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Le Le développement développement <strong>psycho</strong>logique <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong><br />
<strong>et</strong><br />
<strong>physio</strong>logique <strong>physio</strong>logique de de l’enfant l’enfant l’enfant jusqu’à jusqu’à 6 6 ans ans :<br />
I I - De la conception conception à la<br />
naissance naissance :<br />
A) Le développement :<br />
B) Le comportement de l’embryon <strong>et</strong> du<br />
fo<strong>et</strong>us :<br />
1) Aspects moteurs :<br />
2) Réactions motrices<br />
3) Réactions sensorielles :<br />
C) les échanges avec la mère :<br />
D) La naissance :<br />
II II - L’enfant de 0 à 3 ans :<br />
A) Le sommeil du nouveau-né <strong>et</strong> du jeune enfant :<br />
B) Le développement sensoriel <strong>et</strong> Moteur :<br />
C) Le développement intellectuel :<br />
D) Les étapes de l’acquisition du langage :<br />
E) Le développement affectif :<br />
F) Schéma corporel <strong>et</strong> image du corps :<br />
III III III - L’enfant de 3 à 6 ans ans : développement moteur,<br />
affectif affectif <strong>et</strong> <strong>et</strong> cognitif cognitif<br />
cognitif<br />
iV iV - Les besoins fondamentaux des jeunes enfants à<br />
l’école l’école maternelle maternelle :<br />
A) Besoins relatifs au bien-être :<br />
1) Dormir :<br />
5) Déféquer, uriner :<br />
2) Se reposer :<br />
6) Se sentir à l’aise :<br />
3) Se nourrir :<br />
7) Pouvoir compter sur l’adulte :<br />
4) Boire :<br />
B) Besoins relatifs à l’expression de sa personnalité :<br />
1) être reconnu comme une personne :<br />
2) Bouger :<br />
3) Agir, jouer :<br />
4) Communiquer :<br />
5) Marquer sa possession :<br />
Addenda : accueillir les parents <strong>et</strong> les intégrer à la vie scolaire.<br />
Fécondation.<br />
Photo DR<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
55
Le Le développement développement <strong>psycho</strong>logique <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>physio</strong>logique<br />
<strong>physio</strong>logique<br />
de de l’enfant l’enfant jusqu’à jusqu’à 6 6 ans ans ans :<br />
Le développement <strong>psycho</strong>moteur est un processus continu qui se déroule selon les mêmes<br />
étapes chez tous les enfants mais dont la rapidité varie d’un enfant à l’autre.<br />
Ce développement est en grande partie conditionné par la qualité des relations qui<br />
s’établissent avec le milieu extérieur.<br />
I I - De la conception conception à la la naissance :<br />
A) A) La La fécondation fécondation :<br />
Le spermatozoïde (= cellule sexuelle mâle) <strong>et</strong> l’ovule (= cellule sexuelle femelle) renferment<br />
23 chromosomes soit 2 fois moins que les autres cellules de l’organisme. Elles ont en eff<strong>et</strong> subi,<br />
respectivement dans les testicules <strong>et</strong> les ovaires, une division particulière appelée méiose qui divise<br />
par 2 le nombre de chromosomes.<br />
La formation des spermatozoïdes débute<br />
à la puberté. Elle s’effectue à partir de cellules<br />
souches (ou spermatogonies), nécessite 74 jours<br />
(+/- 4 jours) auxquels s'ajoutent les 8 à 15 jours<br />
de transit dans l'appareil génital mâle.<br />
Une fois les spermatozoïdes formés, ils vont<br />
être libérés dans la lumière du tube séminifère<br />
du testicule, baignant alors dans un liquide<br />
appelé fluide testiculaire ( = liquide séminal<br />
primitif) sécrété par les cellules spécialisées<br />
dites « cellules de Sertoli ». Ils sont ensuite<br />
transportés passivement (les spermatozoïdes ne<br />
sont alors pas encore mobiles <strong>et</strong> ne sont que<br />
véhiculés par le fluide testiculaire) vers le canal<br />
épididymaire (dans l’épididyme…) ou ils sont<br />
stockés.<br />
C'est pendant leur passage dans l'épididyme que<br />
les spermatozoïdes vont subir une première<br />
série de modifications morphologiques <strong>et</strong><br />
<strong>physio</strong>logiques, les rendant partiellement aptes<br />
à la fécondation (1 ère étape de la<br />
« capacitation »). Ils y acquièrent entre autre la<br />
mobilité. Ils y sont également protégés du<br />
milieu ambiant (dont le pH ne leur est pas très<br />
favorable) par une sorte de film protecteur<br />
recouvrant leur tête.<br />
www.chu-toulouse.fr<br />
Spermatozoïdes (60 µ de long <strong>et</strong> 3 µ de<br />
large). On distingue 3 parties :<br />
La tête renfermant le noyau (contenant 23<br />
chromosomes) <strong>et</strong> l'acrosome (sac renfermant 3<br />
types enzymes nécessaires à la pénétration<br />
dans l'ovocyte).<br />
La pièce intermédiaire : très riche en<br />
mitochondries qui fournissent l'énergie<br />
nécessaire au mouvement.<br />
Le flagelle qui est l'organe de propulsion du<br />
spermatozoïde.<br />
Les spermatozoïdes, afin d’assurer une<br />
fécondation <strong>et</strong> une fois dans l’appareil génital<br />
féminin, doivent encore effectuer un parcours<br />
de 16 à 18 cm à la vitesse moyenne de 16 cm à<br />
l’heure.<br />
Le fluide testiculaire va s’intégrer au « liquide<br />
séminal ». Ce dernier est produit par tous les segments des voies spermatiques mais particulièrement<br />
par les vésicules séminales (deux réservoirs membraneux à paroi épaisse, d’une longueur de 5 à 6<br />
cm dans lesquels le sperme peut accumuler dans l’intervalle des éjaculations), par la prostate (2-3<br />
cm, elle grossit avec l’âge) <strong>et</strong> par les glandes de Cowper (situées sous la prostate).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Une éjaculation comprend entre 2 <strong>et</strong> 6 ml de fluide testiculaire + liquide séminal. Ces<br />
sécrétions représentent plus de 90 % du volume du sperme. Le liquide séminal fournit aux<br />
spermatozoïdes les métabolites <strong>et</strong> les oligo-éléments indispensables à leur survie <strong>et</strong> leur mobilité <strong>et</strong><br />
joue un rôle protecteur. Sa viscosité limite les pertes de spermatozoïdes après l'éjaculation. Il<br />
contient également des substances favorisant la pénétration des spermatozoïdes dans la glaire<br />
produite par le col de l’utérus féminin.<br />
Les spermatozoïdes sont soumis à plusieurs systèmes de sélection dont l'acidité de la<br />
muqueuse vaginale <strong>et</strong> l’obstacle de la glaire cervicale (de pH 5, visqueux <strong>et</strong> à mailles serrées hors<br />
période ovulatoire mais à pH 7,8, fluide <strong>et</strong> à mailles larges en période ovulatoire).<br />
La glaire, en période ovulatoire, laisse passer les spermatozoïdes les plus mobiles, les<br />
« lavant » au passage du liquide séminal qui s’opposerait ultérieurement à la 2 ème étape du<br />
processus dit de « capacitation ».<br />
C<strong>et</strong>te glaire devient par contre pratiquement infranchissable 2 jours avant <strong>et</strong> de façon plus relative<br />
(voir suite) 1 journée après l'ovulation.<br />
La glaire semble aussi jouer un autre rôle : « le mucus constituerait un "réservoir" » qui distribue des<br />
"pulses" » de spermatozoïdes perm<strong>et</strong>tant "d’attendre" plusieurs jours l’ovulation (3 à 4 j) si<br />
l’insémination est en avance sur celle-ci » (Zagouhan).<br />
La glaire possède enfin un pouvoir bactériostatique <strong>et</strong> bactéricide.<br />
A la sortie des voies génitales mâles, les 50 à 600 millions de spermatozoïdes (chez<br />
homme) n'ont pas encore de pouvoir fécondant. Ils l'acquièrent au cours de leur ascension dans les<br />
voies génitales femelles par la « capacitation » déjà débutée dans l’appareil génital masculin. Ils se<br />
trouvent en eff<strong>et</strong>, dans la cavité utérine <strong>et</strong> les trompes, débarrassés de la protection de la tête<br />
acquise dans le liquide séminal, leur membrane est « déstabilisée » <strong>et</strong> les enzymes contenus dans<br />
leur acrosome (sac situé à la partie antérieure de la tête du spermatozoïde) sont activés.<br />
Au total, 1 à 2 millions de spermatozoïdes atteignent la cavité utérine. Leur progression dans<br />
l’utérus se fait grâce à la contraction du muscle utérin (= myomètre) pour l’essentiel <strong>et</strong> aux<br />
battements du flagelle. Beaucoup se perdent dans les glandes utérines. L’entrée dans les trompes<br />
correspond à une nouvelle sélection… La moitié s’engageant dans le mauvais conduit. Il ne<br />
parviendra ainsi qu’une centaine de spermatozoïdes autour de la cellule femelle. Le voyage ne<br />
peut durer parfois que 30 mn. On sait que le spermatozoïde, une fois émis, a une durée de vie de<br />
3 jours (… voire 4 jours) dans les voies génitales féminines.<br />
Les ovules (ou mieux « ovocytes ») :<br />
Chez le fœtus féminin de 5 mois les ovaires<br />
renferment un stock de 7 millions de cellules<br />
reproductrices : les futurs gamètes femelles ou<br />
« ovocytes »… Chez la fille, à la naissance, il<br />
n’en reste plus que de l’ordre de 1000 000… A<br />
la puberté, ces ovocytes ne sont plus que 100<br />
000. Seulement environ 400 vont devenir<br />
fécondables.<br />
Les cycles sexuels (dits menstruels dans<br />
l’espèce humaine) débutent à la puberté. Ils se<br />
poursuivront jusqu’à la ménopause. Les<br />
menstruations ou règles marquent le début de<br />
chaque cycle.<br />
C<strong>et</strong>te activité est régulée par une activité<br />
hormonale qui prend naissance dans le cerveau au<br />
niveau de l’hypothalamus, puis de l’hypophyse.<br />
Photographie (www.chu-toulouse.fr) d’un<br />
gamète femelle = ovule (en fait ovocyte II).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Au moment de l'ovulation, l’ovule (les biologistes confirmés diraient qu’il s’agit en fait<br />
d’un ovocyte II 1 ) est entouré d’une membrane pellicule (la zone pellucide) <strong>et</strong> de plusieurs couches<br />
de cellules folliculaires.<br />
L’ovocyte est aspiré par le pavillon de la trompe puis<br />
entraîné par le courant liquidien créé par les mouvements<br />
péristaltiques (= mouvements propres) de la trompe <strong>et</strong> par<br />
des cils qu’elle renferme.<br />
L’ovocyte parvient ainsi à l’ampoule (tiers<br />
extérieur de la trompe) en moins de 30 minutes. Il est<br />
r<strong>et</strong>enu dans c<strong>et</strong>te « ampoule » durant 24 à 72 heures<br />
« attendant » la visite des spermatozoïdes.<br />
En l'absence de fécondation, l'ovocyte dégénère puis<br />
est éliminé. L'ovocyte est en eff<strong>et</strong> fécondable pendant les 6 à<br />
24 h qui suivent l'ovulation (en moyenne…parfois jusqu’à<br />
72 h).<br />
La fécondation (rencontre de l’ovule <strong>et</strong> d’un<br />
spermatozoïde) va avoir lieu dans l’un des 2 oviductes<br />
dénommés trompes de Fallope chez la femme (14 cm de<br />
longueur). C<strong>et</strong>te fécondation rétablira le nombre de<br />
chromosomes à 46.<br />
Le spermatozoïde doit d'abord franchir une série de barrières<br />
protectrices : d'abord la couronne de cellule qui entoure<br />
l'ovule (la "corona radiata") puis la membrane pellucide de<br />
l'ovule. Ces franchissements s'effectuent grâce à des<br />
enzymes contenus dans une sorte de chapeau : l'acrosome.<br />
De nombreux spermatozoïdes tentent de traverser les<br />
couches de cellules folliculaires puis la membrane pellucide<br />
à l’aide de la poussée de leur flagelle <strong>et</strong> de leur acrosome<br />
"capacité" qui effectue sa « réaction acrosomique »<br />
(libération de ses 3 types d’enzymes) :<br />
* La hyaluronidase perm<strong>et</strong> la dissociation des cellules<br />
folliculaires formant la couronne radiaire (= corona radiata).<br />
* La CPE (Corona Pen<strong>et</strong>rating Enzyme) perm<strong>et</strong> aux SPZ<br />
de traverser ces cellules de la corona radiata.<br />
* L’acrosine qui perm<strong>et</strong> la perforation la zone pellucide<br />
<strong>et</strong> le passage du spermatozoïde dans l’espace péri-ovulaire.<br />
Seule une dizaine de SPZ atteignent la zone<br />
pellucide. L’un d’entre eux la traverse puis s’unit, non pas perpendiculairement mais<br />
tangentiellement à la membrane plasmique de l’ovocyte II qui l’absorbe dans sa totalité… donc<br />
avec le flagelle…<br />
Dès qu'un spermatozoïde a pénétré dans l'ovocyte, des « granules corticaux » contenus dans<br />
l'ovocyte sont libérés <strong>et</strong> modifient la zone pellucide la rendant infranchissable pour les autres<br />
spermatozoïdes.<br />
1 Quelques heures avant l'ovulation, l'ovocyte I, bloqué jusqu'alors en prophase de la 1ère division méiotique, termine sa<br />
division <strong>et</strong> donne un ovocyte II <strong>et</strong> un premier globule polaire (voir schéma). C<strong>et</strong> ovocyte II entame immédiatement la 2eme<br />
division <strong>et</strong> reste bloqué en métaphase de 2ème division méiotique. Il est pondu sous c<strong>et</strong>te forme.<br />
Spermatozoïde franchissant la<br />
membrane pellucide de l'ovule<br />
grâce à ses enzymes du type<br />
acrosine.<br />
Photo : Lennart Nilsson.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Pour nos p<strong>et</strong>its biologistes… <strong>et</strong> eux<br />
seulement : l'ovocyte II, bloqué en<br />
métaphase de la 2 ème division méiotique,<br />
achève sa division, formant l'ovotide <strong>et</strong><br />
expulse le second globule polaire.<br />
Le noyau apporté par le spermatozoïde <strong>et</strong><br />
celui fourni par la cellule femelle se<br />
rompent <strong>et</strong> les chromosomes maternels <strong>et</strong><br />
paternels se mélangent (caryogamie =<br />
amphimixie).<br />
Si le spermatozoïde a amené un<br />
chromosome sexuel X, c’est une fille qui<br />
naîtra 9 mois plus tard. Si le SPZ a<br />
introduit un chromosome sexuel Y, le bébé<br />
sera un garçon. En eff<strong>et</strong> l’expression du<br />
gène Sry (localisé sur le chromosome Y),<br />
dans les cellules des gonades encore<br />
indifférenciées, entraîne la synthèse de la protéine TDF (= protéine Sry). C<strong>et</strong>te protéine déclenche à son<br />
tour l’expression de nombreux autres gènes qui conduisent à la différentiation de la gonade indifférenciée<br />
en testicule. En l’absence du gène Sry (donc de protéine TDF), la gonade se transforme en ovaire.<br />
Dans le testicule, la production de testostérone par les Ç interstitielles <strong>et</strong> d’hormone antimullérienne par les<br />
Ç de Sertoli contrôle la masculinisation de l’appareil génital.<br />
B) B) Le Le développement développement :<br />
Le suivi de la grossesse peut être assuré gratuitement en PMI.<br />
- L’abréviation SA signifie "Semaines d'Aménorrhées". Le premier jour des dernières règles correspond au<br />
premier jour de la première semaine d'aménorrhée.<br />
- SG signifie "Semaines de grossesse" = nombre de semaines depuis la fécondation.<br />
- DDG = Date de Début de Grossesse <strong>et</strong> DPA = Date Prévue d'Accouchement.<br />
- DDR = Date des Dernières Règles (= date du début des dernières règles).<br />
1 er mois : (la taille passe de 1/10 ème de mm à 4 mm).<br />
mois :<br />
Les premières divisions cellulaires (photo Guigoz).<br />
Fécondation humaine.<br />
Photo Cosmos-Science. D Phillips<br />
La fécondation est suivie de divisions cellulaires sans accroissement de taille. La 1 ère se produit 30 h<br />
après l’amphimixie. L’amas de cellules progresse vers l’utérus poussé par des cils vibratiles tapissant le<br />
conduit <strong>et</strong> les mouvements « péristaltiques » (= mouvements propres) de la trompe.<br />
3 à 4 jours après la fécondation, arrive dans l’utérus une sorte de p<strong>et</strong>ite mûre formée de 12 à 16 cellules : la<br />
MORULA. Au 4 ème - 5 ème jour, la morula de 64 cellules s’organise, se gonfle <strong>et</strong> se creuse formant une p<strong>et</strong>ite<br />
sphère dénommée BLASTULA.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Très rapidement la blastula évolue en BLASTOCYSTE : à<br />
l’un des pôles de la blastula, se forme un amas cellulaire : le<br />
« bouton embryonnaire » ou embryoblaste (il donnera naissance à<br />
l’embryon). Le feuill<strong>et</strong> qui limite l’ensemble de la sphère <strong>et</strong> que<br />
l’on nomme le « trophoblaste » sera, lui, à l’origine du placenta <strong>et</strong><br />
de ses annexes. A ce stade, il y a disparition de la membrane<br />
pellucide.<br />
L’ensemble morula-blastula-blastocyste se nourrit pendant 2<br />
(à 3) jours des sécrétions de l’utérus.<br />
Au 6 ème -7 ème jour débute la « nidation » : le BLASTOCYSTE<br />
se fixe en perforant l’épithélium utérin de la mère. Le trophoblaste<br />
prolifère <strong>et</strong> se différencie en un cytotrophoblaste <strong>et</strong> un<br />
syncytiotrophoblaste. C’est le syncytiotrophoblaste qui ém<strong>et</strong> des<br />
évaginations <strong>et</strong> érodent la muqueuse de l’utérus. L’enfouissement<br />
dans la paroi exige 4 à 5 j.<br />
Le blastocyste fixé est dans le langage courant appelé<br />
« EMBRYON » au sens large (du grec embruon = qui croît<br />
dedans). L’épithélium de l’utérus rétablit en eff<strong>et</strong> sa continuité<br />
après la fixation <strong>et</strong>, de ce fait, le blastocyste se r<strong>et</strong>rouve enfermé<br />
dans la muqueuse utérine (entre l’épithélium <strong>et</strong> le chorion).<br />
Au sein du bouton embryonnaire, une nouvelle cavité se creuse <strong>et</strong><br />
se remplie de liquide : c'est la poche des eaux ou cavité<br />
amniotique (qui se forme donc par cavitation <strong>et</strong> non pas par<br />
plissement dans l’espèce humaine)… Elle entourera l’embryon <strong>et</strong><br />
le liquide amniotique incolore <strong>et</strong> opalescent (= « les eaux ») qu’elle<br />
contient protégera l’embryon des chocs. Le bébé aura donc un<br />
développement aquatique comme... un poisson, nous<br />
remémorant ainsi notre lignée évolutive.<br />
Sous l’amnioblaste (délimitant la partie supérieure de la cavité<br />
amniotique) <strong>et</strong> sous c<strong>et</strong>te cavité, dès le 8 ème jour, le bouton<br />
embryonnaire s’était transformé en 1 disque formé de 2<br />
feuill<strong>et</strong>s (l’un, à sa partie supérieure est l’ectoblaste <strong>et</strong> l’autre plus<br />
interne <strong>et</strong> à cellules plus plates correspond à l’endoblaste). C’est le<br />
disque embryonnaire didermique.<br />
La 3 ème semaine (du 16 ème au 22 ème jour), au niveau du disque<br />
embryonnaire, à partir des 2 feuill<strong>et</strong>s, il s’en forme 3 par le<br />
phénomène de gastrulation (que nous n’aborderons pas ici).<br />
Les 3 feuill<strong>et</strong>s mis en place sont :<br />
l’ectoblaste qui donnera naissance à la peau (en fait à<br />
l’épiderme + les ongles + l’émail des dents) <strong>et</strong> au système nerveux,<br />
le mésoblaste (= chordo-mésoblaste) qui formera os, muscles<br />
mais aussi l’appareil circulatoire, les reins <strong>et</strong> les glandes sexuelles<br />
<strong>et</strong><br />
l’endoblaste (= entoblaste) qui sera à l’origine des appareils<br />
digestif <strong>et</strong> respiratoire.<br />
Entre la 3 ème <strong>et</strong> la 4 ème semaine : au niveau du dos de l’embryon,<br />
dans la ligne médiane, l’ectoblaste s’organise d’abord en une<br />
plaque neurale de 125 000 cellules réalisée au 20 ème jour. Les<br />
bords épais de c<strong>et</strong>te plaque constituent les crêtes neurales. La<br />
plaque se creuse en gouttière pour former la gouttière neurale qui<br />
évolue ensuite en tube (le tube neural) terminé au 26 ème jour.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Embryon humain de 4 jours (16 cellules).<br />
Photo J. Burn/CNRI<br />
Schéma d'un blastocyste de 5 jours<br />
« Anatomie générale » par Chevrel.<br />
Editions Masson 1978.<br />
Photographie d'un blastocyste de 8 jours<br />
en voie d'implantation.<br />
Photo : Lennart Nilsson.<br />
Formation de la cavité amniotique<br />
http://www.apprentoile.ubordeaux2.fr/WEmbryo/Wemb_Ico/Fig009.htm<br />
60
Les 27 ème <strong>et</strong> 28 ème jours, il y a ferm<strong>et</strong>ure de l’orifice antérieur (= neuropore antérieur) du tube neural. 29 ème<br />
jour : la « neurulation » achève par la ferm<strong>et</strong>ure du neuropore postérieur.<br />
La formation de ce tube neural est induite par une structure sous-jacente : la chorde autour de<br />
laquelle s’édifiera la colonne vertébrale. La partie avant du tube neural donnera l’encéphale <strong>et</strong> la partie<br />
arrière formera la moelle épinière.<br />
A la base de la tête, on peut apercevoir des fentes : les fentes<br />
branchiales homologues de celles des poissons. Ces fentes, <strong>et</strong> les poches<br />
branchiales auxquelles elles donnent accès, disparaîtront ultérieurement<br />
entraînant à ce niveau un rétrécissement : le cou...<br />
C’est la partie externe de la première poche branchiale qui donnera l’oreille<br />
interne. Les parties internes des différentes poches engendreront le thymus<br />
(« école » pour globules blancs) <strong>et</strong> les glandes parathyroïdes.<br />
L’embryon comprend alors 3 parties : une tête où le cerveau s’édifie, un<br />
tronc arqué dépourvu de membres, <strong>et</strong> une queue vestige de nos lointains<br />
ancêtres : les reptiles. C<strong>et</strong>te queue s’estompera au 45 ème jour, le reliquat<br />
constituant le coccyx.<br />
Le tronc est relié, au niveau de sa face ventrale, à un p<strong>et</strong>it sac : la vésicule<br />
vitelline qui fabrique les 1ers globules du sang. Ces cellules rejoindront le foie dès son apparition <strong>et</strong> c’est lui<br />
qui prendra le relais dans la fabrication des cellules souches du sang en attendant l’apparition de la moelle<br />
osseuse au 3 ème mois.<br />
Entre le 21 ème <strong>et</strong> le 26 ème jour, l’ébauche<br />
cardiaque commence à battre alors qu’il<br />
n’y débouche encore aucun vaisseau.<br />
Des cellules au contact de l’utérus<br />
commencent à élaborer une sorte d’éponge<br />
de sang : le futur PLACENTA. Le<br />
placenta, fixé à l’utérus <strong>et</strong> relié à<br />
l’embryon par le cordon ombilical, est un<br />
filtre sélectif qui perm<strong>et</strong>tra au futur bébé<br />
de respirer <strong>et</strong> de se nourrir. Le placenta<br />
joue à la fois le rôle d’un poumon, d’un<br />
appareil digestif <strong>et</strong> d’un foie mais aussi<br />
d’un rein <strong>et</strong> d’une fabrique d’hormones :<br />
des oestrogènes, de la progestérone <strong>et</strong> des<br />
gonadotrophines perm<strong>et</strong>tent le maintien du<br />
« corps jaune » au cours du 1 er mois de<br />
gestation. La sécrétion de progestérone<br />
bloque la production des hormones<br />
hypophysaires : la FSH <strong>et</strong> la LH pas de<br />
nouveau cycle.<br />
Le sang du fœtus rejoint le<br />
placenta par 2 artères ombilicales <strong>et</strong><br />
r<strong>et</strong>ourne au fœtus par 1 seule veine<br />
ombilicale le cordon ombilical<br />
comporte 3 vaisseaux<br />
sanguins.<br />
A la fin du 1er<br />
mois, l’embryon<br />
mesure 4,5 mm <strong>et</strong><br />
pèse 1 gramme si<br />
on inclut les<br />
annexes<br />
embryonnaires.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Notre lignée<br />
évolutive :<br />
POISSONS<br />
<br />
AMPHIBIENS<br />
= BATRACIENS<br />
<br />
REPTILES<br />
<br />
MAMMIFERES<br />
(y compris l’homme).<br />
Embryon de 4 semaines : à noter la taille, impressionnante<br />
par rapport à l'ensemble, de l'appendice caudal.<br />
Photo : Lennart Nilsson.<br />
GEU = Grossesse extra-utérine (1,4 % des grossesses, 1 ère cause de mortalité liée à la grossesse dans<br />
les pays industrialisés) dans trompe, cavité péritonéale voire ovaire. En cas de grossesse extra-utérine<br />
non rompue (douleurs pelviennes ou non, pertes de sang noirâtres ou brunâtres, toucher vaginal souvent<br />
douloureux, recherche de la ß-HCG plasmatique, échographie utérine, coelioscopie) :<br />
* Traitement par le méthotrexate (5MTX). L’administration par voie endovaginale à un taux de succès de<br />
80 à 90 % alors que l’injection intramusculaire, plus pratique, n’a un taux de réussite que de 70 à 80 %.<br />
* Traitement chirurgical dès qu’il n’existe une fissuration tubaire (aspiration avec injection locale de<br />
méthotrexate ou ablation de la trompe par coeliochirurgie).<br />
61
2 ème mois mois : : : (la taille<br />
passe de 4 mm à 28 mm).<br />
Tête :<br />
Avant la fin du 1 er mois, dès la<br />
3 ème semaine, des ébauches des<br />
yeux sont apparues sur les côtés<br />
(= placodes optiques) <strong>et</strong> de<br />
p<strong>et</strong>its bourgeons latéraux ont<br />
annoncé la formation des<br />
oreilles (= placodes otiques).<br />
Leur apparition a été suivie, la<br />
4 ème semaine par celles des<br />
placodes olfactives.<br />
Vue d’ensemble.<br />
La cavité amniotique donnera la poche des eaux.<br />
L’œil est une émanation du cerveau commençant à apparaître le 22 ème jour. Le pédicule optique<br />
deviendra le nerf optique tandis que la cupule optique qui s’invagine la 5 ème semaine, évoluera en<br />
rétine (la partie avant sera la rétine sensorielle, la partie arrière, de couleur noire, sera la rétine<br />
pigmentaire. L’espace entre les deux peut être le lieu, au cours de la vie extra-utérine du<br />
« décollement de rétine »).<br />
L’ectoplaste situé à proximité des cupules optiques a donné naissance, au 27 ème jour, à un<br />
épaississement : la placode optique à l’origine du futur cristallin. La placode optique se creuse en<br />
une vésicule cristallinienne qui en se refermant <strong>et</strong> en se détachant de l’ectoblaste devient le<br />
cristallin.<br />
La bouche <strong>et</strong> les narines sont, dans un premier temps, confondues en un seul <strong>et</strong> large orifice, puis le<br />
nez épaté se sépare de la bouche.<br />
Dès la 5 ème ou 6 ème semaine de la vie du fœtus, chacune de ses mâchoires renferme 10 p<strong>et</strong>its<br />
bourgeons de dents annonçant les 20 dents de lait... mais celles-ci ne se calcifieront que vers le<br />
5 ème mois de grossesse.<br />
A 7 semaines l’embryon réagit si on lui effleure la lèvre (à 11 sem pour la paume des mains <strong>et</strong> la<br />
plante des pieds suivis par l’abdomen puis le fessier <strong>et</strong> à 20 semaines par l’ensemble du corps). Le<br />
toucher est la sensation la plus précoce.<br />
Les papilles gustatives se forment aussi à 7 semaines mais elles ne deviendront fonctionnelles<br />
qu’entre 11 <strong>et</strong> 14 sem. Dès le 2 ème mois, le fœtus possède une structure logée dans une minuscule<br />
invagination de la cloison nasale : l’organe voméro-nasal qui semble adapté à la détection des<br />
molécules odorantes en milieu aqueux. On considère généralement que c<strong>et</strong> organe dégénère avant<br />
la naissance mais certains auteurs l’ont décrit chez le nouveau-né, l’enfant de 2 ans <strong>et</strong> même chez<br />
l’adulte. Il perm<strong>et</strong>trait le transfert d’arômes de la mère à l’enfant par le biais du liquide amniotique.<br />
Certaines préférences gustatives de l’enfant pourraient ainsi être déterminées dès la vie fœtale.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
62
Membres : des bourrel<strong>et</strong>s ou<br />
ébauches des membres supérieurs sont<br />
apparues dès le 26 ème jour. 2 jours plus<br />
tard sont nés les bourrel<strong>et</strong>s des<br />
membres inférieurs. Ces bourrel<strong>et</strong>s<br />
évoluent en pal<strong>et</strong>tes tandis que la<br />
« queue » disparaît progressivement.<br />
Les membres sont, au départ,<br />
perpendiculaires (disposition rappelant<br />
celle de nos ancêtres successifs : les<br />
amphibiens <strong>et</strong> les reptiles). A la 8ème<br />
semaine se forment les articulations. Les<br />
membres supérieurs se plient au niveau du<br />
coude <strong>et</strong> les mains se croisent sur le ventre,<br />
les membres inférieurs se plient au niveau<br />
des genoux qui s’écartent tandis que les<br />
pieds se rapprochent à se toucher. Tous<br />
pivotent ensuite : le membre supérieur vers<br />
l’arrière <strong>et</strong> le membre inférieur vers<br />
l’avant. C<strong>et</strong>te rotation est, au niveau des<br />
membres inférieurs, responsable de<br />
l’apparition du col du fémur.<br />
Les doigts des mains se séparent la 8 ème semaine, au 57 ème jour.<br />
Cœur <strong>et</strong> poumons :<br />
Les fentes branchiales<br />
disparaissent avec apparition<br />
concomitante du cou.<br />
Le cœur se dilate, se<br />
contourne en forme de S <strong>et</strong> se<br />
divise en 2 cavités<br />
superposées : une oreill<strong>et</strong>te <strong>et</strong><br />
un ventricule. Puis une<br />
cloison sépare la cavité<br />
supérieure en 2 oreill<strong>et</strong>tes qui<br />
restent pourtant en<br />
communication pendant toute<br />
la durée de la vie embryonnaire<br />
par l’intermédiaire d’un<br />
orifice : le trou de Botal. La<br />
structure définitive du cœur<br />
est acquise à 50 jours.<br />
La trachée apparaît au cours<br />
de la 5 ème semaine avec 2<br />
bourgeons qui formeront les<br />
poumons.<br />
Appareil digestif :<br />
Le tube digestif s’était formé<br />
EMBRYON HUMAIN DE 6 SEMAINES<br />
Il flotte dans son aquarium. Le cœur est n<strong>et</strong>tement visible<br />
(boule rouge sur la face ventrale)<br />
Les structures paires appelées somites seront à l’origine du derme,<br />
des systèmes cartilagineux, squel<strong>et</strong>tiques <strong>et</strong> musculaires, de<br />
l’appareil circulatoire <strong>et</strong> du sang.<br />
<strong>et</strong> un bourgeon annonçant le foie <strong>et</strong> la vésicule biliaire était apparu à la fin du 1 er mois. Le pancréas, lui,<br />
se forme au cours de la 5 ème <strong>et</strong> 6 ème semaines à partir de 2 ébauches qui fusionnent.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
63
Les glandes sexuelles :<br />
Elles apparaissent au début du 2 ème mois <strong>et</strong> les testicules débutent leur production d’hormone mâle<br />
ou testostérone la 7 ème semaine.<br />
A la fin du 2 ème mois la taille atteint 28 mm <strong>et</strong> le poids 10 grammes. Tous les organes sont déjà<br />
ébauchés <strong>et</strong> l’embryon prend alors le nom de FOETUS (du latin « engendré »).<br />
On dit (quelle que soit l’espèce) que l’on est en présence d’un fo<strong>et</strong>us quand on<br />
peut reconnaître à quelle espèce appartient l’être en développement.<br />
3 ème mois<br />
mois :<br />
:<br />
(La taille passe de 2,8 mm à 11 cm).<br />
L’aspect du visage s’améliore : tandis que les<br />
globes oculaires (d’abord en position très<br />
latérale) se constituent, les paupières apparaissent<br />
la 6 ème semaine de grossesse puis se développent<br />
<strong>et</strong> les recouvrent. Elles fusionnent (= se soudent)<br />
vers la 14 ème semaine. Elles resteront fermées<br />
jusqu’au 6 ème ou 7 ème mois.<br />
Remarque : certains textes expliquent que dès<br />
1983 on a observé que le fœtus avait les yeux<br />
ouverts dans le liquide amniotique dès le début la<br />
14 ème semaine de grossesse (16 ème semaine<br />
d’aménorrhée)… en fait, les paupières ne sont<br />
pas encore soudées à c<strong>et</strong> âge.<br />
La bouche devient plus p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> un léger duv<strong>et</strong><br />
apparaît au- dessus de la lèvre supérieure. La langue sort <strong>et</strong> explore le nez <strong>et</strong> les lèvres.<br />
A 12 semaines le fœtus commence à absorber le liquide amniotique dans lequel il vit (ce liquide est<br />
sans cesse renouvelé en partie par dialyse au niveau des vaisseaux maternels). Il peut également sucer<br />
son pouce.<br />
Cerveau : les neuroblastes (cellules qui donneront naissance aux cellules nerveuses ou<br />
neurones) apparaissent en premier <strong>et</strong> se multiplient surtout de la 10 ème à la 18 ème semaine de vie<br />
intra-utérine. Il y a production de 250 000 futurs neurones à la minute.<br />
Les glioblastes se forment ensuite <strong>et</strong> donneront les cellules de la glie nerveuse dont les prolongements<br />
serviront de « rails » pour les neuroblastes en migration (vers les différentes couches qui constitueront<br />
le cortex du cerveau). Ce n’est qu’après avoir atteint leur destination définitive que les neuroblastes se<br />
différencieront en cellules nerveuses.<br />
Les organes sexuels externes se différencient dès le 3 ème mois <strong>et</strong> le pénis est visible en<br />
échographie à la 14 ème 5 centimètres <strong>et</strong> 20 grammes.<br />
semaine « d’aménorrhée » (= 14 ème semaine sans règles). Les testicules (qui<br />
rappelons-le étaient devenus capables de produire de l’hormone mâle dès la 7 ème semaine) resteront<br />
dans l’abdomen jusqu’au 8 ème mois.<br />
Les reins fonctionnent <strong>et</strong> sécrètent une urine très peu concentrée éliminée par les voies naturelles. Elle<br />
aboutit dans la cavité amniotique <strong>et</strong> participe pour une bonne partie au remplissage de celle-ci.<br />
L’intestin s’allonge <strong>et</strong>, dès la 11 ème semaine, le pancréas élabore de l’insuline <strong>et</strong> du glucagon<br />
susceptibles de réguler le métabolisme glucidique du fo<strong>et</strong>us.<br />
Le cœur bat à 140 pulsations par minute.<br />
A la fin du 3 ème mois, le fo<strong>et</strong>us pèse 45 grammes <strong>et</strong> mesure 11 centimètres. Il caracole<br />
dans la cavité amniotique mais la mère ne le sent pas encore bouger.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
64
4 ème mois<br />
mois : : (la taille passe de 11 cm à 20 cm).<br />
La mère commence à sentir les mouvements de son enfant.<br />
Dès la 19 ème semaine - 20 ème semaine (4,5 mois), la structure définitive de l’oreille interne est acquise mais il<br />
faudra encore attendre 4 semaines pour que le nerf optique devienne fonctionnel.<br />
L’injection d’un liquide sucré dans la poche amniotique est suivie (à l’échographie) d’une tétée du fœtus <strong>et</strong><br />
ce dès le 4 ème mois. Par contre le fœtus reste indifférent à un liquide salé.<br />
Tout le corps se recouvre d’un fin duv<strong>et</strong> : le lanugo <strong>et</strong> les premiers cheveux poussent. Les ongles se forment<br />
<strong>et</strong> les glandes sébacées <strong>et</strong> sudoripares font leur apparition. Le foie fabrique de la bile qui s’accumule dans<br />
