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Le Le développement développement <strong>psycho</strong>logique <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong><br />

<strong>et</strong><br />

<strong>physio</strong>logique <strong>physio</strong>logique de de l’enfant l’enfant l’enfant jusqu’à jusqu’à 6 6 ans ans :<br />

I I - De la conception conception à la<br />

naissance naissance :<br />

A) Le développement :<br />

B) Le comportement de l’embryon <strong>et</strong> du<br />

fo<strong>et</strong>us :<br />

1) Aspects moteurs :<br />

2) Réactions motrices<br />

3) Réactions sensorielles :<br />

C) les échanges avec la mère :<br />

D) La naissance :<br />

II II - L’enfant de 0 à 3 ans :<br />

A) Le sommeil du nouveau-né <strong>et</strong> du jeune enfant :<br />

B) Le développement sensoriel <strong>et</strong> Moteur :<br />

C) Le développement intellectuel :<br />

D) Les étapes de l’acquisition du langage :<br />

E) Le développement affectif :<br />

F) Schéma corporel <strong>et</strong> image du corps :<br />

III III III - L’enfant de 3 à 6 ans ans : développement moteur,<br />

affectif affectif <strong>et</strong> <strong>et</strong> cognitif cognitif<br />

cognitif<br />

iV iV - Les besoins fondamentaux des jeunes enfants à<br />

l’école l’école maternelle maternelle :<br />

A) Besoins relatifs au bien-être :<br />

1) Dormir :<br />

5) Déféquer, uriner :<br />

2) Se reposer :<br />

6) Se sentir à l’aise :<br />

3) Se nourrir :<br />

7) Pouvoir compter sur l’adulte :<br />

4) Boire :<br />

B) Besoins relatifs à l’expression de sa personnalité :<br />

1) être reconnu comme une personne :<br />

2) Bouger :<br />

3) Agir, jouer :<br />

4) Communiquer :<br />

5) Marquer sa possession :<br />

Addenda : accueillir les parents <strong>et</strong> les intégrer à la vie scolaire.<br />

Fécondation.<br />

Photo DR<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

55


Le Le développement développement <strong>psycho</strong>logique <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>physio</strong>logique<br />

<strong>physio</strong>logique<br />

de de l’enfant l’enfant jusqu’à jusqu’à 6 6 ans ans ans :<br />

Le développement <strong>psycho</strong>moteur est un processus continu qui se déroule selon les mêmes<br />

étapes chez tous les enfants mais dont la rapidité varie d’un enfant à l’autre.<br />

Ce développement est en grande partie conditionné par la qualité des relations qui<br />

s’établissent avec le milieu extérieur.<br />

I I - De la conception conception à la la naissance :<br />

A) A) La La fécondation fécondation :<br />

Le spermatozoïde (= cellule sexuelle mâle) <strong>et</strong> l’ovule (= cellule sexuelle femelle) renferment<br />

23 chromosomes soit 2 fois moins que les autres cellules de l’organisme. Elles ont en eff<strong>et</strong> subi,<br />

respectivement dans les testicules <strong>et</strong> les ovaires, une division particulière appelée méiose qui divise<br />

par 2 le nombre de chromosomes.<br />

La formation des spermatozoïdes débute<br />

à la puberté. Elle s’effectue à partir de cellules<br />

souches (ou spermatogonies), nécessite 74 jours<br />

(+/- 4 jours) auxquels s'ajoutent les 8 à 15 jours<br />

de transit dans l'appareil génital mâle.<br />

Une fois les spermatozoïdes formés, ils vont<br />

être libérés dans la lumière du tube séminifère<br />

du testicule, baignant alors dans un liquide<br />

appelé fluide testiculaire ( = liquide séminal<br />

primitif) sécrété par les cellules spécialisées<br />

dites « cellules de Sertoli ». Ils sont ensuite<br />

transportés passivement (les spermatozoïdes ne<br />

sont alors pas encore mobiles <strong>et</strong> ne sont que<br />

véhiculés par le fluide testiculaire) vers le canal<br />

épididymaire (dans l’épididyme…) ou ils sont<br />

stockés.<br />

C'est pendant leur passage dans l'épididyme que<br />

les spermatozoïdes vont subir une première<br />

série de modifications morphologiques <strong>et</strong><br />

<strong>physio</strong>logiques, les rendant partiellement aptes<br />

à la fécondation (1 ère étape de la<br />

« capacitation »). Ils y acquièrent entre autre la<br />

mobilité. Ils y sont également protégés du<br />

milieu ambiant (dont le pH ne leur est pas très<br />

favorable) par une sorte de film protecteur<br />

recouvrant leur tête.<br />

www.chu-toulouse.fr<br />

Spermatozoïdes (60 µ de long <strong>et</strong> 3 µ de<br />

large). On distingue 3 parties :<br />

La tête renfermant le noyau (contenant 23<br />

chromosomes) <strong>et</strong> l'acrosome (sac renfermant 3<br />

types enzymes nécessaires à la pénétration<br />

dans l'ovocyte).<br />

La pièce intermédiaire : très riche en<br />

mitochondries qui fournissent l'énergie<br />

nécessaire au mouvement.<br />

Le flagelle qui est l'organe de propulsion du<br />

spermatozoïde.<br />

Les spermatozoïdes, afin d’assurer une<br />

fécondation <strong>et</strong> une fois dans l’appareil génital<br />

féminin, doivent encore effectuer un parcours<br />

de 16 à 18 cm à la vitesse moyenne de 16 cm à<br />

l’heure.<br />

Le fluide testiculaire va s’intégrer au « liquide<br />

séminal ». Ce dernier est produit par tous les segments des voies spermatiques mais particulièrement<br />

par les vésicules séminales (deux réservoirs membraneux à paroi épaisse, d’une longueur de 5 à 6<br />

cm dans lesquels le sperme peut accumuler dans l’intervalle des éjaculations), par la prostate (2-3<br />

cm, elle grossit avec l’âge) <strong>et</strong> par les glandes de Cowper (situées sous la prostate).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

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Une éjaculation comprend entre 2 <strong>et</strong> 6 ml de fluide testiculaire + liquide séminal. Ces<br />

sécrétions représentent plus de 90 % du volume du sperme. Le liquide séminal fournit aux<br />

spermatozoïdes les métabolites <strong>et</strong> les oligo-éléments indispensables à leur survie <strong>et</strong> leur mobilité <strong>et</strong><br />

joue un rôle protecteur. Sa viscosité limite les pertes de spermatozoïdes après l'éjaculation. Il<br />

contient également des substances favorisant la pénétration des spermatozoïdes dans la glaire<br />

produite par le col de l’utérus féminin.<br />

Les spermatozoïdes sont soumis à plusieurs systèmes de sélection dont l'acidité de la<br />

muqueuse vaginale <strong>et</strong> l’obstacle de la glaire cervicale (de pH 5, visqueux <strong>et</strong> à mailles serrées hors<br />

période ovulatoire mais à pH 7,8, fluide <strong>et</strong> à mailles larges en période ovulatoire).<br />

La glaire, en période ovulatoire, laisse passer les spermatozoïdes les plus mobiles, les<br />

« lavant » au passage du liquide séminal qui s’opposerait ultérieurement à la 2 ème étape du<br />

processus dit de « capacitation ».<br />

C<strong>et</strong>te glaire devient par contre pratiquement infranchissable 2 jours avant <strong>et</strong> de façon plus relative<br />

(voir suite) 1 journée après l'ovulation.<br />

La glaire semble aussi jouer un autre rôle : « le mucus constituerait un "réservoir" » qui distribue des<br />

"pulses" » de spermatozoïdes perm<strong>et</strong>tant "d’attendre" plusieurs jours l’ovulation (3 à 4 j) si<br />

l’insémination est en avance sur celle-ci » (Zagouhan).<br />

La glaire possède enfin un pouvoir bactériostatique <strong>et</strong> bactéricide.<br />

A la sortie des voies génitales mâles, les 50 à 600 millions de spermatozoïdes (chez<br />

homme) n'ont pas encore de pouvoir fécondant. Ils l'acquièrent au cours de leur ascension dans les<br />

voies génitales femelles par la « capacitation » déjà débutée dans l’appareil génital masculin. Ils se<br />

trouvent en eff<strong>et</strong>, dans la cavité utérine <strong>et</strong> les trompes, débarrassés de la protection de la tête<br />

acquise dans le liquide séminal, leur membrane est « déstabilisée » <strong>et</strong> les enzymes contenus dans<br />

leur acrosome (sac situé à la partie antérieure de la tête du spermatozoïde) sont activés.<br />

Au total, 1 à 2 millions de spermatozoïdes atteignent la cavité utérine. Leur progression dans<br />

l’utérus se fait grâce à la contraction du muscle utérin (= myomètre) pour l’essentiel <strong>et</strong> aux<br />

battements du flagelle. Beaucoup se perdent dans les glandes utérines. L’entrée dans les trompes<br />

correspond à une nouvelle sélection… La moitié s’engageant dans le mauvais conduit. Il ne<br />

parviendra ainsi qu’une centaine de spermatozoïdes autour de la cellule femelle. Le voyage ne<br />

peut durer parfois que 30 mn. On sait que le spermatozoïde, une fois émis, a une durée de vie de<br />

3 jours (… voire 4 jours) dans les voies génitales féminines.<br />

Les ovules (ou mieux « ovocytes ») :<br />

Chez le fœtus féminin de 5 mois les ovaires<br />

renferment un stock de 7 millions de cellules<br />

reproductrices : les futurs gamètes femelles ou<br />

« ovocytes »… Chez la fille, à la naissance, il<br />

n’en reste plus que de l’ordre de 1000 000… A<br />

la puberté, ces ovocytes ne sont plus que 100<br />

000. Seulement environ 400 vont devenir<br />

fécondables.<br />

Les cycles sexuels (dits menstruels dans<br />

l’espèce humaine) débutent à la puberté. Ils se<br />

poursuivront jusqu’à la ménopause. Les<br />

menstruations ou règles marquent le début de<br />

chaque cycle.<br />

C<strong>et</strong>te activité est régulée par une activité<br />

hormonale qui prend naissance dans le cerveau au<br />

niveau de l’hypothalamus, puis de l’hypophyse.<br />

Photographie (www.chu-toulouse.fr) d’un<br />

gamète femelle = ovule (en fait ovocyte II).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

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Au moment de l'ovulation, l’ovule (les biologistes confirmés diraient qu’il s’agit en fait<br />

d’un ovocyte II 1 ) est entouré d’une membrane pellicule (la zone pellucide) <strong>et</strong> de plusieurs couches<br />

de cellules folliculaires.<br />

L’ovocyte est aspiré par le pavillon de la trompe puis<br />

entraîné par le courant liquidien créé par les mouvements<br />

péristaltiques (= mouvements propres) de la trompe <strong>et</strong> par<br />

des cils qu’elle renferme.<br />

L’ovocyte parvient ainsi à l’ampoule (tiers<br />

extérieur de la trompe) en moins de 30 minutes. Il est<br />

r<strong>et</strong>enu dans c<strong>et</strong>te « ampoule » durant 24 à 72 heures<br />

« attendant » la visite des spermatozoïdes.<br />

En l'absence de fécondation, l'ovocyte dégénère puis<br />

est éliminé. L'ovocyte est en eff<strong>et</strong> fécondable pendant les 6 à<br />

24 h qui suivent l'ovulation (en moyenne…parfois jusqu’à<br />

72 h).<br />

La fécondation (rencontre de l’ovule <strong>et</strong> d’un<br />

spermatozoïde) va avoir lieu dans l’un des 2 oviductes<br />

dénommés trompes de Fallope chez la femme (14 cm de<br />

longueur). C<strong>et</strong>te fécondation rétablira le nombre de<br />

chromosomes à 46.<br />

Le spermatozoïde doit d'abord franchir une série de barrières<br />

protectrices : d'abord la couronne de cellule qui entoure<br />

l'ovule (la "corona radiata") puis la membrane pellucide de<br />

l'ovule. Ces franchissements s'effectuent grâce à des<br />

enzymes contenus dans une sorte de chapeau : l'acrosome.<br />

De nombreux spermatozoïdes tentent de traverser les<br />

couches de cellules folliculaires puis la membrane pellucide<br />

à l’aide de la poussée de leur flagelle <strong>et</strong> de leur acrosome<br />

"capacité" qui effectue sa « réaction acrosomique »<br />

(libération de ses 3 types d’enzymes) :<br />

* La hyaluronidase perm<strong>et</strong> la dissociation des cellules<br />

folliculaires formant la couronne radiaire (= corona radiata).<br />

* La CPE (Corona Pen<strong>et</strong>rating Enzyme) perm<strong>et</strong> aux SPZ<br />

de traverser ces cellules de la corona radiata.<br />

* L’acrosine qui perm<strong>et</strong> la perforation la zone pellucide<br />

<strong>et</strong> le passage du spermatozoïde dans l’espace péri-ovulaire.<br />

Seule une dizaine de SPZ atteignent la zone<br />

pellucide. L’un d’entre eux la traverse puis s’unit, non pas perpendiculairement mais<br />

tangentiellement à la membrane plasmique de l’ovocyte II qui l’absorbe dans sa totalité… donc<br />

avec le flagelle…<br />

Dès qu'un spermatozoïde a pénétré dans l'ovocyte, des « granules corticaux » contenus dans<br />

l'ovocyte sont libérés <strong>et</strong> modifient la zone pellucide la rendant infranchissable pour les autres<br />

spermatozoïdes.<br />

1 Quelques heures avant l'ovulation, l'ovocyte I, bloqué jusqu'alors en prophase de la 1ère division méiotique, termine sa<br />

division <strong>et</strong> donne un ovocyte II <strong>et</strong> un premier globule polaire (voir schéma). C<strong>et</strong> ovocyte II entame immédiatement la 2eme<br />

division <strong>et</strong> reste bloqué en métaphase de 2ème division méiotique. Il est pondu sous c<strong>et</strong>te forme.<br />

Spermatozoïde franchissant la<br />

membrane pellucide de l'ovule<br />

grâce à ses enzymes du type<br />

acrosine.<br />

Photo : Lennart Nilsson.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

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Pour nos p<strong>et</strong>its biologistes… <strong>et</strong> eux<br />

seulement : l'ovocyte II, bloqué en<br />

métaphase de la 2 ème division méiotique,<br />

achève sa division, formant l'ovotide <strong>et</strong><br />

expulse le second globule polaire.<br />

Le noyau apporté par le spermatozoïde <strong>et</strong><br />

celui fourni par la cellule femelle se<br />

rompent <strong>et</strong> les chromosomes maternels <strong>et</strong><br />

paternels se mélangent (caryogamie =<br />

amphimixie).<br />

Si le spermatozoïde a amené un<br />

chromosome sexuel X, c’est une fille qui<br />

naîtra 9 mois plus tard. Si le SPZ a<br />

introduit un chromosome sexuel Y, le bébé<br />

sera un garçon. En eff<strong>et</strong> l’expression du<br />

gène Sry (localisé sur le chromosome Y),<br />

dans les cellules des gonades encore<br />

indifférenciées, entraîne la synthèse de la protéine TDF (= protéine Sry). C<strong>et</strong>te protéine déclenche à son<br />

tour l’expression de nombreux autres gènes qui conduisent à la différentiation de la gonade indifférenciée<br />

en testicule. En l’absence du gène Sry (donc de protéine TDF), la gonade se transforme en ovaire.<br />

Dans le testicule, la production de testostérone par les Ç interstitielles <strong>et</strong> d’hormone antimullérienne par les<br />

Ç de Sertoli contrôle la masculinisation de l’appareil génital.<br />

B) B) Le Le développement développement :<br />

Le suivi de la grossesse peut être assuré gratuitement en PMI.<br />

- L’abréviation SA signifie "Semaines d'Aménorrhées". Le premier jour des dernières règles correspond au<br />

premier jour de la première semaine d'aménorrhée.<br />

- SG signifie "Semaines de grossesse" = nombre de semaines depuis la fécondation.<br />

- DDG = Date de Début de Grossesse <strong>et</strong> DPA = Date Prévue d'Accouchement.<br />

- DDR = Date des Dernières Règles (= date du début des dernières règles).<br />

1 er mois : (la taille passe de 1/10 ème de mm à 4 mm).<br />

mois :<br />

Les premières divisions cellulaires (photo Guigoz).<br />

Fécondation humaine.<br />

Photo Cosmos-Science. D Phillips<br />

La fécondation est suivie de divisions cellulaires sans accroissement de taille. La 1 ère se produit 30 h<br />

après l’amphimixie. L’amas de cellules progresse vers l’utérus poussé par des cils vibratiles tapissant le<br />

conduit <strong>et</strong> les mouvements « péristaltiques » (= mouvements propres) de la trompe.<br />

3 à 4 jours après la fécondation, arrive dans l’utérus une sorte de p<strong>et</strong>ite mûre formée de 12 à 16 cellules : la<br />

MORULA. Au 4 ème - 5 ème jour, la morula de 64 cellules s’organise, se gonfle <strong>et</strong> se creuse formant une p<strong>et</strong>ite<br />

sphère dénommée BLASTULA.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

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Très rapidement la blastula évolue en BLASTOCYSTE : à<br />

l’un des pôles de la blastula, se forme un amas cellulaire : le<br />

« bouton embryonnaire » ou embryoblaste (il donnera naissance à<br />

l’embryon). Le feuill<strong>et</strong> qui limite l’ensemble de la sphère <strong>et</strong> que<br />

l’on nomme le « trophoblaste » sera, lui, à l’origine du placenta <strong>et</strong><br />

de ses annexes. A ce stade, il y a disparition de la membrane<br />

pellucide.<br />

L’ensemble morula-blastula-blastocyste se nourrit pendant 2<br />

(à 3) jours des sécrétions de l’utérus.<br />

Au 6 ème -7 ème jour débute la « nidation » : le BLASTOCYSTE<br />

se fixe en perforant l’épithélium utérin de la mère. Le trophoblaste<br />

prolifère <strong>et</strong> se différencie en un cytotrophoblaste <strong>et</strong> un<br />

syncytiotrophoblaste. C’est le syncytiotrophoblaste qui ém<strong>et</strong> des<br />

évaginations <strong>et</strong> érodent la muqueuse de l’utérus. L’enfouissement<br />

dans la paroi exige 4 à 5 j.<br />

Le blastocyste fixé est dans le langage courant appelé<br />

« EMBRYON » au sens large (du grec embruon = qui croît<br />

dedans). L’épithélium de l’utérus rétablit en eff<strong>et</strong> sa continuité<br />

après la fixation <strong>et</strong>, de ce fait, le blastocyste se r<strong>et</strong>rouve enfermé<br />

dans la muqueuse utérine (entre l’épithélium <strong>et</strong> le chorion).<br />

Au sein du bouton embryonnaire, une nouvelle cavité se creuse <strong>et</strong><br />

se remplie de liquide : c'est la poche des eaux ou cavité<br />

amniotique (qui se forme donc par cavitation <strong>et</strong> non pas par<br />

plissement dans l’espèce humaine)… Elle entourera l’embryon <strong>et</strong><br />

le liquide amniotique incolore <strong>et</strong> opalescent (= « les eaux ») qu’elle<br />

contient protégera l’embryon des chocs. Le bébé aura donc un<br />

développement aquatique comme... un poisson, nous<br />

remémorant ainsi notre lignée évolutive.<br />

Sous l’amnioblaste (délimitant la partie supérieure de la cavité<br />

amniotique) <strong>et</strong> sous c<strong>et</strong>te cavité, dès le 8 ème jour, le bouton<br />

embryonnaire s’était transformé en 1 disque formé de 2<br />

feuill<strong>et</strong>s (l’un, à sa partie supérieure est l’ectoblaste <strong>et</strong> l’autre plus<br />

interne <strong>et</strong> à cellules plus plates correspond à l’endoblaste). C’est le<br />

disque embryonnaire didermique.<br />

La 3 ème semaine (du 16 ème au 22 ème jour), au niveau du disque<br />

embryonnaire, à partir des 2 feuill<strong>et</strong>s, il s’en forme 3 par le<br />

phénomène de gastrulation (que nous n’aborderons pas ici).<br />

Les 3 feuill<strong>et</strong>s mis en place sont :<br />

l’ectoblaste qui donnera naissance à la peau (en fait à<br />

l’épiderme + les ongles + l’émail des dents) <strong>et</strong> au système nerveux,<br />

le mésoblaste (= chordo-mésoblaste) qui formera os, muscles<br />

mais aussi l’appareil circulatoire, les reins <strong>et</strong> les glandes sexuelles<br />

<strong>et</strong><br />

l’endoblaste (= entoblaste) qui sera à l’origine des appareils<br />

digestif <strong>et</strong> respiratoire.<br />

Entre la 3 ème <strong>et</strong> la 4 ème semaine : au niveau du dos de l’embryon,<br />

dans la ligne médiane, l’ectoblaste s’organise d’abord en une<br />

plaque neurale de 125 000 cellules réalisée au 20 ème jour. Les<br />

bords épais de c<strong>et</strong>te plaque constituent les crêtes neurales. La<br />

plaque se creuse en gouttière pour former la gouttière neurale qui<br />

évolue ensuite en tube (le tube neural) terminé au 26 ème jour.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Embryon humain de 4 jours (16 cellules).<br />

Photo J. Burn/CNRI<br />

Schéma d'un blastocyste de 5 jours<br />

« Anatomie générale » par Chevrel.<br />

Editions Masson 1978.<br />

Photographie d'un blastocyste de 8 jours<br />

en voie d'implantation.<br />

Photo : Lennart Nilsson.<br />

Formation de la cavité amniotique<br />

http://www.apprentoile.ubordeaux2.fr/WEmbryo/Wemb_Ico/Fig009.htm<br />

60


Les 27 ème <strong>et</strong> 28 ème jours, il y a ferm<strong>et</strong>ure de l’orifice antérieur (= neuropore antérieur) du tube neural. 29 ème<br />

jour : la « neurulation » achève par la ferm<strong>et</strong>ure du neuropore postérieur.<br />

La formation de ce tube neural est induite par une structure sous-jacente : la chorde autour de<br />

laquelle s’édifiera la colonne vertébrale. La partie avant du tube neural donnera l’encéphale <strong>et</strong> la partie<br />

arrière formera la moelle épinière.<br />

A la base de la tête, on peut apercevoir des fentes : les fentes<br />

branchiales homologues de celles des poissons. Ces fentes, <strong>et</strong> les poches<br />

branchiales auxquelles elles donnent accès, disparaîtront ultérieurement<br />

entraînant à ce niveau un rétrécissement : le cou...<br />

C’est la partie externe de la première poche branchiale qui donnera l’oreille<br />

interne. Les parties internes des différentes poches engendreront le thymus<br />

(« école » pour globules blancs) <strong>et</strong> les glandes parathyroïdes.<br />

L’embryon comprend alors 3 parties : une tête où le cerveau s’édifie, un<br />

tronc arqué dépourvu de membres, <strong>et</strong> une queue vestige de nos lointains<br />

ancêtres : les reptiles. C<strong>et</strong>te queue s’estompera au 45 ème jour, le reliquat<br />

constituant le coccyx.<br />

Le tronc est relié, au niveau de sa face ventrale, à un p<strong>et</strong>it sac : la vésicule<br />

vitelline qui fabrique les 1ers globules du sang. Ces cellules rejoindront le foie dès son apparition <strong>et</strong> c’est lui<br />

qui prendra le relais dans la fabrication des cellules souches du sang en attendant l’apparition de la moelle<br />

osseuse au 3 ème mois.<br />

Entre le 21 ème <strong>et</strong> le 26 ème jour, l’ébauche<br />

cardiaque commence à battre alors qu’il<br />

n’y débouche encore aucun vaisseau.<br />

Des cellules au contact de l’utérus<br />

commencent à élaborer une sorte d’éponge<br />

de sang : le futur PLACENTA. Le<br />

placenta, fixé à l’utérus <strong>et</strong> relié à<br />

l’embryon par le cordon ombilical, est un<br />

filtre sélectif qui perm<strong>et</strong>tra au futur bébé<br />

de respirer <strong>et</strong> de se nourrir. Le placenta<br />

joue à la fois le rôle d’un poumon, d’un<br />

appareil digestif <strong>et</strong> d’un foie mais aussi<br />

d’un rein <strong>et</strong> d’une fabrique d’hormones :<br />

des oestrogènes, de la progestérone <strong>et</strong> des<br />

gonadotrophines perm<strong>et</strong>tent le maintien du<br />

« corps jaune » au cours du 1 er mois de<br />

gestation. La sécrétion de progestérone<br />

bloque la production des hormones<br />

hypophysaires : la FSH <strong>et</strong> la LH pas de<br />

nouveau cycle.<br />

Le sang du fœtus rejoint le<br />

placenta par 2 artères ombilicales <strong>et</strong><br />

r<strong>et</strong>ourne au fœtus par 1 seule veine<br />

ombilicale le cordon ombilical<br />

comporte 3 vaisseaux<br />

sanguins.<br />

A la fin du 1er<br />

mois, l’embryon<br />

mesure 4,5 mm <strong>et</strong><br />

pèse 1 gramme si<br />

on inclut les<br />

annexes<br />

embryonnaires.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Notre lignée<br />

évolutive :<br />

POISSONS<br />

<br />

AMPHIBIENS<br />

= BATRACIENS<br />

<br />

REPTILES<br />

<br />

MAMMIFERES<br />

(y compris l’homme).<br />

Embryon de 4 semaines : à noter la taille, impressionnante<br />

par rapport à l'ensemble, de l'appendice caudal.<br />

Photo : Lennart Nilsson.<br />

GEU = Grossesse extra-utérine (1,4 % des grossesses, 1 ère cause de mortalité liée à la grossesse dans<br />

les pays industrialisés) dans trompe, cavité péritonéale voire ovaire. En cas de grossesse extra-utérine<br />

non rompue (douleurs pelviennes ou non, pertes de sang noirâtres ou brunâtres, toucher vaginal souvent<br />

douloureux, recherche de la ß-HCG plasmatique, échographie utérine, coelioscopie) :<br />

* Traitement par le méthotrexate (5MTX). L’administration par voie endovaginale à un taux de succès de<br />

80 à 90 % alors que l’injection intramusculaire, plus pratique, n’a un taux de réussite que de 70 à 80 %.<br />

* Traitement chirurgical dès qu’il n’existe une fissuration tubaire (aspiration avec injection locale de<br />

méthotrexate ou ablation de la trompe par coeliochirurgie).<br />

61


2 ème mois mois : : : (la taille<br />

passe de 4 mm à 28 mm).<br />

Tête :<br />

Avant la fin du 1 er mois, dès la<br />

3 ème semaine, des ébauches des<br />

yeux sont apparues sur les côtés<br />

(= placodes optiques) <strong>et</strong> de<br />

p<strong>et</strong>its bourgeons latéraux ont<br />

annoncé la formation des<br />

oreilles (= placodes otiques).<br />

Leur apparition a été suivie, la<br />

4 ème semaine par celles des<br />

placodes olfactives.<br />

Vue d’ensemble.<br />

La cavité amniotique donnera la poche des eaux.<br />

L’œil est une émanation du cerveau commençant à apparaître le 22 ème jour. Le pédicule optique<br />

deviendra le nerf optique tandis que la cupule optique qui s’invagine la 5 ème semaine, évoluera en<br />

rétine (la partie avant sera la rétine sensorielle, la partie arrière, de couleur noire, sera la rétine<br />

pigmentaire. L’espace entre les deux peut être le lieu, au cours de la vie extra-utérine du<br />

« décollement de rétine »).<br />

L’ectoplaste situé à proximité des cupules optiques a donné naissance, au 27 ème jour, à un<br />

épaississement : la placode optique à l’origine du futur cristallin. La placode optique se creuse en<br />

une vésicule cristallinienne qui en se refermant <strong>et</strong> en se détachant de l’ectoblaste devient le<br />

cristallin.<br />

La bouche <strong>et</strong> les narines sont, dans un premier temps, confondues en un seul <strong>et</strong> large orifice, puis le<br />

nez épaté se sépare de la bouche.<br />

Dès la 5 ème ou 6 ème semaine de la vie du fœtus, chacune de ses mâchoires renferme 10 p<strong>et</strong>its<br />

bourgeons de dents annonçant les 20 dents de lait... mais celles-ci ne se calcifieront que vers le<br />

5 ème mois de grossesse.<br />

A 7 semaines l’embryon réagit si on lui effleure la lèvre (à 11 sem pour la paume des mains <strong>et</strong> la<br />

plante des pieds suivis par l’abdomen puis le fessier <strong>et</strong> à 20 semaines par l’ensemble du corps). Le<br />

toucher est la sensation la plus précoce.<br />

Les papilles gustatives se forment aussi à 7 semaines mais elles ne deviendront fonctionnelles<br />

qu’entre 11 <strong>et</strong> 14 sem. Dès le 2 ème mois, le fœtus possède une structure logée dans une minuscule<br />

invagination de la cloison nasale : l’organe voméro-nasal qui semble adapté à la détection des<br />

molécules odorantes en milieu aqueux. On considère généralement que c<strong>et</strong> organe dégénère avant<br />

la naissance mais certains auteurs l’ont décrit chez le nouveau-né, l’enfant de 2 ans <strong>et</strong> même chez<br />

l’adulte. Il perm<strong>et</strong>trait le transfert d’arômes de la mère à l’enfant par le biais du liquide amniotique.<br />

Certaines préférences gustatives de l’enfant pourraient ainsi être déterminées dès la vie fœtale.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

62


Membres : des bourrel<strong>et</strong>s ou<br />

ébauches des membres supérieurs sont<br />

apparues dès le 26 ème jour. 2 jours plus<br />

tard sont nés les bourrel<strong>et</strong>s des<br />

membres inférieurs. Ces bourrel<strong>et</strong>s<br />

évoluent en pal<strong>et</strong>tes tandis que la<br />

« queue » disparaît progressivement.<br />

Les membres sont, au départ,<br />

perpendiculaires (disposition rappelant<br />

celle de nos ancêtres successifs : les<br />

amphibiens <strong>et</strong> les reptiles). A la 8ème<br />

semaine se forment les articulations. Les<br />

membres supérieurs se plient au niveau du<br />

coude <strong>et</strong> les mains se croisent sur le ventre,<br />

les membres inférieurs se plient au niveau<br />

des genoux qui s’écartent tandis que les<br />

pieds se rapprochent à se toucher. Tous<br />

pivotent ensuite : le membre supérieur vers<br />

l’arrière <strong>et</strong> le membre inférieur vers<br />

l’avant. C<strong>et</strong>te rotation est, au niveau des<br />

membres inférieurs, responsable de<br />

l’apparition du col du fémur.<br />

Les doigts des mains se séparent la 8 ème semaine, au 57 ème jour.<br />

Cœur <strong>et</strong> poumons :<br />

Les fentes branchiales<br />

disparaissent avec apparition<br />

concomitante du cou.<br />

Le cœur se dilate, se<br />

contourne en forme de S <strong>et</strong> se<br />

divise en 2 cavités<br />

superposées : une oreill<strong>et</strong>te <strong>et</strong><br />

un ventricule. Puis une<br />

cloison sépare la cavité<br />

supérieure en 2 oreill<strong>et</strong>tes qui<br />

restent pourtant en<br />

communication pendant toute<br />

la durée de la vie embryonnaire<br />

par l’intermédiaire d’un<br />

orifice : le trou de Botal. La<br />

structure définitive du cœur<br />

est acquise à 50 jours.<br />

La trachée apparaît au cours<br />

de la 5 ème semaine avec 2<br />

bourgeons qui formeront les<br />

poumons.<br />

Appareil digestif :<br />

Le tube digestif s’était formé<br />

EMBRYON HUMAIN DE 6 SEMAINES<br />

Il flotte dans son aquarium. Le cœur est n<strong>et</strong>tement visible<br />

(boule rouge sur la face ventrale)<br />

Les structures paires appelées somites seront à l’origine du derme,<br />

des systèmes cartilagineux, squel<strong>et</strong>tiques <strong>et</strong> musculaires, de<br />

l’appareil circulatoire <strong>et</strong> du sang.<br />

<strong>et</strong> un bourgeon annonçant le foie <strong>et</strong> la vésicule biliaire était apparu à la fin du 1 er mois. Le pancréas, lui,<br />

se forme au cours de la 5 ème <strong>et</strong> 6 ème semaines à partir de 2 ébauches qui fusionnent.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

63


Les glandes sexuelles :<br />

Elles apparaissent au début du 2 ème mois <strong>et</strong> les testicules débutent leur production d’hormone mâle<br />

ou testostérone la 7 ème semaine.<br />

A la fin du 2 ème mois la taille atteint 28 mm <strong>et</strong> le poids 10 grammes. Tous les organes sont déjà<br />

ébauchés <strong>et</strong> l’embryon prend alors le nom de FOETUS (du latin « engendré »).<br />

On dit (quelle que soit l’espèce) que l’on est en présence d’un fo<strong>et</strong>us quand on<br />

peut reconnaître à quelle espèce appartient l’être en développement.<br />

3 ème mois<br />

mois :<br />

:<br />

(La taille passe de 2,8 mm à 11 cm).<br />

L’aspect du visage s’améliore : tandis que les<br />

globes oculaires (d’abord en position très<br />

latérale) se constituent, les paupières apparaissent<br />

la 6 ème semaine de grossesse puis se développent<br />

<strong>et</strong> les recouvrent. Elles fusionnent (= se soudent)<br />

vers la 14 ème semaine. Elles resteront fermées<br />

jusqu’au 6 ème ou 7 ème mois.<br />

Remarque : certains textes expliquent que dès<br />

1983 on a observé que le fœtus avait les yeux<br />

ouverts dans le liquide amniotique dès le début la<br />

14 ème semaine de grossesse (16 ème semaine<br />

d’aménorrhée)… en fait, les paupières ne sont<br />

pas encore soudées à c<strong>et</strong> âge.<br />

La bouche devient plus p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> un léger duv<strong>et</strong><br />

apparaît au- dessus de la lèvre supérieure. La langue sort <strong>et</strong> explore le nez <strong>et</strong> les lèvres.<br />

A 12 semaines le fœtus commence à absorber le liquide amniotique dans lequel il vit (ce liquide est<br />

sans cesse renouvelé en partie par dialyse au niveau des vaisseaux maternels). Il peut également sucer<br />

son pouce.<br />

Cerveau : les neuroblastes (cellules qui donneront naissance aux cellules nerveuses ou<br />

neurones) apparaissent en premier <strong>et</strong> se multiplient surtout de la 10 ème à la 18 ème semaine de vie<br />

intra-utérine. Il y a production de 250 000 futurs neurones à la minute.<br />

Les glioblastes se forment ensuite <strong>et</strong> donneront les cellules de la glie nerveuse dont les prolongements<br />

serviront de « rails » pour les neuroblastes en migration (vers les différentes couches qui constitueront<br />

le cortex du cerveau). Ce n’est qu’après avoir atteint leur destination définitive que les neuroblastes se<br />

différencieront en cellules nerveuses.<br />

Les organes sexuels externes se différencient dès le 3 ème mois <strong>et</strong> le pénis est visible en<br />

échographie à la 14 ème 5 centimètres <strong>et</strong> 20 grammes.<br />

semaine « d’aménorrhée » (= 14 ème semaine sans règles). Les testicules (qui<br />

rappelons-le étaient devenus capables de produire de l’hormone mâle dès la 7 ème semaine) resteront<br />

dans l’abdomen jusqu’au 8 ème mois.<br />

Les reins fonctionnent <strong>et</strong> sécrètent une urine très peu concentrée éliminée par les voies naturelles. Elle<br />

aboutit dans la cavité amniotique <strong>et</strong> participe pour une bonne partie au remplissage de celle-ci.<br />

L’intestin s’allonge <strong>et</strong>, dès la 11 ème semaine, le pancréas élabore de l’insuline <strong>et</strong> du glucagon<br />

susceptibles de réguler le métabolisme glucidique du fo<strong>et</strong>us.<br />

Le cœur bat à 140 pulsations par minute.<br />

A la fin du 3 ème mois, le fo<strong>et</strong>us pèse 45 grammes <strong>et</strong> mesure 11 centimètres. Il caracole<br />

dans la cavité amniotique mais la mère ne le sent pas encore bouger.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

64


4 ème mois<br />

mois : : (la taille passe de 11 cm à 20 cm).<br />

La mère commence à sentir les mouvements de son enfant.<br />

Dès la 19 ème semaine - 20 ème semaine (4,5 mois), la structure définitive de l’oreille interne est acquise mais il<br />

faudra encore attendre 4 semaines pour que le nerf optique devienne fonctionnel.<br />

L’injection d’un liquide sucré dans la poche amniotique est suivie (à l’échographie) d’une tétée du fœtus <strong>et</strong><br />

ce dès le 4 ème mois. Par contre le fœtus reste indifférent à un liquide salé.<br />

Tout le corps se recouvre d’un fin duv<strong>et</strong> : le lanugo <strong>et</strong> les premiers cheveux poussent. Les ongles se forment<br />

<strong>et</strong> les glandes sébacées <strong>et</strong> sudoripares font leur apparition. Le foie fabrique de la bile qui s’accumule dans<br />

l’intestin pour former le méconium. La production d’urine <strong>et</strong> son passage dans le liquide amniotique<br />

continuent.<br />

C’est au cours du 4 ème mois que le système immunitaire se m<strong>et</strong> en place. Il va perm<strong>et</strong>tre au fo<strong>et</strong>us de<br />

s’opposer ultérieurement, par lui-même, aux infections dont il pourra faire l’obj<strong>et</strong>.<br />

Toutes les glandes endocrines (= glandes productrices d’hormones) : la thyroïde, les surrénales, le<br />

pancréas, les gonades... entre sous la dépendance de l’hypothalamus <strong>et</strong> de l’hypophyse (= système<br />

hypothalamo-hypophysaire). A la fin du 4 ème mois, le fo<strong>et</strong>us mesure 20 cm <strong>et</strong> pèse 225 grammes.<br />

5 ème<br />

ème mois mois au au 7 7<br />

ème mois mois : : (la taille passe de 20 cm à 40 cm).<br />

A 5 mois : C’est à la 20 ème semaine que se forment les empreintes digitales.<br />

Le 5 ème mois correspond à une période de « croissance active des poumons ». Les futures alvéoles<br />

produisent déjà du surfactant (produit qui empêche ces alvéoles de se collaber lors de l’expiration <strong>et</strong> qui<br />

facilite l’inspiration suivante). Sébum <strong>et</strong> cellules de l’épithélium desquamées commencent à constituer le<br />

"vernix caseosa" qui protège la peau du liquide amniotique. Il sera en<br />

partie absorbé par la peau dans les heures suivant la naissance.<br />

A 6 mois (24 à 26 semaines d’aménorrhée 2 ). Au début du 6 ème<br />

mois, il mesure 36 cm. Ses pupilles se contractent à la lumière à la<br />

24 ème semaine (début du 6 ème mois). La rétine est maintenant mature <strong>et</strong><br />

la vue devient en principe possible. Les glandes sébacées continuent<br />

à recouvrir la peau de sébum. A 6,5 mois, l’enfant devient viable<br />

mais, s’il naît prématurément, il faudra le placer dans une couveuse<br />

dont la température est presque identique à celle du corps maternel<br />

(les systèmes thermorégulateurs du bébé ne sont pas encore fonctionnels à ce<br />

stade). Au cours du 6 ème mois a lieu le 4 ème examen prénatal.<br />

Dès la 28 ème semaine de gestation, on peut observer en échographie* <strong>et</strong> à<br />

l'auscultation des mouvements oculaires rapides associés à des accélérations<br />

du rythme respiratoire, à une irrégularité du rythme cardiaque <strong>et</strong> à des cycles<br />

de mouvements. Ces périodes de mouvements sont dénommées « sommeil<br />

actif = agité ».<br />

Ce « sommeil agité » est peut être l'équivalent du « sommeil paradoxal » (en<br />

1 ère approximation du « rêve »)… Néanmoins des résultats récents chez<br />

Echographie au 6 ème mois : pieds…<br />

* Remarque : l’échographie est une<br />

technique qui perm<strong>et</strong> d’explorer le<br />

corps humain en utilisant les<br />

ultrasons.<br />

La méthode consiste à recueillir l’écho<br />

de la surface du corps du fo<strong>et</strong>us à<br />

travers la paroi du ventre de la mère.<br />

l'animal ne confirment pas c<strong>et</strong>te hypothèse : la destruction de certains noyaux cérébraux du rat laisse persister le «<br />

sommeil actif » mais supprime ultérieurement le S.P. (Cf. travaux de Joëlle Adrien à Paris). Nous reviendrons sur ce<br />

point. A partir de la 30 ème semaine apparaît du « sommeil calme » souvent présenté comme l'équivalent du « sommeil<br />

lent » bien que ceci encore soit remis en cause. Les cycles « sommeil agité » <strong>et</strong> « sommeil calme », qui se succèdent un<br />

peu plus tardivement, sont respectivement dénommés « sommeil paradoxal » - « sommeil lent » après la naissance. La<br />

veille ne semble apparaître que vers les 35 - 37 èmes sem de gestation soit fin du 8 ème mois - début du 9 ème mois.<br />

Le 7 ème mois (28 semaines à 32,5 semaines depuis les dernières règles = aménorrhée) est d’une manière<br />

générale celui qui correspond au perfectionnement du système nerveux, les mouvements sont mieux<br />

coordonnés <strong>et</strong> le fœtus peut maintenant complètement se r<strong>et</strong>ourner sur lui-même. A 30 semaines = 7 mois, il<br />

réagit au son d’une sonnerie électrique. Les échographies montrent que le fœtus détourne la tête ou sursaute<br />

lorsqu’une lumière vive est approchée du ventre de la mère à 7 mois. 5 ème visite médicale. A la fin du 7 ème<br />

mois, il pèse 1700 grammes <strong>et</strong> mesure 40 cm.<br />

2<br />

Lorsque l'on parle de SA = semaines d’aménorrhée, on parle toujours de SA révolues c'est-à-dire terminée.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

65


8 ème<br />

ème mois, mois, 9 9<br />

ème mois mois :<br />

:<br />

8 ème mois : de 32,5 semaines à 36 semaines <strong>et</strong> 5 jours d’aménorrhée (= 32,5 semaines à 36 semaines<br />

<strong>et</strong> 5 jours après les dernières règles). Le lanugo commence à tomber. De la graisse se dépose sous<br />

la peau <strong>et</strong> celle-ci est moins plissée. De rouge, elle devient rose. Chez le garçon, les testicules<br />

terminent leur descente de l’abdomen vers le scrotum. Dès le 8 ème mois, certaines femmes<br />

constatent un écoulement jaunâtre au niveau des seins : le colostrum. 6 ème <strong>et</strong> avant dernier rendezvous<br />

avec le médecin <strong>et</strong> 3 ème échographie à 32 semaines d’aménorrhée. La hauteur de l’utérus atteint<br />

30 cm.<br />

Fin du 8 ème mois : 2200 à 2400 grammes <strong>et</strong> 42 à 45 centimètres. Habituellement la femme prend<br />

de l’ordre de 500 grammes lors du 8 ème mois.<br />

9 ème mois : le dernier mois va de 36 semaines <strong>et</strong> 5 jours à 41 semaines d’aménorrhée (= 36 semaines<br />

+ 5 jours à 41 semaines après les dernières règles). Le placenta pèse 500 grammes pour un diamètre<br />

de 20 cm. Allongement du cordon ombilical... parfois jusqu'à 2 mètres. Le bébé se place tête en<br />

bas <strong>et</strong> jambes en l’air dans 97 % des cas. Il descend dans le bassin ce qui facilite la respiration de la<br />

future maman mais accroît son mal de dos. Il prend du poids : 20 à 30 grammes par jours <strong>et</strong> sa peau<br />

est potelée. La quantité de liquide amniotique diminue au fur <strong>et</strong> à mesure qu’il grossit. Il perd une<br />

partie du vernix caseosa (couche de sébum) qui le recouvrait <strong>et</strong> souvent les restes de lanugo. Il ne<br />

bouge quasiment plus car il est devenu trop gros <strong>et</strong> ne dispose plus de l'espace nécessaire. Au cours<br />

de ce dernier mois, dernier rendez-vous avec le médecin + rencontre de l’anesthésiste en<br />

consultation (que la mère souhaite ou non bénéficier d’une anesthésie péridurale). Au moment de<br />

l’accouchement, le bébé pèse en moyenne 3 kg 300 pour 50 cm. Périmètre crânien : 34 à 35 cm.<br />

Habituellement la femme prend de l’ordre de 500 grammes lors du 9 ème mois.<br />

La mère doit se rendre à la maternité si elle perd les eaux, si elle ressent des contractions régulières<br />

d’une durée de 1 minute toutes les 5 à 10 minutes, si elle ne sent plus son bébé bouger, si elle est à<br />

terme ou si elle saigne.<br />

Quelle prise de poids au cours de la grossesse ?<br />

Femmes maigres ou très minces jusqu'à 16 à 18 kg<br />

Femmes de corpulence moyenne 11 à 12 kg<br />

Femmes de poids élevé 5 ou 6 kg essentiellement au dernier<br />

trimestre<br />

Il ressort d’un grand nombre d’études que le poids de naissance de l’enfant, facteur qui influe<br />

sur la morbidité <strong>et</strong> la mortalité, dépend des réserves de la mère <strong>et</strong> de ce qu’elle mange.<br />

« Les femmes extrêmement préoccupées de leur ligne, qui continuent à se restreindre pendant la<br />

grossesse, risquent d’avoir un bébé né prématurément, de faible poids ou ayant des carences en<br />

nutriments ».<br />

« Colloque international nutrition <strong>et</strong> grossesse » Dr J. Fricker, hôpital Bichat, oct 1998.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

66


C) C) Le Le comportement comportement de de l’embryon l’embryon <strong>et</strong> <strong>et</strong> du du fo<strong>et</strong>us fo<strong>et</strong>us :<br />

1) 1) Aspects Aspects moteurs moteurs :<br />

Les muscles commencent à se contracter entre le 40 ème <strong>et</strong> le 45 ème<br />

jours... contraction sans intervention du système nerveux.<br />

Mise en place des 1ères jonctions neuro-musculaires entre le 50 ème <strong>et</strong><br />

le 60 ème jour. Les mouvements sont d’abord globaux puis plus<br />

localisés au 3 ème mois. Evolution vers la localisation dans le sens<br />

céphalo-caudal <strong>et</strong> proximo-distal.<br />

Premiers mouvements perceptibles par l’obstétricien à 12 semaines <strong>et</strong><br />

par la mère à 16 semaines (« battements d’ailes »).<br />

Le fo<strong>et</strong>us avale le liquide amniotique dès le 3 ème mois.<br />

Il est possible de fixer des capteurs de pression à la surface de<br />

l’abdomen d’une femme enceinte <strong>et</strong> ainsi d’enregistrer les mouvements du fo<strong>et</strong>us. Sterman en 1967<br />

a ainsi constaté l’existence de cycles « mouvement-repos » chez le fo<strong>et</strong>us <strong>et</strong> ceci surtout dans les<br />

trois derniers mois de la grossesse. Ces périodes correspondaient-elles à un rythme éveil-sommeil<br />

ou à un rythme sommeil agité-repos ?<br />

L’observation de prématurés humains confirma que les secousses avaient surtout lieu durant les<br />

périodes de sommeil agité. L’échographie, qui perm<strong>et</strong> de repérer in utero les mouvements<br />

oculaires typiques du sommeil agité, est venue confirmer les travaux portant sur les prématurés.<br />

Il fut en conséquence classique d'affirmer que le fœtus « rêve » (dès 28 ème semaine) <strong>et</strong> dort (dès<br />

30 ème semaine). Ceci sous-tendait que le sommeil agité du fœtus soit l'équivalent du « sommeil<br />

paradoxal » (en 1 ère approximation du rêve) de l'enfant <strong>et</strong> de l'adulte.<br />

Le doute subsiste néanmoins car on a montré chez les rongeurs que dans l'encéphale, le noyau raphé<br />

dorsalis fonctionne durant le sommeil agité mais cesse d'être actif durant le rêve <strong>et</strong> que de plus, les<br />

substances chimiques inhibant le S.P. des rats adultes sont sans eff<strong>et</strong> sur le sommeil agité des rats<br />

nouveau-nés.<br />

La mise en place des 2 sommeils distincts s’effectue en 4 temps :<br />

* Dans une 1ère phase, dès 20 semaines, on note des phases mouvements brusques-repos sans qu’on<br />

puisse véritablement les rattacher aux 2 types de sommeil précédents : on parle de pré-sommeil. Il<br />

existe un "bruit de fond" à l'EEG avec des périodes d’encéphalogramme plat de quelques secondes à 1<br />

mn ou 2.<br />

* Le "sommeil agité" (avec mouvements oculaires <strong>et</strong> un tracé EEG continu) s’observe en fait dès la 28<br />

ème semaine (= 6,5 mois) d’âge gestationnel chez le fo<strong>et</strong>us <strong>et</strong> le prématuré. L’activité électrique du<br />

cerveau est permanente.<br />

* Le "sommeil calme" (sans mouvements oculaires <strong>et</strong> avec tracé EEG discontinu) n’est repérable que<br />

vers la 30 ème semaine.<br />

* Ces 2 états de sommeil se succèdent régulièrement à partir de la 36 ème semaine. Le sommeil agité<br />

représente alors 65% du sommeil total.<br />

* La veille, elle, ne semble apparaître, sous la forme de toutes p<strong>et</strong>ites périodes que vers les 35-<br />

37 èmes semaines de gestation (fin du 8 ème - début du 9 ème mois). Il ouvre plus souvent les yeux.<br />

« Si un p<strong>et</strong>it prématuré va bien, son sommeil va évoluer de la même façon que s'il était resté in utero. Par<br />

exemple, un nouveau-né prématuré de 28 semaines (né à 6 mois de gestation) aura à trois mois d'âge légal un<br />

électroencéphalogramme <strong>et</strong> une organisation de sommeil pratiquement identiques à ceux d'un nouveau-né à<br />

terme de quelques jours, donc conçu au même moment que lui ». Challamel M.J., Thirion M.<br />

Le sommeil calme deviendra (ou sera remplacé par) le sommeil lent de l’adulte. Les stades I, II, III <strong>et</strong><br />

IV de ce sommeil lent ne commencent à s’individualiser qu’environ 6 semaines après la naissance. Le<br />

sommeil agité constituera (ou sera remplacé par), lui, le sommeil paradoxal. L’entrée en sommeil avant<br />

3 mois se fait soit en sommeil agité soit en sommeil transitionnel <strong>et</strong> est généralement très rapide.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

67


2) 2) Réactions motrices :<br />

- Si on effleure les lèvres, il réagit dès 7 semaines. A 12,5<br />

semaines (= moins de 3 mois révolus) il répond par un<br />

mouvement de déglutition ou un sourire = premier aspect<br />

du réflexe de succion.<br />

- Si on touche la paume de la main du fo<strong>et</strong>us ou du<br />

prématuré, les poings se serrent à demi dès 8,5 semaines<br />

(= moins de 2 mois révolus). Réaction franche à 11<br />

semaines<br />

- « Phénomène d’innervation antagoniste des membres<br />

inférieurs » dès la 16 ème semaine (moins de 4 mois révolus)<br />

: pincement pied flexion membre excité <strong>et</strong> extension<br />

côté opposé... c’est le tout 1 er début de la marche.<br />

- A 24 semaines (5,5 mois), il serre fermement une bagu<strong>et</strong>te venant toucher sa paume : c’est le « grasping<br />

reflex ».<br />

- Mise en place du réflexe de Moro = « réflexe des bras en croix » ou « réflexe d’embrassement » dès la<br />

30 ème semaine = 7 mois révolus (il disparaîtra au 6 ème mois après la naissance).<br />

3) Réactions sensorielles :<br />

Il se prépare à d’abord à toucher (dès la 7 ème<br />

semaine au niveau des lèvres) puis à goûter <strong>et</strong> à<br />

sentir <strong>et</strong> enfin à entendre puis voir...<br />

Les zones visuelles <strong>et</strong> auditives du cerveau se<br />

différencient à la 20 ème semaine.<br />

Goût <strong>et</strong> odorat :<br />

Ils fonctionnent comme un seul sens lorsque le bébé déglutit<br />

le liquide amniotique (ce qui se produit, nous l’avons<br />

signalé dès la 12 ème semaine). Ce liquide amniotique est<br />

« parfumé » par ce que la mère respire <strong>et</strong> mange. La fumée<br />

de cigar<strong>et</strong>te chez une femme enceinte peut provoquer un<br />

hoqu<strong>et</strong> du fœtus.<br />

Audition :<br />

L’oreille interne atteint sa structure définitive à la 20 ème<br />

semaine de grossesse (4,5 mois) mais il semble que<br />

l’audition ne devienne possible que lorsque le nerf auditif<br />

est fonctionnel, c’est-à-dire entre la 24 ème <strong>et</strong> la 26 ème semaine.<br />

Réflexe de Moro : s’il apparaît un<br />

changement brusque de la position de la<br />

nuque (tête qui tombe en arrière ou bien<br />

soulèvement des cuisses <strong>et</strong> du bassin du<br />

nourrisson), on observe :<br />

* d’abord une extension <strong>et</strong> un<br />

écartement des bras avec ouverture des<br />

mains.<br />

* puis un réflexe (inconstant)<br />

d’embrassement.<br />

Fœtus de 3 mois… les rétines sont<br />

visibles en noir…<br />

A 25 semaines, pour qu’un son extérieur parvienne in utero aux oreilles du fœtus <strong>et</strong> provoque des 1 ères<br />

réponses réflexes, il faut qu’il atteigne 110 décibels… soit un niveau sonore + intense que celui d’un<br />

marteau piqueur.<br />

Chez le fœtus exposé à un bruit fort (les bruits externes lui parviennent plus atténués s’ils sont aigus), on<br />

observe à l’échographie, dès la 26 ème -28 ème semaine (début du 7 ème mois) des battements de paupières, une<br />

accélération cardiaque <strong>et</strong> une extension des membres. Ce qu'il entend correspond sans doute à ce que nous<br />

percevons quand nous m<strong>et</strong>tons la tête sous l'eau.<br />

- Le fœtus perçoit mieux la voix de sa mère que celle des autres voix car elle lui parvient par 2<br />

chemins différents : la voie aérienne <strong>et</strong> la voie du corps maternel. Ceci correspond à un gain de 10 à 20 dB<br />

par rapport aux voix d’autres personnes.<br />

- La voix du père (<strong>et</strong> d’autres personnes), peut être théoriquement entendue en fin de grossesse à partir de 95<br />

dB (soit une intensité vocale importante de l’ordre de celle utilisée par un conférencier)… ce n’est donc<br />

pas le cas dans la vie courante. A la date de 2004, aucun chercheur n’a pu montrer qu’un bébé pouvait se<br />

souvenir de la voix de son père après la naissance <strong>et</strong> qu’il la préférait à celle d’un autre homme…<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

68


- L’enregistrement des bruits intra-utérins (battements cardiaques <strong>et</strong> mouvements respiratoires de la mère,<br />

déglutition, gargouillements divers) puis leur diffusion après la naissance, calment les nouveau-nés <strong>et</strong> les<br />

endorment.<br />

- Des extraits musicaux de « Pierre <strong>et</strong> le loup » de Prokofiev, ont été interprétés<br />

au basson devant des mères au 8 ème <strong>et</strong> au 9 ème mois de la grossesse. Ils ont<br />

ultérieurement été proposés à leurs nourrissons, après la naissance, lors de<br />

périodes de pleurs. Ces extraits provoquent un apaisement <strong>et</strong> un passage à la<br />

veille attentive.<br />

- On fait lire à haute voix, par une future maman un énoncé (poème par exemple),<br />

durant 6 semaines avant la naissance de son enfant. La lecture du texte pas sa<br />

mère après sa naissance suscite plus "d’intérêt" 3 qu’un autre poème jamais<br />

entendu ou que le même poème lu par une autre femme.<br />

- Des chercheurs ont étudié l’eff<strong>et</strong> provoqué par des avions survolant Osaka sur le<br />

sommeil des nouveau-nés. Si la mère a vécu toute sa grossesse en ce lieu,<br />

seulement 5 % des bébés se réveillent durant les survols. Si la mère s’est installée<br />

après le 5 ème mois de sa grossesse, c’est 50 % des nouveau-nés qui sont tirés du<br />

sommeil.<br />

Ces diverses études confirment l’existence d’une audition avant la naissance <strong>et</strong> de plus apportent la preuve<br />

qu’il existe un apprentissage prénatal.<br />

Vue :<br />

Avant que les paupières ne se développent <strong>et</strong> se soudent la 14 ème semaine, le fœtus a les « yeux ouverts »<br />

dans le liquide amniotique. Les paupières resteront ensuite « fermées » (en fait soudées) jusqu’au 6 ème ou<br />

