />

A 0,5 grammes/litre de sang (2 verres à jeun pour un homme de 75<br />

kg) les risques d’accident de la circulation doublent. A 0,80 g/l ils<br />

sont multipliés par 10. A 1,2 g/l il est X par 35.<br />

Taux moyens d’alcoolémie entraînés par l’absorption de boissons<br />

alcoolisées courantes pour un homme de 75 kg. Attention, les<br />

taux d’alcoolémie s’additionnent.<br />

Prévention Routière <strong>et</strong> la Fédération Française des Sociétés d’Assurance.<br />

Un éthylotest chimique à usage<br />

unique (= un ballon) peut<br />

s’ach<strong>et</strong>er dans les grandes<br />

surfaces, les pharmacies <strong>et</strong> les<br />

stations-service ou sur Intern<strong>et</strong><br />

pour 12 € <strong>et</strong> même à 1 € dans<br />

les pharmacies.<br />

Un éthylotest électronique coûte<br />

entre de 23 à 170 € mais peut<br />

resservie de très nombreuses<br />

fois.<br />

Il serait souhaitable que chaque<br />

automobiliste dispose en<br />

permanence d’un éthylotest dans<br />

son véhicule.<br />

Le taux d’alcoolémie<br />

atteint son maximum 1<br />

heure après le dernier<br />

verre. Il diminue ensuite<br />

de 0,15 grammes par<br />

heure. (Courbe de forme<br />

simplifiée mais qui reste<br />

exacte).<br />

* En France : 1,8 millions de<br />

français sont alcoolo<br />

dépendants. Il faut ajouter<br />

ceux qui souffrent d’un excès<br />

de consommation. Au total 5<br />

millions de personnes<br />

seraient confrontées au<br />

problème de l’alcool.<br />

* En France, en 1997, on observait une consommation moyenne annuelle de 12 litres d’alcool pur<br />

par an <strong>et</strong> par habitant de plus de 15 ans.11,1 litres en 1998. En 1999, la France se situait au 4ème rang<br />

européen pour la consommation d’alcool avec 10,7 litres d’alcool pur par habitant <strong>et</strong> par an, derrière le<br />

Luxembourg (12,2 l)… Cf. les achats frontaliers, l’Irlande (11,6) <strong>et</strong> le Portugal (11,0).<br />

* On notait en 1997 une diminution de la consommation de vin mais une élévation de la<br />

consommation de bières (en particulier celles à haut degré d’alcool, titrant de 8 à 14 °) <strong>et</strong> des cidres<br />

anglais à 8° ainsi qu’une stabilisation de la consommation des alcools forts. Néanmoins, en 2002,<br />

l’alcool le plus couramment consommé reste le vin (83,6 % des 18-75 ans en ont bu au cours de<br />

l’année) devant les alcools forts (60,3 %) <strong>et</strong> la bière (56,6 %).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 160


* En 1997 a eu lieu une chute très forte des achats de « prémix » (mélanges de sodas <strong>et</strong> de spiritueux)<br />

dont on a dit qu’ils poussaient les jeunes à la consommation d’alcool (soit une fiscalité égale à 210 %<br />

de la valeur du produit. 950 000 litres avaient été vendus en 1996. Une taxe de 5 francs a été<br />

instaurée en janvier 1997... 6900 litres seulement ont été commercialisés lors du 1 er semestre 1997. La<br />

consommation a malheureusement repris depuis.<br />

Evolution 2000-2003 en France du niveau d’usage régulier de tabac,<br />

d’alcool <strong>et</strong> de cannabis par sexe, à 17 ans.<br />

Enquête ESCAPAD 2003 diffusée le 4 octobre 2004.<br />

On voit que le tabagisme quotidien <strong>et</strong> le cannabis quotidien décroissent mais que la consommation<br />

quotidienne d’alcool s’accroît… L’usage régulier pour les filles passe de 2000 à 2003 de 5,5 % à<br />

7,5 % <strong>et</strong> pour les garçons de 16,0 % à 21,2 %.<br />

Pour l’alcool, les sommes dépensées pour l’achat varient en moyenne de 26 euros mensuels pour<br />

les buveurs au cours du mois, à 65 euros pour les buveurs réguliers <strong>et</strong> à près de 130 euros pour les<br />

garçons qui déclarent boire de l’alcool tous les jours (ce qui, pour eux, représente environ 38 % du<br />

« revenu »).<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 161


ADRESSES ET NUMEROS UTILES :<br />

Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue <strong>et</strong> la Toxicomanie (MILDT)<br />

7, rue Saint Georges 75009 Paris<br />

Standard : 01.44.63.20.50 / Fax : 01.44.63.21.00<br />

http://www.drogues.gouv.fr/fr/index.html<br />

Observatoire Français des <strong>Drogues</strong> <strong>et</strong> des Toxicomanies O.F.D.T.<br />

3 avenue du Stade de France 93218 Saint Denis la Plaine Cedex<br />

Tél. : 33 (0)1 41 62 77 16 Fax : 33 (0)1 41 62 77 00 email : ofdt@ofdt.fr<br />

DROGUES ALCOOL TABAC INFO SERVICE : 0 800 23 13 13<br />

Créé en 1990, ce service est un groupement d'intérêt public<br />

placé, sous l'autorité de la Mission Interministérielle de<br />

Lutte contre la Drogue <strong>et</strong> la Toxicomanie (MILDT).<br />

Anciennement <strong>Drogues</strong> Info Service, le service est devenu<br />

<strong>Drogues</strong> Alcool Tabac Info Service pour traduire<br />

l'extension de ses missions à l'ensemble des produits<br />

psychoactifs <strong>et</strong> notamment à l'alcool <strong>et</strong> au tabac.<br />

Accessible 24h/24, anonyme <strong>et</strong> gratuit<br />

Le 0 800 23 13 13 est ouvert à tous : grand public, usagers, proches, professionnels…<br />

Le public peut trouver :<br />

• Une écoute, soutien <strong>et</strong> conseils liés aux usages<br />

• Une information sur les produits, les eff<strong>et</strong>s, les risques, la loi, les lieux d'accueil <strong>et</strong> de soins<br />

• Une orientation vers les organismes compétents dans le domaine de la prévention, des soins, de<br />

l'insertion <strong>et</strong> de la réduction des risques<br />

Une base de données pour les professionnels<br />

Les professionnels peuvent avoir accès à une base de données nationale, régulièrement<br />

actualisée, de tous les services spécialisés (coordonnées, activités, équipes…). Plus de 2500<br />

structures recensées : associations, institutions dans les domaines de l'information, de la<br />

prévention, de la réduction des risques <strong>et</strong> des soins…<br />

Date de mise à jour : septembre 2004.<br />

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM de Livry-Gargan. 162

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