l’intestin pour former le méconium. La production d’urine <strong>et</strong> son passage dans le liquide amniotique<br />
continuent.<br />
C’est au cours du 4 ème mois que le système immunitaire se m<strong>et</strong> en place. Il va perm<strong>et</strong>tre au fo<strong>et</strong>us de<br />
s’opposer ultérieurement, par lui-même, aux infections dont il pourra faire l’obj<strong>et</strong>.<br />
Toutes les glandes endocrines (= glandes productrices d’hormones) : la thyroïde, les surrénales, le<br />
pancréas, les gonades... entre sous la dépendance de l’hypothalamus <strong>et</strong> de l’hypophyse (= système<br />
hypothalamo-hypophysaire). A la fin du 4 ème mois, le fo<strong>et</strong>us mesure 20 cm <strong>et</strong> pèse 225 grammes.<br />
5 ème<br />
ème mois mois au au 7 7<br />
ème mois mois : : (la taille passe de 20 cm à 40 cm).<br />
A 5 mois : C’est à la 20 ème semaine que se forment les empreintes digitales.<br />
Le 5 ème mois correspond à une période de « croissance active des poumons ». Les futures alvéoles<br />
produisent déjà du surfactant (produit qui empêche ces alvéoles de se collaber lors de l’expiration <strong>et</strong> qui<br />
facilite l’inspiration suivante). Sébum <strong>et</strong> cellules de l’épithélium desquamées commencent à constituer le<br />
"vernix caseosa" qui protège la peau du liquide amniotique. Il sera en<br />
partie absorbé par la peau dans les heures suivant la naissance.<br />
A 6 mois (24 à 26 semaines d’aménorrhée 2 ). Au début du 6 ème<br />
mois, il mesure 36 cm. Ses pupilles se contractent à la lumière à la<br />
24 ème semaine (début du 6 ème mois). La rétine est maintenant mature <strong>et</strong><br />
la vue devient en principe possible. Les glandes sébacées continuent<br />
à recouvrir la peau de sébum. A 6,5 mois, l’enfant devient viable<br />
mais, s’il naît prématurément, il faudra le placer dans une couveuse<br />
dont la température est presque identique à celle du corps maternel<br />
(les systèmes thermorégulateurs du bébé ne sont pas encore fonctionnels à ce<br />
stade). Au cours du 6 ème mois a lieu le 4 ème examen prénatal.<br />
Dès la 28 ème semaine de gestation, on peut observer en échographie* <strong>et</strong> à<br />
l'auscultation des mouvements oculaires rapides associés à des accélérations<br />
du rythme respiratoire, à une irrégularité du rythme cardiaque <strong>et</strong> à des cycles<br />
de mouvements. Ces périodes de mouvements sont dénommées « sommeil<br />
actif = agité ».<br />
Ce « sommeil agité » est peut être l'équivalent du « sommeil paradoxal » (en<br />
1 ère approximation du « rêve »)… Néanmoins des résultats récents chez<br />
Echographie au 6 ème mois : pieds…<br />
* Remarque : l’échographie est une<br />
technique qui perm<strong>et</strong> d’explorer le<br />
corps humain en utilisant les<br />
ultrasons.<br />
La méthode consiste à recueillir l’écho<br />
de la surface du corps du fo<strong>et</strong>us à<br />
travers la paroi du ventre de la mère.<br />
l'animal ne confirment pas c<strong>et</strong>te hypothèse : la destruction de certains noyaux cérébraux du rat laisse persister le «<br />
sommeil actif » mais supprime ultérieurement le S.P. (Cf. travaux de Joëlle Adrien à Paris). Nous reviendrons sur ce<br />
point. A partir de la 30 ème semaine apparaît du « sommeil calme » souvent présenté comme l'équivalent du « sommeil<br />
lent » bien que ceci encore soit remis en cause. Les cycles « sommeil agité » <strong>et</strong> « sommeil calme », qui se succèdent un<br />
peu plus tardivement, sont respectivement dénommés « sommeil paradoxal » - « sommeil lent » après la naissance. La<br />
veille ne semble apparaître que vers les 35 - 37 èmes sem de gestation soit fin du 8 ème mois - début du 9 ème mois.<br />
Le 7 ème mois (28 semaines à 32,5 semaines depuis les dernières règles = aménorrhée) est d’une manière<br />
générale celui qui correspond au perfectionnement du système nerveux, les mouvements sont mieux<br />
coordonnés <strong>et</strong> le fœtus peut maintenant complètement se r<strong>et</strong>ourner sur lui-même. A 30 semaines = 7 mois, il<br />
réagit au son d’une sonnerie électrique. Les échographies montrent que le fœtus détourne la tête ou sursaute<br />
lorsqu’une lumière vive est approchée du ventre de la mère à 7 mois. 5 ème visite médicale. A la fin du 7 ème<br />
mois, il pèse 1700 grammes <strong>et</strong> mesure 40 cm.<br />
2<br />
Lorsque l'on parle de SA = semaines d’aménorrhée, on parle toujours de SA révolues c'est-à-dire terminée.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
65
8 ème<br />
ème mois, mois, 9 9<br />
ème mois mois :<br />
:<br />
8 ème mois : de 32,5 semaines à 36 semaines <strong>et</strong> 5 jours d’aménorrhée (= 32,5 semaines à 36 semaines<br />
<strong>et</strong> 5 jours après les dernières règles). Le lanugo commence à tomber. De la graisse se dépose sous<br />
la peau <strong>et</strong> celle-ci est moins plissée. De rouge, elle devient rose. Chez le garçon, les testicules<br />
terminent leur descente de l’abdomen vers le scrotum. Dès le 8 ème mois, certaines femmes<br />
constatent un écoulement jaunâtre au niveau des seins : le colostrum. 6 ème <strong>et</strong> avant dernier rendezvous<br />
avec le médecin <strong>et</strong> 3 ème échographie à 32 semaines d’aménorrhée. La hauteur de l’utérus atteint<br />
30 cm.<br />
Fin du 8 ème mois : 2200 à 2400 grammes <strong>et</strong> 42 à 45 centimètres. Habituellement la femme prend<br />
de l’ordre de 500 grammes lors du 8 ème mois.<br />
9 ème mois : le dernier mois va de 36 semaines <strong>et</strong> 5 jours à 41 semaines d’aménorrhée (= 36 semaines<br />
+ 5 jours à 41 semaines après les dernières règles). Le placenta pèse 500 grammes pour un diamètre<br />
de 20 cm. Allongement du cordon ombilical... parfois jusqu'à 2 mètres. Le bébé se place tête en<br />
bas <strong>et</strong> jambes en l’air dans 97 % des cas. Il descend dans le bassin ce qui facilite la respiration de la<br />
future maman mais accroît son mal de dos. Il prend du poids : 20 à 30 grammes par jours <strong>et</strong> sa peau<br />
est potelée. La quantité de liquide amniotique diminue au fur <strong>et</strong> à mesure qu’il grossit. Il perd une<br />
partie du vernix caseosa (couche de sébum) qui le recouvrait <strong>et</strong> souvent les restes de lanugo. Il ne<br />
bouge quasiment plus car il est devenu trop gros <strong>et</strong> ne dispose plus de l'espace nécessaire. Au cours<br />
de ce dernier mois, dernier rendez-vous avec le médecin + rencontre de l’anesthésiste en<br />
consultation (que la mère souhaite ou non bénéficier d’une anesthésie péridurale). Au moment de<br />
l’accouchement, le bébé pèse en moyenne 3 kg 300 pour 50 cm. Périmètre crânien : 34 à 35 cm.<br />
Habituellement la femme prend de l’ordre de 500 grammes lors du 9 ème mois.<br />
La mère doit se rendre à la maternité si elle perd les eaux, si elle ressent des contractions régulières<br />
d’une durée de 1 minute toutes les 5 à 10 minutes, si elle ne sent plus son bébé bouger, si elle est à<br />
terme ou si elle saigne.<br />
Quelle prise de poids au cours de la grossesse ?<br />
Femmes maigres ou très minces jusqu'à 16 à 18 kg<br />
Femmes de corpulence moyenne 11 à 12 kg<br />
Femmes de poids élevé 5 ou 6 kg essentiellement au dernier<br />
trimestre<br />
Il ressort d’un grand nombre d’études que le poids de naissance de l’enfant, facteur qui influe<br />
sur la morbidité <strong>et</strong> la mortalité, dépend des réserves de la mère <strong>et</strong> de ce qu’elle mange.<br />
« Les femmes extrêmement préoccupées de leur ligne, qui continuent à se restreindre pendant la<br />
grossesse, risquent d’avoir un bébé né prématurément, de faible poids ou ayant des carences en<br />
nutriments ».<br />
« Colloque international nutrition <strong>et</strong> grossesse » Dr J. Fricker, hôpital Bichat, oct 1998.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
66
C) C) Le Le comportement comportement de de l’embryon l’embryon <strong>et</strong> <strong>et</strong> du du fo<strong>et</strong>us fo<strong>et</strong>us :<br />
1) 1) Aspects Aspects moteurs moteurs :<br />
Les muscles commencent à se contracter entre le 40 ème <strong>et</strong> le 45 ème<br />
jours... contraction sans intervention du système nerveux.<br />
Mise en place des 1ères jonctions neuro-musculaires entre le 50 ème <strong>et</strong><br />
le 60 ème jour. Les mouvements sont d’abord globaux puis plus<br />
localisés au 3 ème mois. Evolution vers la localisation dans le sens<br />
céphalo-caudal <strong>et</strong> proximo-distal.<br />
Premiers mouvements perceptibles par l’obstétricien à 12 semaines <strong>et</strong><br />
par la mère à 16 semaines (« battements d’ailes »).<br />
Le fo<strong>et</strong>us avale le liquide amniotique dès le 3 ème mois.<br />
Il est possible de fixer des capteurs de pression à la surface de<br />
l’abdomen d’une femme enceinte <strong>et</strong> ainsi d’enregistrer les mouvements du fo<strong>et</strong>us. Sterman en 1967<br />
a ainsi constaté l’existence de cycles « mouvement-repos » chez le fo<strong>et</strong>us <strong>et</strong> ceci surtout dans les<br />
trois derniers mois de la grossesse. Ces périodes correspondaient-elles à un rythme éveil-sommeil<br />
ou à un rythme sommeil agité-repos ?<br />
L’observation de prématurés humains confirma que les secousses avaient surtout lieu durant les<br />
périodes de sommeil agité. L’échographie, qui perm<strong>et</strong> de repérer in utero les mouvements<br />
oculaires typiques du sommeil agité, est venue confirmer les travaux portant sur les prématurés.<br />
Il fut en conséquence classique d'affirmer que le fœtus « rêve » (dès 28 ème semaine) <strong>et</strong> dort (dès<br />
30 ème semaine). Ceci sous-tendait que le sommeil agité du fœtus soit l'équivalent du « sommeil<br />
paradoxal » (en 1 ère approximation du rêve) de l'enfant <strong>et</strong> de l'adulte.<br />
Le doute subsiste néanmoins car on a montré chez les rongeurs que dans l'encéphale, le noyau raphé<br />
dorsalis fonctionne durant le sommeil agité mais cesse d'être actif durant le rêve <strong>et</strong> que de plus, les<br />
substances chimiques inhibant le S.P. des rats adultes sont sans eff<strong>et</strong> sur le sommeil agité des rats<br />
nouveau-nés.<br />
La mise en place des 2 sommeils distincts s’effectue en 4 temps :<br />
* Dans une 1ère phase, dès 20 semaines, on note des phases mouvements brusques-repos sans qu’on<br />
puisse véritablement les rattacher aux 2 types de sommeil précédents : on parle de pré-sommeil. Il<br />
existe un "bruit de fond" à l'EEG avec des périodes d’encéphalogramme plat de quelques secondes à 1<br />
mn ou 2.<br />
* Le "sommeil agité" (avec mouvements oculaires <strong>et</strong> un tracé EEG continu) s’observe en fait dès la 28<br />
ème semaine (= 6,5 mois) d’âge gestationnel chez le fo<strong>et</strong>us <strong>et</strong> le prématuré. L’activité électrique du<br />
cerveau est permanente.<br />
* Le "sommeil calme" (sans mouvements oculaires <strong>et</strong> avec tracé EEG discontinu) n’est repérable que<br />
vers la 30 ème semaine.<br />
* Ces 2 états de sommeil se succèdent régulièrement à partir de la 36 ème semaine. Le sommeil agité<br />
représente alors 65% du sommeil total.<br />
* La veille, elle, ne semble apparaître, sous la forme de toutes p<strong>et</strong>ites périodes que vers les 35-<br />
37 èmes semaines de gestation (fin du 8 ème - début du 9 ème mois). Il ouvre plus souvent les yeux.<br />
« Si un p<strong>et</strong>it prématuré va bien, son sommeil va évoluer de la même façon que s'il était resté in utero. Par<br />
exemple, un nouveau-né prématuré de 28 semaines (né à 6 mois de gestation) aura à trois mois d'âge légal un<br />
électroencéphalogramme <strong>et</strong> une organisation de sommeil pratiquement identiques à ceux d'un nouveau-né à<br />
terme de quelques jours, donc conçu au même moment que lui ». Challamel M.J., Thirion M.<br />
Le sommeil calme deviendra (ou sera remplacé par) le sommeil lent de l’adulte. Les stades I, II, III <strong>et</strong><br />
IV de ce sommeil lent ne commencent à s’individualiser qu’environ 6 semaines après la naissance. Le<br />
sommeil agité constituera (ou sera remplacé par), lui, le sommeil paradoxal. L’entrée en sommeil avant<br />
3 mois se fait soit en sommeil agité soit en sommeil transitionnel <strong>et</strong> est généralement très rapide.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
67
2) 2) Réactions motrices :<br />
- Si on effleure les lèvres, il réagit dès 7 semaines. A 12,5<br />
semaines (= moins de 3 mois révolus) il répond par un<br />
mouvement de déglutition ou un sourire = premier aspect<br />
du réflexe de succion.<br />
- Si on touche la paume de la main du fo<strong>et</strong>us ou du<br />
prématuré, les poings se serrent à demi dès 8,5 semaines<br />
(= moins de 2 mois révolus). Réaction franche à 11<br />
semaines<br />
- « Phénomène d’innervation antagoniste des membres<br />
inférieurs » dès la 16 ème semaine (moins de 4 mois révolus)<br />
: pincement pied flexion membre excité <strong>et</strong> extension<br />
côté opposé... c’est le tout 1 er début de la marche.<br />
- A 24 semaines (5,5 mois), il serre fermement une bagu<strong>et</strong>te venant toucher sa paume : c’est le « grasping<br />
reflex ».<br />
- Mise en place du réflexe de Moro = « réflexe des bras en croix » ou « réflexe d’embrassement » dès la<br />
30 ème semaine = 7 mois révolus (il disparaîtra au 6 ème mois après la naissance).<br />
3) Réactions sensorielles :<br />
Il se prépare à d’abord à toucher (dès la 7 ème<br />
semaine au niveau des lèvres) puis à goûter <strong>et</strong> à<br />
sentir <strong>et</strong> enfin à entendre puis voir...<br />
Les zones visuelles <strong>et</strong> auditives du cerveau se<br />
différencient à la 20 ème semaine.<br />
Goût <strong>et</strong> odorat :<br />
Ils fonctionnent comme un seul sens lorsque le bébé déglutit<br />
le liquide amniotique (ce qui se produit, nous l’avons<br />
signalé dès la 12 ème semaine). Ce liquide amniotique est<br />
« parfumé » par ce que la mère respire <strong>et</strong> mange. La fumée<br />
de cigar<strong>et</strong>te chez une femme enceinte peut provoquer un<br />
hoqu<strong>et</strong> du fœtus.<br />
Audition :<br />
L’oreille interne atteint sa structure définitive à la 20 ème<br />
semaine de grossesse (4,5 mois) mais il semble que<br />
l’audition ne devienne possible que lorsque le nerf auditif<br />
est fonctionnel, c’est-à-dire entre la 24 ème <strong>et</strong> la 26 ème semaine.<br />
Réflexe de Moro : s’il apparaît un<br />
changement brusque de la position de la<br />
nuque (tête qui tombe en arrière ou bien<br />
soulèvement des cuisses <strong>et</strong> du bassin du<br />
nourrisson), on observe :<br />
* d’abord une extension <strong>et</strong> un<br />
écartement des bras avec ouverture des<br />
mains.<br />
* puis un réflexe (inconstant)<br />
d’embrassement.<br />
Fœtus de 3 mois… les rétines sont<br />
visibles en noir…<br />
A 25 semaines, pour qu’un son extérieur parvienne in utero aux oreilles du fœtus <strong>et</strong> provoque des 1 ères<br />
réponses réflexes, il faut qu’il atteigne 110 décibels… soit un niveau sonore + intense que celui d’un<br />
marteau piqueur.<br />
Chez le fœtus exposé à un bruit fort (les bruits externes lui parviennent plus atténués s’ils sont aigus), on<br />
observe à l’échographie, dès la 26 ème -28 ème semaine (début du 7 ème mois) des battements de paupières, une<br />
accélération cardiaque <strong>et</strong> une extension des membres. Ce qu'il entend correspond sans doute à ce que nous<br />
percevons quand nous m<strong>et</strong>tons la tête sous l'eau.<br />
- Le fœtus perçoit mieux la voix de sa mère que celle des autres voix car elle lui parvient par 2<br />
chemins différents : la voie aérienne <strong>et</strong> la voie du corps maternel. Ceci correspond à un gain de 10 à 20 dB<br />
par rapport aux voix d’autres personnes.<br />
- La voix du père (<strong>et</strong> d’autres personnes), peut être théoriquement entendue en fin de grossesse à partir de 95<br />
dB (soit une intensité vocale importante de l’ordre de celle utilisée par un conférencier)… ce n’est donc<br />
pas le cas dans la vie courante. A la date de 2004, aucun chercheur n’a pu montrer qu’un bébé pouvait se<br />
souvenir de la voix de son père après la naissance <strong>et</strong> qu’il la préférait à celle d’un autre homme…<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
68
- L’enregistrement des bruits intra-utérins (battements cardiaques <strong>et</strong> mouvements respiratoires de la mère,<br />
déglutition, gargouillements divers) puis leur diffusion après la naissance, calment les nouveau-nés <strong>et</strong> les<br />
endorment.<br />
- Des extraits musicaux de « Pierre <strong>et</strong> le loup » de Prokofiev, ont été interprétés<br />
au basson devant des mères au 8 ème <strong>et</strong> au 9 ème mois de la grossesse. Ils ont<br />
ultérieurement été proposés à leurs nourrissons, après la naissance, lors de<br />
périodes de pleurs. Ces extraits provoquent un apaisement <strong>et</strong> un passage à la<br />
veille attentive.<br />
- On fait lire à haute voix, par une future maman un énoncé (poème par exemple),<br />
durant 6 semaines avant la naissance de son enfant. La lecture du texte pas sa<br />
mère après sa naissance suscite plus "d’intérêt" 3 qu’un autre poème jamais<br />
entendu ou que le même poème lu par une autre femme.<br />
- Des chercheurs ont étudié l’eff<strong>et</strong> provoqué par des avions survolant Osaka sur le<br />
sommeil des nouveau-nés. Si la mère a vécu toute sa grossesse en ce lieu,<br />
seulement 5 % des bébés se réveillent durant les survols. Si la mère s’est installée<br />
après le 5 ème mois de sa grossesse, c’est 50 % des nouveau-nés qui sont tirés du<br />
sommeil.<br />
Ces diverses études confirment l’existence d’une audition avant la naissance <strong>et</strong> de plus apportent la preuve<br />
qu’il existe un apprentissage prénatal.<br />
Vue :<br />
Avant que les paupières ne se développent <strong>et</strong> se soudent la 14 ème semaine, le fœtus a les « yeux ouverts »<br />
dans le liquide amniotique. Les paupières resteront ensuite « fermées » (en fait soudées) jusqu’au 6 ème ou<br />
7 ème mois.<br />
A partir de la 24 ème semaine, le fœtus déplace ses globes oculaires dans les 4 directions mais ces<br />
mouvements sont rares. Ses pupilles se contractent alors en intensité lumineuse élevée ce qui conduit à<br />
penser que l’œil du fœtus est, à c<strong>et</strong> âge, sensible à la lumière. La rétine est par ailleurs alors mature.<br />
Nous avons précisé précédemment que des expériences (lumière vive <strong>et</strong> clignotante dirigée sur le ventre<br />
maternel) avaient mis en évidence, avec certitude, une sensibilité à la lumière dès le 7 ème mois de vie intrautérine.<br />
Le nouveau-né voit dès sa naissance mais sa vue est très immature : l’acuité visuelle se situe entre<br />
1/30 ème <strong>et</strong> 1/20 ème , l’accommodation (équivalente de la mise au point dans un appareil photographique) est<br />
faible <strong>et</strong> le champ visuel est restreint. 1 % des enfants sont malvoyants.<br />
La vision du bébé est centrale : parlez-lui en vous plaçant dans l’axe de son regard.<br />
Conclusion : on peut dire que la vue est le sens qui se m<strong>et</strong> en place le plus tardivement.<br />
D) D) les les échanges échanges avec avec la la mère mère mère :<br />
Image :<br />
http://www.tiboo.com/conte<br />
nu/sante/parler01.htm<br />
C1) ECHANGES BIOLOGIQUES :<br />
Le placenta est un organe intervenant dans la nutrition (= alimentation + respiration + épuration) <strong>et</strong> la<br />
protection immunitaire du fœtus (le placenta laisse passer les anticorps... mais Cf. le problème du<br />
facteur rhésus quand la mère est rhésus négatif <strong>et</strong> l’enfant rhésus positif).<br />
Jusqu'à la naissance, les poumons n’interviennent pas dans la respiration.<br />
Pathologie : le pseudo-hermaphrodisme est lié à un passage d’hormones sexuelles en quantité trop<br />
importante à travers le placenta ... les gonades (= glandes sexuelles) sont alors d’un sexe différent du<br />
sexe morphologique.<br />
C2) ECHANGES PSYCHOLOGIQUES :<br />
Ils s’effectuent dans les 2 sens... Par le biais de l’adrénaline, la mère peut communiquer ses émotions<br />
à l’enfant (dont le rythme cardiaque s’accélère). Le phénomène a été très étudié chez les mammifères :<br />
lorsque le chien entre dans la bergerie, les fœtus portés par les brebis présentent des modifications<br />
marquées au niveau de leur électroencéphalogramme...<br />
3<br />
L’intérêt est mesuré par la technique de la succion non nutritive (tétine reliée à un capteur de pression connecté à un<br />
ordinateur) mise au point en 1969 par Siqueland <strong>et</strong> Delucia : l’enfant pratique une succion plus prolongée.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
69
Complément : le suivi médical de la grossesse fin 2002<br />
SEPT EXAMENS PRENATAUX :<br />
* Le 1 er examen doit être fait par un médecin avant le 3 ème<br />
mois de grossesse : Systématiquement : analyse d’urine <strong>et</strong><br />
détermination du groupe sanguin, dépistage de la rubéole <strong>et</strong><br />
de la toxoplamose <strong>et</strong> du cytomégalovirus (CMV).<br />
Proposition du dépistage du VIH <strong>et</strong> de la trisomie 21.<br />
* 6 autres examens prénataux du 4 ème mois à l’accouchement.<br />
Au 6 ème mois de grossesse : dépistage de l’antigène Hbs<br />
(recherche d’une infection par le virus de l’hépatite B).<br />
* Examens supplémentaires s’il existe un risque particulier :<br />
recherches, après entente préalable avec la caisse<br />
d’assurance maladie, de la trisomie 21 par amniocentèse<br />
(chez les femmes de plus de 38 ans) <strong>et</strong> de maladies<br />
génétiques (s’il existe des antécédents familiaux).<br />
TROIS ECHOGRAPHIES :<br />
* La 1 ère à 12 semaines révolues d’aménorrhée qui perm<strong>et</strong> de<br />
préciser la date de fécondation, de rechercher une éventuelle<br />
grossesse extra-utérine <strong>et</strong> de détecter des anomalies éventuelles.<br />
* La 2 ème à 22 semaines d’aménorrhée perm<strong>et</strong> d’apprécier la<br />
croissance du fœtus <strong>et</strong> de rechercher d’autres anomalies.<br />
* La 3 ème à 32 semaines d’aménorrhée perm<strong>et</strong> de préciser la<br />
position du bébé <strong>et</strong> l’emplacement du placenta.<br />
* D’autres échographies peuvent être prescrites en cas de<br />
grossesse à risque.<br />
HUIT SEANCES DE PREPARATION :<br />
* Elles sont animées par un médecin ou une sage-femme, durent<br />
45 minutes <strong>et</strong> sont individuelles ou collectives.<br />
* Elles visent 5 objectifs :<br />
proposer des exercices musculaires, respiratoire <strong>et</strong> de<br />
relaxation,<br />
informer les femmes sur leur grossesse,<br />
<strong>et</strong> sur le déroulement de l’accouchement,<br />
sur le rôle de chaque membre de l’équipe lors de c<strong>et</strong><br />
accouchement<br />
<strong>et</strong> sur les 1 ers gestes à effectuer lorsque le bébé se présente.<br />
UN EXAMEN CLINIQUE<br />
POSTNATAL :<br />
Il est réalisé dans les 8 semaines<br />
qui suivent l’accouchement.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Les maternités sont<br />
organisées en trois<br />
niveaux depuis 1998 :<br />
Niveau 1 : grossesses<br />
normales à priori.<br />
Niveau 2 : une unité de<br />
néonatalogie obligatoire<br />
qui perm<strong>et</strong> d’assurer des<br />
soins intensifs aux<br />
nourrissons.<br />
Niveau 3 : s’occupent des<br />
grossesses à risque <strong>et</strong><br />
comportent<br />
obligatoirement un service<br />
de réanimation.<br />
Avant l’âge de 38 ans, le<br />
risque de trisomie 21 est<br />
faible <strong>et</strong> il n’est pas légitime<br />
de faire pratiquer<br />
systématiquement une<br />
"amniocentèse". Dans ce<br />
cas on propose un test de<br />
dépistage de moins bonne<br />
spécificité, mais totalement<br />
dénué de risque : le HT 21,<br />
ou "triple test". Il s’agit d’une<br />
prise de sang, perm<strong>et</strong>tant de<br />
doser 3 constituants sanguins<br />
(l’HCG bêta, l’alpha<br />
fo<strong>et</strong>oprotéine <strong>et</strong> l’oestriol)…<br />
Voir pages 47 <strong>et</strong> 48.<br />
Ce test doit impérativement<br />
être pratiqué entre la 14 ème<br />
<strong>et</strong> la 18 ème semaine après le<br />
début des dernières règles<br />
(semaines "d’aménorrhée ").<br />
On le combine à la mesure<br />
de la " clarté nucale " lors<br />
d’une échographie.<br />
Les résultats sont rendus en<br />
10 jours <strong>et</strong> sont exprimés en<br />
% de risque.<br />
DIX SEANCES DE REEDUCATION ABDOMINALE :<br />
Proposées après l’accouchement, elles visent à tonifier les<br />
musculatures abdominale, pelvienne <strong>et</strong> périnéale afin en<br />
particulier d’éviter les problèmes urinaires après l’accouchement.<br />
70
E) E) La La La naissance :<br />
L’accouchement correspond à<br />
l'ensemble des phénomènes qui ont<br />
pour conséquence la sortie du fœtus <strong>et</strong><br />
des annexes fœtales hors des voies<br />
génitales maternelles.<br />
La période du terme s’étend de 37 à 41<br />
semaines 42 semaines (259 à 293 jours).<br />
Avant 37 semaines d'aménorrhée, il s’agit<br />
d’accouchement prématuré <strong>et</strong> après 42<br />
semaines d'aménorrhée de dépassement<br />
de terme. L’idéal se situe vers 39,5 sem.<br />
On parle « d'accouchement<br />
programmé » quand il est provoqué pour des raisons personnelles <strong>et</strong> de « déclenchement de<br />
l’accouchement » lorsque les indications sont médicales (terme dépassé, rupture prématurée de la<br />
poche des eaux, l'accouchement qui ne se déclenche pas dans les heures qui suivent la rupture,<br />
maladie rhésus, r<strong>et</strong>ard de croissance, souffrance chronique ou malformation du fœtus, jumeaux,<br />
hypertension artérielle ou diabète ou troubles hépatiques ou encore cardiaques, pulmonaires ou<br />
rénaux de la mère).<br />
L’accouchement commence par des contractions utérines induites par des substances chimiques :<br />
les prostaglandines produites par l’amnios (fine membrane qui tapisse tout l’intérieur de la cavité<br />
occupée par le fœtus <strong>et</strong> qui recouvre le cordon ombilical <strong>et</strong> le placenta). L'ocytocine, hormone<br />
d'origine hypothalamique transitant dans l’hypophyse n'intervient pas directement dans le déclenchement<br />
des contractions utérines, mais entr<strong>et</strong>ient <strong>et</strong> renforce leur intensité. Les contractions sont<br />
involontaires <strong>et</strong> progressives en fréquence, en intensité ainsi qu’en durée (15 secondes à 1 minute).<br />
Les contractions naturelles ou déclenchées entraînent l’effacement (= le raccourcissement<br />
progressif de 3,5 cm à 0 cm) du col de l’utérus puis la dilatation de ce col. En cas d’<br />
« accouchement programmé » ou de « déclenchement de l’accouchement », on provoque la<br />
« maturation du col » (effacement + dilatation du col) en plaçant dans le vagin, en arrière du col, ce<br />
que l’on appelle un « lac » (une sorte de tissu) imprégné de prostaglandines. Si le col réagit bien à<br />
c<strong>et</strong>te administration de prostaglandines (ou s’il est déjà effacé), on peut alors faire commencer le<br />
travail en m<strong>et</strong>tant en place une perfusion d’ocytocine ("Syntocinon ®").<br />
La progression de la dilatation se mesure en centimètres : elle est complète à 10 cm. Pour un<br />
premier bébé, l’ouverture du col est progressive : elle est lente jusqu’à 5 ou 6 cm, plus rapide<br />
ensuite pour atteindre les 10 cm. On compte généralement 1 cm d’ouverture par heure. En fait, la<br />
durée varie de 7 à 10 heures chez une primipare (femme qui accouche pour la 1 ère Léonard de Vinci 1510-1512. Fo<strong>et</strong>us in utero.<br />
fois) <strong>et</strong> de 3 à 6<br />
h chez une multipare. La femme doit s’abstenir de pousser durant la dilatation car celle-ci se<br />
trouve alors ralentie.<br />
L’anesthésiste peut réaliser une péridurale (précédée d’une anesthésie locale) dans le dos de la<br />
femme, entre la deuxième <strong>et</strong> la troisième vertèbre lombaire ou entre la troisième <strong>et</strong> la quatrième.<br />
Elle peut être effectuée dès 3 cm de dilatation <strong>et</strong> jusqu’à 10 cm (à condition que le bébé ne soit pas<br />
encore engagé dans le bassin). Elle consiste - par l'intermédiaire d'un tuyau très fin ou cathéter<br />
introduit dans le dos à l'aide d'une aiguille spéciale – en l'injection à l'intérieur de la colonne<br />
vertébrale, dans l'espace qui entoure la moelle épinière, autour du « sac péridural » contenant le<br />
liquide céphalo-rachidien, d'une substance anesthésiante.<br />
Le cathéter reste en place pendant toute la durée de l'accouchement afin d’autoriser l'administration<br />
répétée de l'anesthésique.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
71
La péridurale fait disparaître les sensations<br />
douloureuses, mais pas la sensibilité, ni la motricité,<br />
bien que l'on se sente engourdie...<br />
Le monitoring est un appareil qui enregistre, à l’aide de 2<br />
capteurs placés sur le ventre de l’accouchée, l’intensité des<br />
contractions utérine d’une part <strong>et</strong> le rythme cardiaque du<br />
bébé d’autre part.<br />
Le liquide amniotique est incompressible <strong>et</strong><br />
fonctionne comme un « airbag » liquide naturel. La<br />
poche des eaux se rompt au cours de l’accouchement<br />
mais la sage femme peut la provoquer à environ 8 cm de<br />
dilatation en utilisant un amniotome = perce-membrane.<br />
L’amniotome est une longue tige métallique pointue à son Localisation de la péridurale<br />
extrémité que l’accoucheuse introduit dans le vagin en<br />
l’entourant de ses doigts. Il sert à « gratter » la paroi de la<br />
http://www.alrf.asso.fr/patients_2001/home.htm<br />
poche avant d’élargir le trou à l’aide des doigts. Ce geste est totalement indolore pour la mère comme<br />
pour le bébé. Il s’ensuit une libération de prostaglandines qui facilitent les contractions.<br />
Des enregistrements (cardiaques <strong>et</strong> EEG) ont permis de découvrir que le bébé dormait la<br />
plupart du temps au cours de l’accouchement, ne se réveillant que lors des contractions les<br />
plus fortes <strong>et</strong> au moment de l’expulsion.<br />
L’expulsion est la seconde phase de l’accouchement. Elle dure entre 30 mn <strong>et</strong> 1 h pour une<br />
primipare <strong>et</strong> 15 minutes pour une multipare. C’est le moment du « Inspirez, bloquez, poussez ». Le<br />
bébé crie dans les 20 à 30 s qui suivent son expulsion <strong>et</strong> la respiration pulmonaire se déclenche.<br />
L’épisiotomie consiste à inciser en bas de la vulve (<strong>et</strong> vers l’anus) de 2 à 3 cm afin de faciliter le passage<br />
de la tête du bébé : on agrandit la sortie. Il existe en fait 2 types d’incisions : l'incision médiane s’effectue<br />
entre le vagin <strong>et</strong> l'anus <strong>et</strong> l'incision médio-latérale se pratique sur le côté (en général vers la droite). En 2000,<br />
les Etats-Unis ne réalisaient plus que 20 % d’épisiotomies.<br />
L’épisiotomie est pratiquée (lors d’une contraction) si<br />
l’obstétricien considère qu’il y a un risque de déchirure du<br />
périnée (plan musculaire situé entre la vulve <strong>et</strong> l'anus). Elle<br />
est considérée comme justifiée médicalement pour la<br />
naissance des gros bébés, les présentations par le siège <strong>et</strong><br />
lorsqu’il y a forceps (les forceps sont des instruments en<br />
forme d'une pince, destinés à saisir la tête de l'enfant pour en<br />
faciliter l'expulsion dans certains accouchements difficiles).<br />
Dans les années 70-80, on prônait la systématisation de<br />
l’épisiotomie chez les primipares. Cependant, contrairement<br />
à une idée reçue, une épisiotomie est plus longue <strong>et</strong><br />
douloureuse à cicatriser qu’une déchirure spontanée. On<br />
recoudra ultérieurement sous anesthésie locale (ou en<br />
profitant de l’anesthésie péridurale) avec des fils<br />
résorbables… cela prend 10 à 20 mn car il faut recoudre 3<br />
plans superposés. Le n<strong>et</strong>toyage de la plaie s’effectue au<br />
Dessin extrait d’un site opposé<br />
à l’épisiotomie<br />
savon de Marseille (ou avec un savon à pH neutre), bien sécher <strong>et</strong> appliquer de l’éosine. L’épisiotomie<br />
entraîne + que de la gêne <strong>et</strong> de l’inconfort ! En cas de douleurs, une poche de glace est très efficace. Des<br />
femmes se plaignent que l’épisiotomie entraîne par la suite des douleurs lors des rapports sexuels.<br />
La délivrance est la 3 ème <strong>et</strong> dernière phase de l’accouchement. Elle correspond à l’expulsion du<br />
placenta environ 20 minutes après la naissance. La face lisse sort en premier. Le placenta est<br />
examiné <strong>et</strong> pesé : il représente 1/6 du poids du bébé, soit 500 à 600 g en moyenne.<br />
La maman reste allongée mais peut regagner sa chambre dans les 1 à 2 heures.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
72
LES CHANGEMENTS POUR LE BEBE :<br />
* Passage d’un environnement physique liquide à un environnement gazeux.<br />
* Passage d’une température presque constante à<br />
une température variable exigeant que le bébé la<br />
régule.<br />
* Accroissement considérable des stimulations.<br />
* Passage d’une alimentation placentaire à une<br />
alimentation buccale impliquant le fonctionnement<br />
de l’appareil digestif du bébé.<br />
* Passage d’une respiration placentaire à une<br />
respiration pulmonaire.<br />
Pour les biologistes :<br />
Chez le fœtus, le sang oxygéné venait du placenta, passait<br />
par la veine ombilicale puis par le canal veineux d'Arantius<br />
avant de rejoindre la veine cave inférieure, puis l'oreill<strong>et</strong>te<br />
droite (O.D.). Il ne rejoignait pas ensuite les poumons mais<br />
empruntait 2 shunts : il passait soit directement dans l’oreill<strong>et</strong>te<br />
Accouchement<br />