7 ème mois.<br />

A partir de la 24 ème semaine, le fœtus déplace ses globes oculaires dans les 4 directions mais ces<br />

mouvements sont rares. Ses pupilles se contractent alors en intensité lumineuse élevée ce qui conduit à<br />

penser que l’œil du fœtus est, à c<strong>et</strong> âge, sensible à la lumière. La rétine est par ailleurs alors mature.<br />

Nous avons précisé précédemment que des expériences (lumière vive <strong>et</strong> clignotante dirigée sur le ventre<br />

maternel) avaient mis en évidence, avec certitude, une sensibilité à la lumière dès le 7 ème mois de vie intrautérine.<br />

Le nouveau-né voit dès sa naissance mais sa vue est très immature : l’acuité visuelle se situe entre<br />

1/30 ème <strong>et</strong> 1/20 ème , l’accommodation (équivalente de la mise au point dans un appareil photographique) est<br />

faible <strong>et</strong> le champ visuel est restreint. 1 % des enfants sont malvoyants.<br />

La vision du bébé est centrale : parlez-lui en vous plaçant dans l’axe de son regard.<br />

Conclusion : on peut dire que la vue est le sens qui se m<strong>et</strong> en place le plus tardivement.<br />

D) D) les les échanges échanges avec avec la la mère mère mère :<br />

Image :<br />

http://www.tiboo.com/conte<br />

nu/sante/parler01.htm<br />

C1) ECHANGES BIOLOGIQUES :<br />

Le placenta est un organe intervenant dans la nutrition (= alimentation + respiration + épuration) <strong>et</strong> la<br />

protection immunitaire du fœtus (le placenta laisse passer les anticorps... mais Cf. le problème du<br />

facteur rhésus quand la mère est rhésus négatif <strong>et</strong> l’enfant rhésus positif).<br />

Jusqu'à la naissance, les poumons n’interviennent pas dans la respiration.<br />

Pathologie : le pseudo-hermaphrodisme est lié à un passage d’hormones sexuelles en quantité trop<br />

importante à travers le placenta ... les gonades (= glandes sexuelles) sont alors d’un sexe différent du<br />

sexe morphologique.<br />

C2) ECHANGES PSYCHOLOGIQUES :<br />

Ils s’effectuent dans les 2 sens... Par le biais de l’adrénaline, la mère peut communiquer ses émotions<br />

à l’enfant (dont le rythme cardiaque s’accélère). Le phénomène a été très étudié chez les mammifères :<br />

lorsque le chien entre dans la bergerie, les fœtus portés par les brebis présentent des modifications<br />

marquées au niveau de leur électroencéphalogramme...<br />

3<br />

L’intérêt est mesuré par la technique de la succion non nutritive (tétine reliée à un capteur de pression connecté à un<br />

ordinateur) mise au point en 1969 par Siqueland <strong>et</strong> Delucia : l’enfant pratique une succion plus prolongée.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

69


Complément : le suivi médical de la grossesse fin 2002<br />

SEPT EXAMENS PRENATAUX :<br />

* Le 1 er examen doit être fait par un médecin avant le 3 ème<br />

mois de grossesse : Systématiquement : analyse d’urine <strong>et</strong><br />

détermination du groupe sanguin, dépistage de la rubéole <strong>et</strong><br />

de la toxoplamose <strong>et</strong> du cytomégalovirus (CMV).<br />

Proposition du dépistage du VIH <strong>et</strong> de la trisomie 21.<br />

* 6 autres examens prénataux du 4 ème mois à l’accouchement.<br />

Au 6 ème mois de grossesse : dépistage de l’antigène Hbs<br />

(recherche d’une infection par le virus de l’hépatite B).<br />

* Examens supplémentaires s’il existe un risque particulier :<br />

recherches, après entente préalable avec la caisse<br />

d’assurance maladie, de la trisomie 21 par amniocentèse<br />

(chez les femmes de plus de 38 ans) <strong>et</strong> de maladies<br />

génétiques (s’il existe des antécédents familiaux).<br />

TROIS ECHOGRAPHIES :<br />

* La 1 ère à 12 semaines révolues d’aménorrhée qui perm<strong>et</strong> de<br />

préciser la date de fécondation, de rechercher une éventuelle<br />

grossesse extra-utérine <strong>et</strong> de détecter des anomalies éventuelles.<br />

* La 2 ème à 22 semaines d’aménorrhée perm<strong>et</strong> d’apprécier la<br />

croissance du fœtus <strong>et</strong> de rechercher d’autres anomalies.<br />

* La 3 ème à 32 semaines d’aménorrhée perm<strong>et</strong> de préciser la<br />

position du bébé <strong>et</strong> l’emplacement du placenta.<br />

* D’autres échographies peuvent être prescrites en cas de<br />

grossesse à risque.<br />

HUIT SEANCES DE PREPARATION :<br />

* Elles sont animées par un médecin ou une sage-femme, durent<br />

45 minutes <strong>et</strong> sont individuelles ou collectives.<br />

* Elles visent 5 objectifs :<br />

proposer des exercices musculaires, respiratoire <strong>et</strong> de<br />

relaxation,<br />

informer les femmes sur leur grossesse,<br />

<strong>et</strong> sur le déroulement de l’accouchement,<br />

sur le rôle de chaque membre de l’équipe lors de c<strong>et</strong><br />

accouchement<br />

<strong>et</strong> sur les 1 ers gestes à effectuer lorsque le bébé se présente.<br />

UN EXAMEN CLINIQUE<br />

POSTNATAL :<br />

Il est réalisé dans les 8 semaines<br />

qui suivent l’accouchement.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Les maternités sont<br />

organisées en trois<br />

niveaux depuis 1998 :<br />

Niveau 1 : grossesses<br />

normales à priori.<br />

Niveau 2 : une unité de<br />

néonatalogie obligatoire<br />

qui perm<strong>et</strong> d’assurer des<br />

soins intensifs aux<br />

nourrissons.<br />

Niveau 3 : s’occupent des<br />

grossesses à risque <strong>et</strong><br />

comportent<br />

obligatoirement un service<br />

de réanimation.<br />

Avant l’âge de 38 ans, le<br />

risque de trisomie 21 est<br />

faible <strong>et</strong> il n’est pas légitime<br />

de faire pratiquer<br />

systématiquement une<br />

"amniocentèse". Dans ce<br />

cas on propose un test de<br />

dépistage de moins bonne<br />

spécificité, mais totalement<br />

dénué de risque : le HT 21,<br />

ou "triple test". Il s’agit d’une<br />

prise de sang, perm<strong>et</strong>tant de<br />

doser 3 constituants sanguins<br />

(l’HCG bêta, l’alpha<br />

fo<strong>et</strong>oprotéine <strong>et</strong> l’oestriol)…<br />

Voir pages 47 <strong>et</strong> 48.<br />

Ce test doit impérativement<br />

être pratiqué entre la 14 ème<br />

<strong>et</strong> la 18 ème semaine après le<br />

début des dernières règles<br />

(semaines "d’aménorrhée ").<br />

On le combine à la mesure<br />

de la " clarté nucale " lors<br />

d’une échographie.<br />

Les résultats sont rendus en<br />

10 jours <strong>et</strong> sont exprimés en<br />

% de risque.<br />

DIX SEANCES DE REEDUCATION ABDOMINALE :<br />

Proposées après l’accouchement, elles visent à tonifier les<br />

musculatures abdominale, pelvienne <strong>et</strong> périnéale afin en<br />

particulier d’éviter les problèmes urinaires après l’accouchement.<br />

70


E) E) La La La naissance :<br />

L’accouchement correspond à<br />

l'ensemble des phénomènes qui ont<br />

pour conséquence la sortie du fœtus <strong>et</strong><br />

des annexes fœtales hors des voies<br />

génitales maternelles.<br />

La période du terme s’étend de 37 à 41<br />

semaines 42 semaines (259 à 293 jours).<br />

Avant 37 semaines d'aménorrhée, il s’agit<br />

d’accouchement prématuré <strong>et</strong> après 42<br />

semaines d'aménorrhée de dépassement<br />

de terme. L’idéal se situe vers 39,5 sem.<br />

On parle « d'accouchement<br />

programmé » quand il est provoqué pour des raisons personnelles <strong>et</strong> de « déclenchement de<br />

l’accouchement » lorsque les indications sont médicales (terme dépassé, rupture prématurée de la<br />

poche des eaux, l'accouchement qui ne se déclenche pas dans les heures qui suivent la rupture,<br />

maladie rhésus, r<strong>et</strong>ard de croissance, souffrance chronique ou malformation du fœtus, jumeaux,<br />

hypertension artérielle ou diabète ou troubles hépatiques ou encore cardiaques, pulmonaires ou<br />

rénaux de la mère).<br />

L’accouchement commence par des contractions utérines induites par des substances chimiques :<br />

les prostaglandines produites par l’amnios (fine membrane qui tapisse tout l’intérieur de la cavité<br />

occupée par le fœtus <strong>et</strong> qui recouvre le cordon ombilical <strong>et</strong> le placenta). L'ocytocine, hormone<br />

d'origine hypothalamique transitant dans l’hypophyse n'intervient pas directement dans le déclenchement<br />

des contractions utérines, mais entr<strong>et</strong>ient <strong>et</strong> renforce leur intensité. Les contractions sont<br />

involontaires <strong>et</strong> progressives en fréquence, en intensité ainsi qu’en durée (15 secondes à 1 minute).<br />

Les contractions naturelles ou déclenchées entraînent l’effacement (= le raccourcissement<br />

progressif de 3,5 cm à 0 cm) du col de l’utérus puis la dilatation de ce col. En cas d’<br />

« accouchement programmé » ou de « déclenchement de l’accouchement », on provoque la<br />

« maturation du col » (effacement + dilatation du col) en plaçant dans le vagin, en arrière du col, ce<br />

que l’on appelle un « lac » (une sorte de tissu) imprégné de prostaglandines. Si le col réagit bien à<br />

c<strong>et</strong>te administration de prostaglandines (ou s’il est déjà effacé), on peut alors faire commencer le<br />

travail en m<strong>et</strong>tant en place une perfusion d’ocytocine ("Syntocinon ®").<br />

La progression de la dilatation se mesure en centimètres : elle est complète à 10 cm. Pour un<br />

premier bébé, l’ouverture du col est progressive : elle est lente jusqu’à 5 ou 6 cm, plus rapide<br />

ensuite pour atteindre les 10 cm. On compte généralement 1 cm d’ouverture par heure. En fait, la<br />

durée varie de 7 à 10 heures chez une primipare (femme qui accouche pour la 1 ère Léonard de Vinci 1510-1512. Fo<strong>et</strong>us in utero.<br />

fois) <strong>et</strong> de 3 à 6<br />

h chez une multipare. La femme doit s’abstenir de pousser durant la dilatation car celle-ci se<br />

trouve alors ralentie.<br />

L’anesthésiste peut réaliser une péridurale (précédée d’une anesthésie locale) dans le dos de la<br />

femme, entre la deuxième <strong>et</strong> la troisième vertèbre lombaire ou entre la troisième <strong>et</strong> la quatrième.<br />

Elle peut être effectuée dès 3 cm de dilatation <strong>et</strong> jusqu’à 10 cm (à condition que le bébé ne soit pas<br />

encore engagé dans le bassin). Elle consiste - par l'intermédiaire d'un tuyau très fin ou cathéter<br />

introduit dans le dos à l'aide d'une aiguille spéciale – en l'injection à l'intérieur de la colonne<br />

vertébrale, dans l'espace qui entoure la moelle épinière, autour du « sac péridural » contenant le<br />

liquide céphalo-rachidien, d'une substance anesthésiante.<br />

Le cathéter reste en place pendant toute la durée de l'accouchement afin d’autoriser l'administration<br />

répétée de l'anesthésique.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

71


La péridurale fait disparaître les sensations<br />

douloureuses, mais pas la sensibilité, ni la motricité,<br />

bien que l'on se sente engourdie...<br />

Le monitoring est un appareil qui enregistre, à l’aide de 2<br />

capteurs placés sur le ventre de l’accouchée, l’intensité des<br />

contractions utérine d’une part <strong>et</strong> le rythme cardiaque du<br />

bébé d’autre part.<br />

Le liquide amniotique est incompressible <strong>et</strong><br />

fonctionne comme un « airbag » liquide naturel. La<br />

poche des eaux se rompt au cours de l’accouchement<br />

mais la sage femme peut la provoquer à environ 8 cm de<br />

dilatation en utilisant un amniotome = perce-membrane.<br />

L’amniotome est une longue tige métallique pointue à son Localisation de la péridurale<br />

extrémité que l’accoucheuse introduit dans le vagin en<br />

l’entourant de ses doigts. Il sert à « gratter » la paroi de la<br />

http://www.alrf.asso.fr/patients_2001/home.htm<br />

poche avant d’élargir le trou à l’aide des doigts. Ce geste est totalement indolore pour la mère comme<br />

pour le bébé. Il s’ensuit une libération de prostaglandines qui facilitent les contractions.<br />

Des enregistrements (cardiaques <strong>et</strong> EEG) ont permis de découvrir que le bébé dormait la<br />

plupart du temps au cours de l’accouchement, ne se réveillant que lors des contractions les<br />

plus fortes <strong>et</strong> au moment de l’expulsion.<br />

L’expulsion est la seconde phase de l’accouchement. Elle dure entre 30 mn <strong>et</strong> 1 h pour une<br />

primipare <strong>et</strong> 15 minutes pour une multipare. C’est le moment du « Inspirez, bloquez, poussez ». Le<br />

bébé crie dans les 20 à 30 s qui suivent son expulsion <strong>et</strong> la respiration pulmonaire se déclenche.<br />

L’épisiotomie consiste à inciser en bas de la vulve (<strong>et</strong> vers l’anus) de 2 à 3 cm afin de faciliter le passage<br />

de la tête du bébé : on agrandit la sortie. Il existe en fait 2 types d’incisions : l'incision médiane s’effectue<br />

entre le vagin <strong>et</strong> l'anus <strong>et</strong> l'incision médio-latérale se pratique sur le côté (en général vers la droite). En 2000,<br />

les Etats-Unis ne réalisaient plus que 20 % d’épisiotomies.<br />

L’épisiotomie est pratiquée (lors d’une contraction) si<br />

l’obstétricien considère qu’il y a un risque de déchirure du<br />

périnée (plan musculaire situé entre la vulve <strong>et</strong> l'anus). Elle<br />

est considérée comme justifiée médicalement pour la<br />

naissance des gros bébés, les présentations par le siège <strong>et</strong><br />

lorsqu’il y a forceps (les forceps sont des instruments en<br />

forme d'une pince, destinés à saisir la tête de l'enfant pour en<br />

faciliter l'expulsion dans certains accouchements difficiles).<br />

Dans les années 70-80, on prônait la systématisation de<br />

l’épisiotomie chez les primipares. Cependant, contrairement<br />

à une idée reçue, une épisiotomie est plus longue <strong>et</strong><br />

douloureuse à cicatriser qu’une déchirure spontanée. On<br />

recoudra ultérieurement sous anesthésie locale (ou en<br />

profitant de l’anesthésie péridurale) avec des fils<br />

résorbables… cela prend 10 à 20 mn car il faut recoudre 3<br />

plans superposés. Le n<strong>et</strong>toyage de la plaie s’effectue au<br />

Dessin extrait d’un site opposé<br />

à l’épisiotomie<br />

savon de Marseille (ou avec un savon à pH neutre), bien sécher <strong>et</strong> appliquer de l’éosine. L’épisiotomie<br />

entraîne + que de la gêne <strong>et</strong> de l’inconfort ! En cas de douleurs, une poche de glace est très efficace. Des<br />

femmes se plaignent que l’épisiotomie entraîne par la suite des douleurs lors des rapports sexuels.<br />

La délivrance est la 3 ème <strong>et</strong> dernière phase de l’accouchement. Elle correspond à l’expulsion du<br />

placenta environ 20 minutes après la naissance. La face lisse sort en premier. Le placenta est<br />

examiné <strong>et</strong> pesé : il représente 1/6 du poids du bébé, soit 500 à 600 g en moyenne.<br />

La maman reste allongée mais peut regagner sa chambre dans les 1 à 2 heures.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

72


LES CHANGEMENTS POUR LE BEBE :<br />

* Passage d’un environnement physique liquide à un environnement gazeux.<br />

* Passage d’une température presque constante à<br />

une température variable exigeant que le bébé la<br />

régule.<br />

* Accroissement considérable des stimulations.<br />

* Passage d’une alimentation placentaire à une<br />

alimentation buccale impliquant le fonctionnement<br />

de l’appareil digestif du bébé.<br />

* Passage d’une respiration placentaire à une<br />

respiration pulmonaire.<br />

Pour les biologistes :<br />

Chez le fœtus, le sang oxygéné venait du placenta, passait<br />

par la veine ombilicale puis par le canal veineux d'Arantius<br />

avant de rejoindre la veine cave inférieure, puis l'oreill<strong>et</strong>te<br />

droite (O.D.). Il ne rejoignait pas ensuite les poumons mais<br />

empruntait 2 shunts : il passait soit directement dans l’oreill<strong>et</strong>te<br />

Accouchement<br />

gauche (O.G.) par le biais du trou de Botal (ou foramen ovale) soit de l’artère pulmonaire dans l’aorte par le biais du canal<br />

artériel. A la naissance, il y a ferm<strong>et</strong>ure du trou de Botal situé entre (O.D) <strong>et</strong> oreill<strong>et</strong>te gauche (O.G) <strong>et</strong> oblitération du canal<br />

artériel entre artère pulmonaire <strong>et</strong> aorte. La ferm<strong>et</strong>ure des shunts se fait de façon progressive <strong>et</strong> réversible en 1 semaine environ.<br />

Chez le fœtus, les poumons étaient remplis de liquide : la sécrétion du liquide intra-pulmonaire cesse quelques heures<br />

avant l'accouchement. La compression du thorax du bébé lors du passage dans les voies génitales de la femme perm<strong>et</strong><br />

l'évacuation d’une partie de ce liquide. La partie restante sera résorbée par voie veineuse <strong>et</strong> lymphatique au travers de la<br />

paroi des alvéoles pulmonaires.<br />

* L’élimination des déch<strong>et</strong>s ne s’effectue plus par le biais du placenta mais par l’intermédiaire de la peau,<br />

des reins, de l’intestin <strong>et</strong> des poumons du bébé.<br />

L’ECHELLE D’APGAR <strong>et</strong> les SOINS :<br />

Les examens sont effectués sur une table chauffante <strong>et</strong> sous lampe chauffante afin d’éviter que l’enfant<br />

n’ait froid.<br />

Echelle d’Apgar… Du nom d’une anesthésiste de Columbia : Virginia Apgar, 1953)... maximum 10. Elle<br />

est utilisée 1 mn après la naissance puis à 3 mn, 5 mn après la première mesure puis 10 mn après.<br />

SIGNES : Degré 0 : Degré 1 : Degré 2 :<br />

Rythme cardiaque : Absent. Inférieur à 100mn. Supérieur à 100.<br />

Respiration : Absente. Irrégulière, lente. Bonne ; l’enfant pleure.<br />

Tonus musculaire : Relâché (hypotonie). Faible, enfant inactif. Fort, enfant actif.<br />

Apparence (couleur) : Enfant bleu (cya- Corps rose mais Entièrement rose.<br />

nosé) ou très pâle. extrémités bleues.<br />

Réflexes (réaction à la Pas de réponse. Grimace ou léger Toux, reniflements,<br />

stimulation cutanée) :<br />

mouvement.<br />

pleurs.<br />

90 % des enfants normaux ont 1 score = ou supérieur à 7.<br />

Après (ou avant…) le test d’Apgar, on introduit une p<strong>et</strong>ite sonde dans la bouche <strong>et</strong> les narines du bébé afin<br />

d’aspirer les mucosités qui encombrent les voies aériennes <strong>et</strong> de vérifier leur perméabilité. On descend ensuite la<br />

sonde par l’œsophage dans l’estomac pour vérifier l’absence de malformation de l’œsophage. On vérifie ensuite<br />

que l’anus est bien en place <strong>et</strong> perméable en y introduisant un thermomètre ou une sonde souple.<br />

Systématiquement, un collyre antibiotique est instillé dans chaque oeil afin d'éviter la survenue d'une infection<br />

oculaire (prévention de la conjonctivite à gonocoque).<br />

Avant on coupait le cordon tout de suite après la naissance aujourd’hui on atteint quelques instants entre les 1ères<br />

respirations du bébé <strong>et</strong> la coupe du cordon.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

73


La ligature du cordon s’effectue à 1 ou 2 cm de l’abdomen<br />

avec un « clamp de Barr en matière plastique, stérile, prêt à<br />

l'emploi <strong>et</strong> à usage unique». Le cordon est ensuite coupé juste<br />

au-dessus. Le cordon ombilical sectionné continue à battre<br />

pendant quelques dizaines de secondes puis s'arrête. La<br />

section est désinfectée à la chlorexidine puis recouverte d’une<br />

compresse maintenue par un adhésif non irritant (ou un fil<strong>et</strong><br />

Surgifix). Certains pédiatres préfèrent laisser le cordon à l'air.<br />

Le reste du cordon tombe vers le 7 ème - 10 ème jour <strong>et</strong> la cicatrice<br />

correspond à l’ombilic ou nombril.<br />

2 à 5 gouttes de vitamine K1 sont mises directement dans la<br />

bouche du bébé en prévention de la maladie hémorragique du<br />

nouveau-né. On peut également utiliser une injection<br />

intramusculaire.<br />

Après ces différentes actions, on pratique un bain rapide<br />

pour enlever le sang.<br />

Prise du poids, prise de la taille, prise du périmètre<br />

crânien… Les mensurations normales d'un nouveau-né sont<br />

: poids de 3 à 3.5 kg, taille de l’ordre de 50 cm, périmètre<br />

crânien : 34 à 35 cm <strong>et</strong> périmètre thoracique : 33 cm. Le<br />

rythme respiratoire est de 30 à 50 mouvements par minutes.<br />

Il est normal qu’il existe quelques pauses respiratoires. Si<br />

elles durent moins de 20 secondes, il s’agit de pauses<br />

<strong>physio</strong>logiques. Si elles dépassent 20 sec : attention pauses<br />

pathologiques ! La fréquence cardiaque est de 120 à 140<br />

battements par minutes (BPM). Tension artérielle : 7,4 /<br />

4,7. Les différents appareils sont examinés. Chez la p<strong>et</strong>ite<br />

fille, les p<strong>et</strong>ites lèvres <strong>et</strong> le clitoris sont transitoirement<br />

hypertrophiés. Chez le garçon, il existe presque<br />

toujours un phimosis. Remarque : La première miction<br />

peut être r<strong>et</strong>ardée jusqu'au 3 ème jour. Dans les 2 sexes, une<br />

hypertrophie mammaire pouvant être associée à une<br />

sécrétion lactée n’est pas rare. Chez la p<strong>et</strong>ite fille il peut<br />

aussi apparaître des métrorragies (= pseudo-menstruations).<br />

Les clavicules sont systématiquement palpées à la<br />

recherche de fracture.<br />

L’identification de l'enfant est effectuée devant la mère : on pose un bracel<strong>et</strong> portant le nom, la date, l’heure de<br />

la naissance, le sexe <strong>et</strong> numéro d'accouchement. Il ne doit jamais être enlevé.<br />

La déclaration de naissance est à effectuer<br />

dans les trois jours.<br />

Remarques :<br />

Les bébés présentent souvent une jaunisse (= ictère) en<br />

période post-natale. Il faut en fait distinguer :<br />

* l’ictère au 2 ème ou au 3 ème jour (J2 ou J3). Chez le bébé<br />

il est <strong>physio</strong>logique (= normal) <strong>et</strong> est dû à l’élimination<br />

des globules rouges (= hématies) de la mère circulant<br />

dans le sang du bébé.<br />

* l’ictère des premiers heures qui lui est pathologique<br />

(incompatibilité du sang de la mère <strong>et</strong> du fœtus) <strong>et</strong><br />

impose une surveillance.<br />

Il est fréquent d'observer chez les nouveau-nés de<br />

couleur une peau très claire qui foncera dans les jours<br />

suivants.<br />

Le lanugo est un duv<strong>et</strong> sur le dos <strong>et</strong> les<br />

tempes mais qui peut aussi être présent sur le<br />

front <strong>et</strong> les joues.<br />

Le vernix caseosa : enduit blanc sébacé<br />

surtout au niveau des plis <strong>et</strong> formant une<br />

couche protectrice de la peau du nouveau-né.<br />

La présence de vernix est variable selon le<br />

terme de naissance. Avant le terme :<br />

beaucoup de vernix. Après le terme : peu ou<br />

pas <strong>et</strong> risque de lésions de la peau. Il est<br />

enlevé, comme le liquide amniotique, par<br />

tamponnement doux.<br />

Les points miliaires (ou milium) sont des<br />

taches blanches situées au niveau du nez <strong>et</strong> du<br />

menton (il s’agit en fait d’amas sébacés). La<br />

tache mongolique (ou mongoloïde) est une<br />

tâche gris ardoise ou bleu ardoisé, parfois<br />

étendue, qui siège au niveau des fesses <strong>et</strong> du<br />

bas du dos. Les angiomes plans sont des<br />

p<strong>et</strong>ites tâches rosées en triangle sur les<br />

paupières, nuque, racine du nez <strong>et</strong> front.<br />

Les fontanelles correspondent à des espaces<br />

non ossifiés (<strong>et</strong> donc encore membraneux) au<br />

niveau du crâne. Il existe deux fontanelles. La<br />

fontanelle antérieure ou « grande » (= le<br />

bregma), qui a une forme de losange, se situe<br />

entre l'os frontal <strong>et</strong> les 2 os pariétaux. La<br />

fontanelle postérieure ou « p<strong>et</strong>ite » qui est un<br />

triangle positionné entre l'os occipital <strong>et</strong> les 2<br />

os pariétaux.<br />

Le méconium (verdâtre <strong>et</strong> collant) constitue<br />

les premières matières fécales du bébé. Il est<br />

formé durant la vie fœtale <strong>et</strong> éliminé dans les<br />

premières 24-48 heures.<br />

Il faudra attendre 5 voire 6 mois pour qu’il<br />

joue avec ses pieds <strong>et</strong> 7 mois pour qu’il<br />

suce ses orteils.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

74


Chez la femme, à l’accouchement, des taux en 2 hormones : la progestérone <strong>et</strong> l’œstradiol diminuent mais<br />

il se produit par contre une libération massive d’une 3 ème hormone : la prolactine. La prolactine stimule la<br />

sécrétion lactée en agissant sur les acini (un acinus est une p<strong>et</strong>ite cavité sécrétrice dont le contenu se déverse dans<br />

un canal excréteur). Son action dure environ 20 minutes. L’autre stimulation de la lactation est la succion du<br />

téton. L'ocytocine (= oxytocine : polypeptide formé de 9 acides aminés), synthétisée dans l’hypothalamus (au<br />

niveau des noyaux supra-optiques <strong>et</strong> paraventriculaires) puis transportée, est stockée par la partie arrière de<br />

l’hypophyse qui la libère dans la circulation sanguine. Elle a permis les contractions de l’utérus lors de<br />

l’accouchement <strong>et</strong> provoque maintenant l’évacuation du lait hors des acini par la contraction des fibres<br />

musculaires. Il existe une période de 50 minutes après la tétée pendant laquelle l’organisme ne sécrète plus de<br />

lait : c’est la période réfractaire. Cela ne servirait donc à rien de rem<strong>et</strong>tre bébé au sein durant c<strong>et</strong>te période.<br />

* La « mise au sein précoce » peut être réalisée dans les<br />

une à deux heures qui suivent l'accouchement si la mère<br />

désire allaiter.<br />

* Le colostrum correspond à la 1ère sécrétion<br />

mammaire. C’est un liquide épais jaune est riche en<br />

protéines, en minéraux <strong>et</strong> en anticorps.<br />

* Vers le 3 ème jour, le colostrum fait place au lait de<br />

transition, qui contient plus de sucre <strong>et</strong> plus de graisses.<br />

Vers le 5 ème jour, le lait de transition devient encore plus<br />

clair, un peu bleuté : c'est le lait dit « définitif » qui<br />

acquière toutes ses caractéristiques vers le 15 ème jour.<br />

* Le lait ne conserve pas la même composition au cours<br />

d’une tétée : il passe d’abord surtout de l’eau <strong>et</strong> des sels<br />

minéraux, puis, au milieu de la tété surtout des protéines.<br />

A la fin de la tétée les graisses (= lipides) sont 4 à 5 fois<br />

plus concentrées dans le lait. La digestion du lait maternel<br />

se réalise en 1h 30 (plus si c’est un autre lait). Une baisse<br />

du poids de -1/10 est <strong>physio</strong>logique durant les premiers<br />

jours. Le bébé r<strong>et</strong>rouve son poids de naissance au 8 ème jour. Ensuite prise de 20 à 25 g par jour.<br />

LA GOUTTE DE SANG = Test de Guthrie<br />

Quelques gouttes de sang sont prélevées au talon du nouveau-né entre le 3 ème <strong>et</strong> le 5 ème jour quand l’enfant a<br />

mangé. M<strong>et</strong>tre une goutte de sang dans les 6 cercles de la carte (sorte de bandel<strong>et</strong>te de papier buvard).<br />

Résultats 15 jours plus tard.<br />

Le test de Gutrie perm<strong>et</strong> le dépistage de :<br />

1) la phénylcétonurie (déficit en une enzyme produite par le foie),<br />

2) de l’hypothyroïdie (insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde pouvant se traduire par un r<strong>et</strong>ard mental),<br />

3) de l’hyperplasie des glandes surrénales (les surrénales produisent alors trop d’androgènes : DHA <strong>et</strong><br />

androstènedione transformés en testostérone).<br />

4) de l’anémie falciforme ou drépanocytose (parents originaires des Antilles, Guyane, Afrique Noire, la<br />

Réunion, Afrique du Nord, bassin méditerranéen)<br />

5) de la toxoplasmose (maladie due à une infection par un parasite : Toxoplasma gondii).<br />

6) Il autorise aussi le dépistage de la mucoviscidose (maladie qui implique une insuffisance respiratoire majeure.<br />

C’est la maladie génétique la plus fréquente puisqu’elle affecte 1 nouveau-né pour 3500 naissances soit plus de<br />

200 cas par an. L’anomalie porte sur le chromosome 7).<br />

L’ACCOUCHEMENT SANS VIOLENCE :<br />

L’enfant naît dans la pénombre, non aveuglé par les projecteurs. On fait silence ou on chuchote.<br />

On dépose l’enfant sur le ventre de la mère (Cf. température <strong>et</strong> douceur). On ne coupe le cordon que lorsque<br />

celui-ci a cessé de battre pendant 4 à 5 mn, l’oxygénation se poursuit par le placenta alors que la respiration<br />

pulmonaire a déjà démarré. L’enfant crie beaucoup moins.<br />

La mère touche son enfant <strong>et</strong> le masse. On sait maintenant que le nouveau-né perçoit la douceur ou la<br />

brusquerie des gestes <strong>et</strong> qu’il doit être manipulé en conséquence.<br />

Il faut nourrir le bébé dès qu’il a quelques heures <strong>et</strong> ne pas attendre 24 heures comme cela se fait encore<br />

parfois.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

75


LA SUITE DE COUCHES (POST-PARTUM) :<br />

C'est une période débutant de l'accouchement jusqu'à la reprise des règles (6 à 8 semaines après, c<strong>et</strong>te<br />

période est multipliée par 2 s’il y a allaitement). Pendant 3 à 4 semaines, il existe un écoulement d’abord<br />

sanglant puis séro-sanglant puis séreux : « les lochies ».<br />

STATISTIQUES :<br />

Après la stabilité de 1985-1992,<br />

la baisse de 1993-1994, les naissances sont<br />

depuis en progression en France. 2000 enfants naissent<br />

chaque jour dans notre pays.<br />

58 722 271 habitants en France au 1er janvier 1998. 774 800<br />

naissances en 2001 (35000 naissances de plus qu’en 2000). Nous<br />

sommes au 1 er rang européen pour la natalité… L’âge moyen de<br />

la maternité se situe à 29,1 ans pour 1997 <strong>et</strong> 29,2 ans en 1998. La<br />

fécondité était de 1,71 enfants par femme fin 1997 en France<br />

(1,44 pour l’ensemble de l’union européenne). Elle atteint 1,75<br />

pour 1998 <strong>et</strong> 1,9 en 2001.<br />

Si les femmes ont plus d'enfants qu'il y a quelques années, elles<br />

les ont aussi plus tardivement. 40 % de naissances hors mariage<br />

en 1998 (2 fois plus qu'il y a 20 ans).<br />

1 famille sur 8 est du type monoparental.<br />

Il naît environ 44 000 enfants avant terme chaque année dans<br />

l’hexagone (5, 9 % des naissances).<br />

156 180 interruptions de grossesse (nombre comprenant les<br />

interruptions thérapeutiques ou ITG <strong>et</strong> les interruptions<br />

volontaires ou IVG) ont été déclarées en 1995 (mais le chiffre<br />

réel tourne autour de 225 000 soit 30 ITG + IVG pour 100<br />

naissances vivantes).<br />

Le délai légal de l'IVG était de 10 semaines mais a été allongé à<br />

12 semaines (soit 14 semaines après le début des dernières<br />

règles). Ainsi, la France se rapproche de la moyenne européenne<br />

qui se situe aujourd’hui à 14 semaines de grossesse.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

En France, en 2002, 99,5 % des<br />

femmes accouchent à l’hôpital. 12<br />

jours d’hospitalisation il y a 30 ans, 3<br />

jours seulement en 2002.<br />

70 % de femmes adeptes de la<br />

péridurale en 2002... la France est le<br />

pays du monde qui avait le plus recours<br />

à c<strong>et</strong>te pratique. L’augmentation a été<br />

spectaculaire <strong>et</strong> continue : 3,9 % en<br />

1981, 37,6 % en 1991 <strong>et</strong> 46,6 % en<br />

1994.<br />

Le taux de déclenchement des<br />

accouchements (pour répondre à des<br />

indications médicales : dépassement de<br />

terme, diabète gestationnel, toxémie,<br />

grossesse gémellaire... ou en raison de<br />

convenances personnelles) est globalement<br />

en hausse : 10,4 % en 1981, 17 %<br />

en 1994, 20 % en 1995 <strong>et</strong> 2002.<br />

On utilise pour déclencher<br />

l’accouchement : la rupture de la poche<br />

des eaux (= amniotomie), la perfusion<br />

de Syntocinon ® (= ocytocine) ou les<br />

prostaglandines locales (= PGE2)<br />

combinées de façon variable selon les<br />

équipes.<br />

16,3 % des femmes ont subi une<br />

césarienne en 1999 <strong>et</strong> 17,6 en 2001.<br />

Elle est plus pratiquée en Amérique du<br />

Nord, Centrale <strong>et</strong> du Sud.<br />

L’épisiotomie est pratiquée en 2002, en France, dans 60 % des cas (6 % en Suède <strong>et</strong> 10 % aux Pays-Bas).<br />

Elle est systématique en Europe de l’Est. Pourtant la recommandation de l'OMS est claire : "Le recours<br />

systématique à l'épisiotomie ne se justifie pas. D'autres méthodes de protection du périnée devraient être étudiées<br />

<strong>et</strong>, le cas échéant, adoptées."<br />

En France : les enfants pèsent en moyenne 3278 g <strong>et</strong> mesurant 49,6 cm (1995).<br />

Décès de la maman : en 1995, 100 à 120 femmes mouraient chaque année dans les maternités françaises...<br />

80 en 2002. Nous sommes derrière Allemagne, Australie, Espagne, Canada <strong>et</strong> Suède...<br />

Décès des bébés : nous sommes en 2002 au 12 ème rang des pays industrialisés pour la mortalité périnatale<br />

loin derrière le Japon, 1 er pour la sécurité. Nous sommes derrière la Finlande, la république Tchèque <strong>et</strong> la Norvège<br />

mais devant le Royaume-Uni <strong>et</strong> la Suisse.<br />

Pourtant, le risque de perdre un enfant à l’accouchement ou de mourir en couches est 5 fois moins important<br />

en France qu’en 1950.<br />

2002 : Congé de maternité : 6 semaines avant <strong>et</strong> 10 semaines après : c’est moins bien qu’en Suède<br />

(jusqu’à 64 semaines), en Norvège (42 semaines à taux plein <strong>et</strong> 52 semaines à 80 %), qu’au Portugal (120 jours),<br />

qu’au Danemark, qu’en Italie <strong>et</strong> qu’au Royaume-Uni.<br />

2002 : congé de paternité : 11 jours pour les papas français (en Norvège 4 semaines, en Finlande 18 jours,<br />

au Portugal : 15 jours).<br />

76


II - L’enfant de 0 à 3 ans :<br />

Pour les puristes... jusqu'à 2 mois, le bébé est appelé « un nouveau-né » <strong>et</strong> de 2<br />

mois à 2 ans « un nourrisson ».<br />

En France, fin 1996, on décompte 5650 pédiatres (dont 3600 pédiatres exercent une activité<br />

libérale chacun d’entre eux assurant en moyenne 3200 consultations par an). Les examens<br />

systématiques sont réalisés aux âges-clés du développement : 8 jours, 9 mois, 2 ans, 4 ans, 6<br />

ans, adolescence.<br />

A) LE SOMMEIL DU NOUVEAU-NE ET DU JEUNE ENFANT :<br />

A1 : Les 4 types de comportement du nouveau-né normal :<br />

L’observation de nouveau-nés à terme (38 à 40 semaines de gestation révolues) perm<strong>et</strong> de<br />

distinguer 4 types de comportements :<br />

- des phases d’éveil calme alternant avec des périodes d’éveil agité.<br />

- des séquences de sommeil de 50 minutes comprenant du sommeil calme <strong>et</strong> du sommeil<br />

agité séparés par du sommeil transitionnel (= sommeil intermédiaire = sommeil ambigu) qui ne<br />

correspond qu’à 10% du sommeil total.<br />

Veille calme (pendant<br />

quelques minutes, 2 ou 3<br />

fois par jour dans les jours<br />

qui suivent la naissance).<br />

Yeux grands ouverts avec<br />

mouvements oculaires<br />

exploratoires (éveil attentif).<br />

Activité corporelle<br />

réduite.<br />

C’est durant c<strong>et</strong>te<br />

période que se déroule la<br />

tétée.<br />

L’enfant peut fixer un<br />

visage qui lui sourit ou<br />

suivre un obj<strong>et</strong> du regard.<br />

Respiration calme.<br />

Rythme cardiaque lent <strong>et</strong><br />

régulier.<br />

Veille agitée<br />

(très fréquente mais<br />

peu durable).<br />

Yeux ouverts sans<br />

mouvements oculaires<br />

exploratoires.<br />

Peu d’attention à<br />

l’environnement.<br />

Agitation avec ou<br />

sans cris <strong>et</strong> grands<br />

mouvements<br />

corporels.<br />

Pleurs ou non.<br />

Respiration<br />

accélérée.<br />

Rythme cardiaque<br />

accru par rapport à<br />

la veille calme.<br />

Sommeil calme (durée<br />

d’environ 20 minutes).<br />

Il représente 40% du<br />

sommeil à la naissance.<br />

Yeux fermés <strong>et</strong> absence de<br />

mouvements oculaires sous<br />

les paupières.<br />

Absence de mouvements<br />

corporels (sauf quelques<br />

sursauts) bien que le tonus<br />

musculaire persiste.<br />

Visage peu expressif, souvent<br />

pâle. Pas de mimiques.<br />

Parfois des soupirs.<br />

Quelques mouvements de<br />

succion jusqu’à 3 mois.<br />

Respiration calme, très<br />

régulière (30 à 40 mouvements<br />

par minute).<br />

Battements cardiaques<br />

réguliers (120 à 140 par<br />

minute).<br />

Electroencéphalogramme<br />

lent <strong>et</strong> ample.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Sommeil agité<br />

(durée de 25 minutes en moyenne.<br />

Extrêmes : 10 à 40 minutes).<br />

Il représente 50% du sommeil.<br />

Yeux fermés ou mi-clos avec<br />

mouvements oculaires rapides isolés ou<br />

groupés.<br />

Battements des paupières.<br />

- Activité corporelle incessante avec<br />

mouvements presque imperceptibles<br />

des doigts <strong>et</strong> des orteils <strong>et</strong> plus amples<br />

au niveau des membres.<br />

- Chutes de tonus musculaire entre les<br />

mouvements.<br />

Bâillements + soupirs + pleurs +<br />

grimaces + sourires.<br />

Mimiques nombreuses. pouvant<br />

exprimer : peur, colère, surprise,<br />

dégoût, tristesse <strong>et</strong> joie.<br />

Respiration rapide <strong>et</strong> irrégulière,<br />

parfois hal<strong>et</strong>ante entrecoupée par des<br />

pauses respiratoires de 10 à 15 sec.<br />

Rythme cardiaque plus rapide <strong>et</strong><br />

moins régulier qu’en sommeil<br />

L’électroencéphalogramme a une amplitude<br />

calme.<br />

EEG proche de celui de l’éveil<br />

plus faible que dans le sommeil calme.<br />

calme.<br />

Pas d’érections observables. Erections.<br />

Equivalente de la veille Equivalente de la Peut-être l’équivalent du Correspondrait (hypothèse) au sommeil<br />

active (rythme β de veille diffuse (rythme sommeil lent profond de<br />

paradoxal de l’adulte.<br />

l’adulte).<br />

α de l’adulte) ?<br />

l’adulte.<br />

77


A2 : La durée totale du sommeil :<br />

Suite à l’accouchement, le bébé dort<br />

presque de manière continue durant 24<br />

à 48 heures (« sidération » postaccouchement).<br />

Il est toujours malaisé d’établir avec<br />

précision les durées relatives de l’éveil<br />

<strong>et</strong> du sommeil chez les nourrissons. Un<br />

bébé peut, par exemple, téter en<br />

dormant ou au contraire paraître<br />

endormi alors qu’un électroencéphalogramme<br />

montre qu’il est éveillé.<br />

A. Parmelee a étudié 65 bébés de leur<br />

naissance au troisième jour de leur vie<br />

<strong>et</strong> a trouvé une moyenne de l’ordre de<br />

16 heures de sommeil par 24 heures,<br />

chiffre bien inférieur à ceux que l’on<br />

annonce habituellement.<br />

Des spécialistes réunis en 1980 à Paris<br />

(à l’initiative du Syndicat National des<br />

Instituteurs <strong>et</strong> PEGC) avançaient, eux,<br />

une moyenne de 17 h. Des nourrissons<br />

s’écartent parfois considérablement de<br />

c<strong>et</strong>te moyenne <strong>et</strong> les chiffres vont en<br />

fait de 11 h à 23 h de sommeil selon<br />

les individus.<br />

sommeil.univ-lyon1.fr/.../ prosom/print.html<br />

A3 : Rythme polyphasique de 4 h :<br />

Les phases de veille <strong>et</strong> de sommeil se répartissent de manière presque identique entre le jour <strong>et</strong> la<br />

nuit durant les huit premiers jours : on dit que le sommeil est polyphasique.<br />

Il existe une liaison n<strong>et</strong>te entre les phases d’éveil <strong>et</strong> les heures de tétées : très généralement, le nouveauné<br />

s’éveille quand il a faim <strong>et</strong> se rendort quand il est rassasié c’est à dire toutes les 4 heures environ.<br />

L’entrée en sommeil de 0 à 2 mois suit une phase d’éveil calme, se fait la plupart du temps en sommeil<br />

agité (parfois en sommeil transitionnel) <strong>et</strong> est suivi d’une phase de sommeil calme dans le cadre d’un<br />

cycle de 50 mn environ <strong>et</strong> de 5 cycles successifs (voir train du sommeil). Des enfants nourris par<br />

perfusion conservent ce rythme de 4 heures.<br />

Beaucoup d’enfants âgés de moins de 4 semaines « réclament » 2 tétées par nuit. Ce besoin de<br />

repas nocturne(s) disparaît en général vers la 10 ème semaine au plus tard.<br />

Peu à peu, de polyphasique, le rythme du sommeil va devenir monophasique, les périodes de sommeil<br />

se concentrant progressivement sur la nuit. Le sommeil monophasique comprendra un long repos<br />

nocturne sans interruption <strong>et</strong> 1 ou 2 siestes durant la journée.<br />

A un mois, l’horloge interne du bébé fonctionne sur une durée de 25 h si bien que les périodes d’éveil<br />

se décalent d’environ 1 h chaque jour. A partir de 4 mois, les oscillateurs internes vont devenir sensibles<br />

aux synchroniseurs externes (alternance du jour <strong>et</strong> de la nuit, périodicité des repas <strong>et</strong> des échanges avec<br />

la famille...) <strong>et</strong> l’enfant aura alors un rythme de 24 heures.<br />

A 3 mois s’installe également le rythme circadien (= rythme de 24 h.) de la température, des fréquences<br />

cardiaque <strong>et</strong> respiratoire <strong>et</strong> de la sécrétion du cortisol. La persistance d’un rythme polyphasique au-delà<br />

de 3 mois n’est pas considérée comme <strong>physio</strong>logique. Les éveils nocturnes peuvent être liés à des<br />

poussées dentaires, à une alimentation insuffisante ou à une perturbation de la relation parent-enfant.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

78


- A la naissance, la durée d’un cycle de sommeil se situait autour de 50 mn. De 2 à 6-9 mois le cycle<br />

se prolonge à 70 mn. C<strong>et</strong>te durée continue de s’allonger progressivement pour atteindre celle de<br />

l’adulte (90 mn à 2 h vers 2 ou 3 ans).<br />

Évolution des phases de veille <strong>et</strong> de sommeil chez le nourrisson<br />

âgé de 3 jours jusqu’à l’enfant de 4 ans.<br />

D’après A. Gesell « The Embryology of behavior », 1945).<br />

A4) EVOLUTION :<br />

- De 3 à 6 mois, le sommeil nocturne<br />

dure en moyenne de 10 à 11 h avec 2<br />

siestes : l’une le matin (2 heures de 3<br />

à 6 mois, 1 heure de 6 à 8 mois) <strong>et</strong><br />

l’autre l’après-midi (2 heures de 3 à 8<br />

mois). Moyenne à 6 mois : 14 à 15<br />

heures au total de sommeil.<br />

- Vers 2 ans l’enfant dort<br />

généralement de 13 à 14 h par<br />

« jour » : un long sommeil nocturne<br />

<strong>et</strong> une longue période d’éveil diurne<br />

seulement entrecoupée par une sieste,<br />

le plus souvent l’après-midi.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

79


Attention :<br />

Il peut exister des éveils courts dans<br />

la seconde partie de la nuit entre 6<br />

mois <strong>et</strong> 4 ans. Ces éveils sont une<br />

composante normale du sommeil<br />

dans c<strong>et</strong>te partie de la vie. Ils ne<br />

posent problème que si l’enfant ne<br />

parvient pas à se rendormir sans<br />

ses parents.<br />

Évolution des différents types de sommeil<br />

durée totale<br />

du sommeil<br />

sur 24 h.<br />

% de<br />

sommeil<br />

calme = lent<br />

En lisant le tableau ci-dessus, on<br />

s’aperçoit que les proportions de S.L. <strong>et</strong> S.P. de l’enfant qui entre en maternelle sont<br />

quasiment identiques à celles de l’adulte.<br />

A5) Conseils pratiques aux enseignants <strong>et</strong> aux parents.<br />

A51 : En ce qui concerne l’endormissement :<br />

- Le Comité d’Education pour la Santé<br />

recommande de coucher l’enfant dès que les signes<br />

avant-coureurs du sommeil s’expriment, plutôt que<br />

de l’obliger à dormir à telle ou telle heure.<br />

- Nous pensons pour notre part que l’on peut<br />

créer des habitudes <strong>et</strong> que la régularité du mode<br />

de vie est essentielle pour les enfants. Couchons<br />

l’enfant plus tôt s’il en éprouve le besoin, ne soyons<br />

pas trop rigoriste sur l’heure du coucher, mais ayons<br />

les exigences nécessaires d’une bonne hygiène de<br />

vie. La télévision ampute les heures de sommeil des<br />

enfants peu enclins à la quitter spontanément. « On ne peut pas obliger un cerveau à dormir » mais<br />

rien n’empêche d’inciter l’enfant à r<strong>et</strong>rouver le livre qui lui donne le goût de lire... <strong>et</strong> d’exiger<br />

l’extinction des lampes de chev<strong>et</strong> passé l’heure qu’il convient.<br />

- La mise au lit ne doit jamais correspondre à une punition.<br />

- Respectons les rites d’endormissement de l’enfant : lecture d’une histoire, câlin, présence de<br />

l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong>/ou du morceau de tissu familier(s).<br />

- Ne dérangeons <strong>et</strong> ne déplaçons pas l’enfant dans les 20 premières minutes du sommeil alors<br />

que celui-ci est encore léger, nous risquerions « de casser l’endormissement <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>omber dans une<br />

période de veille parfois longue ».<br />

A52 : En ce qui concerne le réveil :<br />

- Ne pas éveiller l’enfant en stades III <strong>et</strong> IV, l’éveil durant ces périodes<br />

s’accompagne « d’une sensation pénible d’inconfort ».<br />

- Ne pas éveiller l’enfant au cours du « sommeil rapide » (ou rêve).<br />

Les mouvements du corps <strong>et</strong> en particulier ceux du visage peuvent faire croire<br />

que l’enfant est sur le point de se réveiller alors qu’il est, en fait, en période de<br />

sommeil paradoxal. L’interruption du S.P. induirait un « éveil difficile <strong>et</strong> peut-être douloureux ».<br />

En d’autres termes, il apparaît essentiel qu’un cycle de sommeil une fois commencé puisse se<br />

dérouler jusqu’à sa fin naturelle : « Il est préférable même si on en a le temps, de ne pas<br />

recommencer un autre cycle, d’où l’on serait obligé de sortir à un moment défavorable ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

% de<br />

sommeil<br />

agité = S.P.<br />

1er au 15 ème j. 16 à 17 h. 50% 50%<br />

3 à 5 mois 14 à 15 h. 60% 40%<br />

2 à 3 ans 12 à 13 h. 75% 25%<br />

15 ans 8,5 h. 80% 20%<br />

Modifié d’après des travaux de Roffwarg.<br />

80


A53 : Pratiquement :<br />

- On profitera du fait que le sommeil est très léger dans les phases dites<br />

« intermédiaires » (phases I séparant 2 cycles) : « Eviter de les réveiller au dernier<br />

moment, juste avant le départ obligatoire, ouvrir la porte de leur chambre lorsque<br />

commencent les bruits dans l’appartement. Les enfants se réveilleront tout naturellement en<br />

période intermédiaire, de bonne humeur, <strong>et</strong> en état de prendre un p<strong>et</strong>it déjeuner<br />

confortable ».<br />

- Pour ne pas confondre sommeil lent <strong>et</strong> sommeil<br />

paradoxal :<br />

« Lorsque son visage est animé de mouvements, lui caresser<br />

le front, ou l’embrasser : s’il est en période paradoxale, cela ne<br />

le réveillera pas, s’il est en période intermédiaire, il s’éveillera<br />

facilement ».<br />

Ce qui précède constitue également la base d’un bon<br />

réveil échelonné en maternelle.<br />

A6) Les troubles du sommeil sont révélateurs des problèmes familiaux :<br />

A tous les âges, mais particulièrement chez l’enfant de moins de 5 ans, les troubles du<br />

sommeil de l’enfant reflètent la vie psychique familiale (ses confits, ses stress, ses deuils...)<br />

<strong>et</strong> le problème du médecin est d’abord d’identifier les difficultés parentales... Le jeune<br />

enfant qui dort mal est souvent en excellente santé <strong>et</strong> les drogues <strong>psycho</strong>tropes sont,<br />

dans la plupart des cas à éviter.<br />

Néanmoins, le reflux oesophagien chez le nourrisson, les otites <strong>et</strong> autres infections ORL,<br />

les douleurs articulaires <strong>et</strong> les poussées dentaires ultérieurement sont des causes de troubles<br />

du sommeil. Il faut penser aussi à la possibilité d'une oxyurose (vers).<br />

Par la suite, les perturbations du sommeil sont associées à des troubles du<br />

comportement <strong>et</strong> à des difficultés scolaires.<br />

Ce n’est que vers 10 ans, que l’enfant, tout en continuant à porter le poids des soucis<br />

familiaux <strong>et</strong> à présenter toujours des troubles du sommeil... cessera de s’en plaindre auprès<br />

de ses proches... restons à l’écoute.<br />

Il importe pour le médecin d'évaluer la tolérance des parents face aux troubles du<br />

sommeil de l'enfant car le risque de maltraitance peut être réel. Dans ce cas, il faut aider<br />

la mère (proposer une aide familiale ou une nourrice). Les spécialistes estiment que dans<br />

c<strong>et</strong>te situation, il est licite de prescrire temporairement (afin de passer le cap difficile) pour<br />

l'enfant de plus d’1 an du Théralène (alimémazine) ou pour l’enfant de plus de 3 ans du<br />

Nopron (niaprazine). La prudence peut même imposer l'hospitalisation de l'enfant.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

81


La La La mort mort subite subite du<br />

du<br />

nourrisson nourrisson :<br />

« La mort Subite <strong>et</strong> Inexpliquée du<br />

Nourrisson » ou M.S.I.N. est un décès<br />

soudain, inattendu <strong>et</strong> inexpliqué qui survient<br />

durant le sommeil. La MSIN frappe dans 90%<br />

avant 6 mois, le risque maximum se situant<br />

entre 2 <strong>et</strong> 4 mois. Dans 65% des cas elle touche<br />

des enfants du sexe masculin.<br />

358 bébés (selon les statistiques de<br />

l’INSERM) sont décédés de mort subite du<br />

nourrisson en 1997.<br />

Un "chiffre en régression" par rapport aux<br />

années précédentes puisque, pour les enfants de<br />

0 à 1 an ils étaient de :<br />

1291 en 1992, 1133 en 1993, 880 en 1994.<br />

537 bébés (dont 338 chez les garçons <strong>et</strong> 199<br />

chez les filles) en 1995, 450 en 1996, 338 en<br />

1997. L’Inserm n'a pas communiqué de chiffres<br />

pour 1998 <strong>et</strong> 1999.<br />

Des baisses similaires s’observent au<br />

Royaume-Uni <strong>et</strong> en Australie… pour les<br />

mêmes raisons : couchage sur le dos.<br />

Depuis 1997, en France, la baisse est en panne.<br />

Le taux de 0, 49 reste très élevé puisqu’il<br />

descend à 0,15 - 0,20 dans d’autres pays<br />

européens.<br />

Prévention Prévention<br />

Prévention<br />

Prévention ::::<br />

COUCHER LES BEBES SUR LE DOS MAIS PAS SUR<br />

LE VENTRE (NI SUR LE COTE).<br />

Le couchage sur le ventre expliquerait encore la moitié des cas<br />

subsistants.<br />

NI OREILLER, NI COUETTE, NI EDREDON, NI<br />

COUVERTURE. PREFERER LES SUR-PYJAMAS OU LES<br />

TURBULETTES (= GIGOTEUSES).<br />

UN MATELAS FERME. PAS D’ATTACHES.<br />

NE PAS TROP COUVRIR LES BEBES SURTOUT<br />

S’ILS ONT DE LA FIEVRE. CHAMBRE À 19°C.<br />

ATTENTION AUX ENFANTS QUI PRESENTENT<br />

UN TROUBLE DE LA SUCCION - DEGLUTITION.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

-<br />

Jusqu'à l'âge de 2 ans, votre bébé doit dormir :<br />

* Dans un lit rigide à barreaux.<br />

* Sur matelas ferme, bien adapté aux dimensions du lit<br />

* Sans oreiller <strong>et</strong> sans couverture, ni cou<strong>et</strong>te.<br />