gauche (O.G.) par le biais du trou de Botal (ou foramen ovale) soit de l’artère pulmonaire dans l’aorte par le biais du canal<br />
artériel. A la naissance, il y a ferm<strong>et</strong>ure du trou de Botal situé entre (O.D) <strong>et</strong> oreill<strong>et</strong>te gauche (O.G) <strong>et</strong> oblitération du canal<br />
artériel entre artère pulmonaire <strong>et</strong> aorte. La ferm<strong>et</strong>ure des shunts se fait de façon progressive <strong>et</strong> réversible en 1 semaine environ.<br />
Chez le fœtus, les poumons étaient remplis de liquide : la sécrétion du liquide intra-pulmonaire cesse quelques heures<br />
avant l'accouchement. La compression du thorax du bébé lors du passage dans les voies génitales de la femme perm<strong>et</strong><br />
l'évacuation d’une partie de ce liquide. La partie restante sera résorbée par voie veineuse <strong>et</strong> lymphatique au travers de la<br />
paroi des alvéoles pulmonaires.<br />
* L’élimination des déch<strong>et</strong>s ne s’effectue plus par le biais du placenta mais par l’intermédiaire de la peau,<br />
des reins, de l’intestin <strong>et</strong> des poumons du bébé.<br />
L’ECHELLE D’APGAR <strong>et</strong> les SOINS :<br />
Les examens sont effectués sur une table chauffante <strong>et</strong> sous lampe chauffante afin d’éviter que l’enfant<br />
n’ait froid.<br />
Echelle d’Apgar… Du nom d’une anesthésiste de Columbia : Virginia Apgar, 1953)... maximum 10. Elle<br />
est utilisée 1 mn après la naissance puis à 3 mn, 5 mn après la première mesure puis 10 mn après.<br />
SIGNES : Degré 0 : Degré 1 : Degré 2 :<br />
Rythme cardiaque : Absent. Inférieur à 100mn. Supérieur à 100.<br />
Respiration : Absente. Irrégulière, lente. Bonne ; l’enfant pleure.<br />
Tonus musculaire : Relâché (hypotonie). Faible, enfant inactif. Fort, enfant actif.<br />
Apparence (couleur) : Enfant bleu (cya- Corps rose mais Entièrement rose.<br />
nosé) ou très pâle. extrémités bleues.<br />
Réflexes (réaction à la Pas de réponse. Grimace ou léger Toux, reniflements,<br />
stimulation cutanée) :<br />
mouvement.<br />
pleurs.<br />
90 % des enfants normaux ont 1 score = ou supérieur à 7.<br />
Après (ou avant…) le test d’Apgar, on introduit une p<strong>et</strong>ite sonde dans la bouche <strong>et</strong> les narines du bébé afin<br />
d’aspirer les mucosités qui encombrent les voies aériennes <strong>et</strong> de vérifier leur perméabilité. On descend ensuite la<br />
sonde par l’œsophage dans l’estomac pour vérifier l’absence de malformation de l’œsophage. On vérifie ensuite<br />
que l’anus est bien en place <strong>et</strong> perméable en y introduisant un thermomètre ou une sonde souple.<br />
Systématiquement, un collyre antibiotique est instillé dans chaque oeil afin d'éviter la survenue d'une infection<br />
oculaire (prévention de la conjonctivite à gonocoque).<br />
Avant on coupait le cordon tout de suite après la naissance aujourd’hui on atteint quelques instants entre les 1ères<br />
respirations du bébé <strong>et</strong> la coupe du cordon.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
73
La ligature du cordon s’effectue à 1 ou 2 cm de l’abdomen<br />
avec un « clamp de Barr en matière plastique, stérile, prêt à<br />
l'emploi <strong>et</strong> à usage unique». Le cordon est ensuite coupé juste<br />
au-dessus. Le cordon ombilical sectionné continue à battre<br />
pendant quelques dizaines de secondes puis s'arrête. La<br />
section est désinfectée à la chlorexidine puis recouverte d’une<br />
compresse maintenue par un adhésif non irritant (ou un fil<strong>et</strong><br />
Surgifix). Certains pédiatres préfèrent laisser le cordon à l'air.<br />
Le reste du cordon tombe vers le 7 ème - 10 ème jour <strong>et</strong> la cicatrice<br />
correspond à l’ombilic ou nombril.<br />
2 à 5 gouttes de vitamine K1 sont mises directement dans la<br />
bouche du bébé en prévention de la maladie hémorragique du<br />
nouveau-né. On peut également utiliser une injection<br />
intramusculaire.<br />
Après ces différentes actions, on pratique un bain rapide<br />
pour enlever le sang.<br />
Prise du poids, prise de la taille, prise du périmètre<br />
crânien… Les mensurations normales d'un nouveau-né sont<br />
: poids de 3 à 3.5 kg, taille de l’ordre de 50 cm, périmètre<br />
crânien : 34 à 35 cm <strong>et</strong> périmètre thoracique : 33 cm. Le<br />
rythme respiratoire est de 30 à 50 mouvements par minutes.<br />
Il est normal qu’il existe quelques pauses respiratoires. Si<br />
elles durent moins de 20 secondes, il s’agit de pauses<br />
<strong>physio</strong>logiques. Si elles dépassent 20 sec : attention pauses<br />
pathologiques ! La fréquence cardiaque est de 120 à 140<br />
battements par minutes (BPM). Tension artérielle : 7,4 /<br />
4,7. Les différents appareils sont examinés. Chez la p<strong>et</strong>ite<br />
fille, les p<strong>et</strong>ites lèvres <strong>et</strong> le clitoris sont transitoirement<br />
hypertrophiés. Chez le garçon, il existe presque<br />
toujours un phimosis. Remarque : La première miction<br />
peut être r<strong>et</strong>ardée jusqu'au 3 ème jour. Dans les 2 sexes, une<br />
hypertrophie mammaire pouvant être associée à une<br />
sécrétion lactée n’est pas rare. Chez la p<strong>et</strong>ite fille il peut<br />
aussi apparaître des métrorragies (= pseudo-menstruations).<br />
Les clavicules sont systématiquement palpées à la<br />
recherche de fracture.<br />
L’identification de l'enfant est effectuée devant la mère : on pose un bracel<strong>et</strong> portant le nom, la date, l’heure de<br />
la naissance, le sexe <strong>et</strong> numéro d'accouchement. Il ne doit jamais être enlevé.<br />
La déclaration de naissance est à effectuer<br />
dans les trois jours.<br />
Remarques :<br />
Les bébés présentent souvent une jaunisse (= ictère) en<br />
période post-natale. Il faut en fait distinguer :<br />
* l’ictère au 2 ème ou au 3 ème jour (J2 ou J3). Chez le bébé<br />
il est <strong>physio</strong>logique (= normal) <strong>et</strong> est dû à l’élimination<br />
des globules rouges (= hématies) de la mère circulant<br />
dans le sang du bébé.<br />
* l’ictère des premiers heures qui lui est pathologique<br />
(incompatibilité du sang de la mère <strong>et</strong> du fœtus) <strong>et</strong><br />
impose une surveillance.<br />
Il est fréquent d'observer chez les nouveau-nés de<br />
couleur une peau très claire qui foncera dans les jours<br />
suivants.<br />
Le lanugo est un duv<strong>et</strong> sur le dos <strong>et</strong> les<br />
tempes mais qui peut aussi être présent sur le<br />
front <strong>et</strong> les joues.<br />
Le vernix caseosa : enduit blanc sébacé<br />
surtout au niveau des plis <strong>et</strong> formant une<br />
couche protectrice de la peau du nouveau-né.<br />
La présence de vernix est variable selon le<br />
terme de naissance. Avant le terme :<br />
beaucoup de vernix. Après le terme : peu ou<br />
pas <strong>et</strong> risque de lésions de la peau. Il est<br />
enlevé, comme le liquide amniotique, par<br />
tamponnement doux.<br />
Les points miliaires (ou milium) sont des<br />
taches blanches situées au niveau du nez <strong>et</strong> du<br />
menton (il s’agit en fait d’amas sébacés). La<br />
tache mongolique (ou mongoloïde) est une<br />
tâche gris ardoise ou bleu ardoisé, parfois<br />
étendue, qui siège au niveau des fesses <strong>et</strong> du<br />
bas du dos. Les angiomes plans sont des<br />
p<strong>et</strong>ites tâches rosées en triangle sur les<br />
paupières, nuque, racine du nez <strong>et</strong> front.<br />
Les fontanelles correspondent à des espaces<br />
non ossifiés (<strong>et</strong> donc encore membraneux) au<br />
niveau du crâne. Il existe deux fontanelles. La<br />
fontanelle antérieure ou « grande » (= le<br />
bregma), qui a une forme de losange, se situe<br />
entre l'os frontal <strong>et</strong> les 2 os pariétaux. La<br />
fontanelle postérieure ou « p<strong>et</strong>ite » qui est un<br />
triangle positionné entre l'os occipital <strong>et</strong> les 2<br />
os pariétaux.<br />
Le méconium (verdâtre <strong>et</strong> collant) constitue<br />
les premières matières fécales du bébé. Il est<br />
formé durant la vie fœtale <strong>et</strong> éliminé dans les<br />
premières 24-48 heures.<br />
Il faudra attendre 5 voire 6 mois pour qu’il<br />
joue avec ses pieds <strong>et</strong> 7 mois pour qu’il<br />
suce ses orteils.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
74
Chez la femme, à l’accouchement, des taux en 2 hormones : la progestérone <strong>et</strong> l’œstradiol diminuent mais<br />
il se produit par contre une libération massive d’une 3 ème hormone : la prolactine. La prolactine stimule la<br />
sécrétion lactée en agissant sur les acini (un acinus est une p<strong>et</strong>ite cavité sécrétrice dont le contenu se déverse dans<br />
un canal excréteur). Son action dure environ 20 minutes. L’autre stimulation de la lactation est la succion du<br />
téton. L'ocytocine (= oxytocine : polypeptide formé de 9 acides aminés), synthétisée dans l’hypothalamus (au<br />
niveau des noyaux supra-optiques <strong>et</strong> paraventriculaires) puis transportée, est stockée par la partie arrière de<br />
l’hypophyse qui la libère dans la circulation sanguine. Elle a permis les contractions de l’utérus lors de<br />
l’accouchement <strong>et</strong> provoque maintenant l’évacuation du lait hors des acini par la contraction des fibres<br />
musculaires. Il existe une période de 50 minutes après la tétée pendant laquelle l’organisme ne sécrète plus de<br />
lait : c’est la période réfractaire. Cela ne servirait donc à rien de rem<strong>et</strong>tre bébé au sein durant c<strong>et</strong>te période.<br />
* La « mise au sein précoce » peut être réalisée dans les<br />
une à deux heures qui suivent l'accouchement si la mère<br />
désire allaiter.<br />
* Le colostrum correspond à la 1ère sécrétion<br />
mammaire. C’est un liquide épais jaune est riche en<br />
protéines, en minéraux <strong>et</strong> en anticorps.<br />
* Vers le 3 ème jour, le colostrum fait place au lait de<br />
transition, qui contient plus de sucre <strong>et</strong> plus de graisses.<br />
Vers le 5 ème jour, le lait de transition devient encore plus<br />
clair, un peu bleuté : c'est le lait dit « définitif » qui<br />
acquière toutes ses caractéristiques vers le 15 ème jour.<br />
* Le lait ne conserve pas la même composition au cours<br />
d’une tétée : il passe d’abord surtout de l’eau <strong>et</strong> des sels<br />
minéraux, puis, au milieu de la tété surtout des protéines.<br />
A la fin de la tétée les graisses (= lipides) sont 4 à 5 fois<br />
plus concentrées dans le lait. La digestion du lait maternel<br />
se réalise en 1h 30 (plus si c’est un autre lait). Une baisse<br />
du poids de -1/10 est <strong>physio</strong>logique durant les premiers<br />
jours. Le bébé r<strong>et</strong>rouve son poids de naissance au 8 ème jour. Ensuite prise de 20 à 25 g par jour.<br />
LA GOUTTE DE SANG = Test de Guthrie<br />
Quelques gouttes de sang sont prélevées au talon du nouveau-né entre le 3 ème <strong>et</strong> le 5 ème jour quand l’enfant a<br />
mangé. M<strong>et</strong>tre une goutte de sang dans les 6 cercles de la carte (sorte de bandel<strong>et</strong>te de papier buvard).<br />
Résultats 15 jours plus tard.<br />
Le test de Gutrie perm<strong>et</strong> le dépistage de :<br />
1) la phénylcétonurie (déficit en une enzyme produite par le foie),<br />
2) de l’hypothyroïdie (insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde pouvant se traduire par un r<strong>et</strong>ard mental),<br />
3) de l’hyperplasie des glandes surrénales (les surrénales produisent alors trop d’androgènes : DHA <strong>et</strong><br />
androstènedione transformés en testostérone).<br />
4) de l’anémie falciforme ou drépanocytose (parents originaires des Antilles, Guyane, Afrique Noire, la<br />
Réunion, Afrique du Nord, bassin méditerranéen)<br />
5) de la toxoplasmose (maladie due à une infection par un parasite : Toxoplasma gondii).<br />
6) Il autorise aussi le dépistage de la mucoviscidose (maladie qui implique une insuffisance respiratoire majeure.<br />
C’est la maladie génétique la plus fréquente puisqu’elle affecte 1 nouveau-né pour 3500 naissances soit plus de<br />
200 cas par an. L’anomalie porte sur le chromosome 7).<br />
L’ACCOUCHEMENT SANS VIOLENCE :<br />
L’enfant naît dans la pénombre, non aveuglé par les projecteurs. On fait silence ou on chuchote.<br />
On dépose l’enfant sur le ventre de la mère (Cf. température <strong>et</strong> douceur). On ne coupe le cordon que lorsque<br />
celui-ci a cessé de battre pendant 4 à 5 mn, l’oxygénation se poursuit par le placenta alors que la respiration<br />
pulmonaire a déjà démarré. L’enfant crie beaucoup moins.<br />
La mère touche son enfant <strong>et</strong> le masse. On sait maintenant que le nouveau-né perçoit la douceur ou la<br />
brusquerie des gestes <strong>et</strong> qu’il doit être manipulé en conséquence.<br />
Il faut nourrir le bébé dès qu’il a quelques heures <strong>et</strong> ne pas attendre 24 heures comme cela se fait encore<br />
parfois.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
75
LA SUITE DE COUCHES (POST-PARTUM) :<br />
C'est une période débutant de l'accouchement jusqu'à la reprise des règles (6 à 8 semaines après, c<strong>et</strong>te<br />
période est multipliée par 2 s’il y a allaitement). Pendant 3 à 4 semaines, il existe un écoulement d’abord<br />
sanglant puis séro-sanglant puis séreux : « les lochies ».<br />
STATISTIQUES :<br />
Après la stabilité de 1985-1992,<br />
la baisse de 1993-1994, les naissances sont<br />
depuis en progression en France. 2000 enfants naissent<br />
chaque jour dans notre pays.<br />
58 722 271 habitants en France au 1er janvier 1998. 774 800<br />
naissances en 2001 (35000 naissances de plus qu’en 2000). Nous<br />
sommes au 1 er rang européen pour la natalité… L’âge moyen de<br />
la maternité se situe à 29,1 ans pour 1997 <strong>et</strong> 29,2 ans en 1998. La<br />
fécondité était de 1,71 enfants par femme fin 1997 en France<br />
(1,44 pour l’ensemble de l’union européenne). Elle atteint 1,75<br />
pour 1998 <strong>et</strong> 1,9 en 2001.<br />
Si les femmes ont plus d'enfants qu'il y a quelques années, elles<br />
les ont aussi plus tardivement. 40 % de naissances hors mariage<br />
en 1998 (2 fois plus qu'il y a 20 ans).<br />
1 famille sur 8 est du type monoparental.<br />
Il naît environ 44 000 enfants avant terme chaque année dans<br />
l’hexagone (5, 9 % des naissances).<br />
156 180 interruptions de grossesse (nombre comprenant les<br />
interruptions thérapeutiques ou ITG <strong>et</strong> les interruptions<br />
volontaires ou IVG) ont été déclarées en 1995 (mais le chiffre<br />
réel tourne autour de 225 000 soit 30 ITG + IVG pour 100<br />
naissances vivantes).<br />
Le délai légal de l'IVG était de 10 semaines mais a été allongé à<br />
12 semaines (soit 14 semaines après le début des dernières<br />
règles). Ainsi, la France se rapproche de la moyenne européenne<br />
qui se situe aujourd’hui à 14 semaines de grossesse.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
En France, en 2002, 99,5 % des<br />
femmes accouchent à l’hôpital. 12<br />
jours d’hospitalisation il y a 30 ans, 3<br />
jours seulement en 2002.<br />
70 % de femmes adeptes de la<br />
péridurale en 2002... la France est le<br />
pays du monde qui avait le plus recours<br />
à c<strong>et</strong>te pratique. L’augmentation a été<br />
spectaculaire <strong>et</strong> continue : 3,9 % en<br />
1981, 37,6 % en 1991 <strong>et</strong> 46,6 % en<br />
1994.<br />
Le taux de déclenchement des<br />
accouchements (pour répondre à des<br />
indications médicales : dépassement de<br />
terme, diabète gestationnel, toxémie,<br />
grossesse gémellaire... ou en raison de<br />
convenances personnelles) est globalement<br />
en hausse : 10,4 % en 1981, 17 %<br />
en 1994, 20 % en 1995 <strong>et</strong> 2002.<br />
On utilise pour déclencher<br />
l’accouchement : la rupture de la poche<br />
des eaux (= amniotomie), la perfusion<br />
de Syntocinon ® (= ocytocine) ou les<br />
prostaglandines locales (= PGE2)<br />
combinées de façon variable selon les<br />
équipes.<br />
16,3 % des femmes ont subi une<br />
césarienne en 1999 <strong>et</strong> 17,6 en 2001.<br />
Elle est plus pratiquée en Amérique du<br />
Nord, Centrale <strong>et</strong> du Sud.<br />
L’épisiotomie est pratiquée en 2002, en France, dans 60 % des cas (6 % en Suède <strong>et</strong> 10 % aux Pays-Bas).<br />
Elle est systématique en Europe de l’Est. Pourtant la recommandation de l'OMS est claire : "Le recours<br />
systématique à l'épisiotomie ne se justifie pas. D'autres méthodes de protection du périnée devraient être étudiées<br />
<strong>et</strong>, le cas échéant, adoptées."<br />
En France : les enfants pèsent en moyenne 3278 g <strong>et</strong> mesurant 49,6 cm (1995).<br />
Décès de la maman : en 1995, 100 à 120 femmes mouraient chaque année dans les maternités françaises...<br />
80 en 2002. Nous sommes derrière Allemagne, Australie, Espagne, Canada <strong>et</strong> Suède...<br />
Décès des bébés : nous sommes en 2002 au 12 ème rang des pays industrialisés pour la mortalité périnatale<br />
loin derrière le Japon, 1 er pour la sécurité. Nous sommes derrière la Finlande, la république Tchèque <strong>et</strong> la Norvège<br />
mais devant le Royaume-Uni <strong>et</strong> la Suisse.<br />
Pourtant, le risque de perdre un enfant à l’accouchement ou de mourir en couches est 5 fois moins important<br />
en France qu’en 1950.<br />
2002 : Congé de maternité : 6 semaines avant <strong>et</strong> 10 semaines après : c’est moins bien qu’en Suède<br />
(jusqu’à 64 semaines), en Norvège (42 semaines à taux plein <strong>et</strong> 52 semaines à 80 %), qu’au Portugal (120 jours),<br />
qu’au Danemark, qu’en Italie <strong>et</strong> qu’au Royaume-Uni.<br />
2002 : congé de paternité : 11 jours pour les papas français (en Norvège 4 semaines, en Finlande 18 jours,<br />
au Portugal : 15 jours).<br />
76
II - L’enfant de 0 à 3 ans :<br />
Pour les puristes... jusqu'à 2 mois, le bébé est appelé « un nouveau-né » <strong>et</strong> de 2<br />
mois à 2 ans « un nourrisson ».<br />
En France, fin 1996, on décompte 5650 pédiatres (dont 3600 pédiatres exercent une activité<br />
libérale chacun d’entre eux assurant en moyenne 3200 consultations par an). Les examens<br />
systématiques sont réalisés aux âges-clés du développement : 8 jours, 9 mois, 2 ans, 4 ans, 6<br />
ans, adolescence.<br />
A) LE SOMMEIL DU NOUVEAU-NE ET DU JEUNE ENFANT :<br />
A1 : Les 4 types de comportement du nouveau-né normal :<br />
L’observation de nouveau-nés à terme (38 à 40 semaines de gestation révolues) perm<strong>et</strong> de<br />
distinguer 4 types de comportements :<br />
- des phases d’éveil calme alternant avec des périodes d’éveil agité.<br />
- des séquences de sommeil de 50 minutes comprenant du sommeil calme <strong>et</strong> du sommeil<br />
agité séparés par du sommeil transitionnel (= sommeil intermédiaire = sommeil ambigu) qui ne<br />
correspond qu’à 10% du sommeil total.<br />
Veille calme (pendant<br />
quelques minutes, 2 ou 3<br />
fois par jour dans les jours<br />
qui suivent la naissance).<br />
Yeux grands ouverts avec<br />
mouvements oculaires<br />
exploratoires (éveil attentif).<br />
Activité corporelle<br />
réduite.<br />
C’est durant c<strong>et</strong>te<br />
période que se déroule la<br />
tétée.<br />
L’enfant peut fixer un<br />
visage qui lui sourit ou<br />
suivre un obj<strong>et</strong> du regard.<br />
Respiration calme.<br />
Rythme cardiaque lent <strong>et</strong><br />
régulier.<br />
Veille agitée<br />
(très fréquente mais<br />
peu durable).<br />
Yeux ouverts sans<br />
mouvements oculaires<br />
exploratoires.<br />
Peu d’attention à<br />
l’environnement.<br />
Agitation avec ou<br />
sans cris <strong>et</strong> grands<br />
mouvements<br />
corporels.<br />
Pleurs ou non.<br />
Respiration<br />
accélérée.<br />
Rythme cardiaque<br />
accru par rapport à<br />
la veille calme.<br />
Sommeil calme (durée<br />
d’environ 20 minutes).<br />
Il représente 40% du<br />
sommeil à la naissance.<br />
Yeux fermés <strong>et</strong> absence de<br />
mouvements oculaires sous<br />
les paupières.<br />
Absence de mouvements<br />
corporels (sauf quelques<br />
sursauts) bien que le tonus<br />
musculaire persiste.<br />
Visage peu expressif, souvent<br />
pâle. Pas de mimiques.<br />
Parfois des soupirs.<br />
Quelques mouvements de<br />
succion jusqu’à 3 mois.<br />
Respiration calme, très<br />
régulière (30 à 40 mouvements<br />
par minute).<br />
Battements cardiaques<br />
réguliers (120 à 140 par<br />
minute).<br />
Electroencéphalogramme<br />
lent <strong>et</strong> ample.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Sommeil agité<br />
(durée de 25 minutes en moyenne.<br />
Extrêmes : 10 à 40 minutes).<br />
Il représente 50% du sommeil.<br />
Yeux fermés ou mi-clos avec<br />
mouvements oculaires rapides isolés ou<br />
groupés.<br />
Battements des paupières.<br />
- Activité corporelle incessante avec<br />
mouvements presque imperceptibles<br />
des doigts <strong>et</strong> des orteils <strong>et</strong> plus amples<br />
au niveau des membres.<br />
- Chutes de tonus musculaire entre les<br />
mouvements.<br />
Bâillements + soupirs + pleurs +<br />
grimaces + sourires.<br />
Mimiques nombreuses. pouvant<br />
exprimer : peur, colère, surprise,<br />
dégoût, tristesse <strong>et</strong> joie.<br />
Respiration rapide <strong>et</strong> irrégulière,<br />
parfois hal<strong>et</strong>ante entrecoupée par des<br />
pauses respiratoires de 10 à 15 sec.<br />
Rythme cardiaque plus rapide <strong>et</strong><br />
moins régulier qu’en sommeil<br />
L’électroencéphalogramme a une amplitude<br />
calme.<br />
EEG proche de celui de l’éveil<br />
plus faible que dans le sommeil calme.<br />
calme.<br />
Pas d’érections observables. Erections.<br />
Equivalente de la veille Equivalente de la Peut-être l’équivalent du Correspondrait (hypothèse) au sommeil<br />
active (rythme β de veille diffuse (rythme sommeil lent profond de<br />
paradoxal de l’adulte.<br />
l’adulte).<br />
α de l’adulte) ?<br />
l’adulte.<br />
77
A2 : La durée totale du sommeil :<br />
Suite à l’accouchement, le bébé dort<br />
presque de manière continue durant 24<br />
à 48 heures (« sidération » postaccouchement).<br />
Il est toujours malaisé d’établir avec<br />
précision les durées relatives de l’éveil<br />
<strong>et</strong> du sommeil chez les nourrissons. Un<br />
bébé peut, par exemple, téter en<br />
dormant ou au contraire paraître<br />
endormi alors qu’un électroencéphalogramme<br />
montre qu’il est éveillé.<br />
A. Parmelee a étudié 65 bébés de leur<br />
naissance au troisième jour de leur vie<br />
<strong>et</strong> a trouvé une moyenne de l’ordre de<br />
16 heures de sommeil par 24 heures,<br />
chiffre bien inférieur à ceux que l’on<br />
annonce habituellement.<br />
Des spécialistes réunis en 1980 à Paris<br />
(à l’initiative du Syndicat National des<br />
Instituteurs <strong>et</strong> PEGC) avançaient, eux,<br />
une moyenne de 17 h. Des nourrissons<br />
s’écartent parfois considérablement de<br />
c<strong>et</strong>te moyenne <strong>et</strong> les chiffres vont en<br />
fait de 11 h à 23 h de sommeil selon<br />
les individus.<br />
sommeil.univ-lyon1.fr/.../ prosom/print.html<br />
A3 : Rythme polyphasique de 4 h :<br />
Les phases de veille <strong>et</strong> de sommeil se répartissent de manière presque identique entre le jour <strong>et</strong> la<br />
nuit durant les huit premiers jours : on dit que le sommeil est polyphasique.<br />
Il existe une liaison n<strong>et</strong>te entre les phases d’éveil <strong>et</strong> les heures de tétées : très généralement, le nouveauné<br />
s’éveille quand il a faim <strong>et</strong> se rendort quand il est rassasié c’est à dire toutes les 4 heures environ.<br />
L’entrée en sommeil de 0 à 2 mois suit une phase d’éveil calme, se fait la plupart du temps en sommeil<br />
agité (parfois en sommeil transitionnel) <strong>et</strong> est suivi d’une phase de sommeil calme dans le cadre d’un<br />
cycle de 50 mn environ <strong>et</strong> de 5 cycles successifs (voir train du sommeil). Des enfants nourris par<br />
perfusion conservent ce rythme de 4 heures.<br />
Beaucoup d’enfants âgés de moins de 4 semaines « réclament » 2 tétées par nuit. Ce besoin de<br />
repas nocturne(s) disparaît en général vers la 10 ème semaine au plus tard.<br />
Peu à peu, de polyphasique, le rythme du sommeil va devenir monophasique, les périodes de sommeil<br />
se concentrant progressivement sur la nuit. Le sommeil monophasique comprendra un long repos<br />
nocturne sans interruption <strong>et</strong> 1 ou 2 siestes durant la journée.<br />
A un mois, l’horloge interne du bébé fonctionne sur une durée de 25 h si bien que les périodes d’éveil<br />
se décalent d’environ 1 h chaque jour. A partir de 4 mois, les oscillateurs internes vont devenir sensibles<br />
aux synchroniseurs externes (alternance du jour <strong>et</strong> de la nuit, périodicité des repas <strong>et</strong> des échanges avec<br />
la famille...) <strong>et</strong> l’enfant aura alors un rythme de 24 heures.<br />
A 3 mois s’installe également le rythme circadien (= rythme de 24 h.) de la température, des fréquences<br />
cardiaque <strong>et</strong> respiratoire <strong>et</strong> de la sécrétion du cortisol. La persistance d’un rythme polyphasique au-delà<br />
de 3 mois n’est pas considérée comme <strong>physio</strong>logique. Les éveils nocturnes peuvent être liés à des<br />
poussées dentaires, à une alimentation insuffisante ou à une perturbation de la relation parent-enfant.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
78
- A la naissance, la durée d’un cycle de sommeil se situait autour de 50 mn. De 2 à 6-9 mois le cycle<br />
se prolonge à 70 mn. C<strong>et</strong>te durée continue de s’allonger progressivement pour atteindre celle de<br />
l’adulte (90 mn à 2 h vers 2 ou 3 ans).<br />
Évolution des phases de veille <strong>et</strong> de sommeil chez le nourrisson<br />
âgé de 3 jours jusqu’à l’enfant de 4 ans.<br />
D’après A. Gesell « The Embryology of behavior », 1945).<br />
A4) EVOLUTION :<br />
- De 3 à 6 mois, le sommeil nocturne<br />
dure en moyenne de 10 à 11 h avec 2<br />
siestes : l’une le matin (2 heures de 3<br />
à 6 mois, 1 heure de 6 à 8 mois) <strong>et</strong><br />
l’autre l’après-midi (2 heures de 3 à 8<br />
mois). Moyenne à 6 mois : 14 à 15<br />
heures au total de sommeil.<br />
- Vers 2 ans l’enfant dort<br />
généralement de 13 à 14 h par<br />
« jour » : un long sommeil nocturne<br />
<strong>et</strong> une longue période d’éveil diurne<br />
seulement entrecoupée par une sieste,<br />
le plus souvent l’après-midi.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
79
Attention :<br />
Il peut exister des éveils courts dans<br />
la seconde partie de la nuit entre 6<br />
mois <strong>et</strong> 4 ans. Ces éveils sont une<br />
composante normale du sommeil<br />
dans c<strong>et</strong>te partie de la vie. Ils ne<br />
posent problème que si l’enfant ne<br />
parvient pas à se rendormir sans<br />
ses parents.<br />
Évolution des différents types de sommeil<br />
durée totale<br />
du sommeil<br />
sur 24 h.<br />
% de<br />
sommeil<br />
calme = lent<br />
En lisant le tableau ci-dessus, on<br />
s’aperçoit que les proportions de S.L. <strong>et</strong> S.P. de l’enfant qui entre en maternelle sont<br />
quasiment identiques à celles de l’adulte.<br />
A5) Conseils pratiques aux enseignants <strong>et</strong> aux parents.<br />
A51 : En ce qui concerne l’endormissement :<br />
- Le Comité d’Education pour la Santé<br />
recommande de coucher l’enfant dès que les signes<br />
avant-coureurs du sommeil s’expriment, plutôt que<br />
de l’obliger à dormir à telle ou telle heure.<br />
- Nous pensons pour notre part que l’on peut<br />
créer des habitudes <strong>et</strong> que la régularité du mode<br />
de vie est essentielle pour les enfants. Couchons<br />
l’enfant plus tôt s’il en éprouve le besoin, ne soyons<br />
pas trop rigoriste sur l’heure du coucher, mais ayons<br />
les exigences nécessaires d’une bonne hygiène de<br />
vie. La télévision ampute les heures de sommeil des<br />
enfants peu enclins à la quitter spontanément. « On ne peut pas obliger un cerveau à dormir » mais<br />
rien n’empêche d’inciter l’enfant à r<strong>et</strong>rouver le livre qui lui donne le goût de lire... <strong>et</strong> d’exiger<br />
l’extinction des lampes de chev<strong>et</strong> passé l’heure qu’il convient.<br />
- La mise au lit ne doit jamais correspondre à une punition.<br />
- Respectons les rites d’endormissement de l’enfant : lecture d’une histoire, câlin, présence de<br />
l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong>/ou du morceau de tissu familier(s).<br />
- Ne dérangeons <strong>et</strong> ne déplaçons pas l’enfant dans les 20 premières minutes du sommeil alors<br />
que celui-ci est encore léger, nous risquerions « de casser l’endormissement <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>omber dans une<br />
période de veille parfois longue ».<br />
A52 : En ce qui concerne le réveil :<br />
- Ne pas éveiller l’enfant en stades III <strong>et</strong> IV, l’éveil durant ces périodes<br />
s’accompagne « d’une sensation pénible d’inconfort ».<br />
- Ne pas éveiller l’enfant au cours du « sommeil rapide » (ou rêve).<br />
Les mouvements du corps <strong>et</strong> en particulier ceux du visage peuvent faire croire<br />
que l’enfant est sur le point de se réveiller alors qu’il est, en fait, en période de<br />
sommeil paradoxal. L’interruption du S.P. induirait un « éveil difficile <strong>et</strong> peut-être douloureux ».<br />
En d’autres termes, il apparaît essentiel qu’un cycle de sommeil une fois commencé puisse se<br />
dérouler jusqu’à sa fin naturelle : « Il est préférable même si on en a le temps, de ne pas<br />
recommencer un autre cycle, d’où l’on serait obligé de sortir à un moment défavorable ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
% de<br />
sommeil<br />
agité = S.P.<br />
1er au 15 ème j. 16 à 17 h. 50% 50%<br />
3 à 5 mois 14 à 15 h. 60% 40%<br />
2 à 3 ans 12 à 13 h. 75% 25%<br />
15 ans 8,5 h. 80% 20%<br />
Modifié d’après des travaux de Roffwarg.<br />
80
A53 : Pratiquement :<br />
- On profitera du fait que le sommeil est très léger dans les phases dites<br />
« intermédiaires » (phases I séparant 2 cycles) : « Eviter de les réveiller au dernier<br />
moment, juste avant le départ obligatoire, ouvrir la porte de leur chambre lorsque<br />
commencent les bruits dans l’appartement. Les enfants se réveilleront tout naturellement en<br />
période intermédiaire, de bonne humeur, <strong>et</strong> en état de prendre un p<strong>et</strong>it déjeuner<br />
confortable ».<br />
- Pour ne pas confondre sommeil lent <strong>et</strong> sommeil<br />
paradoxal :<br />
« Lorsque son visage est animé de mouvements, lui caresser<br />
le front, ou l’embrasser : s’il est en période paradoxale, cela ne<br />
le réveillera pas, s’il est en période intermédiaire, il s’éveillera<br />
facilement ».<br />
Ce qui précède constitue également la base d’un bon<br />
réveil échelonné en maternelle.<br />
A6) Les troubles du sommeil sont révélateurs des problèmes familiaux :<br />
A tous les âges, mais particulièrement chez l’enfant de moins de 5 ans, les troubles du<br />
sommeil de l’enfant reflètent la vie psychique familiale (ses confits, ses stress, ses deuils...)<br />
<strong>et</strong> le problème du médecin est d’abord d’identifier les difficultés parentales... Le jeune<br />
enfant qui dort mal est souvent en excellente santé <strong>et</strong> les drogues <strong>psycho</strong>tropes sont,<br />
dans la plupart des cas à éviter.<br />
Néanmoins, le reflux oesophagien chez le nourrisson, les otites <strong>et</strong> autres infections ORL,<br />
les douleurs articulaires <strong>et</strong> les poussées dentaires ultérieurement sont des causes de troubles<br />
du sommeil. Il faut penser aussi à la possibilité d'une oxyurose (vers).<br />
Par la suite, les perturbations du sommeil sont associées à des troubles du<br />
comportement <strong>et</strong> à des difficultés scolaires.<br />
Ce n’est que vers 10 ans, que l’enfant, tout en continuant à porter le poids des soucis<br />
familiaux <strong>et</strong> à présenter toujours des troubles du sommeil... cessera de s’en plaindre auprès<br />
de ses proches... restons à l’écoute.<br />
Il importe pour le médecin d'évaluer la tolérance des parents face aux troubles du<br />
sommeil de l'enfant car le risque de maltraitance peut être réel. Dans ce cas, il faut aider<br />
la mère (proposer une aide familiale ou une nourrice). Les spécialistes estiment que dans<br />
c<strong>et</strong>te situation, il est licite de prescrire temporairement (afin de passer le cap difficile) pour<br />
l'enfant de plus d’1 an du Théralène (alimémazine) ou pour l’enfant de plus de 3 ans du<br />
Nopron (niaprazine). La prudence peut même imposer l'hospitalisation de l'enfant.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
81
La La La mort mort subite subite du<br />
du<br />
nourrisson nourrisson :<br />
« La mort Subite <strong>et</strong> Inexpliquée du<br />
Nourrisson » ou M.S.I.N. est un décès<br />
soudain, inattendu <strong>et</strong> inexpliqué qui survient<br />
durant le sommeil. La MSIN frappe dans 90%<br />
avant 6 mois, le risque maximum se situant<br />
entre 2 <strong>et</strong> 4 mois. Dans 65% des cas elle touche<br />
des enfants du sexe masculin.<br />
358 bébés (selon les statistiques de<br />
l’INSERM) sont décédés de mort subite du<br />
nourrisson en 1997.<br />
Un "chiffre en régression" par rapport aux<br />
années précédentes puisque, pour les enfants de<br />
0 à 1 an ils étaient de :<br />
1291 en 1992, 1133 en 1993, 880 en 1994.<br />
537 bébés (dont 338 chez les garçons <strong>et</strong> 199<br />
chez les filles) en 1995, 450 en 1996, 338 en<br />
1997. L’Inserm n'a pas communiqué de chiffres<br />
pour 1998 <strong>et</strong> 1999.<br />
Des baisses similaires s’observent au<br />
Royaume-Uni <strong>et</strong> en Australie… pour les<br />
mêmes raisons : couchage sur le dos.<br />
Depuis 1997, en France, la baisse est en panne.<br />
Le taux de 0, 49 reste très élevé puisqu’il<br />
descend à 0,15 - 0,20 dans d’autres pays<br />
européens.<br />
Prévention Prévention<br />
Prévention<br />
Prévention ::::<br />
COUCHER LES BEBES SUR LE DOS MAIS PAS SUR<br />
LE VENTRE (NI SUR LE COTE).<br />
Le couchage sur le ventre expliquerait encore la moitié des cas<br />
subsistants.<br />
NI OREILLER, NI COUETTE, NI EDREDON, NI<br />
COUVERTURE. PREFERER LES SUR-PYJAMAS OU LES<br />
TURBULETTES (= GIGOTEUSES).<br />
UN MATELAS FERME. PAS D’ATTACHES.<br />
NE PAS TROP COUVRIR LES BEBES SURTOUT<br />
S’ILS ONT DE LA FIEVRE. CHAMBRE À 19°C.<br />
ATTENTION AUX ENFANTS QUI PRESENTENT<br />
UN TROUBLE DE LA SUCCION - DEGLUTITION.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
-<br />
Jusqu'à l'âge de 2 ans, votre bébé doit dormir :<br />
* Dans un lit rigide à barreaux.<br />
* Sur matelas ferme, bien adapté aux dimensions du lit<br />
* Sans oreiller <strong>et</strong> sans couverture, ni cou<strong>et</strong>te.<br />
* 18 à 20° : n'ayez aucune crainte, c'est suffisant.<br />
* Un surpyjama, une gigoteuse ou une turbul<strong>et</strong>te<br />
dont l'épaisseur variera avec la saison convient très bien.<br />
Ne couvrez pas trop votre bébé surtout les jours de grosse<br />
chaleur <strong>et</strong> si vous m<strong>et</strong>tez le chauffage en voiture. En cas de<br />
fièvre, n'hésitez pas à le découvrir.<br />
« Naître <strong>et</strong> vivre - Association pour l'étude <strong>et</strong> la prévention de la<br />
mort subite du nourrisson », nouveau téléphone : 01 47 23 98 22, fax :<br />
01 47 23 98 48. 5 rue La Pérouse-75116 Paris.<br />
http://www.naitre-<strong>et</strong>-vivre.asso.fr/html/index.php<br />
« Je fais DODO sur le<br />
DOS »<br />
Photo BSIP<br />
ATTENTION AUX ENFANTS TOUJOURS ENRHUMES. (une recrudescence<br />
hivernale est observée quel que soit le lieu).<br />
82
* La prématurité <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>ard de croissance intrautérin<br />
constituent des facteurs majorant les risques (dans 12%<br />
des MSIN les nourrissons avaient un poids de naissance inférieur<br />
à 2500 grammes contre 5 % des naissances).<br />
* Une recherche rétrospective de Klonoff-Cohen publiée<br />
dans le « JAMA » du 8/3/1995 <strong>et</strong> menée sur 400 couples<br />
américains (200 dont l’enfant était décédé par MSIN <strong>et</strong> 200<br />
couples témoins ayant un enfant d’âge comparable) apporte les<br />
résultats suivants :<br />
Si on ajuste tous les paramètres (position du<br />
sommeil, poids de naissance, allaitement maternel ...)<br />
on découvre l’importance du tabagisme des parents<br />
:<br />
• le risque de MSIN est multiplié par 2,3 quand la mère<br />
fume (après la naissance).<br />
• par 3,4 quand les 2 parents fument.<br />
• par 4 si l’enfant est né d’une mère fumeuse (25 % des<br />
femmes enceintes fument).<br />
* « Chez les enfants nés de mère non fumeuse,<br />
l’allaitement maternel réduit le risque de MSIN des 2/3.<br />
* On note une élévation statistique de la MSIN dans les<br />
Pour l’enfant suivant : « La surveillance par<br />
monitorage cardio-respiratoire à domicile (« Baby<br />
sitter électronique ») peut se justifier si l’angoisse<br />
des parents est telle qu’elle comprom<strong>et</strong> leur<br />
équilibre <strong>psycho</strong>logique ».<br />
Dr Guérois <strong>et</strong> Pr Gold, Impact Médecin<br />
Les risques, pour un autre enfant de la fratrie, ne<br />
sont en fait majorés que pour 10% des familles<br />
concernées.<br />
A noter qu’une étude publiée par le National<br />
Center for Health Statistics en septembre 2000<br />
(examen de 3 891 494 dossiers <strong>et</strong> étude de<br />
2207 enfants atteints) confirme un lien entre la<br />
fréquence du bec-de-lièvre (survenue de fentes<br />
de la lèvre supérieure <strong>et</strong> du palais) <strong>et</strong><br />
l’importance du tabagisme au cours de la<br />
grossesse. X 1,5 entre 1 <strong>et</strong> 10 cigar<strong>et</strong>tes par<br />
jour. X 1,55 entre 11 <strong>et</strong> 20 <strong>et</strong> X 1,78 au delà de<br />
21 cigar<strong>et</strong>tes.<br />
milieux « socioculturels défavorisés ou psychiatriquement perturbés » mais tous les milieux peuvent être<br />
atteints.<br />
Les causes : l’étude anatomo-histologique perm<strong>et</strong> d’expliquer la cause de MSIN dans 10 à 15 % des cas.<br />
* Le reflux gastro-oesophagien peut intervenir par le biais d’une fausse route.<br />
* Des atteintes virales respiratoires ou digestives semblent jouer un rôle. Une fièvre est souvent signalée<br />
avant le décès. On r<strong>et</strong>rouve des signes d’infections respiratoires ou digestives chez 50 à 80 % des enfants décédés. Par<br />
ailleurs, la bactérie Helicobacter pilori est présente dans l’estomac, la trachée <strong>et</strong> les poumons de 88 % des enfants<br />
décédés de MSIN (2% pour les groupes contrôle). La contamination se ferait par la salive <strong>et</strong> les bronches seraient<br />
pénétrées lors d’un reflux. La bactérie, par fabrication d’ammoniaque provoquerait un arrêt respiratoire.<br />
* Exceptionnellement, un déficit héréditaire de l’oxydation des acides gras a été mis en évidence.<br />
* Une étude publiée début 1993 (Dr Vyvyan Howard <strong>et</strong> Dr Stephen Hincheliffe) portant sur 24 MSIN montre que 2/3<br />
des enfants étaient porteurs d’un nombre de néphrons (p<strong>et</strong>its tubes localisés dans les reins) inférieur à la<br />
normale (350 000 à 650 000 au lieu d’1 000 000 par rein).<br />
* Le syndrome d’Ondine (du nom de la pièce écrite par Jean Giraudoux en 1939) est une<br />
maladie génétique dominante (chromosome 4) qui se manifeste par une altération majeure de la<br />
ventilation autonome induisant « l’oubli de respirer durant le sommeil nécessité d’une<br />
assistance ventilatoire dès la naissance <strong>et</strong> de façon définitive). Le syndrome d’Ondine est une<br />
forme minoritaire de MNIS assez souvent (30 %) liée à un mégacolon congénital ou<br />
maladie de Hirschsprung (1 enfant pour 5000 naissances, 3 à 4 fois + fréquent chez les<br />
garçons, maladie liée à l’absence de système nerveux intrinsèque dans la partie terminale de<br />
l’intestin à l’origine d’une paralysie de la motricité intestinale. Nécessite l’ablation du colon. La<br />
maladie implique 3 gènes sur les chromosomes 3, 10 <strong>et</strong> 19).<br />
* Des travaux publiés en 1995 du Dr Hannah Kinney, neuropathologiste à l’hôpital des enfants<br />
de Boston révèlent une anomalie (de nature chimique) au niveau du bulbe rachidien ventral, dans la<br />
zone qui contrôle la teneur de dioxyde de carbone dans le sang.<br />
* Densité anormalement élevée en un neuropeptide : la somatostatine.<br />
* Les infanticides représentent un peu moins de 2 % des MSIN (selon Michel Durigon).<br />
B) LE DEVELOPPEMENT SENSORIEL ET MOTEUR :<br />
L’université de Rouen a créé un site Intern<strong>et</strong> avec bibliographie mise à jour régulièrement :<br />
http://www.churouen.fr/ssf/pathol/mort-subitenourrisson.html<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Nymphe<br />
amoureuse d'un<br />
chevalier, Ondine<br />
accepte qu'il soit<br />
condamné, en<br />
cas d’infidélité, à<br />
mourir en<br />
oubliant de<br />
respirer pendant<br />
son sommeil.<br />
83
Les gestes, les postures, les mimiques jouent un rôle prépondérant dans la<br />
communication non-verbale.<br />
B1) DEVELOPPEMENT DE LA VISION, DES AUTRES APTITUDES PERCEPTIVES :<br />
VISION : Dès les 1ères heures de la naissance un bébé peut suivre un visage ou un obj<strong>et</strong><br />
des yeux à condition que le déplacement ne s’effectue pas trop latéralement (la vision est<br />
centrale).<br />
Quelques minutes après la naissance,<br />
le bébé distingue les 2 schémas de<br />
gauche (qui ne diffèrent que par la<br />
disposition des traits) lorsqu’on les<br />
déplace lentement « sous son<br />
regard ». C’est celui qui ressemble à<br />
un visage qu’il suit le plus longtemps<br />
du regard.<br />
L’acuité visuelle (entre 1/30 ème <strong>et</strong><br />
1/20 ème ) <strong>et</strong> sa sensibilité au contraste<br />
du nouveau-né sont faibles <strong>et</strong> le<br />
resteront pendant les 2 premiers mois<br />
de la vie.<br />
⇐ Extrait de « Science <strong>et</strong> vie » n° 177 de décem-bre<br />
1991 : « Le cerveau <strong>et</strong> l’intelligence ».<br />
L’accommodation est restreinte <strong>et</strong><br />
n’autorise une vision n<strong>et</strong>te qu’entre 17 <strong>et</strong> 30 cm environ. Elle s’améliore régulièrement à<br />
partir de la naissance atteignant 60 cm à 1 mois <strong>et</strong> s’accroîtra considérablement entre 1 <strong>et</strong> 3<br />
mois. Elle sera parfaitement efficace à 3,5 mois.<br />
Alors qu’à la naissance, la perception s’effectuait en noir <strong>et</strong> blanc, il reconnaîtrait les<br />
couleurs dès le 4 ème jour <strong>et</strong> divers spécialistes affirment qu’il est attiré par le rouge <strong>et</strong> le jaune<br />
(mais peut-être ne les distingue en fait que par leur contraste. D’autres chercheurs prétendent<br />
que l’acquisition des couleurs est plus tardive : d’abord rouge puis vert (à 6 semaines) puis bleu<br />
puis jaune (à 4,5 mois).<br />
A 3 ou 4 jours, il reconnaît le<br />
visage de sa mère <strong>et</strong> le regarde<br />
plus longtemps que celui d’une<br />
inconnue <strong>et</strong> ceci sans indices<br />
auditifs ou olfactifs (les yeux des<br />
femmes ont été masqués sur la<br />
photographie afin de respecter leur<br />
anonymat).<br />
On peut ici noter que le visage de<br />
droite est plus souriant que celui de<br />
gauche <strong>et</strong> ceci introduit un biais expérimental...<br />
mais d’autres expériences<br />
confirment les résultats précédents.<br />
⇐ Extrait de « Science <strong>et</strong> vie » n° 177 de décem-bre<br />
1991 : « Le cerveau <strong>et</strong> l’intelligence ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
84
Le docteur Julien Cohen - Solal relate l’anecdote suivante :<br />
« Un bébé est hospitalisé dès la naissance pour une infection néonatale. Il sort de l'hôpital au<br />
douzième jour <strong>et</strong>, dès l'arrivée à la maison, refuse obstinément de manger. Au bout de quelques jours,<br />
on l'hospitalise à nouveau car il dépérit. A l'hôpital, il mange normalement. Les parents le reprennent ;<br />
nouveau refus de téter suffisamment. La mère se désespère quarante-huit heures, lorsqu'une amie vient<br />
la voir <strong>et</strong> propose de donner elle-même le biberon au bébé. Il tète normalement. C’était l'été. L'amie<br />
avait une robe blanche. Le bébé avait pris l’habitude d'être alimenté par des infirmières en blouse. La<br />
mère a compris cela tout de suite <strong>et</strong> à partir de ce moment a donné le biberon avec une blouse<br />
blanche.<br />
Il a mangé normalement pendant les quelques jours nécessaires pour qu'il s'habitue à être nourri par sa<br />
mère. La blouse était devenue inutile ».<br />
Ajoutons que 3 jours après sa naissance, un poupon préfère un biberon de son liquide amniotique plutôt<br />
que du lait artificiel. ET… un bébé auquel on présente des laits maternels provenant de femmes<br />
différentes délaissera celui des autres femmes au profit de celui de sa mère.<br />
L’acuité visuelle de situe normalement entre 1/30 ème <strong>et</strong> 1/20 ème à la naissance, elle est de<br />
1/10 ème à 3 mois, 2/10 ème à 6 mois, à 3/10 ème 9 mois, 4/10 ème vers 1 an, 6/10 ème à 2 ans <strong>et</strong> 10/10 ème<br />
entre 3 <strong>et</strong> 5 ans (la capacité visuelle maximum sera atteinte à 15 ans avec 14/10 ème ).<br />
La poursuite oculaire vraie d’une personne ou d’un obj<strong>et</strong> est parachevée à 6 semaines. La<br />
fixation oculaire prolongée est en place à 3 mois (mais le bébé peut fixer un visage dès 4 semaines).<br />
Il regarde ses mains <strong>et</strong> passe de longs moments à les contempler entre 2, 5 mois <strong>et</strong> 4 mois<br />
(parfois dès 5 semaines). C’est l’âge du « regard de la main ». L’attitude contemplative cesse vers<br />
4 mois - 4, 5 mois lorsque la préhension effective commence. Les enfants présentant un r<strong>et</strong>ard mental<br />
continuent à regarder leurs mains à 8 mois voire 10 mois ou davantage.<br />
Avant l’âge de 4 mois, il n’est pas rare d’observer chez le p<strong>et</strong>it un « strabisme intermittent »<br />
(il se m<strong>et</strong> à loucher de temps en temps). Passé 4 mois (certains auteurs écrivent « 2 mois »), si le<br />
strabisme persiste, consultez un ophtalmologiste. Une anomalie mineure (inégalité de vue entre les deux<br />
yeux ou un strabisme 4 ) peut avoir une conséquence sévère : l’amblyopie 5 qui récupère si elle est traitée<br />
précocement… Profitons en pour rappeler qu’1 enfant sur 7 présente une anomalie visuelle, ce qui peut<br />
entraîner un r<strong>et</strong>ard dans son éveil <strong>et</strong> dans son développement <strong>psycho</strong>moteur.<br />
Attention… à savoir repérer : la leucocorie…<br />
Elle correspond à un refl<strong>et</strong> blanchâtre au niveau de<br />
la partie colorée de l’oeil n’apparaissant que dans<br />
certaines directions du regard ou sur des photos<br />
prises avec flash. Elle peut être due à une cataracte<br />
(opacification progressive du cristallin possible à<br />
tous âges) mais aussi à une parasitose de l’humeur<br />
vitrée en arrière du cristallin due à un ver du groupe<br />
des ascaris (Toxocara 6 canis ou Toxocara cati selon<br />
les cas) ou encore à une tumeur de la rétine : le<br />
rétinoblastome.<br />
Le "rétinoblastome" ou "gliome de la rétine" est<br />
Leucocorie<br />
une tumeur maligne de l’enfant, susceptible d’affecter les 2 yeux, survenant entre 20 mois <strong>et</strong> 2,5 ans<br />
environ. Heureusement rare (1 cas sur 20 000 environ), elle se développe aux dépens des rétinoblastes :<br />
cellules précurseurs des cônes (sensibles à la couleur) <strong>et</strong> des bâtonn<strong>et</strong>s (sensibles au noir <strong>et</strong> blanc) de la rétine.<br />
4<br />
4 à 5 % des enfants sont atteints de strabisme. Très rapidement va s'installer un oeil "dominant" dont la vision va se<br />
développer normalement <strong>et</strong> un oeil "paresseux" qui restera dévié si l’enfant n’est pas traité (voir suite).<br />
5<br />
Amblyopie présentée souvent comme une paresse de l’œil, une perte de l’efficacité… l’œil n’est pas en fait<br />
concerné c’est la zone réceptrice cérébrale qui est en cause.<br />
6<br />
L’enfant se contamine, souvent après 2 ans, surtout en ingérant du sable ou de la terre mouillés renfermant des larves<br />
de Toxocar provenant des excréments de chien (Toxocara canis) ou de chat (Toxocara cati).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
85<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.
Existe t-il des échanges entre le toucher <strong>et</strong> la vue ?<br />
* Des nouveau-nés (le plus jeune avait 16 heures) palpent un p<strong>et</strong>it cylindre sans le voir <strong>et</strong><br />
ceci jusqu’à ce qu’ils le relâchent de plus en plus fréquemment (= jusqu’à ce qu’ils s’en<br />
désintéressent). Passée la phase d’habituation, on leur montre 2 obj<strong>et</strong>s : le même cylindre<br />
(agrandi 10 fois sur l’image) <strong>et</strong> un cube. Les bébés regardent de préférence l’obj<strong>et</strong> nouveau (= le<br />
cube). Cela signifie qu’ils reconnaissent visuellement l’obj<strong>et</strong> qu’ils ont manipulé <strong>et</strong> s’en<br />
désintéressent au profit du nouveau. On parle de « transfert intermodal » entre le toucher <strong>et</strong> la<br />
vision). Par contre, les bébés du même âge sont incapables de reconnaître au toucher un obj<strong>et</strong><br />
déjà vu.<br />
A noter l’existence d’un groupe contrôle seulement soumis à la seconde phase de l’expérience de<br />
façon à vérifier que les bébés ne préfèrent pas spontanément le cube au cylindre… On n’observe<br />
alors pas de préférence.<br />
* On obtient les mêmes résultats avec des bébés de 2 mois.<br />
* A 5 mois, le résultat s’inverse : les bébés sont capables de reconnaître par le toucher un<br />
obj<strong>et</strong> déjà vu mais deviennent incapables d’identifier un obj<strong>et</strong> déjà palpé grâce à la vue.<br />
* Après 5 mois, le bébé tente d’écarter le tissu…<br />
Dessins extraits d’un article d’Arl<strong>et</strong>te Streri : «Le dialogue des sens» : «Pour la Science» n° 305, mars 2003.<br />
Dans le même registre :<br />
« Si on propose, à un nourrisson d'un mois, de sucer une tétine à aspérités (ou une<br />
tétine lisse), sans qu'il les ait jamais vues <strong>et</strong> que dans un deuxième temps, on lui montre deux<br />
modèles de ces suc<strong>et</strong>tes, c'est toujours vers celle qu'il a sucée qu'il oriente son regard. C<strong>et</strong>te<br />
capacité de reconnaître visuellement un obj<strong>et</strong> qui n'a été connu que tactilement est<br />
caractéristique de c<strong>et</strong> âge ».<br />
Dr Lyonel Rossant, Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
86
Capacité à apparier des scènes visuelles <strong>et</strong> des sons :<br />
Dessins extraits d’un article d’Arl<strong>et</strong>te Streri : «Le dialogue des sens» : «Pour la Science» n° 305, mars 2003.<br />
A noter que les bébés ne réagissent plus quand les visages sont renversés… Si les visages sont partiellement<br />
masqués, on s’aperçoit que ce sont les yeux qui constituent les éléments les plus significatifs.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
87
B 2) DEVELOPPEMENT DES APTITUDES MOTRICES :<br />
Le bébé, à la naissance présente des « réflexes archaïques » qui constituent des premières réponses<br />
adaptatrices élémentaires aux stimuli extérieurs. Leur absence est un signe d'immaturité. Leur<br />
évolution <strong>et</strong> leur disparition sont le signe d'une bonne maturation.<br />
Réflexe de Moro ou "réflexe d'embrassement".<br />
Si l’enfant est placé sur le dos, que le pédiatre lui<br />
saisi les 2 mains <strong>et</strong> le soulève légèrement puis le<br />
lâche, on peut observer le réflexe des « bras en<br />
croix ou réflexe de Moro » : le bébé écarte<br />
symétriquement les bras (abduction) tout en<br />
ouvrant les mains crie puis (souvent) ramène les<br />
bras vers l’avant (embrassement par ferm<strong>et</strong>ure des<br />
bras). Le réflexe de Moro peut également<br />
provoqué en tirant sur les pieds ou en provoquant<br />
un bruit inattendu. Ce réflexe disparaît vers 3<br />
mois. La persistance du réflexe de Moro après 6-7<br />
mois est pathologique.<br />
Réflexes de fouissement, de succion <strong>et</strong> de<br />
déglutition.<br />
C’est un réflexe de recherche <strong>et</strong> d'orientation vers<br />
le sein qui est suivi des réflexes de succion <strong>et</strong> de<br />
déglutition. Lorsqu'on caresse une des joues d’un<br />
nouveau-né, il tourne aussitôt la tête vers la main<br />
<strong>et</strong> ses lèvres cherchent alors quelque chose à<br />
sucer. Si on place le p<strong>et</strong>it doigt, recourbé vers le<br />
bas, sur la partie moyenne de la langue on<br />
déclenche immédiatement le réflexe de succion.<br />
Réflexe de redressement de la nuque : mis<br />
sur le ventre le nouveau-né redresse la tête.<br />
Réflexe de marche automatique.<br />
Dès la période suivant la « phase de sidération »<br />
postérieure à l’accouchement, le bébé est capable<br />
de pratiquer une « marche automatique »<br />
lorsqu’on le maintien soutenu sous les bras, les<br />
pieds bien à plat <strong>et</strong> le corps penché en avant. La<br />
marche automatique peut être absente les 1ers<br />
jours sans pour autant inquiéter. En eff<strong>et</strong> une<br />
posture très fléchie des membres inférieurs dans<br />
l’utérus peut rendre l'extension difficile <strong>et</strong><br />
douloureuse pendant quelques jours.<br />
Réflexe d'allongement croisé :<br />
« Marche automatique » à la<br />
naissance :<br />
« Le nouveau-né maintenu en position<br />
verticale <strong>et</strong> en appui sur une surface<br />
plane, produit un mouvement alterné<br />
des jambes » ...<br />
Quel est son lien avec la marche que<br />
l’enfant commence à maîtriser vers 1 an ?<br />
Photographie T. Henstra, « Science <strong>et</strong> vie » n°204 de<br />
septembre 1998.<br />
Si, en tenant le membre inférieur en extension, on frotte la plante de pied, on déclenche une réponse<br />
de la jambe libre. Celle-ci effectue<br />
1. Un rapide mouvement de r<strong>et</strong>rait en flexion puis s’étend.<br />
2. Les doigts de pied se disposent en éventail.<br />
3. Le pied libre vient se placer sur le pied stimulé.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
88
Réflexe d’agrippement ou de grasping.<br />
Dès le 2 ème ou le 3 ème jour, le bébé a en permanence les poings fermés. Si l’on glisse un doigt<br />
(l’index) dans chacune de ses mains (ce qui revient à stimuler les paumes), il en renforce la<br />
ferm<strong>et</strong>ure au point qu’on peut alors le soulever ainsi : c’est « le grasping des mains ».<br />
Entre 4 <strong>et</strong> 6 semaines, couché sur le dos, il produit une activité de « pédalage » qui évoque la<br />
« marche automatique » observée à la naissance.<br />
---------------------------------------------------------<br />
Ces comportements réflexes vont disparaître pour faire place à des<br />
comportements moteurs plus élaborés :<br />
Dès 10 jours<br />
pour certains,<br />
à 3 semaines<br />
pour d’autres,<br />
les bébés<br />
peuvent tendre<br />
la main ou<br />
soulever les<br />
bras dans la<br />
direction d’un<br />
obj<strong>et</strong><br />
(mouvement de<br />
pointage) mais<br />
c<strong>et</strong>te aptitude<br />
disparaît vers<br />
la 4 ème semaine<br />
pour<br />
réapparaître<br />
vers 3,5 mois.<br />
Contrôle de<br />
la tête (= tenue<br />
dans l’axe<br />
pendant 30<br />
secondes) en moyenne à 2-3 mois. Il doit être acquis avant 4 mois.<br />
Le début de la préhension se situe entre 4 mois <strong>et</strong> 4, 5 mois.<br />
Photographie N. Maréchal/Image Bank. « Science <strong>et</strong> vie » hors série N° 204 de septembre 1998.<br />
La possibilité de tendre la main vers un obj<strong>et</strong> ou vers une personne (mouvement de<br />
pointage) réapparaît vers 3,5 mois mais à c<strong>et</strong> âge, l’enfant est incapable d’ouvrir<br />
délibérément la main pour s’en saisir : il ne sait pas attraper.<br />
* A 3 mois, l’enfant doit se contenter d’observe les obj<strong>et</strong>s avec semble-t-il intérêt <strong>et</strong> envie mais ne<br />
peut encore les saisir de lui-même. Lorsque l’adulte place un hoch<strong>et</strong> au « contact » de sa main, il<br />
l’ouvre <strong>et</strong> la referme. Il peut ainsi r<strong>et</strong>enir le jou<strong>et</strong> quelques secondes : c’est la « préhension<br />
involontaire », appelée encore« préhension au contact ».<br />
* A 4 (ou 4,5 mois), l’enfant tente d’abord de saisir avec les 2 mains (1ères tentatives bilatérales <strong>et</strong><br />
massives). Il joue longtemps avec le hoch<strong>et</strong> placé dans sa main <strong>et</strong> le secoue, mais le perd souvent. Il<br />
enlève la servi<strong>et</strong>te que l’on place sur son visage pour jouer.<br />
La saisie passe ensuite successivement par les étapes suivantes (certains bébés utilisant<br />
préférentiellement l’une des mains <strong>et</strong> d’autres ne présentant aucune dominance) :<br />
* A 5 mois (environ !) le bébé pose la paume de la main sur l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le serrage s’effectue ensuite<br />
du côté auriculaire (position cubito-palmaire = préhension par le bord cubital de la main).<br />
* La préhension devient ensuite « préhension globale » ou « préhension digito-palmaire (= entre la<br />
paume qui se referme <strong>et</strong> 4 doigts) à 6 mois (voir photographie page suivante). A c<strong>et</strong> âge, il peut tenir<br />
un obj<strong>et</strong> dans chaque main <strong>et</strong> peut également passer un obj<strong>et</strong> d’une main dans l’autre.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
89
Dès que l’obj<strong>et</strong> a été inspecté,<br />
manipulé, il est fréquemment amené à<br />
la bouche. Il cherche à voir ce qui<br />
l'intéresse en changeant de position.<br />
* Il y a participation du pouce à 7-8<br />
mois mais la position est alors<br />
« radio-palmaire », c’est à dire que<br />
c’est le bord latéral du pouce <strong>et</strong> les<br />
phalanges de l’index qui<br />
interviennent. La manipulation des<br />
obj<strong>et</strong>s, tournés <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ournés, examinés<br />
sur toutes leurs faces, atteint son<br />
apogée à 8 mois.<br />
* Enfin la prise s’effectue entre la<br />
pulpe du pouce <strong>et</strong> l’index : position<br />
dite « en pince » (ou « radio-digitale ») à 9-10 mois environ.<br />
A 6 mois, lorsqu’il j<strong>et</strong>te un jou<strong>et</strong>, il regarde où il est tombé <strong>et</strong> essaie de le récupérer (mais si le<br />
cube disparaît, il ne le cherche pas). S’il tient un cube dans chaque main, il lâche un cube lorsqu’un<br />
autre lui est proposé. Il n’aime pas qu’on lui prenne un jou<strong>et</strong>. Il tend les bras pour être pris. Il<br />
manifeste son plaisir <strong>et</strong> son mécontentement.<br />
A 6-7 mois, il passe les obj<strong>et</strong>s d’une main à l’autre puis entre 8 <strong>et</strong> 9 mois passe par une phase<br />
où il les frappe violemment entre eux ou sur sa tabl<strong>et</strong>te. Il entre ensuite dans une période où il joue à<br />
les j<strong>et</strong>er <strong>et</strong> à les reprendre sans cesse.<br />
A 10 mois, il tire sur les vêtements pour attirer l’attention. Il fait « au revoir » de la main <strong>et</strong><br />
«bravo». Il aime introduire <strong>et</strong> r<strong>et</strong>irer un obj<strong>et</strong> d’une boîte (notion de contenant <strong>et</strong> de contenu).<br />
Il est normal qu’à 8-10 mois (<strong>et</strong> souvent plus tardivement...), un bébé porte tout à sa bouche.<br />
C’est un moyen de connaissance par le goût <strong>et</strong> le toucher.<br />
A 18 mois, les livres d'images l’intéressent même s’il les utilise encore maladroitement. Il peut<br />
alors fixer longuement son attention sur la représentation d'un animal familier. Le feuill<strong>et</strong>age du<br />
livre apparaît entre 18 mois mais s’affine ultérieurement.<br />
LA LATERALISATION :<br />
Préhension digito-palmaire à 6 mois.<br />
Photo P. Philippon.<br />
La « dominance latérale » est « l’asymétrie fonctionnelle du corps dont un côté est plus habile <strong>et</strong> utilisé de<br />
préférence à l’autre » (Deldime <strong>et</strong> Vermeulen).<br />
La latéralité est dite homogène si la main, le pied, l’œil <strong>et</strong> l’oreille dominants sont concordants du même<br />
côté. C’est en fait rare.<br />
In utero, le fo<strong>et</strong>us suce généralement le pouce de la main qui deviendra dominante (certains<br />
droitiers deviendront néanmoins gauchers).<br />
Pourtant la latéralité n’est pas franche jusqu’à 6-7 mois.<br />
Elle reste fluctuante jusqu’à 3 ou 4 ans voire 5 ans. Ce n’est donc qu’en p<strong>et</strong>ite, voire en moyenne,<br />
section que l’on peut savoir si l’enfant sera définitivement droitier ou gaucher. Il suffit de lui demander de<br />
se peigner, de planter un clou, de se brosser les dents, de tourner les pages d’un livre ou d’enfiler des<br />
perles. Lorsque l’enfant m<strong>et</strong> les mains sur la tête, la dominante est placée sur l’autre.<br />
La main dominante distribue les cartes <strong>et</strong> l’autre tient le paqu<strong>et</strong> (épreuve de Harris). C’est le pied dominant<br />
qui shoote. Si on lance une balle lourde à 2 mains, le pied dominant se place en avant. Si on regarde par un<br />
trou percé dans une feuille, l’œil dominant est utilisé en premier…<br />
A 5 ans, plus d’1/2 des enfants sont droitiers, 10 % sont gauchers <strong>et</strong> le reste est ambidextre.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
90
A 5 –6 mois, il joue avec ses pieds <strong>et</strong> porte immédiatement un obj<strong>et</strong> saisi à sa bouche.<br />
Passage de la position ventrale à la position latérale (entre 12 à 22 semaines) <strong>et</strong> passage de<br />
la position ventrale à la position dorsale (entre 20 à 28 semaines).<br />
Passage de la position dorsale à la position ventrale (24 à 34 semaines).<br />
Rampe à 6 mois (30 à 46 semaines).<br />
Le bébé adore être assis vers 3 ou 4 mois mais il est incapable de tenir seul dans c<strong>et</strong>te<br />
position. Ce n’est que vers 6 mois qu’il se maintient assis seul en s’appuyant sur ses 2 mains,<br />
en équilibre instable. A six mois, maintenu en position debout, il supporte pratiquement tout<br />
le poids de son corps sur ses jambes <strong>et</strong> adore sautiller : c’est le stade du « sauteur ».<br />
A 7 mois, il suce ses orteils.<br />
Il ne tient bien assis seul, le dos droit, que vers 7, 5 - 8 mois <strong>et</strong> peut se redresser en position<br />
assise sans appui vers 8 ou 9 mois. Il ne s’agit ici que de moyenne <strong>et</strong> un enfant qui se tient assis<br />
seul avec 2 mois de r<strong>et</strong>ard par rapport à un autre est pourtant tout aussi normal.<br />
Il faut savoir que beaucoup de nourrissons sont susceptibles de se m<strong>et</strong>tre debout en s’aidant<br />
des barreaux de leur parc AVANT d’être capable de s’asseoir seuls.<br />
En position ventrale il peut à 8 mois soulever son corps tenu<br />
uniquement sur les mains <strong>et</strong> la pointe des pieds : c’est l’ours.<br />
Marche à 4 pattes entre 36 à 52 semaines ... mais certains<br />
n’utilisent jamais c<strong>et</strong>te technique alors que d’autres en sont de<br />
véritables virtuoses. Se redresse à genoux (entre 40 <strong>et</strong> 54 semaines soit<br />
environ 10 mois). Il pivote sur les fesses à 9 mois <strong>et</strong> se place debout<br />
dans son parc à 9 ou 10 mois (en fait 42 à 58 semaines).<br />
Commence à marcher à 13 mois en moyenne (en fait<br />
de 10 à 16 mois sans que c<strong>et</strong>te variation soit<br />
pathologique). Les pas sont p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> les pieds sont écartés.<br />
Le pied est posé à plat <strong>et</strong> non pas en commençant par le<br />
talon. La durée du double appui <strong>et</strong> la fréquence des pas sont<br />
plus élevées que chez l’adulte. La marche ne s’accompagne<br />
pas d’un balancement des bras. D’un point de vue<br />
musculaire, on note des contractions simultanées des<br />
muscles agonistes <strong>et</strong> antagonistes.<br />
L’absence de marche indépendante à 20 mois est considérée comme anormale.<br />
J’en reviens pas moi<br />
même !!!<br />
Boit seul, commence à<br />
manger seul (quelques<br />
cuillerées) vers 14-15 mois.<br />
Pousse du pied un obj<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> tourne les pages d’un<br />
livre vers 18 mois. Il réalise<br />
une tour de 3 cubes (de 7 à<br />
10 cm d’arête)… mais<br />
préfère détruire les tours<br />
réalisées par les parents…<br />
Acquisition de la propr<strong>et</strong>é entre 16 <strong>et</strong> 28 mois.<br />
Le certificat de santé<br />
obligatoire du 9 ème mois r<strong>et</strong>ient<br />
les items suivants :<br />
- saisit un obj<strong>et</strong> entre pouce <strong>et</strong><br />
index<br />
- tient assis sans appui<br />
- tient debout avec appui<br />
- associe 2 syllabes<br />
A 24 mois le certificat<br />
obligatoire r<strong>et</strong>ient les items<br />
suivants :<br />
- marche bien <strong>et</strong> se relève seul<br />
- obéit à un ordre simple<br />
- associe 2 mots<br />
- imite un trait<br />
- superpose des obj<strong>et</strong>s<br />
Monte (d’abord) <strong>et</strong> descend un escalier <strong>et</strong> commence à enlever ses chaussures vers 2 ans.<br />
Marche « normalement » entre 60 <strong>et</strong> 84 semaines selon les enfants.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
91
Commence à<br />
marcher vers<br />
13 mois (en fait<br />
10 à 16 mois).<br />
Tourne les pages d’un<br />
livre vers 18 mois <strong>et</strong>…<br />
indique à c<strong>et</strong> âge que sa<br />
culotte est mouillée.<br />
Associe 2<br />
mots à 18<br />
mois <strong>et</strong> 3 mots<br />
à 2 ans.<br />
Monte un<br />
escalier vers 2<br />
ans. Propr<strong>et</strong>é<br />
diurne acquise.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Fait du tricycle<br />
à 2,5 ans.<br />
Propre la nuit<br />
avec l’aide des<br />
parents.<br />
A 2 ans, il court sans tomber, monte <strong>et</strong> descend les escaliers (mais sans alterner les pieds),<br />
commence à marcher sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute d'une p<strong>et</strong>ite hauteur à pieds joints.<br />
A c<strong>et</strong> âge, on peut lui proposer :<br />
* de monter, de descendre ou de ramper sur un plan incliné<br />
* de grimper sur des marches ou des barreaux <strong>et</strong> de pousser des obj<strong>et</strong>s…<br />
* d’encastrer 3 ou 4 formes dans une planche d’encastrement ou de construire une tour de 6 <strong>et</strong><br />
parfois 8 cubes.<br />
* de prendre un crayon entre pouce <strong>et</strong> index, il barbouillera la feuille avec plaisir…<br />
A 2,5 ans : il marche sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute sur un pied. Il peut marcher à reculons <strong>et</strong><br />
fait du vélo à p<strong>et</strong>ites roues. Il essaie de tenir en équilibre sur un mur<strong>et</strong>. Il peut lancer une balle<br />
ou un ballon. Il aime utiliser des outils. Il déboutonne sans tirer <strong>et</strong> délace ses chaussures.<br />
Aux alentours de 3 ans (parfois avant), il enfile des perles sur un fil, colle des gomm<strong>et</strong>tes,<br />
construit une tour de 9 cubes <strong>et</strong> aime habiller une poupée.<br />
4ans : boutonne sur lui.<br />
Imite un trait à 2 ans, copie un cercle à 3 ans, un carré à 4 ans, un<br />
triangle à 5 ans <strong>et</strong> un losange à 6 ans.<br />
Il existe des r<strong>et</strong>ards moteurs par défaut de stimulation :<br />
« Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de voir pour la première fois un bébé, alors âgé de seize<br />