* 18 à 20° : n'ayez aucune crainte, c'est suffisant.<br />

* Un surpyjama, une gigoteuse ou une turbul<strong>et</strong>te<br />

dont l'épaisseur variera avec la saison convient très bien.<br />

Ne couvrez pas trop votre bébé surtout les jours de grosse<br />

chaleur <strong>et</strong> si vous m<strong>et</strong>tez le chauffage en voiture. En cas de<br />

fièvre, n'hésitez pas à le découvrir.<br />

« Naître <strong>et</strong> vivre - Association pour l'étude <strong>et</strong> la prévention de la<br />

mort subite du nourrisson », nouveau téléphone : 01 47 23 98 22, fax :<br />

01 47 23 98 48. 5 rue La Pérouse-75116 Paris.<br />

http://www.naitre-<strong>et</strong>-vivre.asso.fr/html/index.php<br />

« Je fais DODO sur le<br />

DOS »<br />

Photo BSIP<br />

ATTENTION AUX ENFANTS TOUJOURS ENRHUMES. (une recrudescence<br />

hivernale est observée quel que soit le lieu).<br />

82


* La prématurité <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>ard de croissance intrautérin<br />

constituent des facteurs majorant les risques (dans 12%<br />

des MSIN les nourrissons avaient un poids de naissance inférieur<br />

à 2500 grammes contre 5 % des naissances).<br />

* Une recherche rétrospective de Klonoff-Cohen publiée<br />

dans le « JAMA » du 8/3/1995 <strong>et</strong> menée sur 400 couples<br />

américains (200 dont l’enfant était décédé par MSIN <strong>et</strong> 200<br />

couples témoins ayant un enfant d’âge comparable) apporte les<br />

résultats suivants :<br />

Si on ajuste tous les paramètres (position du<br />

sommeil, poids de naissance, allaitement maternel ...)<br />

on découvre l’importance du tabagisme des parents<br />

:<br />

• le risque de MSIN est multiplié par 2,3 quand la mère<br />

fume (après la naissance).<br />

• par 3,4 quand les 2 parents fument.<br />

• par 4 si l’enfant est né d’une mère fumeuse (25 % des<br />

femmes enceintes fument).<br />

* « Chez les enfants nés de mère non fumeuse,<br />

l’allaitement maternel réduit le risque de MSIN des 2/3.<br />

* On note une élévation statistique de la MSIN dans les<br />

Pour l’enfant suivant : « La surveillance par<br />

monitorage cardio-respiratoire à domicile (« Baby<br />

sitter électronique ») peut se justifier si l’angoisse<br />

des parents est telle qu’elle comprom<strong>et</strong> leur<br />

équilibre <strong>psycho</strong>logique ».<br />

Dr Guérois <strong>et</strong> Pr Gold, Impact Médecin<br />

Les risques, pour un autre enfant de la fratrie, ne<br />

sont en fait majorés que pour 10% des familles<br />

concernées.<br />

A noter qu’une étude publiée par le National<br />

Center for Health Statistics en septembre 2000<br />

(examen de 3 891 494 dossiers <strong>et</strong> étude de<br />

2207 enfants atteints) confirme un lien entre la<br />

fréquence du bec-de-lièvre (survenue de fentes<br />

de la lèvre supérieure <strong>et</strong> du palais) <strong>et</strong><br />

l’importance du tabagisme au cours de la<br />

grossesse. X 1,5 entre 1 <strong>et</strong> 10 cigar<strong>et</strong>tes par<br />

jour. X 1,55 entre 11 <strong>et</strong> 20 <strong>et</strong> X 1,78 au delà de<br />

21 cigar<strong>et</strong>tes.<br />

milieux « socioculturels défavorisés ou psychiatriquement perturbés » mais tous les milieux peuvent être<br />

atteints.<br />

Les causes : l’étude anatomo-histologique perm<strong>et</strong> d’expliquer la cause de MSIN dans 10 à 15 % des cas.<br />

* Le reflux gastro-oesophagien peut intervenir par le biais d’une fausse route.<br />

* Des atteintes virales respiratoires ou digestives semblent jouer un rôle. Une fièvre est souvent signalée<br />

avant le décès. On r<strong>et</strong>rouve des signes d’infections respiratoires ou digestives chez 50 à 80 % des enfants décédés. Par<br />

ailleurs, la bactérie Helicobacter pilori est présente dans l’estomac, la trachée <strong>et</strong> les poumons de 88 % des enfants<br />

décédés de MSIN (2% pour les groupes contrôle). La contamination se ferait par la salive <strong>et</strong> les bronches seraient<br />

pénétrées lors d’un reflux. La bactérie, par fabrication d’ammoniaque provoquerait un arrêt respiratoire.<br />

* Exceptionnellement, un déficit héréditaire de l’oxydation des acides gras a été mis en évidence.<br />

* Une étude publiée début 1993 (Dr Vyvyan Howard <strong>et</strong> Dr Stephen Hincheliffe) portant sur 24 MSIN montre que 2/3<br />

des enfants étaient porteurs d’un nombre de néphrons (p<strong>et</strong>its tubes localisés dans les reins) inférieur à la<br />

normale (350 000 à 650 000 au lieu d’1 000 000 par rein).<br />

* Le syndrome d’Ondine (du nom de la pièce écrite par Jean Giraudoux en 1939) est une<br />

maladie génétique dominante (chromosome 4) qui se manifeste par une altération majeure de la<br />

ventilation autonome induisant « l’oubli de respirer durant le sommeil nécessité d’une<br />

assistance ventilatoire dès la naissance <strong>et</strong> de façon définitive). Le syndrome d’Ondine est une<br />

forme minoritaire de MNIS assez souvent (30 %) liée à un mégacolon congénital ou<br />

maladie de Hirschsprung (1 enfant pour 5000 naissances, 3 à 4 fois + fréquent chez les<br />

garçons, maladie liée à l’absence de système nerveux intrinsèque dans la partie terminale de<br />

l’intestin à l’origine d’une paralysie de la motricité intestinale. Nécessite l’ablation du colon. La<br />

maladie implique 3 gènes sur les chromosomes 3, 10 <strong>et</strong> 19).<br />

* Des travaux publiés en 1995 du Dr Hannah Kinney, neuropathologiste à l’hôpital des enfants<br />

de Boston révèlent une anomalie (de nature chimique) au niveau du bulbe rachidien ventral, dans la<br />

zone qui contrôle la teneur de dioxyde de carbone dans le sang.<br />

* Densité anormalement élevée en un neuropeptide : la somatostatine.<br />

* Les infanticides représentent un peu moins de 2 % des MSIN (selon Michel Durigon).<br />

B) LE DEVELOPPEMENT SENSORIEL ET MOTEUR :<br />

L’université de Rouen a créé un site Intern<strong>et</strong> avec bibliographie mise à jour régulièrement :<br />

http://www.churouen.fr/ssf/pathol/mort-subitenourrisson.html<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Nymphe<br />

amoureuse d'un<br />

chevalier, Ondine<br />

accepte qu'il soit<br />

condamné, en<br />

cas d’infidélité, à<br />

mourir en<br />

oubliant de<br />

respirer pendant<br />

son sommeil.<br />

83


Les gestes, les postures, les mimiques jouent un rôle prépondérant dans la<br />

communication non-verbale.<br />

B1) DEVELOPPEMENT DE LA VISION, DES AUTRES APTITUDES PERCEPTIVES :<br />

VISION : Dès les 1ères heures de la naissance un bébé peut suivre un visage ou un obj<strong>et</strong><br />

des yeux à condition que le déplacement ne s’effectue pas trop latéralement (la vision est<br />

centrale).<br />

Quelques minutes après la naissance,<br />

le bébé distingue les 2 schémas de<br />

gauche (qui ne diffèrent que par la<br />

disposition des traits) lorsqu’on les<br />

déplace lentement « sous son<br />

regard ». C’est celui qui ressemble à<br />

un visage qu’il suit le plus longtemps<br />

du regard.<br />

L’acuité visuelle (entre 1/30 ème <strong>et</strong><br />

1/20 ème ) <strong>et</strong> sa sensibilité au contraste<br />

du nouveau-né sont faibles <strong>et</strong> le<br />

resteront pendant les 2 premiers mois<br />

de la vie.<br />

⇐ Extrait de « Science <strong>et</strong> vie » n° 177 de décem-bre<br />

1991 : « Le cerveau <strong>et</strong> l’intelligence ».<br />

L’accommodation est restreinte <strong>et</strong><br />

n’autorise une vision n<strong>et</strong>te qu’entre 17 <strong>et</strong> 30 cm environ. Elle s’améliore régulièrement à<br />

partir de la naissance atteignant 60 cm à 1 mois <strong>et</strong> s’accroîtra considérablement entre 1 <strong>et</strong> 3<br />

mois. Elle sera parfaitement efficace à 3,5 mois.<br />

Alors qu’à la naissance, la perception s’effectuait en noir <strong>et</strong> blanc, il reconnaîtrait les<br />

couleurs dès le 4 ème jour <strong>et</strong> divers spécialistes affirment qu’il est attiré par le rouge <strong>et</strong> le jaune<br />

(mais peut-être ne les distingue en fait que par leur contraste. D’autres chercheurs prétendent<br />

que l’acquisition des couleurs est plus tardive : d’abord rouge puis vert (à 6 semaines) puis bleu<br />

puis jaune (à 4,5 mois).<br />

A 3 ou 4 jours, il reconnaît le<br />

visage de sa mère <strong>et</strong> le regarde<br />

plus longtemps que celui d’une<br />

inconnue <strong>et</strong> ceci sans indices<br />

auditifs ou olfactifs (les yeux des<br />

femmes ont été masqués sur la<br />

photographie afin de respecter leur<br />

anonymat).<br />

On peut ici noter que le visage de<br />

droite est plus souriant que celui de<br />

gauche <strong>et</strong> ceci introduit un biais expérimental...<br />

mais d’autres expériences<br />

confirment les résultats précédents.<br />

⇐ Extrait de « Science <strong>et</strong> vie » n° 177 de décem-bre<br />

1991 : « Le cerveau <strong>et</strong> l’intelligence ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

84


Le docteur Julien Cohen - Solal relate l’anecdote suivante :<br />

« Un bébé est hospitalisé dès la naissance pour une infection néonatale. Il sort de l'hôpital au<br />

douzième jour <strong>et</strong>, dès l'arrivée à la maison, refuse obstinément de manger. Au bout de quelques jours,<br />

on l'hospitalise à nouveau car il dépérit. A l'hôpital, il mange normalement. Les parents le reprennent ;<br />

nouveau refus de téter suffisamment. La mère se désespère quarante-huit heures, lorsqu'une amie vient<br />

la voir <strong>et</strong> propose de donner elle-même le biberon au bébé. Il tète normalement. C’était l'été. L'amie<br />

avait une robe blanche. Le bébé avait pris l’habitude d'être alimenté par des infirmières en blouse. La<br />

mère a compris cela tout de suite <strong>et</strong> à partir de ce moment a donné le biberon avec une blouse<br />

blanche.<br />

Il a mangé normalement pendant les quelques jours nécessaires pour qu'il s'habitue à être nourri par sa<br />

mère. La blouse était devenue inutile ».<br />

Ajoutons que 3 jours après sa naissance, un poupon préfère un biberon de son liquide amniotique plutôt<br />

que du lait artificiel. ET… un bébé auquel on présente des laits maternels provenant de femmes<br />

différentes délaissera celui des autres femmes au profit de celui de sa mère.<br />

L’acuité visuelle de situe normalement entre 1/30 ème <strong>et</strong> 1/20 ème à la naissance, elle est de<br />

1/10 ème à 3 mois, 2/10 ème à 6 mois, à 3/10 ème 9 mois, 4/10 ème vers 1 an, 6/10 ème à 2 ans <strong>et</strong> 10/10 ème<br />

entre 3 <strong>et</strong> 5 ans (la capacité visuelle maximum sera atteinte à 15 ans avec 14/10 ème ).<br />

La poursuite oculaire vraie d’une personne ou d’un obj<strong>et</strong> est parachevée à 6 semaines. La<br />

fixation oculaire prolongée est en place à 3 mois (mais le bébé peut fixer un visage dès 4 semaines).<br />

Il regarde ses mains <strong>et</strong> passe de longs moments à les contempler entre 2, 5 mois <strong>et</strong> 4 mois<br />

(parfois dès 5 semaines). C’est l’âge du « regard de la main ». L’attitude contemplative cesse vers<br />

4 mois - 4, 5 mois lorsque la préhension effective commence. Les enfants présentant un r<strong>et</strong>ard mental<br />

continuent à regarder leurs mains à 8 mois voire 10 mois ou davantage.<br />

Avant l’âge de 4 mois, il n’est pas rare d’observer chez le p<strong>et</strong>it un « strabisme intermittent »<br />

(il se m<strong>et</strong> à loucher de temps en temps). Passé 4 mois (certains auteurs écrivent « 2 mois »), si le<br />

strabisme persiste, consultez un ophtalmologiste. Une anomalie mineure (inégalité de vue entre les deux<br />

yeux ou un strabisme 4 ) peut avoir une conséquence sévère : l’amblyopie 5 qui récupère si elle est traitée<br />

précocement… Profitons en pour rappeler qu’1 enfant sur 7 présente une anomalie visuelle, ce qui peut<br />

entraîner un r<strong>et</strong>ard dans son éveil <strong>et</strong> dans son développement <strong>psycho</strong>moteur.<br />

Attention… à savoir repérer : la leucocorie…<br />

Elle correspond à un refl<strong>et</strong> blanchâtre au niveau de<br />

la partie colorée de l’oeil n’apparaissant que dans<br />

certaines directions du regard ou sur des photos<br />

prises avec flash. Elle peut être due à une cataracte<br />

(opacification progressive du cristallin possible à<br />

tous âges) mais aussi à une parasitose de l’humeur<br />

vitrée en arrière du cristallin due à un ver du groupe<br />

des ascaris (Toxocara 6 canis ou Toxocara cati selon<br />

les cas) ou encore à une tumeur de la rétine : le<br />

rétinoblastome.<br />

Le "rétinoblastome" ou "gliome de la rétine" est<br />

Leucocorie<br />

une tumeur maligne de l’enfant, susceptible d’affecter les 2 yeux, survenant entre 20 mois <strong>et</strong> 2,5 ans<br />

environ. Heureusement rare (1 cas sur 20 000 environ), elle se développe aux dépens des rétinoblastes :<br />

cellules précurseurs des cônes (sensibles à la couleur) <strong>et</strong> des bâtonn<strong>et</strong>s (sensibles au noir <strong>et</strong> blanc) de la rétine.<br />

4<br />

4 à 5 % des enfants sont atteints de strabisme. Très rapidement va s'installer un oeil "dominant" dont la vision va se<br />

développer normalement <strong>et</strong> un oeil "paresseux" qui restera dévié si l’enfant n’est pas traité (voir suite).<br />

5<br />

Amblyopie présentée souvent comme une paresse de l’œil, une perte de l’efficacité… l’œil n’est pas en fait<br />

concerné c’est la zone réceptrice cérébrale qui est en cause.<br />

6<br />

L’enfant se contamine, souvent après 2 ans, surtout en ingérant du sable ou de la terre mouillés renfermant des larves<br />

de Toxocar provenant des excréments de chien (Toxocara canis) ou de chat (Toxocara cati).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

85<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.


Existe t-il des échanges entre le toucher <strong>et</strong> la vue ?<br />

* Des nouveau-nés (le plus jeune avait 16 heures) palpent un p<strong>et</strong>it cylindre sans le voir <strong>et</strong><br />

ceci jusqu’à ce qu’ils le relâchent de plus en plus fréquemment (= jusqu’à ce qu’ils s’en<br />

désintéressent). Passée la phase d’habituation, on leur montre 2 obj<strong>et</strong>s : le même cylindre<br />

(agrandi 10 fois sur l’image) <strong>et</strong> un cube. Les bébés regardent de préférence l’obj<strong>et</strong> nouveau (= le<br />

cube). Cela signifie qu’ils reconnaissent visuellement l’obj<strong>et</strong> qu’ils ont manipulé <strong>et</strong> s’en<br />

désintéressent au profit du nouveau. On parle de « transfert intermodal » entre le toucher <strong>et</strong> la<br />

vision). Par contre, les bébés du même âge sont incapables de reconnaître au toucher un obj<strong>et</strong><br />

déjà vu.<br />

A noter l’existence d’un groupe contrôle seulement soumis à la seconde phase de l’expérience de<br />

façon à vérifier que les bébés ne préfèrent pas spontanément le cube au cylindre… On n’observe<br />

alors pas de préférence.<br />

* On obtient les mêmes résultats avec des bébés de 2 mois.<br />

* A 5 mois, le résultat s’inverse : les bébés sont capables de reconnaître par le toucher un<br />

obj<strong>et</strong> déjà vu mais deviennent incapables d’identifier un obj<strong>et</strong> déjà palpé grâce à la vue.<br />

* Après 5 mois, le bébé tente d’écarter le tissu…<br />

Dessins extraits d’un article d’Arl<strong>et</strong>te Streri : «Le dialogue des sens» : «Pour la Science» n° 305, mars 2003.<br />

Dans le même registre :<br />

« Si on propose, à un nourrisson d'un mois, de sucer une tétine à aspérités (ou une<br />

tétine lisse), sans qu'il les ait jamais vues <strong>et</strong> que dans un deuxième temps, on lui montre deux<br />

modèles de ces suc<strong>et</strong>tes, c'est toujours vers celle qu'il a sucée qu'il oriente son regard. C<strong>et</strong>te<br />

capacité de reconnaître visuellement un obj<strong>et</strong> qui n'a été connu que tactilement est<br />

caractéristique de c<strong>et</strong> âge ».<br />

Dr Lyonel Rossant, Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

86


Capacité à apparier des scènes visuelles <strong>et</strong> des sons :<br />

Dessins extraits d’un article d’Arl<strong>et</strong>te Streri : «Le dialogue des sens» : «Pour la Science» n° 305, mars 2003.<br />

A noter que les bébés ne réagissent plus quand les visages sont renversés… Si les visages sont partiellement<br />

masqués, on s’aperçoit que ce sont les yeux qui constituent les éléments les plus significatifs.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

87


B 2) DEVELOPPEMENT DES APTITUDES MOTRICES :<br />

Le bébé, à la naissance présente des « réflexes archaïques » qui constituent des premières réponses<br />

adaptatrices élémentaires aux stimuli extérieurs. Leur absence est un signe d'immaturité. Leur<br />

évolution <strong>et</strong> leur disparition sont le signe d'une bonne maturation.<br />

Réflexe de Moro ou "réflexe d'embrassement".<br />

Si l’enfant est placé sur le dos, que le pédiatre lui<br />

saisi les 2 mains <strong>et</strong> le soulève légèrement puis le<br />

lâche, on peut observer le réflexe des « bras en<br />

croix ou réflexe de Moro » : le bébé écarte<br />

symétriquement les bras (abduction) tout en<br />

ouvrant les mains crie puis (souvent) ramène les<br />

bras vers l’avant (embrassement par ferm<strong>et</strong>ure des<br />

bras). Le réflexe de Moro peut également<br />

provoqué en tirant sur les pieds ou en provoquant<br />

un bruit inattendu. Ce réflexe disparaît vers 3<br />

mois. La persistance du réflexe de Moro après 6-7<br />

mois est pathologique.<br />

Réflexes de fouissement, de succion <strong>et</strong> de<br />

déglutition.<br />

C’est un réflexe de recherche <strong>et</strong> d'orientation vers<br />

le sein qui est suivi des réflexes de succion <strong>et</strong> de<br />

déglutition. Lorsqu'on caresse une des joues d’un<br />

nouveau-né, il tourne aussitôt la tête vers la main<br />

<strong>et</strong> ses lèvres cherchent alors quelque chose à<br />

sucer. Si on place le p<strong>et</strong>it doigt, recourbé vers le<br />

bas, sur la partie moyenne de la langue on<br />

déclenche immédiatement le réflexe de succion.<br />

Réflexe de redressement de la nuque : mis<br />

sur le ventre le nouveau-né redresse la tête.<br />

Réflexe de marche automatique.<br />

Dès la période suivant la « phase de sidération »<br />

postérieure à l’accouchement, le bébé est capable<br />

de pratiquer une « marche automatique »<br />

lorsqu’on le maintien soutenu sous les bras, les<br />

pieds bien à plat <strong>et</strong> le corps penché en avant. La<br />

marche automatique peut être absente les 1ers<br />

jours sans pour autant inquiéter. En eff<strong>et</strong> une<br />

posture très fléchie des membres inférieurs dans<br />

l’utérus peut rendre l'extension difficile <strong>et</strong><br />

douloureuse pendant quelques jours.<br />

Réflexe d'allongement croisé :<br />

« Marche automatique » à la<br />

naissance :<br />

« Le nouveau-né maintenu en position<br />

verticale <strong>et</strong> en appui sur une surface<br />

plane, produit un mouvement alterné<br />

des jambes » ...<br />

Quel est son lien avec la marche que<br />

l’enfant commence à maîtriser vers 1 an ?<br />

Photographie T. Henstra, « Science <strong>et</strong> vie » n°204 de<br />

septembre 1998.<br />

Si, en tenant le membre inférieur en extension, on frotte la plante de pied, on déclenche une réponse<br />

de la jambe libre. Celle-ci effectue<br />

1. Un rapide mouvement de r<strong>et</strong>rait en flexion puis s’étend.<br />

2. Les doigts de pied se disposent en éventail.<br />

3. Le pied libre vient se placer sur le pied stimulé.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

88


Réflexe d’agrippement ou de grasping.<br />

Dès le 2 ème ou le 3 ème jour, le bébé a en permanence les poings fermés. Si l’on glisse un doigt<br />

(l’index) dans chacune de ses mains (ce qui revient à stimuler les paumes), il en renforce la<br />

ferm<strong>et</strong>ure au point qu’on peut alors le soulever ainsi : c’est « le grasping des mains ».<br />

Entre 4 <strong>et</strong> 6 semaines, couché sur le dos, il produit une activité de « pédalage » qui évoque la<br />

« marche automatique » observée à la naissance.<br />

---------------------------------------------------------<br />

Ces comportements réflexes vont disparaître pour faire place à des<br />

comportements moteurs plus élaborés :<br />

Dès 10 jours<br />

pour certains,<br />

à 3 semaines<br />

pour d’autres,<br />

les bébés<br />

peuvent tendre<br />

la main ou<br />

soulever les<br />

bras dans la<br />

direction d’un<br />

obj<strong>et</strong><br />

(mouvement de<br />

pointage) mais<br />

c<strong>et</strong>te aptitude<br />

disparaît vers<br />

la 4 ème semaine<br />

pour<br />

réapparaître<br />

vers 3,5 mois.<br />

Contrôle de<br />

la tête (= tenue<br />

dans l’axe<br />

pendant 30<br />

secondes) en moyenne à 2-3 mois. Il doit être acquis avant 4 mois.<br />

Le début de la préhension se situe entre 4 mois <strong>et</strong> 4, 5 mois.<br />

Photographie N. Maréchal/Image Bank. « Science <strong>et</strong> vie » hors série N° 204 de septembre 1998.<br />

La possibilité de tendre la main vers un obj<strong>et</strong> ou vers une personne (mouvement de<br />

pointage) réapparaît vers 3,5 mois mais à c<strong>et</strong> âge, l’enfant est incapable d’ouvrir<br />

délibérément la main pour s’en saisir : il ne sait pas attraper.<br />

* A 3 mois, l’enfant doit se contenter d’observe les obj<strong>et</strong>s avec semble-t-il intérêt <strong>et</strong> envie mais ne<br />

peut encore les saisir de lui-même. Lorsque l’adulte place un hoch<strong>et</strong> au « contact » de sa main, il<br />

l’ouvre <strong>et</strong> la referme. Il peut ainsi r<strong>et</strong>enir le jou<strong>et</strong> quelques secondes : c’est la « préhension<br />

involontaire », appelée encore« préhension au contact ».<br />

* A 4 (ou 4,5 mois), l’enfant tente d’abord de saisir avec les 2 mains (1ères tentatives bilatérales <strong>et</strong><br />

massives). Il joue longtemps avec le hoch<strong>et</strong> placé dans sa main <strong>et</strong> le secoue, mais le perd souvent. Il<br />

enlève la servi<strong>et</strong>te que l’on place sur son visage pour jouer.<br />

La saisie passe ensuite successivement par les étapes suivantes (certains bébés utilisant<br />

préférentiellement l’une des mains <strong>et</strong> d’autres ne présentant aucune dominance) :<br />

* A 5 mois (environ !) le bébé pose la paume de la main sur l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le serrage s’effectue ensuite<br />

du côté auriculaire (position cubito-palmaire = préhension par le bord cubital de la main).<br />

* La préhension devient ensuite « préhension globale » ou « préhension digito-palmaire (= entre la<br />

paume qui se referme <strong>et</strong> 4 doigts) à 6 mois (voir photographie page suivante). A c<strong>et</strong> âge, il peut tenir<br />

un obj<strong>et</strong> dans chaque main <strong>et</strong> peut également passer un obj<strong>et</strong> d’une main dans l’autre.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

89


Dès que l’obj<strong>et</strong> a été inspecté,<br />

manipulé, il est fréquemment amené à<br />

la bouche. Il cherche à voir ce qui<br />

l'intéresse en changeant de position.<br />

* Il y a participation du pouce à 7-8<br />

mois mais la position est alors<br />

« radio-palmaire », c’est à dire que<br />

c’est le bord latéral du pouce <strong>et</strong> les<br />

phalanges de l’index qui<br />

interviennent. La manipulation des<br />

obj<strong>et</strong>s, tournés <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ournés, examinés<br />

sur toutes leurs faces, atteint son<br />

apogée à 8 mois.<br />

* Enfin la prise s’effectue entre la<br />

pulpe du pouce <strong>et</strong> l’index : position<br />

dite « en pince » (ou « radio-digitale ») à 9-10 mois environ.<br />

A 6 mois, lorsqu’il j<strong>et</strong>te un jou<strong>et</strong>, il regarde où il est tombé <strong>et</strong> essaie de le récupérer (mais si le<br />

cube disparaît, il ne le cherche pas). S’il tient un cube dans chaque main, il lâche un cube lorsqu’un<br />

autre lui est proposé. Il n’aime pas qu’on lui prenne un jou<strong>et</strong>. Il tend les bras pour être pris. Il<br />

manifeste son plaisir <strong>et</strong> son mécontentement.<br />

A 6-7 mois, il passe les obj<strong>et</strong>s d’une main à l’autre puis entre 8 <strong>et</strong> 9 mois passe par une phase<br />

où il les frappe violemment entre eux ou sur sa tabl<strong>et</strong>te. Il entre ensuite dans une période où il joue à<br />

les j<strong>et</strong>er <strong>et</strong> à les reprendre sans cesse.<br />

A 10 mois, il tire sur les vêtements pour attirer l’attention. Il fait « au revoir » de la main <strong>et</strong><br />

«bravo». Il aime introduire <strong>et</strong> r<strong>et</strong>irer un obj<strong>et</strong> d’une boîte (notion de contenant <strong>et</strong> de contenu).<br />

Il est normal qu’à 8-10 mois (<strong>et</strong> souvent plus tardivement...), un bébé porte tout à sa bouche.<br />

C’est un moyen de connaissance par le goût <strong>et</strong> le toucher.<br />

A 18 mois, les livres d'images l’intéressent même s’il les utilise encore maladroitement. Il peut<br />

alors fixer longuement son attention sur la représentation d'un animal familier. Le feuill<strong>et</strong>age du<br />

livre apparaît entre 18 mois mais s’affine ultérieurement.<br />

LA LATERALISATION :<br />

Préhension digito-palmaire à 6 mois.<br />

Photo P. Philippon.<br />

La « dominance latérale » est « l’asymétrie fonctionnelle du corps dont un côté est plus habile <strong>et</strong> utilisé de<br />

préférence à l’autre » (Deldime <strong>et</strong> Vermeulen).<br />

La latéralité est dite homogène si la main, le pied, l’œil <strong>et</strong> l’oreille dominants sont concordants du même<br />

côté. C’est en fait rare.<br />

In utero, le fo<strong>et</strong>us suce généralement le pouce de la main qui deviendra dominante (certains<br />

droitiers deviendront néanmoins gauchers).<br />

Pourtant la latéralité n’est pas franche jusqu’à 6-7 mois.<br />

Elle reste fluctuante jusqu’à 3 ou 4 ans voire 5 ans. Ce n’est donc qu’en p<strong>et</strong>ite, voire en moyenne,<br />

section que l’on peut savoir si l’enfant sera définitivement droitier ou gaucher. Il suffit de lui demander de<br />

se peigner, de planter un clou, de se brosser les dents, de tourner les pages d’un livre ou d’enfiler des<br />

perles. Lorsque l’enfant m<strong>et</strong> les mains sur la tête, la dominante est placée sur l’autre.<br />

La main dominante distribue les cartes <strong>et</strong> l’autre tient le paqu<strong>et</strong> (épreuve de Harris). C’est le pied dominant<br />

qui shoote. Si on lance une balle lourde à 2 mains, le pied dominant se place en avant. Si on regarde par un<br />

trou percé dans une feuille, l’œil dominant est utilisé en premier…<br />

A 5 ans, plus d’1/2 des enfants sont droitiers, 10 % sont gauchers <strong>et</strong> le reste est ambidextre.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

90


A 5 –6 mois, il joue avec ses pieds <strong>et</strong> porte immédiatement un obj<strong>et</strong> saisi à sa bouche.<br />

Passage de la position ventrale à la position latérale (entre 12 à 22 semaines) <strong>et</strong> passage de<br />

la position ventrale à la position dorsale (entre 20 à 28 semaines).<br />

Passage de la position dorsale à la position ventrale (24 à 34 semaines).<br />

Rampe à 6 mois (30 à 46 semaines).<br />

Le bébé adore être assis vers 3 ou 4 mois mais il est incapable de tenir seul dans c<strong>et</strong>te<br />

position. Ce n’est que vers 6 mois qu’il se maintient assis seul en s’appuyant sur ses 2 mains,<br />

en équilibre instable. A six mois, maintenu en position debout, il supporte pratiquement tout<br />

le poids de son corps sur ses jambes <strong>et</strong> adore sautiller : c’est le stade du « sauteur ».<br />

A 7 mois, il suce ses orteils.<br />

Il ne tient bien assis seul, le dos droit, que vers 7, 5 - 8 mois <strong>et</strong> peut se redresser en position<br />

assise sans appui vers 8 ou 9 mois. Il ne s’agit ici que de moyenne <strong>et</strong> un enfant qui se tient assis<br />

seul avec 2 mois de r<strong>et</strong>ard par rapport à un autre est pourtant tout aussi normal.<br />

Il faut savoir que beaucoup de nourrissons sont susceptibles de se m<strong>et</strong>tre debout en s’aidant<br />

des barreaux de leur parc AVANT d’être capable de s’asseoir seuls.<br />

En position ventrale il peut à 8 mois soulever son corps tenu<br />

uniquement sur les mains <strong>et</strong> la pointe des pieds : c’est l’ours.<br />

Marche à 4 pattes entre 36 à 52 semaines ... mais certains<br />

n’utilisent jamais c<strong>et</strong>te technique alors que d’autres en sont de<br />

véritables virtuoses. Se redresse à genoux (entre 40 <strong>et</strong> 54 semaines soit<br />

environ 10 mois). Il pivote sur les fesses à 9 mois <strong>et</strong> se place debout<br />

dans son parc à 9 ou 10 mois (en fait 42 à 58 semaines).<br />

Commence à marcher à 13 mois en moyenne (en fait<br />

de 10 à 16 mois sans que c<strong>et</strong>te variation soit<br />

pathologique). Les pas sont p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> les pieds sont écartés.<br />

Le pied est posé à plat <strong>et</strong> non pas en commençant par le<br />

talon. La durée du double appui <strong>et</strong> la fréquence des pas sont<br />

plus élevées que chez l’adulte. La marche ne s’accompagne<br />

pas d’un balancement des bras. D’un point de vue<br />

musculaire, on note des contractions simultanées des<br />

muscles agonistes <strong>et</strong> antagonistes.<br />

L’absence de marche indépendante à 20 mois est considérée comme anormale.<br />

J’en reviens pas moi<br />

même !!!<br />

Boit seul, commence à<br />

manger seul (quelques<br />

cuillerées) vers 14-15 mois.<br />

Pousse du pied un obj<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> tourne les pages d’un<br />

livre vers 18 mois. Il réalise<br />

une tour de 3 cubes (de 7 à<br />

10 cm d’arête)… mais<br />

préfère détruire les tours<br />

réalisées par les parents…<br />

Acquisition de la propr<strong>et</strong>é entre 16 <strong>et</strong> 28 mois.<br />

Le certificat de santé<br />

obligatoire du 9 ème mois r<strong>et</strong>ient<br />

les items suivants :<br />

- saisit un obj<strong>et</strong> entre pouce <strong>et</strong><br />

index<br />

- tient assis sans appui<br />

- tient debout avec appui<br />

- associe 2 syllabes<br />

A 24 mois le certificat<br />

obligatoire r<strong>et</strong>ient les items<br />

suivants :<br />

- marche bien <strong>et</strong> se relève seul<br />

- obéit à un ordre simple<br />

- associe 2 mots<br />

- imite un trait<br />

- superpose des obj<strong>et</strong>s<br />

Monte (d’abord) <strong>et</strong> descend un escalier <strong>et</strong> commence à enlever ses chaussures vers 2 ans.<br />

Marche « normalement » entre 60 <strong>et</strong> 84 semaines selon les enfants.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

91


Commence à<br />

marcher vers<br />

13 mois (en fait<br />

10 à 16 mois).<br />

Tourne les pages d’un<br />

livre vers 18 mois <strong>et</strong>…<br />

indique à c<strong>et</strong> âge que sa<br />

culotte est mouillée.<br />

Associe 2<br />

mots à 18<br />

mois <strong>et</strong> 3 mots<br />

à 2 ans.<br />

Monte un<br />

escalier vers 2<br />

ans. Propr<strong>et</strong>é<br />

diurne acquise.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Fait du tricycle<br />

à 2,5 ans.<br />

Propre la nuit<br />

avec l’aide des<br />

parents.<br />

A 2 ans, il court sans tomber, monte <strong>et</strong> descend les escaliers (mais sans alterner les pieds),<br />

commence à marcher sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute d'une p<strong>et</strong>ite hauteur à pieds joints.<br />

A c<strong>et</strong> âge, on peut lui proposer :<br />

* de monter, de descendre ou de ramper sur un plan incliné<br />

* de grimper sur des marches ou des barreaux <strong>et</strong> de pousser des obj<strong>et</strong>s…<br />

* d’encastrer 3 ou 4 formes dans une planche d’encastrement ou de construire une tour de 6 <strong>et</strong><br />

parfois 8 cubes.<br />

* de prendre un crayon entre pouce <strong>et</strong> index, il barbouillera la feuille avec plaisir…<br />

A 2,5 ans : il marche sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute sur un pied. Il peut marcher à reculons <strong>et</strong><br />

fait du vélo à p<strong>et</strong>ites roues. Il essaie de tenir en équilibre sur un mur<strong>et</strong>. Il peut lancer une balle<br />

ou un ballon. Il aime utiliser des outils. Il déboutonne sans tirer <strong>et</strong> délace ses chaussures.<br />

Aux alentours de 3 ans (parfois avant), il enfile des perles sur un fil, colle des gomm<strong>et</strong>tes,<br />

construit une tour de 9 cubes <strong>et</strong> aime habiller une poupée.<br />

4ans : boutonne sur lui.<br />

Imite un trait à 2 ans, copie un cercle à 3 ans, un carré à 4 ans, un<br />

triangle à 5 ans <strong>et</strong> un losange à 6 ans.<br />

Il existe des r<strong>et</strong>ards moteurs par défaut de stimulation :<br />

« Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de voir pour la première fois un bébé, alors âgé de seize<br />

mois, qui présentait un r<strong>et</strong>ard tel que j'ai cru d'abord à l’existence d'une affection neurologique ou<br />

musculaire. Tous les examens se sont avérés normaux <strong>et</strong> il est vite apparu que ce bébé, abandonné<br />

à la naissance, avait été placé chez une nourrice tout à fait incompétente, <strong>et</strong> gardant beaucoup trop<br />

d'enfants, qui ne le sortait ni le promenait, <strong>et</strong> le laissait passer la plus grande partie de la journée<br />

dans son berceau. Il a suffi de le confier à une nourrice chaleureuse, attentive <strong>et</strong> qui s'occupait<br />

vraiment de lui pour qu'il récupère en deux ou trois mois l’état moteur normal d'un bébé de<br />

dix-huit mois. C'est ce qu'on peut appeler "le r<strong>et</strong>ard moteur par défaut de stimulation". Pour le<br />

développement moteur comme pour les autres aspects de son développement, les stimulations<br />

jouent chez le bébé un rôle majeur ».<br />

Docteur Julien Cohen -Solal.<br />

92


C) LE DEVELOPPEMENT INTELLECTUEL :<br />

Pour Jean Piag<strong>et</strong> (1896-1980) <strong>psycho</strong>logue Suisse <strong>et</strong><br />

ses disciples, de la naissance à l’adolescence,<br />

l’intelligence évolue par stades. Ces stades se succèdent<br />

dans le même ordre pour tous les enfants même si l’âge<br />

d’accès de chacun peut varier. Piag<strong>et</strong> (qui laisse de côté<br />

la dimension affective du développement) distingue :<br />

Un stade sensori-moteur qui s’étend de 0<br />

à 2 ans : une intelligence antérieure au<br />

langage qui structure le monde par la<br />

perception <strong>et</strong> le mouvement.<br />

A la naissance la vie de l’enfant se manifeste par des<br />

réflexes innés, sensoriels <strong>et</strong> moteurs qui lui perm<strong>et</strong>tent<br />

de survivre, exemple la succion. L’enfant voit, sent,<br />

entend, goûte, touche ce qui l’entoure <strong>et</strong> réagit à ces<br />

sensations par des mouvements oculaires ou manuels.<br />

• L’exercice des réflexes (stade 1) :<br />

A la naissance, l'enfant ne dispose que d'activités<br />

réflexes (succion, réflexe d’agrippement...) liées à son<br />

équipement héréditaire. Le nouveau-né tète le<br />

mamelon ou la tétine du biberon grâce au réflexe de succion.<br />

Entre deux tétées, il suce son pouce, ses autres doigts, les<br />

draps, la couverture ou tout autre obj<strong>et</strong> qui vient en contact<br />

avec ses lèvres. Il y a consolidation du réflexe par exercice<br />

fonctionnel. Ainsi, les premiers essais de succion sont bien<br />

moins efficaces que les suivants…<br />

Premier STADE PIAGETIEN<br />

Le stade sensorimoteur (de 0 à<br />

18 / 24 mois) se divise en six<br />

sous-stades :<br />

Des réflexes à l'intentionnalité<br />

1. L'exercice des réflexes (0 à 1 mois)<br />

2. Les réactions circulaires primaires<br />

(1 mois à 4 mois 1/2)<br />

3. Les réactions circulaires<br />

secondaires (4 mois 1/2 à 8-9 mois)<br />

De l'intentionnalité à la<br />

représentation<br />

1. La coordination des schèmes<br />

secondaires (8-9 mois à 12 mois)<br />

2. Les réactions circulaires tertiaires<br />

(11,5 à 18 mois)<br />

3. Les combinaisons mentales (18 à 24<br />

mois) : phase de transition<br />

• Les réactions circulaires :<br />

Une sensation agréable découverte par hasard amène l’enfant<br />

à répéter volontairement le mouvement... c’est la « réaction<br />

circulaire ». On distingue :<br />

a) Stade 2 : la réaction circulaire primaire ou RCP (1<br />

à 4 mois ½) :<br />

L’adjectif « primaire » signifie que ces réactions circulaires<br />

concernent le corps <strong>et</strong> uniquement lui… ne portent pas encore<br />

sur les obj<strong>et</strong>s.<br />

" Quand il y a un résultat intéressant dans l’attitude de l’enfant, il y a répétition". Ex : l’enfant m<strong>et</strong><br />

son pouce dans sa bouche… Il trouve le résultat agréable… Il va donc chercher à répéter c<strong>et</strong>te même<br />

action pour reproduire le même résultat. C’est le stade des premières habitudes.<br />

b) Stade 3 : réaction circulaire secondaire ou RCS (de 4 ½ à 8 mois ½).<br />

L’enfant répète encore ici des actions intéressantes mais les comportements agissent sur des obj<strong>et</strong>s<br />

extérieurs. On dit qu’il y a une adaptation intentionnelle.<br />

Cf. La succion d’autres obj<strong>et</strong>s que le pouce. Le hoch<strong>et</strong> que l’enfant secoue afin de reproduire le son.<br />

La cordel<strong>et</strong>te reliée au dessus du berceau qui perm<strong>et</strong> d'animer le mobile qui s'y trouve suspendu.<br />

L’action sur des obj<strong>et</strong>s extérieurs implique qu’il y ait coordination entre la vision <strong>et</strong> la préhension.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

93


Remarques :<br />

Si on habitue un enfant de 6 mois à<br />

choisir la plus grande de deux boîtes, il<br />

continuera à choisir la plus grande<br />

même si on l’éloigne <strong>et</strong> qu’elle<br />

correspond donc à une image rétinienne<br />

plus p<strong>et</strong>ite : c’est la constance des<br />

grandeurs.<br />

Si on présente à un bébé (vers 7-8<br />

mois) son biberon r<strong>et</strong>ourné il le m<strong>et</strong>tra<br />

à l’endroit s’il aperçoit la tétine : c’est<br />

la constance de la forme qui se m<strong>et</strong> en<br />

place.<br />

c) Stade 4 : coordination des<br />

réactions circulaires<br />

secondaires (8 mois1/2 à 1 an).<br />

C’est une recherche active de<br />

nouveauté. L’enfant combine différents<br />

schèmes 7 (du grec skhêma, figure,<br />

structure d’une action, ensemble de<br />

processus) afin d’obtenir un certain<br />

résultat. Ex : tirer sur une ficelle pour<br />

entendre le bruit du hoch<strong>et</strong>. Il y a<br />

INTENTION, but préalable : c<strong>et</strong>te<br />

coordination des schèmes signe les 1 er<br />

actes intelligents.<br />

L'enfant écarte des obstacles afin de<br />

saisir un obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> prend la main de<br />

l'adulte la dirigeant vers l'obj<strong>et</strong><br />

souhaité.<br />

d) Stade 5 : réactions<br />

circulaires tertiaires (11 ½ à 18<br />

mois).<br />

C’est à ce stade que se développe<br />

l’intelligence sensori-motrice.<br />

7 Schème d’action : c’est ce qu'il y a de commun aux diverses répétitions ou applications de la<br />

même action. Ainsi la succion réflexe du pouce <strong>et</strong> le fait de sucer d’autres obj<strong>et</strong>s correspondent à un<br />

même schème sensorimoteur. On distingue des schèmes d’action (déplacer, frotter, balancer) <strong>et</strong> des schèmes<br />

d’opération (opération = représentation de l’action qui possède la particularité d’être réversible… Cf. suite,<br />

stade opératoire)… Le "schème" au sens en général est entendu comme la part de l'action ou de l'opération<br />

qui est transférable vers d'autres actions ou d'autres opérations.<br />

Piag<strong>et</strong> définit ainsi ce qu’est un schème à partir de l’exemple du schème de réunion : « nous parlerons d'un<br />

"schème de réunion" pour des conduites comme celle d'un bébé qui entasse des plots, d'un enfant plus âgé<br />

qui assemble des obj<strong>et</strong>s en cherchant a les classer, <strong>et</strong> nous r<strong>et</strong>rouverons ce schème en des formes<br />

innombrables jusqu'en des opérations logiques telles que la réunion de deux classes (les pères plus les<br />

mères = tous les parents, <strong>et</strong>c.) ». Piag<strong>et</strong>.<br />

Pédagogie : Le hoch<strong>et</strong> de Bruner<br />

(Jérôme Bruner, <strong>psycho</strong>logue américain)<br />

Un enfant qui joue avec son hoch<strong>et</strong> sous<br />

le regard de sa maman. Le hoch<strong>et</strong><br />

tombe…<br />

Que va faire alors l’adulte ?<br />

On peut imaginer diverses éventualités :<br />

1. La maman ne remarque rien ou<br />

ignore la chute...<br />

2. Elle ramasse le hoch<strong>et</strong> <strong>et</strong> le place<br />

dans la main de l'enfant…<br />

Il est fort probable que le hoch<strong>et</strong> r<strong>et</strong>ombera<br />

encore, par maladresse peut-être ou, si<br />

l’enfant a plus de 11 ou 12 mois, de propos<br />

délibéré <strong>et</strong> à de multiples reprises ! Le<br />

parent a fait acte de pédagogie : il a mis en<br />

place une relation non-verbale <strong>et</strong> favorisé<br />

les expérimentations de l’enfant. Peut-il<br />

faire mieux ?<br />

3. Rapprocher le hoch<strong>et</strong> de l'enfant ?<br />

« OUI ! mais pas n'importe comment !<br />

* Assez près pour qu'il puisse s'en saisir à<br />

nouveau !<br />

* Mais assez loin cependant pour qu'il ne<br />

puisse l'obtenir qu'au prix d'un effort !<br />

* Et pas trop loin quand même pour qu'il ne<br />

se décourage pas devant la tâche ! ».<br />

C'est 3ème solution qui répond le mieux à<br />

une bonne définition (ou illustration) de la<br />

médiation pédagogique <strong>et</strong> qui résume ce<br />

qu'on appelle la médiation :<br />

Etayer la tâche, mais pour aller plus loin !<br />

"Tirer vers le haut", fuir l'occupationnel.<br />

D’après http://www.offratel.nc/magui/hoch<strong>et</strong>.htm<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

94


C’est le début de la représentation.<br />

L’enfant ne cherche plus simplement à reproduire un résultat mais à le faire varier au cours des<br />

répétitions. Ex : l’enfant qui laisse tomber volontairement les obj<strong>et</strong>s en variant leurs trajectoires <strong>et</strong><br />

qui suis chacun d’eux pour voir comment il chute. Les actions sont entreprises pour connaître leurs<br />

conséquences <strong>et</strong> il y a une recherche intentionnelle de nouveautés. On pourrait dire qu’il pratique<br />

des « expérimentations actives » par essais <strong>et</strong> erreurs » (en fait du tâtonnement expérimental).<br />

Ces essais perm<strong>et</strong>tent la découverte de moyens nouveaux. Ainsi tirer sur un tapis (conduite du<br />

support) ou une ficelle rapproche l’obj<strong>et</strong> désiré posé sur lui ou relié à elle.<br />

- A noter ici également l’apparition de la notion de causalité : l'enfant est capable de faire le lien<br />

entre son action <strong>et</strong> le résultat obtenu. Il comprend, par exemple, que<br />

le hoch<strong>et</strong> sonne parce que c'est lui qui le secoue. Un enfant du stade V<br />

n’essaiera pas de tirer sur un tapis pour approcher un obj<strong>et</strong> si l’obj<strong>et</strong><br />

est posé à côté du tapis.<br />

e) Stade 6 (16- 18 mois):<br />

Apparition de l’insight = " l’eurêka " = solutions soudaines sans<br />

passage par le tâtonnement expérimental. C’est une intuition impliquant<br />

une certaine représentation mentale <strong>et</strong> qui marque la transition avec le<br />

stade suivant ou stade préopératoire. Donnons une boîte d’allum<strong>et</strong>te à<br />

un enfant de c<strong>et</strong> âge. Dans un premier temps, il essaie d’ouvrir la boîte<br />

par tâtonnement matériel (réaction du stade V) puis après un arrêt <strong>et</strong> un<br />

examen attentif ("penser, c'est se r<strong>et</strong>enir d'agir"… l'enfant ouvre <strong>et</strong><br />

ferme la bouche avant de trouver la solution) il glisse son doigt dans la<br />

fente <strong>et</strong> l’agrandit parvenant alors à ouvrir la boîte).<br />

• De la permanence de l’obj<strong>et</strong> :<br />

La permanence de l’obj<strong>et</strong> est le fait que<br />

l’obj<strong>et</strong> qui disparaît du champ perceptif est<br />

conçu comme continuant d’exister.<br />

Classiquement les spécialistes affirment<br />

qu’avant 8 mois, le bébé se montre incapable<br />

de rechercher un obj<strong>et</strong> convoité qu’il voit<br />

disparaître sous un cache. L’enfant réagit<br />

comme si l’obj<strong>et</strong> s’était résorbé.<br />

Pour qu’il le reprenne, une partie de l’obj<strong>et</strong><br />

doit rester visible. Ce ne serait que vers 8 à 9<br />

mois (stade IV) que le schème de la<br />

permanence de l’obj<strong>et</strong> (ou de « l’obj<strong>et</strong><br />

permanent ») se m<strong>et</strong>trait peu à peu en place<br />

(c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> venant ici encore d’être perçu) <strong>et</strong><br />

qu’il y aurait début de l’acte intentionnel<br />

(recherche de l’obj<strong>et</strong> perdu).<br />

En fait c<strong>et</strong>te permanence de l’obj<strong>et</strong> apparaît<br />

vraisemblablement beaucoup plus tôt,<br />

probablement dès 3 à 5 mois. Le bébé saurait<br />

à c<strong>et</strong> âge que l’obj<strong>et</strong> n’a pas disparu (il regarde<br />

fixement l’endroit où il a disparu) mais serait<br />

alors incapable d’aller le chercher.<br />

Ce « bébé » de plus de 8 mois a non seulement<br />

découvert la permanence de l’obj<strong>et</strong> (il sait que<br />

celui-ci continue d’exister même s’il a disparu<br />

de sa vue)... mais de plus, il est devenu capable<br />

d’aller le chercher. Steele-Perkins/Magnum photos<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

95


• De l’imitation des expressions faciales :<br />

Les théories classiques (cf. travaux de Piag<strong>et</strong>) situent les imitations d’expressions faciales aux<br />

alentours de 9 mois. D’après Meltzoff <strong>et</strong> Moore, ces compétences pourraient être bien plus précoces<br />

... comme le montrent les photographies suivantes qui ont soulevé une forte polémique.<br />

Sur ces 3 photos, le nouveau-né a entre 12 <strong>et</strong> 20 jours.<br />

(Meltzoff <strong>et</strong> Moore. Extrait de « Science »,1977).<br />

Aujourd’hui il est admis que ces photographies ne correspondent pas à des phénomènes<br />

fortuits au moins pour la capacité du nourrisson à imiter la protusion de la langue.<br />

Néanmoins, il faut qu’il y ait mouvement, le nouveau-né n’imitant pas les conduites statiques.<br />

Par contre ce phénomène disparaît vers 2-3 mois pour réapparaître vers 9 mois.<br />

On pense que les 1ères imitations correspondraient à un contrôle nerveux sous-cortical <strong>et</strong> que leur<br />

disparition puis leur réapparition serait liées à un passage sous contrôle de structures nerveuses<br />

corticales.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

96


• Le calcul chez les bébés…<br />

Techniques d’étude de l’activité perceptive<br />

des bébés:<br />

Le paradigme d'habituation ou<br />

technique d’habituation (ici visuelle mais<br />

elle peut aussi être auditive ou tactile) : dans<br />

la 1ère phase les enfants sont accoutumés à<br />

des collections qui sont toutes de même<br />

taille. On considère qu’ils sont "habitués"<br />

quand leur fixation du regard chute de 50 %.<br />

Dans une seconde phase, on leur présente<br />

une nouvelle collection (en alternance avec<br />

l’ancienne). « Celle-ci peut être soit de<br />

même taille que les précédentes soit de taille<br />

différente (plus ou moins grande que les<br />

collections précédentes)… » : les enfants<br />

regardent plus longtemps quelque chose<br />

qu’ils considèrent comme nouveau,<br />

différent… en l’occurrence ici une collection<br />

de taille différente.<br />

Le paradigme d'événement<br />

Les stimuli sont proj<strong>et</strong>é depuis l’écran vidéo (qui est venu<br />

remplacé le projecteur de diapositives des premières<br />

expérimentation) sur un miroir incliné. Le regard du bébé est<br />

enregistré par la caméra <strong>et</strong> transmis à l’ordinateur.<br />

L’ordinateur perm<strong>et</strong> aussi de créer des stimuli <strong>et</strong> de les<br />

envoyer à l’écran vidéo.<br />

Schéma (légèrement modifié) extrait de « La Recherche » n° 236 d’Octobre<br />

1991 : « L’intelligence des bébés par Roger Lécuyer.<br />

impossible : c<strong>et</strong>te fois-ci la technique repose sur l'idée que les enfants regardent plus<br />

longtemps une scène inattendue (dite "événement impossible") qu'une scène respectant<br />

leur connaissance (dite "événement possible").<br />

Résultats (à l’aide de la première technique) :<br />

* Des bébés âgés seulement de 1 à 3 jours 8 <strong>et</strong> des bébés de 5 mois 9 pouvaient<br />

discriminer des collections de 2 obj<strong>et</strong>s d’autres de 3 obj<strong>et</strong>s.<br />

* « De très nombreuses études ont répliqué ces résultats quelle que soit la manipulation des<br />

conditions de présentation des obj<strong>et</strong>s : des obj<strong>et</strong>s de taille, forme <strong>et</strong> position variables (Strauss & Curtiss, 1981), des<br />

obj<strong>et</strong>s différents (à 7 mois, Starkey, Spelke & Gelman, 1990), des obj<strong>et</strong>s en mouvement ( à 5, 8 <strong>et</strong> 13 mois, Van<br />

Loosbroeck & Smitsman, 1990), des obj<strong>et</strong>s présentés séquentiellement (Canfield & Smith, 1996). C<strong>et</strong>te capacité de<br />

discrimination ne se limite pas seulement aux obj<strong>et</strong>s physiques. Les bébés sont aussi capables de discriminer le nombre<br />

de sauts (2 vs 3 sauts) effectués par une poupée, que celle-ci reste sur place ou soit en mouvement (Wynn, 1996). Ils<br />

peuvent aussi discriminer des mots de 2 syllabes vs des mots de 3 syllabes (Bijeljac-Babic, Bertoncini & Mehler,<br />

1991). Ces résultats montrent que les représentations numériques des bébés sont suffisamment abstraites pour<br />

être appliqué à différentes situations <strong>et</strong> différents types d'obj<strong>et</strong>s ».<br />

« Cependant, pour des quantités supérieures à 3, les résultats sont beaucoup moins clairs. Par exemple, les bébés<br />

de 10-12 mois ne pourraient pas discriminer 4 de 5 (Strauss & Curtiss, 1981). De même, les bébés de 6 mois ne<br />

pourraient distinguer une collection de 4 obj<strong>et</strong>s par rapport à une collection de 6 obj<strong>et</strong>s… (Starkey <strong>et</strong> Cooper, 1980) ».<br />

« Au contraire, d'autres recherches ont montré que les bébés de 6 mois pouvaient discriminer de grandes<br />

collections. En eff<strong>et</strong>, ils font la différence entre 8 <strong>et</strong> 16, aussi bien en présentation visuelle qu’auditive, <strong>et</strong> ceci alors que<br />

toute variable pouvant affecter leur perception (e. g., contrastes de couleur, densité, rythme) est contrôlée (Xu & Spelke,<br />

2000). Par contre, ces bébés ne peuvent discriminer 8 de 12 dans de telles conditions de contrôle (Xu & Spelke, 2000).<br />

De même, des bébés de 5 <strong>et</strong> 8 mois peuvent discriminer 3 de 4 alors que les obj<strong>et</strong>s sont en mouvement, <strong>et</strong> même 4 de 5<br />

pour les bébés de 13 mois (Van Loosbroeck & Smitsman, 1990) ».<br />

Textes entre guillem<strong>et</strong>s de Barrouill<strong>et</strong> Pierre, Blanc Dominique, Camos Valérie,Charnay Roland IUFM de Lyon, Coquin Danièle,<br />

Dossat Luce, Fayol Michel, Thévenot Catherine, Verschaffel Lieven. 2002.<br />

8<br />

Antell <strong>et</strong> Keating (1983).<br />

9<br />

Starkey <strong>et</strong> Cooper (1980).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

97


Résultats (à l’aide de la deuxième technique) :<br />

Etude de Wynn (1992) parue dans la revue Nature : Addition <strong>et</strong> soustraction chez l'enfant.<br />

« En eff<strong>et</strong>, à travers la procédure de la transgression des attentes (réaction à l’événement impossible), elle<br />

a montré grâce aux temps de fixation visuelle que des bébés de 4-5 mois<br />

sont capables de calculer le résultat d’opérations arithmétiques simples<br />

(addition <strong>et</strong> soustraction).<br />

Pour l’une des conditions, l’addition, son protocole expérimental est le<br />

suivant. Elle place devant le bébé un Mickey sur une plate-forme. Un<br />

écran en rotation cache le Mickey. Ensuite, devant les yeux de l’enfant, un<br />

second Mickey est introduit derrière l’écran. Celui-ci s’abaisse alors,<br />

révélant soit un Mickey (événement impossible) soit deux Mickey<br />

(événement possible).<br />

Pour la seconde condition, la soustraction, deux Mickeys sont placés sur<br />

la plate-forme. On lève l’écran. Puis, un Mickey est ôté (le bébé le voit).<br />

L’écran se baisse <strong>et</strong> l’enfant découvre soit un Mickey (événement<br />

possible), soit deux Mickey (événement impossible).<br />

Les résultats ont montré que le temps de fixation visuelle des bébés est<br />

plus long pour l’événement impossible que pour l’événement possible.<br />

L’enfant est surpris devant la situation impossible. Il paraît alors conscient<br />

que l’événement ne respecte pas ses connaissances du monde <strong>et</strong> qu’une<br />

propriété du réel a été transgressée ».<br />

« Wynn conclut alors que l’enfant réalise un calcul précis. L’enfant<br />

s’attend à ce que le résultat de l’addition d’un Mickey à un autre soit deux<br />

Mickey <strong>et</strong> non un ou trois »… « D’après Wynn, l’enfant possède des<br />

capacités numériques vraisemblablement innées qui lui perm<strong>et</strong>tent de<br />

calculer le résultat exact d’opérations arithmétiques simples ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

L'enfant regarde en<br />

moyenne presque une<br />

seconde de plus le résultat<br />

de l'addition fausse 1+ 1 =<br />

1 que celui de l'addition<br />

juste 1+ 1 = 2. Pour la<br />

soustraction, il examine<br />

3 secondes de plus celui<br />

de la situation<br />

impossible 2 - 1= 2 que<br />

celui de la situation<br />

possible 2 - 1 = 1.<br />

A noter qu’on obtient des résultats similaires avec des singes macaques (de l’espèce rhésus) adultes en remplaçant<br />

les Mickeys par des… aubergines !!! Seule différence : la fixation du regard en situation impossible est plus accrue<br />

(elle peut doubler).<br />

Et si le bébé ne comptait pas <strong>et</strong> se contentait d’une perception globale par laquelle 1 + 1 serait égal<br />

à plus que 1 (soit 2 ou 3) » ?<br />

Dans une 3ème expérience, Wynn a présenté l’addition 1 + 1 <strong>et</strong> a montré que l’enfant remarque<br />

également la transgression lorsqu’on lui présente l’événement impossible 1 + 1 = 3 <strong>et</strong> l’événement<br />

possible 1 + 1 = 2 : il observe plus longtemps la situation impossible avec 3 obj<strong>et</strong>s que la situation<br />

possible avec 2 obj<strong>et</strong>s. Il se comporte comme s'il « savait » que 1 + 1 ne fait ni 1 ni 3, mais bien<br />

exactement 2.<br />

« Houdé (1997) en adaptant au niveau verbal le protocole de Wynn avec<br />

des enfants de 2-3 ans (en crèche) <strong>et</strong> des enfants de 3-4 ans (en 1 ère<br />

année de maternelle). A la place des Mickey, il a utilisé des Babar <strong>et</strong> au<br />

lieu d’évaluer le temps de fixation visuelle, il a demandé à l’enfant, face<br />

à l’événement qui lui est proposé, de répondre "ça va" ou "ça ne va pas".<br />

S’ils sont prompts à adm<strong>et</strong>tre que 1 + 1 ne peut pas être égal à 1, ils sont<br />

en revanche moins certains que 1 + 1 ne peut être égal à 3 : « Ces<br />

résultats montrent un n<strong>et</strong> décalage entre la réussite à la transgression<br />

1+1=1 qui apparaît dans c<strong>et</strong>te expérience dès 2 ans » (<strong>et</strong> dès 4-5 mois<br />

d’après Wynn) « <strong>et</strong> à la réussite à la transgression 1+1= 3 qui est plus<br />

tardive » ( à partir de 3 ans au lieu des 4-5 mois pour Wynn).<br />

« L’émergence de la distinction singulier/pluriel dans le langage oppose<br />

un à tous les autres nombres considérés globalement, est fixé par Boysson-Bardies (1996) vers 20-24<br />

mois. D’après Hodent c’est l’émergence de c<strong>et</strong>te distinction singulier/pluriel dans le langage qui serait à<br />

l’origine de c<strong>et</strong>te chute temporaire des performances à 2-3 ans ».<br />

98


D’autre part, dans l'expérience de Wynn, ce qui est arithmétiquement incorrect est également<br />

physiquement impossible : un obj<strong>et</strong> caché disparaît mystérieusement.<br />

« Simon, Hespos <strong>et</strong> Rochat (1995) ont voulu<br />

prouver que c’était le non respect de la<br />

permanence de l’obj<strong>et</strong> qui créerait la surprise<br />

chez le bébé <strong>et</strong> non, comme le dit Wynn, la<br />

violation du résultat de comptage. Ils suggèrent<br />

alors que le bébé se base sur des connaissances<br />

physiques des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> non sur une<br />

connaissance arithmétique ».<br />

« Afin de vérifier c<strong>et</strong>te hypothèse, ils ont utilisé<br />

la même procédure que Wynn en y ajoutant<br />

deux conditions supplémentaires : une<br />

condition expérimentale où l’événement est<br />

quantitativement possible mais physiquement<br />

impossible (avant que l’écran s’abaisse, un<br />

Elmo est remplacé par un Ernie, personnages<br />

d’une émission télévisée pour enfants : Elmo +<br />

Elmo = Ernie + Elmo) <strong>et</strong> une condition où<br />

l’événement est quantitativement <strong>et</strong><br />

physiquement impossible (Elmo + Elmo =<br />

Ernie) ».<br />

« Avec des bébés de 4 mois, leur hypothèse est<br />

infirmée car les résultats confirment ceux de<br />

Wynn. Dans la condition identique à celle de<br />

Wynn, on r<strong>et</strong>rouve les mêmes résultats. Le<br />

temps de fixation est plus long pour la condition<br />

quantitativement <strong>et</strong> physiquement impossible<br />

alors que les bébés ne semblent pas surpris<br />

par la condition physiquement impossible où<br />

le nombre est respecté.<br />

Alors malgré leur but initial, Simon, Hespos <strong>et</strong><br />

Rochat ont montré que les bébés de 4-5 mois<br />

possèdent bien des capacités arithmétiques<br />

plutôt que perceptives ».<br />

Dans les conditions reproduisant la situation de<br />

l’addition de Wynn, les enfants sont confrontés<br />

à deux personnages : Elmo <strong>et</strong> Ernie.<br />

* Condition 1, possible :<br />

Elmo + Elmo = 2 Elmos.<br />

* Condition 2, arithmétiquement impossible :<br />

Elmo + Elmo = 1 Elmo.<br />

Deux conditions nouvelles sont introduites :<br />

* Condition 3, une condition possible sur le plan<br />

arithmétique mais impossible sur le plan de<br />

l'apparence physique :<br />

Elmo + Etmo = Elmo + Ernie.<br />

* Condition 4, conditions impossibles sur le plan<br />

arithmétique <strong>et</strong> sur le plan physique :<br />

Elmo + Etmo = Ernie.<br />

Remarque importante : les résultats ne<br />

signifient pas que les bébés sont incapables de<br />

distinguer les 2 personnages Elmo <strong>et</strong> Ernie !!! Lorsqu’on habitue des bébés de 5 mois à Elmo puis qu’on<br />

leur présente Ernie (ou l’inverse), le regard est plus long en présence de l'obj<strong>et</strong> nouveau.<br />

Passages entre guillem<strong>et</strong>s extraits de http://www.ressources-psy.com/nombre.htm par Amélie Lubin<br />

Lire aussi CONNAISSANCES PROTONUMÉRIQUES CHEZ LE PRIMATE ET LE JEUNE ENFANT par J.<br />

VAUCLAI http://www.up.univ-mrs.fr/wpsycle/document<strong>pdf</strong>/documentvauclair/chapSolal%2000.<strong>pdf</strong><br />

Que conclure ?<br />

Temps de regard :<br />

Conditions 1<strong>et</strong> 3 : 8 secondes.<br />

Conditions 2 : 11 secondes.<br />

Conditions 4 : 10,5 secondes.<br />

Le changement d'identité n'accroît pas<br />

le temps de regard (8 secondes) en cas de nonviolation<br />

de la règle additive ou soustractive.<br />

Wynn conclut de ses travaux que le bébé possède une connaissance numérique innée (voir page 142<br />

concept de cardinalité). Mais «…pourquoi ne pas interpréter ces résultats comme un raisonnement<br />

perceptif du bébé plutôt qu’un raisonnement cognitif comme le suppose Wynn ? ».<br />

Ainsi Simon (1997, 1998) pense plutôt que le bébé utilise une représentation spatio-temporelle des obj<strong>et</strong>s<br />

<strong>et</strong> qu’il ne compte pas : il pratiquerait la correspondance terme à terme entre la représentation mémorisée<br />

<strong>et</strong> la situation finale observée. L’enfant découvre ainsi qu’il y a pas appariement entre sa mémoire <strong>et</strong> la<br />

réalité (un obj<strong>et</strong> mémorisé ne trouve plus son correspondant).L'inégalité serait dès lors constituée.<br />

Dans l’état actuel des recherches, il est impossible de choisir entre ces 2 interprétations.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

99


Stade préopératoire qui s’étend de 2 à 7 ans (divisé en stade préconceptuel de 2<br />

à 4 ans <strong>et</strong> stade intuitif de 4 ans à 7 ans) :<br />

STADE PRECONCEPTUEL :<br />

Dans le stade précédent dit "sensori-moteur", tout reposait sur la<br />

perception directe, le « ici » <strong>et</strong> le « maintenant ». Ce stade de 0 à 2 ans<br />

se caractérisait par une intelligence sans représentation, sans langage <strong>et</strong><br />

sans concept. Ce stade était aussi défini par le jeu d’exercice dont le<br />

plaisir réside d’abord dans le seul fonctionnement physique (maîtriser<br />

ses gestes <strong>et</strong> ses mouvements) auquel s’ajoute peu à peu « le plaisir<br />

être cause de » (Cf. l’enfant qui joue à faire tomber <strong>et</strong> r<strong>et</strong>omber sa<br />

cuillère). Les professionnels distinguent 3 grands types de jou<strong>et</strong>s ( =<br />

supports de jeux) dans c<strong>et</strong>te catégorie :<br />

* les jou<strong>et</strong>s d’éveil sensoriel (hoch<strong>et</strong>, tapis sensoriel…) qui cherchent à<br />

fixer le regard (avec des couleurs <strong>et</strong> des formes différentes) <strong>et</strong> à orienter<br />

l'attention auditive (avec des jou<strong>et</strong>s à secouer).<br />

* les jou<strong>et</strong>s de manipulation qui favorisent la préhension <strong>et</strong> la<br />

manipulation (formes adaptées <strong>et</strong> textures variées) <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tant<br />

d'acquérir des habilités manuelles, du "savoir-faire" (jou<strong>et</strong>s à encastrer, à<br />

emboîter, jou<strong>et</strong>s pour la baignoire…)<br />

* les jou<strong>et</strong>s de motricité perm<strong>et</strong>tant d'explorer son corps <strong>et</strong> d'en découvrir<br />

les possibilités (trotteurs, ballons, jou<strong>et</strong>s à tirer, à pousser mais aussi cheval<br />

à bascule, tricycle <strong>et</strong> grand camion pour s’asseoir dessus à partir de 2 ans…).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

La fonction symbolique =<br />

fonction sémiotique utilise 2<br />

sortes d’instruments :<br />

Les symboles qui<br />

présentent quelques ressemblances<br />

avec les signifiés.<br />

Les signes qui sont conventionnels<br />

ou arbitraires.<br />

Entre 2 à 5 ans l’enfant devient capable de trier des obj<strong>et</strong>s à partir de critères simples : les couleurs, les<br />

formes, les dimensions, les textures. Il peut associer 2 images semblables ou 2 éléments qui ont un lien<br />

logique : habitats <strong>et</strong> animaux, contraires, sportifs <strong>et</strong> accessoires, métiers <strong>et</strong> outils…<br />

MAIS SURTOUT… Il y a, au stade préconceptuel, entre 2 <strong>et</strong> 4 ans :<br />

1. Tout début vers 3 ans du développement des relations interpersonnelles, des échanges entre les suj<strong>et</strong>s<br />

sous la forme d’un dialogue moteur (imitation immédiate) sans dialogue verbal <strong>et</strong> d’une opposition à<br />

l’autre. Voir pages 124 <strong>et</strong> 125.<br />

2. Développement de la fonction symbolique ou sémiotique qui consiste à représenter « un signifié »<br />

(un obj<strong>et</strong>, un événement) par un « signifiant » (un mot, une image mentale) ne servant qu’à c<strong>et</strong>te<br />

représentation. Cela revient à pouvoir évoquer en pensée des personnes ou des obj<strong>et</strong>s non-présents <strong>et</strong><br />

dont intérioriser des actions.<br />

On distingue 4 conduites d’apparition à peu près simultanée qui peuvent être rapportées à la<br />

fonction symbolique :<br />

• L’imitation différée... c’est à dire l’imitation qui débute en l’absence du modèle : l’enfant mime<br />

un comportement observé antérieurement. Apparaît vers 18 mois. Il faut<br />

distinguer l’imitation de l’identification qui correspond, elle, à une<br />

intériorisation des modèles qu’offre l’entourage : l’identification est<br />

l'assimilation d'autrui à soi-même.<br />

• Le jeu symbolique (faire comme <strong>et</strong> faire comme si)… de 3 à 6<br />

ans. L'enfant (ou les enfants à partir de 4 ans), joue(nt) un personnage,<br />

une situation, une histoire qu'il(s) invente(nt) en jouant : la poupée<br />

devient « le bébé » que l’enfant fait dormir, habille pour qu’il n’attrape<br />

pas froid, nourrit, gronde <strong>et</strong> à qui il donne des fessées… L’enfant<br />

reproduit ainsi des situations déjà vécues mais il peut aussi inventer ses<br />

propres scénarios (<strong>et</strong> combattre des dragons ou voyager dans l’espace<br />

sans quitter sa chambre). A 4 ans, parfois avant, il s’invente des amis imaginaires qui font souvent des<br />

choses que l’enfant n’a pas le droit de faire.<br />

100


Les professionnels réunissent dans c<strong>et</strong>te catégorie du jeu symbolique<br />

les jou<strong>et</strong>s de mise en scène (figurines), les jou<strong>et</strong>s de rôle (obj<strong>et</strong>s pour<br />

jouer au docteur, balance + fruits <strong>et</strong> légumes pour jouer à la<br />

marchande…) <strong>et</strong> les jou<strong>et</strong>s de représentation.<br />

Tous les accessoires pour faire semblant sont très populaires à c<strong>et</strong><br />

âge: poupées avec leurs vêtements <strong>et</strong> matériel, marionn<strong>et</strong>tes avec leur<br />

théâtre, trousses de médecin ou de maquillage, animaux en peluche<br />

pour jouer au vétérinaire, ensemble d'outils, déguisements <strong>et</strong> panoplies<br />

divers, nécessaires de cuisine <strong>et</strong> ensemble à pâtisserie, matériel<br />

ménager, outils de jardinage, téléphone... autant d’idées pour votre<br />

classe… allez, c’est dit… vous installez un coin déguisement dans<br />

votre classe de moyenne section de maternelle…<br />

Entre 18 mois <strong>et</strong> 2 ans, PIAGET décrit une phase intermédiaire<br />

entre le jeu d’exercice <strong>et</strong> le jeu symbolique proprement dit. Dans c<strong>et</strong>te<br />

phase intermédiaire : « L’enfant se borne à faire semblant d’exercer<br />

l’une de ses actions habituelles », il fait par ex semblant de manger,<br />

de boire, de se laver, de dormir. Ensuite, il exécutera successivement<br />

dans une séquence une combinaison de 2 schèmes d’action : par<br />

exemple le schème de boire puis celui de se m<strong>et</strong>tre au lit.<br />

2 à 4 ans : les véritables jeux symboliques…<br />

Dans le jeu symbolique l’enfant utilise un obj<strong>et</strong>, dont il connaît<br />

l’utilisation première, comme si c’était autre chose (les cubes se<br />

transforment en maisons ou en voitures, la canne devient fusil <strong>et</strong> la<br />

pierre un oreiller)… ce sont les jeux de type IIA possibles dès 22<br />

mois. Vers 30 mois, le bambin peut prêter des sentiments à la poupée,<br />

une poupée qui a elle-même sa capacité d’agir.<br />

Puis l’enfant assimile son corps propre à des obj<strong>et</strong>s ou à autrui (= il<br />

joue à être quelque chose ou quelqu’un : il jouera au papa <strong>et</strong> à la<br />

maman, à la maîtresse d'école, au docteur…)… ce sont les jeux de<br />

type IIB.<br />

Par la suite l’enfant exécute fictivement des actes défendus<br />

(composition symbolique compensatrice… ce sont les jeux de type<br />

IIIA), transpose symboliquement dans le jeu ce qu’il a vécu de façon<br />

pénible (combinaisons symboliques liquidatrices de tensions… ce sont<br />

les jeux de type IIIB). L’enfant va pouvoir dans son jeu inventer les<br />

conséquences d’une situation particulière (combinaisons symboliques<br />

anticipatrices… ce sont les jeux de type IIIC).<br />

Il est important de comprendre qu’un enfant de 3 ans jouera à des<br />

jeux symboliques mais continuera également à pratiquer des jeux<br />

moteurs (balançoire, trottin<strong>et</strong>te, brou<strong>et</strong>te...) <strong>et</strong> sensoriels (demain<br />

pensez à installer une corbeille de vrais fruits dans le coin cuisine de<br />

votre classe de p<strong>et</strong>ite section de maternelle).<br />

A partir de 4 ans émergent les jeux collectifs (qu’il s’agisse de<br />

jeux symboliques ou de jeux de construction) qui se développent à 5-6 ans. Il faut peut-être alors<br />

partager, jouer chacun son tour ou négocier… qui sera le shérif <strong>et</strong> qui sera le shérif adjoint ?! Ceci<br />

n’empêche pas l’enfant de continuer à pratiquer des jeux d’exercice (corde à sauter à partir de 5 ans,<br />

patins à roul<strong>et</strong>tes vers 6 ans) <strong>et</strong> des jeux de fiction en isolé (dîn<strong>et</strong>te par exemple).<br />

Les jeux collectifs seront suivis plus tard par les jeux de règles pratiqués dès 5-6 ans mais qui prennent<br />

toute leur importance de 7 ans à 12 ans (cartes, familles, dominos, jeu de l'oie, p<strong>et</strong>its chevaux,<br />

mikado…).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

101


• L’évocation verbale d’événements inactuels <strong>et</strong> l’image mentale.<br />

La mémoire d’évocation (différente de la mémoire de recognition qui consiste à reconnaître un obj<strong>et</strong><br />

déjà rencontré, le sein par exemple) apparaît avec l’image mentale. Elle consiste à évoquer un obj<strong>et</strong> ou<br />

un suj<strong>et</strong> en son absence.<br />

• Le dessin qui correspond à une image mentale <strong>et</strong> apparaît entre 2<br />

ans <strong>et</strong> 2,5 ans.<br />

Il est d’abord un simple gribouillage avec signification découverte en<br />

cours de route ( c’est le « réalisme fortuit de Luqu<strong>et</strong> » ) puis correspond<br />

ensuite au « réalisme manqué »<br />

(bonhommes-têtards) ... à rapprocher des<br />

collages manqués (oreilles du lapin collées<br />

largement au dessus de la tête).<br />

Viendra ensuite le « réalisme intellectuel »<br />

(par exemple visage de profil 10 mais avec 2<br />

yeux, dessin de la racine d’une plante dans<br />

la terre ...) puis le « réalisme visuel » vers 8 -<br />

9 ans (les parties cachées ne sont plus<br />

dessinées <strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s sont plus p<strong>et</strong>its s’ils<br />

sont plus éloignés).<br />

En ce qui concerne l’enfant de 2 à 4 ans<br />

qui nous intéresse ici on constate :<br />

Qu’à 3 ans (voire 3,5 ans), c’est le stade du bonhomme<br />

têtard (ainsi désigné initialement par James Sully) vu de<br />

face : rond (représentant à la fois la tête <strong>et</strong> le tronc) contenant<br />

toujours 2 yeux <strong>et</strong> porteur de rayons : souvent 2 traits<br />

(jambes) ou 4 traits (bras + jambes) <strong>et</strong> parfois de cheveux…<br />

d’où un aspect « solaire orienté ».<br />

La bouche apparaît<br />

très vite : Ricci dit<br />

que « le bonhomme<br />

voit, mange <strong>et</strong> se<br />

déplace ».<br />

On parle tout de<br />

même de<br />

bonhomme- têtard<br />

en l’absence de<br />

membres si des<br />

cheveux réalisent<br />

l’aspect rayonnant.<br />

Le cercle central ne correspond pas ici<br />

au nombril mais au cœur.<br />

La ligne horizontale<br />

apparaît entre 18 <strong>et</strong> 24<br />

mois.<br />

10<br />

Sur tous les continents, quelles que soient les cultures, le passage de la frontalité au profil s’effectue vers 6 ans.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

102


Ce type de dessins se rencontre aussi bien chez un enfant asiatique, qu’un européen, un<br />

africain ou un américain.<br />

La maladresse de la représentation peut paraître surprenante puisqu’à trois ans l'enfant sait en<br />

eff<strong>et</strong> désigner du doigt différentes parties de son corps <strong>et</strong> en particulier ses membres, sa tête <strong>et</strong><br />

plus spécifiquement ses yeux, ses oreilles, sa bouche <strong>et</strong> ses cheveux 11 .<br />

Il existe donc là un décalage marqué entre les acquisitions concrètes <strong>et</strong> leur représentation<br />

graphique.<br />

à 4 ans (parfois avant) : le bonhomme têtard persiste <strong>et</strong> s’agrémente de détails (outre les<br />

yeux <strong>et</strong> la bouche, un nez, des oreilles, un nombril…). Le sexe <strong>et</strong> les cheveux peuvent être<br />

présents. La nudité <strong>et</strong> des organes sexuels se rencontrent surtout dans les productions d'enfants<br />

jeunes puis disparaît ensuite.<br />

Les dessins d’enfants apportent des informations sur leur affectivité <strong>et</strong> ses perturbations<br />

éventuelles, sur leur caractère <strong>et</strong> bien évidemment sur leurs aptitudes graphiques.<br />

Attention aux interprétations hâtives réalisées par des personnes non compétentes.<br />

Le tronc, sous la forme d’un 2 ème rond, n’apparaît en général qu’à 5 ans (mais certains<br />

enfants le représentent dès 4 ans).<br />

Ici, effectués le même jour par le même enfant, un dessin avec un seul cercle <strong>et</strong> l’autre avec<br />

2… A noter dans le 2 ème dessin les « mains-soleil » en général plus tardives <strong>et</strong> dont le nombre<br />

de rayons ne correspond pas le plus souvent au nombre de doigts. Signalons également que<br />

l’enfant ne dessine pas de « pieds-soleil »…<br />

Comme cela est très généralement le cas, la taille des pieds est proportionnellement plus<br />

grande dans les dessins représentant un corps masculin.<br />

11<br />

Ces désignations corporelles sont d’ailleurs demandes dans le questionnaire de niveau mental de Bin<strong>et</strong>.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

103


Variation du bonhomme à partir de 3 ans (d’après Leif).<br />

Chez le jeune enfant, on note l’absence d’éléments importants (bonhomme sans bras par<br />

exemple), des détails en surnombre (multiplication du nombre de doigts), des disproportions<br />

(main plus grande que la tête) <strong>et</strong> des disjonctions d’éléments contigus (cigar<strong>et</strong>te en dehors de la<br />

bouche).<br />

Remarque : « Par graphisme, on entend, au sens large, toute production de traces utilisant<br />

le trait sur une surface. Il peut donc s’agir de gribouillages, de motifs décoratifs obéissant<br />

à des rythmes, d’écriture ou de dessins ». L’école avant 6 ans », ouvrage collectif sous la direction de<br />

M. Hibon <strong>et</strong> R. Monier. Collection R. Tavernier chez Bordas.<br />

Un bâton traîné sur du sable laisse une trace <strong>et</strong> relève du graphisme.<br />

LE STADE DE LA PENSEE INTUITIVE sera étudié dans le chapitre III.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

104


D) Les étapes de l’acquisition du langage :<br />

L’importance <strong>et</strong> la qualité des stimulations linguistiques que l’enfant perçoit sont des<br />

éléments fondamentaux dans le développement de ses compétences langagières.<br />

D1 : le stade prélinguistique :<br />

« Au XIIIème siècle, l’empereur<br />

d'Allemagne, Frédéric II, s'intéressait à la<br />

science,<br />

Pour essayer de découvrir quelle pouvait<br />

être la langue naturelle innée de l'espèce<br />

humaine, celte, germain ou hébreu, il eut<br />

l'idée de séparer de leurs mères des<br />

enfants nouveau-nés, de les faire élever<br />

par des gardiens sourds-mu<strong>et</strong>s qui avaient<br />

comme consigne de ne donner aucune<br />

tendresse à ces bébés <strong>et</strong> de ne leur fournir<br />

que les soins d'hygiène <strong>et</strong> d'alimentation,<br />

mais les meilleurs possibles.<br />

Non seulement les bébés ne parlèrent<br />

aucune langue, mais rapidement ils<br />

dépérirent <strong>et</strong> moururent ».<br />

Extrait du livre du Dr Cohen-Solal :<br />

« Les deux premières années de la vie »<br />

Editions Robert Laffont, 1982.<br />

En 1993 Jean-Pierre Lecanu<strong>et</strong> <strong>et</strong> Carolyn<br />

Granier-Deferre ont émis, à l’aide d’un haut<br />

parleur placé à 20 cm de l’abdomen maternel,<br />

avec une intensité de 95 décibels, le mot<br />

« babi ». Ils ont observé un ralentissement<br />

cardiaque du fœtus de 36 semaines montrant<br />

qu’il entendait. Ensuite son rythme cardiaque<br />

n’est plus abaissé par la répétition du mot<br />

« babi » Le bébé s’est s’habitué. On intercale<br />

alors le mot « biba » dans la série des « babi » :<br />

le cœur du fœtus ralentit ! La différence<br />

« babi » - « biba » a donc été perçue…<br />

C<strong>et</strong>te tétine non nutritive est reliée à un dispositif<br />

électronique qui perm<strong>et</strong> d’ « interroger »<br />

le bébé sur ce qu’il perçoit.<br />

Plus le son que l’enfant entend est<br />

attrayant plus il tête <strong>et</strong> une variation de pression<br />

dans le tuyau détecte chaque succion ...<br />

Ces études ont montré que la parole avait un<br />

statut spécial pour le bébé.<br />

De plus, celui-ci réagit plus particulièrement<br />

aux paroles qui lui sont adressées plutôt qu’à<br />

un discours adressé à un adulte.<br />

C<strong>et</strong>te préférence serait due aux<br />

caractéristiques sonores employées :<br />

lorsqu’on s’adresse à un p<strong>et</strong>it, notre voix est<br />

spontanément « plus haut perchée, un peu<br />

chantante <strong>et</strong> avec des intonations plus<br />

marquées ».<br />

« Science <strong>et</strong> vie hors série n° 177 : « Le cerveau <strong>et</strong><br />

l’intelligence ». Décembre 1991.<br />

Quelques minutes après la naissance, l’enfant peut repérer d’où vient un son.<br />

Pour « interroger » le bébé, on lui envoie une stimulation répétitive d’une même syllabe,<br />

« PA » par exemple... puis on change brusquement le « PA » en « BA ». Si le nourrisson réagit<br />

en suçant sa tétine avec plus d’énergie, c’est qu’il a perçu une différence. De nombreux<br />

spécialistes affirment que le bébé peut faire une discrimination auditive entre différentes<br />

syllabes (ba <strong>et</strong> pa, bi <strong>et</strong> pi ...) dès le 4 ème jour (cf. la communication du Dr Julien Cohen-Solal à la 10 ème<br />

journée de formation continue de l’hôpital Robert Debré en février 1997). D’autres prétendent qu’il faut<br />

attendre 1 mois pour que « P » <strong>et</strong> « B », « B » <strong>et</strong> « D » soient distingués sans problème.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

105


Dès 2 semaines il discrimine les voix humaines des autres sons.<br />

A 1 mois « PAT » <strong>et</strong> « TAP » peuvent être distingués mais pas « TSP » <strong>et</strong> « PST ».<br />

Vers 5 à 6 semaines, ses cris se différencient en fonction de leur cause (faim, satisfaction,<br />

recherche du sommeil, la gêne, la douleur, l’appel ...).<br />

A 1,5 mois l’enfant « roucoule » (bêlements, gargouillements, cris aigus ...). Ce sont des<br />

« roucoulements de voyelles émises par la bouche : e, eu, a … qui traduisent habituellement<br />

un état de bien-être <strong>et</strong> ils sont les mêmes pour les bébés du<br />

monde entier. Apparition du sourire social.<br />

A la fin du 2 ème mois il différencie les voix familières des<br />

voix étrangères <strong>et</strong> les voix féminines des voix masculines. Il<br />

devient attentif à l’intonation des voix (sourire si la voix est<br />

douce, agitation si agressive).<br />

A 3 mois, il pousse des cris de plaisir.<br />

A 3-4 mois, les émissions vocales de syllabes déformées<br />

sont variées (jusqu'à 75 d’après Gesell) <strong>et</strong> on parle de<br />

gazouillis ou « stade des areus » ou encore de stade « oiseau » ou « jasis » ou « stade des<br />

vocalisations prolongées » : A… ree, K… ree. Tous les bébés gazouillent de la même façon<br />

quelle que soit leur patrie d’origine. Le gazouillis s’observe surtout dans les moments de<br />

détente <strong>et</strong> de satisfaction, après le repas. Il est alors possible d’établir un échange avec le bébé<br />

qui attend la réponse imitative de la mère <strong>et</strong> y fait écho… Il "parle" quand on lui parle… Il<br />

rit aux éclats.<br />

A 5 ou 6 mois : c’est le babillage, le<br />

nourrisson tente de répondre en adoptant les<br />

intonations <strong>et</strong> rythmes <strong>et</strong> il existe un véritable<br />

échange entre la mère <strong>et</strong> l’enfant avec, ici, des<br />

différences selon les langues maternelles. Il<br />

fait aussi « agueu ». A c<strong>et</strong> âge on commence à<br />

observer une différence entre l’enfant<br />

entendant <strong>et</strong> l’enfant sourd.<br />

Les enfants comprennent le langage<br />

oral avant de pouvoir s’en servir.<br />

La communication verbale implique<br />

des contacts <strong>et</strong> des échanges<br />

affectifs avec les adultes.<br />

A 6 mois, c’est la lallation... répétition du même son comme « MA-MA-MA-MA-MA-MA ».<br />

Il varie le volume <strong>et</strong> le débit.<br />

A 7 mois - 7,5 mois, il reconnaît son prénom. Syllabes : ba, da, ka.<br />

A 8 mois, il combine des syllabes : da-da, ba-ba. Il comprend la<br />

signification de « NON ».<br />

A 9-10 MOIS, TENTATIVE D’IMITATION CONSCIENTE DES<br />

SONS même si l’enfant ne les comprend pas : c’est l’écholalie. A c<strong>et</strong> âge il<br />

comprend néanmoins 5 ou 6 mots. L'enfant réalisera peu à peu que chaque<br />

mot à un sens, <strong>et</strong> que chaque chose est désignée par un mot.<br />

11 ou 12 mois (aux dires des mères, parfois un peu plus tardivement :<br />

13 ou 14 mois), est l’âge d’apparition du 1 er mot servant à désigner une personne (ou un obj<strong>et</strong><br />

ou une situation). Il s’agit le plus souvent d’une syllabe redoublée : il dit maman puis viendront<br />

ensuite d’autres mots : papa ou mimi ou kiki…<br />

12 mois : un mot unique a plusieurs sens. C’est le « mot symbole ». Exemple : il peut dire<br />

« lo» pour désigner non seulement le lait mais tout autre liquide.<br />

Tous les enfants, quelle que soit leur culture d’origine, apprennent à parler au même<br />

âge... « naturellement » (= sans que les parents aient à développer une quelconque pédagogie).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

106


D2 : le stade linguistique :<br />

Le stade du « mot - phrase » de 1 an à 18 mois :<br />

* Des « mots » isolés ont valeur de phrases <strong>et</strong> expriment des pensées complètes...<br />

« dodo » = « je veux aller au lit », « tola » = « je veux du chocolat ».<br />

* Il y a polysémie : « pa-ti » peut signifier que maman est partie ou que l’enfant veux sortir.<br />

Vers 18 mois l’enfant jargonne avec de 7 à 10 mots,<br />

commence à utiliser le « NON » <strong>et</strong> devient capable de s’opposer<br />

à autrui consciemment.<br />

De 18 mois – 2 ans :<br />

* L’enfant dispose alors d’environ 50 mots. Il répond à des<br />

ordres simples : « assis », « debout », « montre ta bouche »,<br />

« ramasse », « va chercher », « montre le train (sur le livre) ».<br />

* La pré-phrase à partir de 18 mois - 2ans :<br />

L’article n’est pas utilisé : phrases agrammatiques ("style<br />

télégraphique") <strong>et</strong> mots juxtaposés : c’est le "parler bébé".<br />

Les fins de mots ne sont pas données : « vatu » =<br />

« voiture », « api » = « parapluie », certains mots sont<br />

simplifiés : « tatab » pour « cartable » <strong>et</strong> les voyelles<br />

complexes sont remplacées par des voyelles simples : « ba »<br />

pour « boi ».<br />

2 mots (18 mois) puis 3 mots (2 ans) s’agencent (sans mot de<br />

liaison) selon l’importance affective que l’enfant leur accorde :<br />

« Moi veut to » = donne-moi du gâteau. Dans 85 % des cas on a<br />

VERBE + SUJET + MODIFIANT.<br />

Ces structures sont renforcées par des intonations<br />

(constatation, ordre...) <strong>et</strong> précisées par des gestes.<br />

* Entrée (quasi-simultanée quoique un peu plus tardive) dans<br />

l’âge questionneur : « ça, c’est quoi ? » élargissement<br />

progressif du vocabulaire.<br />

2 ans : utilise le « moi », le « tu », le pluriel, montre une<br />

image, montre 5 parties du corps sur lui-même. Les auteurs<br />

recensent selon les enfants un nombre de mots compris entre 50<br />

<strong>et</strong> 300 à 2 ans… r<strong>et</strong>enons 100 à 200 en moyenne (le nombre de<br />

mots compris est n<strong>et</strong>tement plus élevé) mais 1000 - 1200 à 3<br />

ans, 1800 mots à 4 ans <strong>et</strong> 2500 à 6 ans. Emploie « MOI ».<br />

A 2,5 ans (ou 3 ans selon les enfants) : sait son nom<br />

compl<strong>et</strong> (nom <strong>et</strong> prénom), distingue « dans », « dessus » /<br />

« (des)sous » puis souvent un peu plus tard « devant » :<br />

« derrière », connaît 3 à 5 couleurs… <strong>et</strong> répète sans arrêt.<br />

A partir de 2,5 - 3 ans : perte progressive du langage puéril<br />

au profit des structures syntaxiques du langage de l’adulte.<br />

3 ans. L’enfant s’est désigné d’abord par son prénom seul<br />

puis par "MOI" (24 mois), il utilise maintenant "JE" (vers 3<br />

ans mais souvent avant). Distingue « hier » <strong>et</strong> « demain ». Il<br />

commence à définir les mots. Le temps des verbes apparaît.<br />

Les conventions grammaticales s’acquièrent au prix d’un<br />

effort continu dans les milieux familiaux <strong>et</strong> scolaires. Entre 3<br />

<strong>et</strong> 5 ans, on trouve souvent une accumulation pronom + nom : « maman, elle vient » pour « maman vient ».<br />

3,5 ans : On dit qu’il y a r<strong>et</strong>ard de langage quand l’enfant est incapable de faire des phrases, quand il<br />

ignore la structure suj<strong>et</strong>, verbe complément. On ne peut parler de r<strong>et</strong>ard de langage avant 3,5 ans.<br />

Pratiquement, le médecin ou l’orthophoniste montre à l’enfant un livre de conte aux illustrations simples <strong>et</strong><br />

claires : "Les 3 p<strong>et</strong>its cochons" ou "La p<strong>et</strong>ite poule rousse" <strong>et</strong> demande de raconter ce qu’il voit. Voir les<br />

troubles du langage oral au chapitre III.<br />

De 2 à 3 ans<br />

Attendus en production<br />

- Pose des questions<br />

"quoi ça ?"<br />

- Nomme les images<br />

d'un livre<br />

- Utilise les pronoms :<br />

tu, il, moi, toi puis « je »<br />

souvent un peu avant 3<br />

ans.<br />

-Fait des phrases de 2<br />

ou 3 mots dont 1 verbe<br />

- Utilise les pluriels<br />

- Dit " le " ou " la "<br />

devant un nom<br />

- Utilise les prépositions<br />

: à, de, pour.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Attendus en<br />

compréhension<br />

- Comprend des<br />

phrases avec<br />

relatives<br />

introduites par<br />

"qui "<br />

- Comprend les<br />

adjectifs <strong>et</strong><br />

verbes courants<br />

- Différencie:<br />

gros / p<strong>et</strong>it /<br />

grand, dans /<br />

sous / derrière<br />

<strong>et</strong> haut / bas.<br />

De 3 à 4 ans (pour<br />

compléter)… voir chapitre III.<br />

Attendus en production<br />

- Fait des énoncés de 4<br />

mots en moyenne (dont<br />

un verbe)<br />

- L'enfant peut donner<br />

son nom <strong>et</strong> prénom<br />

- Pose beaucoup de<br />

questions<br />

- Utilise des prépositions<br />

spatiales sur, dans, sous.<br />

- Utilise les pronoms : je,<br />

tu, elle, on, nous......<br />

- Raconte ce qu'il a fait<br />

- Conjugue les verbes<br />

- Utilise " être " <strong>et</strong> " avoir "<br />

Attendus en<br />

compréhension<br />

- Comprend les<br />

questions : où,<br />

pourquoi,<br />

comment ?<br />

- Utilise <strong>et</strong><br />

comprend les<br />

notions spatiotemporelles<br />

:<br />

devant /<br />

derrière,<br />

demain / hier,<br />

bientôt.<br />

Rédacteurs de ces tableaux : Mme V. AZZANO médecin<br />

scolaire, Mme L. BOISIER Association Avenir Dysphasie, Mme<br />

A. BERMOND Principal Adjoint, S. DALIBARD Association<br />

des Parents d'Enfants Dyslexiques, Mme S. DARGENT médecin<br />

CDES, M. F. DEWALLY Psychologue scolaire, M. DUBY<br />

Inspecteur d'Education Nationale, M. Ch. GUIGNE médecin<br />

conseiller technique, M. A. KAZMIERCZAK maître G, Mme M.<br />

KROSNICKI maître E, Mme D. LAURENT Conseillère<br />

d'Orientation Psychologue, Mme M.O. TALLON médecin<br />

scolaire, Mme C. WESTER Conseiller pédagogique.<br />

Quelques p<strong>et</strong>ites modifications.<br />

107


D3 : Cas particuliers :<br />

Les enfants sourds : la surdité atteint 1 enfant sur 2500 à la naissance.<br />

Les enfants sourds ém<strong>et</strong>tent un babil durant les 9 premiers mois de leur vie. Ensuite faute de stimulations<br />

auditives en provenance de l’entourage <strong>et</strong> de leur propre phonation, on observe une régression de<br />

l’émission phonique. Le p<strong>et</strong>it sourd devient finalement un sourd mu<strong>et</strong>. Le diagnostic se fait par la méthode<br />

des "potentiels évoqués auditifs" ou "PEA" étayée par une audiométrie qui ne peut être que subjective à<br />

c<strong>et</strong> âge.<br />

Il faut appareiller le plus tôt possible, idéalement entre 4 <strong>et</strong> 6 mois avec des prothèses auditives surpuissantes<br />

(gain de 60 déciBels) pourvues de contours d’oreilles. L’enfant, s’il avait cessé son babil, se rem<strong>et</strong> à ém<strong>et</strong>tre des<br />

sons dès que l’appareillage est en place. L’espoir que nous formulons tous est celui de l’intégration scolaire en<br />

milieu normal <strong>et</strong> ceci dès le plus jeune âge.<br />

La fill<strong>et</strong>te de la tribu Guayaquil :<br />

La tribu Guayaquil vit (ou vivait ?) en Amérique du Sud dans la forêt. Elle ne construisait ni villages ni même<br />

d’habitations <strong>et</strong> la base de son alimentation était constituée par du miel sauvage. Son langage était considéré par<br />

les spécialistes comme rudimentaire.<br />

Une fill<strong>et</strong>te âgée de 2 ans fut trouvée « abandonnée » par sa tribu à l’approche d’un groupe<br />

d’explorateurs. Elle fut recueillie par un <strong>et</strong>hnologue au Pérou. La mère de c<strong>et</strong> <strong>et</strong>hnologue éleva l’enfant.<br />

A l’âge de 22 ans, la jeune femme Guayaquil parlait 3 langues <strong>et</strong> terminait des études universitaires.<br />

La p<strong>et</strong>ite Kamala :<br />

Aux Indes, pour des raisons religieuses, les loups étaient rarement chassés.<br />

La célèbre histoire de Mowgli (de l’auteur britannique Rudyard Kipling)<br />

ne semble pas être de la pure fiction <strong>et</strong> il arrivait parfois que des loups<br />

capturent des enfants mais ne les dévorent pas. Ils étaient même quelque-<br />

fois nourris <strong>et</strong> élevés.<br />

Zingg a étudié des récits <strong>et</strong> des rapports concernant des « enfants-loups » <strong>et</strong> l’un de ces textes semble digne<br />

de foi ; le révérend Singh de Midnapore captura 2 enfants-loups <strong>et</strong> tenta d’éduquer l’un d’entre eux : une<br />

p<strong>et</strong>ite fille.<br />

Au moment de sa capture, la p<strong>et</strong>ite Kamala avait environ 7 ans. Sa démarche était quadrupède ce qui<br />

n’empêchait pas une locomotion très rapide. Elle ignorait tout du langage humain <strong>et</strong> n’ém<strong>et</strong>tait que des<br />

sons produits par les loups. Elle se nourrissait comme eux, avait une activité nocturne, fuyait la lumière du<br />

jour <strong>et</strong> sa vision semblait s’être adaptée.<br />

Les progrès de l’enfant furent très lents. A l’âge de 16 ans (âge de son décès), elle avait acquis la station<br />

debout <strong>et</strong> la marche bipède à grand renfort de massages mais reprenait la quadrupédie pour ses<br />

déplacements rapides.<br />

Elle ne possédait qu’une 40 aine de mots <strong>et</strong> avait un comportement correspondant à un niveau humain de<br />

4 ou 5 ans. Il semble qu’il ait fallu bien des années pour qu’elle accepte de ne plus se nourrir de viande<br />

crue.<br />

Les travaux de Davis en 1940 :<br />

L’auteur a rapporté l’observation d’une fill<strong>et</strong>te dont les 6 premiers mois s’étaient déroulés en pouponnière<br />

<strong>et</strong> son développement s’était alors avéré normal.<br />

Ensuite, sous prétexte qu’elle était illégitime, elle fut enfermée par ses grands-parents dans un grenier de ferme,<br />

ne recevant que les soins les plus élémentaires (lait 2 fois par jour).<br />

Ce cas de maltraitance devait se poursuivre jusqu'à l’âge de 6 ans de l’enfant. Lors de sa découverte, elle<br />

ne parlait pas <strong>et</strong> son âge mental était celui d’un enfant de 1 an. Par la suite, elle fréquenta une école pour<br />

arriérés <strong>et</strong> fit quelques progrès. Néanmoins, à l’âge de 8 ans, elle ne possédait toujours aucun mot.<br />

Si diverses études montrent que des enfants abandonnés ou « sauvages » recueillis avant l’âge de 6<br />

ans ont pu apprendre à parler, passé c<strong>et</strong> âge, le langage reste toujours extrêmement rudimentaire<br />

malgré les efforts des éducateurs. L’ensemble des travaux perm<strong>et</strong> de conclure que l’homme naît<br />

polyvalent <strong>et</strong> largement indéterminé. Seul un contact avec l’humanité, un contact aimant, perm<strong>et</strong><br />

un développement spécifiquement humain.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

108


L’Autisme :<br />

L’autisme ou plus exactement le “ spectre autistique ”<br />

ou le “continuum autistique” regroupe une trentaine<br />

d’anomalies du développement neurologique à l’origine<br />

d’un dysfonctionnement du système de communication.<br />

Le syndrome autistique se définit par une triade<br />

apparaissant avant 36 mois :<br />

- déficit qualitatif de l’interaction sociale<br />

- déficit qualitatif de la communication non verbale <strong>et</strong><br />

verbale<br />

- anomalies dans le domaine moteur : mouvements<br />

stéréotypées, répétitifs, TOC<br />

Un r<strong>et</strong>ard mental est associé dans 80% des cas <strong>et</strong> une<br />

épilepsie dans 30% des cas.<br />

1 personne sur 1000 est affectée dans une proportion de<br />

4 garçons pour 1 fille.<br />

Les maladies autistiques ne sont pas dues à un<br />

dysfonctionnement de la relation entre la mère <strong>et</strong><br />

l’enfant. Elles présentent une composante génétique<br />

importante.<br />

Selon la métaphore de Donna William, « soumis à un<br />

stress émotionnel, le fusible des normaux saute parfois<br />

<strong>et</strong> ceux-ci se r<strong>et</strong>irent; celui des schizophrènes ne saute<br />

jamais <strong>et</strong> ceux-ci sont envahis; celui des autistes saute<br />

constamment. Tout contact avec autrui est une source<br />

immense d’angoisse ».<br />

AUTISME : LES SIGNES D’ALERTE<br />

Sans être exclusivement spécifiques à l’autisme, certains<br />

déficits doivent alerter :<br />

pas de babillage à 12 mois ;<br />

pas de geste type pointage ou au revoir de la main à<br />

12 mois ;<br />

par de mots à 16 mois ;<br />

pas de combinaison spontanée de deux mots à 24<br />

mois ;<br />

n’importe quelle perte de compétence (de langage ou<br />

sociale) à tout âge.<br />

fureur épouvantables, sans motif apparent ».<br />

04/03/2003 Dr Isabelle Eustache<br />

Rainman est un film du réalisateur Barry<br />

Levinson avec Tom Cruise <strong>et</strong> Dustin<br />

Hoffman. L’autiste de type « rainman » joué<br />

par Dustin Hoffman est très rare. Il est<br />

néanmoins exact que certains autistes<br />

présentent des talents exceptionnels, en<br />

« Les autistes ne comprennent pas que leurs<br />

désirs soient soumis à des contraintes ; leurs<br />

besoins sont immédiats, <strong>et</strong> ils ont tendance à<br />

prendre ce qu’ils veulent quand ils le veulent.<br />

On avait appris à c<strong>et</strong> enfant, au terme<br />

d’éprouvantes répétitions, qu’il ne devait pas<br />

se servir tout seul lorsqu’il voulait un biscuit.<br />

Son père l’avait entraîné à montrer du doigt ce<br />

qu’il voulait, <strong>et</strong> à attendre qu’un adulte le lui<br />

donne. Cela fonctionnait en général assez bien,<br />

<strong>et</strong> l’enfant semblait s’adapter sans problème<br />

aux nouvelles règles qu’on lui imposait.<br />

Cependant, il entrait parfois dans des accès de<br />

Un jour, le père aperçut son fils à travers la fenêtre. Le garçon, seul dans la cuisine, montrait du doigt le<br />

placard à provisions. Il ne se savait pas observé, <strong>et</strong> le père décida de rester un peu à la fenêtre. Après cinq<br />

minutes d’inutile insistance, le garçon montrait des signes d’énervement; au bout de dix minutes, il était<br />

affolé; en quinze minutes, il suffoquait de rage. L’enfant attendait qu’on lui donne un biscuit. Mais il n’avait<br />

pas compris que cela n’arriverait pas en l’absence d’un adulte obligeant, que son geste devait servir à<br />

transm<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te idée à l’esprit d’un autre. Il n’avait pas compris cela parce qu’il ne pouvait concevoir<br />

l’existence d’un esprit chez autrui ».<br />

www.uqac.ca/~flabelle/ <strong>psycho</strong>ling/utAsp.htm.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

109


D4 : Les théories du langage :<br />

a) Le behaviorisme (de l’anglais behaviour = comportement) :<br />

L’école behavioriste a été fondée par le <strong>psycho</strong>logue américain John Broadus Watson (1878-<br />

1958). Ce sont des facteurs externes à l’individu qui constituent les éléments essentiels à<br />

l’apprentissage.<br />

Le langage est un produit culturel qui s’apprend de génération en génération. « L’acquisition<br />

du langage s’explique…, dans la lignée du courant béhavioriste, comme celle de n’importe<br />

quelle autre technique : par essais, erreurs, "récompenses" (= renforcements positifs) <strong>et</strong><br />

"punitions" (= renforcements négatifs).<br />

« L’enfant apprend sa langue par simple imitation en écoutant <strong>et</strong> en reproduisant ce que<br />

l’adulte dit » en se guidant sur les réactions de ce dernier, c’est une forme de conditionnement<br />

opérant 12 = conditionnement instrumental tel qu’il a été définit par Burrhus Frederic Skinner<br />

(1904-1990).<br />

b) La théorie innéiste du linguiste américain Noam Chomski :<br />

« Chaque phrase qu’un locuteur produit ou comprend<br />

peut-être une combinaison totalement nouvelle de<br />

mots »… « L’acquisition du langage ne peut donc être,<br />

comme le supposent les behavioristes, un répertoire de<br />

réponses à des stimuli »…<br />

Si les enfants développent aussi rapidement ce savoir faire<br />

complexe qu’est le langage, c’est parce qu’ils disposent de<br />

principes innés, d’une prédisposition spécifique, d’une<br />

connaissance à priori qui les guident dans l’élaboration de<br />

la grammaire de la langue qu’ils apprennent…<br />

« Nous utilisons un code pour traduire les agencements de<br />

mots en combinaison d’idées <strong>et</strong> inversement »… « Ce code<br />

ou ensemble de règles s’appelle une grammaire<br />

générative »… Elle correspond « à l’ensemble des règles qui<br />

font, par exemple, que l’on peut dire "J’ai vu tous les bateaux"<br />

<strong>et</strong> pas "J’ai tous vu les bateaux".<br />

Pour qu’une telle théorie soit exacte, il faudrait que<br />

l’ensemble des 5000 à 6000 langues 13 Noam Chomski<br />

humaines possèdent des propriétés structurales<br />

communes, « partagent un ensemble de règles <strong>et</strong> de principes syntaxiques », « un plan<br />

commun aux grammaires de toutes les langues ».<br />

En d’autres termes : il existerait une « grammaire universelle ».<br />

La "technique de la succion non nutritive" (voir page 93) a permis de découvrir que les bébés de quelques jours étaient<br />

capables de distinguer les phonèmes de toutes les langues mais qu’ils perdaient ensuite la capacité de distinction de<br />

certains phonèmes étrangers vers 1 an. Ainsi, un enfant japonais de 1 an ne distingue plus « loi » <strong>et</strong> « roi »…<br />

contrairement à un p<strong>et</strong>it français. C<strong>et</strong>te observation renforce la thèse de Chomski d’un dispositif préexistant (circuits<br />

neuronaux) de traitement linguistique.<br />

Les phrases entre guillem<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te page sont de Jean-Philippe Bricka (2004).<br />

12 Le conditionnement opérant est à distinguer du « conditionnement répondant = conditionnement classique » du<br />

médecin <strong>et</strong> <strong>physio</strong>logiste russe Yvan P<strong>et</strong>rovich Pavlov (1849-1936) prix Nobel 1904. Dans le « conditionnement<br />

répondant », le comportement réflexe est déterminé par le stimulus qui le précède. Dans le « conditionnement<br />

opérant », il l’est par le stimulus qui le suit (récompense ou punition).<br />

13 Langue : système de signes <strong>et</strong> de règles qui perm<strong>et</strong> aux individus d’une même communauté de se comprendre.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

110


D5 : Un entraînement prénatal intensif peut-il favoriser le<br />

développement linguistique ?<br />

Les nouveaux-nés de moins d’un an discriminent 14 mieux les syllabes (on pourrait dire les<br />

accents) que leurs parents.<br />

Ainsi un nouveau-né espagnol distingue le « pa » <strong>et</strong> le « ba » anglais » alors que c<strong>et</strong>te distinction<br />

n’existe pas en espagnol. Idem pour un nouveau-né kikuyu (tribu du Kenya). Pourtant, les parents<br />

de ces 2 nationalités, eux, ne font pas la différence… même si on leur fait subir un entraînement<br />

intensif !<br />

Les nouveaux-nés anglophones de moins de 6 mois distinguent des phonèmes existant en Tchèque,<br />

en Hindi ou en Inslekamps (une langue amérindienne) alors que leurs parents en sont totalement<br />

incapables…<br />

D’où l’idée d’exploiter ces facultés<br />

étonnantes des bébés « pour faciliter <strong>et</strong><br />

enrichir leur accès au langage »… En<br />

d’autres termes ; peut-on réaliser un<br />

apprentissage linguistique prénatal par<br />

exemple afin d’obtenir un<br />

plurilinguisme ?... Par exemple en utilisant<br />

des cass<strong>et</strong>tes posées sur le ventre des<br />

futures mères.<br />

Pour l’instant (2004), aucune étude n’a pu<br />

confirmer c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />

Il existe même, d’après la <strong>psycho</strong>-linguiste<br />

Bénédicte de Boysson-Bardies, un risque de diminuer prématurément la flexibilité du cerveau des<br />

nourrissons. On peut en eff<strong>et</strong> craindre que des excès de stimulations puissent altérer l'évolution<br />

fonctionnelle normale.<br />

14<br />

Cf. méthode de la succion non nutritive.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

111


E) LE DEVELOPPEMENT AFFECTIF :<br />

Le nouveau-né n’est pas une p<strong>et</strong>ite larve hypertonique entendant à peine, ne voyant pas <strong>et</strong> qui<br />

aurait seulement besoin de nourriture <strong>et</strong> de sommeil... les travaux se succèdent <strong>et</strong> accordent au bébé des<br />

compétences de plus en plus précoces... <strong>et</strong> les <strong>psycho</strong>logues <strong>et</strong> biologistes restent perplexes. Les<br />

variations individuelles sont importantes, certains bébés subissant une « phase dite de sidération »<br />

(accentuée s’il y a anesthésie générale) dans les 24 à 48 heures suivant l’accouchement... mais ...<br />

A quels âges reconnaît-il sa mère à la vue, à l’odorat, à la voix ?<br />

* Dès le 3 ème ou 4 ème jour : reconnaissance de la mère à la vue (voir chapitre IIB1) alors que l’on pensait<br />

auparavant (cf. Cohen-Solal) qu’il fallait attendre la 5 ou 6 ème semaine.<br />

* Dès le 5 ème jour, le bébé est capable de reconnaître sa mère grâce à l’odorat.<br />