mois, qui présentait un r<strong>et</strong>ard tel que j'ai cru d'abord à l’existence d'une affection neurologique ou<br />
musculaire. Tous les examens se sont avérés normaux <strong>et</strong> il est vite apparu que ce bébé, abandonné<br />
à la naissance, avait été placé chez une nourrice tout à fait incompétente, <strong>et</strong> gardant beaucoup trop<br />
d'enfants, qui ne le sortait ni le promenait, <strong>et</strong> le laissait passer la plus grande partie de la journée<br />
dans son berceau. Il a suffi de le confier à une nourrice chaleureuse, attentive <strong>et</strong> qui s'occupait<br />
vraiment de lui pour qu'il récupère en deux ou trois mois l’état moteur normal d'un bébé de<br />
dix-huit mois. C'est ce qu'on peut appeler "le r<strong>et</strong>ard moteur par défaut de stimulation". Pour le<br />
développement moteur comme pour les autres aspects de son développement, les stimulations<br />
jouent chez le bébé un rôle majeur ».<br />
Docteur Julien Cohen -Solal.<br />
92
C) LE DEVELOPPEMENT INTELLECTUEL :<br />
Pour Jean Piag<strong>et</strong> (1896-1980) <strong>psycho</strong>logue Suisse <strong>et</strong><br />
ses disciples, de la naissance à l’adolescence,<br />
l’intelligence évolue par stades. Ces stades se succèdent<br />
dans le même ordre pour tous les enfants même si l’âge<br />
d’accès de chacun peut varier. Piag<strong>et</strong> (qui laisse de côté<br />
la dimension affective du développement) distingue :<br />
Un stade sensori-moteur qui s’étend de 0<br />
à 2 ans : une intelligence antérieure au<br />
langage qui structure le monde par la<br />
perception <strong>et</strong> le mouvement.<br />
A la naissance la vie de l’enfant se manifeste par des<br />
réflexes innés, sensoriels <strong>et</strong> moteurs qui lui perm<strong>et</strong>tent<br />
de survivre, exemple la succion. L’enfant voit, sent,<br />
entend, goûte, touche ce qui l’entoure <strong>et</strong> réagit à ces<br />
sensations par des mouvements oculaires ou manuels.<br />
• L’exercice des réflexes (stade 1) :<br />
A la naissance, l'enfant ne dispose que d'activités<br />
réflexes (succion, réflexe d’agrippement...) liées à son<br />
équipement héréditaire. Le nouveau-né tète le<br />
mamelon ou la tétine du biberon grâce au réflexe de succion.<br />
Entre deux tétées, il suce son pouce, ses autres doigts, les<br />
draps, la couverture ou tout autre obj<strong>et</strong> qui vient en contact<br />
avec ses lèvres. Il y a consolidation du réflexe par exercice<br />
fonctionnel. Ainsi, les premiers essais de succion sont bien<br />
moins efficaces que les suivants…<br />
Premier STADE PIAGETIEN<br />
Le stade sensorimoteur (de 0 à<br />
18 / 24 mois) se divise en six<br />
sous-stades :<br />
Des réflexes à l'intentionnalité<br />
1. L'exercice des réflexes (0 à 1 mois)<br />
2. Les réactions circulaires primaires<br />
(1 mois à 4 mois 1/2)<br />
3. Les réactions circulaires<br />
secondaires (4 mois 1/2 à 8-9 mois)<br />
De l'intentionnalité à la<br />
représentation<br />
1. La coordination des schèmes<br />
secondaires (8-9 mois à 12 mois)<br />
2. Les réactions circulaires tertiaires<br />
(11,5 à 18 mois)<br />
3. Les combinaisons mentales (18 à 24<br />
mois) : phase de transition<br />
• Les réactions circulaires :<br />
Une sensation agréable découverte par hasard amène l’enfant<br />
à répéter volontairement le mouvement... c’est la « réaction<br />
circulaire ». On distingue :<br />
a) Stade 2 : la réaction circulaire primaire ou RCP (1<br />
à 4 mois ½) :<br />
L’adjectif « primaire » signifie que ces réactions circulaires<br />
concernent le corps <strong>et</strong> uniquement lui… ne portent pas encore<br />
sur les obj<strong>et</strong>s.<br />
" Quand il y a un résultat intéressant dans l’attitude de l’enfant, il y a répétition". Ex : l’enfant m<strong>et</strong><br />
son pouce dans sa bouche… Il trouve le résultat agréable… Il va donc chercher à répéter c<strong>et</strong>te même<br />
action pour reproduire le même résultat. C’est le stade des premières habitudes.<br />
b) Stade 3 : réaction circulaire secondaire ou RCS (de 4 ½ à 8 mois ½).<br />
L’enfant répète encore ici des actions intéressantes mais les comportements agissent sur des obj<strong>et</strong>s<br />
extérieurs. On dit qu’il y a une adaptation intentionnelle.<br />
Cf. La succion d’autres obj<strong>et</strong>s que le pouce. Le hoch<strong>et</strong> que l’enfant secoue afin de reproduire le son.<br />
La cordel<strong>et</strong>te reliée au dessus du berceau qui perm<strong>et</strong> d'animer le mobile qui s'y trouve suspendu.<br />
L’action sur des obj<strong>et</strong>s extérieurs implique qu’il y ait coordination entre la vision <strong>et</strong> la préhension.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
93
Remarques :<br />
Si on habitue un enfant de 6 mois à<br />
choisir la plus grande de deux boîtes, il<br />
continuera à choisir la plus grande<br />
même si on l’éloigne <strong>et</strong> qu’elle<br />
correspond donc à une image rétinienne<br />
plus p<strong>et</strong>ite : c’est la constance des<br />
grandeurs.<br />
Si on présente à un bébé (vers 7-8<br />
mois) son biberon r<strong>et</strong>ourné il le m<strong>et</strong>tra<br />
à l’endroit s’il aperçoit la tétine : c’est<br />
la constance de la forme qui se m<strong>et</strong> en<br />
place.<br />
c) Stade 4 : coordination des<br />
réactions circulaires<br />
secondaires (8 mois1/2 à 1 an).<br />
C’est une recherche active de<br />
nouveauté. L’enfant combine différents<br />
schèmes 7 (du grec skhêma, figure,<br />
structure d’une action, ensemble de<br />
processus) afin d’obtenir un certain<br />
résultat. Ex : tirer sur une ficelle pour<br />
entendre le bruit du hoch<strong>et</strong>. Il y a<br />
INTENTION, but préalable : c<strong>et</strong>te<br />
coordination des schèmes signe les 1 er<br />
actes intelligents.<br />
L'enfant écarte des obstacles afin de<br />
saisir un obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> prend la main de<br />
l'adulte la dirigeant vers l'obj<strong>et</strong><br />
souhaité.<br />
d) Stade 5 : réactions<br />
circulaires tertiaires (11 ½ à 18<br />
mois).<br />
C’est à ce stade que se développe<br />
l’intelligence sensori-motrice.<br />
7 Schème d’action : c’est ce qu'il y a de commun aux diverses répétitions ou applications de la<br />
même action. Ainsi la succion réflexe du pouce <strong>et</strong> le fait de sucer d’autres obj<strong>et</strong>s correspondent à un<br />
même schème sensorimoteur. On distingue des schèmes d’action (déplacer, frotter, balancer) <strong>et</strong> des schèmes<br />
d’opération (opération = représentation de l’action qui possède la particularité d’être réversible… Cf. suite,<br />
stade opératoire)… Le "schème" au sens en général est entendu comme la part de l'action ou de l'opération<br />
qui est transférable vers d'autres actions ou d'autres opérations.<br />
Piag<strong>et</strong> définit ainsi ce qu’est un schème à partir de l’exemple du schème de réunion : « nous parlerons d'un<br />
"schème de réunion" pour des conduites comme celle d'un bébé qui entasse des plots, d'un enfant plus âgé<br />
qui assemble des obj<strong>et</strong>s en cherchant a les classer, <strong>et</strong> nous r<strong>et</strong>rouverons ce schème en des formes<br />
innombrables jusqu'en des opérations logiques telles que la réunion de deux classes (les pères plus les<br />
mères = tous les parents, <strong>et</strong>c.) ». Piag<strong>et</strong>.<br />
Pédagogie : Le hoch<strong>et</strong> de Bruner<br />
(Jérôme Bruner, <strong>psycho</strong>logue américain)<br />
Un enfant qui joue avec son hoch<strong>et</strong> sous<br />
le regard de sa maman. Le hoch<strong>et</strong><br />
tombe…<br />
Que va faire alors l’adulte ?<br />
On peut imaginer diverses éventualités :<br />
1. La maman ne remarque rien ou<br />
ignore la chute...<br />
2. Elle ramasse le hoch<strong>et</strong> <strong>et</strong> le place<br />
dans la main de l'enfant…<br />
Il est fort probable que le hoch<strong>et</strong> r<strong>et</strong>ombera<br />
encore, par maladresse peut-être ou, si<br />
l’enfant a plus de 11 ou 12 mois, de propos<br />
délibéré <strong>et</strong> à de multiples reprises ! Le<br />
parent a fait acte de pédagogie : il a mis en<br />
place une relation non-verbale <strong>et</strong> favorisé<br />
les expérimentations de l’enfant. Peut-il<br />
faire mieux ?<br />
3. Rapprocher le hoch<strong>et</strong> de l'enfant ?<br />
« OUI ! mais pas n'importe comment !<br />
* Assez près pour qu'il puisse s'en saisir à<br />
nouveau !<br />
* Mais assez loin cependant pour qu'il ne<br />
puisse l'obtenir qu'au prix d'un effort !<br />
* Et pas trop loin quand même pour qu'il ne<br />
se décourage pas devant la tâche ! ».<br />
C'est 3ème solution qui répond le mieux à<br />
une bonne définition (ou illustration) de la<br />
médiation pédagogique <strong>et</strong> qui résume ce<br />
qu'on appelle la médiation :<br />
Etayer la tâche, mais pour aller plus loin !<br />
"Tirer vers le haut", fuir l'occupationnel.<br />
D’après http://www.offratel.nc/magui/hoch<strong>et</strong>.htm<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
94
C’est le début de la représentation.<br />
L’enfant ne cherche plus simplement à reproduire un résultat mais à le faire varier au cours des<br />
répétitions. Ex : l’enfant qui laisse tomber volontairement les obj<strong>et</strong>s en variant leurs trajectoires <strong>et</strong><br />
qui suis chacun d’eux pour voir comment il chute. Les actions sont entreprises pour connaître leurs<br />
conséquences <strong>et</strong> il y a une recherche intentionnelle de nouveautés. On pourrait dire qu’il pratique<br />
des « expérimentations actives » par essais <strong>et</strong> erreurs » (en fait du tâtonnement expérimental).<br />
Ces essais perm<strong>et</strong>tent la découverte de moyens nouveaux. Ainsi tirer sur un tapis (conduite du<br />
support) ou une ficelle rapproche l’obj<strong>et</strong> désiré posé sur lui ou relié à elle.<br />
- A noter ici également l’apparition de la notion de causalité : l'enfant est capable de faire le lien<br />
entre son action <strong>et</strong> le résultat obtenu. Il comprend, par exemple, que<br />
le hoch<strong>et</strong> sonne parce que c'est lui qui le secoue. Un enfant du stade V<br />
n’essaiera pas de tirer sur un tapis pour approcher un obj<strong>et</strong> si l’obj<strong>et</strong><br />
est posé à côté du tapis.<br />
e) Stade 6 (16- 18 mois):<br />
Apparition de l’insight = " l’eurêka " = solutions soudaines sans<br />
passage par le tâtonnement expérimental. C’est une intuition impliquant<br />
une certaine représentation mentale <strong>et</strong> qui marque la transition avec le<br />
stade suivant ou stade préopératoire. Donnons une boîte d’allum<strong>et</strong>te à<br />
un enfant de c<strong>et</strong> âge. Dans un premier temps, il essaie d’ouvrir la boîte<br />
par tâtonnement matériel (réaction du stade V) puis après un arrêt <strong>et</strong> un<br />
examen attentif ("penser, c'est se r<strong>et</strong>enir d'agir"… l'enfant ouvre <strong>et</strong><br />
ferme la bouche avant de trouver la solution) il glisse son doigt dans la<br />
fente <strong>et</strong> l’agrandit parvenant alors à ouvrir la boîte).<br />
• De la permanence de l’obj<strong>et</strong> :<br />
La permanence de l’obj<strong>et</strong> est le fait que<br />
l’obj<strong>et</strong> qui disparaît du champ perceptif est<br />
conçu comme continuant d’exister.<br />
Classiquement les spécialistes affirment<br />
qu’avant 8 mois, le bébé se montre incapable<br />
de rechercher un obj<strong>et</strong> convoité qu’il voit<br />
disparaître sous un cache. L’enfant réagit<br />
comme si l’obj<strong>et</strong> s’était résorbé.<br />
Pour qu’il le reprenne, une partie de l’obj<strong>et</strong><br />
doit rester visible. Ce ne serait que vers 8 à 9<br />
mois (stade IV) que le schème de la<br />
permanence de l’obj<strong>et</strong> (ou de « l’obj<strong>et</strong><br />
permanent ») se m<strong>et</strong>trait peu à peu en place<br />
(c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> venant ici encore d’être perçu) <strong>et</strong><br />
qu’il y aurait début de l’acte intentionnel<br />
(recherche de l’obj<strong>et</strong> perdu).<br />
En fait c<strong>et</strong>te permanence de l’obj<strong>et</strong> apparaît<br />
vraisemblablement beaucoup plus tôt,<br />
probablement dès 3 à 5 mois. Le bébé saurait<br />
à c<strong>et</strong> âge que l’obj<strong>et</strong> n’a pas disparu (il regarde<br />
fixement l’endroit où il a disparu) mais serait<br />
alors incapable d’aller le chercher.<br />
Ce « bébé » de plus de 8 mois a non seulement<br />
découvert la permanence de l’obj<strong>et</strong> (il sait que<br />
celui-ci continue d’exister même s’il a disparu<br />
de sa vue)... mais de plus, il est devenu capable<br />
d’aller le chercher. Steele-Perkins/Magnum photos<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
95
• De l’imitation des expressions faciales :<br />
Les théories classiques (cf. travaux de Piag<strong>et</strong>) situent les imitations d’expressions faciales aux<br />
alentours de 9 mois. D’après Meltzoff <strong>et</strong> Moore, ces compétences pourraient être bien plus précoces<br />
... comme le montrent les photographies suivantes qui ont soulevé une forte polémique.<br />
Sur ces 3 photos, le nouveau-né a entre 12 <strong>et</strong> 20 jours.<br />
(Meltzoff <strong>et</strong> Moore. Extrait de « Science »,1977).<br />
Aujourd’hui il est admis que ces photographies ne correspondent pas à des phénomènes<br />
fortuits au moins pour la capacité du nourrisson à imiter la protusion de la langue.<br />
Néanmoins, il faut qu’il y ait mouvement, le nouveau-né n’imitant pas les conduites statiques.<br />
Par contre ce phénomène disparaît vers 2-3 mois pour réapparaître vers 9 mois.<br />
On pense que les 1ères imitations correspondraient à un contrôle nerveux sous-cortical <strong>et</strong> que leur<br />
disparition puis leur réapparition serait liées à un passage sous contrôle de structures nerveuses<br />
corticales.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
96
• Le calcul chez les bébés…<br />
Techniques d’étude de l’activité perceptive<br />
des bébés:<br />
Le paradigme d'habituation ou<br />
technique d’habituation (ici visuelle mais<br />
elle peut aussi être auditive ou tactile) : dans<br />
la 1ère phase les enfants sont accoutumés à<br />
des collections qui sont toutes de même<br />
taille. On considère qu’ils sont "habitués"<br />
quand leur fixation du regard chute de 50 %.<br />
Dans une seconde phase, on leur présente<br />
une nouvelle collection (en alternance avec<br />
l’ancienne). « Celle-ci peut être soit de<br />
même taille que les précédentes soit de taille<br />
différente (plus ou moins grande que les<br />
collections précédentes)… » : les enfants<br />
regardent plus longtemps quelque chose<br />
qu’ils considèrent comme nouveau,<br />
différent… en l’occurrence ici une collection<br />
de taille différente.<br />
Le paradigme d'événement<br />
Les stimuli sont proj<strong>et</strong>é depuis l’écran vidéo (qui est venu<br />
remplacé le projecteur de diapositives des premières<br />
expérimentation) sur un miroir incliné. Le regard du bébé est<br />
enregistré par la caméra <strong>et</strong> transmis à l’ordinateur.<br />
L’ordinateur perm<strong>et</strong> aussi de créer des stimuli <strong>et</strong> de les<br />
envoyer à l’écran vidéo.<br />
Schéma (légèrement modifié) extrait de « La Recherche » n° 236 d’Octobre<br />
1991 : « L’intelligence des bébés par Roger Lécuyer.<br />
impossible : c<strong>et</strong>te fois-ci la technique repose sur l'idée que les enfants regardent plus<br />
longtemps une scène inattendue (dite "événement impossible") qu'une scène respectant<br />
leur connaissance (dite "événement possible").<br />
Résultats (à l’aide de la première technique) :<br />
* Des bébés âgés seulement de 1 à 3 jours 8 <strong>et</strong> des bébés de 5 mois 9 pouvaient<br />
discriminer des collections de 2 obj<strong>et</strong>s d’autres de 3 obj<strong>et</strong>s.<br />
* « De très nombreuses études ont répliqué ces résultats quelle que soit la manipulation des<br />
conditions de présentation des obj<strong>et</strong>s : des obj<strong>et</strong>s de taille, forme <strong>et</strong> position variables (Strauss & Curtiss, 1981), des<br />
obj<strong>et</strong>s différents (à 7 mois, Starkey, Spelke & Gelman, 1990), des obj<strong>et</strong>s en mouvement ( à 5, 8 <strong>et</strong> 13 mois, Van<br />
Loosbroeck & Smitsman, 1990), des obj<strong>et</strong>s présentés séquentiellement (Canfield & Smith, 1996). C<strong>et</strong>te capacité de<br />
discrimination ne se limite pas seulement aux obj<strong>et</strong>s physiques. Les bébés sont aussi capables de discriminer le nombre<br />
de sauts (2 vs 3 sauts) effectués par une poupée, que celle-ci reste sur place ou soit en mouvement (Wynn, 1996). Ils<br />
peuvent aussi discriminer des mots de 2 syllabes vs des mots de 3 syllabes (Bijeljac-Babic, Bertoncini & Mehler,<br />
1991). Ces résultats montrent que les représentations numériques des bébés sont suffisamment abstraites pour<br />
être appliqué à différentes situations <strong>et</strong> différents types d'obj<strong>et</strong>s ».<br />
« Cependant, pour des quantités supérieures à 3, les résultats sont beaucoup moins clairs. Par exemple, les bébés<br />
de 10-12 mois ne pourraient pas discriminer 4 de 5 (Strauss & Curtiss, 1981). De même, les bébés de 6 mois ne<br />
pourraient distinguer une collection de 4 obj<strong>et</strong>s par rapport à une collection de 6 obj<strong>et</strong>s… (Starkey <strong>et</strong> Cooper, 1980) ».<br />
« Au contraire, d'autres recherches ont montré que les bébés de 6 mois pouvaient discriminer de grandes<br />
collections. En eff<strong>et</strong>, ils font la différence entre 8 <strong>et</strong> 16, aussi bien en présentation visuelle qu’auditive, <strong>et</strong> ceci alors que<br />
toute variable pouvant affecter leur perception (e. g., contrastes de couleur, densité, rythme) est contrôlée (Xu & Spelke,<br />
2000). Par contre, ces bébés ne peuvent discriminer 8 de 12 dans de telles conditions de contrôle (Xu & Spelke, 2000).<br />
De même, des bébés de 5 <strong>et</strong> 8 mois peuvent discriminer 3 de 4 alors que les obj<strong>et</strong>s sont en mouvement, <strong>et</strong> même 4 de 5<br />
pour les bébés de 13 mois (Van Loosbroeck & Smitsman, 1990) ».<br />
Textes entre guillem<strong>et</strong>s de Barrouill<strong>et</strong> Pierre, Blanc Dominique, Camos Valérie,Charnay Roland IUFM de Lyon, Coquin Danièle,<br />
Dossat Luce, Fayol Michel, Thévenot Catherine, Verschaffel Lieven. 2002.<br />
8<br />
Antell <strong>et</strong> Keating (1983).<br />
9<br />
Starkey <strong>et</strong> Cooper (1980).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
97
Résultats (à l’aide de la deuxième technique) :<br />
Etude de Wynn (1992) parue dans la revue Nature : Addition <strong>et</strong> soustraction chez l'enfant.<br />
« En eff<strong>et</strong>, à travers la procédure de la transgression des attentes (réaction à l’événement impossible), elle<br />
a montré grâce aux temps de fixation visuelle que des bébés de 4-5 mois<br />
sont capables de calculer le résultat d’opérations arithmétiques simples<br />
(addition <strong>et</strong> soustraction).<br />
Pour l’une des conditions, l’addition, son protocole expérimental est le<br />
suivant. Elle place devant le bébé un Mickey sur une plate-forme. Un<br />
écran en rotation cache le Mickey. Ensuite, devant les yeux de l’enfant, un<br />
second Mickey est introduit derrière l’écran. Celui-ci s’abaisse alors,<br />
révélant soit un Mickey (événement impossible) soit deux Mickey<br />
(événement possible).<br />
Pour la seconde condition, la soustraction, deux Mickeys sont placés sur<br />
la plate-forme. On lève l’écran. Puis, un Mickey est ôté (le bébé le voit).<br />
L’écran se baisse <strong>et</strong> l’enfant découvre soit un Mickey (événement<br />
possible), soit deux Mickey (événement impossible).<br />
Les résultats ont montré que le temps de fixation visuelle des bébés est<br />
plus long pour l’événement impossible que pour l’événement possible.<br />
L’enfant est surpris devant la situation impossible. Il paraît alors conscient<br />
que l’événement ne respecte pas ses connaissances du monde <strong>et</strong> qu’une<br />
propriété du réel a été transgressée ».<br />
« Wynn conclut alors que l’enfant réalise un calcul précis. L’enfant<br />
s’attend à ce que le résultat de l’addition d’un Mickey à un autre soit deux<br />
Mickey <strong>et</strong> non un ou trois »… « D’après Wynn, l’enfant possède des<br />
capacités numériques vraisemblablement innées qui lui perm<strong>et</strong>tent de<br />
calculer le résultat exact d’opérations arithmétiques simples ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
L'enfant regarde en<br />
moyenne presque une<br />
seconde de plus le résultat<br />
de l'addition fausse 1+ 1 =<br />
1 que celui de l'addition<br />
juste 1+ 1 = 2. Pour la<br />
soustraction, il examine<br />
3 secondes de plus celui<br />
de la situation<br />
impossible 2 - 1= 2 que<br />
celui de la situation<br />
possible 2 - 1 = 1.<br />
A noter qu’on obtient des résultats similaires avec des singes macaques (de l’espèce rhésus) adultes en remplaçant<br />
les Mickeys par des… aubergines !!! Seule différence : la fixation du regard en situation impossible est plus accrue<br />
(elle peut doubler).<br />
Et si le bébé ne comptait pas <strong>et</strong> se contentait d’une perception globale par laquelle 1 + 1 serait égal<br />
à plus que 1 (soit 2 ou 3) » ?<br />
Dans une 3ème expérience, Wynn a présenté l’addition 1 + 1 <strong>et</strong> a montré que l’enfant remarque<br />
également la transgression lorsqu’on lui présente l’événement impossible 1 + 1 = 3 <strong>et</strong> l’événement<br />
possible 1 + 1 = 2 : il observe plus longtemps la situation impossible avec 3 obj<strong>et</strong>s que la situation<br />
possible avec 2 obj<strong>et</strong>s. Il se comporte comme s'il « savait » que 1 + 1 ne fait ni 1 ni 3, mais bien<br />
exactement 2.<br />
« Houdé (1997) en adaptant au niveau verbal le protocole de Wynn avec<br />
des enfants de 2-3 ans (en crèche) <strong>et</strong> des enfants de 3-4 ans (en 1 ère<br />
année de maternelle). A la place des Mickey, il a utilisé des Babar <strong>et</strong> au<br />
lieu d’évaluer le temps de fixation visuelle, il a demandé à l’enfant, face<br />
à l’événement qui lui est proposé, de répondre "ça va" ou "ça ne va pas".<br />
S’ils sont prompts à adm<strong>et</strong>tre que 1 + 1 ne peut pas être égal à 1, ils sont<br />
en revanche moins certains que 1 + 1 ne peut être égal à 3 : « Ces<br />
résultats montrent un n<strong>et</strong> décalage entre la réussite à la transgression<br />
1+1=1 qui apparaît dans c<strong>et</strong>te expérience dès 2 ans » (<strong>et</strong> dès 4-5 mois<br />
d’après Wynn) « <strong>et</strong> à la réussite à la transgression 1+1= 3 qui est plus<br />
tardive » ( à partir de 3 ans au lieu des 4-5 mois pour Wynn).<br />
« L’émergence de la distinction singulier/pluriel dans le langage oppose<br />
un à tous les autres nombres considérés globalement, est fixé par Boysson-Bardies (1996) vers 20-24<br />
mois. D’après Hodent c’est l’émergence de c<strong>et</strong>te distinction singulier/pluriel dans le langage qui serait à<br />
l’origine de c<strong>et</strong>te chute temporaire des performances à 2-3 ans ».<br />
98
D’autre part, dans l'expérience de Wynn, ce qui est arithmétiquement incorrect est également<br />
physiquement impossible : un obj<strong>et</strong> caché disparaît mystérieusement.<br />
« Simon, Hespos <strong>et</strong> Rochat (1995) ont voulu<br />
prouver que c’était le non respect de la<br />
permanence de l’obj<strong>et</strong> qui créerait la surprise<br />
chez le bébé <strong>et</strong> non, comme le dit Wynn, la<br />
violation du résultat de comptage. Ils suggèrent<br />
alors que le bébé se base sur des connaissances<br />
physiques des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> non sur une<br />
connaissance arithmétique ».<br />
« Afin de vérifier c<strong>et</strong>te hypothèse, ils ont utilisé<br />
la même procédure que Wynn en y ajoutant<br />
deux conditions supplémentaires : une<br />
condition expérimentale où l’événement est<br />
quantitativement possible mais physiquement<br />
impossible (avant que l’écran s’abaisse, un<br />
Elmo est remplacé par un Ernie, personnages<br />
d’une émission télévisée pour enfants : Elmo +<br />
Elmo = Ernie + Elmo) <strong>et</strong> une condition où<br />
l’événement est quantitativement <strong>et</strong><br />
physiquement impossible (Elmo + Elmo =<br />
Ernie) ».<br />
« Avec des bébés de 4 mois, leur hypothèse est<br />
infirmée car les résultats confirment ceux de<br />
Wynn. Dans la condition identique à celle de<br />
Wynn, on r<strong>et</strong>rouve les mêmes résultats. Le<br />
temps de fixation est plus long pour la condition<br />
quantitativement <strong>et</strong> physiquement impossible<br />
alors que les bébés ne semblent pas surpris<br />
par la condition physiquement impossible où<br />
le nombre est respecté.<br />
Alors malgré leur but initial, Simon, Hespos <strong>et</strong><br />
Rochat ont montré que les bébés de 4-5 mois<br />
possèdent bien des capacités arithmétiques<br />
plutôt que perceptives ».<br />
Dans les conditions reproduisant la situation de<br />
l’addition de Wynn, les enfants sont confrontés<br />
à deux personnages : Elmo <strong>et</strong> Ernie.<br />
* Condition 1, possible :<br />
Elmo + Elmo = 2 Elmos.<br />
* Condition 2, arithmétiquement impossible :<br />
Elmo + Elmo = 1 Elmo.<br />
Deux conditions nouvelles sont introduites :<br />
* Condition 3, une condition possible sur le plan<br />
arithmétique mais impossible sur le plan de<br />
l'apparence physique :<br />
Elmo + Etmo = Elmo + Ernie.<br />
* Condition 4, conditions impossibles sur le plan<br />
arithmétique <strong>et</strong> sur le plan physique :<br />
Elmo + Etmo = Ernie.<br />
Remarque importante : les résultats ne<br />
signifient pas que les bébés sont incapables de<br />
distinguer les 2 personnages Elmo <strong>et</strong> Ernie !!! Lorsqu’on habitue des bébés de 5 mois à Elmo puis qu’on<br />
leur présente Ernie (ou l’inverse), le regard est plus long en présence de l'obj<strong>et</strong> nouveau.<br />
Passages entre guillem<strong>et</strong>s extraits de http://www.ressources-psy.com/nombre.htm par Amélie Lubin<br />
Lire aussi CONNAISSANCES PROTONUMÉRIQUES CHEZ LE PRIMATE ET LE JEUNE ENFANT par J.<br />
VAUCLAI http://www.up.univ-mrs.fr/wpsycle/document<strong>pdf</strong>/documentvauclair/chapSolal%2000.<strong>pdf</strong><br />
Que conclure ?<br />
Temps de regard :<br />
Conditions 1<strong>et</strong> 3 : 8 secondes.<br />
Conditions 2 : 11 secondes.<br />
Conditions 4 : 10,5 secondes.<br />
Le changement d'identité n'accroît pas<br />
le temps de regard (8 secondes) en cas de nonviolation<br />
de la règle additive ou soustractive.<br />
Wynn conclut de ses travaux que le bébé possède une connaissance numérique innée (voir page 142<br />
concept de cardinalité). Mais «…pourquoi ne pas interpréter ces résultats comme un raisonnement<br />
perceptif du bébé plutôt qu’un raisonnement cognitif comme le suppose Wynn ? ».<br />
Ainsi Simon (1997, 1998) pense plutôt que le bébé utilise une représentation spatio-temporelle des obj<strong>et</strong>s<br />
<strong>et</strong> qu’il ne compte pas : il pratiquerait la correspondance terme à terme entre la représentation mémorisée<br />
<strong>et</strong> la situation finale observée. L’enfant découvre ainsi qu’il y a pas appariement entre sa mémoire <strong>et</strong> la<br />
réalité (un obj<strong>et</strong> mémorisé ne trouve plus son correspondant).L'inégalité serait dès lors constituée.<br />
Dans l’état actuel des recherches, il est impossible de choisir entre ces 2 interprétations.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
99
Stade préopératoire qui s’étend de 2 à 7 ans (divisé en stade préconceptuel de 2<br />
à 4 ans <strong>et</strong> stade intuitif de 4 ans à 7 ans) :<br />
STADE PRECONCEPTUEL :<br />
Dans le stade précédent dit "sensori-moteur", tout reposait sur la<br />
perception directe, le « ici » <strong>et</strong> le « maintenant ». Ce stade de 0 à 2 ans<br />
se caractérisait par une intelligence sans représentation, sans langage <strong>et</strong><br />
sans concept. Ce stade était aussi défini par le jeu d’exercice dont le<br />
plaisir réside d’abord dans le seul fonctionnement physique (maîtriser<br />
ses gestes <strong>et</strong> ses mouvements) auquel s’ajoute peu à peu « le plaisir<br />
être cause de » (Cf. l’enfant qui joue à faire tomber <strong>et</strong> r<strong>et</strong>omber sa<br />
cuillère). Les professionnels distinguent 3 grands types de jou<strong>et</strong>s ( =<br />
supports de jeux) dans c<strong>et</strong>te catégorie :<br />
* les jou<strong>et</strong>s d’éveil sensoriel (hoch<strong>et</strong>, tapis sensoriel…) qui cherchent à<br />
fixer le regard (avec des couleurs <strong>et</strong> des formes différentes) <strong>et</strong> à orienter<br />
l'attention auditive (avec des jou<strong>et</strong>s à secouer).<br />
* les jou<strong>et</strong>s de manipulation qui favorisent la préhension <strong>et</strong> la<br />
manipulation (formes adaptées <strong>et</strong> textures variées) <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tant<br />
d'acquérir des habilités manuelles, du "savoir-faire" (jou<strong>et</strong>s à encastrer, à<br />
emboîter, jou<strong>et</strong>s pour la baignoire…)<br />
* les jou<strong>et</strong>s de motricité perm<strong>et</strong>tant d'explorer son corps <strong>et</strong> d'en découvrir<br />
les possibilités (trotteurs, ballons, jou<strong>et</strong>s à tirer, à pousser mais aussi cheval<br />
à bascule, tricycle <strong>et</strong> grand camion pour s’asseoir dessus à partir de 2 ans…).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
La fonction symbolique =<br />
fonction sémiotique utilise 2<br />
sortes d’instruments :<br />
Les symboles qui<br />
présentent quelques ressemblances<br />
avec les signifiés.<br />
Les signes qui sont conventionnels<br />
ou arbitraires.<br />
Entre 2 à 5 ans l’enfant devient capable de trier des obj<strong>et</strong>s à partir de critères simples : les couleurs, les<br />
formes, les dimensions, les textures. Il peut associer 2 images semblables ou 2 éléments qui ont un lien<br />
logique : habitats <strong>et</strong> animaux, contraires, sportifs <strong>et</strong> accessoires, métiers <strong>et</strong> outils…<br />
MAIS SURTOUT… Il y a, au stade préconceptuel, entre 2 <strong>et</strong> 4 ans :<br />
1. Tout début vers 3 ans du développement des relations interpersonnelles, des échanges entre les suj<strong>et</strong>s<br />
sous la forme d’un dialogue moteur (imitation immédiate) sans dialogue verbal <strong>et</strong> d’une opposition à<br />
l’autre. Voir pages 124 <strong>et</strong> 125.<br />
2. Développement de la fonction symbolique ou sémiotique qui consiste à représenter « un signifié »<br />
(un obj<strong>et</strong>, un événement) par un « signifiant » (un mot, une image mentale) ne servant qu’à c<strong>et</strong>te<br />
représentation. Cela revient à pouvoir évoquer en pensée des personnes ou des obj<strong>et</strong>s non-présents <strong>et</strong><br />
dont intérioriser des actions.<br />
On distingue 4 conduites d’apparition à peu près simultanée qui peuvent être rapportées à la<br />
fonction symbolique :<br />
• L’imitation différée... c’est à dire l’imitation qui débute en l’absence du modèle : l’enfant mime<br />
un comportement observé antérieurement. Apparaît vers 18 mois. Il faut<br />
distinguer l’imitation de l’identification qui correspond, elle, à une<br />
intériorisation des modèles qu’offre l’entourage : l’identification est<br />
l'assimilation d'autrui à soi-même.<br />
• Le jeu symbolique (faire comme <strong>et</strong> faire comme si)… de 3 à 6<br />
ans. L'enfant (ou les enfants à partir de 4 ans), joue(nt) un personnage,<br />
une situation, une histoire qu'il(s) invente(nt) en jouant : la poupée<br />
devient « le bébé » que l’enfant fait dormir, habille pour qu’il n’attrape<br />
pas froid, nourrit, gronde <strong>et</strong> à qui il donne des fessées… L’enfant<br />
reproduit ainsi des situations déjà vécues mais il peut aussi inventer ses<br />
propres scénarios (<strong>et</strong> combattre des dragons ou voyager dans l’espace<br />
sans quitter sa chambre). A 4 ans, parfois avant, il s’invente des amis imaginaires qui font souvent des<br />
choses que l’enfant n’a pas le droit de faire.<br />
100
Les professionnels réunissent dans c<strong>et</strong>te catégorie du jeu symbolique<br />
les jou<strong>et</strong>s de mise en scène (figurines), les jou<strong>et</strong>s de rôle (obj<strong>et</strong>s pour<br />
jouer au docteur, balance + fruits <strong>et</strong> légumes pour jouer à la<br />
marchande…) <strong>et</strong> les jou<strong>et</strong>s de représentation.<br />
Tous les accessoires pour faire semblant sont très populaires à c<strong>et</strong><br />
âge: poupées avec leurs vêtements <strong>et</strong> matériel, marionn<strong>et</strong>tes avec leur<br />
théâtre, trousses de médecin ou de maquillage, animaux en peluche<br />
pour jouer au vétérinaire, ensemble d'outils, déguisements <strong>et</strong> panoplies<br />
divers, nécessaires de cuisine <strong>et</strong> ensemble à pâtisserie, matériel<br />
ménager, outils de jardinage, téléphone... autant d’idées pour votre<br />
classe… allez, c’est dit… vous installez un coin déguisement dans<br />
votre classe de moyenne section de maternelle…<br />
Entre 18 mois <strong>et</strong> 2 ans, PIAGET décrit une phase intermédiaire<br />
entre le jeu d’exercice <strong>et</strong> le jeu symbolique proprement dit. Dans c<strong>et</strong>te<br />
phase intermédiaire : « L’enfant se borne à faire semblant d’exercer<br />
l’une de ses actions habituelles », il fait par ex semblant de manger,<br />
de boire, de se laver, de dormir. Ensuite, il exécutera successivement<br />