* Le bébé entend dès la naissance (<strong>et</strong> même bien avant)... il sursaute aux bruits ... En 1961, Wertheimer<br />

montrait qu’un bébé venant de naître pouvait tourner les yeux à droite ou à gauche selon qu’on lui<br />

faisait entendre un « CLIC » d’un côté ou de l’autre... à 3 ou 4 semaines : reconnaissance de la mère à la<br />

voix (cf. travaux de Caplan).<br />

A partir de 4 ou 5 semaines, pratiquement tous les bébés pleurent longuement le soir (un peu<br />

avant la tombée de la nuit) sans qu’on en connaisse la raison.<br />

Ainsi que nous l’avons déjà exprimé à propos du langage, vers 5 à 6 semaines, existent au<br />

moins 6 cris différenciés : la faim (pleurs devenant des cris de rage), la satisfaction (p<strong>et</strong>its cris <strong>et</strong> début<br />

de gazouillis), la recherche du sommeil (grognements), la gêne lorsqu’il a sali sa couche (p<strong>et</strong>its pleurs<br />

répétée), la douleur (colique ou gastrique à l’origine de<br />

pleurs reprenant <strong>et</strong> se calmant au rythme des douleurs),<br />

l’appel (p<strong>et</strong>its cris, grognements).<br />

Dès 6 semaines certains nourrissons s’apaisent<br />

lorsque leur mère entre dans leur chambre alors<br />

qu’auparavant il fallait que celle-ci commence à les<br />

nourrir pour que cessent leurs pleurs. C’est la mise en<br />

place de l’anticipation.<br />

La discrimination des visages (autres que celui de la<br />

mère) semble apparaître vers 8 à 9 semaines.<br />

16 semaines : sourit à sa mère, commence à jouer.<br />

En fait, ce sourire peut être obtenu avec n’importe quel<br />

visage mobile dont les 2 yeux sont visibles (un simple<br />

masque en carton suffit).<br />

Entre 4 <strong>et</strong> 6 mois, si on place l'enfant devant un<br />

miroir, il ne se reconnaît pas… L'être inconnu en<br />

face de lui a sa réalité propre.<br />

De 6 mois à 18 mois l’enfant esquisse des gestes vers<br />

son refl<strong>et</strong> dans un miroir : il s’intéresse à c<strong>et</strong>te image<br />

qu’il considère comme étrangère, s’en approche <strong>et</strong> peut<br />

coller sa bouche contre elle ; il a des réactions de<br />

sourire <strong>et</strong> de vocalise face à elle (un copain ?). C’est le<br />

stade du miroir observé par Darwin il y a plus d’un<br />

siècle.<br />

Après de multiples tentatives de contact, l’enfant se<br />

désintéresse de ce personnage qu’il ne peut toucher :<br />

l’image n’est alors plus considérée comme réelle (mais comme un leurre).<br />

Stade du miroir.<br />

Photo Rombout/P<strong>et</strong>it Format.<br />

Ce n’est qu’à partir de 18 mois qu’il reconnaîtra c<strong>et</strong>te image comme la sienne <strong>et</strong> à 24 mois qu’il<br />

associera son propre nom à son image dans le miroir.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

112


Lacan a souligné le fait qu'il s'agit d'une phase décisive du développement, absolument nécessaire<br />

à la formation de la notion de soi.<br />

Extrait de http://www.infobebes.com/htm/eveil/article.asp?id_rubrique=24&id_sous_rub=75<br />

L’expérience de Michael Lewis : posons une gomm<strong>et</strong>te sur la joue ou du rouge à lèvres sur le nez<br />

de bébé puis plaçons le devant la glace. Vers 15 mois, il touche le miroir pour essayer d'effacer la<br />

trace. S’il tente d’enlever la gomm<strong>et</strong>te ou d’essuyer la trace rouge (18 mois), c’est qu’il a compris<br />

que ce qu’il voit dans la glace correspond à sa propre image.<br />

La mère en le regardant dans la glace <strong>et</strong> en lui disant : "c'est toi là !", lui ouvre la voie.<br />

Après 6 mois l’enfant ne sourit plus à n’importe quel visage<br />

... <strong>et</strong> un inconnu l’effraie à 8 mois (en fait<br />

5 mois à 13 mois selon les bébés). C’est<br />

« l’angoisse du 8 ème mois » (décrite par Spitz)<br />

qui va durer jusqu'à 22 ou 24 mois. L’enfant<br />

crie, pleure <strong>et</strong> refuse de se laisser prendre.<br />

A 9 mois, l’enfant crie ou pleure lorsqu’on<br />

prend un autre enfant dans les bras : il devient<br />

jaloux !<br />

Vers 8-10 mois l’enfant peut refuser la<br />

nourriture <strong>et</strong> se révéler agressif allant jusqu’à<br />

mordre ses parents <strong>et</strong> d’autres enfants.<br />

40 semaines à 1 an : début de l’imitation.<br />

A un an il aime avoir un public mais<br />

timidité vis à vis des étrangers.<br />

15 mois cherche à se nourrir seul.<br />

15-18 mois : il<br />

entre dans la période du « NON ».<br />

Le « SCHEMA CORPOREL » (voir suite) est<br />

la représentation du corps fondée sur des données<br />

sensorielles <strong>et</strong> leur intégration encéphalique.<br />

L’action <strong>et</strong> l’image dans le miroir contribuent à<br />

la construction cérébrale (au niveau de la zone<br />

pariétale) de ce schéma corporel.<br />

« L’IMAGE DE SOI » se structure dans la<br />

rencontre avec l’autre <strong>et</strong> en particulier dans le<br />

regard d’autrui.<br />

----------------------------------<br />

Des enfants de p<strong>et</strong>ite section de maternelle<br />

peuvent r<strong>et</strong>rouver dans un panier, parmi une 20<br />

aine d’autres, le tee-shirt blanc porté par leur<br />

mère durant 48 h (« r<strong>et</strong>rouve celui de maman »).<br />

Seul ici peut intervenir l’odorat.<br />

18 mois : apparition du sens de la propriété, participation à l’habillage <strong>et</strong><br />

au déshabillage <strong>et</strong> aux activité domestiques. L’enfant parle de lui à la 3 ème<br />

personne ce qui indique qu’il a la conscience du soi.<br />

Si on place deux p<strong>et</strong>its de 18 mois l’un près de l’autre <strong>et</strong> qu’on leur donne<br />

les mêmes jou<strong>et</strong>s, ils jouent en parallèle sans sembler s’intéresser à leur<br />

voisin… mais si l’un prend un camion, il est fort probable que l’autre en<br />

saisira un également <strong>et</strong> si l’un se m<strong>et</strong> à crier « non », l’autre l’imitera<br />

immédiatement : c’est le jeu parallèle qui perdurera jusqu’à 3 ans.<br />

2,5 ans : sentiment du « moi » aigu, crise d’opposition <strong>et</strong> autoritarisme.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

113


« Je crois ne pas me tromper en affirmant que toute difficulté importante de comportement d'un<br />

enfant normal, sans tare particulière, vers deux ans <strong>et</strong> demi ou trois ans, relève en réalité d'une<br />

profonde quête d'amour <strong>et</strong> d'une demande d'intérêt réel de la part de ses parents. Dr Julien<br />

Cohen-Solal.<br />

Freud a attiré l’attention sur la sexualité enfantine :<br />

… mais ne l’a pas vraiment étudiée directement puisqu’il s’est fondé<br />

sur la psychanalyse d’adultes (si on excepte celle du p<strong>et</strong>it Hans…<br />

dont il a interrogé le père…). Le terme de "sexualité infantile" utilisé<br />

par Freud n'a pas été compris du grand public qui ne connaît que la<br />

"sexualité génitale". En réalité, pour Freud, la sexualité infantile<br />

correspond à la recherche du "plaisir" : "Tout ce qui concerne les<br />

activités de la première enfance en quête de jouissance locale, que<br />

tel ou tel organe est susceptible de procurer". Freud distingue 5<br />

stades :<br />

* Le stade oral ou « cannibale » de 0 à 12-18 mois.<br />

L’essentiel du plaisir <strong>et</strong> du déplaisir du nourrisson est lié à la faim, à<br />

la prise alimentaire à la satiété <strong>et</strong> aux caresses qui accompagnent ces<br />

étapes. La succion du sein maternel ou du biberon (qui procure le<br />

plaisir de téter) serait la première activité sexuelle de l’enfant. Le fait<br />

de sucer son pouce correspondant à une conduite auto-érotique.<br />

De nombreux psychanalystes font remarquer que chez l’adulte, le<br />

baiser ou même l’acte de fumer sont des traces de c<strong>et</strong>te étape.<br />

* Le stade anal de 1 à 3 ans qui se caractérise par l’acquisition du<br />

contrôle sphinctérien. Ce contrôle est source de sensations internes<br />

vécues comme satisfaisantes ou agréables. La zone érogène est la<br />

muqueuse de l’anus <strong>et</strong> du rectum. L’enfant n’éprouve pas de dégoût<br />

pour ses excréments… ce qui sort de lui <strong>et</strong> était lui… Il peut jouer<br />

avec. Ses parents lui apprennent que c'est sale <strong>et</strong> qu’il ne faut pas les<br />

toucher...<br />

Le stade « sadique-anal » correspond à la rétention anale volontaire.<br />

L’enfant peut refuser de donner lorsqu’on le place sur le pot <strong>et</strong> d’expulser lorsqu'on le lui interdit (Cf.<br />

stade du "Non").<br />

* Le stade phallique <strong>et</strong> le complexe d’Œdipe (voir page 121) de 2,5 - 3 ans à 6 - 7 ans.<br />

L’enfant découvre son sexe <strong>et</strong> repère les caractéristiques sexuelles. Il peut se<br />

rapprocher du parent de sexe opposé <strong>et</strong> s’opposer au parent de même sexe. Il peut<br />

à l’inverse se rapprocher du parent du même sexe afin de tenter d’échapper à ce<br />

qu’il ressent. Les psychanalystes nous disent que le pénis serait un obj<strong>et</strong> d’envie<br />

pour la fille ("envie du pénis") <strong>et</strong> de crainte (de le perdre ) pour le garçon<br />

("angoisse de castration").<br />

Il existe une grande curiosité sexuelle. L'enfant imagine les rapports sexuels de ses parents comme une<br />

activité agressive : c'est le "fantasme de la scène primitive".<br />

* La « période de latence » de 6 à 12 ans… qui n’existe en fait pas ! De 6 à 8 ans existent des<br />

jeux de nature sexuelle motivés en grande partie par la curiosité avec ses amis de même âge, du même<br />

sexe ou de sexe opposé. Ces jeux sont cachés aux adultes, ce qui fait qu’ils sont souvent ignorés. Si un<br />

enfant s'adonne à ce genre de jeu avec un enfant du même sexe, cela n'est pas<br />

une indication de son orientation sexuelle ultérieure.<br />

* Le stade génital à partir de la puberté.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Sigmund Freud, médecin<br />

autrichien (1856 - 1939).<br />

Fondateur de la psychanalyse, il<br />

a travaillé sur les rêves <strong>et</strong><br />

l’importance de la sexualité<br />

dans la genèse de la<br />

personnalité. Il est auteur de<br />

« l'Interprétation des rêves »,<br />

1900 ; « Trois Essais sur la<br />

théorie de la sexualité », 1905 ;<br />

« Totem <strong>et</strong> tabou », 1912 …<br />

L’édition anglaise des ouvrages<br />

de Freud comporte 23 volumes.<br />

La masturbation<br />

est constante <strong>et</strong><br />

se produit à tous<br />

les âges.<br />

114


Un nourrisson de 6 à 8 mois<br />

séparé brutalement de sa mère :<br />

Historiquement, c’est Spitz qui a décrit la forme typique en 1946 en observant, en milieu<br />

carcéral, les nourrissons séparés de leur mère.<br />

Un nourrisson de 6-8 mois séparé brutalement de sa<br />

mère (alors que les relations étaient bonnes <strong>et</strong> que le<br />

nouveau milieu n'offre ni soins ni apports affectifs<br />

suffisants) peut développer une dépression profonde<br />

dite ANACLITIQUE (du grec « anaclinien » =<br />

s’appuyer sur). Il faut alors rétablir un lien maternel<br />

ou un substitut de qualité avant le 5 ème mois de<br />

séparation sous peine d’une régression dramatique.<br />

a) Après une période de pleurs <strong>et</strong> de cris, de<br />

tentatives d’accrochages à l’adulte <strong>et</strong> d'oppositions<br />

visant sans doute à attirer l'attention, le bébé perd du<br />

poids (comportement anorexique) <strong>et</strong> présente un<br />

sommeil perturbé.<br />

b) Viennent ensuite une phase d'isolement <strong>et</strong><br />

d'immobilité (inertie motrice), l'enfant apathique ne<br />

joue plus, ne gazouille plus <strong>et</strong> refuse le contact. Il<br />

devient anormalement sensible aux infections. Si, à<br />

ce stade, l'enfant r<strong>et</strong>rouve sa mère, les troubles cessent<br />

sans séquelles apparentes. Il persistera néanmoins une<br />

sensibilité exacerbée aux séparations ultérieures.<br />

Les formes cliniques habituelles<br />

sont heureusement moins franches,<br />

nécessitant une analyse séméiologique<br />

minutieuse, afin<br />

d'identifier la triade du symptôme<br />

dépressif du nourrisson décrite par<br />

L. Kreisler :<br />

- atonie thymique avec indifférence<br />

sans plainte ni même tristesse ;<br />

- inertie motrice caractérisée par la<br />

monotonie du comportement <strong>et</strong><br />

surtout sa tendance répétitive ;<br />

- pauvr<strong>et</strong>é interactive <strong>et</strong> repli<br />

illustrés par la fixité d'un regard à<br />

l’expression glaciale, quoique<br />

vigilante.<br />

(Cf. « Le Quotidien du Médecin »<br />

n° 5928 du 14 octobre 1996,<br />

article d’Eric Cadier).<br />

c) Dans le cas contraire, apparaît l' HOSPITALISME avec arrêt, voire régression des<br />

acquis moteurs, intellectuels <strong>et</strong> psychiques. Le r<strong>et</strong>ard qui s'installe alors est définitif.<br />

L’évolution peut être mortelle.<br />

La dépression de la mère fréquente après le post-partum (sa prévalence serait de 10 à 15<br />

% dans les 4 mois) "représente une situation à haut risque pour le développement<br />

<strong>psycho</strong>logique de l'enfant 1 ". On note chez le bébé des troubles du comportement alimentaire<br />

<strong>et</strong> des troubles anxieux.<br />

RAREMENT, une AFFECTION DOULOUREUSE MECONNUE peut être à l’origine<br />

d’une dépression du bébé.<br />

Note 1 : Pr. Philippe Maz<strong>et</strong> de l’hôpital Avicenne.<br />

Lire « Dépression chez l’enfant » par Laurent Barbrel <strong>et</strong> Philippe Maz<strong>et</strong> dans le numéro 496 de<br />

« Synthèse médicale » (1990). Voir également notre polycopié sur la dépression.<br />

La dépression chez l'enfant de plus de 3 ans sera abordée dans le<br />

chapitre III.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

115


F) LE SCHEMA CORPOREL ET L’IMAGE DU CORPS :<br />

1) Schéma corporel (de l’ordre du neurologique) :<br />

Historique :<br />

Ce sont les neurologues PEISSE <strong>et</strong> WERNICKE qui, à la fin du 19ème siècle, se sont<br />

penchés les premiers sur c<strong>et</strong>te notion. Pour Henry HEAD en 1911, le « schéma corporel » était une<br />

sorte d'intuition du modèle postural de la personne.<br />

Le terme de « schéma corporel » a été réintroduit <strong>et</strong> popularisé par le neuropsychiatre<br />

viennois Paul Ferdinand Schilder entre<br />

1923 <strong>et</strong> 1935 qui le distingua de<br />

« l’image du corps ».<br />

Il désigne sous les termes<br />

« schéma corporel » la représentation<br />

tridimensionnelle <strong>et</strong> auto-construite que<br />

chacun a de son propre corps <strong>et</strong> de ses<br />

différentes parties les unes par rapport<br />

aux autres, que ce corps soit immobile ou<br />

en mouvement dans l'espace. La richesse<br />

du schéma corporel dépend de la diversité<br />

des expériences motrices vécues.<br />

Schilder a travaillé sur les données<br />

neuro<strong>physio</strong>logiques <strong>et</strong> psychanalytiques :<br />

* des douleurs des « membres fantômes<br />

» des amputés (Cf. la sensation<br />

d'avoir mal à une jambe disparue qui<br />

apparaît après une amputation au-delà de<br />

l’âge de 6 ans… voire 2 ans).<br />

* des héminégligences (méconnaissance<br />

d'une partie de son corps ou d’une partie<br />

de l’espace) suite à des lésions siégeant la<br />

plupart du temps dans l’hémisphère<br />

cérébral droit au niveau du lobe pariétal.<br />

* des syndromes de dépersonnalisation<br />

(morcellement du corps, sentiment<br />

d'étrang<strong>et</strong>é).<br />

Ainsi Schilder attribuait ces troubles<br />

à la persistance du schéma corporel<br />

antérieur du patient (la zone amputée y<br />

était encore représentée), mais aussi à son<br />

image du corps (les illusions concernant<br />

la survie de la région perdue sont<br />

nécessaires au maintien d'une image de<br />

soi intacte)…. Voir 2)…<br />

Vers le milieu du 20ème siècle, les<br />

travaux de Babinsky, Lhermitte, Hecaen<br />

Lésion du lobe pariétal <strong>et</strong> schéma corporel :<br />

Une lésion de l’hémisphère cérébral dominant (en<br />

général le gauche) dans la région pariétale<br />

ascendante (ou aire post-centrale) peut entraîner une<br />

perte du schéma corporel (ou asomatognosie) ici<br />

bilatérale. Il s’y associe une trouble de la latéralisation<br />

avec perte de la différenciation droite-gauche, un<br />

trouble de l’écriture ou agraphie <strong>et</strong> un trouble du calcul<br />

ou acalculie. A signaler aussi une astéréognosie c’està-dire<br />

l’impossibilité d’identifier un obj<strong>et</strong> par le tact en<br />

l’absence d’informations visuelles ou auditives.<br />

Une lésion portant sur l’hémisphère cérébral récessif<br />

dans la région pariétale ascendante induit une<br />

héminégligence ou hémiasomatognosie de la moitié<br />

du corps opposée (le suj<strong>et</strong> peut repousser hors du lit une<br />

de ses jambes convaincu qu’elle appartient à une autre<br />

personne !) <strong>et</strong> une astéréognosie seulement<br />

contralatérale.<br />

En cas de tumeur on peut noter des atteintes partielles<br />

avec impossibilité, par exemple, pour le malade de situer<br />

ses membres autrement que par la vue.<br />

Membre-fantôme :<br />

La perte d’un bras ou d’une jambe peut être suivie de<br />

douleurs ou de la sensation d’une présence comme si<br />

le membre n’avait pas disparu.<br />

Un amputé du bras peut ainsi remuer ses doigts<br />

« fantômes » par la pensée. Néanmoins, dans la<br />

durée, le membre fantôme perd de sa longueur <strong>et</strong> les<br />

doigts peuvent rester seuls au niveau de l’épaule.<br />

Ces membres fantômes ne sont pas liés aux<br />

névromes (pelotons de nerfs qui se forment au niveau<br />

de la section) puisque leur résection ne supprime pas<br />

le membre fantôme.<br />

Des cas de membres fantômes sont signalés avant 6<br />

ans (Ronald Melzack, Renée Lacroix)… Certains<br />

auteurs affirment même qu’une absence congénitale<br />

de membre peut induire un membre fantôme comme<br />

s’il n’était pas besoin de l’existence d’une partie de<br />

corps pour « sentir » celle-ci.<br />

Lire « Les membres fantômes » par Ronald Melzack,<br />

« Pour la Science » n° 178 de juin 1992.<br />

<strong>et</strong> Ajuriaguerra vont perm<strong>et</strong>tre de confirmer qu'il existe bien une structure spécifique de la<br />

représentation du corps située dans les lobes pariétaux du cerveau (voir ci-contre).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

116


Le SCHÉMA CORPOREL se constitue sur la base de données sensorielles<br />

1) intéroceptives = viscéroceptives (viscérales) + proprioceptives (muscles,<br />

articulations sources de données kinesthésiques 15 ) <strong>et</strong><br />

2) extéroceptives (visuelles, tactiles, auditives, gustatives).<br />

Il intervient en permanence dans l'ajustement des postures <strong>et</strong> dans la relation aux<br />

obj<strong>et</strong>s. C'est le support neurologique <strong>et</strong> fonctionnel des expériences corporelles.<br />

Les troubles du schéma corporel sont d'ordre neurologique.<br />

« Edifié sur la base des impressions tactiles, kinesthésiques, labyrinthiques,<br />

visuelles, le schéma corporel réalise dans une construction active constamment<br />

remaniée des données actuelles <strong>et</strong> du passé, la synthèse dynamique qui fournit à nos actes comme à nos<br />

perceptions le cadre spatial de référence où ils prennent leur signification ». De Ajuriaguerra.<br />

« Le schéma corporel est une nécessité. Il se constitue selon les besoins de l'activité. Ce n'est pas une<br />

donnée initiale ni une entité biologique ou psychique. C'est le résultat <strong>et</strong> la condition de justes rapports<br />

entre l'individu <strong>et</strong> le milieu ». Wallon : Kinesthésie <strong>et</strong> image visuelle du corps. 1959. P 263.<br />

Les recherches sur le développement de l'enfant ont permis de dégager les grandes étapes de<br />

l'acquisition du schéma corporel.<br />

On sait qu'elles suivent la maturation neurologique de l'enfant.<br />

* Au départ il y a une indifférenciation entre le corps de l'enfant <strong>et</strong> le monde environnant.<br />

* Les interactions entre les systèmes sensoriels <strong>et</strong> le milieu m<strong>et</strong>tent en place des formes primitives de<br />

schéma corporel. Ainsi, l'enfant, en portant les obj<strong>et</strong>s à sa bouche, fait progressivement la différence<br />

entre les informations venant de son propre corps <strong>et</strong> celles venant de l'extérieur.<br />

* L’acquisition de la station debout <strong>et</strong> de l’autonomie du déplacement modifient le schéma corporel par<br />

la représentation du corps dans l'espace.<br />

* Le langage prend en compte l'existence du corps d'autrui.<br />

2) Image du corps (de l’ordre du <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> du socio-culturel) :<br />

Il faut souligner la différence établie par la psychanalyse entre schéma corporel <strong>et</strong> image du corps.<br />

Le schéma corporel est en partie inconscient, mais aussi conscient. Il concerne le corps réel <strong>et</strong> il sera<br />

sensiblement le même pour tous les individus d'un âge donné.<br />

En revanche l'image du corps est inconsciente. Elle joue un rôle important dans la socialisation de<br />

l'individu tout au long de sa vie. Elle se structure par la communication entre suj<strong>et</strong>s au travers du<br />

regard des autres <strong>et</strong> dans la rencontre du corps des autres. Elle constitue la synthèse de nos<br />

expériences émotionnelles agréables ou douloureuses. L'image corporelle diffère du schéma corporel<br />

car elle se réfère à des échelles de valeurs, esthétiques ou sociales. Elle est propre à chacun <strong>et</strong> est liée<br />

à l'histoire du suj<strong>et</strong>, son histoire affective <strong>et</strong> émotionnelle.<br />

La psychanalyste Françoise Dolto (1980), souligne l’importance de la relation mère/enfant dans son<br />

élaboration en réponse aux stimulations sensorielles <strong>et</strong> affectives prodiguées par la mère « dans un juste<br />

équilibre avec les demandes de l'enfant ».<br />

L'image de l'apparence extérieure du corps <strong>et</strong> le schéma corporel ne coïncident pas obligatoirement.<br />

L'image du corps relève bien sûr du schéma corporel, mais elle peut aussi s'éloigner de la réalité<br />

objective du fait de l'idéalisation de ce que nous voudrions être (Cf. par ex. le syndrome anorexique<br />

avec ses deux entités : anorexie mentale <strong>et</strong> boulimie nerveuse qui touchent principalement les filles).<br />

Si les troubles du schéma corporel sont d'ordre neurologique, les troubles de l'image du corps peuvent<br />

aller jusqu'à la dépersonnalisation schizophrénique.<br />

D’après (entre autres) http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/sy/sy_1292_p0.html<br />

http://www.fnclcc.fr/fr/patients/dico/definition.php?id_definition=1472<br />

Schilder P. : « L’image du corps. Etude des forces constructives de la psyché »,<br />

traduction fse. par F. Ganther<strong>et</strong> <strong>et</strong> P. Truffert, 1 vol., Gallimard éd., Paris, 1968<br />

15<br />

La kinesthésie est la perception consciente de la position <strong>et</strong> des mouvements des différentes parties du corps.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

117


ADDENDA ADDENDA ADDENDA : : GARDE GARDE DES ENFANTS ENFANTS AVANT 22-<br />

2<br />

3 ans :<br />

:<br />

« On ne confie pas facilement son enfant à<br />

une autre personne. Mais quand les deux<br />

parents travaillent, c'est souvent néces-saire,<br />

surtout avant la scolarisation de l'enfant. Si<br />

vous n'avez ni la chance d'avoir des grandsparents<br />

à proximité ni la possibilité de<br />

confier vos enfants à un autre membre de la<br />

famille ou à une voisine, les modes de<br />

garde payants deviennent incontournables.<br />

1- Les assistantes maternelles sont<br />

des personnes agréées pour accueillir de<br />

façon régulière des enfants (3 au maximum)<br />

à leur domicile. Depuis octobre 1992, elles<br />

sont tenues de suivre une formation de 60<br />

heures au minimum. Leur agrément est valable pendant 5 ans <strong>et</strong> renouvelable.<br />

2 - La crèche accueille les jeunes enfants à la journée <strong>et</strong> de façon régulière. Publique ou privée,<br />

toujours placée sous le contrôle des services de Protection Maternelle <strong>et</strong> Infantile (PMI), elle reçoit<br />

son agrément des pouvoirs publics, ce qui garantit une bonne qualité d'accueil. C'est donc pour vous<br />

un gage de sécurité. La crèche peut être gérée par la commune, le département, la CAF (Caisse<br />

d’Allocations Familiales), une association, une mutuelle, un comité d'entreprise, <strong>et</strong>c.<br />

Il existe au total 200 000 places pour les enfants de moins de 3 ans, réparties selon trois types de<br />

crèches :<br />

* la crèche collective (près de 2/3 des places), dirigée par une puéricultrice diplômée, accueille<br />

les enfants de 3 mois à 3 ans dans des locaux spécifiquement adaptés. Un suivi médical <strong>et</strong> <strong>psycho</strong>logique<br />

est assuré. Les crèches collectives sont ouvertes en général de 7 h à 19 heures.<br />

* la crèche familiale (1 /3 des placés) emploie des assistantes maternelles encadrées par une<br />

équipe de professionnels (éducatrice, médecin vacataire... ). Les enfants sont gardés au domicile de<br />

leur nourrice. 1 à 2 fois par semaine, ils se réunissent à la crèche familiale pour des activités d'éveil.<br />

* la crèche parentale (4 % des places) se rapproche de la crèche collective, à la différence<br />

qu'elle est gérée par les parents dans le cadre d'une association. Les parents participent à la garde des<br />

enfants (16 au maximum) avec le soutien d'un personnel qualifié, ce qui suppose d'y consacrer<br />

beaucoup de temps !<br />

3 - La halte-garderie accueille des enfants de 0 à 6 ans de façon occasionnelle <strong>et</strong> pour quelques<br />

heures. Les haltes-garderies privées sollicitent parfois l'aide des parents.<br />

4 - Des employées de maison, déclarées <strong>et</strong> ouvrant droit à l'allocation de garde d'enfant à<br />

domicile (AGED), gardent au domicile des parents 2 % des enfants de moins de 3 ans <strong>et</strong> 1 % des<br />

enfants âgés de 3 à 6 ans.<br />

5 - Les étudiants au pair sont logés par les familles qui les emploient. La contrepartie de leur<br />

travail auprès des enfants se compose essentiellement d'avantages en nature (logement, nourriture) ».<br />

Document extrait d’un dossier « Quel mode de garde pour vos enfants ? »<br />

publié par « Vies de famille » de septembre 1998.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

118


III – Développement moteur, cognitif<br />

<strong>et</strong> <strong>et</strong> affectif affectif de de de L’enfant L’enfant de de 3 3 à à 6 6 ans ans :<br />

A) A) l’essentiel…<br />

l’essentiel…<br />

A1) Motricité <strong>et</strong> autonomie (à relier à l’aménagement) :<br />

Dès 30 mois (2,5 ans). Il marche sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute sur un pied.<br />

Il peut marcher à reculons <strong>et</strong> faire du tricycle. Il peut lancer une balle ou un ballon. Un enfant de c<strong>et</strong><br />

âge peut porter sur une courte distance un verre d’eau presque plein sans renverser, construire un<br />

pont avec 3 cubes, une tour avec 8 cubes <strong>et</strong> imiter un trait vertical puis un trait horizontal. Il encastre<br />

un rond, un carré <strong>et</strong> un triangle <strong>et</strong> s’adapte à la rotation de 180° du jeu.<br />

Vers 3 ans :<br />

Il a horreur de l’immobilité imposée (à table, à la maison ou à l’école), il court partout jusqu’à<br />

épuisement, garde l’équilibre sur un pied environ 5 secondes (entre 36 mois <strong>et</strong> 42<br />

mois), monte les escaliers en alterné dès 30 mois (mais il faut en moyenne<br />

attendre 42 mois pour qu’il fasse de même en descendant).<br />

L’enfant se déshabille seul déboutonnant sans tirer les<br />

boutons accessibles (36 mois)… il boutonne les boutons<br />

de grande taille <strong>et</strong> de taille moyenne <strong>et</strong> il aime habiller une<br />

poupée (<strong>et</strong> la faire manger).<br />

Il aide à desservir la table sans casser la vaisselle.<br />

Il réalise un bonhomme têtard (voir chapitre IIIA3) <strong>et</strong> copie un cercle (36<br />

mois) <strong>et</strong> grossièrement une croix (42 mois) d’après modèles, construit une<br />

tour 16 de 9 cubes <strong>et</strong> même 10 avec 3 essais (à 36 mois…).<br />

Il utilise fourch<strong>et</strong>te <strong>et</strong> cuillère, verse d’un p<strong>et</strong>it pot dans une tasse (36 mois), enfile des perles, colle<br />

des gomm<strong>et</strong>tes, emploie la pâte à modeler, nomme 8 images <strong>et</strong> 8 parties du corps. Il change<br />

constamment d’activité. Il maîtrise ses sphincters anal <strong>et</strong> vésical (propr<strong>et</strong>é totale).<br />

C’est à lui en p<strong>et</strong>ite section de déboutonner seul son pantalon aux toil<strong>et</strong>tes, de remonter ses<br />

manches, d’ouvrir le robin<strong>et</strong>, de se laver les mains seul <strong>et</strong> de les essuyer…<br />

C’est encore à lui, dans le coin peinture, à aller chercher les pinceaux <strong>et</strong><br />

rouleaux, à m<strong>et</strong>tre le tablier, à se laver les mains <strong>et</strong> à laver le matériel<br />

après l’activité. Ainsi, il construira son chemin vers l’indépendance…<br />

Il peut arroser les plantes de la<br />

classe <strong>et</strong> commence à s’occuper des<br />

animaux (même s’il est encore incapable<br />

d’en prendre soin seul).<br />

En classe, le matériel doit être<br />

rangé à la portée des enfants, près du lieu<br />

de l’activité <strong>et</strong> si possible visible : il provoque alors l’intérêt.<br />

Outre "le coin regroupement" : aire d’affichage des écrits, de langage (histoires, comptines,<br />

jeux avec marionn<strong>et</strong>tes), de jeux musicaux, de découverte collective (des écrits, des images…)<br />

<strong>et</strong> de jeux au sol, il existe dans une classe de p<strong>et</strong>ite section :<br />

16<br />

Les jeux de construction ont leur apogée entre 3 <strong>et</strong> 7 ans mais peuvent perdurer toute la vie.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

119


* Une zone pour "les jeux d’imitation" (dîn<strong>et</strong>te avec rouleaux à<br />

pâtisserie, emporte-pièce(s), moules <strong>et</strong> pâte à sel perm<strong>et</strong>tant de<br />

fabriquer des "gâteaux", maison de poupées 17 , bébé + chaise +<br />

parc + couffin + couches + biberons, marchande, coiffeur, garage,<br />

téléphone avec annuaire…).<br />

Le « coin docteur » comporte un pèse personne, une toise, un<br />

stéthoscope perm<strong>et</strong>tant d’écouter les bruits de son corps, une lampe<br />

électrique (si possible frontale) autorisant l’examen des oreilles, des<br />

dents <strong>et</strong> de la gorge, des bandes <strong>et</strong> du sparadrap mais aussi des blouses<br />

blanches, des masques <strong>et</strong> d’autres accessoires vestimentaires médicaux.<br />

A installer avant la visite de PMI en p<strong>et</strong>ite ou en moyenne section.<br />

* Une zone réservée aux activités plastiques <strong>et</strong> graphiques :<br />

peinture (la main est le 1 er outil traceur puis éponges, tampons,<br />

pinceaux, rouleaux, brosses à dents, coton - tiges, spatules…),<br />

graphisme (craies, craies grasses, crayons <strong>et</strong> feutres variés, supports divers…) découpage <strong>et</strong> collage (papier<br />

à découper, ciseaux, colle), modelage (pâte à modeler, pâte à sel), enfilages…" <strong>et</strong> le matériel<br />

d’installation (panneaux verticaux <strong>et</strong> horizontaux), de protection (tabliers, toiles cirées) <strong>et</strong> de n<strong>et</strong>toyage<br />

correspondant (serpillières, chiffons, seaux <strong>et</strong> cuv<strong>et</strong>tes…). A situer près<br />

d’un point d’eau si possible.<br />

* Une « zone bricolage » pour fouiller <strong>et</strong> découvrir (bouchons, capsules,<br />

jeux de construction, jeux à emboîter, à visser…) avec des outils si<br />

possible réels mais légers <strong>et</strong> adaptés aux enfants.<br />

* Une zone "puzzles, dominos, jeux de cartes",<br />

* Un bac multifonctions (avec de l’eau + des matériaux divers pouvant<br />

flotter + du sable + des semences… riz par exemple <strong>et</strong> des récipients variés<br />

pour vider, remplir, transvaser, filtrer <strong>et</strong> trier : des cuillères, entonnoirs, des<br />

passoires <strong>et</strong> écumoires, des éponges <strong>et</strong> des compte-gouttes, des pompes <strong>et</strong><br />

des roues à aubes …),<br />

* Une zone nature avec p<strong>et</strong>its élevages <strong>et</strong> plantes.<br />

* Bien sûr une "zone bibliothèque" avec des livres visibles <strong>et</strong> accessibles<br />

mais aussi avec des cartes postales, des photographies <strong>et</strong> images, des<br />

catalogues <strong>et</strong> des reproductions <strong>et</strong> des affiches au mur + les textes<br />

manuscrits des chansons <strong>et</strong> des comptines. Il faudra dire <strong>et</strong> répéter que le<br />

coin bibliothèque n’est pas un lieu prévu pour jouer.<br />

* Mais aussi une "zone refuge" (avec moqu<strong>et</strong>te, coussins <strong>et</strong> obj<strong>et</strong>s<br />

« consolateurs » : téléphone, p<strong>et</strong>its jou<strong>et</strong>s, poupées <strong>et</strong> peluches).<br />

A 4 ans :<br />

Il boutonne sur lui, pédale assez bien avec une bicycl<strong>et</strong>te<br />

sans roues latérales, monte <strong>et</strong> descend de la voiture <strong>et</strong> construit<br />

des ponts de cube. Il copie un carré. Il utilise les ciseaux. Il trie les<br />

formes <strong>et</strong> les couleurs (les couleurs sont connues vers 4 ans <strong>et</strong><br />

nommées vers 5 ans). Il s'habille seul vers 4 ans 1/2-5 ans (sauf les<br />

lac<strong>et</strong>s) <strong>et</strong> peut aller seul aux toil<strong>et</strong>tes.<br />

Son besoin de mouvement diminue au sens où l’enfant maîtrise<br />

mieux son corps (il ressent moins le besoin de se rouler par terre<br />

ou de jouer allongé par exemple) mais simultanément il éprouve le<br />

besoin de s’exercer.<br />

17<br />

Elle a sa place en classe de la p<strong>et</strong>ite à la grande section.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

RECETTE DE<br />

LA PATE A SEL<br />

1 tasse (200 g.) de sel + 2<br />

tasses (200 g.) de farine + 125<br />

ml d'eau. Mélanger. Pour<br />

rendre la pâte plus élastique<br />

ou peut ajoutez une cuiller à<br />

soupe de glycérine. Laissez la<br />

pâte reposer une heure à<br />

température ambiante.<br />

Évitez les rec<strong>et</strong>tes à base de<br />

d’alun de potassium<br />

dangereux en cas d’ingestion.<br />

Chaque enfant dispose d’une<br />

fiche de carton de 20 cm X<br />

15 cm avec, en début<br />

d’année, sa photographie <strong>et</strong><br />

son prénom. Il la prend sur<br />

le tapis <strong>et</strong> va la ranger dans<br />

une poch<strong>et</strong>te murale.<br />

120


Le « coin déguisement – maquillage » est une nécessité dans une classe de moyenne section de<br />

maternelle. Prévoir une glace suffisamment grande, une penderie (apprentissage de l’ordre), un coffre<br />

(mystère <strong>et</strong> plaisir de la découverte), des morceaux de tissus <strong>et</strong> des vêtements mais aussi des accessoires<br />

(couronne, chapeaux divers, perruques, bijoux, sacs variés, carquois, bagu<strong>et</strong>te magique, jumelles…).<br />

Une « zone couture » pour développer l’habilité manuelle sera la bienvenue (y placer des plaques<br />

d’isorel perforées, de la toile de jute <strong>et</strong> des canevas à larges trous… mais aussi des aiguilles en bois, des<br />

ciseaux, des boutons, des fils, du raphia, des lac<strong>et</strong>s…)<br />

A 5 ans : A 4 ans l’enfant contrôlait mal son énergie, était incapable de doser, de freiner son activité.<br />

C<strong>et</strong>te possibilité apparaît vers 5 ans : il devient capable de canaliser son « trop plein d’énergie ». Il tient<br />

sur un pied 10 à 15 secondes.<br />

Déshabillage, boutonnage sont maîtrisés <strong>et</strong> l’enfant est très généralement<br />

devenu complètement autonome dans ce domaine. Il se déguise avec soin,<br />

cherchant dans les détails à être le plus proche possible de la réalité. Il<br />

devient capable de prendre soin des animaux <strong>et</strong> des plantes.<br />

Il évalue ses dessins, ses constructions <strong>et</strong> ses autres travaux. Peut copier un<br />

triangle <strong>et</strong> faire un escalier de 6 cubes. En début de GS, on constate que<br />

plus de la moitié des enfants savent énoncer la comptine numérique.<br />

Il aime faire de la peinture <strong>et</strong>, capable de travailler sur de plus grandes<br />

surfaces, peut réaliser un fond. Il nomme <strong>et</strong> mélange les couleurs.<br />

En classe de grande section de nouveaux « ateliers 18 apparaissent » par<br />

exemple le « coin mathématique » (balances, graines de différentes<br />

tailles, eau <strong>et</strong> récipients variés, encastrements, puzzles, boîtes gigognes,<br />

poupées russes, cartes, lotos, dominos, dés…). La maison de poupée est toujours là mais comporte<br />

maintenant des menus variés, des fichiers de rec<strong>et</strong>tes utilisables…<br />

A 6 ans : Il tient immobile les yeux fermés plus de 10 secondes. Il tente de marquer des buts avec un<br />

ballon <strong>et</strong> fait des passes de ballon en marchant. Il saute à la corde <strong>et</strong> joue à la marelle. Oppose son<br />

pouce à chaque doigt de la main. Il enroule un fil sur une bobine <strong>et</strong> coud avec une grosse aiguille. Il<br />

coupe sa viande.<br />

Début de la représentation de profil. Peut copier un losange. Début de l’écriture <strong>et</strong> respect des lignes de<br />

la page. Le noeud de lac<strong>et</strong>s est acquis vers 6 ans (entre 5 <strong>et</strong> 7 ans). Peut Se lave seul <strong>et</strong> va seul <strong>et</strong> sans<br />

aide aux toil<strong>et</strong>tes.<br />

A2) Raisonnement expliquant le monde :<br />

• Piag<strong>et</strong> appelle fonction symbolique (ou sémiotique) "la capacité d'évoquer des obj<strong>et</strong>s ou des<br />

situations non perçues actuellement en se servant de signes ou de symboles". L’enfant acquiert la<br />

représentation mentale. L’évocation s’effectue à l’aide d’un signifiant (mot, image mentale 19 )<br />

différencié de son signifié (obj<strong>et</strong>, événement). C<strong>et</strong>te fonction symbolique se développe entre 2-3 <strong>et</strong> 6-7<br />

ans par imitation sous forme d'activités ludiques : l'enfant reproduit dans le jeu les situations qui l'ont<br />

frappé, intéressé ou inquiété. Le langage accompagne le jeu <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> l'intériorisation progressive.<br />

• Le syncrétisme (ou globalisme) « est la tendance spontanée des enfants à percevoir par visions<br />

globales au lieu de discerner les détails, à trouver des analogies immédiatement, sans analyse, entre<br />

des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des mots étrangers les uns aux autres, à lier entre eux des phénomènes naturels<br />

hétérogènes, à trouver une raison à tout événement même fortuit, bref c'est la tendance à tout lier à tout<br />

(...) ». J. Piag<strong>et</strong>.<br />

18<br />

Atelier = organisation du travail en sous-ensembles d’enfants avec « rotation » mais aussi : lieu où l’activité se<br />

déroule.<br />

19<br />

Image mentale : représentation interne d'un obj<strong>et</strong> ou d'un événement qui n'est pas dans le champ actuel de la<br />

perception<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

121


L'enfant trouve toujours une raison à tout, quelle que soit la question. Nous<br />

pourrions dire que le syncrétisme est une manière de penser, antérieure à l’analyse <strong>et</strong><br />

à la synthèse, ou le principal <strong>et</strong> l’accessoire ne sont pas distingués.<br />

• Pensée égocentrique :<br />

La vision du monde de l’enfant se fait toujours par rapport à lui, il se considère<br />

comme le centre du monde. C’est une attitude spontanée qui enferme l’enfant dans<br />

son propre point de vue avec une incapacité à prendre en compte celui d’autrui.<br />

L’égocentrisme s’oppose ainsi à l’objectivité en empêchant l’enfant de se décentrer.<br />

L'enfant qui reconnaît sa droite de sa gauche ne comprend pas que ces notions sont<br />

inversées pour la personne en face de lui. Considérée classiquement comme<br />

perdurant jusqu’à 4 ans (en fait jusqu’à 5 ans voir IIIc). On ne confondra pas<br />

égocentrisme <strong>et</strong> égoïsme. Il ne s’agit pas d’un défaut moral mais d’un stade normal<br />

du développement. La pensée égocentrique se caractérise par l’animisme,<br />

l’artificialisme, le finalisme <strong>et</strong> la pensée magique :<br />

• Pensée de type animiste :<br />

… Jusqu’à 4 ans : l’enfant conçoit le monde à son image, tout obj<strong>et</strong> est vivant <strong>et</strong><br />

douée d'intentions bonnes ou mauvaises. Chaque obj<strong>et</strong> pense, sent <strong>et</strong> ressent. Les<br />

nuages décident de faire pleuvoir <strong>et</strong> le soleil de briller, les obj<strong>et</strong>s que l’on tape ou<br />

que l’on casse souffrent.<br />

• L’artificialisme :<br />

L'enfant raisonne comme si tout était artificiel <strong>et</strong> avait été construit pour les hommes<br />

afin de satisfaire leurs désirs <strong>et</strong> leurs besoins. "D'où vient l'eau de la rivière ?" : "du<br />

robin<strong>et</strong> ". « L’artificialisme est la croyance que les choses existent pour la<br />

convenance des hommes. Si les jou<strong>et</strong>s peuvent être réparés sur demande, alors<br />

pourquoi pas les gens morts ? ».<br />

• Pensée finaliste :<br />

Tout ce qui existe a été fait pour servir aux êtres humains qui sont le but de toute<br />

chose. Les choses sont définies par leur usage : Qu'est-ce qu'une auto ? : " c'est pour<br />

aller vite". Qu'est-ce qu'un vélo ? : "c'est pour faire la course". La nuit est faite pour<br />

dormir, les fruits pour être mangés... Le hasard n’existe pas<br />

jusqu’à 7 ou 8 ans.<br />

• La pensée magique :<br />

C’est " l'idée que de penser quelque chose est la même<br />

chose que de le faire. Elle est courante dans les rêves, dans<br />

certains désordres mentaux 20 , <strong>et</strong> chez les enfants. 21 " C’est aussi croire que ce<br />

qu’on imagine peut se réaliser <strong>et</strong> « prendre ses désirs pour des réalités ».<br />

« L’enfant attribue des pouvoirs à tout le monde. Tout est sous le contrôle de<br />

quelqu'un. Dans ce système, les gens peuvent mourir à cause d'un souhait <strong>et</strong><br />

peuvent r<strong>et</strong>ourner à la vie tout aussi facilement. Un prince peut devenir un<br />

crapaud <strong>et</strong> une princesse morte peut se réveiller avec un baiser ». La pensée magique s’estompe<br />

théoriquement vers 6-7 ans mais la frontière entre vivant <strong>et</strong> inanimé, hommes <strong>et</strong> animaux, imaginaire <strong>et</strong><br />

réalité restera floue jusqu’à la puberté... <strong>et</strong> même souvent au-delà.<br />

20<br />

La pensée magique existe aussi chez l’adulte considéré comme « normal » ainsi, pour en faire hurler quelquesuns,<br />

l’homéopathie relève de la pensée magique : "plus la matière devient infime par dilution, plus son<br />

esprit (sic !) <strong>et</strong> ses fonctions dynamiques (resic !) seront pures <strong>et</strong> efficaces" (Martin Gumpert 1945,<br />

biographe du fondateur de l’homéopathie Samuel Hahnemann).<br />

21<br />

<strong>Free</strong>dman, Kaplan, Sadock 1976.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

122<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.


• Tout ce qui peut être perçu est réel : la différence entre l'imaginaire <strong>et</strong> le réel, la pensée intérieure<br />

<strong>et</strong> le monde extérieur sont encore confondus. Ainsi l'enfant peut croire que ses rêves sont vrais.<br />

• La mort : Avant l’âge de 3 ans, l’enfant ne comprend pas du tout ce qu’est la mort… mais il peut<br />

souffrir de la séparation. Un enfant est confronté à la mort d’animaux, peut avoir vu des personnes<br />

mortes (par exemple à la télévision) <strong>et</strong> donc l'idée de la mort est perçue (à partir de 3 ans). Néanmoins<br />

l’enfant pense que les gens morts ne le sont pas vraiment, qu’ils continuent à vivre sous une forme<br />

différente. La mort est simplement un sommeil profond. « Ils se soucient du confort des corps morts. Ils<br />

pensent que le mort pourrait avoir faim, froid, ou s’ennuyer ». Puisque, la mort est provisoire,<br />

réversible, <strong>et</strong> causée comme par magie, il peut être convaincu que certaines de ses pensées ou actions<br />

ont pu causer la mort. Le caractère irréversible <strong>et</strong> permanent de la mort ne sera compris que vers quatre,<br />

cinq ans. Jusqu’à 5 ans, l’enfant se croit immortel.<br />

Dire la vérité : « si on lui dit "maman est partie pour un long voyage", il peut développer colère <strong>et</strong><br />

ressentiment parce qu'elle ne l'aura pas emmené avec elle, ou bien un sentiment d'abandon, ou de<br />

culpabilité fondée sur le fait que "si maman est partie, c'est sans doute que j'ai fait quelque chose de<br />

mal…" ou bien encore l'illusion qu'elle va revenir, parce que lorsque l'on part en voyage, on revient ; ou<br />

une incompréhension de la situation, "pourquoi tout le monde pleure si elle est partie en voyage, il n'y a<br />

pas lieu d'être triste !" ».<br />

• La sexualité, la grossesse :<br />

J’ai bien compris que le<br />

stade anal comportait une<br />

première phase dite<br />

phase expulsive puis une<br />

phase rétentive… J’ai<br />

pigé le coup de l’Œdipe<br />

au stade phallique parce<br />

que j’ai lu la page<br />

suivante mais… tu crois<br />

toi que la sexualité<br />

enfantine est mise en<br />

sourdine dans c<strong>et</strong>te soidisant<br />

période de latence<br />

qui démarrerait à 6 ans ?<br />

Les phrases entre guillem<strong>et</strong>s de ce passage sont extraites de : http://www.<strong>et</strong>ab.accaen.fr/ecauge/Circo/Dossiersanim/concept_mort.<strong>pdf</strong><br />

L’enfant de 3 à 6 ans pose<br />

beaucoup de questions sur la<br />

procréation, la sexualité, la<br />

grossesse, les relations entre les<br />

parents… Faute de comprendre<br />

les réponses, il répond à sa<br />

manière. L’interrogation<br />

majeure « Qui fabrique les<br />

bébés <strong>et</strong> pourquoi ? » <br />

invention de théories très<br />

diverses <strong>et</strong> variées selon les<br />

enfants. Le baiser par exemple<br />

perm<strong>et</strong> d’avoir des bébés. La<br />

naissance peut être anale ou se<br />

produire au niveau du nombril.<br />

Avec l’importance accordée au<br />

pénis, survient la peur de le<br />

perdre, l’angoisse de castration.<br />

• Les psychanalystes nous<br />

disent que la p<strong>et</strong>ite fille sait<br />

qu’elle n’a pas de pénis, que<br />

certaines pensent qu’il<br />

poussera... Le pénis serait<br />

Moyenne section…<br />

mais un tel dessin est rare…<br />

Lire « Dessine moi un bébé » par<br />

Emmanuelle Tostivint<br />

<strong>et</strong> Jean-Pierre Geslin.<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une crainte de le perdre pour le garçon <strong>et</strong> d’une envie pour la fille… "Elle commence ensuite à<br />

accepter son manque, mais contre un avantage : la possibilité d'avoir des enfants". Mais est-il certain<br />

que la p<strong>et</strong>ite fille n’ait que la sensation d’un manque, d’un "rien" ? N’a t-elle pas connaissance de<br />

sensations qui lui perm<strong>et</strong>tent une représentation, même fausse d’un clitoris ou d’un vagin ?<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

123


A3) Sur le plan affectif <strong>et</strong> relationnel :<br />

Identification du sexe :<br />

La plupart des enfants âgées de 3 ans peuvent<br />

identifier les personnes <strong>et</strong> les poupées, comme étant<br />

de sexe masculin ou féminin <strong>et</strong> ils peuvent dire à un<br />

adulte qu'ils sont un garçon ou une fille. La<br />

découverte de la différence des sexes perm<strong>et</strong> à<br />

l'enfant de se définir comme être sexué. Le plaisir<br />

est associé à la stimulation de la zone sexuelle<br />

(masturbation).<br />

Le complexe d’Œdipe :<br />

Le mot complexe ne doit pas être pris dans le sens<br />

de blocage, c’est une union inconsciente de<br />

réactions affectives <strong>et</strong> de fantasmes. Le complexe<br />

d’Œdipe est l’attachement érotique de l’enfant au<br />

parent du sexe opposé. Il fait partie du<br />

développement normal de l’affectivité <strong>et</strong> de la<br />

sexualité, ce n’est ni un trouble ni une anomalie. Il<br />

s’ensuit un conflit avec le parent du même sexe qui<br />

est perçu comme un rival dans l'amour pour le<br />

parent de sexe opposé. Freud le nomme d'abord<br />

"complexe nucléaire" puis "complexe paternel"<br />

avant de lui donner le nom de "complexe d’Œdipe"<br />

en 1910.<br />

"J'ai trouvé en moi comme partout ailleurs, des<br />

sentiments d'amour envers ma mère <strong>et</strong> de<br />

jalousie envers mon père, sentiments qui sont je<br />

pense, communs à tous les jeunes enfants".<br />

Freud.<br />

Le parent de même sexe est un rival (d’où haine <strong>et</strong><br />

jalousie), mais aussi un modèle (d’où admiration)<br />

auquel s’identifie l’enfant. Il suscite également la<br />

crainte (de vengeance).<br />

Le complexe d’Œdipe apparaît entre 3 <strong>et</strong> 4 ans<br />

(mais Mélanie Klein en a décrit des prémices entre<br />

6 mois <strong>et</strong> 3 ans), a son point culminant à 5 ans<br />

(déclaration d’amour, volonté de remplacer le<br />

parent de même sexe <strong>et</strong> joie quand il est absent,<br />

souhait d’avoir des enfants avec le parent de sexe<br />

opposé), décline vers 6 à 7 ans mais recommence<br />

au moment de la puberté. Il est résolu quand<br />

l’enfant refoule ses désirs.<br />

Œdipe (qui, en grec, signifie "pieds<br />

gonflés") était le fils de Laïos, roi de<br />

Thèbes <strong>et</strong> de Jocastre. Laïos, averti par<br />

un oracle qu'il serait tué par son fils <strong>et</strong><br />

que celui-ci épouserait sa mère, veut faire<br />

tuer l’enfant. Le guerrier qui en a la<br />

charge ne fait qu’abandonner le nouveauné<br />

sur une montagne. Recueilli par des<br />

bergers, Œdipe fut élevé par Polybe le roi<br />

de Corinthe. Apprenant l'oracle à<br />

Delphes, il fuit ceux qu'il croit être ses<br />

parents... En voyage vers Thèbes, se<br />

prend de querelle avec un voyageur qu'il<br />

tue : c'était Laïos.<br />

Œdipe <strong>et</strong> le sphinx<br />

Aux portes de Thèbes, il se soum<strong>et</strong> à<br />

l'énigme du sphinx femelle "Quel est<br />

l'animal qui marche à 4 pattes le matin, à<br />

2 pattes à midi <strong>et</strong> à 3 pattes le soir ?"<br />

Oedipe trouve la réponse ("l'homme") <strong>et</strong><br />

ainsi débarrasse la cité du sphinx. Il<br />

rentre en héros à Thèbes. En récompense,<br />

les Thébains le prennent pour roi <strong>et</strong> il<br />

épouse la reine Jocaste… sa propre mère.<br />

Il en aura deux fils : Étéocle <strong>et</strong> Polynice<br />

<strong>et</strong> deux filles : Antigone <strong>et</strong> Ismène.<br />

Découvrant la réalité au bout de 15 ans,<br />

Jocaste se pendit <strong>et</strong> Œdipe se creva les<br />

yeux.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

124


L’intérêt pour les contes de fées :<br />

Les contes de fées, récits de fiction, remontent à la nuit des<br />

temps <strong>et</strong> sont universels : « Les mille <strong>et</strong> une Nuits » en Arabie, un<br />

« Blanche-Neige » Kabyle <strong>et</strong> un autre Russe, un « P<strong>et</strong>it Chaperon<br />

rouge » chinois… Les contes de fées sont longtemps restés dans la<br />

tradition orale, se transm<strong>et</strong>tant de bouche à oreilles. Ce n’est qu’à la<br />

Renaissance, en Italie <strong>et</strong> avec Charles Perrault (1628-1703) en<br />

France qu’ils passent à l’écrit. En 1694, Perrault publie des contes en<br />

vers (dont Peau d’âne) puis en 1997 huit contes en prose réunis sous<br />

le titre « les Histoires ou Contes du temps passé » ou « Contes de ma<br />

mère l'Oye » (La Belle au Bois dormant, Le P<strong>et</strong>it Chaperon rouge,<br />

La Barbe-bleue, Le Maître Chat ou Le Chat botté, Cendrillon, Le<br />

P<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong>, Les Fées, Riqu<strong>et</strong> à la houppe).<br />

M me Leprince de Beaumont (1711-1780) est passée à la<br />

postérité pour sa version de La Belle <strong>et</strong> la Bête. Le français Charles-<br />

Joseph de Mayer (1751-1825), le chevalier de Mayer, entre 1785 <strong>et</strong><br />

1789 rassemble <strong>et</strong> édite des contes qu’il veut sauver de l’oubli : c’est<br />

la collection du «Cabin<strong>et</strong> des fées. Collection choisie des contes de<br />

fées ou autres contes merveilleux » qui comporte 41 volumes <strong>et</strong> une<br />

quarantaine de conteurs dont Perrault… Les frères Jacob (1785-<br />

1863) <strong>et</strong> Wilhelm (1786-1859) Grimm regroupent contes populaires<br />

allemands <strong>et</strong> irlandais. Hans Christian Andersen (1805-1875) est un<br />

écrivain danois qui publie en 1834 la « Princesse au p<strong>et</strong>it pois » <strong>et</strong><br />

en 1935 « Contes pour enfants » puis d’autres : au total 164<br />

contes… qu'il ne destine pas uniquement à un public enfantin. Les<br />

plus célèbres sont «Le Vilain P<strong>et</strong>it Canard», «Les Habits neufs de<br />

l'empereur», <strong>et</strong> «la P<strong>et</strong>ite Sirène».<br />

Les fées, souvent absentes du récit (Blanche-Neige ou le<br />

P<strong>et</strong>it Chaperon rouge), ne suffisent pas à définir le conte de fées.<br />