dans une séquence une combinaison de 2 schèmes d’action : par<br />
exemple le schème de boire puis celui de se m<strong>et</strong>tre au lit.<br />
2 à 4 ans : les véritables jeux symboliques…<br />
Dans le jeu symbolique l’enfant utilise un obj<strong>et</strong>, dont il connaît<br />
l’utilisation première, comme si c’était autre chose (les cubes se<br />
transforment en maisons ou en voitures, la canne devient fusil <strong>et</strong> la<br />
pierre un oreiller)… ce sont les jeux de type IIA possibles dès 22<br />
mois. Vers 30 mois, le bambin peut prêter des sentiments à la poupée,<br />
une poupée qui a elle-même sa capacité d’agir.<br />
Puis l’enfant assimile son corps propre à des obj<strong>et</strong>s ou à autrui (= il<br />
joue à être quelque chose ou quelqu’un : il jouera au papa <strong>et</strong> à la<br />
maman, à la maîtresse d'école, au docteur…)… ce sont les jeux de<br />
type IIB.<br />
Par la suite l’enfant exécute fictivement des actes défendus<br />
(composition symbolique compensatrice… ce sont les jeux de type<br />
IIIA), transpose symboliquement dans le jeu ce qu’il a vécu de façon<br />
pénible (combinaisons symboliques liquidatrices de tensions… ce sont<br />
les jeux de type IIIB). L’enfant va pouvoir dans son jeu inventer les<br />
conséquences d’une situation particulière (combinaisons symboliques<br />
anticipatrices… ce sont les jeux de type IIIC).<br />
Il est important de comprendre qu’un enfant de 3 ans jouera à des<br />
jeux symboliques mais continuera également à pratiquer des jeux<br />
moteurs (balançoire, trottin<strong>et</strong>te, brou<strong>et</strong>te...) <strong>et</strong> sensoriels (demain<br />
pensez à installer une corbeille de vrais fruits dans le coin cuisine de<br />
votre classe de p<strong>et</strong>ite section de maternelle).<br />
A partir de 4 ans émergent les jeux collectifs (qu’il s’agisse de<br />
jeux symboliques ou de jeux de construction) qui se développent à 5-6 ans. Il faut peut-être alors<br />
partager, jouer chacun son tour ou négocier… qui sera le shérif <strong>et</strong> qui sera le shérif adjoint ?! Ceci<br />
n’empêche pas l’enfant de continuer à pratiquer des jeux d’exercice (corde à sauter à partir de 5 ans,<br />
patins à roul<strong>et</strong>tes vers 6 ans) <strong>et</strong> des jeux de fiction en isolé (dîn<strong>et</strong>te par exemple).<br />
Les jeux collectifs seront suivis plus tard par les jeux de règles pratiqués dès 5-6 ans mais qui prennent<br />
toute leur importance de 7 ans à 12 ans (cartes, familles, dominos, jeu de l'oie, p<strong>et</strong>its chevaux,<br />
mikado…).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
101
• L’évocation verbale d’événements inactuels <strong>et</strong> l’image mentale.<br />
La mémoire d’évocation (différente de la mémoire de recognition qui consiste à reconnaître un obj<strong>et</strong><br />
déjà rencontré, le sein par exemple) apparaît avec l’image mentale. Elle consiste à évoquer un obj<strong>et</strong> ou<br />
un suj<strong>et</strong> en son absence.<br />
• Le dessin qui correspond à une image mentale <strong>et</strong> apparaît entre 2<br />
ans <strong>et</strong> 2,5 ans.<br />
Il est d’abord un simple gribouillage avec signification découverte en<br />
cours de route ( c’est le « réalisme fortuit de Luqu<strong>et</strong> » ) puis correspond<br />
ensuite au « réalisme manqué »<br />
(bonhommes-têtards) ... à rapprocher des<br />
collages manqués (oreilles du lapin collées<br />
largement au dessus de la tête).<br />
Viendra ensuite le « réalisme intellectuel »<br />
(par exemple visage de profil 10 mais avec 2<br />
yeux, dessin de la racine d’une plante dans<br />
la terre ...) puis le « réalisme visuel » vers 8 -<br />
9 ans (les parties cachées ne sont plus<br />
dessinées <strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s sont plus p<strong>et</strong>its s’ils<br />
sont plus éloignés).<br />
En ce qui concerne l’enfant de 2 à 4 ans<br />
qui nous intéresse ici on constate :<br />
Qu’à 3 ans (voire 3,5 ans), c’est le stade du bonhomme<br />
têtard (ainsi désigné initialement par James Sully) vu de<br />
face : rond (représentant à la fois la tête <strong>et</strong> le tronc) contenant<br />
toujours 2 yeux <strong>et</strong> porteur de rayons : souvent 2 traits<br />
(jambes) ou 4 traits (bras + jambes) <strong>et</strong> parfois de cheveux…<br />
d’où un aspect « solaire orienté ».<br />
La bouche apparaît<br />
très vite : Ricci dit<br />
que « le bonhomme<br />
voit, mange <strong>et</strong> se<br />
déplace ».<br />
On parle tout de<br />
même de<br />
bonhomme- têtard<br />
en l’absence de<br />
membres si des<br />
cheveux réalisent<br />
l’aspect rayonnant.<br />
Le cercle central ne correspond pas ici<br />
au nombril mais au cœur.<br />
La ligne horizontale<br />
apparaît entre 18 <strong>et</strong> 24<br />
mois.<br />
10<br />
Sur tous les continents, quelles que soient les cultures, le passage de la frontalité au profil s’effectue vers 6 ans.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
102
Ce type de dessins se rencontre aussi bien chez un enfant asiatique, qu’un européen, un<br />
africain ou un américain.<br />
La maladresse de la représentation peut paraître surprenante puisqu’à trois ans l'enfant sait en<br />
eff<strong>et</strong> désigner du doigt différentes parties de son corps <strong>et</strong> en particulier ses membres, sa tête <strong>et</strong><br />
plus spécifiquement ses yeux, ses oreilles, sa bouche <strong>et</strong> ses cheveux 11 .<br />
Il existe donc là un décalage marqué entre les acquisitions concrètes <strong>et</strong> leur représentation<br />
graphique.<br />
à 4 ans (parfois avant) : le bonhomme têtard persiste <strong>et</strong> s’agrémente de détails (outre les<br />
yeux <strong>et</strong> la bouche, un nez, des oreilles, un nombril…). Le sexe <strong>et</strong> les cheveux peuvent être<br />
présents. La nudité <strong>et</strong> des organes sexuels se rencontrent surtout dans les productions d'enfants<br />
jeunes puis disparaît ensuite.<br />
Les dessins d’enfants apportent des informations sur leur affectivité <strong>et</strong> ses perturbations<br />
éventuelles, sur leur caractère <strong>et</strong> bien évidemment sur leurs aptitudes graphiques.<br />
Attention aux interprétations hâtives réalisées par des personnes non compétentes.<br />
Le tronc, sous la forme d’un 2 ème rond, n’apparaît en général qu’à 5 ans (mais certains<br />
enfants le représentent dès 4 ans).<br />
Ici, effectués le même jour par le même enfant, un dessin avec un seul cercle <strong>et</strong> l’autre avec<br />
2… A noter dans le 2 ème dessin les « mains-soleil » en général plus tardives <strong>et</strong> dont le nombre<br />
de rayons ne correspond pas le plus souvent au nombre de doigts. Signalons également que<br />
l’enfant ne dessine pas de « pieds-soleil »…<br />
Comme cela est très généralement le cas, la taille des pieds est proportionnellement plus<br />
grande dans les dessins représentant un corps masculin.<br />
11<br />
Ces désignations corporelles sont d’ailleurs demandes dans le questionnaire de niveau mental de Bin<strong>et</strong>.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
103
Variation du bonhomme à partir de 3 ans (d’après Leif).<br />
Chez le jeune enfant, on note l’absence d’éléments importants (bonhomme sans bras par<br />
exemple), des détails en surnombre (multiplication du nombre de doigts), des disproportions<br />
(main plus grande que la tête) <strong>et</strong> des disjonctions d’éléments contigus (cigar<strong>et</strong>te en dehors de la<br />
bouche).<br />
Remarque : « Par graphisme, on entend, au sens large, toute production de traces utilisant<br />
le trait sur une surface. Il peut donc s’agir de gribouillages, de motifs décoratifs obéissant<br />
à des rythmes, d’écriture ou de dessins ». L’école avant 6 ans », ouvrage collectif sous la direction de<br />
M. Hibon <strong>et</strong> R. Monier. Collection R. Tavernier chez Bordas.<br />
Un bâton traîné sur du sable laisse une trace <strong>et</strong> relève du graphisme.<br />
LE STADE DE LA PENSEE INTUITIVE sera étudié dans le chapitre III.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
104
D) Les étapes de l’acquisition du langage :<br />
L’importance <strong>et</strong> la qualité des stimulations linguistiques que l’enfant perçoit sont des<br />
éléments fondamentaux dans le développement de ses compétences langagières.<br />
D1 : le stade prélinguistique :<br />
« Au XIIIème siècle, l’empereur<br />
d'Allemagne, Frédéric II, s'intéressait à la<br />
science,<br />
Pour essayer de découvrir quelle pouvait<br />
être la langue naturelle innée de l'espèce<br />
humaine, celte, germain ou hébreu, il eut<br />
l'idée de séparer de leurs mères des<br />
enfants nouveau-nés, de les faire élever<br />
par des gardiens sourds-mu<strong>et</strong>s qui avaient<br />
comme consigne de ne donner aucune<br />
tendresse à ces bébés <strong>et</strong> de ne leur fournir<br />
que les soins d'hygiène <strong>et</strong> d'alimentation,<br />
mais les meilleurs possibles.<br />
Non seulement les bébés ne parlèrent<br />
aucune langue, mais rapidement ils<br />
dépérirent <strong>et</strong> moururent ».<br />
Extrait du livre du Dr Cohen-Solal :<br />
« Les deux premières années de la vie »<br />
Editions Robert Laffont, 1982.<br />
En 1993 Jean-Pierre Lecanu<strong>et</strong> <strong>et</strong> Carolyn<br />
Granier-Deferre ont émis, à l’aide d’un haut<br />
parleur placé à 20 cm de l’abdomen maternel,<br />
avec une intensité de 95 décibels, le mot<br />
« babi ». Ils ont observé un ralentissement<br />
cardiaque du fœtus de 36 semaines montrant<br />
qu’il entendait. Ensuite son rythme cardiaque<br />
n’est plus abaissé par la répétition du mot<br />
« babi » Le bébé s’est s’habitué. On intercale<br />
alors le mot « biba » dans la série des « babi » :<br />
le cœur du fœtus ralentit ! La différence<br />
« babi » - « biba » a donc été perçue…<br />
C<strong>et</strong>te tétine non nutritive est reliée à un dispositif<br />
électronique qui perm<strong>et</strong> d’ « interroger »<br />
le bébé sur ce qu’il perçoit.<br />
Plus le son que l’enfant entend est<br />
attrayant plus il tête <strong>et</strong> une variation de pression<br />
dans le tuyau détecte chaque succion ...<br />
Ces études ont montré que la parole avait un<br />
statut spécial pour le bébé.<br />
De plus, celui-ci réagit plus particulièrement<br />
aux paroles qui lui sont adressées plutôt qu’à<br />
un discours adressé à un adulte.<br />
C<strong>et</strong>te préférence serait due aux<br />
caractéristiques sonores employées :<br />
lorsqu’on s’adresse à un p<strong>et</strong>it, notre voix est<br />
spontanément « plus haut perchée, un peu<br />
chantante <strong>et</strong> avec des intonations plus<br />
marquées ».<br />
« Science <strong>et</strong> vie hors série n° 177 : « Le cerveau <strong>et</strong><br />
l’intelligence ». Décembre 1991.<br />
Quelques minutes après la naissance, l’enfant peut repérer d’où vient un son.<br />
Pour « interroger » le bébé, on lui envoie une stimulation répétitive d’une même syllabe,<br />
« PA » par exemple... puis on change brusquement le « PA » en « BA ». Si le nourrisson réagit<br />
en suçant sa tétine avec plus d’énergie, c’est qu’il a perçu une différence. De nombreux<br />
spécialistes affirment que le bébé peut faire une discrimination auditive entre différentes<br />
syllabes (ba <strong>et</strong> pa, bi <strong>et</strong> pi ...) dès le 4 ème jour (cf. la communication du Dr Julien Cohen-Solal à la 10 ème<br />
journée de formation continue de l’hôpital Robert Debré en février 1997). D’autres prétendent qu’il faut<br />
attendre 1 mois pour que « P » <strong>et</strong> « B », « B » <strong>et</strong> « D » soient distingués sans problème.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
105
Dès 2 semaines il discrimine les voix humaines des autres sons.<br />
A 1 mois « PAT » <strong>et</strong> « TAP » peuvent être distingués mais pas « TSP » <strong>et</strong> « PST ».<br />
Vers 5 à 6 semaines, ses cris se différencient en fonction de leur cause (faim, satisfaction,<br />
recherche du sommeil, la gêne, la douleur, l’appel ...).<br />
A 1,5 mois l’enfant « roucoule » (bêlements, gargouillements, cris aigus ...). Ce sont des<br />
« roucoulements de voyelles émises par la bouche : e, eu, a … qui traduisent habituellement<br />
un état de bien-être <strong>et</strong> ils sont les mêmes pour les bébés du<br />
monde entier. Apparition du sourire social.<br />
A la fin du 2 ème mois il différencie les voix familières des<br />
voix étrangères <strong>et</strong> les voix féminines des voix masculines. Il<br />
devient attentif à l’intonation des voix (sourire si la voix est<br />
douce, agitation si agressive).<br />
A 3 mois, il pousse des cris de plaisir.<br />
A 3-4 mois, les émissions vocales de syllabes déformées<br />
sont variées (jusqu'à 75 d’après Gesell) <strong>et</strong> on parle de<br />
gazouillis ou « stade des areus » ou encore de stade « oiseau » ou « jasis » ou « stade des<br />
vocalisations prolongées » : A… ree, K… ree. Tous les bébés gazouillent de la même façon<br />
quelle que soit leur patrie d’origine. Le gazouillis s’observe surtout dans les moments de<br />
détente <strong>et</strong> de satisfaction, après le repas. Il est alors possible d’établir un échange avec le bébé<br />
qui attend la réponse imitative de la mère <strong>et</strong> y fait écho… Il "parle" quand on lui parle… Il<br />
rit aux éclats.<br />
A 5 ou 6 mois : c’est le babillage, le<br />
nourrisson tente de répondre en adoptant les<br />
intonations <strong>et</strong> rythmes <strong>et</strong> il existe un véritable<br />
échange entre la mère <strong>et</strong> l’enfant avec, ici, des<br />
différences selon les langues maternelles. Il<br />
fait aussi « agueu ». A c<strong>et</strong> âge on commence à<br />
observer une différence entre l’enfant<br />
entendant <strong>et</strong> l’enfant sourd.<br />
Les enfants comprennent le langage<br />
oral avant de pouvoir s’en servir.<br />
La communication verbale implique<br />
des contacts <strong>et</strong> des échanges<br />
affectifs avec les adultes.<br />
A 6 mois, c’est la lallation... répétition du même son comme « MA-MA-MA-MA-MA-MA ».<br />
Il varie le volume <strong>et</strong> le débit.<br />
A 7 mois - 7,5 mois, il reconnaît son prénom. Syllabes : ba, da, ka.<br />
A 8 mois, il combine des syllabes : da-da, ba-ba. Il comprend la<br />
signification de « NON ».<br />
A 9-10 MOIS, TENTATIVE D’IMITATION CONSCIENTE DES<br />
SONS même si l’enfant ne les comprend pas : c’est l’écholalie. A c<strong>et</strong> âge il<br />
comprend néanmoins 5 ou 6 mots. L'enfant réalisera peu à peu que chaque<br />
mot à un sens, <strong>et</strong> que chaque chose est désignée par un mot.<br />
11 ou 12 mois (aux dires des mères, parfois un peu plus tardivement :<br />
13 ou 14 mois), est l’âge d’apparition du 1 er mot servant à désigner une personne (ou un obj<strong>et</strong><br />
ou une situation). Il s’agit le plus souvent d’une syllabe redoublée : il dit maman puis viendront<br />
ensuite d’autres mots : papa ou mimi ou kiki…<br />
12 mois : un mot unique a plusieurs sens. C’est le « mot symbole ». Exemple : il peut dire<br />
« lo» pour désigner non seulement le lait mais tout autre liquide.<br />
Tous les enfants, quelle que soit leur culture d’origine, apprennent à parler au même<br />
âge... « naturellement » (= sans que les parents aient à développer une quelconque pédagogie).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
106
D2 : le stade linguistique :<br />
Le stade du « mot - phrase » de 1 an à 18 mois :<br />
* Des « mots » isolés ont valeur de phrases <strong>et</strong> expriment des pensées complètes...<br />
« dodo » = « je veux aller au lit », « tola » = « je veux du chocolat ».<br />
* Il y a polysémie : « pa-ti » peut signifier que maman est partie ou que l’enfant veux sortir.<br />
Vers 18 mois l’enfant jargonne avec de 7 à 10 mots,<br />
commence à utiliser le « NON » <strong>et</strong> devient capable de s’opposer<br />
à autrui consciemment.<br />
De 18 mois – 2 ans :<br />
* L’enfant dispose alors d’environ 50 mots. Il répond à des<br />
ordres simples : « assis », « debout », « montre ta bouche »,<br />
« ramasse », « va chercher », « montre le train (sur le livre) ».<br />
* La pré-phrase à partir de 18 mois - 2ans :<br />
L’article n’est pas utilisé : phrases agrammatiques ("style<br />
télégraphique") <strong>et</strong> mots juxtaposés : c’est le "parler bébé".<br />
Les fins de mots ne sont pas données : « vatu » =<br />
« voiture », « api » = « parapluie », certains mots sont<br />
simplifiés : « tatab » pour « cartable » <strong>et</strong> les voyelles<br />
complexes sont remplacées par des voyelles simples : « ba »<br />
pour « boi ».<br />
2 mots (18 mois) puis 3 mots (2 ans) s’agencent (sans mot de<br />
liaison) selon l’importance affective que l’enfant leur accorde :<br />
« Moi veut to » = donne-moi du gâteau. Dans 85 % des cas on a<br />
VERBE + SUJET + MODIFIANT.<br />
Ces structures sont renforcées par des intonations<br />
(constatation, ordre...) <strong>et</strong> précisées par des gestes.<br />
* Entrée (quasi-simultanée quoique un peu plus tardive) dans<br />
l’âge questionneur : « ça, c’est quoi ? » élargissement<br />
progressif du vocabulaire.<br />
2 ans : utilise le « moi », le « tu », le pluriel, montre une<br />
image, montre 5 parties du corps sur lui-même. Les auteurs<br />
recensent selon les enfants un nombre de mots compris entre 50<br />
<strong>et</strong> 300 à 2 ans… r<strong>et</strong>enons 100 à 200 en moyenne (le nombre de<br />
mots compris est n<strong>et</strong>tement plus élevé) mais 1000 - 1200 à 3<br />
ans, 1800 mots à 4 ans <strong>et</strong> 2500 à 6 ans. Emploie « MOI ».<br />
A 2,5 ans (ou 3 ans selon les enfants) : sait son nom<br />
compl<strong>et</strong> (nom <strong>et</strong> prénom), distingue « dans », « dessus » /<br />
« (des)sous » puis souvent un peu plus tard « devant » :<br />
« derrière », connaît 3 à 5 couleurs… <strong>et</strong> répète sans arrêt.<br />
A partir de 2,5 - 3 ans : perte progressive du langage puéril<br />
au profit des structures syntaxiques du langage de l’adulte.<br />
3 ans. L’enfant s’est désigné d’abord par son prénom seul<br />
puis par "MOI" (24 mois), il utilise maintenant "JE" (vers 3<br />
ans mais souvent avant). Distingue « hier » <strong>et</strong> « demain ». Il<br />
commence à définir les mots. Le temps des verbes apparaît.<br />
Les conventions grammaticales s’acquièrent au prix d’un<br />
effort continu dans les milieux familiaux <strong>et</strong> scolaires. Entre 3<br />
<strong>et</strong> 5 ans, on trouve souvent une accumulation pronom + nom : « maman, elle vient » pour « maman vient ».<br />
3,5 ans : On dit qu’il y a r<strong>et</strong>ard de langage quand l’enfant est incapable de faire des phrases, quand il<br />
ignore la structure suj<strong>et</strong>, verbe complément. On ne peut parler de r<strong>et</strong>ard de langage avant 3,5 ans.<br />
Pratiquement, le médecin ou l’orthophoniste montre à l’enfant un livre de conte aux illustrations simples <strong>et</strong><br />
claires : "Les 3 p<strong>et</strong>its cochons" ou "La p<strong>et</strong>ite poule rousse" <strong>et</strong> demande de raconter ce qu’il voit. Voir les<br />
troubles du langage oral au chapitre III.<br />
De 2 à 3 ans<br />
Attendus en production<br />
- Pose des questions<br />
"quoi ça ?"<br />
- Nomme les images<br />
d'un livre<br />
- Utilise les pronoms :<br />
tu, il, moi, toi puis « je »<br />
souvent un peu avant 3<br />
ans.<br />
-Fait des phrases de 2<br />
ou 3 mots dont 1 verbe<br />
- Utilise les pluriels<br />
- Dit " le " ou " la "<br />
devant un nom<br />
- Utilise les prépositions<br />
: à, de, pour.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Attendus en<br />
compréhension<br />
- Comprend des<br />
phrases avec<br />
relatives<br />
introduites par<br />
"qui "<br />
- Comprend les<br />
adjectifs <strong>et</strong><br />
verbes courants<br />
- Différencie:<br />
gros / p<strong>et</strong>it /<br />
grand, dans /<br />
sous / derrière<br />
<strong>et</strong> haut / bas.<br />
De 3 à 4 ans (pour<br />
compléter)… voir chapitre III.<br />
Attendus en production<br />
- Fait des énoncés de 4<br />
mots en moyenne (dont<br />
un verbe)<br />
- L'enfant peut donner<br />
son nom <strong>et</strong> prénom<br />
- Pose beaucoup de<br />
questions<br />
- Utilise des prépositions<br />
spatiales sur, dans, sous.<br />
- Utilise les pronoms : je,<br />
tu, elle, on, nous......<br />
- Raconte ce qu'il a fait<br />
- Conjugue les verbes<br />
- Utilise " être " <strong>et</strong> " avoir "<br />
Attendus en<br />
compréhension<br />
- Comprend les<br />
questions : où,<br />
pourquoi,<br />
comment ?<br />
- Utilise <strong>et</strong><br />
comprend les<br />
notions spatiotemporelles<br />
:<br />
devant /<br />
derrière,<br />
demain / hier,<br />
bientôt.<br />
Rédacteurs de ces tableaux : Mme V. AZZANO médecin<br />
scolaire, Mme L. BOISIER Association Avenir Dysphasie, Mme<br />
A. BERMOND Principal Adjoint, S. DALIBARD Association<br />
des Parents d'Enfants Dyslexiques, Mme S. DARGENT médecin<br />
CDES, M. F. DEWALLY Psychologue scolaire, M. DUBY<br />
Inspecteur d'Education Nationale, M. Ch. GUIGNE médecin<br />
conseiller technique, M. A. KAZMIERCZAK maître G, Mme M.<br />
KROSNICKI maître E, Mme D. LAURENT Conseillère<br />
d'Orientation Psychologue, Mme M.O. TALLON médecin<br />
scolaire, Mme C. WESTER Conseiller pédagogique.<br />
Quelques p<strong>et</strong>ites modifications.<br />
107
D3 : Cas particuliers :<br />
Les enfants sourds : la surdité atteint 1 enfant sur 2500 à la naissance.<br />
Les enfants sourds ém<strong>et</strong>tent un babil durant les 9 premiers mois de leur vie. Ensuite faute de stimulations<br />
auditives en provenance de l’entourage <strong>et</strong> de leur propre phonation, on observe une régression de<br />
l’émission phonique. Le p<strong>et</strong>it sourd devient finalement un sourd mu<strong>et</strong>. Le diagnostic se fait par la méthode<br />
des "potentiels évoqués auditifs" ou "PEA" étayée par une audiométrie qui ne peut être que subjective à<br />
c<strong>et</strong> âge.<br />
Il faut appareiller le plus tôt possible, idéalement entre 4 <strong>et</strong> 6 mois avec des prothèses auditives surpuissantes<br />
(gain de 60 déciBels) pourvues de contours d’oreilles. L’enfant, s’il avait cessé son babil, se rem<strong>et</strong> à ém<strong>et</strong>tre des<br />
sons dès que l’appareillage est en place. L’espoir que nous formulons tous est celui de l’intégration scolaire en<br />
milieu normal <strong>et</strong> ceci dès le plus jeune âge.<br />
La fill<strong>et</strong>te de la tribu Guayaquil :<br />
La tribu Guayaquil vit (ou vivait ?) en Amérique du Sud dans la forêt. Elle ne construisait ni villages ni même<br />
d’habitations <strong>et</strong> la base de son alimentation était constituée par du miel sauvage. Son langage était considéré par<br />
les spécialistes comme rudimentaire.<br />
Une fill<strong>et</strong>te âgée de 2 ans fut trouvée « abandonnée » par sa tribu à l’approche d’un groupe<br />
d’explorateurs. Elle fut recueillie par un <strong>et</strong>hnologue au Pérou. La mère de c<strong>et</strong> <strong>et</strong>hnologue éleva l’enfant.<br />
A l’âge de 22 ans, la jeune femme Guayaquil parlait 3 langues <strong>et</strong> terminait des études universitaires.<br />
La p<strong>et</strong>ite Kamala :<br />
Aux Indes, pour des raisons religieuses, les loups étaient rarement chassés.<br />
La célèbre histoire de Mowgli (de l’auteur britannique Rudyard Kipling)<br />
ne semble pas être de la pure fiction <strong>et</strong> il arrivait parfois que des loups<br />
capturent des enfants mais ne les dévorent pas. Ils étaient même quelque-<br />
fois nourris <strong>et</strong> élevés.<br />
Zingg a étudié des récits <strong>et</strong> des rapports concernant des « enfants-loups » <strong>et</strong> l’un de ces textes semble digne<br />
de foi ; le révérend Singh de Midnapore captura 2 enfants-loups <strong>et</strong> tenta d’éduquer l’un d’entre eux : une<br />
p<strong>et</strong>ite fille.<br />
Au moment de sa capture, la p<strong>et</strong>ite Kamala avait environ 7 ans. Sa démarche était quadrupède ce qui<br />
n’empêchait pas une locomotion très rapide. Elle ignorait tout du langage humain <strong>et</strong> n’ém<strong>et</strong>tait que des<br />
sons produits par les loups. Elle se nourrissait comme eux, avait une activité nocturne, fuyait la lumière du<br />
jour <strong>et</strong> sa vision semblait s’être adaptée.<br />
Les progrès de l’enfant furent très lents. A l’âge de 16 ans (âge de son décès), elle avait acquis la station<br />
debout <strong>et</strong> la marche bipède à grand renfort de massages mais reprenait la quadrupédie pour ses<br />
déplacements rapides.<br />
Elle ne possédait qu’une 40 aine de mots <strong>et</strong> avait un comportement correspondant à un niveau humain de<br />
4 ou 5 ans. Il semble qu’il ait fallu bien des années pour qu’elle accepte de ne plus se nourrir de viande<br />
crue.<br />
Les travaux de Davis en 1940 :<br />
L’auteur a rapporté l’observation d’une fill<strong>et</strong>te dont les 6 premiers mois s’étaient déroulés en pouponnière<br />
<strong>et</strong> son développement s’était alors avéré normal.<br />
Ensuite, sous prétexte qu’elle était illégitime, elle fut enfermée par ses grands-parents dans un grenier de ferme,<br />
ne recevant que les soins les plus élémentaires (lait 2 fois par jour).<br />
Ce cas de maltraitance devait se poursuivre jusqu'à l’âge de 6 ans de l’enfant. Lors de sa découverte, elle<br />
ne parlait pas <strong>et</strong> son âge mental était celui d’un enfant de 1 an. Par la suite, elle fréquenta une école pour<br />
arriérés <strong>et</strong> fit quelques progrès. Néanmoins, à l’âge de 8 ans, elle ne possédait toujours aucun mot.<br />
Si diverses études montrent que des enfants abandonnés ou « sauvages » recueillis avant l’âge de 6<br />
ans ont pu apprendre à parler, passé c<strong>et</strong> âge, le langage reste toujours extrêmement rudimentaire<br />
malgré les efforts des éducateurs. L’ensemble des travaux perm<strong>et</strong> de conclure que l’homme naît<br />
polyvalent <strong>et</strong> largement indéterminé. Seul un contact avec l’humanité, un contact aimant, perm<strong>et</strong><br />
un développement spécifiquement humain.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
108
L’Autisme :<br />
L’autisme ou plus exactement le “ spectre autistique ”<br />
ou le “continuum autistique” regroupe une trentaine<br />
d’anomalies du développement neurologique à l’origine<br />
d’un dysfonctionnement du système de communication.<br />
Le syndrome autistique se définit par une triade<br />
apparaissant avant 36 mois :<br />
- déficit qualitatif de l’interaction sociale<br />
- déficit qualitatif de la communication non verbale <strong>et</strong><br />
verbale<br />
- anomalies dans le domaine moteur : mouvements<br />
stéréotypées, répétitifs, TOC<br />
Un r<strong>et</strong>ard mental est associé dans 80% des cas <strong>et</strong> une<br />
épilepsie dans 30% des cas.<br />
1 personne sur 1000 est affectée dans une proportion de<br />
4 garçons pour 1 fille.<br />
Les maladies autistiques ne sont pas dues à un<br />
dysfonctionnement de la relation entre la mère <strong>et</strong><br />
l’enfant. Elles présentent une composante génétique<br />
importante.<br />
Selon la métaphore de Donna William, « soumis à un<br />
stress émotionnel, le fusible des normaux saute parfois<br />
<strong>et</strong> ceux-ci se r<strong>et</strong>irent; celui des schizophrènes ne saute<br />
jamais <strong>et</strong> ceux-ci sont envahis; celui des autistes saute<br />
constamment. Tout contact avec autrui est une source<br />
immense d’angoisse ».<br />
AUTISME : LES SIGNES D’ALERTE<br />
Sans être exclusivement spécifiques à l’autisme, certains<br />
déficits doivent alerter :<br />
pas de babillage à 12 mois ;<br />
pas de geste type pointage ou au revoir de la main à<br />
12 mois ;<br />
par de mots à 16 mois ;<br />
pas de combinaison spontanée de deux mots à 24<br />
mois ;<br />
n’importe quelle perte de compétence (de langage ou<br />
sociale) à tout âge.<br />
fureur épouvantables, sans motif apparent ».<br />
04/03/2003 Dr Isabelle Eustache<br />
Rainman est un film du réalisateur Barry<br />
Levinson avec Tom Cruise <strong>et</strong> Dustin<br />
Hoffman. L’autiste de type « rainman » joué<br />
par Dustin Hoffman est très rare. Il est<br />
néanmoins exact que certains autistes<br />
présentent des talents exceptionnels, en<br />
« Les autistes ne comprennent pas que leurs<br />
désirs soient soumis à des contraintes ; leurs<br />
besoins sont immédiats, <strong>et</strong> ils ont tendance à<br />
prendre ce qu’ils veulent quand ils le veulent.<br />
On avait appris à c<strong>et</strong> enfant, au terme<br />
d’éprouvantes répétitions, qu’il ne devait pas<br />
se servir tout seul lorsqu’il voulait un biscuit.<br />
Son père l’avait entraîné à montrer du doigt ce<br />
qu’il voulait, <strong>et</strong> à attendre qu’un adulte le lui<br />
donne. Cela fonctionnait en général assez bien,<br />
<strong>et</strong> l’enfant semblait s’adapter sans problème<br />
aux nouvelles règles qu’on lui imposait.<br />
Cependant, il entrait parfois dans des accès de<br />
Un jour, le père aperçut son fils à travers la fenêtre. Le garçon, seul dans la cuisine, montrait du doigt le<br />
placard à provisions. Il ne se savait pas observé, <strong>et</strong> le père décida de rester un peu à la fenêtre. Après cinq<br />
minutes d’inutile insistance, le garçon montrait des signes d’énervement; au bout de dix minutes, il était<br />
affolé; en quinze minutes, il suffoquait de rage. L’enfant attendait qu’on lui donne un biscuit. Mais il n’avait<br />
pas compris que cela n’arriverait pas en l’absence d’un adulte obligeant, que son geste devait servir à<br />
transm<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te idée à l’esprit d’un autre. Il n’avait pas compris cela parce qu’il ne pouvait concevoir<br />
l’existence d’un esprit chez autrui ».<br />
www.uqac.ca/~flabelle/ <strong>psycho</strong>ling/utAsp.htm.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
109
D4 : Les théories du langage :<br />
a) Le behaviorisme (de l’anglais behaviour = comportement) :<br />
L’école behavioriste a été fondée par le <strong>psycho</strong>logue américain John Broadus Watson (1878-<br />
1958). Ce sont des facteurs externes à l’individu qui constituent les éléments essentiels à<br />
l’apprentissage.<br />
Le langage est un produit culturel qui s’apprend de génération en génération. « L’acquisition<br />
du langage s’explique…, dans la lignée du courant béhavioriste, comme celle de n’importe<br />
quelle autre technique : par essais, erreurs, "récompenses" (= renforcements positifs) <strong>et</strong><br />
"punitions" (= renforcements négatifs).<br />
« L’enfant apprend sa langue par simple imitation en écoutant <strong>et</strong> en reproduisant ce que<br />
l’adulte dit » en se guidant sur les réactions de ce dernier, c’est une forme de conditionnement<br />
opérant 12 = conditionnement instrumental tel qu’il a été définit par Burrhus Frederic Skinner<br />
(1904-1990).<br />
b) La théorie innéiste du linguiste américain Noam Chomski :<br />
« Chaque phrase qu’un locuteur produit ou comprend<br />
peut-être une combinaison totalement nouvelle de<br />
mots »… « L’acquisition du langage ne peut donc être,<br />
comme le supposent les behavioristes, un répertoire de<br />
réponses à des stimuli »…<br />
Si les enfants développent aussi rapidement ce savoir faire<br />
complexe qu’est le langage, c’est parce qu’ils disposent de<br />
principes innés, d’une prédisposition spécifique, d’une<br />
connaissance à priori qui les guident dans l’élaboration de<br />
la grammaire de la langue qu’ils apprennent…<br />
« Nous utilisons un code pour traduire les agencements de<br />
mots en combinaison d’idées <strong>et</strong> inversement »… « Ce code<br />
ou ensemble de règles s’appelle une grammaire<br />
générative »… Elle correspond « à l’ensemble des règles qui<br />
font, par exemple, que l’on peut dire "J’ai vu tous les bateaux"<br />
<strong>et</strong> pas "J’ai tous vu les bateaux".<br />
Pour qu’une telle théorie soit exacte, il faudrait que<br />
l’ensemble des 5000 à 6000 langues 13 Noam Chomski<br />
humaines possèdent des propriétés structurales<br />
communes, « partagent un ensemble de règles <strong>et</strong> de principes syntaxiques », « un plan<br />
commun aux grammaires de toutes les langues ».<br />
En d’autres termes : il existerait une « grammaire universelle ».<br />
La "technique de la succion non nutritive" (voir page 93) a permis de découvrir que les bébés de quelques jours étaient<br />
capables de distinguer les phonèmes de toutes les langues mais qu’ils perdaient ensuite la capacité de distinction de<br />
certains phonèmes étrangers vers 1 an. Ainsi, un enfant japonais de 1 an ne distingue plus « loi » <strong>et</strong> « roi »…<br />
contrairement à un p<strong>et</strong>it français. C<strong>et</strong>te observation renforce la thèse de Chomski d’un dispositif préexistant (circuits<br />
neuronaux) de traitement linguistique.<br />
Les phrases entre guillem<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te page sont de Jean-Philippe Bricka (2004).<br />
12 Le conditionnement opérant est à distinguer du « conditionnement répondant = conditionnement classique » du<br />
médecin <strong>et</strong> <strong>physio</strong>logiste russe Yvan P<strong>et</strong>rovich Pavlov (1849-1936) prix Nobel 1904. Dans le « conditionnement<br />
répondant », le comportement réflexe est déterminé par le stimulus qui le précède. Dans le « conditionnement<br />
opérant », il l’est par le stimulus qui le suit (récompense ou punition).<br />
13 Langue : système de signes <strong>et</strong> de règles qui perm<strong>et</strong> aux individus d’une même communauté de se comprendre.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
110
D5 : Un entraînement prénatal intensif peut-il favoriser le<br />
développement linguistique ?<br />
Les nouveaux-nés de moins d’un an discriminent 14 mieux les syllabes (on pourrait dire les<br />