C’est un univers merveilleux où les animaux parlent, hors de<br />

l’espace <strong>et</strong> du temps. Il m<strong>et</strong> en scène le passage de l’enfant ou de<br />

l’adolescent à l’âge adulte : « Un héros ou une héroïne, subissant un<br />

malheur ou un méfait, doit traverser un certain nombre d’épreuves <strong>et</strong><br />

de péripéties, qui souvent m<strong>et</strong>tent radicalement en cause son statut<br />

ou son existence, pour arriver à une nouvelle situation stable, très<br />

souvent le mariage ou l’établissement d’une nouvelle vie » 22 . Des<br />

animaux malins <strong>et</strong> bavards, des créatures étranges <strong>et</strong> dotées de<br />

pouvoirs magiques (fées, gnomes, elfes, lutins, trolls, nains,<br />

sirènes…) aident le héros ou l'héroïne dans l’accomplissement de sa<br />

difficile mission... ou au contraire, le combattent.<br />

Bruno B<strong>et</strong>telheim, psychanalyste américain d’origine<br />

autrichienne (né à Vienne en 1903 <strong>et</strong> mort à Silver Spring, aux Etats-Unis en 1990) est l’auteur de<br />

« Psychanalyse des contes de fées » (1976) qui reprend largement un livre de Julius Heuscher.<br />

22 Vladimir Propp « La Morphologie de conte » (1928).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Le loup cristallise toutes les<br />

peurs y compris celle de<br />

l’inconnu, de l’obscurité, de la<br />

dévoration, de l’enlèvement,<br />

de la séparation avec les<br />

parents, de la castration… Il<br />

représente la sauvagerie.<br />

L’une des fonctions<br />

essen-tielles des<br />

monstres est de<br />

canaliser les peurs de<br />

L’ogre symbolise la toute<br />

puissance paternelle. C’est<br />

celui qui vole sa mère à<br />

l’enfant… Mais l’ogre<br />

incarne également les<br />

pulsions négatives de<br />

l’enfant face à ce parent.<br />

125


Il écrit : "Pour qu’il y ait conte de fée, il faut qu’il y ait menace,<br />

une menace dirigée contre l’existence physique du héros, ou contre<br />

son existence morale." Le P<strong>et</strong>it Chaperon rouge sous la menace du<br />

loup, Le P<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong> sous celle de l’ogre ou Peau-d’Âne soumise<br />

au risque de l’inceste. La plupart des contes de fées commencent<br />

par la séparation qui équivaut, selon B<strong>et</strong>telheim, à la "nécessité de<br />

devenir soi-même",<br />

« Les contes de fées illustrent de façon ludique les terreurs<br />

enfantines : la misère <strong>et</strong> l'abandon (le p<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong>), la mort d'un<br />

parent (Blanche-Neige), les adultes puissants face aux enfants (le<br />

p<strong>et</strong>it Chaperon Rouge), la jalousie fraternelle (Cendrillon). Ils parlent<br />

des cruautés de la vie <strong>et</strong> des luttes intérieures en leur donnant une<br />

forme tangible qui les rendent moins effrayantes. Un loup, par<br />

exemple, ça fait peur bien sûr, mais on peut en rire, rêver qu'on lui<br />

botte le derrière, qu'on triomphe de lui, <strong>et</strong> se libérer ainsi de la terreur<br />

qu'inspirent les angoisses archaïques "de dévoration".<br />

Les contes aident l'enfant à m<strong>et</strong>tre de la cohérence dans ce qu'il<br />

ressent ; ils lui donnent des idées qui l'aident à résoudre ses<br />

problèmes. Qu'est-ce qui est bien ou mal ? Est-il plus avantageux<br />

d'être bon ou méchant ? Comment trouver l'amour quand on est<br />

grand ? Comment est-ce de grandir <strong>et</strong> de quitter le giron familial ?<br />

Les contes lui fournissent des points de repère sur la conduite à tenir<br />

dans la vie ; tous diffusent le même message, simple <strong>et</strong> encourageant<br />

: "les difficultés de la vie sont inévitables mais si, au lieu de fuir, on<br />

affronte fermement les épreuves inattendues <strong>et</strong> souvent injustes qu'on<br />

rencontre, on finit par vaincre les obstacles <strong>et</strong> par obtenir ce qu'on<br />

veut" ». Dominique Pir<br />

Pourtant quelques contes, comme « Le P<strong>et</strong>it Chaperon<br />

rouge version Perrault » <strong>et</strong> « Le Nain Jaune » (de M me d’Aulnoy<br />

(1650-1705) se terminent mal.<br />

…Les contes proposent aux enfants<br />

une multitude de personnages auxquels<br />

ils peuvent s'identifier, selon leurs<br />

besoins du moment, pour extérioriser ce<br />

qui les habite <strong>et</strong> mieux se comprendre : la<br />

bonne fée peut personnifier leurs désirs les<br />

plus ardents, la sorcière leur volonté de<br />

destruction, de méchantes sœurs leurs<br />

accès de jalousie… Les contes de fées sont<br />

si riches de possibilités qu'un même conte<br />

peut parler aussi bien à un enfant de 5 ans<br />

qu'à un enfant de 13 ans : leurs interprétations ne seront simplement<br />

pas les mêmes ! Dominique Pir<br />

Les contes de fées comportent également, selon l'auteur<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

« La sorcière, c'est la mère<br />

méchante, évidemment très<br />

laide, qui ne répond pas aux<br />

désirs immédiats de l'enfant <strong>et</strong><br />

lui impose donc des interdits <strong>et</strong><br />

des frustrations ». Christine<br />

Brun<strong>et</strong><br />

La sorcière incarne aussi la<br />

méchanc<strong>et</strong>é <strong>et</strong> la cruauté….<br />

C<strong>et</strong>te méchanc<strong>et</strong>é que ressent<br />

alors l’enfant vis à vis de la mère<br />

Ainsi que l’explique C.<br />

Brun<strong>et</strong>, l’enfant ressent des<br />

sentiments négatifs à<br />

l’égard de sa mère qui ne lui<br />

appartient pas exclusivement<br />

ou du père qui lui a<br />

volé sa mère, ou d’un p<strong>et</strong>it<br />

frère ou d’une p<strong>et</strong>ite sœur<br />

qui constituent des rivaux.<br />

Les monstres qui peuplent<br />

les contes de fées peuvent<br />

perm<strong>et</strong>tre à l’enfant de vivre<br />

par procuration ses<br />

sentiments négatifs<br />

A c<strong>et</strong>te occasion, « ils<br />

prennent les traits d’une<br />

sorcière ou d’un ogre».<br />

« Une "mise en scène" qui<br />

ne vaut que parce qu’elle<br />

trouve un dénouement heureux<br />

: les méchants sont<br />

sanctionnés, le monstre qui<br />

est en soi peut donc être<br />

vaincu, l’ordre est rétabli <strong>et</strong><br />

la vie peut reprendre son<br />

cours... »<br />

Alison Lurie (« Ne le dites pas aux grands », Editions Rivages), une dimension subversive : "Ils<br />

proposent à l'enfant de renverser l'ordre établi du monde des adultes." Ils m<strong>et</strong>tent en scène la tentation<br />

qu’a l'enfant de cacher aux grandes personnes ses pensées les plus intimes ainsi que son désir de<br />

s’opposer à l'autorité de l’adulte <strong>et</strong> de désobéir.<br />

126


L’animal instrument de socialisation 23 :<br />

Lorsque deux enfants de classe maternelle se rencontrent<br />

pour la première fois dans une salle de jeu, la présence d’un p<strong>et</strong>it<br />

mammifère familier diminue la distance qu’ils laissent entre eux,<br />

accroît le temps d’interaction entre les enfants <strong>et</strong> crée une ambiance<br />

plus positive… L’animal fait tomber les barrières <strong>et</strong> augmente les<br />

échanges affectifs : il joue un rôle facilitateur dans les interactions<br />

sociales. L’élevage peut devenir un moyen de rendre plus aisée la<br />

transition de l’entrée à l’école maternelle <strong>et</strong> peut faciliter le<br />

passage grande section de maternelle – CP.<br />

Si l’élevage facilite l’intégration des enfants à la vie de<br />

groupe <strong>et</strong> les habitue à travailler ensemble… il leur apprend aussi à se respecter : il faut tenir<br />

compte de l’opinion de l’autre.<br />

L’élevage contribue aussi à rendre l’enfant responsable, il est un bon vecteur de citoyenn<strong>et</strong>é <strong>et</strong><br />

participe au développement de la confiance en soi.<br />

La responsabilité : Qui va apporter la nourriture à notre p<strong>et</strong>ite<br />

bête ? Qui va s’occuper de l’entr<strong>et</strong>ien de la cage ? C’est bien<br />

évidemment l’enfant <strong>et</strong> non pas le maître ! Vos loupiots<br />

découvriront les conséquences de leurs négligences <strong>et</strong> apprendront à<br />

respecter la vie.<br />

Ils partageront les responsabilités autour de la "bestiole" <strong>et</strong> se<br />

structureront ainsi en groupe-classe car l’animal introduit dans la<br />

classe devient « l’animal de la classe », les responsabilités <strong>et</strong> les<br />

joies partagées renforçant le sentiment du « nous ».<br />

Il faut se laver les mains après avoir touché les animaux,<br />

particulièrement avant les repas. L’enseignant doit également<br />

vérifier que les enfants ne manipulent pas les animaux avec des mains sales… la contamination peut<br />

en eff<strong>et</strong> se produire dans les deux sens.<br />

Il faut apprendre à manipuler l’animal avec douceur, dans une position qui lui soit confortable <strong>et</strong><br />

contrôler ses gestes afin de se faire accepter...<br />

Socialisation par classes d’âges :<br />

3 ans :<br />

Avant 3 ans : l'enfant ne cherchait pas le contact avec les autres de son âge, il jouait à côté d’eux :<br />

c’était le jeu parallèle (de 18 mois à 3 ans). Ce n’est qu’à partir de 3 ans que l’enfant commence à<br />

établir des relations avec les autres notamment par le biais du jeu <strong>et</strong> du langage.<br />

L'enfant joue avec d’autres mais ne partage pas <strong>et</strong> ne dialogue pas verbalement. Lorsqu'il parle avec<br />

les autres, il ne s'attend pas à avoir de réponse <strong>et</strong> les donne lui-même (monologue collectif sans<br />

échange d’idées). Ce peut être le signe d'un fonctionnement égocentrique (Piag<strong>et</strong> 24 parlait<br />

d’égocentrisme intellectuel). On peut aussi l’interpréter comme les prémices d'un langage intériorisé<br />

préparant une activité sociale ultérieure (Vygotsky 25 ).<br />

23 Lire notre polycopié : « Des p<strong>et</strong>its mammifères pour quoi faire ? » dont c<strong>et</strong>te partie est extraite.<br />

24 Jean Piag<strong>et</strong>, <strong>psycho</strong>logue <strong>et</strong> épistémologue suisse, 1896 – 1980.<br />

25 Lev Semenovitch Vygotski, <strong>psycho</strong>logue soviétique, 1896 – 1934.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

127


L'imitation immédiate (en présence du modèle)<br />

est le mode de communication prépondérant<br />

entre pairs durant la 3ème année (Nadel <strong>et</strong><br />

Baudonnière 1980). C’est une forme de dialogue<br />

moteur d’ailleurs non perturbé par la présence de<br />

l’adulte. Ce mode de communication déclinera<br />

ensuite lorsque la communication verbale se<br />

développera.<br />

Ce mode relationnel de l’imitation immédiate<br />

n'est évidemment pas le seul à caractériser c<strong>et</strong><br />

âge : il existe aussi des conflits. L'enfant<br />

s'oppose fermement <strong>et</strong> systématiquement aux<br />

autres : c'est la crise d'opposition. Le " moi " <strong>et</strong> le<br />

" mien " s'opposent alors au " toi " <strong>et</strong> au " tien ".<br />

Les conflits constituent un mode de socialisation.<br />

A noter que l’enfant de 3 ans ne sait pas attendre<br />

son tour.<br />

Le bonhomme-têtard apparaît : un rond<br />

représentant à la fois la tête <strong>et</strong> le tronc avec 2<br />

yeux <strong>et</strong> des membres souvent non rattachés ou<br />

mal rattachés au corps.<br />

On ne demande pas de faire une ronde à des<br />

p<strong>et</strong>ites sections de maternelle en début d’année :<br />

« Difficultés d’ordre <strong>psycho</strong>logique, car il faut<br />

accepter l’autre, supporter d’être ligoté par le<br />

groupe avec impossibilité de s’en échapper,<br />

puisque les deux mains sont prises, prendre une<br />

"attitude ouverte", alors que l’inconfort de la<br />

situation invite à une "attitude fermée".<br />

Difficultés d’ordre moteur, puisqu’il faut<br />

marcher à la vitesse des autres, dans le même<br />

sens, en suivant le même traj<strong>et</strong> <strong>et</strong> en équilibrant<br />

son rôle actif (entraîner le suivant) <strong>et</strong> son rôle<br />

passif (se laisser entraîner par le précédent) ».<br />

Extrait de "l’Ecole avant 6 ans"… un travail d’équipe/.<br />

Edition Bordas.<br />

4 ans :<br />

C’est le début du jeu collectif : il commence à<br />

accepter de partager les choses <strong>et</strong> d'attendre son<br />

tour. Il cherche un copain pour jouer même s'il le<br />

rej<strong>et</strong>te fréquemment. Il essaie ensuite rapidement<br />

de récupérer c<strong>et</strong>te amitié. Il apprend peu à peu à<br />

négocier. Il joue également avec des amis<br />

imaginaires.<br />

Il se sent grand <strong>et</strong> aime aider les plus p<strong>et</strong>its.<br />

La présence ou l'absence de certains organes<br />

(oreilles, bouche, yeux) dénotera :<br />

* ou bien un oubli par manque d'intérêt pour le<br />

dessin ce jour-là,<br />

* ou bien une conscience encore imparfaite de<br />

l'existence ou du rôle de c<strong>et</strong>te fonction,<br />

* ou même parfois une véritable censure en<br />

rapport avec des souffrances, des interdits ou<br />

des croyances. Comment trahir un secr<strong>et</strong> si on<br />

n'a pas de bouche ? Comment être complice de<br />

ce qu'on n'a pu entendre faute d'oreille ? De<br />

même l'hypertrophie d'un de ces organes<br />

montrerait-elle un sur-investissement ou une<br />

préoccupation du moment : une rage de dents<br />

ou une otite m<strong>et</strong>tront en avant, sur le<br />

dessin, les organes douloureux. L'annonce d'un<br />

besoin de port des lun<strong>et</strong>tes renforcera la<br />

présence des yeux.<br />

« Comme dans le cas d'absence de la<br />

représentation d'un organe, il<br />

faut se montrer très prudent quant à toute<br />

interprétation de son hypertrophie ». Le<br />

spécialiste entreprendra « un entr<strong>et</strong>ien avec<br />

l'enfant, qui souvent éclairera le<br />

questionnement de l'observateur ».<br />

Alain NAVARRO Rééducateur en Réseau d'Aides<br />

Spécialisées aux Elèves en difficultés<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

128


En classe de moyenne section peuvent commencer à se m<strong>et</strong>tre en place des proj<strong>et</strong>s collectifs avec<br />

définition de celui-ci, distribution des tâches à accomplir, réalisation, regroupements perm<strong>et</strong>tant de<br />

repérer l’état d’avancement <strong>et</strong> les modifications à apporter <strong>et</strong> bilan final.<br />

Il est possible ainsi de produire un grand tableau de peintures collectives qui prenne en compte les<br />

tracés des autres. En p<strong>et</strong>ite section, dans les mêmes conditions, il s’agissait de peintures parallèles :<br />

Jean faisait une maison, Jacques peut-être aussi mais aucun ne les reliait par un chemin. Cela se<br />

produira au début de la moyenne section puis peu à peu pourra naître un proj<strong>et</strong>.<br />

Dans le coin peinture des moyens, l’enseignante peut disposer des tabliers se boutonnant dans le<br />

dos… afin de m<strong>et</strong>tre en place une aide mutuelle des enfants…<br />

Le bonhomme têtard s’enrichit : une bouche, un nez, un nombril… Nous avons déjà signalé que<br />

l’enfant de moyenne section connaît maintenant les couleurs : il peut donc les préparer pour lui-même<br />

<strong>et</strong> ses camarades.<br />

Notre p<strong>et</strong>it sait s'orienter dans la rue.<br />

5 ans :<br />

A 5 ans l'enfant quitte le groupe de 3 pour un groupe<br />

plus important <strong>et</strong> il participe à des jeux avec beaucoup<br />

d'enfants. Il aime les jeux de gendarmes <strong>et</strong> de voleurs,<br />

cède sa place <strong>et</strong> attend son tour sans se fâcher. Les 1ers<br />

leaders apparaissent.<br />

Votre groupe classe sera enthousiasmé si vous lui<br />

proposez d’inviter la classe voisine des moyens…<br />

Comment procéder pour les inviter ? Combien sont-ils<br />

dans c<strong>et</strong>te classe ? Que va t-on leur offrir ? Comment<br />

va t-on s’installer à deux classes dans une seule ?...<br />

Cela nécessitera peut-être une sortie au marché pour<br />

ach<strong>et</strong>er des fruits…<br />

A 5 ans, l’enfant démontre une préférence pour les<br />

amis du même sexe.<br />

Dessins : vers 5 ans (parfois avant) un second rond<br />

apparaît sous la tête, il représente le tronc. Sa taille peut<br />

être très variable. Les mains possèdent des doigts<br />

(mains-soleil) mais le nombre de ces doigts varie. Ces<br />

« mains-soleil » peuvent parfois survenir dès 4 ans<br />

(voir page précédente). « Les membres s'épaississent <strong>et</strong><br />

se rattachent au tronc. Les proportions s'affinent. Les<br />

Le trait (jaune) sur le dessus de la tête<br />

correspond à des cheveux… pas à un chapeau.<br />

accessoires du vêtement prennent une importance croissante <strong>et</strong> l'on passe du " bonhomme " au "<br />

personnage ". Les sexes sont affirmés par l’habillage l'ornementation <strong>et</strong> le contexte. La présence de<br />

la robe ou du pantalon est le détail le plus signifiant pour déterminer son sexe. La présence de<br />

bijoux, d’un sac, d’une coiffure ou d’un chapeau… peut aussi être utilisée.<br />

… « Souvent, également, le chapeau montre le besoin de se protéger contre ce qui<br />

pourrait lui tomber sur la tête sans que le suj<strong>et</strong> y soit pour quelque chose. L'enfant<br />

traduirait par ce couvre-chef une inquiétude par rapport à un ressenti de menace ».<br />

Alain NAVARRO<br />

Les réalisations de peintures collectives prennent de l’ampleur en grande section de maternelle.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

129


A partir de 6 ans :<br />

Mensonge, vol, fugue :<br />

* On ne parle pas de mensonge chez l’enfant avant 6 ou 7 ans (dénommé parfois « l’âge "de raison" »). Il est<br />

vrai qu’avant 6 ans, l’enfant déforme souvent les faits ou en invente mais ceci n’a pas valeur de mensonge. Il<br />

n’a simplement pas encore une notion claire du vrai <strong>et</strong> du faux, de l’imaginaire <strong>et</strong> du réel... ». Ceci pose le<br />

problème du témoignage des enfants au cours des procès. Voir<br />

http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter2_2.html<br />

« Une autre forme de fabulation est l’invention d’un double, en général du même sexe, le<br />

plus souvent un frère ou une soeur, parfois un ami. L’invention d’un double est fréquente<br />

chez l’enfant de moins de 6 ans, sans trouble <strong>psycho</strong>pathologique notable »… « Chez<br />

l’enfant plus âgé, l’invention d’un double peut signifier un trouble profond »<br />

* On ne parle pas non plus de vol chez l’enfant avant 6-7 ans.<br />

* « La fugue est le fait pour l’enfant de partir sans autorisation <strong>et</strong> sans prévenir du lieu où il<br />

est sensé être, pour déambuler, le plus souvent sans but pendant plusieurs heures, parfois<br />

pendant des journées entières… Il faut attendre 6-7 ans pour parler de fugue. Les<br />

déambulations de l’enfant plus jeune qui s’éloigne de sa mère, sans que celle-ci s’en<br />

aperçoive, n’ont pas la valeur ni l’intentionnalité d’une fugue ».<br />

Service de Pédopsychiatrie du CHU d’Angers.<br />

Principe de l’obligation scolaire :<br />

L’école maternelle est facultative. L'instruction est obligatoire pour tous les enfants français<br />

<strong>et</strong> étrangers à partir de 6 ans <strong>et</strong> ceci jusqu'à l'âge de 16 ans révolus. Les enfants de 6 ans<br />

révolus au 31 décembre de l'année civile en cours doivent se présenter à l'école élémentaire.<br />

Toutefois, il existe une possibilité d'admission pour des enfants plus jeunes qui sont prêts à<br />

recevoir les enseignements de l'école élémentaire. Chaque année, à la rentrée scolaire, le<br />

maire fait connaître à l'inspecteur d'académie, les manquements à l'obligation, d'inscription<br />

dans une école ou un établissement d'enseignement public ou privé (ou de déclaration<br />

d'instruction dans la famille voir suite). Si l'infraction est constituée, les parents d'un<br />

enfant ou les personnes exerçant à son égard l'autorité parentale encourent une peine de 6<br />

mois d'emprisonnement <strong>et</strong> 7 500 EUROS d'amende (en vertu de l'article 227-17-1 du<br />

code pénal). L’école élémentaire comprend les classes suivantes : cours préparatoire (CP), cours élémentaires 1 <strong>et</strong><br />

2 (CE1 <strong>et</strong> CE2), cours moyens 1 <strong>et</strong> 2 (CM1 <strong>et</strong> CM2). Si la famille choisit d'instruire à la maison, elle doit effectuer<br />

au préalable une déclaration au Maire <strong>et</strong> à l'Inspecteur d'académie, renouvelée chaque année. Des contrôles seront<br />

effectués pour s'assurer du niveau d'instruction <strong>et</strong> de l'état de santé de l'enfant.<br />

Le groupe : à partir de 6-7 ans se m<strong>et</strong>tent en place des groupes homogènes de sexe <strong>et</strong> d’âge avec un meneur <strong>et</strong><br />

des suiveurs. Le groupe est une référence source de valorisation <strong>et</strong> d’affirmation de soi.<br />

L’individu : 6 ans, le bonhomme dessiné présente des détails vestimentaires supplémentaires. L'apparition du<br />

« profil » à 6 ans - l’enfant ne se dessine plus comme s’il se reflétait dans un miroir - signe l'aptitude à la<br />

décentration. L’enfant peut aussi se dessiner de dos, de haut ou de loin.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

130


A4) Au plan du langage :<br />

« L’apprentissage du langage est le cœur<br />

des activités à l’Ecole Maternelle »…<br />

« Le plus vite possible l’enfant est mis<br />

en situation de découvrir le conte. Les<br />

grands thèmes de la littérature orale, les<br />

grands mythes sont abordés<br />

régulièrement dès l’âge de 3 ans ». « La<br />

meilleure manière » de prendre<br />

« conscience des réalités sonores de la<br />

langue » est « de lui perm<strong>et</strong>tre de dire ou<br />

de chanter souvent des comptines, des<br />

chansons, des poésies, des jeux de<br />

doigts ». « Dès 3 ou 4 ans, l’enfant<br />

s’intéresse aux différentes écritures qui<br />

l’entourent <strong>et</strong> à la manière dont les mots<br />

écrits expriment le langage ». « La<br />

dictée à l’adulte offre à l’enfant qui ne<br />

sait pas encore écrire la possibilité de<br />

bénéficier de l’aide d’un secrétaire (le<br />

maître) pour construire des messages <strong>et</strong><br />

des textes ». « L’apprentissage d’une<br />

langue vivante commence en Grande<br />

section » 26 .<br />

3 ans : Le contenu informatif est<br />

pauvre, l'argumentation est quasi<br />

inexistante. Il joue à faire semblant. Il y<br />

a interpénétration de l’imaginaire <strong>et</strong> du<br />

réel si bien que l’enfant fabule (=<br />

présente comme réels des faits purement<br />

imaginaires ) <strong>et</strong> produit un mélange de<br />

réalité <strong>et</strong> de fantaisie. Il existe, en<br />

parallèle, de nombreux gestes <strong>et</strong><br />

mimiques. 1000 à 1200 mots.<br />

Comprend "avant", "pendant", "après",<br />

"mainte-nant" ; "lentement",<br />

"rapidement" ; "hier" (passé), "bientôt"<br />

(avenir proche), "demain" (avenir<br />

lointain).<br />

4 ans : 1800 mots. Le pronom personnel<br />

« tu » est acquis. Les pronoms possessifs<br />

sont utilisés. Construit une phrase de<br />

quelques mots exemple : « le chien<br />

mange un os ». Les notions de haut/bas,<br />

grand/p<strong>et</strong>it sont maîtrisées.<br />

Quelques exemples de<br />

situations de langage en maternelle pour<br />

« prendre la parole pour de vrai » :<br />

Apport par l’enseignant(e) ou un enfant d’un obj<strong>et</strong> insolite<br />

« Lecture » par un enfant d’un livre connu à la maîtresse, à un<br />

autre enfant ou à d’autres enfants.<br />

« Mises en scène » avec des marionn<strong>et</strong>tes, théâtre d’ombres<br />

avec figurines<br />

Situations liées à l’action :<br />

– toutes les activités de fabrication <strong>et</strong> d’expérimentation ;<br />

– visites : au marché, au zoo, en forêt, au musée…<br />

– activités motrices <strong>et</strong> rythmiques ;<br />

– activités de lecture/écriture, de mathématiques, jeux de<br />

société.<br />

Images descriptives (scènes, thèmes de la flore <strong>et</strong> de la<br />

faune, du cirque, de la vie quotidienne…)<br />

Supports : imagiers, affiches, photographies, diapositives,<br />

dessins figuratifs…<br />

Dessin, tableau, sculpture d’un artiste, figuratif ou non.<br />

Commentaires, réflexions, interventions<br />

– à partir d’un mot, d’une expression,<br />

– à partir d’une situation hypothétique (ex. : la plus grosse<br />

bêtise, le loup).<br />

Continuer une histoire dont les 1ères étapes sont connues.<br />

Création d’un poème.<br />

Coins de jeux d’imagination (jeu symbolique) : cuisine,<br />

marchand, déguisement…<br />

Bibliothèque de classe, BCD <strong>et</strong> « coin documentation »<br />

Conte, poésie<br />

Entr<strong>et</strong>ien, conversation à propos de la définition, de la mise en<br />

œuvre, de la régulation d’un proj<strong>et</strong> (de classe ou d’école),<br />

Entr<strong>et</strong>iens, conversations lors de tous les moments d’interclasse,<br />

lors du coucher <strong>et</strong> du lever (la sieste)<br />

Surtout en moyenne <strong>et</strong> la grande section<br />

Toutes les sections (pour les p<strong>et</strong>its, plutôt en fin d’année)<br />

Toutes les sections, <strong>et</strong> particulièrement en section de p<strong>et</strong>its<br />

Hélène Ali-Ouanas In Jeux de langage <strong>et</strong> dialogues à l’école<br />

maternelle, sous la direction de Frédéric François, CRDP Midi-<br />

Pyrénées. http://www.cndp.fr/zeprep/oral/art_hao.htm<br />

26<br />

Instructions officielles 2002 : « Le langage au cœur des apprentissages ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

131


Comprend c’est "le matin", "la nuit", "le jour". Début de l’orientation dans la semaine. L’enfant sait<br />

comparer, il dira par exemple que tel trait est plus large que l’autre. Souvent bavard <strong>et</strong> bruyant, il<br />

sait raconter des histoires avec une abondance de personnages imaginaires <strong>et</strong> des situations<br />

invraisemblables qu'il jure avoir vues.<br />

5 ans : 2000 mots. Il sait nommer les couleurs. Les pronoms relatifs <strong>et</strong> les conjonctions<br />

apparaissent. Il conjugue les verbes. Il distingue le matin <strong>et</strong> l’après-midi. Il organise un p<strong>et</strong>it récit à<br />

partir de sa journée vécue ou de photographies. Distingue les saisons <strong>et</strong> leurs caractéristiques (froid,<br />

chaud, vacances).<br />

6 ans : 2500 mots. Il nomme <strong>et</strong> décrit les jours de la semaine. Apprentissage de la lecture <strong>et</strong> de<br />

l’écriture. Il reconnaît sa droite <strong>et</strong> sa gauche. Il connaît son adresse <strong>et</strong> son téléphone.<br />

De 3 à 4 ans De 4 à 5 ans De 5 à 6 ans<br />

Attendus en<br />

production<br />

- Fait des<br />

énoncés<br />

télégraphiques<br />

de 4 mots en<br />

moyenne ( dont<br />

un verbe).<br />

- L'enfant peut<br />

donner son<br />

nom <strong>et</strong><br />

prénom.<br />

- Pose<br />

beaucoup de<br />

questions.<br />

- Utilise des<br />

prépositions<br />

spatiales sur,<br />

dans, sous<br />

(comprises<br />

souvent dès 30<br />

mois).<br />

- Utilise les<br />

pronoms : je,<br />

tu, elle, on,<br />

nous...<br />

- Raconte ce<br />

qu'il a fait.<br />

- Conjugue les<br />

verbes.<br />

- Utilise " être "<br />

<strong>et</strong> " avoir ".<br />

Attendus en<br />

compréhension<br />

- Comprend<br />

les questions<br />

: où ?<br />

pourquoi ?<br />

comment ?<br />

- Utilise <strong>et</strong><br />

comprend les<br />

notions<br />

spatiotemporelles<br />

(<br />

devant /<br />

derrière,<br />

demain / hier,<br />

bientôt).<br />

Attendus en<br />

production<br />

- Parle spontanément.<br />

- phrases de 4 à 5<br />

mots.<br />

- Questionne<br />

sans cesse.<br />

- Joue avec les<br />

mots, en invente.<br />

- Utilise le passé<br />

<strong>et</strong> le futur.<br />

- TOUS LES<br />

SONS sont<br />

acquis (mais il<br />

arrive que ch, j, s<br />

<strong>et</strong> z soient acquis<br />

plus tard).<br />

- Accorde les<br />

noms avec les<br />

adjectifs.<br />

- Peut utiliser le<br />

langage de<br />

l'évocation.<br />

- Adapte son<br />

discours à son<br />

interlocuteur.<br />

Attendus en<br />

compréhension<br />

- Comprend<br />

les questions<br />

: comment,<br />

quand ?<br />

- Utilise les<br />

notions de<br />

nombre, de<br />

différence :<br />

pareil / pas<br />

pareil.<br />

Attendus en<br />

production<br />

- Fait des phrases<br />

complexes (de 6 à<br />

8 mots) avec des<br />

expansions :<br />

alors, <strong>et</strong> puis,<br />

ensuite…<br />

- Conjugue les<br />

verbes<br />

correctement.<br />

- Utilise toutes les<br />

notions de temps<br />

<strong>et</strong> d'espace :<br />

demain, après, au<br />

milieu, le<br />

dernier...<br />

- Raconte de<br />

façon claire <strong>et</strong><br />

ordonnée<br />

- Maîtrise le<br />

tableau articulatoire<br />

ch, j, s <strong>et</strong> z<br />

- Fait preuve<br />

d'une bonne<br />

conscience<br />

phonologique<br />

(rimes, comptage<br />

des syllabes,<br />

suppression des<br />

syllabes).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Attendus<br />

en compréhension<br />

- Comprend<br />

toutes les<br />

consignes<br />

notamment<br />

les relatives<br />

introduites<br />

par " que ".<br />

- S'intéresse<br />

au sens des<br />

mots-<br />

Comprend<br />

les notions<br />

de<br />

"manque",<br />

de "différence".<br />

Rédigé par Mme V. AZZANO médecin scolaire, Mme L. BOISIER Association Avenir Dysphasie, Mme A. BERMOND<br />

Principal Adjoint, S. DALIBARD Association des Parents d'Enfants Dyslexiques, Mme S. DARGENT médecin CDES, M. F.<br />

DEWALLY Psychologue scolaire, M. DUBY Inspecteur d'Education Nationale, M. Ch. GUIGNE médecin conseiller<br />

technique,M. A. KAZMIERCZAK maître G, Mme M. KROSNICKI maître E, Mme D. LAURENT Conseillère d'Orientation<br />

Psychologue, Mme M.O. TALLON médecin scolaire, Mme C. WESTER Conseiller pédagogique. Quelques p<strong>et</strong>its ajouts.<br />

132


B) Troubles articulatoires, r<strong>et</strong>ard de parole,<br />

du r<strong>et</strong>ard de langage aux dysphasies :<br />

Introduction :<br />

Les troubles du langage oral regroupent les troubles articulatoires 27 (l’articulation concerne<br />

l’organisation des sons pris isolément. On dit qu’une personne est atteinte de troubles articulatoires<br />

quand elle est incapable de prononcer un ou plusieurs sons), le bégaiement 4 (trouble du débit avec<br />

blocages <strong>et</strong> répétitions saccadées <strong>et</strong> signes moteurs : tics, crispations… en l’absence d’anomalies<br />

organiques), le r<strong>et</strong>ard 28 de parole (la parole concerne l’organisation, l’enchaînement des sons au<br />

sein des mots), le r<strong>et</strong>ard 5 de langage oral = r<strong>et</strong>ard 5 simple de langage oral (le langage concerne<br />

l’organisation des mots au sein de la phrase, le r<strong>et</strong>ard de langage correspond à une altération de la<br />

structure de la phrase), les dysphasies (r<strong>et</strong>ards de langage oral plus persistants).<br />

B1 : Le r<strong>et</strong>ard de parole<br />

L'enfant prononce bien les phonèmes 29 isolément mais déforme les mots au point que son langage<br />

peut être parfois peu intelligible. Pour être plus précis : le r<strong>et</strong>ard de parole se caractérise par un stock<br />

lexical correct, l’absence d’anomalies syntaxiques, la capacité à produire chaque son isolément mais<br />

souvent le maintien d’un parler bébé au delà de 4-5 ans <strong>et</strong> des altérations de phonèmes dans des<br />

mots reconnus : raccourcis ("feur" pour "fleur") y compris des finales ("voitu" pour "voiture"),<br />

inversions ( "bour<strong>et</strong>te" pour "brou<strong>et</strong>te"), assimilation ("nun<strong>et</strong>te" pour "lun<strong>et</strong>te"), interversion<br />

("pestacle" pour "spectacle", "tacalogue" pour "catalogue" ou "cocholat" pour "chocolat"),<br />

simplification ("papluie" pour "parapluie", "tatine" pour "tartine").<br />

La cause la plus fréquente est une immaturité au niveau des mouvements des joues, de la langue, du<br />

voile du palais <strong>et</strong> une mauvaise coordination avec la respiration. Il existe aussi des r<strong>et</strong>ards de parole<br />

liés à une mauvaise perception des sons <strong>et</strong> ceci sans que l’enfant soit sourd (l’enfant entend "lababo"<br />

au lieu de "lavabo" ou ne différencie pas "pluie" <strong>et</strong> "puis"). Un r<strong>et</strong>ard de parole à 3 ans <strong>et</strong> demi, a<br />

fortiori plus tard, doit donner lieu à un bilan orthophonique.<br />

Le traitement doit perm<strong>et</strong>tre une prise de conscience de la place des sons dans les mots, de leur<br />

succession dans le temps. Les orthophonistes emploient souvent des j<strong>et</strong>ons de couleurs différentes<br />

qui symbolisent les syllabes d’un mot : on joue sur l’ordre, on remplace un j<strong>et</strong>on par un autre, on<br />

cherche la conséquence du r<strong>et</strong>rait d’un j<strong>et</strong>on…<br />

B2 : Le r<strong>et</strong>ard de langage<br />

On parle de r<strong>et</strong>ard de langage lorsque la première phrase apparaît après 3 ans, lorsque la syntaxe<br />

est altérée avec agrammatisme <strong>et</strong> omissions de mots (Exemple : "je vais prendre la brosse " devient<br />

"la brosse moi va prendre"), lorsqu’il n’existe pas de formes déviantes (par ex. "flûte" qui<br />

deviendrait "slufe") <strong>et</strong> lorsque le trouble ne persiste pas après 6 ans.<br />

Un r<strong>et</strong>ard de langage peut s’accompagner d’un r<strong>et</strong>ard de parole lorsque qu’à une syntaxe non<br />

respectée s’associe une déformation des sons dans les mots. Exemple : "j'ai pris la brosse sur la<br />

table" devient non pas " pris la brosse la table moi" mais "pri a bro a tab moi".<br />

27<br />

Lire les polycopiés : « Bégaiements » <strong>et</strong> « Les troubles articulatoires » par J-P Geslin.<br />

28<br />

Le "r<strong>et</strong>ard" sous-entend rattrapage <strong>et</strong> évolution vers la normalisation.<br />

29<br />

Le phonème est la plus p<strong>et</strong>ite unité, dénuée de sens en elle-même, que l’on puisse délimiter dans la chaîne parlée. On<br />

peut aussi dire que c’est un « son » de la chaîne parlée. La phonologie est étude des phonèmes.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

133<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.


B3 : Les dysphasies<br />

« On estime à 7% environ des enfants de 3 ans <strong>et</strong> demi, la fréquence des troubles spécifiques<br />

du développement du langage oral. La grande majorité guérit avant ou autour de 6 ans <strong>et</strong> constitue ce<br />

qui est appelé en France "un r<strong>et</strong>ard de langage". Une plus p<strong>et</strong>ite partie (environ 1% des enfants) ne<br />

guérit pas dans ces délais <strong>et</strong> constitue "les dysphasies de développement" ».<br />

Catherine Billard, Neuropédiatre, Unité de rééducation neuro<strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> motrice de l'enfant Hôpital du Kremlin-Bicêtre<br />

« Les dysphasies de développement se définissent<br />

comme un trouble sévère <strong>et</strong> spécifique du développement du<br />

langage oral (TSDLO). Le trouble du langage oral y est spécifique<br />

car il n’est expliqué ni par une déficience mentale, ni par un<br />

trouble sensoriel (surdité) ou neurologique moteur (Infirmité<br />

motrice cérébrale), ni par un trouble de la communication<br />

(autisme) ou une déprivation sociale ou <strong>psycho</strong>affective. Le<br />

trouble y est sévère car il perdure bien au-delà de 6 ans ».<br />

« La communication de l’enfant (hormis celle passant par le langage oral) est normale avec, en<br />

particulier, souvent une richesse de communication gestuelle. Il n’existe pas de troubles relationnels<br />

massifs. Cependant une hyperkinésie 30 est fréquente, laquelle peut être liée aux difficultés de l’enfant<br />

<strong>et</strong> de ses parents devant ce trouble de l’expression <strong>et</strong> la souffrance liée à l’échec qui en résulte ».<br />

Catherine Billard, Neuropédiatre.<br />

« La dysphasie se définit par l’existence d'un déficit durable des<br />

performances verbales, significatif en regard des normes établies<br />

pour l'âge. C<strong>et</strong>te condition n'est pas liée à un déficit auditif, à une<br />

malformation des organes phonatoires, à une insuffisance<br />

intellectuelle, à une lésion cérébrale acquise au cours de l'enfance, à<br />

un trouble envahissant du développement, à une carence grave<br />

affective ou éducative » (Gérard).<br />

« Ce n'est pas de l'autisme sous une forme atténuée. Un enfant<br />

dysphasique ne refuse pas le contact, il a des difficultés à<br />

s'exprimer par le langage mais recherche quand même le contact <strong>et</strong><br />

souffre de ne pouvoir s'exprimer correctement. D'où souvent des<br />

problèmes <strong>psycho</strong>logiques ».<br />

« Ce n'est pas un r<strong>et</strong>ard intellectuel, les enfants dysphasiques ont<br />

des fonctions intellectuelles tout à fait normales, un QI comparable à celui des autres enfants de<br />

leur âge, pour peu que l'examinateur utilise des tests ne faisant pas appel au langage ».<br />

Philippe MICHEL Médecin <strong>et</strong> père d'un enfant dysphasique.<br />

« La dysphasie est une anomalie du développement du langage en lien avec un dysfonctionnement des<br />

structures cérébrales spécifiquement mises en jeu lors du traitement de l'information langagière».<br />

Mazeau<br />

La dysphasie se manifeste comme un trouble sévère par un r<strong>et</strong>ard de langage <strong>et</strong><br />

des altérations déviantes des composantes phonologiques (sons des mots),<br />

syntaxiques (structure des phrases), sémantiques (sens donné aux mots <strong>et</strong> aux<br />

phrases) ou pragmatiques (utilisation du langage selon le contexte).<br />

http://www.ais.edres74.ac<br />

Groupe départemental de pilotage sur les troubles du langage, septembre 2003.<br />

30<br />

Hyperkinésie = instabilité <strong>psycho</strong>motrice.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

« La survenue de difficultés<br />

d’apprentissage du langage écrit<br />

(dyslexie de développement) est<br />

rare dans l’évolution d’un r<strong>et</strong>ard<br />

de langage (environ 10 %) mais<br />

est beaucoup plus fréquente<br />

dans les dysphasies (quasi 90%<br />

des cas) ».<br />

Logo québécois de la dysphasie.<br />

134


En fait, il n’existe pas une dysphasie mais des dysphasies. « Les auteurs s’entendent pour différencier<br />

les dysphasies d’expression, de loin les plus fréquentes, où le trouble du langage touche avant tout<br />

le versant expressif du langage, <strong>et</strong> les dysphasies réceptives, rares voire très rares, mais plus<br />

graves… Le sens de « dysphasies réceptives » varie selon les auteurs : pour certains, elles<br />

n’affectent que le versant réceptif (Fortin) alors que pour d’autres elles touchent « à la fois le versant<br />

expressif <strong>et</strong> réceptif » (Catherine Billard) ce qui les fait nommer parfois "dysphasies mixtes" (Fortin).<br />

2 grands types de dysphasies d’expression :<br />

* Le syndrome de trouble de la programmation phonologique :<br />

Le débit est normal mais la prononciation des sons est si déformée<br />

que le langage oral devient inintelligible<br />

* La dysphasie lexico-sémantique :<br />

Il y a répétition sans difficulté de mots <strong>et</strong> de phrases. Le langage<br />

spontané est correct mais il existe des difficultés à élaborer un récit<br />

sur demande, à commenter les propos de l’interlocuteur ou des images<br />

présentées. « Souvent le mot adéquat semble… manquer ».<br />

2 grands types de dysphasies mixtes :<br />

* "l’agnosie verbale" = incapacité à reconnaître les sons<br />

du langage malgré une audition normale : « Du point de vue clinique, les enfants se comportent<br />

comme des enfants sourds. Lors des tests d’audiométrie… ils prétendent ne pas percevoir certains<br />

sons. Pourtant la réalisation de potentiels évoqués auditifs montre un fonctionnement électrique<br />

normal du nerf auditif <strong>et</strong> des aires concernées du cortex cérébral. Ces enfants… ne parlent pas du tout<br />

ou très peu. Généralement des stratégies de compensation existent : communication à l’aide<br />

d’onomatopées, de mimiques ou d’une gestuelle particulière. D’autres enfants peuvent adopter une<br />

attitude de repli qui évoque fortement un syndrome autistique, ce qui peut perturber le diagnostic ».<br />

* "dysphasie phonologico-syntaxique" (la + fréquente).<br />

« Le langage des enfants est très pauvre, le vocabulaire<br />

restreint <strong>et</strong> surtout caractérisé par la non-utilisation des mots<br />

de fonction, des articles <strong>et</strong> des propositions. En outre, lors de<br />

la prononciation d’un mot, ces enfants oublient souvent une<br />

ou plusieurs l<strong>et</strong>tres ».<br />

« A la différence de l’agnosie verbale, la non compréhension<br />

des mots… porte sur un domaine particulier du langage » (par<br />

exemple des substantifs ou des adjectifs).<br />

J-B Gouyon : Science <strong>et</strong> vie n° spécial : "Du langage aux langues". Juin 2004.<br />

Dysphasies réceptives pures (ce que l’enfant comprend)<br />

dites parfois « dysphasies inclassables » :<br />

Dans le déficit sémantique-pragmatique on n’observe<br />

aucun trouble de la production du langage (l’articulation est<br />

en particulier bonne) mais il existe un trouble manifeste de la<br />

compréhension. L’enfant comprend mal les mots, les<br />

situations <strong>et</strong> les tâches.<br />

Ce sont des enfants pourvus d’une bonne mémoire <strong>et</strong> qui<br />

r<strong>et</strong>iennent des phrases toutes faites mais qu’ils n’analysent<br />

pas correctement. Ils utilisent ces phrases textuellement, de<br />

façon rigide <strong>et</strong> figée, comme s’il s’agissait de mots.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Logo Copyright Jean-Marc Elzingre <strong>et</strong><br />

dysphasie.ch. Suisse dysphasie.<br />

Schémas : Bouchard <strong>et</strong> al, Aq<strong>et</strong>a 2002)<br />

135


Le diagnostic de trouble du langage oral ne peut<br />

pas être porté avant 3 ans. La clef de la réussite<br />

d’un traitement reste néanmoins le dépistage<br />

précoce. « Et à c<strong>et</strong> égard, la classe de grande section<br />

de maternelle est un lieu privilégié. D’autant plus<br />

qu’il est capital de corriger ces troubles avant<br />

l’entrée en cours préparatoire… ». Jean-Baptiste Gouyon<br />

(2004).<br />

- Le repérage incombe aux enseignants qui se<br />

doivent d'identifier au sein du groupe classe, les<br />

enfants en difficulté de langage.<br />

- Le dépistage systématique revient aux<br />

services médicaux (de PMI pour les enfants de<br />

3 - 4 ans, de santé scolaire dès 5 ans),<br />

Remarque : La dyslexie se définit<br />

comme la difficulté durable<br />

d'apprentissage de la lecture (mais<br />

aussi de l’écriture <strong>et</strong> de l’orthographe)<br />

<strong>et</strong> d'acquisition de son automatisme<br />

chez un enfant normalement intelligent,<br />

indemne de troubles sensoriels ou<br />

<strong>psycho</strong>logiques. Il faut distinguer<br />

enfants dyslexiques <strong>et</strong> enfants mauvais<br />

lecteurs/mauvais orthographieurs.<br />

Nous n’aborderons pas ici ce suj<strong>et</strong>…<br />

lire notre polycopié spécialisé « La<br />

dyslexie » (65 pages).<br />

dépistage qui repose sur une formation spécifique <strong>et</strong> l'utilisation d'outils validés <strong>et</strong><br />

étalonnés pour identifier les enfants en difficultés langagières.<br />

- Le diagnostic est une démarche pluridisciplinaire (au minimum un orthophoniste, un<br />

médecin <strong>et</strong> un <strong>psycho</strong>logue) comprenant un bilan de langage, un examen médical <strong>et</strong> un<br />

examen <strong>psycho</strong>logique.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

136


C) C) L’ENFANT L’ENFANT L’ENFANT PEUT PEUT-IL PEUT IL IL FAIRE ABSTRACTION DE CE QU’IL SAIT SAIT AFIN<br />

S ‘IMAGINER LES REACTI REACTIONS REACTI<br />

ONS D’UNE D’UNE AUTRE AUTRE PERS PERSONNE PERS ONNE ?<br />

Nous avons en IIIA présenté la pensée égocentrique : attitude spontanée qui enferme l’enfant<br />

dans son propre point de vue avec une incapacité à prendre en compte celui d’autrui <strong>et</strong> considérée<br />

comme perdurant jusqu’à 4 ans. Travaillons plus avant à ce suj<strong>et</strong> :<br />

1) Dans quel placard Maxi va t-il trouver le chocolat ? (épreuve dite de<br />

« l’inférence des fausses croyances »).<br />

On présente à un enfant :<br />

* 2 poupées : l’une représente le p<strong>et</strong>it garçon "Maxi " <strong>et</strong> l’autre sa maman.<br />

* 2 boîtes : l’une bleue <strong>et</strong> l’autre rouge symbolisant 2 placards d’une cuisine.<br />

* Un morceau de plastique dont on dit qu’il représente une tabl<strong>et</strong>te de<br />

chocolat.<br />

L’adulte raconte <strong>et</strong> mime la scène suivante :<br />

« Maxi <strong>et</strong> sa maman revienne de faire les course <strong>et</strong> les rangent dans la<br />

cuisine. Maxi place le chocolat dans le placard bleu puis sort de la pièce<br />

pour aller jouer dehors. Lorsqu’il est parti, la maman de Maxi utilise une<br />

partie du chocolat pour faire un gâteau <strong>et</strong> range le reste dans le placard<br />

rouge. Maxi revient, il a faim <strong>et</strong> veut manger du chocolat ».<br />

Question : « Montre moi où Maxi va aller chercher le chocolat : dans le placard bleu ou dans<br />

le placard rouge ? »<br />

Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />

Jusqu’à 5 ans environ, les enfants désignent le lieu final (placard rouge) en se référant à la réalité<br />

mais sans considération que Maxi n’a pas été témoin du déplacement.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Remarque :<br />

l’inférence est<br />

une opération<br />

intellectuelle<br />

par laquelle on<br />

passe d'une<br />

vérité à une<br />

autre vérité,<br />

jugée telle en<br />

raison de son<br />

lien avec la<br />

première .<br />

137


En revanche, les enfants de 5 à 6 ans désignent invariablement le placard bleu.<br />

Conclusion : les enfants de moins de 5 ans ne peuvent pas concevoir qu’autrui<br />

puisse avoir une croyance ou une représentation qui diffère de la réalité (ou de<br />

ce qu’ils en connaissent ou de ce qu’ils croient eux-mêmes).<br />

2) Smarties ou stylo ? (autre épreuve dite de « l’inférence des fausses<br />

croyances »).<br />

Le fait d’utiliser un scénario moins complexe <strong>et</strong> d’avoir montré à l’enfant que sa propre<br />

représentation est erronée l’aide t-il à prendre en compte celle des autres ?<br />

L’enfant de moins de 5 ans dit que son partenaire va croire que la boîte de Smarties contient<br />

un stylo.<br />

Conclusion : les enfants de moins de 5 ans ne comprennent pas que 2 personnes, eux-mêmes <strong>et</strong><br />

autrui, puissent avoir des représentations différentes de la réalité<br />

L’enfant réalise t-il que sa propre représentation initiale a changé ?<br />

On poursuit l’expérience en demandant à l’enfant ce qu’il croyait que la boîte contenait avant<br />

qu’elle soit ouverte <strong>et</strong> que son contenu réel lui soit présenté...<br />

Il répond « un stylo ! »…<br />

Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />

Difficulté de compréhension ou impossibilité de se référer à sa propre fausse représentation ?<br />

L’enfant de moins de 5 ans ne peut concevoir qu’un même état du monde puisse faire l’obj<strong>et</strong> de<br />

représentations mentales diverses.<br />

Les diverses tentatives de simplification des scénarios <strong>et</strong> des consignes, le fait de faire jouer à l’enfant<br />

un rôle actif n’ont rien changé au résultat.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

138


D) D) L’ENFANT L’ENFANT PEUT PEUT-IL PEUT IL CONCEVOIR QU’IL EEXISTE<br />

E<br />

XISTE PLUSIEURS<br />

REPRESENTATIONS REPRESENTATIONS D’UN D’UN D’UN MEME OBJET ?<br />

III D1) L’épreuve dite de « coordination des points de vue » :<br />

Un adulte <strong>et</strong> un<br />

enfant de 3 ou<br />

4 ans sont<br />

assis face à<br />

face <strong>et</strong> séparés<br />

par une table<br />

sur laquelle<br />

repose une<br />

image. L’un la<br />

voit donc à<br />

l’endroit <strong>et</strong><br />

l’autre à<br />

l’envers.<br />

L’enfant de<br />

moins de 5 ans<br />

peut préciser<br />

sans aucune<br />

difficulté s’il voit<br />

l’image à<br />

l’endroit ou à<br />

l’envers.<br />

S’il la voit à<br />

l’endroit, il en<br />

déduit que son<br />

partenaire la voit<br />

aussi à l’endroit !<br />

L’échec est<br />

systématique.<br />

… A relier également avec l’égocentrisme enfantin…<br />

Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />

A partir de 5 ans, soumis à la même question, dans les mêmes conditions, il déduit que si lui la<br />

voit à l’endroit, l’adulte la voit alors à l’envers.<br />

A noter que c<strong>et</strong>te expérience est réussie un peu plus tôt que celles qui précèdent <strong>et</strong> que celle<br />

qui suit…<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

139


III D2) Distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité :<br />

On montre à un enfant âgé de 3 ou 4 ans un obj<strong>et</strong> trompeur : par exemple un livre dont il découvre, en le<br />

manipulant, qu’il s’agit en fait d’une boîte.<br />

Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />

Les enfants de 3 ou 4 ans échouent quasi systématiquement dans la distinction de<br />

l’apparence <strong>et</strong> de la réalité. Les enfants de 5 ans <strong>et</strong> plus, eux, y parviennent.<br />

Remarque personnelle :…Mais … en IIIC2 l’enfant a pourtant admis que la<br />

boîte de Smarties contenait un stylo… alors que l’apparence était pourtant<br />

trompeuse… pourquoi n’adm<strong>et</strong>-il pas que le livre est en fait une boîte ? Rapport<br />

avec le fait que la motivation est plus forte <strong>et</strong> donc que la mémorisation<br />

s’effectue mieux lorsqu’il y a référence à une gourmandise ?<br />

Evolution de l’enfant :<br />

Pour 75 % des enfants la réussite se fait selon l’ordre D1 (coordination des points de vue), D2<br />

(distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité), B (inférence de fausses croyances).<br />

Pour 25 % des enfants la réussite se fait selon l’ordre D1 (coordination des points de vue), A<br />

(inférence de fausses croyances), D2 (distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

140


E) E) le le STADE STADE DE DE LA LA PENSEE PREOPERATOIRE<br />

PREOPERATOIRE (2 (2 A A 7 7 ANS) ANS) :<br />

Jean Piag<strong>et</strong> (1896-1980)<br />

Frapper est un des schèmes<br />

préféré employé par des<br />

bébés pour explorer leur<br />

environnement proche<br />

Nous avons, dans le IIC, consacré au développement intellectuel de<br />

l’enfant de 0 à 3 ans, les 1ers stades selon Jean Piag<strong>et</strong>. Sa théorie<br />

constructiviste présente en eff<strong>et</strong> l’accession aux formes les plus<br />

élaborées de la pensée comme une succession de stades. L'ordre de<br />

succession des stades est constant Chacun de ces stades est marqué<br />

par un palier d’équilibre atteint au terme d’un échange dynamique<br />

entre l’enfant <strong>et</strong> son milieu. Tout stade constitue à la fois un niveau<br />

d'achèvement <strong>et</strong> un stade de préparation<br />

C’est donc une théorie interactionniste, elle fait appel à 2 concepts<br />

empruntés à la biologie : l’accommodation <strong>et</strong> l’assimilation :<br />

l’enfant évolue afin de s’ajuster aux facteurs extérieurs (c’est<br />

l’accommodation 31 ), ou au contraire les incorpore dans ses schèmes<br />

intérieurs ( c’est l’assimilation 32 ).<br />

L'assimilation se produit quand<br />

ils incorporent des nouveaux<br />

obj<strong>et</strong>s au schème.<br />

Dessins provenant de www.abacon.com/ slavin/t5.html.<br />

Pour mémoire (voir pages 91 à 94) : le stade de l'intelligence sensori- motrice<br />

Il se développe de 0 à 18 mois-2ans. C'est une intelligence sans pensée, uniquement pratique, qui se<br />

développe grâce à l'expérience concrète. Se succédaient des actions réflexes (de la naissance à 1 mois),<br />

des actions découvertes par hasard sur le corps (réactions circulaires primaires de 1 à 4,5 mois) puis sur<br />

les obj<strong>et</strong>s (réactions circulaires secondaires de 4,5 à 8,5 mois ), actions intentionnelles de 8,5 mois à 18<br />

mois. 18 mois - 2 ans constitue une phase de transition avec l’étape suivante : l’enfant commence à<br />

parler <strong>et</strong> à mentaliser ses inventions. Il passe d’une intelligence sans langage, sans représentations, à<br />

une intelligence représentative.<br />

Les schèmes sont des structures mentales inconscientes destinées à traiter l’information. Ils sont stockés dans la mémoire<br />

à long terme <strong>et</strong> fonctionnent automatiquement. Voir aussi page 92.<br />