accents) que leurs parents.<br />
Ainsi un nouveau-né espagnol distingue le « pa » <strong>et</strong> le « ba » anglais » alors que c<strong>et</strong>te distinction<br />
n’existe pas en espagnol. Idem pour un nouveau-né kikuyu (tribu du Kenya). Pourtant, les parents<br />
de ces 2 nationalités, eux, ne font pas la différence… même si on leur fait subir un entraînement<br />
intensif !<br />
Les nouveaux-nés anglophones de moins de 6 mois distinguent des phonèmes existant en Tchèque,<br />
en Hindi ou en Inslekamps (une langue amérindienne) alors que leurs parents en sont totalement<br />
incapables…<br />
D’où l’idée d’exploiter ces facultés<br />
étonnantes des bébés « pour faciliter <strong>et</strong><br />
enrichir leur accès au langage »… En<br />
d’autres termes ; peut-on réaliser un<br />
apprentissage linguistique prénatal par<br />
exemple afin d’obtenir un<br />
plurilinguisme ?... Par exemple en utilisant<br />
des cass<strong>et</strong>tes posées sur le ventre des<br />
futures mères.<br />
Pour l’instant (2004), aucune étude n’a pu<br />
confirmer c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />
Il existe même, d’après la <strong>psycho</strong>-linguiste<br />
Bénédicte de Boysson-Bardies, un risque de diminuer prématurément la flexibilité du cerveau des<br />
nourrissons. On peut en eff<strong>et</strong> craindre que des excès de stimulations puissent altérer l'évolution<br />
fonctionnelle normale.<br />
14<br />
Cf. méthode de la succion non nutritive.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
111
E) LE DEVELOPPEMENT AFFECTIF :<br />
Le nouveau-né n’est pas une p<strong>et</strong>ite larve hypertonique entendant à peine, ne voyant pas <strong>et</strong> qui<br />
aurait seulement besoin de nourriture <strong>et</strong> de sommeil... les travaux se succèdent <strong>et</strong> accordent au bébé des<br />
compétences de plus en plus précoces... <strong>et</strong> les <strong>psycho</strong>logues <strong>et</strong> biologistes restent perplexes. Les<br />
variations individuelles sont importantes, certains bébés subissant une « phase dite de sidération »<br />
(accentuée s’il y a anesthésie générale) dans les 24 à 48 heures suivant l’accouchement... mais ...<br />
A quels âges reconnaît-il sa mère à la vue, à l’odorat, à la voix ?<br />
* Dès le 3 ème ou 4 ème jour : reconnaissance de la mère à la vue (voir chapitre IIB1) alors que l’on pensait<br />
auparavant (cf. Cohen-Solal) qu’il fallait attendre la 5 ou 6 ème semaine.<br />
* Dès le 5 ème jour, le bébé est capable de reconnaître sa mère grâce à l’odorat.<br />
* Le bébé entend dès la naissance (<strong>et</strong> même bien avant)... il sursaute aux bruits ... En 1961, Wertheimer<br />
montrait qu’un bébé venant de naître pouvait tourner les yeux à droite ou à gauche selon qu’on lui<br />
faisait entendre un « CLIC » d’un côté ou de l’autre... à 3 ou 4 semaines : reconnaissance de la mère à la<br />
voix (cf. travaux de Caplan).<br />
A partir de 4 ou 5 semaines, pratiquement tous les bébés pleurent longuement le soir (un peu<br />
avant la tombée de la nuit) sans qu’on en connaisse la raison.<br />
Ainsi que nous l’avons déjà exprimé à propos du langage, vers 5 à 6 semaines, existent au<br />
moins 6 cris différenciés : la faim (pleurs devenant des cris de rage), la satisfaction (p<strong>et</strong>its cris <strong>et</strong> début<br />
de gazouillis), la recherche du sommeil (grognements), la gêne lorsqu’il a sali sa couche (p<strong>et</strong>its pleurs<br />
répétée), la douleur (colique ou gastrique à l’origine de<br />
pleurs reprenant <strong>et</strong> se calmant au rythme des douleurs),<br />
l’appel (p<strong>et</strong>its cris, grognements).<br />
Dès 6 semaines certains nourrissons s’apaisent<br />
lorsque leur mère entre dans leur chambre alors<br />
qu’auparavant il fallait que celle-ci commence à les<br />
nourrir pour que cessent leurs pleurs. C’est la mise en<br />
place de l’anticipation.<br />
La discrimination des visages (autres que celui de la<br />
mère) semble apparaître vers 8 à 9 semaines.<br />
16 semaines : sourit à sa mère, commence à jouer.<br />
En fait, ce sourire peut être obtenu avec n’importe quel<br />
visage mobile dont les 2 yeux sont visibles (un simple<br />
masque en carton suffit).<br />
Entre 4 <strong>et</strong> 6 mois, si on place l'enfant devant un<br />
miroir, il ne se reconnaît pas… L'être inconnu en<br />
face de lui a sa réalité propre.<br />
De 6 mois à 18 mois l’enfant esquisse des gestes vers<br />
son refl<strong>et</strong> dans un miroir : il s’intéresse à c<strong>et</strong>te image<br />
qu’il considère comme étrangère, s’en approche <strong>et</strong> peut<br />
coller sa bouche contre elle ; il a des réactions de<br />
sourire <strong>et</strong> de vocalise face à elle (un copain ?). C’est le<br />
stade du miroir observé par Darwin il y a plus d’un<br />
siècle.<br />
Après de multiples tentatives de contact, l’enfant se<br />
désintéresse de ce personnage qu’il ne peut toucher :<br />
l’image n’est alors plus considérée comme réelle (mais comme un leurre).<br />
Stade du miroir.<br />
Photo Rombout/P<strong>et</strong>it Format.<br />
Ce n’est qu’à partir de 18 mois qu’il reconnaîtra c<strong>et</strong>te image comme la sienne <strong>et</strong> à 24 mois qu’il<br />
associera son propre nom à son image dans le miroir.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
112
Lacan a souligné le fait qu'il s'agit d'une phase décisive du développement, absolument nécessaire<br />
à la formation de la notion de soi.<br />
Extrait de http://www.infobebes.com/htm/eveil/article.asp?id_rubrique=24&id_sous_rub=75<br />
L’expérience de Michael Lewis : posons une gomm<strong>et</strong>te sur la joue ou du rouge à lèvres sur le nez<br />
de bébé puis plaçons le devant la glace. Vers 15 mois, il touche le miroir pour essayer d'effacer la<br />
trace. S’il tente d’enlever la gomm<strong>et</strong>te ou d’essuyer la trace rouge (18 mois), c’est qu’il a compris<br />
que ce qu’il voit dans la glace correspond à sa propre image.<br />
La mère en le regardant dans la glace <strong>et</strong> en lui disant : "c'est toi là !", lui ouvre la voie.<br />
Après 6 mois l’enfant ne sourit plus à n’importe quel visage<br />
... <strong>et</strong> un inconnu l’effraie à 8 mois (en fait<br />
5 mois à 13 mois selon les bébés). C’est<br />
« l’angoisse du 8 ème mois » (décrite par Spitz)<br />
qui va durer jusqu'à 22 ou 24 mois. L’enfant<br />
crie, pleure <strong>et</strong> refuse de se laisser prendre.<br />
A 9 mois, l’enfant crie ou pleure lorsqu’on<br />
prend un autre enfant dans les bras : il devient<br />
jaloux !<br />
Vers 8-10 mois l’enfant peut refuser la<br />
nourriture <strong>et</strong> se révéler agressif allant jusqu’à<br />
mordre ses parents <strong>et</strong> d’autres enfants.<br />
40 semaines à 1 an : début de l’imitation.<br />
A un an il aime avoir un public mais<br />
timidité vis à vis des étrangers.<br />
15 mois cherche à se nourrir seul.<br />
15-18 mois : il<br />
entre dans la période du « NON ».<br />
Le « SCHEMA CORPOREL » (voir suite) est<br />
la représentation du corps fondée sur des données<br />
sensorielles <strong>et</strong> leur intégration encéphalique.<br />
L’action <strong>et</strong> l’image dans le miroir contribuent à<br />
la construction cérébrale (au niveau de la zone<br />
pariétale) de ce schéma corporel.<br />
« L’IMAGE DE SOI » se structure dans la<br />
rencontre avec l’autre <strong>et</strong> en particulier dans le<br />
regard d’autrui.<br />
----------------------------------<br />
Des enfants de p<strong>et</strong>ite section de maternelle<br />
peuvent r<strong>et</strong>rouver dans un panier, parmi une 20<br />
aine d’autres, le tee-shirt blanc porté par leur<br />
mère durant 48 h (« r<strong>et</strong>rouve celui de maman »).<br />
Seul ici peut intervenir l’odorat.<br />
18 mois : apparition du sens de la propriété, participation à l’habillage <strong>et</strong><br />
au déshabillage <strong>et</strong> aux activité domestiques. L’enfant parle de lui à la 3 ème<br />
personne ce qui indique qu’il a la conscience du soi.<br />
Si on place deux p<strong>et</strong>its de 18 mois l’un près de l’autre <strong>et</strong> qu’on leur donne<br />
les mêmes jou<strong>et</strong>s, ils jouent en parallèle sans sembler s’intéresser à leur<br />
voisin… mais si l’un prend un camion, il est fort probable que l’autre en<br />
saisira un également <strong>et</strong> si l’un se m<strong>et</strong> à crier « non », l’autre l’imitera<br />
immédiatement : c’est le jeu parallèle qui perdurera jusqu’à 3 ans.<br />
2,5 ans : sentiment du « moi » aigu, crise d’opposition <strong>et</strong> autoritarisme.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
113
« Je crois ne pas me tromper en affirmant que toute difficulté importante de comportement d'un<br />
enfant normal, sans tare particulière, vers deux ans <strong>et</strong> demi ou trois ans, relève en réalité d'une<br />
profonde quête d'amour <strong>et</strong> d'une demande d'intérêt réel de la part de ses parents. Dr Julien<br />
Cohen-Solal.<br />
Freud a attiré l’attention sur la sexualité enfantine :<br />
… mais ne l’a pas vraiment étudiée directement puisqu’il s’est fondé<br />
sur la psychanalyse d’adultes (si on excepte celle du p<strong>et</strong>it Hans…<br />
dont il a interrogé le père…). Le terme de "sexualité infantile" utilisé<br />
par Freud n'a pas été compris du grand public qui ne connaît que la<br />
"sexualité génitale". En réalité, pour Freud, la sexualité infantile<br />
correspond à la recherche du "plaisir" : "Tout ce qui concerne les<br />
activités de la première enfance en quête de jouissance locale, que<br />
tel ou tel organe est susceptible de procurer". Freud distingue 5<br />
stades :<br />
* Le stade oral ou « cannibale » de 0 à 12-18 mois.<br />
L’essentiel du plaisir <strong>et</strong> du déplaisir du nourrisson est lié à la faim, à<br />
la prise alimentaire à la satiété <strong>et</strong> aux caresses qui accompagnent ces<br />
étapes. La succion du sein maternel ou du biberon (qui procure le<br />
plaisir de téter) serait la première activité sexuelle de l’enfant. Le fait<br />
de sucer son pouce correspondant à une conduite auto-érotique.<br />
De nombreux psychanalystes font remarquer que chez l’adulte, le<br />
baiser ou même l’acte de fumer sont des traces de c<strong>et</strong>te étape.<br />
* Le stade anal de 1 à 3 ans qui se caractérise par l’acquisition du<br />
contrôle sphinctérien. Ce contrôle est source de sensations internes<br />
vécues comme satisfaisantes ou agréables. La zone érogène est la<br />
muqueuse de l’anus <strong>et</strong> du rectum. L’enfant n’éprouve pas de dégoût<br />
pour ses excréments… ce qui sort de lui <strong>et</strong> était lui… Il peut jouer<br />
avec. Ses parents lui apprennent que c'est sale <strong>et</strong> qu’il ne faut pas les<br />
toucher...<br />
Le stade « sadique-anal » correspond à la rétention anale volontaire.<br />
L’enfant peut refuser de donner lorsqu’on le place sur le pot <strong>et</strong> d’expulser lorsqu'on le lui interdit (Cf.<br />
stade du "Non").<br />
* Le stade phallique <strong>et</strong> le complexe d’Œdipe (voir page 121) de 2,5 - 3 ans à 6 - 7 ans.<br />
L’enfant découvre son sexe <strong>et</strong> repère les caractéristiques sexuelles. Il peut se<br />
rapprocher du parent de sexe opposé <strong>et</strong> s’opposer au parent de même sexe. Il peut<br />
à l’inverse se rapprocher du parent du même sexe afin de tenter d’échapper à ce<br />
qu’il ressent. Les psychanalystes nous disent que le pénis serait un obj<strong>et</strong> d’envie<br />
pour la fille ("envie du pénis") <strong>et</strong> de crainte (de le perdre ) pour le garçon<br />
("angoisse de castration").<br />
Il existe une grande curiosité sexuelle. L'enfant imagine les rapports sexuels de ses parents comme une<br />
activité agressive : c'est le "fantasme de la scène primitive".<br />
* La « période de latence » de 6 à 12 ans… qui n’existe en fait pas ! De 6 à 8 ans existent des<br />
jeux de nature sexuelle motivés en grande partie par la curiosité avec ses amis de même âge, du même<br />
sexe ou de sexe opposé. Ces jeux sont cachés aux adultes, ce qui fait qu’ils sont souvent ignorés. Si un<br />
enfant s'adonne à ce genre de jeu avec un enfant du même sexe, cela n'est pas<br />
une indication de son orientation sexuelle ultérieure.<br />
* Le stade génital à partir de la puberté.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Sigmund Freud, médecin<br />
autrichien (1856 - 1939).<br />
Fondateur de la psychanalyse, il<br />
a travaillé sur les rêves <strong>et</strong><br />
l’importance de la sexualité<br />
dans la genèse de la<br />
personnalité. Il est auteur de<br />
« l'Interprétation des rêves »,<br />
1900 ; « Trois Essais sur la<br />
théorie de la sexualité », 1905 ;<br />
« Totem <strong>et</strong> tabou », 1912 …<br />
L’édition anglaise des ouvrages<br />
de Freud comporte 23 volumes.<br />
La masturbation<br />
est constante <strong>et</strong><br />
se produit à tous<br />
les âges.<br />
114
Un nourrisson de 6 à 8 mois<br />
séparé brutalement de sa mère :<br />
Historiquement, c’est Spitz qui a décrit la forme typique en 1946 en observant, en milieu<br />
carcéral, les nourrissons séparés de leur mère.<br />
Un nourrisson de 6-8 mois séparé brutalement de sa<br />
mère (alors que les relations étaient bonnes <strong>et</strong> que le<br />
nouveau milieu n'offre ni soins ni apports affectifs<br />
suffisants) peut développer une dépression profonde<br />
dite ANACLITIQUE (du grec « anaclinien » =<br />
s’appuyer sur). Il faut alors rétablir un lien maternel<br />
ou un substitut de qualité avant le 5 ème mois de<br />
séparation sous peine d’une régression dramatique.<br />
a) Après une période de pleurs <strong>et</strong> de cris, de<br />
tentatives d’accrochages à l’adulte <strong>et</strong> d'oppositions<br />
visant sans doute à attirer l'attention, le bébé perd du<br />
poids (comportement anorexique) <strong>et</strong> présente un<br />
sommeil perturbé.<br />
b) Viennent ensuite une phase d'isolement <strong>et</strong><br />
d'immobilité (inertie motrice), l'enfant apathique ne<br />
joue plus, ne gazouille plus <strong>et</strong> refuse le contact. Il<br />
devient anormalement sensible aux infections. Si, à<br />
ce stade, l'enfant r<strong>et</strong>rouve sa mère, les troubles cessent<br />
sans séquelles apparentes. Il persistera néanmoins une<br />
sensibilité exacerbée aux séparations ultérieures.<br />
Les formes cliniques habituelles<br />
sont heureusement moins franches,<br />
nécessitant une analyse séméiologique<br />
minutieuse, afin<br />
d'identifier la triade du symptôme<br />
dépressif du nourrisson décrite par<br />
L. Kreisler :<br />
- atonie thymique avec indifférence<br />
sans plainte ni même tristesse ;<br />
- inertie motrice caractérisée par la<br />
monotonie du comportement <strong>et</strong><br />
surtout sa tendance répétitive ;<br />
- pauvr<strong>et</strong>é interactive <strong>et</strong> repli<br />
illustrés par la fixité d'un regard à<br />
l’expression glaciale, quoique<br />
vigilante.<br />
(Cf. « Le Quotidien du Médecin »<br />
n° 5928 du 14 octobre 1996,<br />
article d’Eric Cadier).<br />
c) Dans le cas contraire, apparaît l' HOSPITALISME avec arrêt, voire régression des<br />
acquis moteurs, intellectuels <strong>et</strong> psychiques. Le r<strong>et</strong>ard qui s'installe alors est définitif.<br />
L’évolution peut être mortelle.<br />
La dépression de la mère fréquente après le post-partum (sa prévalence serait de 10 à 15<br />
% dans les 4 mois) "représente une situation à haut risque pour le développement<br />
<strong>psycho</strong>logique de l'enfant 1 ". On note chez le bébé des troubles du comportement alimentaire<br />
<strong>et</strong> des troubles anxieux.<br />
RAREMENT, une AFFECTION DOULOUREUSE MECONNUE peut être à l’origine<br />
d’une dépression du bébé.<br />
Note 1 : Pr. Philippe Maz<strong>et</strong> de l’hôpital Avicenne.<br />
Lire « Dépression chez l’enfant » par Laurent Barbrel <strong>et</strong> Philippe Maz<strong>et</strong> dans le numéro 496 de<br />
« Synthèse médicale » (1990). Voir également notre polycopié sur la dépression.<br />
La dépression chez l'enfant de plus de 3 ans sera abordée dans le<br />
chapitre III.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
115
F) LE SCHEMA CORPOREL ET L’IMAGE DU CORPS :<br />
1) Schéma corporel (de l’ordre du neurologique) :<br />
Historique :<br />
Ce sont les neurologues PEISSE <strong>et</strong> WERNICKE qui, à la fin du 19ème siècle, se sont<br />
penchés les premiers sur c<strong>et</strong>te notion. Pour Henry HEAD en 1911, le « schéma corporel » était une<br />
sorte d'intuition du modèle postural de la personne.<br />
Le terme de « schéma corporel » a été réintroduit <strong>et</strong> popularisé par le neuropsychiatre<br />
viennois Paul Ferdinand Schilder entre<br />
1923 <strong>et</strong> 1935 qui le distingua de<br />
« l’image du corps ».<br />
Il désigne sous les termes<br />
« schéma corporel » la représentation<br />
tridimensionnelle <strong>et</strong> auto-construite que<br />
chacun a de son propre corps <strong>et</strong> de ses<br />
différentes parties les unes par rapport<br />
aux autres, que ce corps soit immobile ou<br />
en mouvement dans l'espace. La richesse<br />
du schéma corporel dépend de la diversité<br />
des expériences motrices vécues.<br />
Schilder a travaillé sur les données<br />
neuro<strong>physio</strong>logiques <strong>et</strong> psychanalytiques :<br />
* des douleurs des « membres fantômes<br />
» des amputés (Cf. la sensation<br />
d'avoir mal à une jambe disparue qui<br />
apparaît après une amputation au-delà de<br />
l’âge de 6 ans… voire 2 ans).<br />
* des héminégligences (méconnaissance<br />
d'une partie de son corps ou d’une partie<br />
de l’espace) suite à des lésions siégeant la<br />
plupart du temps dans l’hémisphère<br />
cérébral droit au niveau du lobe pariétal.<br />
* des syndromes de dépersonnalisation<br />
(morcellement du corps, sentiment<br />
d'étrang<strong>et</strong>é).<br />
Ainsi Schilder attribuait ces troubles<br />
à la persistance du schéma corporel<br />
antérieur du patient (la zone amputée y<br />
était encore représentée), mais aussi à son<br />
image du corps (les illusions concernant<br />
la survie de la région perdue sont<br />
nécessaires au maintien d'une image de<br />
soi intacte)…. Voir 2)…<br />
Vers le milieu du 20ème siècle, les<br />
travaux de Babinsky, Lhermitte, Hecaen<br />
Lésion du lobe pariétal <strong>et</strong> schéma corporel :<br />
Une lésion de l’hémisphère cérébral dominant (en<br />
général le gauche) dans la région pariétale<br />
ascendante (ou aire post-centrale) peut entraîner une<br />
perte du schéma corporel (ou asomatognosie) ici<br />
bilatérale. Il s’y associe une trouble de la latéralisation<br />
avec perte de la différenciation droite-gauche, un<br />
trouble de l’écriture ou agraphie <strong>et</strong> un trouble du calcul<br />
ou acalculie. A signaler aussi une astéréognosie c’està-dire<br />
l’impossibilité d’identifier un obj<strong>et</strong> par le tact en<br />
l’absence d’informations visuelles ou auditives.<br />
Une lésion portant sur l’hémisphère cérébral récessif<br />
dans la région pariétale ascendante induit une<br />
héminégligence ou hémiasomatognosie de la moitié<br />
du corps opposée (le suj<strong>et</strong> peut repousser hors du lit une<br />
de ses jambes convaincu qu’elle appartient à une autre<br />
personne !) <strong>et</strong> une astéréognosie seulement<br />
contralatérale.<br />
En cas de tumeur on peut noter des atteintes partielles<br />
avec impossibilité, par exemple, pour le malade de situer<br />
ses membres autrement que par la vue.<br />
Membre-fantôme :<br />
La perte d’un bras ou d’une jambe peut être suivie de<br />
douleurs ou de la sensation d’une présence comme si<br />
le membre n’avait pas disparu.<br />
Un amputé du bras peut ainsi remuer ses doigts<br />
« fantômes » par la pensée. Néanmoins, dans la<br />
durée, le membre fantôme perd de sa longueur <strong>et</strong> les<br />
doigts peuvent rester seuls au niveau de l’épaule.<br />
Ces membres fantômes ne sont pas liés aux<br />
névromes (pelotons de nerfs qui se forment au niveau<br />
de la section) puisque leur résection ne supprime pas<br />
le membre fantôme.<br />
Des cas de membres fantômes sont signalés avant 6<br />
ans (Ronald Melzack, Renée Lacroix)… Certains<br />
auteurs affirment même qu’une absence congénitale<br />
de membre peut induire un membre fantôme comme<br />
s’il n’était pas besoin de l’existence d’une partie de<br />
corps pour « sentir » celle-ci.<br />
Lire « Les membres fantômes » par Ronald Melzack,<br />
« Pour la Science » n° 178 de juin 1992.<br />
<strong>et</strong> Ajuriaguerra vont perm<strong>et</strong>tre de confirmer qu'il existe bien une structure spécifique de la<br />
représentation du corps située dans les lobes pariétaux du cerveau (voir ci-contre).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Le SCHÉMA CORPOREL se constitue sur la base de données sensorielles<br />
1) intéroceptives = viscéroceptives (viscérales) + proprioceptives (muscles,<br />
articulations sources de données kinesthésiques 15 ) <strong>et</strong><br />
2) extéroceptives (visuelles, tactiles, auditives, gustatives).<br />
Il intervient en permanence dans l'ajustement des postures <strong>et</strong> dans la relation aux<br />
obj<strong>et</strong>s. C'est le support neurologique <strong>et</strong> fonctionnel des expériences corporelles.<br />
Les troubles du schéma corporel sont d'ordre neurologique.<br />
« Edifié sur la base des impressions tactiles, kinesthésiques, labyrinthiques,<br />
visuelles, le schéma corporel réalise dans une construction active constamment<br />
remaniée des données actuelles <strong>et</strong> du passé, la synthèse dynamique qui fournit à nos actes comme à nos<br />
perceptions le cadre spatial de référence où ils prennent leur signification ». De Ajuriaguerra.<br />
« Le schéma corporel est une nécessité. Il se constitue selon les besoins de l'activité. Ce n'est pas une<br />
donnée initiale ni une entité biologique ou psychique. C'est le résultat <strong>et</strong> la condition de justes rapports<br />
entre l'individu <strong>et</strong> le milieu ». Wallon : Kinesthésie <strong>et</strong> image visuelle du corps. 1959. P 263.<br />
Les recherches sur le développement de l'enfant ont permis de dégager les grandes étapes de<br />
l'acquisition du schéma corporel.<br />
On sait qu'elles suivent la maturation neurologique de l'enfant.<br />
* Au départ il y a une indifférenciation entre le corps de l'enfant <strong>et</strong> le monde environnant.<br />
* Les interactions entre les systèmes sensoriels <strong>et</strong> le milieu m<strong>et</strong>tent en place des formes primitives de<br />
schéma corporel. Ainsi, l'enfant, en portant les obj<strong>et</strong>s à sa bouche, fait progressivement la différence<br />
entre les informations venant de son propre corps <strong>et</strong> celles venant de l'extérieur.<br />
* L’acquisition de la station debout <strong>et</strong> de l’autonomie du déplacement modifient le schéma corporel par<br />
la représentation du corps dans l'espace.<br />
* Le langage prend en compte l'existence du corps d'autrui.<br />
2) Image du corps (de l’ordre du <strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> du socio-culturel) :<br />
Il faut souligner la différence établie par la psychanalyse entre schéma corporel <strong>et</strong> image du corps.<br />
Le schéma corporel est en partie inconscient, mais aussi conscient. Il concerne le corps réel <strong>et</strong> il sera<br />
sensiblement le même pour tous les individus d'un âge donné.<br />
En revanche l'image du corps est inconsciente. Elle joue un rôle important dans la socialisation de<br />
l'individu tout au long de sa vie. Elle se structure par la communication entre suj<strong>et</strong>s au travers du<br />
regard des autres <strong>et</strong> dans la rencontre du corps des autres. Elle constitue la synthèse de nos<br />
expériences émotionnelles agréables ou douloureuses. L'image corporelle diffère du schéma corporel<br />
car elle se réfère à des échelles de valeurs, esthétiques ou sociales. Elle est propre à chacun <strong>et</strong> est liée<br />
à l'histoire du suj<strong>et</strong>, son histoire affective <strong>et</strong> émotionnelle.<br />
La psychanalyste Françoise Dolto (1980), souligne l’importance de la relation mère/enfant dans son<br />
élaboration en réponse aux stimulations sensorielles <strong>et</strong> affectives prodiguées par la mère « dans un juste<br />
équilibre avec les demandes de l'enfant ».<br />
L'image de l'apparence extérieure du corps <strong>et</strong> le schéma corporel ne coïncident pas obligatoirement.<br />
L'image du corps relève bien sûr du schéma corporel, mais elle peut aussi s'éloigner de la réalité<br />
objective du fait de l'idéalisation de ce que nous voudrions être (Cf. par ex. le syndrome anorexique<br />
avec ses deux entités : anorexie mentale <strong>et</strong> boulimie nerveuse qui touchent principalement les filles).<br />
Si les troubles du schéma corporel sont d'ordre neurologique, les troubles de l'image du corps peuvent<br />
aller jusqu'à la dépersonnalisation schizophrénique.<br />
D’après (entre autres) http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/sy/sy_1292_p0.html<br />
http://www.fnclcc.fr/fr/patients/dico/definition.php?id_definition=1472<br />
Schilder P. : « L’image du corps. Etude des forces constructives de la psyché »,<br />
traduction fse. par F. Ganther<strong>et</strong> <strong>et</strong> P. Truffert, 1 vol., Gallimard éd., Paris, 1968<br />
15<br />
La kinesthésie est la perception consciente de la position <strong>et</strong> des mouvements des différentes parties du corps.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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ADDENDA ADDENDA ADDENDA : : GARDE GARDE DES ENFANTS ENFANTS AVANT 22-<br />
2<br />
3 ans :<br />
:<br />
« On ne confie pas facilement son enfant à<br />
une autre personne. Mais quand les deux<br />
parents travaillent, c'est souvent néces-saire,<br />
surtout avant la scolarisation de l'enfant. Si<br />
vous n'avez ni la chance d'avoir des grandsparents<br />
à proximité ni la possibilité de<br />
confier vos enfants à un autre membre de la<br />
famille ou à une voisine, les modes de<br />
garde payants deviennent incontournables.<br />
1- Les assistantes maternelles sont<br />
des personnes agréées pour accueillir de<br />
façon régulière des enfants (3 au maximum)<br />
à leur domicile. Depuis octobre 1992, elles<br />
sont tenues de suivre une formation de 60<br />
heures au minimum. Leur agrément est valable pendant 5 ans <strong>et</strong> renouvelable.<br />
2 - La crèche accueille les jeunes enfants à la journée <strong>et</strong> de façon régulière. Publique ou privée,<br />
toujours placée sous le contrôle des services de Protection Maternelle <strong>et</strong> Infantile (PMI), elle reçoit<br />
son agrément des pouvoirs publics, ce qui garantit une bonne qualité d'accueil. C'est donc pour vous<br />
un gage de sécurité. La crèche peut être gérée par la commune, le département, la CAF (Caisse<br />
d’Allocations Familiales), une association, une mutuelle, un comité d'entreprise, <strong>et</strong>c.<br />
Il existe au total 200 000 places pour les enfants de moins de 3 ans, réparties selon trois types de<br />
crèches :<br />
* la crèche collective (près de 2/3 des places), dirigée par une puéricultrice diplômée, accueille<br />
les enfants de 3 mois à 3 ans dans des locaux spécifiquement adaptés. Un suivi médical <strong>et</strong> <strong>psycho</strong>logique<br />
est assuré. Les crèches collectives sont ouvertes en général de 7 h à 19 heures.<br />
* la crèche familiale (1 /3 des placés) emploie des assistantes maternelles encadrées par une<br />
équipe de professionnels (éducatrice, médecin vacataire... ). Les enfants sont gardés au domicile de<br />
leur nourrice. 1 à 2 fois par semaine, ils se réunissent à la crèche familiale pour des activités d'éveil.<br />
* la crèche parentale (4 % des places) se rapproche de la crèche collective, à la différence<br />
qu'elle est gérée par les parents dans le cadre d'une association. Les parents participent à la garde des<br />
enfants (16 au maximum) avec le soutien d'un personnel qualifié, ce qui suppose d'y consacrer<br />
beaucoup de temps !<br />
3 - La halte-garderie accueille des enfants de 0 à 6 ans de façon occasionnelle <strong>et</strong> pour quelques<br />
heures. Les haltes-garderies privées sollicitent parfois l'aide des parents.<br />
4 - Des employées de maison, déclarées <strong>et</strong> ouvrant droit à l'allocation de garde d'enfant à<br />
domicile (AGED), gardent au domicile des parents 2 % des enfants de moins de 3 ans <strong>et</strong> 1 % des<br />
enfants âgés de 3 à 6 ans.<br />
5 - Les étudiants au pair sont logés par les familles qui les emploient. La contrepartie de leur<br />
travail auprès des enfants se compose essentiellement d'avantages en nature (logement, nourriture) ».<br />
Document extrait d’un dossier « Quel mode de garde pour vos enfants ? »<br />
publié par « Vies de famille » de septembre 1998.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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III – Développement moteur, cognitif<br />
<strong>et</strong> <strong>et</strong> affectif affectif de de de L’enfant L’enfant de de 3 3 à à 6 6 ans ans :<br />
A) A) l’essentiel…<br />
l’essentiel…<br />
A1) Motricité <strong>et</strong> autonomie (à relier à l’aménagement) :<br />
Dès 30 mois (2,5 ans). Il marche sur la pointe des pieds <strong>et</strong> saute sur un pied.<br />
Il peut marcher à reculons <strong>et</strong> faire du tricycle. Il peut lancer une balle ou un ballon. Un enfant de c<strong>et</strong><br />
âge peut porter sur une courte distance un verre d’eau presque plein sans renverser, construire un<br />
pont avec 3 cubes, une tour avec 8 cubes <strong>et</strong> imiter un trait vertical puis un trait horizontal. Il encastre<br />
un rond, un carré <strong>et</strong> un triangle <strong>et</strong> s’adapte à la rotation de 180° du jeu.<br />
Vers 3 ans :<br />
Il a horreur de l’immobilité imposée (à table, à la maison ou à l’école), il court partout jusqu’à<br />
épuisement, garde l’équilibre sur un pied environ 5 secondes (entre 36 mois <strong>et</strong> 42<br />
mois), monte les escaliers en alterné dès 30 mois (mais il faut en moyenne<br />
attendre 42 mois pour qu’il fasse de même en descendant).<br />
L’enfant se déshabille seul déboutonnant sans tirer les<br />
boutons accessibles (36 mois)… il boutonne les boutons<br />
de grande taille <strong>et</strong> de taille moyenne <strong>et</strong> il aime habiller une<br />
poupée (<strong>et</strong> la faire manger).<br />
Il aide à desservir la table sans casser la vaisselle.<br />
Il réalise un bonhomme têtard (voir chapitre IIIA3) <strong>et</strong> copie un cercle (36<br />
mois) <strong>et</strong> grossièrement une croix (42 mois) d’après modèles, construit une<br />
tour 16 de 9 cubes <strong>et</strong> même 10 avec 3 essais (à 36 mois…).<br />
Il utilise fourch<strong>et</strong>te <strong>et</strong> cuillère, verse d’un p<strong>et</strong>it pot dans une tasse (36 mois), enfile des perles, colle<br />
des gomm<strong>et</strong>tes, emploie la pâte à modeler, nomme 8 images <strong>et</strong> 8 parties du corps. Il change<br />
constamment d’activité. Il maîtrise ses sphincters anal <strong>et</strong> vésical (propr<strong>et</strong>é totale).<br />
C’est à lui en p<strong>et</strong>ite section de déboutonner seul son pantalon aux toil<strong>et</strong>tes, de remonter ses<br />
manches, d’ouvrir le robin<strong>et</strong>, de se laver les mains seul <strong>et</strong> de les essuyer…<br />
C’est encore à lui, dans le coin peinture, à aller chercher les pinceaux <strong>et</strong><br />
rouleaux, à m<strong>et</strong>tre le tablier, à se laver les mains <strong>et</strong> à laver le matériel<br />
après l’activité. Ainsi, il construira son chemin vers l’indépendance…<br />
Il peut arroser les plantes de la<br />
classe <strong>et</strong> commence à s’occuper des<br />
animaux (même s’il est encore incapable<br />
d’en prendre soin seul).<br />
En classe, le matériel doit être<br />
rangé à la portée des enfants, près du lieu<br />
de l’activité <strong>et</strong> si possible visible : il provoque alors l’intérêt.<br />
Outre "le coin regroupement" : aire d’affichage des écrits, de langage (histoires, comptines,<br />
jeux avec marionn<strong>et</strong>tes), de jeux musicaux, de découverte collective (des écrits, des images…)<br />
<strong>et</strong> de jeux au sol, il existe dans une classe de p<strong>et</strong>ite section :<br />
16<br />
Les jeux de construction ont leur apogée entre 3 <strong>et</strong> 7 ans mais peuvent perdurer toute la vie.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
119
* Une zone pour "les jeux d’imitation" (dîn<strong>et</strong>te avec rouleaux à<br />
pâtisserie, emporte-pièce(s), moules <strong>et</strong> pâte à sel perm<strong>et</strong>tant de<br />
fabriquer des "gâteaux", maison de poupées 17 , bébé + chaise +<br />
parc + couffin + couches + biberons, marchande, coiffeur, garage,<br />
téléphone avec annuaire…).<br />
Le « coin docteur » comporte un pèse personne, une toise, un<br />
stéthoscope perm<strong>et</strong>tant d’écouter les bruits de son corps, une lampe<br />
électrique (si possible frontale) autorisant l’examen des oreilles, des<br />
dents <strong>et</strong> de la gorge, des bandes <strong>et</strong> du sparadrap mais aussi des blouses<br />
blanches, des masques <strong>et</strong> d’autres accessoires vestimentaires médicaux.<br />
A installer avant la visite de PMI en p<strong>et</strong>ite ou en moyenne section.<br />
* Une zone réservée aux activités plastiques <strong>et</strong> graphiques :<br />
peinture (la main est le 1 er outil traceur puis éponges, tampons,<br />
pinceaux, rouleaux, brosses à dents, coton - tiges, spatules…),<br />
graphisme (craies, craies grasses, crayons <strong>et</strong> feutres variés, supports divers…) découpage <strong>et</strong> collage (papier<br />