31 L’accommodation est un processus intervenant dans le traitement de l’information qui perm<strong>et</strong> de modifier le schème,<br />

afin d’introduire une nouvelle donnée de l’expérience. C’est le processus inverse de l’assimilation.<br />

32 Au plan biologique, assimiler, c’est transformer en sa propre substance... Quand le lapin assimile l’herbe, il la<br />

transforme en lapin. L’assimilation est un processus intervenant dans le traitement de l’information qui perm<strong>et</strong> de<br />

modifier les informations extérieures, afin de les faire entrer dans un schème.<br />

L’accommodation se produit<br />

quand le nouvel obj<strong>et</strong> ne s’adapte<br />

pas au schème existant<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

141


La phase préopératoire qui peut, selon Piag<strong>et</strong>, être subdivisée en stade<br />

préconceptuel (2-4 ans) <strong>et</strong> stade intuitif (4-7 ans).<br />

Stade préconceptuel de 2 à 4 ans :<br />

La période préopératoire commence avec l’apparition de « la<br />

représentation symbolique » qui consiste à élaborer « en<br />

pensée » des images à partir des obj<strong>et</strong>s du monde réel non<br />

immédiatement présents à la vue, à l’odorat, au toucher, au<br />

goût ou à l’ouie. L'enfant n'agit plus par tâtonnements<br />

successifs mais réfléchit avant d'agir : l'intelligence symbolique<br />

est une intelligence avec pensée. L’enfant traduit ses pensées<br />

dans des formes pouvant être communiquées à autrui. Des<br />

signifiants : symboles <strong>et</strong> signes sont utilisés pour représenter<br />

des signifiés (des obj<strong>et</strong>s, des lieux, des situations).<br />

La fonction symbolique se manifeste par :<br />

L'imitation différée : l’imitation correspond à la répétition<br />

<strong>et</strong> à la reproduction de certaines attitudes d'autrui. Ici<br />

« différée », elle se produit en l'absence du modèle reproduit.<br />

En différant l'imitation l'enfant se distingue plus n<strong>et</strong>tement de<br />

l'autre qu'il imite… (voir aussi ci-contre travaux de Wallon).<br />

Le " jeu symbolique " = jeux de simulacre = jeux de fairesemblant<br />

= jeux de fiction. L'imitation n'est plus seulement<br />

différée mais intériorisée. Elle perm<strong>et</strong> de revivre certains<br />

évènements, au lieu de se contenter d'une évocation mentale.<br />

Elle concerne souvent en particulier des conflits affectifs. Le<br />

jeu symbolique perm<strong>et</strong> de reproduire des p<strong>et</strong>its drames vécus<br />

par exemple dans un jeu de poupée <strong>et</strong> de parvenir à une<br />

solution plus heureuse.<br />

Le langage (qui véhicule sa pensée)<br />

Le dessin (réaliste d’intention qui perm<strong>et</strong> de tracer ses<br />

images mentales mais aussi dessin interprété, l'enfant<br />

attribuant après-coup une signification à ses gribouillis).<br />

Le stade intuitif de 4 à 7 ans :<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

WALLON Henri (1879 -<br />

1962), agrégé de philosophie,<br />

docteur en médecine, définit<br />

un « stade du<br />

personnalisme » qui s’étend<br />

durant toute la maternelle, de<br />

3 à 6 ans.<br />

Pour Henri Wallon, durant<br />

c<strong>et</strong>te période, l'imitation est<br />

à visée plus affective <strong>et</strong><br />

sociale qu'intellectuelle :<br />

« elle instaure un jeu<br />

d'identification de ce qui est<br />

pareil <strong>et</strong> différent entre soi <strong>et</strong><br />

autrui. Au cours des<br />

échanges, l'alternance du<br />

besoin d'imiter <strong>et</strong> de se<br />

différencier explique toute la<br />

richesse des comportements<br />

de participation <strong>et</strong><br />

d'opposition ».<br />

Dictionnaire de Pédagogie chez Bordas<br />

La sériation chronologique <strong>et</strong> la sériation en taille par<br />

tâtonnement sont effectuées entre 4 <strong>et</strong> 5 ans. Un enfant de 5 ans<br />

peut classer des billes suivant leurs tailles ou leurs couleurs, mais<br />

il n’est pas capable de classer les idées. Ces structures acquises<br />

ne concernent donc que les obj<strong>et</strong>s concr<strong>et</strong>s, les idées nécessitant<br />

des représentations plus complexes.<br />

Afin de préciser ce que Piag<strong>et</strong> nomme « la pensée<br />

intuitive » nous présenterons 3 épreuves qu’il a fait réaliser à des enfants : l’épreuve des j<strong>et</strong>ons,<br />

l’épreuve des boul<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> boudins de pâte à modeler <strong>et</strong> l’épreuve du transvasement...<br />

142


Epreuve des j<strong>et</strong>ons <strong>et</strong> non –conservation des quantités discontinues :<br />

Si l’on place devant un enfant de 5 à 6 ans, 2 rangées de 6 à 8<br />

j<strong>et</strong>ons qui sont en correspondance terme à terme 33 , l’enfant<br />

adm<strong>et</strong> l’égalité numérique des 2 rangées.<br />

Il peut même constituer (toujours à 5-6 ans 34 ) lui-même une 2 ème rangée de j<strong>et</strong>ons<br />

bleus, par correspondance terme à terme avec les j<strong>et</strong>ons rouges, si on lui demande de<br />

m<strong>et</strong>tre « autant » ou « la même chose ». C’est une stratégie de comparaison des<br />

quantités 35 .<br />

Si on modifie les correspondances de telle façon que l’une des<br />

lignes soit plus longue que l’autre, l’enfant pense que les<br />

quantités ont changé.<br />

La ligne la plus longue est considérée comme contenant plus d’obj<strong>et</strong>s. Il suffit que l'expérimentateur<br />

éloigne le dernier j<strong>et</strong>on de sa rangée pour que l'enfant ajoute un (ou plusieurs) j<strong>et</strong>on(s) bleus(s) à sa<br />

propre rangée. Ceci prouve que l’enfant n’a pas encore acquis la conservation des quantités.<br />

Conclusion provisoire : pour le jeune enfant de moins de 7 ans,<br />

la correspondance terme à terme ne suffit pas pour entraîner<br />

l'équivalence durable des collections, du moins lorsque la<br />

configuration perceptive globale est modifiée. L'enfant à ce niveau<br />

ne fonde donc ses jugements quantitatifs (correspondance<br />

numérique) que sur la perception qualitative de l'ensemble de la<br />

collection (similitude ou différence topographique) <strong>et</strong> non sur ses<br />

éléments constitutifs.<br />

Il faudra attendre le stade dit opératoire, entre 7 <strong>et</strong> 8 ans, pour que<br />

l'enfant adm<strong>et</strong>tre que l'égalité est conservée même après<br />

l'éloignement du dernier j<strong>et</strong>on (<strong>et</strong> ceci quelle que soit par ailleurs<br />

la configuration adoptée pour la 1ère rangée).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

Vous allez voir page<br />

suivante que<br />

j’comprends bien plus<br />

vite si on sait me<br />

motiver…<br />

33 Correspondance terme à terme :<br />

Du point de vue des mathématiques, la correspondance terme à terme est liée à la notion de<br />

bijection. On appelle bijection d’un ensemble A vers un ensemble B, une relation qui à tout élément<br />

de A associe un <strong>et</strong> un seul élément de B, <strong>et</strong> telle que tout élément de B est l’image d’un <strong>et</strong> d’un seul<br />

élément de A.<br />

La mise en correspondance terme à terme est un outil de comparaison de collections. Elle suppose<br />

initialement la mise en correspondance manipulée ou représentée de chaque élément d’une<br />

collection avec un élément <strong>et</strong> un seul de l’autre collection <strong>et</strong> ceci de manière exhaustive pour l’une<br />

des deux collections au moins.<br />

Dans le cas particulier où, après avoir appliqué c<strong>et</strong>te procédure, il s’avère que chaque élément de la<br />

première collection est en correspondance avec un élément <strong>et</strong> un seul de la première, <strong>et</strong> par là<br />

même que chaque élément de la seconde est en correspondance avec un élément <strong>et</strong> un seul de la<br />

première, les deux collections ont le même nombre d’éléments (sont équipotentes ou ont le même<br />

cardinal). M. Fenichel, juin 2000.<br />

34 Entre 4 <strong>et</strong> 5 ans environ, l'enfant élabore, en serrant plus ou moins les j<strong>et</strong>ons, une rangée de<br />

même longueur mais sans que la densité soit nécessairement la même que celle de la rangée<br />

modèle. Piag<strong>et</strong> parle d’intuition simple, l’opposant à l’intuition articulée de l’enfant de 5-6 ans.<br />

35 En classe, on peut m<strong>et</strong>tre en commun, les différentes stratégies inventées par les enfants pour<br />

comparer les quantités. Certains élèves tracent « des ficelles » pour aller d’un terme à l’autre.<br />

143


… Pourtant en 1967 Melher <strong>et</strong> Bever ont remis en cause c<strong>et</strong>te idée grâce à<br />

une expérience analogue mais où c<strong>et</strong>te fois les billes sont remplacées<br />

par… des bonbons.<br />

En 1974, Mc Garrigle <strong>et</strong> Donalson ont pu montrer que les enfants de 3 ans<br />

adm<strong>et</strong>tent l'égalité de deux rangées de j<strong>et</strong>ons malgré la modification faite<br />

sur la longueur de l'une d'entre elles. Ils ont situé le problème dans un<br />

cadre ludique : "un vilain ours" qui aime faire des bêtises comme celle<br />

d'allonger une des 2 rangées de j<strong>et</strong>ons…<br />

Le changement de contexte via la nourriture ou l'aspect ludique<br />

pourrait donc modifier les résultats… du rôle de la pédagogie…<br />

Proposition pour un mémoire de professeur des écoles 2 ème année : placer<br />

les j<strong>et</strong>ons dans 2 p<strong>et</strong>ites boîtes fermées, allongées <strong>et</strong> transparentes. Faire secouer par l’enfant la<br />

2 ème boîte pour perdre la correspondance terme à terme… me communiquer les résultats en<br />

fonction de l’âge.<br />

Epreuve des boul<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> boudins de pâte à modeler...<br />

<strong>et</strong> non-conservation des volumes (quantités continues) :<br />

Dessins provenant de www.abacon.com/ slavin/t5.html.<br />

L’expérimentateur présente à un enfant, deux boul<strong>et</strong>tes de pâte à modeler égales.<br />

L’enfant confirme qu’elles contiennent la même quantité de pâte. L’adulte en déforme l’une<br />

des 2, la roulant pour constituer une forme en "saucisse". C<strong>et</strong>te opération est effectuée<br />

devant l’enfant. L’adulte interroge ensuite l’enfant, lui demandant si la boule <strong>et</strong> la saucisse<br />

contiennent la même quantité de pâte à modeler. L'enfant ne voit plus l'égalité de poids ou de<br />

volume.<br />

Il ne faut pas confondre réversibilité avec renversabilité.<br />

La renversabilité est une notion appartenant à la période<br />

intuitive. « L'enfant de ce stade développemental n'a pas encore<br />

acquis la conservation de la quantité… Néanmoins, il sait<br />

intuitivement que si l'obj<strong>et</strong> transformé revient à sa forme initiale,<br />

il aura la même quantité qu'avant la transformation. Si l'on<br />

reprend l'exemple précédent, l'enfant pensera que le saucisson est<br />

plus grand car il est plus long soit qu'il est plus p<strong>et</strong>it car il est<br />

plus étroit. Donc selon lui les quantités auront changé.<br />

Cependant, l'enfant saura que si l'on rem<strong>et</strong> le saucisson dans sa<br />

forme initiale, les deux boules auront à nouveau la même quantité ».<br />

Renversabilité : extrait de http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/0001/bin66/textes/revc.htm<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

144


Récipients, contenus <strong>et</strong> non-conservation des volumes (quantités continues) :<br />

http://www.abacon.com/slavin/t8.html<br />

Présentons<br />

d’abord à des enfants de différents âges (5 <strong>et</strong> 7 ans) deux récipients A <strong>et</strong> B cylindriques de hauteur<br />

<strong>et</strong> de largeur identiques qui contiennent la même quantité d'eau. Demandons leur de comparer le<br />

niveau de liquide dans les 2 récipients : ils conviennent sans difficulté qu’ils renferment la même<br />

quantité d’eau.<br />

Dans un second temps trans-vasons (en présence de l’enfant) le contenu d'un des récipients (B par<br />

exemple) dans un autre C plus haut <strong>et</strong> plus étroit (ou dans un récipient D moins haut <strong>et</strong> plus large).<br />

Demandons à l’enfant d'observer <strong>et</strong> de décrire ce qui se passe.<br />

* Pour les enfants de 4 à 6 ans, la réponse typique<br />

est : « Il y en a plus dans le grand » (<strong>et</strong> moins dans<br />

le p<strong>et</strong>it) comme si le liquide augmentait en C (<strong>et</strong><br />

diminuait en D) en quantité. Ils considèrent que le<br />

récipient ou le liquide monte le plus haut contient<br />

davantage de liquide. Ces enfants refusent donc<br />

l’idée d’une conservation de la quantité.<br />

Seuls les enfants de 7 ans <strong>et</strong> plus adm<strong>et</strong>tent l'égalité<br />

malgré la distorsion perceptive.<br />

* Les suj<strong>et</strong>s jeunes paraissent ne raisonner que sur<br />

les états ou configurations en négligeant les transformations : l'eau en C est plus haute qu'en A ou B,<br />

donc elle a augmenté en quantité, indépendamment du fait que c'est la même eau qu'on a<br />

simplement transvasée. A c<strong>et</strong> âge l'enfant est dépendant de sa perception (hauteur de l'eau) <strong>et</strong> ne<br />

peut prendre en compte la dimension du contenant qui change.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

145


* Au contraire l'enfant de plus de 7 ans dira : " C’est pareil parce que c'est la même eau ", " on n'a<br />

rien enlevé ni ajouté " (identités simples ou additives) ; " on peut rem<strong>et</strong>tre (B en A) comme c'était<br />

avant " (réversibilité par inversion) ou " c'est plus haut mais c'est plus mince, alors ça fait autant "<br />

(compensation ou réversibilité par réciprocité des relations).<br />

Conclusion : au stade de la pensée intuitive il y a concentration de l’enfant sur l’apparence des<br />

choses <strong>et</strong> absence de raisonnement logique.<br />

- 1ère caractéristique de la pensée intuitive : « la centration ».<br />

Les enfants concentrent leur perception sur un aspect apparent d’une transformation <strong>et</strong> négligent<br />

ainsi l’importance des autres états de la matière. Ils sont incapables de considérer simultanément la<br />

grandeur <strong>et</strong> le volume ; ils sont plus préoccupés par des états que par des changements.<br />

- 2 ème caractéristique de la pensée intuitive : « le statisme ».<br />

Ils ne comprennent pas la signification des états transitoires d’un phénomène ; ils sont surtout<br />

attentifs au début <strong>et</strong> à la fin d’un processus.<br />

- 3 ème caractéristique de la pensée intuitive : « l’irréversibilité ».<br />

Les enfants ne comprennent pas l’idée qu’une opération est réversible.<br />

http://pedagogie.ac-martinique.fr/ien/mrouge/peda/animation/anima99/raptheo.htm<br />

Au niveau Préopératoire, l'enfant n'est pas<br />

capable de comprendre que la quantité de matière<br />

ou le poids... d'un obj<strong>et</strong> ne changent pas lorsque<br />

c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> subit certaines modifications qu’il<br />

s’agisse de topographiques (ex. l'épreuve des<br />

j<strong>et</strong>ons) ou physiques (ex : épreuve des boul<strong>et</strong>tes<br />

de pâte à modeler). C'est seulement à partir du<br />

stade des « Opérations concrètes » que l'enfant<br />

acquiert la logique qui lui perm<strong>et</strong> d'adm<strong>et</strong>tre la<br />

conservation.<br />

Caractéristiques du stade intuitif :<br />

L’enfant de c<strong>et</strong> âge ne peut se détacher de son point de vue.<br />

Sa pensée est magique, sans avant ni après. Une classe<br />

d'obj<strong>et</strong>s n'est pas comprise comme une multiplicité<br />

d'éléments distincts (Cf. l’expérience des j<strong>et</strong>ons) mais<br />

envisagée dans son ensemble, de façon globale. Il croit<br />

qu'un obj<strong>et</strong> qui a changé de forme a changé aussi de<br />

quantité, de matière, de poids.<br />

L’enfant peut se représenter des perceptions <strong>et</strong> des actions<br />

Un seul point de vue : le mien…<br />

mais il est incapable de les coordonner par les opérations<br />

logiques définies dans le stade suivant.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

146


F) Pour compléter … Le stade des opérations concrètes <strong>et</strong><br />

La construction du nombre + le stade des opérations<br />

formelleS :<br />

Le stade préopératoire sera suivit du stade des opérations concrètes puis du<br />

stade des opérations formelles se déroulant tous les 2 au delà de 7 ans. Nous les<br />

présenterons néanmoins rapidement afin de nous donner un prétexte pour<br />

aborder la construction du nombre <strong>et</strong> les stratégies additives <strong>et</strong> soustractives des<br />

enfants de maternelle.<br />

F1) Le stade des opérations concrètes de 7 à 11 ans :<br />

En <strong>psycho</strong>logie piagétienne, une opération est une action évocable en pensée <strong>et</strong><br />

réversible. «Les actions deviennent "opératoires" dès que 2 actions du même genre peuvent<br />

être composées en une 3 ème action <strong>et</strong> que ces diverses actions peuvent être r<strong>et</strong>ournées <strong>et</strong><br />

inversées » 36 . Ces opérations sont donc des actions conceptualisées, réversibles 37 <strong>et</strong><br />

coordonnées à d’autres. Durant la période précédente, l'enfant ne considérait les opérations<br />

qu'individuellement, il n'arrivait pas à les coordonner. Ces opérations mentales (classer,<br />

sérier…) sont dites concrètes car elles portent sur des obj<strong>et</strong>s concr<strong>et</strong>s, réels <strong>et</strong> manipulables <strong>et</strong><br />

non des hypothèses : elles s'appliquent à des situations perceptibles<br />

(l’enfant a besoin d’un apport visuel) ou immédiatement<br />

représentables.<br />

Au cours de ce stade, il y a :<br />

F1a) Acquisition de la notion de réversibilité.<br />

« Par exemple, lorsque Piag<strong>et</strong> montre 2 boules de pâte à modeler de quantité<br />

identique <strong>et</strong> qu'avec une il fait un saucisson, l'enfant va dire qu'il n'y a pas<br />

de changement de quantité car la longueur est compensée par l'étroitesse. La<br />

réversibilité implique donc la réciprocité <strong>et</strong> l'inversion de l'action ».<br />

F1b) Acquisition de la notion de conservation :<br />

L’enfant comprend que les propriétés d’un obj<strong>et</strong> sont immuables malgré les transformations<br />

(conservation). Remarque : malgré le décalage chronologique, afin de justifier la conservation de la<br />

substance (7-8 ans), du poids (9-10 ans) <strong>et</strong> celles du volume (11-12 ans), les enfants utilisent<br />

rigoureusement les mêmes types d’arguments <strong>et</strong> les mêmes expressions verbales.<br />

3 types d’arguments sont employés :<br />

L'argument d'identité : ex : " C'est pareil parce qu'on a rien ajouté ni enlevé. ".<br />

L'argument de réversibilité : ex : " on peut refaire la boul<strong>et</strong>te B pour qu'elle redevienne comme la<br />

boul<strong>et</strong>te A".<br />

L'argument de compensation : ex : " C'est pareil parce que B est plus long mais plus mince <strong>et</strong> que<br />

A est plus court mais plus gros.".<br />

A noter que la conservation des quantités discrètes correspond à la permanence du nombre.<br />

F1c) Acquisition de la notion d’invariant : un nombre est toujours identique à lui-même<br />

Nous étions auparavant, au stade intuitif dans le « Est vrai ce que je perçois »… nous sommes<br />

maintenant, au stade des opérations concrètes, dans le « Est vrai ce que je conclus ».<br />

36<br />

« Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité » par Pierre Ferrari <strong>et</strong> Olivier Bonnot chez Masson.<br />

37<br />

Réversibilité : c’est le fait qu’une transformation d’un état A en état B puisse être réversible par la pensée.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

147


Jean Piag<strong>et</strong> pensait que le nombre naturel ne devenait chez l’enfant une notion opératoire que s’il<br />

était capable de percevoir « la conservation de l’extension d’une collection » (voir ci-dessus),<br />

l’inclusion des classes 38 <strong>et</strong> la sériation 39 des longueurs. Reprenons ces 2 derniers points :<br />

CLASSIFICATION <strong>et</strong> notion de l'inclusion logique des parties dans le tout = inclusion des classes :<br />

S’il y a un bouqu<strong>et</strong> de 6 fleurs <strong>et</strong> 6 roses " Y a t'il plus de roses ou plus de fleurs ?... Il faut que<br />

l'enfant comprenne qu'il y a plus de fleurs que de roses puisque les roses font également partie de la<br />

classe des fleurs. Il n’est pas aisé de comprendre que la partie est plus p<strong>et</strong>ite que le tout.<br />

SERIATION <strong>et</strong> transitivité :<br />

Considérons un enfant manipulant 10 bâtonn<strong>et</strong>s de longueurs différentes : au stade intuitif (4 à 7<br />

ans) soit l'enfant fait des couples de 2 ou 3 bâtonn<strong>et</strong>s soit il arrive à faire un ordre croissant mais par<br />

tâtonnement. Une fois arrivé au stade des opérations concrètes, il comprend que si A


F2) La construction du nombre :<br />

Piag<strong>et</strong> 41 rappelle d'abord que la connaissance de la comptine (1,<br />

2, 3, 4, 5,…) ne saurait tenir compte de la connaissance du<br />

nombre. L'enfant qui la récite ne sait pas en eff<strong>et</strong> l'utiliser pour<br />

dénombrer réellement. Piag<strong>et</strong> distingue deux compétences de<br />

niveaux distincts :<br />

1 : Evaluation perceptive globale :<br />

Les premiers nombres que l’enfant construit, à raison d’une unité<br />

par an jusqu’à 6-7 ans, n’en sont pas de véritables puisqu’ils sont<br />

saisis sur un mode perceptif. Il les utilise de manière intuitive <strong>et</strong><br />

empirique. Conséquence : en maternelle, il faut aussi faire<br />

reconnaître de p<strong>et</strong>ites quantités par perception globale, sans les<br />

dénombrer. L’enfant peut saisir sans problème particulier des<br />

quantités inférieures ou égales à 4 voire 5.<br />

Les programmes de 2002 concernant l’Ecole maternelle<br />

mentionnent d’ailleurs : « Reconnaissance du nombre d’obj<strong>et</strong>s<br />

dans de p<strong>et</strong>ites collections, par une perception instantanée<br />

(reconnaissance directe de « trois » sans nécessairement<br />

compter « un, deux, trois) ».<br />

Chiffres = symboles<br />

servant à écrire les nombres.<br />

Une année comporte douze<br />

mois: douze (12) est un<br />

nombre comportant deux<br />

chiffres (1 <strong>et</strong> 2). Il y a des<br />

nombres qui s'écrivent avec<br />

un seul chiffre.<br />

« Les chiffres sont aux<br />

nombres ce que les l<strong>et</strong>tres<br />

sont aux mots. »<br />

2 : Les nombres qui viennent après 5 nécessiteraient une construction logique qui est tardive<br />

(vers 7 ans environ) car elle ne peut apparaître qu’avec la conservation des quantités continues <strong>et</strong><br />

discontinues, l’inclusion des classes <strong>et</strong> la sériation. La correspondance terme à terme joue un rôle<br />

fondamental dans c<strong>et</strong>te construction rationnelle. D’où l’importance des activités perm<strong>et</strong>tant l’usage<br />

répété de la correspondance terme à terme en travaillant sur des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des nombres concr<strong>et</strong>s… <strong>et</strong><br />

celles portant sur les classements de collections <strong>et</strong> les sériations (voir page précédente).<br />

Dans c<strong>et</strong>te optique, Piag<strong>et</strong> refuse l’entrée du nombre par la comptine numérique.<br />

Le dénombrement (combien il y en a ?) n'aurait d’après lui aucun sens si ce principe de conservation<br />

n'est pas établi (avant 6-7 ans !)…<br />

Pourtant, les programmes de 2002 pour l’école maternelle stipulent : «… dénombrement en<br />

utilisant la comptine parlée qui est progressivement fixée <strong>et</strong> complétée »…<br />

Il nous faut donc reprendre ce point en détail…<br />

Pierre Gréco (1927-1982), un Piagétien, en 1962, « m<strong>et</strong> en évidence un curieux<br />

phénomène en étudiant parallèlement les jugements dans des expériences de<br />

conservation numérique »… « Ces expériences sont réalisées avec des enfants qui<br />

savent réciter la comptine numérique jusqu'à 8-10 »… « Selon que l'on pose la<br />

question "combien y a-t-il de j<strong>et</strong>ons bleus (jugements dits de "quotité") ou la question<br />

"où y a-t-il le plus de j<strong>et</strong>ons ? (jugements dits de "quantité"), les réponses sont<br />

différentes »... « Quand on pose la première question, il y a plus de réponses<br />

correctes que quand on pose la seconde question ». M. Fenichel.<br />

Gréco démontre que l’utilisation de la comptine numérique comme outil de dénombrement<br />

précède très sensiblement la conservation des quantités.<br />

41<br />

Jean Piag<strong>et</strong> <strong>et</strong> Alina Szeminska : "Genèse du nombre chez l'enfant" (1941chez Delachaux <strong>et</strong> Niestlé).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

149


Ainsi en début de GS, on constate que plus de la moitié des enfants savent énoncer la comptine<br />

numérique au-delà de 10, un quart d'entre eux la récite jusqu'à 16, certains même au-delà de vingt 42 .<br />

Cela amène Gréco à accorder un certain rôle<br />

au dénombrement 43 dans la mise en place du<br />

concept de nombre.<br />

En 1983, les travaux de Fuson, Secada, Hall (expériences<br />

menées auprès d'enfants âgés entre 4,5 ans <strong>et</strong> 5,5 ans)<br />

montrent que les activités de comptage 44 ainsi que la<br />

correspondance terme à terme facilitent la mise en place de<br />

la conservation des quantités.<br />

D’où l’intérêt d’actions numériques précoces sur<br />

la construction du nombre chez l’enfant avant le CP. La comptine numérique s’est<br />

trouvée réhabilitée comme outil de dénombrement.<br />

Les travaux de 2 chercheuses américaines R. Gelman <strong>et</strong> C.R. Gallistel ont été déterminants pour<br />

redonner de l'importance au comptage <strong>et</strong> au dénombrement dans la construction du nombre.<br />

La connaissance de la chaîne numérique verbale est un préalable indispensable pour la réalisation<br />

d’un comptage correct.<br />

Elles ont isolés 5 principes inhérents à la bonne utilisation de la comptine :<br />

* Le principe de l’ordre (ou de suite) stable : Les mots-nombres sont toujours énoncés dans le<br />

même ordre : la comptine numérique orale est stable... Il faudra, en maternelle, travailler la suite de<br />

nombres à l’oral.<br />

* Le principe d’abstraction : il perm<strong>et</strong> de regrouper des éléments de nature différente dans le but<br />

de les compter. En d’autres termes, on peut dénombrer avec la comptine des collections homogènes<br />

ou hétérogènes…. 4 j<strong>et</strong>ons mais aussi 4 paqu<strong>et</strong>s de j<strong>et</strong>ons.<br />

* Le principe d’adéquation unique ou principe de correspondance terme à terme : à chaque<br />

obj<strong>et</strong> (= élément de la collection) correspond 1 mot-nombre <strong>et</strong> 1 seul de c<strong>et</strong>te comptine.<br />

* Le principe de la non pertinence de l’ordre : l’amorce du comptage à un endroit ou à un autre<br />

de la collection n’a pas d’incidence sur le résultat.<br />

* Le principe cardinal : c’est le dernier mot-nombre qui perm<strong>et</strong> de repérer le nombre d’éléments =<br />

le dernier mot-nombre prononcé représente le nombre total d'éléments. « Ce principe est difficile à<br />

acquérir parce que l'enfant doit accorder une double signification au dernier mot-nombre prononcé » :<br />

« d'une part il n'est qu'un numéro apparié au denier obj<strong>et</strong> que l'enfant dénombre »<br />

<strong>et</strong> d'autre part l’élève « doit prendre conscience qu'il représente aussi la quantité de l'ensemble des<br />

obj<strong>et</strong>s ».<br />

42 La récitation de la comptine numérique sera acquise au moins jusqu’à 3 en PS, au moins jusqu’à 5 en MS<br />

<strong>et</strong> au moins jusqu’à 10 en GS.<br />

43 Dénombrer une collection, c’est utiliser la comptine numérique ( la suite de mots-nombres) en associant<br />

(oralement ou mentalement) un obj<strong>et</strong> nouveau à chaque mot récité. Pour dénombrer de façon opératoire, il<br />

faut : - pouvoir utiliser une suite de mots-nombres qui soit à la fois stable <strong>et</strong> conventionnelle, - coordonner<br />

l’énumération des obj<strong>et</strong>s de la collection avec celui des mots-nombres de façon à établir une correspondance<br />

terme à terme entre l’ensemble des mots-nombres <strong>et</strong> l’ensemble des obj<strong>et</strong>s. M. Fenichel, juin 2000.<br />

44 Le comptage : on associe une étiqu<strong>et</strong>te verbale (un mot) à chaque élément de la collection, <strong>et</strong> ceci dans un<br />

ordre précis. Le dernier signe émis représente le nombre d' éléments de la quantité ou cardinal.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

150


Combien d’absents en classe aujourd’hui ? (en décomptant par<br />

exemple le nombre d’étiqu<strong>et</strong>tes correspondant aux absents).<br />

Ces apprentissages se font souvent par imprégnation <strong>et</strong> par<br />

imitation. C’est la prise en compte de ces cinq principes qui va<br />

perm<strong>et</strong>tre à l’enseignant de cibler son aide.<br />

Lorsqu’un élève qui a dénombré une collection arrive à un<br />

résultat erroné, il y a en eff<strong>et</strong> lieu de d’observer attentivement<br />

afin de repérer le ou les principes qu’il ne maîtrise pas encore <strong>et</strong><br />

comment le (les) lui faire acquérir.<br />

Chichignoud a montré que pour que le comptage aboutisse à un<br />

résultat fiable une double correspondance était nécessaire :<br />

- D'une part, une correspondance externe, entre le doigt qui pointe<br />

<strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s pointés.<br />

- D'autre part, une correspondance interne, entre le pointage des<br />

obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> la récitation des mots-nombres.<br />

Il faut que chaque obj<strong>et</strong> soit désigné une seule fois, que la<br />

comptine se déroule bien <strong>et</strong> qu'il y ait cardinalisation.<br />

Fayol affirme que l’acquisition de la chaîne numérique s’effectue<br />

en 2 temps : d’abord la série 1 à 19 acquise par apprentissage par<br />

cœur puis la séquence 20 à 99 <strong>et</strong> au delà qui relève de compétences<br />

linguistiques fonctions des langues.<br />

« Il est … clair que dès 5 ans, <strong>et</strong> avant tout enseignement formel,<br />

beaucoup d'enfants de diverses cultures résolvent des problèmes<br />

arithmétiques simples (additions <strong>et</strong> soustractions de nombres à 1<br />

chiffre) à l'aide du comptage (Baroody & Ginsburg, 1986; Siegler<br />

& Jenkins, 1989; Hatano, 1982). Il est intéressant de noter que les<br />

stratégies utilisées par les jeunes enfants dérivent de leur habil<strong>et</strong>é<br />

préexistante à dénombrer des collections. Ceci suggère que, loin<br />

de constituer, comme le pensait Piag<strong>et</strong>, une simple manifestation<br />

verbale sans lien<br />

développemental avec la<br />

construction du nombre <strong>et</strong><br />

de l'arithmétique, le<br />

dénombrement fournit à<br />

l'enfant des habil<strong>et</strong>és <strong>et</strong><br />

des connaissances sur le<br />

nombre qu'il adapte<br />

spontanément aux<br />

Dans la ferme de m’sieur Dubois<br />

Il y a sept oies<br />

Une oie, deux oies, trois oies,<br />

Quatre oies, cinq oies, six oies<br />

C’est toi la reine des oies !<br />

situations qui requièrent<br />

le calcul d'additions ou de<br />

soustractions. »<br />

Pierre Barrouill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Valérie<br />

Camos. Février 2002<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Instructions<br />

2002 pour la<br />

maternelle : « Le<br />

nécessaire apprentissage<br />

de la suite des nombres<br />

relève d’une<br />

mémorisation qui peut<br />

être aidée par le recours à<br />

des comptines chantées ».<br />

La poule<br />

1, 2, 3<br />

4, 5, 6<br />

7, 8, 9<br />

Moi je compte jusqu'à<br />

neuf<br />

Avant de pondre mon<br />

œuf.<br />

1, 2, 3<br />

4, 5, 6<br />

Si je compte jusqu'à six,<br />

Mon œuf est en pain<br />

d'épice<br />

1, 2, 3<br />

Si je compte jusqu'à trois,<br />

Mon œuf est en chocolat.<br />

151


F3) Additions <strong>et</strong> soustractions :<br />

Les programmes de 2002 précisent : « A la fin de l’école maternelle, l’enfant est confronté<br />

à des problèmes où les nombres peuvent être utilisés pour anticiper le résulta t d’une<br />

action sur des quantités (augmentation, diminution, réunion, distribution, partage). La<br />

résolution des problèmes rencontrés ne nécessite pas le recours au formalisme<br />

mathématique (+, -, =). Ceci sera introduit à l’école élémentaire ».<br />

Ce qui suit est extrait du site<br />

http://www.tematice.org/fichiers/t_article/128/article_doc_fr_Barrouill<strong>et</strong>_.rtf<br />

Savoirs, savoir-faire arithmétiques, <strong>et</strong> leurs déficiences (version longue)<br />

Pierre Barrouill<strong>et</strong>, Valérie Camos <strong>et</strong> beaucoup d’autres…<br />

A visiter absolument… particulièrement par les non-mathématiciens…<br />

« Pour résoudre les additions simples comme 4 + 3, les enfants disposent de cinq classes<br />

générales de stratégies : l'utilisation d'obj<strong>et</strong>s, le comptage sur les doigts, le comptage verbal, les<br />

décompositions <strong>et</strong> enfin la récupération directe en mémoire du résultat (Carpenter & Moser, 1983;<br />

Ilg & Ames, 1951; Siegler, 1987). Les mêmes classes de stratégies sont observées pour la<br />

soustraction, auxquelles il faut en ajouter une faisant appel à l'addition correspondante (voir<br />

Baroody, 1984b) ».<br />

F3a) addition :<br />

L’utilisation d’obj<strong>et</strong>s :<br />

« En ce qui concerne l'addition, Fuson (1982) a montré<br />

que les enfants, dès l'âge de 3 ans, peuvent utiliser des<br />

obj<strong>et</strong>s pour répondre à des questions telles que "combien<br />

font 3 gâteaux <strong>et</strong> 2 gâteaux ?" en matérialisant chaque<br />

nombre à additionner par une collection d'obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> en<br />

dénombrant la collection résultante à l'aide du pointage<br />

manuel, "1, 2, 3, 4, 5". L'utilisation d'obj<strong>et</strong>s s'observe<br />

encore chez des enfants de 4 <strong>et</strong> 5 ans en fonction de la<br />

difficulté du problème (Fuson, 1982) ».<br />

Le comptage sur les doigts, le comptage verbal :<br />

« Cependant, s'ils ne connaissent pas le résultat, c'est-à-dire s'ils ne peuvent le r<strong>et</strong>rouver en mémoire, les<br />

enfants de 4 <strong>et</strong> 5 ans utilisent plus fréquemment le comptage sur les doigts ou le comptage verbal pour<br />

résoudre les additions simples (Geary & Burlingham-Debree, 1989; Siegler & Shrager, 1984). Les<br />

doigts, comme les obj<strong>et</strong>s, peuvent être utilisés pour représenter les collections à additionner. Cependant<br />

les enfants semblent davantage les utiliser pour contrôler la progression du comptage que pour<br />

réellement représenter les nombres.<br />

Une des stratégies les plus rudimentaires - elle renvoie à l'utilisation d'obj<strong>et</strong>s - consiste à représenter<br />

chacun des opérandes par un nombre correspondant de doigts <strong>et</strong> compter ensuite l'ensemble. C<strong>et</strong>te<br />

stratégie n'est applicable qu'aux sommes inférieures à 10.<br />

La stratégie correspondante en comptage verbal n'est pas contrainte par c<strong>et</strong>te limite. Elle est connue<br />

sous le nom de somme (sum strategy), ou "compter tout" (counting all) <strong>et</strong> consiste à compter les deux<br />

nombres en partant de 1. Ainsi, 4 + 3 est résolu en comptant à haute voix 1, 2, 3, 4, puis en poursuivant<br />

par un nombre de pas équivalant au second opérande : 5, 6, 7.<br />

Certaines stratégies de comptage avec les doigts perm<strong>et</strong>tent cependant d'atteindre des sommes<br />

supérieures à 10. La plus fréquente, pour calculer par exemple 6 + 8, consiste à lever 8 doigts puis à<br />

compter au-delà de 6 en bougeant successivement chacun des doigts levés (7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

152


La stratégie équivalente en comptage verbal<br />

est dite comptage à partir du premier<br />

nombre (dite aussi "counting on" ou "first",<br />

Ashcraft, 1982; Groen & Parkman, 1972).<br />

L'enfant contrôle alors mentalement, <strong>et</strong> non<br />

plus à l'aide de ses doigts, le nombre de pas<br />

dans la chaîne numérique correspondant au<br />

second opérande. Ces stratégies sont en<br />

général d'apparition plus tardive parce<br />

qu'elles requièrent de la part de l'enfant la<br />

capacité à énoncer la chaîne numérique en<br />

débutant à partir de n'importe quel nombre<br />

<strong>et</strong> non plus seulement à partir de 1 (Fuson<br />

1982).<br />

Fuson <strong>et</strong> Kown (1992) ont par ailleurs<br />

rapporté des stratégies de comptage sur les<br />

doigts beaucoup plus sophistiquées chez des<br />

enfants coréens…<br />

La stratégie de comptage verbal la plus sophistiquée s'apparente à la précédente mais consiste à compter<br />

non plus à partir du premier mais du plus grand des deux nombres (dite aussi stratégie min, pour<br />

minimum, Groen & Parkman, 1972). C<strong>et</strong>te stratégie qui simplifie le calcul nécessite une compréhension<br />

intuitive du principe de cardinalité : l'ordre dans lequel sont additionnés les deux nombres n'a pas<br />

d'incidence sur le résultat.<br />

La transition du comptage sur les doigts au comptage verbal est progressive <strong>et</strong> dépend principalement<br />

de la capacité de l'enfant à contrôler mentalement le déroulement du calcul <strong>et</strong> à conserver une trace de<br />

ce qui a déjà été <strong>et</strong> de ce qui reste à compter. En ce qui concerne les stratégies verbales qui supplantent<br />

progressivement le comptage sur les doigts, les enfants d'école maternelle semblent utiliser le plus<br />

fréquemment les stratégies "counting all" <strong>et</strong> "counting on" alors que la stratégie min semble privilégiée<br />

par les enfants de CP <strong>et</strong> CE1 (Ashcraft, 1982; Ashcraft & Fierman, 1982; Groen & Parkman, 1972).<br />

Il est important de noter que ces stratégies ne sont pas enseignées aux enfants mais qu'ils les<br />

découvrent par eux-mêmes (Baroody, 1984a; Groen & Resnick, 1977; Siegler & Jenkins,<br />

1989). Ainsi, lorsque l'enfant entre à l'école primaire, il a déjà une longue expérience de la<br />

pratique de l'addition <strong>et</strong> a développé diverses stratégies.<br />

La récupération directe du résultat en mémoire :<br />

La stratégie la plus efficace, c'est-à-dire la plus rapide <strong>et</strong> la plus sure, est la récupération directe du<br />

résultat en mémoire. L'utilisation récursive des procédures de comptage pour résoudre un même<br />

problème conduirait à une association en mémoire à long terme du problème avec le résultat ... Lorsque<br />

c<strong>et</strong>te association est suffisamment forte, le résultat serait directement activé par la présentation des<br />

opérandes <strong>et</strong> récupéré en mémoire.<br />

Il est à noter que même de très jeunes enfants peuvent utiliser la récupération pour certains problèmes<br />

très faciles (1 + 2). Les doubles (1 + 1, 2 + 2, 3 + 3) ainsi que les problèmes impliquant les plus p<strong>et</strong>its<br />

opérandes sont mémorisés les premiers. La mémorisation précoce des doubles ouvre la voie à des<br />

stratégies de décomposition. Un problème difficile comme 7 + 6 peut être résolu en récupérant le<br />

résultat connu de 6 + 6 <strong>et</strong> en y ajoutant 1. Une autre stratégie courante de décomposition consiste à<br />

passer par 10 (7 + 6 équivaut à 7 + 3 = 10, plus 3, 13). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, <strong>et</strong><br />

comme nous le verrons plus loin, le nombre de résultats pouvant être mémorisés semble relativement<br />

restreint <strong>et</strong> ne concernerait au mieux que les résultats inférieurs à 20… ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

153


F3b) Soustraction :<br />

« Comme indiqué précédemment, les<br />

mêmes grandes classes de procédures de résolution<br />

sont observées pour la soustraction ».<br />

L’utilisation d’obj<strong>et</strong>s :<br />

« Dès 4 ou 5 ans, beaucoup d'enfants<br />

sont capables de résoudre des soustractions<br />

simples à l'aide de matériel manipulable. 3<br />

stratégies principales ont été décrites<br />

(Carptenter & Moser, 1984).<br />

* La 1 ère , dite "separate from", consiste, pour<br />

calculer 5 – 3, à ôter 3 obj<strong>et</strong>s d'un ensemble de 5 <strong>et</strong> à dénombrer le résidu.<br />

* La seconde, "adding on", consiste à placer 3 obj<strong>et</strong>s, puis à ajouter des obj<strong>et</strong>s<br />

jusqu'à obtention d'un ensemble de 5. Le nombre d'obj<strong>et</strong>s ajoutés constitue le<br />

résultat.<br />

* La troisième consiste à placer deux ensembles de 5 <strong>et</strong> 3 obj<strong>et</strong>s en<br />

correspondance terme à terme <strong>et</strong> à dénombrer les obj<strong>et</strong>s isolés.<br />

Il est intéressant de noter que, même chez de jeunes enfants, la sélection de<br />

la procédure est fonction du problème posé. La question "Jean a 5 billes, il<br />

en donne 3 à Luc, combien lui en reste-t-il ?" sera préférentiellement résolue par une stratégie<br />

"separate from", alors que le problème "Jean a 5 billes, Luc a 3 billes, combien Jean a-t-il de billes<br />

de plus que Luc" le sera par mise en correspondance des deux ensembles (Carpenter & Moser,<br />

1983; Riley, Greeno, & Heller, 1983). C<strong>et</strong>te adaptativité témoigne de ce que l'arithmétique intuitive<br />

des enfants de l'école maternelle repose en partie sur une représentation analogique des situations<br />

problèmes qu'ils ont à résoudre ».<br />

Le comptage sur les doigts, le comptage verbal :<br />

« Les stratégies de comptage sur les doigts ou de comptage verbal sont la reproduction de ces<br />

stratégies élémentaires. Deux stratégies sont observées, dites "counting up" <strong>et</strong> "counting down".<br />

• La stratégie "counting down" consiste à compter à rebours à partir du nombre le plus grand un<br />

nombre de pas équivalent au plus p<strong>et</strong>it (5 - 3: 4, 3, 2, le résultat est 2).<br />

• La stratégie "counting up" consiste quand à elle à compter en partant du nombre le plus p<strong>et</strong>it<br />

jusqu'à atteinte du nombre le plus grand : le nombre de pas constitue le résultat.<br />

Toutefois, la stratégie "counting up" semble la plus fréquemment utilisée (Siegler, 1989) en raison<br />

de son plus faible coût cognitif que "counting down". C<strong>et</strong>te dernière nécessite en eff<strong>et</strong> un comptage<br />

à rebours, difficile pour les enfants, <strong>et</strong> le contrôle simultané du nombre de pas.<br />

La récupération en mémoire de faits additifs pour résoudre les soustractions est aussi utilisée par les<br />

enfants, bien qu'assez rarement: Siegler (1989) rapporte que 2% seulement des soustractions sont<br />

ainsi résolues par les enfants de CE1, <strong>et</strong> que ce pourcentage atteint 21% en CM1. C<strong>et</strong>te stratégie<br />

nécessite en eff<strong>et</strong> la récupération en mémoire des faits additifs correspondants, récupération qui<br />

n'est majoritairement utilisée pour l'addition qu'à partir du CE2 ».<br />

La récupération directe du résultat en mémoire :<br />

« Enfin, la dernière stratégie est bien entendu la récupération directe en mémoire des faits<br />

soustractifs. Toutefois, l'existence d'un réseau stockant en mémoire à long terme les faits<br />

numériques relatifs à la soustraction n'est pas reconnue par tous… ».<br />

Autres sites à visiter : http://maths.cr<strong>et</strong>eil.iufm.fr/Premier_degre/cadre_accueil_apprentissage.htm, http://www.missionlaique.com/enseignants/<strong>pdf</strong>/math50/am50p05.<strong>pdf</strong>,<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

154


« A l'inverse des additions <strong>et</strong> soustractions, les multiplications <strong>et</strong> divisions ne semblent pas<br />

accessibles à l'arithmétique intuitive des enfants de maternelle. Il n'existe… pas de<br />

développement spontané de procédures de comptage pour ces opérations ».<br />

F4) Pour mémoire : le stade des opérations formelles à partir de 11<br />

ans (jusqu’à l’âge adulte) :<br />

C’est la dernière étape du développement cognitif.<br />

Il n’a plus besoin d’autant manipuler <strong>et</strong> se libère du concr<strong>et</strong> : Il peut par exemple répondre à<br />

une question du type : « trois nombres a, b <strong>et</strong> c sont tels que a est plus grand que b <strong>et</strong> a est plus<br />

p<strong>et</strong>it que c. classer ces nombres. », ce que ne pouvait faire un enfant de 9 ou 10 ans.<br />

L’enfant est capable de marier des concepts abstraits, de raisonner correctement sur des hypothèses.<br />

Il a accès à la pensée formelle ou hypothético-déductive (avec possibilité lors d’une démarche<br />

expérimentale de faire systématiquement varier les facteurs).<br />

La notion de probabilité lui devient accessible.<br />

Jean est plus gentil que Jacques.<br />

René est plus gentil que Jean.<br />

Donc Jacques est plus méchant que René.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

VRAI OU<br />

FAUX ?<br />

155


G) G) Le Le concept concept DE DE temps temps :<br />

La philosophie distingue deux dimensions dans la notion de temps. La dimension objective qui est<br />

étudiée par la science physique <strong>et</strong> est appelée en philosophie « temps absolu » ou « temps abstrait »<br />

ou « temps objectif » ou « durée-mesure1 ». La dimension subjective, étudiée par la philosophie,<br />

recouvre la « durée-vécue1 » ou « temps perçu ».<br />

* Le temps objectif est défini par rapport à une horloge. Son unité légale dans le système<br />

international est la seconde 45 (<strong>et</strong> ses multiples). La mesure du temps est fondée sur un mouvement :<br />

celui de l'eau qui s'écoule d'un récipient : c’est la clepsydre, celui<br />

du sable qui s’écoule entre 2 vases réunis par un mince conduit :<br />

c’est le sablier, celui du soleil qui semble faire le tour de la Terre :<br />

c’est l’horloge solaire, le balancement d'un pendule principe de<br />

l’horloge à balancier ou enfin l'oscillation d’un atome : c’est<br />

horloge atomique.<br />

* Le temps subjectif ou temps affectif ou durée-vécue1 est dépendant<br />

des émotions ressenties par la personne qui l'évalue. En temps<br />

subjectif les secondes peuvent paraître des heures <strong>et</strong> les heures<br />

peuvent paraître des secondes. « Comment des années si courtes se<br />

fabriquent-elles avec des journées si longues » écrivait Jankélévitch.<br />

Le temps de l'absence du parent paraît infini, mais celui de sa présence ne s’envisage même pas…<br />

Certains auteurs nomment « temporalité » la conscience que nous avons du temps.<br />

Avant Einstein, on pensait généralement que le temps objectif était fixe, toujours le même, tandis<br />

que le temps subjectif était variable, dépendant de l'état d'esprit de la personne qui l'observe.<br />

Avec les travaux d'Einstein sur la relativité, on s'est aperçu que même le temps objectif est variable<br />

(local), bien que les critères qui le font varier ne soient pas humains. Le temps est relatif à un<br />

référentiel <strong>et</strong> varie en fonction de la vitesse <strong>et</strong> de la masse des obj<strong>et</strong>s locaux.<br />

Le concept de temps englobe 3 notions : celle de simultanéité (comme dans l’expression « en même<br />

temps »), celle de succession ( « l’emploi du temps »), <strong>et</strong> celle de… « durée1 » qui désigne alors une<br />

période mesurable pendant laquelle a lieu une action ou un phénomène ( « le temps de récréation »).<br />

Note 1 : durée = intervalle de temps. Le terme "durée" renvoie à l’idée de persistance d’un<br />

phénomène <strong>et</strong> il est possible de distinguer la durée-mesure ou temps abstrait d’une part <strong>et</strong> la duréevécue<br />

par la conscience (Bergson) d’autre part.<br />

45<br />

Chez les Babyloniens, la base de numération était la base 60 dont est issu notre système de mesure des<br />

durées (secondes, minutes, heures).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

156<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.


L'étude par Piag<strong>et</strong> des concepts temporels chez l'enfant :<br />

C<strong>et</strong>te étude a été suggérée à Jean Piag<strong>et</strong> par Albert Einstein.<br />

Voici l’une des expériences de Piag<strong>et</strong> : « On soum<strong>et</strong> à l’enfant le traj<strong>et</strong> que font deux p<strong>et</strong>ites<br />

voitures, qui partent en même temps, s’arrêtent au même moment, mais l’une des deux plus loin que<br />

l’autre. Avant 7 ans, l’enfant sera progressivement capable de relever qu’elles sont parties en même<br />

temps, puis arrivées en même temps, mais il ne<br />

réalise pas que leurs traj<strong>et</strong>s sont de même durée. Pour<br />

lui, la voiture qui est allée plus loin a forcément<br />

mis plus de temps. Il confond le temps <strong>et</strong> la distance,<br />

il n’a pas encore acquis la notion de vitesse».<br />

De ce stade dit infralogique, l’enfant passe vers 7 ans<br />

au stade des "opérations concrètes". Il devient évident<br />

pour lui que la voiture qui a fait le plus long chemin a<br />

mis le même temps, elle roulait donc plus vite!<br />

C<strong>et</strong>te étape est une véritable révolution<br />

<strong>psycho</strong>logique qui vient couronner tous les<br />

apprentissages faits jusque-là.<br />

Dès 7-8 ans, l’enfant développe c<strong>et</strong>te notion d’un temps fonctionnel, en situations très concrètes...<br />

jusqu’à la révolution suivante, vers l’âge de 12 ans, où il atteint le stade des opérations formelles. Il<br />

aura désormais une compréhension abstraite du temps, il pourra par exemple l’utiliser dans des<br />

équations. Marc Ratcliff (Piagétien)<br />

Les différences d’âge entre enfants :<br />

« Comment l'enfant appréhende-t-il le temps ? Les différences d'âge se conservent-elles<br />

nécessairement ? Un individu plus jeune est-il susceptible de rattraper dans le temps son aîné<br />

? Les différences d'âge correspondent-elles nécessairement à l'ordre des naissances ?<br />

Piag<strong>et</strong> a montré que pour l'enfant, entre deux frères, le plus vieux est celui qui est le plus<br />

grand. La différence d'âge entre deux frères peut se compenser <strong>et</strong> même être inversée dans<br />

l'esprit de l'enfant si le plus p<strong>et</strong>it "mange beaucoup de soupe" ».<br />

Dr L. Rossant <strong>et</strong> Dr J Rossant-Lumbroso<br />

Evolution des notions de début <strong>et</strong> de fin :<br />

« Les notions de début <strong>et</strong> de fin sont capitales dans les échanges sociaux. Songez au malaise<br />

qui s’établit lors d’une communication téléphonique où l’interlocuteur ne dit pas «allô» pour<br />

signifier l’ouverture de c<strong>et</strong> échange. Ces comportements de début <strong>et</strong> de fin apparaissent très<br />

tôt, dès 6 mois, 1 an, dans les interactions entre l’enfant <strong>et</strong> sa mère, dans son environnement<br />

proche. Ils se développent pour être acquis durablement vers l’âge de 5 ans. En apprenant<br />

notamment à dire "bonjour", puis "au revoir", l’enfant comprend progressivement que ces<br />

débuts <strong>et</strong> ces fins s’inscrivent dans une ligne du temps, <strong>et</strong> que ce temps est irréversible. Il<br />

s’agit d’une norme universellement reconnue, qui perm<strong>et</strong> de comprendre la conduite d’autrui <strong>et</strong><br />

de s’y adapter. On a remarqué que les enfants autistes ne connaissent pas ces marquages<br />

temporels nécessaires à la communication». Marc Ratcliff<br />

Demain…<br />

Mais comment parler du temps à un enfant ? « Si on lui dit par exemple "on fera ça demain", à<br />

4 ans il va confondre demain avec "c<strong>et</strong> après-midi", avec "ce soir", de manière générale avec<br />

"plus tard"... <strong>et</strong> peut-être même avec «hier», car il fait encore des confusions entre "avant" <strong>et</strong><br />

"après" ».<br />

« Vers l’âge de 5 ans, il maîtrise plus ou moins le temps sur une semaine. A l’école, il apprend<br />

la succession des jours <strong>et</strong> se débrouille avec une chronologie encore très locale ». A 6 ans, il<br />

nomme les jours de la semaine. « C’est à partir de 7-8 ans, avec l’acquisition progressive du<br />

nombre, qu’il va maîtriser une chronologie plus large <strong>et</strong> comprendre qu’"avoir 9 ans, c’est être<br />

né il y a neuf ans". Son âge devient une notion temporelle».<br />

Marc Ratcliff<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

157


Lecture de l’heure :<br />

« Quant à la lecture de l’heure, autre repère social<br />

incontournable, elle sera plus facile sur une horloge<br />

digitale. A 5 ans, l’enfant peut y parvenir, avec néanmoins<br />

c<strong>et</strong>te difficulté de ramener 18 heures à 6 heures. La lecture<br />

d’un cadran analogique, ce sera plutôt vers 6-8 ans. Lire<br />

l’heure n’implique pas forcément la compréhension d’un tel<br />

système de mesure du temps".<br />

Dire à quelle heure s’est produit un événement :<br />

Marc Ratcliff<br />

Les enfants de moins de 6 ans ne peuvent dire l’heure à<br />

laquelle s’est produit un événement avec exactitude. C<strong>et</strong>te<br />

compétence se développe chez les enfants après l’âge de huit ans, <strong>et</strong> elle n’est pas bien établie<br />

avant l’âge de neuf ou dix ans. Il est plus compréhensible pour eux de leur demander de situer<br />

un événement par rapport à d’autres repères temporels (p<strong>et</strong>it déjeuner, déjeuner, après<br />

l’école, dîner, avant le coucher).<br />

http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter5.html<br />

L’enfant développe ses propres repères mais ceux-ci évoluent avec l’âge :<br />

Une heure, pour un jeune enfant, ce sera par exemple le temps qu’on m<strong>et</strong> en famille pour<br />

préparer le repas <strong>et</strong> pour manger. L’enfant développe ses propres repères, grâce aux habitudes<br />

quotidiennes. L’heure de la récréation, celle du goûter sont des marqueurs du temps<br />

importants pour lui. Il faut surtout bien comprendre que la façon dont un enfant se représente<br />

le temps n’est pas la même lorsqu’il a 4 ans, 6 ans, 9 ans ou 12 ans. A chaque fois nous<br />

entrons dans un autre univers». Marc Ratcliff<br />

M<strong>et</strong>tre en place des repères communs, ordonner, mesurer<br />

le temps : quelques pistes…<br />

Il importe en maternelle, particulièrement jusqu’à 4 ans, de<br />

m<strong>et</strong>tre en place des repères : personnes, lieux, obj<strong>et</strong>s mais<br />

aussi repères temporels avec une succession régulière dans<br />

l’ordre des activités.<br />

* Une frise de photographies fixée au mur perm<strong>et</strong> de situer<br />

une activité par rapport à celle qui précède <strong>et</strong> à celle qui suit<br />

ainsi que par rapport au déroulement global de la journée<br />

(matin, après-midi).<br />

On peut également fabriquer une frise des jours de la semaine,<br />

des mois avec les anniversaires, des fêtes, des saisons…<br />

* On peut de façon plus ponctuelle rem<strong>et</strong>tre en ordre<br />

chronologique les étapes vécues d’une journée particulière à<br />

l’école, d’une sortie, d’une activité motrice, d’une fabrication,<br />

d’une rec<strong>et</strong>te… les raconter. On utilise pour cela des "albumséchos<br />

réalisés en photographiant les enfants".<br />

* Travailler sur les âges de la vie : ranger ses propres<br />

photographies en fonction de l’âge en précisant les critères,<br />

observer des photos de famille avec des personnes d’âges<br />

divers… les grands-parents ont été des bébés, travailler sur<br />

son arbre généalogique…<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Comment éviter que certains<br />

enfants accaparent les<br />

balançoires ? … Que chacun<br />

puisse y avoir accès à égalité.<br />

Les enfants ont proposé d’utiliser<br />

un sablier qu’ils ont fabriqué avec<br />

2 bouteilles en plastique…<br />

158


* Comparer des événements en fonction de leur durée… Utiliser un sablier. Fabriquer <strong>et</strong> utiliser un<br />

calendrier du type "calendrier de l’Avent". Comparer la croissance de différents semis, de 2 animaux<br />

d’élevage…<br />

* Raconter un album lu, situer ce qui se passe avant, après, au début, à la fin… Anticiper en<br />

imaginant la fin de l’histoire. On peut également ordonner des images séquentielles d’une histoire…<br />

* Réaliser un musée de classe (obj<strong>et</strong>s anciens, récents…).<br />

« … Se servir du langage pour évoquer… des<br />

évènements passés <strong>et</strong> à venir » 46 :<br />

``Je suis ici depuis une heure''… Cela signifie t-il que c<strong>et</strong>te<br />

personne a passé ici une durée d'une heure, ou bien qu’elle<br />

est arrivée ici à la date d’une heure…. Ambiguïté qui perm<strong>et</strong><br />

de mesurer les difficultés… <strong>et</strong> les pièges…<br />

Les programmes de 2002 pour la maternelle concernant<br />

le langage précisent :<br />

* « Rappeler verbalement les activités qui viennent de se<br />

dérouler dans la classe »,<br />

* « Se repérer dans le temps <strong>et</strong> utiliser les marques verbales<br />

de la temporalité »<br />

Se repérer par rapport au moment où on parle c’est-àdire<br />

utiliser « les mots-outils <strong>et</strong> expressions »<br />

(maintenant, aujourd’hui, c<strong>et</strong>te semaine, il y a un<br />

moment, hier, le mois dernier, tout à l’heure, demain, après<br />

demain, la semaine prochaine…) « <strong>et</strong> les flexions<br />

temporales (présent, temps du passé, futur, passé proche,<br />

futur proche…) »,<br />

« Apprendre à se donner une origine temporelle référée<br />

au temps objectif des calendriers » que c<strong>et</strong>te origine soit<br />

vague (autrefois) ou précise (le 1 er janvier 2000) ».<br />

« Compréhension <strong>et</strong> expression de la position relative<br />

des évènements les uns par rapport aux autres dans la trame<br />

du temps » (superposition ou succession).<br />

Ceci « suppose l’emploi d’autres marques verbales » qu’il<br />

s’agisse de « mots-outils… (avant, après, le jour suivant, le<br />

jour précédent) » <strong>et</strong> « des temps des verbes marquant :<br />

l’antériorité relative (temps simples opposés aux<br />

temps composés),<br />

le caractère ponctuel <strong>et</strong> fini d’un événement ou, au<br />

contraire, le fait qu’il dure ou soit répétitif<br />

(opposition du passé composé à l’imparfait, voire,<br />

dans des récits littéraires, du passé simple à l’imparfait) ».<br />

46 Ce passage est extrait des nouveaux programmes de l’école maternelle 2002, chapitre I : « Le langage au cœur des<br />

apprentissages ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Dès la section de p<strong>et</strong>its le présent<br />

commence à se différencier en un<br />

système à 3 temps (présent / passé<br />

composé / futur) qui ne cesse de se<br />

renforcer en sections de moyens <strong>et</strong><br />

de grands : Je fais / J’ai fait /<br />

J’vais faire<br />

Dès la section de moyens<br />

l’imparfait émerge, par exemple à<br />

l’occasion de l’examen de photos<br />

prises 3 semaines plus tôt : On était<br />

en train d’escalader.<br />

Philippe Boisseau<br />

159


* « Du rappel des évènements passés au récit… »."Le récit produit par l’enseignant, l’album, ou en<br />

r<strong>et</strong>our l’élève lui-même à l’oral, perm<strong>et</strong> d’ancrer ce qui ressort du principe d’ordre. Dans "Les<br />

trois p<strong>et</strong>its cochons", la construction en brique <strong>et</strong><br />

l’accueil par 3ème frère des deux premiers n’a de<br />

sens que parce qu’il y a eu dans le déroulement du<br />

récit une 1 ère <strong>et</strong> une 2 ème étape".<br />

Le judiciaire <strong>et</strong> le temps :<br />

Benoît Falaize, prof. D’IUFM.<br />

« L’observation de procédures judiciaires a permis de conclure que même en dépit des<br />

difficultés bien connues dans le domaine de l’évaluation des mesures <strong>et</strong> du temps, on demande<br />

régulièrement aux enfants-témoins d’expliquer au tribunal avec exactitude le moment où un<br />

événement s’est produit, de même que l’heure du jour, le jour de la semaine, le mois <strong>et</strong><br />

l’année.<br />

On leur demande d’estimer le temps écoulé entre l’événement <strong>et</strong> le dévoilement, <strong>et</strong><br />

l’événement <strong>et</strong> l’audience au tribunal. Dans le cas de multiples incidents, on attend d’eux<br />

qu’ils se souviennent du nombre de fois où s’est produit l’incident <strong>et</strong> même du temps écoulé<br />

entre chaque incident.<br />

On leur demande également d’estimer la durée des incidents. C<strong>et</strong>te situation perdure<br />

même si nous avons une base de connaissances solides indiquant que ce n’est pas la manière<br />

dont il faut questionner des enfants au suj<strong>et</strong> d’événements qui se sont produits dans leur vie.<br />

Les tribunaux devraient adopter une méthode selon laquelle on poserait aux enfants<br />

des questions n’exigeant pas une capacité de calcul bien établie ainsi que la capacité de situer<br />

des événements de façon exacte dans le temps ».<br />

http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter5.ht<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

160


Quelques rappels utiles…<br />

Le verbe a pour rôle essentiel d’exprimer les évènements<br />

en les situant dans le temps.<br />

Il peut les situer :<br />

Soit par rapport au moment où on parle : on utilise alors l’un des temps suivants : présent, passé simple (passé<br />

lointain), passé composé (passé lointain & passé récent), imparfait (passé lointain & passé récent) <strong>et</strong> futur simple.<br />

Le temps qui exprime le moment où on parle est le présent. Le temps qui exprime le futur par rapport au moment où on<br />

parle est le futur simple ("tout à l’heure nous irons…"). Pour exprimer le passé par rapport au moment où on parle, on<br />

dispose de 3 temps :<br />

* le passé simple (qui exprime, dans les récits littéraires, des évènements lointains ayant eu lieu à un moment précis).<br />

On sonna le tocsin…<br />

* le passé composé qui se construit avec le présent des auxiliaire être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe (<strong>et</strong> qui<br />

exprime des évènements lointains ou récents ponctuels <strong>et</strong> achevés (mais pouvant se prolonger au moment où on parle).<br />

Ex. : la l<strong>et</strong>tre est arrivée ce matin. Nous avons décidé d’être sages.<br />

* l’imparfait (action lointaine ou récente, terminée mais prolongée ou habituelle ou répétée). A l’école, il rêvait. Le<br />

dimanche, il allait à la pêche.<br />

Soit par rapport à un autre événement en précisant que c<strong>et</strong>te action a eu lieu en même<br />

temps, avant elle ou après elle.<br />

Simultanée à une autre dans le passé : on emploie l’imparfait. Ex : je pensais à X quand il est arrivé (quand il arriva).<br />

Simultanée à une autre dans le futur : le futur simple. Ex "Pendant qu’ils chanteront, nous écouterons".<br />

Avant une autre dans le passé : on utilise le plus-que-parfait à l’oral ou à l’écrit (Ex. : l’équipe avait déclaré forfait<br />

avant la rencontre) ou le passé antérieur à l’écrit (lorsque j’eus achevé ce voyage, j’entrepris d’écrire mes mémoires).<br />

Le plus-que-parfait se construit avec l’imparfait des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe. Le passé<br />

antérieur se construit avec le passé simple des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe.<br />

Avant une autre dans l’avenir : on utilise le futur antérieur. Ex : "Quand tu viendras nous voir, la neige aura fondu".<br />

Le futur antérieur se construit avec le futur des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe.<br />

Après une autre dans le passé : on utilise le conditionnel présent. Ex : "Je pensais qu’il s’opposerait à ce proj<strong>et</strong>".<br />

Après une autre dans le futur : futur simple.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

161


H) H) H) La La dépression dépression chez chez l'enfant l'enfant de de plus plus de de 3 3 ans ans :<br />

:<br />

L'enfant triste <strong>et</strong><br />

instable manifeste du<br />

désintérêt, de l'indifférence,<br />

des idées<br />

d'infériorité "c'est<br />

trop dur, j'sais pas,<br />

j'arrive pas".<br />

Irascible, agressif<br />

envers les autres <strong>et</strong><br />

lui-même, il oscille<br />

entre le refus de<br />

contact <strong>et</strong> "la quête<br />

affective envahissante".<br />

Il s'isole<br />

ou compense ses<br />

difficultés en jouant avec plus p<strong>et</strong>it que lui. Au plan<br />

somatique, il peut exister des troubles du sommeil liés à<br />

l'anxiété, des douleurs abdominales ou des maux de tête<br />

<strong>et</strong> un trouble du contrôle sphinctérien (énurésie = pipi au<br />

lit).<br />

Les troubles du comportement (revendications,<br />

transgressions des interdits...) sont fréquents <strong>et</strong> le<br />

r<strong>et</strong>entissement scolaire est constant.<br />

Le vécu d'abandon devient très important <strong>et</strong> les<br />

comportements provoquent des réactions de rej<strong>et</strong> de<br />

l'entourage, réactions vécues comme de nouveaux<br />

abandons. "Quand prévaut le vécu d'abandonnisme <strong>et</strong> que<br />

les expériences de rej<strong>et</strong> <strong>et</strong> les épisodes de provocation se<br />

suivent <strong>et</strong> se répètent, l'évolution vers la délinquance <strong>et</strong><br />

les conduites antisociales est une éventualité".<br />

La <strong>psycho</strong>se maniaco-dépressive semble tout à fait<br />

exceptionnelle avant l'âge de 12-13 ans, <strong>et</strong> certains<br />

auteurs ont développé le concept de « <strong>psycho</strong>se<br />

affective », décrivant l'alternance de périodes de<br />

repli, de protestation, de pleurs <strong>et</strong> de périodes<br />

d'agitation intempestive chez des enfants de 3 à 5<br />

ans, à l'efficience mentale diminuée, ne souriant<br />

jamais <strong>et</strong> appelés pour cela "Serious Babies" ;<br />

mais il n'a pas été noté d'évolution vers une<br />

authentique <strong>psycho</strong>se maniaco-dépressive chez<br />

l'adulte.<br />

« Dépression de l’enfant » par Laurent Barbrel <strong>et</strong> le Pr. Philippe<br />

Maz<strong>et</strong>, n° 496 de « Synthèse médicale » (1990).<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

L'enfant n'exprime pas<br />

toujours spontanément sa tristesse<br />

mais il peut, au cours de<br />

l'entr<strong>et</strong>ien, la révéler soit par la<br />

parole, soit par la mimique. Ce<br />

sont parfois les parents qui en<br />

parlent. Elle est en tout cas<br />

presque toujours présente : c’est<br />

enfant qui fixe le sol pleure<br />

facilement, sourit peu. Il<br />

manifeste ennui, désintérêt, indifférence,<br />

y compris dans sa<br />

capacité à jouer.<br />

... Lorsque l'enfant est jeune<br />

(3 à 5 ans), les phénomènes de<br />

lutte contre les affects dépressifs<br />

prédominent, exprimés sur un<br />

mode comportemental = bêtises<br />

fréquentes, agitation, instabilité,<br />

difficulté d'autonomisation dans<br />

la toil<strong>et</strong>te, l'habillage.<br />

A partir de 5-6 ans il<br />

verbalise plus aisément sa<br />

souffrance, elle prend la forme<br />

d'une dévalorisation, d'une<br />

dépréciation, d'une tristesse plus<br />

directement exprimée.<br />

« Dépression de l’enfant » par Laurent<br />

Barbrel <strong>et</strong> le Pr. Philippe Maz<strong>et</strong>, n° 496 de<br />

« Synthèse médicale » (1990).<br />

Conclusion :<br />

Quel abord relationnel de<br />

l'enfant ?<br />

« L'enfant doit pouvoir<br />

s'exprimer. La parole le lui<br />

perm<strong>et</strong>, mais aussi le dessin <strong>et</strong> le<br />

jeu. Il faut lui perm<strong>et</strong>tre de<br />

reconnaître <strong>et</strong> d'exprimer sa<br />

souffrance <strong>et</strong> lui faire<br />

comprendre qu'on la perçoit ».<br />

N° 496 de « Synthèse médicale » (1990).<br />

162


IV IV - Les besoins fondamentaux des jeunes<br />

enfants enfants enfants à à l’école l’école l’école maternelle maternelle :<br />

A la maison, l’enfant possédait « un statut privilégié », il<br />

était « le p<strong>et</strong>it » seul - ou seul de c<strong>et</strong> âge - <strong>et</strong> vivait entouré<br />

de toute l’attention <strong>et</strong> de l’affection de sa famille.<br />

A l’école son nouveau statut ne le privilégie plus, il est<br />

parmi d’autres enfants de son âge qui possèdent les mêmes<br />

droits que lui.<br />

Il a la sensation de se trouver dans « l’anonymat » <strong>et</strong> « la<br />

diversité », soumis à la concurrence pour la possession<br />

des lieux, des obj<strong>et</strong>s ou de l’attention des nouveaux adultes qui l’environnent.<br />

L’enfant doit se sentir en sécurité <strong>et</strong> ses besoins fondamentaux doivent être<br />

réalisés... « C’est la condition fondamentale pour que l’enfant soit disponible <strong>et</strong><br />

découvre le plaisir de développer ses capacités <strong>et</strong> ses connaissances »<br />

(Extrait du livre « Les p<strong>et</strong>its : la section des 2 à 4 ans » - Collection Tavernier, éditions Bordas<br />

... qui nous a servi de plan pour c<strong>et</strong>te troisième partie).<br />

Les parents aussi doivent être sécurisés, particulièrement en début d’année<br />

scolaire, ... <strong>et</strong> la qualité des relations que l’on saura établir avec eux facilitera<br />

l’intégration de l’enfant ... voir addenda de la partie III.<br />

A) A) Besoins Besoins relatifs relatifs au au bien bien-êtr bien bien êtr être êtr :<br />

1) 1) Dormir Dormir :<br />

- Entre 3 <strong>et</strong> 5 ans, on trouve une moyenne de 12 h. de sommeil dont 10 à 11 heures durant la<br />

nuit.<br />

- Ce n’est que vers 4 ou 5 ans (parfois plus tardivement)<br />

que le besoin d’une sieste diurne disparaîtra, bien que la<br />

période de 13h 30 à 15 heures reste toute la vie une<br />

phase de moindre vigilance. La suppression de la sieste<br />

diurne dans le but d’améliorer le sommeil nocturne<br />

conduit chez de nombreux enfants à un échec.<br />

- A 5 ans, la durée totale du sommeil est encore en<br />

moyenne de 12 heures par nuit (la disparition naturelle<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

A partir de la disparition de la<br />

sieste de l’après-midi, le temps de<br />

sommeil lent profond s’accroît en<br />

début de nuit. Le sommeil<br />

paradoxal, de ce fait, peut<br />

disparaître des 2 premiers cycles de<br />

4 à 6 ans.<br />

de la sieste diurne s’accompagnant d’une augmentation compensatrice de la durée du sommeil<br />

nocturne).<br />

- Chez les enfants âgés de 6 à 9 ans, la moyenne de sommeil se situe autour de 11h 30 <strong>et</strong> tombe<br />

progressivement à 9 heures vers 10 ans (quand l’enfant peut dormir le temps qui lui est<br />

nécessaire !).<br />

163


LA SIESTE EN MATERNELLE...<br />

Nous avons vu que<br />

le besoin d’une sieste<br />

cessait à des âges qui<br />

variaient selon les enfants.<br />

Certains d’entre eux en<br />

ressentent toujours la<br />

nécessité en grande<br />

section de maternelle <strong>et</strong> quelques uns encore au C.P.<br />

Ceci ne constitue pas une raison pour obliger tous<br />

les enfants d’une grande section à rester allongés<br />

durant 1h30 ! Des directeurs (trices) <strong>et</strong> des<br />

inspecteurs (trices) se sont élevés, avec raison, contre<br />

de telles pratiques. N’a-t-on pas vu des institutrices<br />

passant leur temps à papoter de 1h 30 à 3 h en laissant<br />

l’ensemble des enfants, contraints de rester couchés,<br />

sous la garde de l’une d’entre elles, à tour de rôle.<br />

- Gardons - nous d’imposer une sieste à un<br />

enfant qui la rej<strong>et</strong>te... sous peine d’entraîner un<br />

refus ultérieur systématique. Il faut que la sieste des<br />

enfants corresponde aux besoins <strong>physio</strong>logiques mais<br />

aussi sociaux (c’est dans les milieux les plus en<br />

difficulté que les enfants dorment le moins)...<br />

« Tous les enfants n’ont pas les mêmes<br />

besoins de sommeil »<br />

... « Ces chiffres ne représentent<br />

cependant qu’une moyenne, ce qui n’a<br />

rien à voir avec la normale, <strong>et</strong> on peut<br />

trouver de grandes différences entre les<br />

enfants d’un même âge... En prenant une<br />

fourch<strong>et</strong>te de 2 heures autour des<br />

moyennes données, on englobe la très<br />

grande majorité des enfants... De même<br />

que pour les adultes, il existe, de façon<br />

spontanée, des p<strong>et</strong>its dormeurs <strong>et</strong> de gros<br />

dormeurs ainsi que des ’’lève-tôt’’ <strong>et</strong> des<br />

‘’couche-tard’’.<br />

Ces distinctions peuvent d’ailleurs se<br />

constater très tôt, dès l’âge de 6 à 9 mois.<br />

Pour déterminer les besoins réels de<br />

sommeil d’un enfant, la meilleure<br />

méthode est d’observer ce qu’il fait quand<br />

il est libre de se coucher <strong>et</strong> de se lever à<br />

sa guise, c’est à dire pendant les<br />

vacances ».<br />

Pierre Crépon : « Les rythmes de vie de l’enfant »<br />

- Éditions R<strong>et</strong>z 1983.<br />

- Quand des jeunes ne dorment pas suffisamment, leurs apprentissages <strong>et</strong><br />

leur rétention mnésique sont perturbés. La sieste peut combler ce<br />

manque de sommeil.<br />

- Il est nécessaire de créer des conditions propices pour la sieste de ceux<br />

qui en éprouvent le besoin (pièce fraîche que l’on a aéré <strong>et</strong> dans laquelle<br />

on a laissé pénétrer le soleil quand elle n’est pas utilisée) :<br />

* Des enfants de maternelle peuvent s’endormir même en l’absence<br />

d’obscurité (les rideaux noirs ne sont pas indispensables).<br />

* Il importe que l’endroit soit calme (parler en chuchotant lors du déshabillage) <strong>et</strong> il est<br />

souhaitable de disposer de lits ou au moins de matelas (le coin bibliothèque <strong>et</strong> ses coussins<br />

peuvent être utilisés pour le ou les 2 ou 3 enfants concernés au C.P.).<br />

* L’enfant utilise le même lit chaque jour pour des raisons d’hygiène mais aussi affectives<br />

(odeur corporelle personnelle).<br />

* L’enfant doit pouvoir disposer de sa " coucouche" <strong>et</strong> de son "nounours" ou de sa poupée.<br />

* En p<strong>et</strong>ite section tous les enfants s’allongent "pour se reposer"... " on ferme les yeux " (si les<br />

yeux restent ouverts, la relaxation cérébrale n’est pas obtenue ... même dans l’obscurité <strong>et</strong> le<br />

silence). Ceux qui ne sont pas endormis se relèvent au bout de 20 minutes. Beaucoup défendent<br />

l’idée de procéder de même en moyenne section <strong>et</strong> Pierre Crépon écrit : « Tous les enfants » (de<br />

maternelle)... ce qui est excessif <strong>et</strong> n’est pas sans provoquer des conflits entre enseignants <strong>et</strong> parents<br />

<strong>et</strong> entre enseignants <strong>et</strong> inspecteurs.<br />

* Jeann<strong>et</strong>te Bouton conseille aux enseignant(e)s de s’étendre avec les enfants (ces derniers<br />

pensent que seuls les p<strong>et</strong>its dorment <strong>et</strong> le fait de s’allonger avec eux peut faciliter l’acceptation du<br />

moment de détente proposé à tous... « Plus ils sont grands, c’est à dire à partir de 4-5 ans, par<br />

rapport à l’école maternelle, plus ils considèrent que le sommeil est la fonction des p<strong>et</strong>its ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

164


* On peut regarder ceux qui dorment encore (mouvements des yeux sous les paupières <strong>et</strong><br />

fléchissements des doigts qui signent le rêve, gémissements <strong>et</strong> soubresauts...)<br />

<strong>et</strong> parler en classe de ses rêves... <strong>et</strong> de ses cauchemars.<br />

- La sieste peut durer :<br />

* 20 minutes : quelques uns "se détendent" <strong>et</strong> d’autres dorment, une telle<br />

durée est suffisante à certains enfants pour "récupérer". Il importe de leur<br />

donner la possibilité de se relever ensuite.<br />

* de l’ordre d’1 h 30 - 2 h (soit un cycle compl<strong>et</strong> de sommeil qui comportera<br />

une phase de sommeil paradoxal dont on pense qu’il favorise la consolidation de la mémoire.<br />

Ne jamais éveiller un enfant s’il est engagé dans un cycle compl<strong>et</strong> de sommeil. « Le réveil est alors<br />

désagréable <strong>et</strong> la réadaptation à la réalité difficile » - Pierre Crépon. 1983. L’éveiller au bout d’une<br />

heure par exemple, le priverait du sommeil paradoxal, période qui a été amputée si l’enfant n’a pas<br />

assez dormi la nuit précédente.<br />

- Pratiquer un réveil échelonné (le bambin qui a terminé spontanément son cycle de sommeil, se<br />

lève <strong>et</strong> quitte la pièce pour aller jouer).<br />

- Attention à ne pas pousser ensuite les enfants en récréation, dans le froid, en plein hiver,<br />

sans la période de transition nécessaire ... Faire suivre la sieste d’un moment calme. Le conte,<br />

l’écoute d’un disque ou l’apprentissage d’une comptine sont à privilégier.<br />

- La sieste ne fait pas « perdre de temps » si l’enfant n’est pas « disponible ». La période de<br />

13h-13h 30 à 14h 30 - 15h correspond à une phase de « dépression » (qui persiste d’ailleurs toute la<br />

vie). C’est un moment peut susceptible de perm<strong>et</strong>tre des acquisitions intellectuelles (sur un mode<br />

autre que ludique... <strong>et</strong> ceci jusqu’au C.M.).<br />

- L’eff<strong>et</strong> du sommeil sur la rétention mnésique est d’autant plus bénéfique qu’il<br />

intervient plus tôt après l’apprentissage. L’enseignant devra, en conséquence, particulièrement<br />

réfléchir sur ses choix pédagogiques de fin de matinée <strong>et</strong> moins « forcer » en son début afin que les<br />

enfants disposent encore de réserves d’attention.<br />

- P<strong>et</strong>its troubles du sommeil ( = parasomnies) pouvant également apparaître lors de la sieste :<br />

Âge en g al Pourcentage Situation temporelle<br />

Terreurs nocturnes 3 à 12 ans 1 à 6 % (selon études) 1ère partie de la nuit, à la fin du premier<br />

cycle, stade III ou IV.<br />

Somnambulisme 11 à 14 ans 4 % (mais 15 % ont<br />

au moins 1 crise)<br />

1ère partie de la nuit, stade III ou IV.<br />

Énurésie 5 ans à la 10 à 18 % des plus A n'importe quel moment du sommeil<br />

( = pipi au lit) puberté de 4 ans - 5 ans<br />

Cauchemars 3 à 10 ans 4 % Au cours du dernier 1/3 de la nuit, stade V.<br />

Terreurs nocturnes : L'enfant " s'éveille " (en fait le terme ne convient pas) brusquement au<br />

cours des stades III <strong>et</strong> IV (sommeil lent profond). Il crie, pleure, gesticule <strong>et</strong> prononce des mots<br />

incohérents. Les yeux sont ouverts, on observe une transpiration abondante <strong>et</strong> une tachycardie ( =<br />

accélération du rythme cardiaque). L'électroencéphalogramme, normal durant la crise est celui d'un<br />

enfant qui dort. Ces " pavor nocturnus " durent de quelques minutes à une ½ heure. Il y a amnésie totale<br />

de l'épisode de terreur nocturne au réveil <strong>et</strong> l'enfant ne peut dire ce qui a provoqué son angoisse.<br />

Les terreurs nocturnes ont un caractère bénin même si elles sont spectaculaires <strong>et</strong> inquiètent beaucoup<br />

les parents (<strong>et</strong> les enseignants de maternelle lors de la sieste). Un seul conseil : ne pas éveiller l'enfant<br />

car il dort... même si ses yeux sont ouverts. Une tentative d'éveil peut accroître la confusion <strong>et</strong> la peur.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

165


Terreurs nocturnes : l'abstinence thérapeutique est de règle, les <strong>psycho</strong>thérapeutes conseillent de laisser<br />

une veilleuse allumée dans la chambre de l'enfant afin de lui donner un sentiment de sécurité. On ne<br />

traite que dans les formes itératives, ou associées au somnambulisme,<br />

2) 2) Se Se reposer reposer :<br />

:<br />

Avoir la possibilité de s’isoler <strong>et</strong> vivre son « coup de pompe » quel que soit le moment de la<br />

journée (certains enfants se lèvent très tôt <strong>et</strong> ont déjà fait un séjour chez une nourrice ou à l’accueil<br />

pré-scolaire avant d’être conduits en classe).<br />

Pouvoir s’installer confortablement sur une banqu<strong>et</strong>te présente dans un angle de la salle de<br />

classe ou sur la moqu<strong>et</strong>te parsemée de coussins dans le coin lecture.<br />

Chaque enseignant peut procéder à une telle installation.<br />

Disposer d’un emploi du temps régulier qui :<br />

* Alterne les activités motrices <strong>et</strong> les moments calmes.<br />

* Les moments où l’on fait <strong>et</strong> les périodes où l’écoute est plus<br />

présente.<br />

* Les activités de consignes <strong>et</strong> les jeux libres.<br />

Pouvoir, nous l’avons vu, se lever au bout de 20 mn de sieste si on<br />

ne dort pas ...<br />

3) 3) Se Se Se nourrir nourrir :<br />

Prévoir une collation pour les enfants qui n’ont pas déjeuné le<br />

matin... <strong>et</strong> les autres.<br />

La collation doit se situer avant <strong>et</strong> non après la « récréation »,<br />

période d’intense dépense énergétique. Certaines maîtresses préfèrent,<br />

avec raison, l’introduire dès le début de matinée sachant qu’une forte<br />

proportion d’enfants arrive le ventre vide à l’école.<br />

Offrir sans forcer la prise de nourriture.<br />

Présenter des aliments variés afin que tous les goûts puissent être<br />

satisfaits.<br />

Etre assis, avoir une table pour poser son gobel<strong>et</strong>, prendre son temps,<br />

ne pas considérer qu’il s’agit d’un moment obligé vite « expédié ».<br />

L’enfant a le droit à la maladresse <strong>et</strong> le fait de jouer avec la nourriture<br />

correspond à un besoin pour les p<strong>et</strong>its !<br />

Tout m<strong>et</strong>tre en œuvre pour que le repas du midi se déroule dans une<br />

atmosphère calme, sans précipitation <strong>et</strong> dans un cadre agréable.<br />

Accroître l’importance des portions le lundi, particulièrement dans les<br />

« zones difficiles ».<br />

4) 4) Boire Boire :<br />

L’enfant se déshydrate très vite à c<strong>et</strong> âge... attention aux salles surchauffées, régler les<br />

radiateurs.<br />

De l’eau doit toujours être à disposition même s’il n’existe pas de point d’eau dans la salle. Prévoir<br />

dans la classe un récipient transportable, facilement utilisable, en matière plastique plutôt qu’en verre,<br />

par exemple muni d’un robin<strong>et</strong> latéral. L’eau devra être changée très régulièrement... au moins 1 fois<br />

par jour. Des gobel<strong>et</strong>s j<strong>et</strong>ables seront présents en nombre suffisant.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

166


5) 5) Déféquer, Déféquer, uriner uriner :<br />

Comprendre que le contrôle des sphincters exigé pour entrer à l’école<br />

maternelle, est encore récent, était lié au domicile à des rites familiaux non ici<br />

respectés <strong>et</strong> peut présenter des régressions... ne pas dramatiser.<br />

Faire passer les enfants aux toil<strong>et</strong>tes avant une activité qui peut être un peu<br />

plus longue qu’à l’accoutumé (évitons le « p<strong>et</strong>it train »... <strong>et</strong> ses risques de chutes).<br />

Comprendre que l’enfant, comme l’adulte, peut désirer s’isoler, peut rej<strong>et</strong>er<br />

la présence d’autres enfants (ou même de l’adulte)... cela protégera des rétentions<br />

volontaires <strong>et</strong> des culottes salies.<br />

Laisser les enfants se rendre aux toil<strong>et</strong>tes « à la demande » entre les passages préventifs... pas<br />

d’interdictions stupides qui rendent l’enfant indisponible <strong>et</strong> peuvent le conduire à uriner sur lui... ou<br />

pire… avec toutes les conséquences <strong>psycho</strong>logiques qu'on peut imaginer... Un tel comportement est<br />

une forme de violence envers l’enfant.<br />

Qu’en penserons nous lorsque, devenus âgés, des personnels entraveront notre liberté de nous rendre<br />

aux toil<strong>et</strong>tes sous prétexte de risque de perte d’équilibre ou pour toute autre « bonne raison » ?...<br />

A l’école chacun ses WC : ceux des<br />

maîtres <strong>et</strong> des maîtresses <strong>et</strong> ceux<br />

des enfants …<br />

2 pages extraites du livre de Claude Gutman <strong>et</strong><br />

Serge Bloch « Les cabin<strong>et</strong>s ». Editions<br />

Casterman.<br />

La maîtresse ne nous autorise pas à sortir<br />

durant les cours …<br />

<strong>et</strong> pour le papier :<br />

… l’histoire d’une toute p<strong>et</strong>ite fille qui, par<br />

peur, se r<strong>et</strong>ient toute la journée …<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

167


L’enfant doit même avoir la possibilité de r<strong>et</strong>ourner aux toil<strong>et</strong>tes ... même s’il en revient (il<br />

peut présenter une infection urinaire méconnue).<br />

La « salle de propr<strong>et</strong>é » sera en conséquence toujours accessible pour l’enfant qui fera ainsi<br />

l’apprentissage de son autonomie.<br />

Organiser un « roulement d’A.T.S.E.M. » afin d’assurer « une permanence » aux toil<strong>et</strong>tes<br />

perm<strong>et</strong>tant des comportements individualisés.<br />

Du papier hygiénique sera disponible ... comme d’ailleurs durant toute la scolarité ... comment<br />

demander aux enfants d’être propres si on ne leur en donne pas les moyens ?<br />

On initiera au respect de l’autre en apprenant à tirer la chasse.<br />

On enseignera aux enfants à s’habiller <strong>et</strong> à se déshabiller seul <strong>et</strong> à se laver les mains.<br />

6) 6) Se Se sentir à l’aise :<br />

:<br />

... les enfants, s’ils se plaignent, ne sont pas souvent écoutés ...<br />

Une salle ni surchauffée, ni trop froide, régulièrement aérée.<br />

Les vêtements seront desserrés si nécessaire <strong>et</strong> les lac<strong>et</strong>s rattachés... sinon gare aux chutes.<br />

L’éclairage sera suffisant.<br />

• il est préférable que les élèves soient assis latéralement par<br />

rapport aux fenêtres. Les changer de place de temps à autre<br />

au cours de l’année afin que tous bénéficient de l’éclairage<br />

naturel.<br />

• les murs <strong>et</strong> les plafonds doivent être clairs <strong>et</strong> mats (afin<br />

d’éviter les réflexions de lumière).<br />

• attention aux « lumières crues <strong>et</strong> violentes » ... « qui<br />

papillotent à longueur de journée » ... ou à l’inverse, à un<br />

éclairage insuffisant nécessitant un effort oculaire accru.<br />

« Un mauvais éclairage provoquera des maux de tête, une sensation de fatigue visuelle, des<br />

larmoiements <strong>et</strong> des picotements oculaires en fin de journée. Si ces symptômes disparaissent les<br />

jours de repos, l’éclairage des locaux scolaires est très probablement en cause. Les conséquences<br />

peuvent être une démotivation de l’enfant vis à vis de son travail».<br />

Georges Perdriel,<br />

ophtalmologue.<br />

• souhaitable : une double éclairage modulable au plafond (tubes fluorescents qui ne<br />

proj<strong>et</strong>tent pas d’ombres) <strong>et</strong> un éclairage pour le tableau indépendant.<br />

Des stores ou des rideaux seront disponibles lors des fortes chaleurs.<br />

Les mains pourront être lavées mais aussi séchées.<br />

Des mouchoirs en cellulose seront à portée de mains des enfants <strong>et</strong> on leur apprendra à se<br />

moucher en obturant une narine puis l’autre.<br />

OFFRONS AUX ENFANTS UN ENVIRONNEMENT QUE LES ADULTES NE<br />

REJETTERAIENT PAS !<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

168


7) 7) Pouvoir Pouvoir compter compter sur sur l’adulte l’adulte :<br />

Les enfants par leurs demandes, les tractions qu’ils exercent sur nos vêtements, leurs cris, leurs<br />

larmes expriment des besoins ... ne répondons pas par l’indifférence ou ne feignons pas la<br />

surdité ... comportons-nous avec eux comme nous souhaitons qu’ils se comportent avec nous<br />

lorsque nous aurons perdu notre indépendance du fait de l’âge ...<br />

L’un des mots les plus souvent utilisé par les enseignants est<br />

« ATTENDS » ... il est vrai que la réponse n’est pas toujours<br />

immédiatement possible <strong>et</strong> que la différer peut correspondre à une<br />

volonté de faire découvrir les règles de la vie en collectivité ... mais c<strong>et</strong>te<br />

réponse doit toujours survenir afin que l’enfant se sente « en<br />

confiance » <strong>et</strong> ait la certitude qu’il est en sécurité au sein de l’école.<br />

Les RECREATIONS :<br />

• La cour de récréation est souvent une source d’angoisse<br />

pour l’enfant de p<strong>et</strong>ite section. Le sortir avec les moyens ou les<br />

grands c’est l’exposer aux bousculades <strong>et</strong> aux chutes <strong>et</strong> lui faire<br />

vivre une insécurité permanente. Il importe de s’organiser afin<br />

que les p<strong>et</strong>its ne soient pas en récréation simultanément avec<br />

d’autres niveaux (récréations échelonnées).<br />

• Ne pas reporter pour autant les récréations des p<strong>et</strong>its en<br />

fin de matinée avant l’arrivée des mamans afin de s’épargner<br />

un habillage supplémentaire !!!... C’est nier les besoins les plus<br />

élémentaires des enfants que de les maintenir presque 2 h 30<br />

dans une salle en avançant l’argument fallacieux que la matinée<br />

a comporté une séance d’éducation motrice.<br />

• Durant les récréations, au moins les premières semaines,<br />

tous les maîtresses <strong>et</strong> maîtres seront présents dans la cour ceci afin que l’enfant d’une classe<br />

donnée puisse s’adresser au seul adulte qu’il connaît alors bien. Ce n’est qu’ensuite que sera mis<br />

en place le système des services.<br />

• Exercer une véritable surveillance afin que le fort n’écrase pas le faible <strong>et</strong> que le groupe<br />

n’oppresse pas l’individu... l’adulte doit être le garant de la loi ... ne mimons pas « les pieds de<br />

marmite » durant les récréations (3 enseignants qui se regardent, discutent <strong>et</strong> ignorent les enfants).<br />

• Durée des récréations : - L'horaire moyen consacré aux récréations est de 15 minutes par demijournée<br />

à l'école élémentaire. C<strong>et</strong> horaire doit s'imputer de manière équilibrée dans la semaine sur<br />

l'ensemble des domaines disciplinaires. À l'école maternelle, le temps des récréations est compris<br />

entre 15 <strong>et</strong> 30 minutes par demi-journée.<br />

Article 4 de "HORAIRES DES ÉCOLES MATERNELLES ET ÉLÉMENTAIRES" A. du 25-1-2002 . JO du 10-2-2002.<br />

• Remarque ; dans certaines écoles élémentaires est élaborée avec les enfants une « charte des<br />

récréations » qui responsabilise des grands vis à vis des plus jeunes <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de réguler les<br />

problèmes d’agressivité.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

169


B) B) B) Besoins Besoins relatifs relatifs à à l’expression l’expression de de sa sa personnalité<br />

personnalité personnalité :<br />

Attention... les excès de liberté peuvent être vécus comme des abandons ...<br />

les excès de sévérité comme de l’intolérance.<br />

1) 1) être être reconnu reconnu comme comme une une ppersonne<br />

p ersonne :<br />

Pratiquer un accueil individualisé... la qualité de<br />

l’accueil est primordiale. L’enfant qui pleure doit être<br />

immédiatement pris en charge. L’enseignant doit être à la fois<br />

à l’écoute des enfants <strong>et</strong> des parents.<br />

Appeler l’enfant par son prénom.<br />

Le regarder dans les yeux... quitte à s’accroupir <strong>et</strong> ceci<br />

tout en tenant compte du fait que d’autres cultures ne reconnaissent<br />

pas ce droit à l’enfant... en d’autres termes... ne pas<br />

disputer l’enfant si lui ne vous regarde pas dans les yeux.<br />

L’écouter, être attentif à ses désirs <strong>et</strong> à ses besoins.<br />

L’accompagner dans ses jeux <strong>et</strong> ses activités... en le<br />

laissant néanmoins tâtonner <strong>et</strong> sans les réaliser à sa place !<br />

S’émerveiller avec lui mais aussi relancer son activité en hésitant pas à faire apparaître<br />

qu’une tâche n’est pas terminée.<br />

L’enfant accepte d’autant mieux les règles qu’il a participé à leur élaboration <strong>et</strong> qu’il<br />

constate qu’il est lui même respecté <strong>et</strong> qu’il dispose de droits<br />

La lutte contre la violence débute dès la maternelle... rappelons que les châtiments<br />

corporels sont interdits depuis 1887, que l’instituteur s’expose à des recours <strong>et</strong> des sanctions s’il<br />

transgresse les textes... <strong>et</strong> que l’enfant frappé en maternelle risque de devenir frappeur au collège...<br />

Des relations chaleureuses avec les parents peuvent perm<strong>et</strong>tre de mieux connaître chaque<br />

enfant ... <strong>et</strong> d’adapter son comportement en conséquence.<br />

2) 2) Bouger Bouger :<br />

Il est normal qu’un enfant de maternelle ne sache pas<br />

« rester en place ».<br />

Il est naturel que son attention cède rapidement.<br />

Les activités physiques <strong>et</strong> de plein air sont pour lui<br />

essentielles. Elles doivent être présentes chaque jour.<br />

Les activités de déplacement d’obj<strong>et</strong>s (... pousser, tirer,<br />

porter) <strong>et</strong> de fabrication-démontage sont aussi liées à son<br />

besoin presque incessant de mouvement.<br />

Accepter les mouvements dans une classe, c’est par la même, perm<strong>et</strong>tre de<br />

prendre des initiatives.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

170


3) 3) Agir, Agir, Agir, jouer jouer :<br />

Le besoin d’agir est lié au besoin de mouvements (déjà abordé) mais aussi au besoin<br />

de jouer. Agir exige un environnement riche <strong>et</strong> solliciteur avec des jeux variés.<br />

Le jeu :<br />

L’enfant qui joue est sérieux, attentif, concentré même. Mais le jeu est aussi<br />

synonyme de plaisir <strong>et</strong> de liberté. Jean Luc Aubert (<strong>psycho</strong>logue scolaire)<br />

pense que c’est « parce qu’il est associé au plaisir, que le jeu se révèle le<br />

moyen d’apprentissage le plus performant ».<br />

Intérêts <strong>et</strong> fonctions du jeu:<br />

* Développement des capacités cognitives.<br />

* Développement des capacités physiques.<br />

* Socialisation par la communication avec les autres qu’il perm<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

par les rôles multiples qu’il autorise (agression, défense, aide…). A 2<br />

ans, l’enfant aime jouer à côté des autres aux mêmes jeux mais les<br />

échanges sont pauvres : c’est le « jeu parallèle ». A 2,5 ans les interférences augmentent mais l’enfant<br />

reste égocentrique (« C’est à moi »). Peu à peu, il jouera avec les autres.<br />

* Maîtrise de l’angoisse de la séparation (jeu de cache-cache).<br />

* Contrôle de soi : maîtrise physique (… on ne se fait pas de mal, on ne fait pas mal aux<br />

autres) <strong>et</strong> maîtrise <strong>psycho</strong>logique (contrôle de l’agressivité, acceptation de l’échec par<br />

exemples).<br />

* Acceptation des règles (en jouant, l’enfant réalise peu à peu que la règle est nécessaire) qui<br />

perm<strong>et</strong> l’assimilation ultérieure des notions de contrat <strong>et</strong> de loi.<br />

* Le jeu moyen de thérapie. Le jeu perm<strong>et</strong> de lutter contre<br />

les difficultés scolaires, les angoisses <strong>et</strong> les traumatismes<br />

<strong>psycho</strong>logiques. Suite aux travaux de la suédoise Ivonny<br />

Lindquist, le jeu est maintenant utilisé dans les services<br />

hospitaliers.<br />

On distingue différents types de jeux :<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

Même les animaux<br />

jouent !<br />

Si un enfant bat sa poupée, ce peut être<br />

parce qu’il est lui-même battu mais ce peut<br />

être aussi parce qu’il craint de l’être… En<br />

mimant ses angoisses, il peut prendre de la<br />

distance avec celles-ci<br />

• Jeux sensoriels <strong>et</strong> moteurs = jeux sensori-moteurs qui développent la précision<br />

du geste <strong>et</strong> l’équilibre ... les seuls jeux de 0 2ans mais qui persistent bien au delà. Dès 4 mois<br />

l’enfant secoue son hoch<strong>et</strong> d’un mouvement brusque. A 6 mois il attrape ses pieds <strong>et</strong> tente<br />

d’atteindre des obj<strong>et</strong>s éloignés. A 8 mois il joue à taper les obj<strong>et</strong>s les uns contre les autres puis à les<br />

j<strong>et</strong>er par terre. A 10 mois il joue à « coucou » <strong>et</strong> peut m<strong>et</strong>tre un obj<strong>et</strong> dans une boîte. A 14-15 mois<br />

il joue à remplir <strong>et</strong> à vider <strong>et</strong> commence à emboîter. A 18 mois il<br />

aime les jou<strong>et</strong>s à pousser <strong>et</strong> à tirer <strong>et</strong> s’intéresse aux images.<br />

• Jeux symboliques = jeux du « comme si » ou jeux<br />

du « faire semblant ou « jeux de simulacre » qui se<br />

développent de 2 à 4, 5 ans <strong>et</strong> correspondent au début à l’imitation<br />

des activités des adultes.<br />

• Jeux d’imitation <strong>et</strong> de rôles qui dérivent des précédents <strong>et</strong><br />

prendront une grande importance entre 4,5 <strong>et</strong> 5 ans.<br />

• Jeux de règles plus tardifs (à partir de 6 ou 7 ans) qui exigent une discipline collective.<br />

171


4) 4) Communiquer Communiquer :<br />

Le langage est l’outil privilégié de la communication<br />

interhumaine mais il n’est pas le 1 er <strong>et</strong> pas le seul à être utilisé<br />

par l’enfant. L’enfant communique par le regard, la mimique<br />

<strong>et</strong> le geste <strong>et</strong> l’école se fixe pour objectif de l’amener à<br />

communiquer aussi par le langage.<br />

La communication de l’enfant est dirigée vers un individu en<br />

particulier, souvent un adulte alors que l’école cherche à<br />

favoriser les rapprochements entre enfants.<br />

C’est par le biais des activités communes que vont se<br />

développer la communication <strong>et</strong> la socialisation, qu’il s’agisse d’une simple distribution de lait ou<br />

de gâteaux par un enfant, qu’il s’agisse d’une activité de groupe, d’équipe ou d ‘atelier exigeant<br />

une coopération ou encore que soit pratiquée une véritable pédagogie coopérative.<br />

Lorsque deux enfants de classe maternelle se rencontrent pour la première fois dans une salle de<br />

jeu, la présence d’un p<strong>et</strong>it mammifère familier (lapin nain, cobaye, hamster…) diminue la<br />

distance qu’ils laissent entre eux, accroît le temps d’interaction entre les enfants <strong>et</strong> crée une<br />

ambiance plus positive… L’animal fait tomber les barrières <strong>et</strong> augmente les échanges affectifs : il<br />

joue un rôle facilitateur dans les interactions sociales. L’élevage peut devenir un moyen de<br />

rendre plus aisée la transition de l’entrée à l’école maternelle <strong>et</strong> peut faciliter le passage grande<br />

section de maternelle – CP.<br />

Si l’élevage facilite l’intégration des enfants à la vie de groupe <strong>et</strong> les habitue à travailler<br />

ensemble… il leur apprend aussi à se respecter : il faut tenir compte de l’opinion de l’autre.<br />

5) 5) Marquer Marquer sa sa sa possession possession :<br />

Si l’enfant se sent menacé dans la<br />

possession d’un obj<strong>et</strong>, de l’espace ou<br />

dans l’activité qu’il mène, il va réagir<br />

souvent par l’agressivité, parfois par la<br />

fuite.<br />

Il importe de m<strong>et</strong>tre en place des zones<br />

refuges où l’enfant puisse s’isoler ou<br />

jouer seul (coins avec des p<strong>et</strong>its jou<strong>et</strong>s<br />

individuels, des poupées ou un<br />

téléphone).<br />

Tirer <strong>et</strong> pousser à partir de 18 mois…<br />

« La contrainte est la pire des méthodes pédagogiques » (Piag<strong>et</strong>, 1949).<br />

« Une vérité apprise n'est qu'une demi-vérité, la vérité entière étant<br />

reconquise, reconstruite ou redécouverte par l'élève lui-même » (Piag<strong>et</strong>, 1950).<br />

… Une école sans contrainte donc, où l'élève expérimente activement afin de<br />

reconstruire de lui-même ce qu'il s'agit d'apprendre.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

172


ADDENDA ADDENDA : ACCUEILLIR LES PARENTS<br />

<strong>et</strong> <strong>et</strong> les les intégrer intégrer à à la la la vie vie scolaire scolaire scolaire ... ...<br />

...<br />

« Les réticences, les peurs, les incompréhensions, que la présence des<br />

parents soulève, doivent être dépassées dans l’intérêt du jeune »<br />

Georges Dupon-Lahitte, président de la F.C.P.E. le 21/04/1998.<br />

A) A) LES LES LES INTERROGATIONS INTERROGATIONS DES PARENTS :<br />

mon enfant va-t-il pleurer, a t-il pleuré après mon départ ?<br />

que va-t-il faire pendant trois heures ?<br />

va-t-on comprendre <strong>et</strong> prendre en compte ce qu'il dit ... ?<br />

B) B) B) MANIFESTATIONS MANIFESTATIONS MANIFESTATIONS DE DE LEURS LEURS INQUIETUDES INQUIETUDES :<br />

des parents qui monopolisent l'institutrice ;<br />

père ou mère installant son enfant <strong>et</strong> ne parvenant plus à le quitter.<br />

attitude de fuite face aux rencontres parents-enseignant ou comportement<br />

agressif lors de ces réunions.<br />

C) CONSTRUIRE CONSTRUIRE CONSTRUIRE UN UN CADRE CADRE DE DE CONFIANCE CONFIANCE CONFIANCE RECIPROPRE RECIPROPRE ET ET PROSCRIRE PROSCRIRE<br />

PROSCRIRE<br />

TOUTE TOUTE FORME FORME DE DE REJET REJET REJET :<br />

Un cadre de confiance réciproque doit être proposé<br />

d'emblée qui, tout à la fois, rassure les parents <strong>et</strong> les<br />

persuade qu'il n'y a pas de concurrence école-famille :<br />

Réunion collective dès les inscriptions en maternelle (entre<br />

les mois de mars <strong>et</strong> juin précédant la rentrée). Dès c<strong>et</strong>te 1 ère<br />

rencontre, un canevas, même sommaire, de la journée, est<br />

exposé.<br />

Réunion de rentrée à laquelle chaque parent est invité par<br />

écrit (voire oralement ou par téléphone s’il existe des difficultés connues de lecture<br />

du français). Prévoir pour chaque classe 2 horaires de réunion (par exemple 17 h <strong>et</strong><br />

19 h) pour répondre aux disponibilités de chacun.<br />

Rencontre individuelle de l’instituteur (trice) avec chaque famille accompagnée<br />

de son enfant.<br />

Dialogues personnalisés aux différents moments d'accueil <strong>et</strong> de départ.<br />

Certaines académies comme celle du Rhône rémunèrent des interprètes (en arabe,<br />

en turc, en portugais qui facilitent la communication lors des rencontres.<br />

Par la suite, c<strong>et</strong>te relation devra aller au-delà de la sécurisation <strong>et</strong> devenir<br />

relation de confiance. Elle perm<strong>et</strong>tra de modifier, souvent au positif, les<br />

"attentes" des parents vis-à-vis de l'école.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

173


L’objectif de la « Semaine des parents à l’école »<br />

(organisée pour la première fois du 11 au 16 mai<br />

1998) était d’ « instaurer un partenariat éducatif<br />

durable avec les parents dans un esprit d’ouverture, de<br />

confiance réciproque, de respect mutuel ». La 2 ième<br />

édition s’est déroulée du 12 au 17 oct. 1998.<br />

L’enseignant peut par exemple convier chaque<br />

parent de maternelle qui le souhaite à rester une ½<br />

journée par roulement dans la classe lors de c<strong>et</strong>te « semaine des parents à l’école » de façon à faire<br />

découvrir l’école, le proj<strong>et</strong> éducatif, le travail de l’enseignant <strong>et</strong> afin de développer confiance <strong>et</strong><br />

transparence.<br />

Il invitera les parents à apprécier les productions exposées, ce qu’elles ont mis en jeu (beaucoup<br />

de parents pensent que c'est la maîtresse qui "fait")<br />

Il associera les parents à des ateliers, des<br />

sorties...<br />

En cas de difficulté, rendez-vous est pris<br />

avec les parents <strong>et</strong> si cela s ‘avère nécessaire,<br />

une réunion parents + enseignant + directrice<br />

est organisée dans le bureau de celle-ci (cf.<br />

caractère solennel de l’entr<strong>et</strong>ien) avec<br />

signatures d’un contrat écrit comportant<br />

les engagements de part <strong>et</strong> d’autre.<br />

Le père, la mère, vont être conduits à<br />

valoriser simultanément l'enfant <strong>et</strong> le rôle de<br />

l'école.<br />

De ces échanges, l'institutrice aura le<br />

bénéfice d'une meilleure connaissance de<br />

chaque enfant, de sa famille, de son univers<br />

familier.<br />

Certaines activités perm<strong>et</strong>tent aussi<br />

d'instaurer un échange entre les parents <strong>et</strong><br />

entre les parents <strong>et</strong> l'école en général :<br />

- élections des parents d’élèves <strong>et</strong> réunion<br />

des conseils d’Ecole (créés en 1977 <strong>et</strong> rénovés en<br />

1985).<br />

- réunions de classes avec les parents en<br />

cours d’année.<br />

Un enfant a besoin que son entourage<br />

apprécie ses efforts, magnifie ses réussites.<br />

Or, si sa famille méconnaît le système scolaire,<br />

elle ne peut lui apporter c<strong>et</strong>te aide ».<br />

Monique Desgouttes, directrice de l’école<br />

« La Maison des Trois-Espaces à Saint-Fons<br />

(banlieue de Lyon).<br />

Enfants <strong>et</strong> parents lors d’un p<strong>et</strong>it déjeuner organisé à l’école<br />

de « La Maison des Trois-Espaces (près de Lyon).<br />

Photographie extraite de « La revue des parents » n° 296 de<br />

janvier-février 1998 (F.C.P.E.).<br />

- fonctionnement, dès la classe des p<strong>et</strong>its, d'une "mini-bibliothèque" (prêt de livres pour les fins de<br />

semaine par exemple).<br />

- débats autour de films avec professionnels de la p<strong>et</strong>ite enfance. Les thèmes (sommeil de l’enfant,<br />

son développement, la prévention des accidents domestiques ...) sont choisis en commun avec les<br />

parents.<br />

- projections de diapositives, de films, sur des activités de la classe, circulation d'albums ...<br />

Inspiré de « Avoir 2 ans à l’école », CRDP de Nantes<br />

<strong>et</strong> de divers articles de « La revue des parents ».<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

174


Illustrations : « Le grand monde du préscolaire »<br />

: http://prescolaire.grandmonde.com<br />

Les parents sont<br />

des co-éducateurs.<br />

La loi d’orientation de 1989<br />

(proj<strong>et</strong> présenté par<br />

Lionel Jospin),<br />

les a consacrés comme partenaires<br />

à part entière du système éducatif.<br />

C’est au Conseil d’Ecole créé en 1977 <strong>et</strong> rénovés en 1985 (au Conseil<br />

d’Administration créés en 1968 <strong>et</strong> rénovés en 1985 dans les collèges <strong>et</strong> les lycées) que<br />

les parents élus ém<strong>et</strong>tent leurs avis sur l’organisation de l’école, le règlement intérieur,<br />

l’accueil des enfants, les horaires, la sécurité des locaux, les sorties <strong>et</strong> voyages <strong>et</strong><br />

d’autres activités ...<br />

La principale fédération (en nombre d’adhérents) de parents d’élèves (la Fédération des<br />

Conseils de Parents d’Elèves ou F.C.P.E.) insiste sur les points suivants (outre des<br />

effectifs plus réduits en classe, des locaux, du matériel, des personnels qualifiés en<br />

nombre suffisant <strong>et</strong> à l’écoute des enfants) :<br />

1. Une véritable gratuité de l’éducation, condition indispensable de l’égalité des chances.<br />

2. Le respect des rythmes de vie <strong>et</strong> d'apprentissage.<br />

3. Le développement d'activités sportives <strong>et</strong> socio-culturelles accessibles à tous.<br />

4. Le droit à l’école maternelle pour tous les enfants dès 2 ans si les parents le désirent.<br />

5. Un service de restauration scolaire ouvert à tous au coût le plus juste.<br />

6. La prise en charge totale des transports.<br />

7. L’intégration des enfants handicapés.<br />

8. L’amélioration du dispositif de santé scolaire.<br />

9. Une plus grande participation des parents à la vie de l’école dans le cadre de la coéducation.<br />

10. La FCPE revendique également un statut du délégué-parent qui leur perm<strong>et</strong>trait<br />

d’exercer leur mandat.<br />

Jean-Pierre Geslin.<br />

Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />

Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />

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