à découper, ciseaux, colle), modelage (pâte à modeler, pâte à sel), enfilages…" <strong>et</strong> le matériel<br />
d’installation (panneaux verticaux <strong>et</strong> horizontaux), de protection (tabliers, toiles cirées) <strong>et</strong> de n<strong>et</strong>toyage<br />
correspondant (serpillières, chiffons, seaux <strong>et</strong> cuv<strong>et</strong>tes…). A situer près<br />
d’un point d’eau si possible.<br />
* Une « zone bricolage » pour fouiller <strong>et</strong> découvrir (bouchons, capsules,<br />
jeux de construction, jeux à emboîter, à visser…) avec des outils si<br />
possible réels mais légers <strong>et</strong> adaptés aux enfants.<br />
* Une zone "puzzles, dominos, jeux de cartes",<br />
* Un bac multifonctions (avec de l’eau + des matériaux divers pouvant<br />
flotter + du sable + des semences… riz par exemple <strong>et</strong> des récipients variés<br />
pour vider, remplir, transvaser, filtrer <strong>et</strong> trier : des cuillères, entonnoirs, des<br />
passoires <strong>et</strong> écumoires, des éponges <strong>et</strong> des compte-gouttes, des pompes <strong>et</strong><br />
des roues à aubes …),<br />
* Une zone nature avec p<strong>et</strong>its élevages <strong>et</strong> plantes.<br />
* Bien sûr une "zone bibliothèque" avec des livres visibles <strong>et</strong> accessibles<br />
mais aussi avec des cartes postales, des photographies <strong>et</strong> images, des<br />
catalogues <strong>et</strong> des reproductions <strong>et</strong> des affiches au mur + les textes<br />
manuscrits des chansons <strong>et</strong> des comptines. Il faudra dire <strong>et</strong> répéter que le<br />
coin bibliothèque n’est pas un lieu prévu pour jouer.<br />
* Mais aussi une "zone refuge" (avec moqu<strong>et</strong>te, coussins <strong>et</strong> obj<strong>et</strong>s<br />
« consolateurs » : téléphone, p<strong>et</strong>its jou<strong>et</strong>s, poupées <strong>et</strong> peluches).<br />
A 4 ans :<br />
Il boutonne sur lui, pédale assez bien avec une bicycl<strong>et</strong>te<br />
sans roues latérales, monte <strong>et</strong> descend de la voiture <strong>et</strong> construit<br />
des ponts de cube. Il copie un carré. Il utilise les ciseaux. Il trie les<br />
formes <strong>et</strong> les couleurs (les couleurs sont connues vers 4 ans <strong>et</strong><br />
nommées vers 5 ans). Il s'habille seul vers 4 ans 1/2-5 ans (sauf les<br />
lac<strong>et</strong>s) <strong>et</strong> peut aller seul aux toil<strong>et</strong>tes.<br />
Son besoin de mouvement diminue au sens où l’enfant maîtrise<br />
mieux son corps (il ressent moins le besoin de se rouler par terre<br />
ou de jouer allongé par exemple) mais simultanément il éprouve le<br />
besoin de s’exercer.<br />
17<br />
Elle a sa place en classe de la p<strong>et</strong>ite à la grande section.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
RECETTE DE<br />
LA PATE A SEL<br />
1 tasse (200 g.) de sel + 2<br />
tasses (200 g.) de farine + 125<br />
ml d'eau. Mélanger. Pour<br />
rendre la pâte plus élastique<br />
ou peut ajoutez une cuiller à<br />
soupe de glycérine. Laissez la<br />
pâte reposer une heure à<br />
température ambiante.<br />
Évitez les rec<strong>et</strong>tes à base de<br />
d’alun de potassium<br />
dangereux en cas d’ingestion.<br />
Chaque enfant dispose d’une<br />
fiche de carton de 20 cm X<br />
15 cm avec, en début<br />
d’année, sa photographie <strong>et</strong><br />
son prénom. Il la prend sur<br />
le tapis <strong>et</strong> va la ranger dans<br />
une poch<strong>et</strong>te murale.<br />
120
Le « coin déguisement – maquillage » est une nécessité dans une classe de moyenne section de<br />
maternelle. Prévoir une glace suffisamment grande, une penderie (apprentissage de l’ordre), un coffre<br />
(mystère <strong>et</strong> plaisir de la découverte), des morceaux de tissus <strong>et</strong> des vêtements mais aussi des accessoires<br />
(couronne, chapeaux divers, perruques, bijoux, sacs variés, carquois, bagu<strong>et</strong>te magique, jumelles…).<br />
Une « zone couture » pour développer l’habilité manuelle sera la bienvenue (y placer des plaques<br />
d’isorel perforées, de la toile de jute <strong>et</strong> des canevas à larges trous… mais aussi des aiguilles en bois, des<br />
ciseaux, des boutons, des fils, du raphia, des lac<strong>et</strong>s…)<br />
A 5 ans : A 4 ans l’enfant contrôlait mal son énergie, était incapable de doser, de freiner son activité.<br />
C<strong>et</strong>te possibilité apparaît vers 5 ans : il devient capable de canaliser son « trop plein d’énergie ». Il tient<br />
sur un pied 10 à 15 secondes.<br />
Déshabillage, boutonnage sont maîtrisés <strong>et</strong> l’enfant est très généralement<br />
devenu complètement autonome dans ce domaine. Il se déguise avec soin,<br />
cherchant dans les détails à être le plus proche possible de la réalité. Il<br />
devient capable de prendre soin des animaux <strong>et</strong> des plantes.<br />
Il évalue ses dessins, ses constructions <strong>et</strong> ses autres travaux. Peut copier un<br />
triangle <strong>et</strong> faire un escalier de 6 cubes. En début de GS, on constate que<br />
plus de la moitié des enfants savent énoncer la comptine numérique.<br />
Il aime faire de la peinture <strong>et</strong>, capable de travailler sur de plus grandes<br />
surfaces, peut réaliser un fond. Il nomme <strong>et</strong> mélange les couleurs.<br />
En classe de grande section de nouveaux « ateliers 18 apparaissent » par<br />
exemple le « coin mathématique » (balances, graines de différentes<br />
tailles, eau <strong>et</strong> récipients variés, encastrements, puzzles, boîtes gigognes,<br />
poupées russes, cartes, lotos, dominos, dés…). La maison de poupée est toujours là mais comporte<br />
maintenant des menus variés, des fichiers de rec<strong>et</strong>tes utilisables…<br />
A 6 ans : Il tient immobile les yeux fermés plus de 10 secondes. Il tente de marquer des buts avec un<br />
ballon <strong>et</strong> fait des passes de ballon en marchant. Il saute à la corde <strong>et</strong> joue à la marelle. Oppose son<br />
pouce à chaque doigt de la main. Il enroule un fil sur une bobine <strong>et</strong> coud avec une grosse aiguille. Il<br />
coupe sa viande.<br />
Début de la représentation de profil. Peut copier un losange. Début de l’écriture <strong>et</strong> respect des lignes de<br />
la page. Le noeud de lac<strong>et</strong>s est acquis vers 6 ans (entre 5 <strong>et</strong> 7 ans). Peut Se lave seul <strong>et</strong> va seul <strong>et</strong> sans<br />
aide aux toil<strong>et</strong>tes.<br />
A2) Raisonnement expliquant le monde :<br />
• Piag<strong>et</strong> appelle fonction symbolique (ou sémiotique) "la capacité d'évoquer des obj<strong>et</strong>s ou des<br />
situations non perçues actuellement en se servant de signes ou de symboles". L’enfant acquiert la<br />
représentation mentale. L’évocation s’effectue à l’aide d’un signifiant (mot, image mentale 19 )<br />
différencié de son signifié (obj<strong>et</strong>, événement). C<strong>et</strong>te fonction symbolique se développe entre 2-3 <strong>et</strong> 6-7<br />
ans par imitation sous forme d'activités ludiques : l'enfant reproduit dans le jeu les situations qui l'ont<br />
frappé, intéressé ou inquiété. Le langage accompagne le jeu <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> l'intériorisation progressive.<br />
• Le syncrétisme (ou globalisme) « est la tendance spontanée des enfants à percevoir par visions<br />
globales au lieu de discerner les détails, à trouver des analogies immédiatement, sans analyse, entre<br />
des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des mots étrangers les uns aux autres, à lier entre eux des phénomènes naturels<br />
hétérogènes, à trouver une raison à tout événement même fortuit, bref c'est la tendance à tout lier à tout<br />
(...) ». J. Piag<strong>et</strong>.<br />
18<br />
Atelier = organisation du travail en sous-ensembles d’enfants avec « rotation » mais aussi : lieu où l’activité se<br />
déroule.<br />
19<br />
Image mentale : représentation interne d'un obj<strong>et</strong> ou d'un événement qui n'est pas dans le champ actuel de la<br />
perception<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
121
L'enfant trouve toujours une raison à tout, quelle que soit la question. Nous<br />
pourrions dire que le syncrétisme est une manière de penser, antérieure à l’analyse <strong>et</strong><br />
à la synthèse, ou le principal <strong>et</strong> l’accessoire ne sont pas distingués.<br />
• Pensée égocentrique :<br />
La vision du monde de l’enfant se fait toujours par rapport à lui, il se considère<br />
comme le centre du monde. C’est une attitude spontanée qui enferme l’enfant dans<br />
son propre point de vue avec une incapacité à prendre en compte celui d’autrui.<br />
L’égocentrisme s’oppose ainsi à l’objectivité en empêchant l’enfant de se décentrer.<br />
L'enfant qui reconnaît sa droite de sa gauche ne comprend pas que ces notions sont<br />
inversées pour la personne en face de lui. Considérée classiquement comme<br />
perdurant jusqu’à 4 ans (en fait jusqu’à 5 ans voir IIIc). On ne confondra pas<br />
égocentrisme <strong>et</strong> égoïsme. Il ne s’agit pas d’un défaut moral mais d’un stade normal<br />
du développement. La pensée égocentrique se caractérise par l’animisme,<br />
l’artificialisme, le finalisme <strong>et</strong> la pensée magique :<br />
• Pensée de type animiste :<br />
… Jusqu’à 4 ans : l’enfant conçoit le monde à son image, tout obj<strong>et</strong> est vivant <strong>et</strong><br />
douée d'intentions bonnes ou mauvaises. Chaque obj<strong>et</strong> pense, sent <strong>et</strong> ressent. Les<br />
nuages décident de faire pleuvoir <strong>et</strong> le soleil de briller, les obj<strong>et</strong>s que l’on tape ou<br />
que l’on casse souffrent.<br />
• L’artificialisme :<br />
L'enfant raisonne comme si tout était artificiel <strong>et</strong> avait été construit pour les hommes<br />
afin de satisfaire leurs désirs <strong>et</strong> leurs besoins. "D'où vient l'eau de la rivière ?" : "du<br />
robin<strong>et</strong> ". « L’artificialisme est la croyance que les choses existent pour la<br />
convenance des hommes. Si les jou<strong>et</strong>s peuvent être réparés sur demande, alors<br />
pourquoi pas les gens morts ? ».<br />
• Pensée finaliste :<br />
Tout ce qui existe a été fait pour servir aux êtres humains qui sont le but de toute<br />
chose. Les choses sont définies par leur usage : Qu'est-ce qu'une auto ? : " c'est pour<br />
aller vite". Qu'est-ce qu'un vélo ? : "c'est pour faire la course". La nuit est faite pour<br />
dormir, les fruits pour être mangés... Le hasard n’existe pas<br />
jusqu’à 7 ou 8 ans.<br />
• La pensée magique :<br />
C’est " l'idée que de penser quelque chose est la même<br />
chose que de le faire. Elle est courante dans les rêves, dans<br />
certains désordres mentaux 20 , <strong>et</strong> chez les enfants. 21 " C’est aussi croire que ce<br />
qu’on imagine peut se réaliser <strong>et</strong> « prendre ses désirs pour des réalités ».<br />
« L’enfant attribue des pouvoirs à tout le monde. Tout est sous le contrôle de<br />
quelqu'un. Dans ce système, les gens peuvent mourir à cause d'un souhait <strong>et</strong><br />
peuvent r<strong>et</strong>ourner à la vie tout aussi facilement. Un prince peut devenir un<br />
crapaud <strong>et</strong> une princesse morte peut se réveiller avec un baiser ». La pensée magique s’estompe<br />
théoriquement vers 6-7 ans mais la frontière entre vivant <strong>et</strong> inanimé, hommes <strong>et</strong> animaux, imaginaire <strong>et</strong><br />
réalité restera floue jusqu’à la puberté... <strong>et</strong> même souvent au-delà.<br />
20<br />
La pensée magique existe aussi chez l’adulte considéré comme « normal » ainsi, pour en faire hurler quelquesuns,<br />
l’homéopathie relève de la pensée magique : "plus la matière devient infime par dilution, plus son<br />
esprit (sic !) <strong>et</strong> ses fonctions dynamiques (resic !) seront pures <strong>et</strong> efficaces" (Martin Gumpert 1945,<br />
biographe du fondateur de l’homéopathie Samuel Hahnemann).<br />
21<br />
<strong>Free</strong>dman, Kaplan, Sadock 1976.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
122<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.
• Tout ce qui peut être perçu est réel : la différence entre l'imaginaire <strong>et</strong> le réel, la pensée intérieure<br />
<strong>et</strong> le monde extérieur sont encore confondus. Ainsi l'enfant peut croire que ses rêves sont vrais.<br />
• La mort : Avant l’âge de 3 ans, l’enfant ne comprend pas du tout ce qu’est la mort… mais il peut<br />
souffrir de la séparation. Un enfant est confronté à la mort d’animaux, peut avoir vu des personnes<br />
mortes (par exemple à la télévision) <strong>et</strong> donc l'idée de la mort est perçue (à partir de 3 ans). Néanmoins<br />
l’enfant pense que les gens morts ne le sont pas vraiment, qu’ils continuent à vivre sous une forme<br />
différente. La mort est simplement un sommeil profond. « Ils se soucient du confort des corps morts. Ils<br />
pensent que le mort pourrait avoir faim, froid, ou s’ennuyer ». Puisque, la mort est provisoire,<br />
réversible, <strong>et</strong> causée comme par magie, il peut être convaincu que certaines de ses pensées ou actions<br />
ont pu causer la mort. Le caractère irréversible <strong>et</strong> permanent de la mort ne sera compris que vers quatre,<br />
cinq ans. Jusqu’à 5 ans, l’enfant se croit immortel.<br />
Dire la vérité : « si on lui dit "maman est partie pour un long voyage", il peut développer colère <strong>et</strong><br />
ressentiment parce qu'elle ne l'aura pas emmené avec elle, ou bien un sentiment d'abandon, ou de<br />
culpabilité fondée sur le fait que "si maman est partie, c'est sans doute que j'ai fait quelque chose de<br />
mal…" ou bien encore l'illusion qu'elle va revenir, parce que lorsque l'on part en voyage, on revient ; ou<br />
une incompréhension de la situation, "pourquoi tout le monde pleure si elle est partie en voyage, il n'y a<br />
pas lieu d'être triste !" ».<br />
• La sexualité, la grossesse :<br />
J’ai bien compris que le<br />
stade anal comportait une<br />
première phase dite<br />
phase expulsive puis une<br />
phase rétentive… J’ai<br />
pigé le coup de l’Œdipe<br />
au stade phallique parce<br />
que j’ai lu la page<br />
suivante mais… tu crois<br />
toi que la sexualité<br />
enfantine est mise en<br />
sourdine dans c<strong>et</strong>te soidisant<br />
période de latence<br />
qui démarrerait à 6 ans ?<br />
Les phrases entre guillem<strong>et</strong>s de ce passage sont extraites de : http://www.<strong>et</strong>ab.accaen.fr/ecauge/Circo/Dossiersanim/concept_mort.<strong>pdf</strong><br />
L’enfant de 3 à 6 ans pose<br />
beaucoup de questions sur la<br />
procréation, la sexualité, la<br />
grossesse, les relations entre les<br />
parents… Faute de comprendre<br />
les réponses, il répond à sa<br />
manière. L’interrogation<br />
majeure « Qui fabrique les<br />
bébés <strong>et</strong> pourquoi ? » <br />
invention de théories très<br />
diverses <strong>et</strong> variées selon les<br />
enfants. Le baiser par exemple<br />
perm<strong>et</strong> d’avoir des bébés. La<br />
naissance peut être anale ou se<br />
produire au niveau du nombril.<br />
Avec l’importance accordée au<br />
pénis, survient la peur de le<br />
perdre, l’angoisse de castration.<br />
• Les psychanalystes nous<br />
disent que la p<strong>et</strong>ite fille sait<br />
qu’elle n’a pas de pénis, que<br />
certaines pensent qu’il<br />
poussera... Le pénis serait<br />
Moyenne section…<br />
mais un tel dessin est rare…<br />
Lire « Dessine moi un bébé » par<br />
Emmanuelle Tostivint<br />
<strong>et</strong> Jean-Pierre Geslin.<br />
l’obj<strong>et</strong> d’une crainte de le perdre pour le garçon <strong>et</strong> d’une envie pour la fille… "Elle commence ensuite à<br />
accepter son manque, mais contre un avantage : la possibilité d'avoir des enfants". Mais est-il certain<br />
que la p<strong>et</strong>ite fille n’ait que la sensation d’un manque, d’un "rien" ? N’a t-elle pas connaissance de<br />
sensations qui lui perm<strong>et</strong>tent une représentation, même fausse d’un clitoris ou d’un vagin ?<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
123
A3) Sur le plan affectif <strong>et</strong> relationnel :<br />
Identification du sexe :<br />
La plupart des enfants âgées de 3 ans peuvent<br />
identifier les personnes <strong>et</strong> les poupées, comme étant<br />
de sexe masculin ou féminin <strong>et</strong> ils peuvent dire à un<br />
adulte qu'ils sont un garçon ou une fille. La<br />
découverte de la différence des sexes perm<strong>et</strong> à<br />
l'enfant de se définir comme être sexué. Le plaisir<br />
est associé à la stimulation de la zone sexuelle<br />
(masturbation).<br />
Le complexe d’Œdipe :<br />
Le mot complexe ne doit pas être pris dans le sens<br />
de blocage, c’est une union inconsciente de<br />
réactions affectives <strong>et</strong> de fantasmes. Le complexe<br />
d’Œdipe est l’attachement érotique de l’enfant au<br />
parent du sexe opposé. Il fait partie du<br />
développement normal de l’affectivité <strong>et</strong> de la<br />
sexualité, ce n’est ni un trouble ni une anomalie. Il<br />
s’ensuit un conflit avec le parent du même sexe qui<br />
est perçu comme un rival dans l'amour pour le<br />
parent de sexe opposé. Freud le nomme d'abord<br />
"complexe nucléaire" puis "complexe paternel"<br />
avant de lui donner le nom de "complexe d’Œdipe"<br />
en 1910.<br />
"J'ai trouvé en moi comme partout ailleurs, des<br />
sentiments d'amour envers ma mère <strong>et</strong> de<br />
jalousie envers mon père, sentiments qui sont je<br />
pense, communs à tous les jeunes enfants".<br />
Freud.<br />
Le parent de même sexe est un rival (d’où haine <strong>et</strong><br />
jalousie), mais aussi un modèle (d’où admiration)<br />
auquel s’identifie l’enfant. Il suscite également la<br />
crainte (de vengeance).<br />
Le complexe d’Œdipe apparaît entre 3 <strong>et</strong> 4 ans<br />
(mais Mélanie Klein en a décrit des prémices entre<br />
6 mois <strong>et</strong> 3 ans), a son point culminant à 5 ans<br />
(déclaration d’amour, volonté de remplacer le<br />
parent de même sexe <strong>et</strong> joie quand il est absent,<br />
souhait d’avoir des enfants avec le parent de sexe<br />
opposé), décline vers 6 à 7 ans mais recommence<br />
au moment de la puberté. Il est résolu quand<br />
l’enfant refoule ses désirs.<br />
Œdipe (qui, en grec, signifie "pieds<br />
gonflés") était le fils de Laïos, roi de<br />
Thèbes <strong>et</strong> de Jocastre. Laïos, averti par<br />
un oracle qu'il serait tué par son fils <strong>et</strong><br />
que celui-ci épouserait sa mère, veut faire<br />
tuer l’enfant. Le guerrier qui en a la<br />
charge ne fait qu’abandonner le nouveauné<br />
sur une montagne. Recueilli par des<br />
bergers, Œdipe fut élevé par Polybe le roi<br />
de Corinthe. Apprenant l'oracle à<br />
Delphes, il fuit ceux qu'il croit être ses<br />
parents... En voyage vers Thèbes, se<br />
prend de querelle avec un voyageur qu'il<br />
tue : c'était Laïos.<br />
Œdipe <strong>et</strong> le sphinx<br />
Aux portes de Thèbes, il se soum<strong>et</strong> à<br />
l'énigme du sphinx femelle "Quel est<br />
l'animal qui marche à 4 pattes le matin, à<br />
2 pattes à midi <strong>et</strong> à 3 pattes le soir ?"<br />
Oedipe trouve la réponse ("l'homme") <strong>et</strong><br />
ainsi débarrasse la cité du sphinx. Il<br />
rentre en héros à Thèbes. En récompense,<br />
les Thébains le prennent pour roi <strong>et</strong> il<br />
épouse la reine Jocaste… sa propre mère.<br />
Il en aura deux fils : Étéocle <strong>et</strong> Polynice<br />
<strong>et</strong> deux filles : Antigone <strong>et</strong> Ismène.<br />
Découvrant la réalité au bout de 15 ans,<br />
Jocaste se pendit <strong>et</strong> Œdipe se creva les<br />
yeux.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
124
L’intérêt pour les contes de fées :<br />
Les contes de fées, récits de fiction, remontent à la nuit des<br />
temps <strong>et</strong> sont universels : « Les mille <strong>et</strong> une Nuits » en Arabie, un<br />
« Blanche-Neige » Kabyle <strong>et</strong> un autre Russe, un « P<strong>et</strong>it Chaperon<br />
rouge » chinois… Les contes de fées sont longtemps restés dans la<br />
tradition orale, se transm<strong>et</strong>tant de bouche à oreilles. Ce n’est qu’à la<br />
Renaissance, en Italie <strong>et</strong> avec Charles Perrault (1628-1703) en<br />
France qu’ils passent à l’écrit. En 1694, Perrault publie des contes en<br />
vers (dont Peau d’âne) puis en 1997 huit contes en prose réunis sous<br />
le titre « les Histoires ou Contes du temps passé » ou « Contes de ma<br />
mère l'Oye » (La Belle au Bois dormant, Le P<strong>et</strong>it Chaperon rouge,<br />
La Barbe-bleue, Le Maître Chat ou Le Chat botté, Cendrillon, Le<br />
P<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong>, Les Fées, Riqu<strong>et</strong> à la houppe).<br />
M me Leprince de Beaumont (1711-1780) est passée à la<br />
postérité pour sa version de La Belle <strong>et</strong> la Bête. Le français Charles-<br />
Joseph de Mayer (1751-1825), le chevalier de Mayer, entre 1785 <strong>et</strong><br />
1789 rassemble <strong>et</strong> édite des contes qu’il veut sauver de l’oubli : c’est<br />
la collection du «Cabin<strong>et</strong> des fées. Collection choisie des contes de<br />
fées ou autres contes merveilleux » qui comporte 41 volumes <strong>et</strong> une<br />
quarantaine de conteurs dont Perrault… Les frères Jacob (1785-<br />
1863) <strong>et</strong> Wilhelm (1786-1859) Grimm regroupent contes populaires<br />
allemands <strong>et</strong> irlandais. Hans Christian Andersen (1805-1875) est un<br />
écrivain danois qui publie en 1834 la « Princesse au p<strong>et</strong>it pois » <strong>et</strong><br />
en 1935 « Contes pour enfants » puis d’autres : au total 164<br />
contes… qu'il ne destine pas uniquement à un public enfantin. Les<br />
plus célèbres sont «Le Vilain P<strong>et</strong>it Canard», «Les Habits neufs de<br />
l'empereur», <strong>et</strong> «la P<strong>et</strong>ite Sirène».<br />
Les fées, souvent absentes du récit (Blanche-Neige ou le<br />
P<strong>et</strong>it Chaperon rouge), ne suffisent pas à définir le conte de fées.<br />
C’est un univers merveilleux où les animaux parlent, hors de<br />
l’espace <strong>et</strong> du temps. Il m<strong>et</strong> en scène le passage de l’enfant ou de<br />
l’adolescent à l’âge adulte : « Un héros ou une héroïne, subissant un<br />
malheur ou un méfait, doit traverser un certain nombre d’épreuves <strong>et</strong><br />
de péripéties, qui souvent m<strong>et</strong>tent radicalement en cause son statut<br />
ou son existence, pour arriver à une nouvelle situation stable, très<br />
souvent le mariage ou l’établissement d’une nouvelle vie » 22 . Des<br />
animaux malins <strong>et</strong> bavards, des créatures étranges <strong>et</strong> dotées de<br />
pouvoirs magiques (fées, gnomes, elfes, lutins, trolls, nains,<br />
sirènes…) aident le héros ou l'héroïne dans l’accomplissement de sa<br />
difficile mission... ou au contraire, le combattent.<br />
Bruno B<strong>et</strong>telheim, psychanalyste américain d’origine<br />
autrichienne (né à Vienne en 1903 <strong>et</strong> mort à Silver Spring, aux Etats-Unis en 1990) est l’auteur de<br />
« Psychanalyse des contes de fées » (1976) qui reprend largement un livre de Julius Heuscher.<br />
22 Vladimir Propp « La Morphologie de conte » (1928).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Le loup cristallise toutes les<br />
peurs y compris celle de<br />
l’inconnu, de l’obscurité, de la<br />
dévoration, de l’enlèvement,<br />
de la séparation avec les<br />
parents, de la castration… Il<br />
représente la sauvagerie.<br />
L’une des fonctions<br />
essen-tielles des<br />
monstres est de<br />
canaliser les peurs de<br />
L’ogre symbolise la toute<br />
puissance paternelle. C’est<br />
celui qui vole sa mère à<br />
l’enfant… Mais l’ogre<br />
incarne également les<br />
pulsions négatives de<br />
l’enfant face à ce parent.<br />
125
Il écrit : "Pour qu’il y ait conte de fée, il faut qu’il y ait menace,<br />
une menace dirigée contre l’existence physique du héros, ou contre<br />
son existence morale." Le P<strong>et</strong>it Chaperon rouge sous la menace du<br />
loup, Le P<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong> sous celle de l’ogre ou Peau-d’Âne soumise<br />
au risque de l’inceste. La plupart des contes de fées commencent<br />
par la séparation qui équivaut, selon B<strong>et</strong>telheim, à la "nécessité de<br />
devenir soi-même",<br />
« Les contes de fées illustrent de façon ludique les terreurs<br />
enfantines : la misère <strong>et</strong> l'abandon (le p<strong>et</strong>it Pouc<strong>et</strong>), la mort d'un<br />
parent (Blanche-Neige), les adultes puissants face aux enfants (le<br />
p<strong>et</strong>it Chaperon Rouge), la jalousie fraternelle (Cendrillon). Ils parlent<br />
des cruautés de la vie <strong>et</strong> des luttes intérieures en leur donnant une<br />
forme tangible qui les rendent moins effrayantes. Un loup, par<br />
exemple, ça fait peur bien sûr, mais on peut en rire, rêver qu'on lui<br />
botte le derrière, qu'on triomphe de lui, <strong>et</strong> se libérer ainsi de la terreur<br />
qu'inspirent les angoisses archaïques "de dévoration".<br />
Les contes aident l'enfant à m<strong>et</strong>tre de la cohérence dans ce qu'il<br />
ressent ; ils lui donnent des idées qui l'aident à résoudre ses<br />
problèmes. Qu'est-ce qui est bien ou mal ? Est-il plus avantageux<br />
d'être bon ou méchant ? Comment trouver l'amour quand on est<br />
grand ? Comment est-ce de grandir <strong>et</strong> de quitter le giron familial ?<br />
Les contes lui fournissent des points de repère sur la conduite à tenir<br />
dans la vie ; tous diffusent le même message, simple <strong>et</strong> encourageant<br />
: "les difficultés de la vie sont inévitables mais si, au lieu de fuir, on<br />
affronte fermement les épreuves inattendues <strong>et</strong> souvent injustes qu'on<br />
rencontre, on finit par vaincre les obstacles <strong>et</strong> par obtenir ce qu'on<br />
veut" ». Dominique Pir<br />
Pourtant quelques contes, comme « Le P<strong>et</strong>it Chaperon<br />
rouge version Perrault » <strong>et</strong> « Le Nain Jaune » (de M me d’Aulnoy<br />
(1650-1705) se terminent mal.<br />
…Les contes proposent aux enfants<br />
une multitude de personnages auxquels<br />
ils peuvent s'identifier, selon leurs<br />
besoins du moment, pour extérioriser ce<br />
qui les habite <strong>et</strong> mieux se comprendre : la<br />
bonne fée peut personnifier leurs désirs les<br />
plus ardents, la sorcière leur volonté de<br />
destruction, de méchantes sœurs leurs<br />
accès de jalousie… Les contes de fées sont<br />
si riches de possibilités qu'un même conte<br />
peut parler aussi bien à un enfant de 5 ans<br />
qu'à un enfant de 13 ans : leurs interprétations ne seront simplement<br />
pas les mêmes ! Dominique Pir<br />
Les contes de fées comportent également, selon l'auteur<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
« La sorcière, c'est la mère<br />
méchante, évidemment très<br />
laide, qui ne répond pas aux<br />
désirs immédiats de l'enfant <strong>et</strong><br />
lui impose donc des interdits <strong>et</strong><br />
des frustrations ». Christine<br />
Brun<strong>et</strong><br />
La sorcière incarne aussi la<br />
méchanc<strong>et</strong>é <strong>et</strong> la cruauté….<br />
C<strong>et</strong>te méchanc<strong>et</strong>é que ressent<br />
alors l’enfant vis à vis de la mère<br />
Ainsi que l’explique C.<br />
Brun<strong>et</strong>, l’enfant ressent des<br />
sentiments négatifs à<br />
l’égard de sa mère qui ne lui<br />
appartient pas exclusivement<br />
ou du père qui lui a<br />
volé sa mère, ou d’un p<strong>et</strong>it<br />
frère ou d’une p<strong>et</strong>ite sœur<br />
qui constituent des rivaux.<br />
Les monstres qui peuplent<br />
les contes de fées peuvent<br />
perm<strong>et</strong>tre à l’enfant de vivre<br />
par procuration ses<br />
sentiments négatifs<br />
A c<strong>et</strong>te occasion, « ils<br />
prennent les traits d’une<br />
sorcière ou d’un ogre».<br />
« Une "mise en scène" qui<br />
ne vaut que parce qu’elle<br />
trouve un dénouement heureux<br />
: les méchants sont<br />
sanctionnés, le monstre qui<br />
est en soi peut donc être<br />
vaincu, l’ordre est rétabli <strong>et</strong><br />
la vie peut reprendre son<br />
cours... »<br />
Alison Lurie (« Ne le dites pas aux grands », Editions Rivages), une dimension subversive : "Ils<br />
proposent à l'enfant de renverser l'ordre établi du monde des adultes." Ils m<strong>et</strong>tent en scène la tentation<br />
qu’a l'enfant de cacher aux grandes personnes ses pensées les plus intimes ainsi que son désir de<br />
s’opposer à l'autorité de l’adulte <strong>et</strong> de désobéir.<br />
126
L’animal instrument de socialisation 23 :<br />
Lorsque deux enfants de classe maternelle se rencontrent<br />
pour la première fois dans une salle de jeu, la présence d’un p<strong>et</strong>it<br />
mammifère familier diminue la distance qu’ils laissent entre eux,<br />
accroît le temps d’interaction entre les enfants <strong>et</strong> crée une ambiance<br />
plus positive… L’animal fait tomber les barrières <strong>et</strong> augmente les<br />
échanges affectifs : il joue un rôle facilitateur dans les interactions<br />
sociales. L’élevage peut devenir un moyen de rendre plus aisée la<br />
transition de l’entrée à l’école maternelle <strong>et</strong> peut faciliter le<br />
passage grande section de maternelle – CP.<br />
Si l’élevage facilite l’intégration des enfants à la vie de<br />
groupe <strong>et</strong> les habitue à travailler ensemble… il leur apprend aussi à se respecter : il faut tenir<br />
compte de l’opinion de l’autre.<br />
L’élevage contribue aussi à rendre l’enfant responsable, il est un bon vecteur de citoyenn<strong>et</strong>é <strong>et</strong><br />
participe au développement de la confiance en soi.<br />
La responsabilité : Qui va apporter la nourriture à notre p<strong>et</strong>ite<br />
bête ? Qui va s’occuper de l’entr<strong>et</strong>ien de la cage ? C’est bien<br />
évidemment l’enfant <strong>et</strong> non pas le maître ! Vos loupiots<br />
découvriront les conséquences de leurs négligences <strong>et</strong> apprendront à<br />
respecter la vie.<br />
Ils partageront les responsabilités autour de la "bestiole" <strong>et</strong> se<br />
structureront ainsi en groupe-classe car l’animal introduit dans la<br />
classe devient « l’animal de la classe », les responsabilités <strong>et</strong> les<br />
joies partagées renforçant le sentiment du « nous ».<br />
Il faut se laver les mains après avoir touché les animaux,<br />
particulièrement avant les repas. L’enseignant doit également<br />
vérifier que les enfants ne manipulent pas les animaux avec des mains sales… la contamination peut<br />
en eff<strong>et</strong> se produire dans les deux sens.<br />
Il faut apprendre à manipuler l’animal avec douceur, dans une position qui lui soit confortable <strong>et</strong><br />
contrôler ses gestes afin de se faire accepter...<br />
Socialisation par classes d’âges :<br />
3 ans :<br />
Avant 3 ans : l'enfant ne cherchait pas le contact avec les autres de son âge, il jouait à côté d’eux :<br />
c’était le jeu parallèle (de 18 mois à 3 ans). Ce n’est qu’à partir de 3 ans que l’enfant commence à<br />
établir des relations avec les autres notamment par le biais du jeu <strong>et</strong> du langage.<br />
L'enfant joue avec d’autres mais ne partage pas <strong>et</strong> ne dialogue pas verbalement. Lorsqu'il parle avec<br />
les autres, il ne s'attend pas à avoir de réponse <strong>et</strong> les donne lui-même (monologue collectif sans<br />
échange d’idées). Ce peut être le signe d'un fonctionnement égocentrique (Piag<strong>et</strong> 24 parlait<br />
d’égocentrisme intellectuel). On peut aussi l’interpréter comme les prémices d'un langage intériorisé<br />
préparant une activité sociale ultérieure (Vygotsky 25 ).<br />
23 Lire notre polycopié : « Des p<strong>et</strong>its mammifères pour quoi faire ? » dont c<strong>et</strong>te partie est extraite.<br />
24 Jean Piag<strong>et</strong>, <strong>psycho</strong>logue <strong>et</strong> épistémologue suisse, 1896 – 1980.<br />
25 Lev Semenovitch Vygotski, <strong>psycho</strong>logue soviétique, 1896 – 1934.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
127
L'imitation immédiate (en présence du modèle)<br />
est le mode de communication prépondérant<br />
entre pairs durant la 3ème année (Nadel <strong>et</strong><br />
Baudonnière 1980). C’est une forme de dialogue<br />
moteur d’ailleurs non perturbé par la présence de<br />
l’adulte. Ce mode de communication déclinera<br />
ensuite lorsque la communication verbale se<br />
développera.<br />
Ce mode relationnel de l’imitation immédiate<br />
n'est évidemment pas le seul à caractériser c<strong>et</strong><br />
âge : il existe aussi des conflits. L'enfant<br />
s'oppose fermement <strong>et</strong> systématiquement aux<br />
autres : c'est la crise d'opposition. Le " moi " <strong>et</strong> le<br />
" mien " s'opposent alors au " toi " <strong>et</strong> au " tien ".<br />
Les conflits constituent un mode de socialisation.<br />
A noter que l’enfant de 3 ans ne sait pas attendre<br />
son tour.<br />
Le bonhomme-têtard apparaît : un rond<br />
représentant à la fois la tête <strong>et</strong> le tronc avec 2<br />
yeux <strong>et</strong> des membres souvent non rattachés ou<br />
mal rattachés au corps.<br />
On ne demande pas de faire une ronde à des<br />
p<strong>et</strong>ites sections de maternelle en début d’année :<br />
« Difficultés d’ordre <strong>psycho</strong>logique, car il faut<br />
accepter l’autre, supporter d’être ligoté par le<br />
groupe avec impossibilité de s’en échapper,<br />
puisque les deux mains sont prises, prendre une<br />
"attitude ouverte", alors que l’inconfort de la<br />
situation invite à une "attitude fermée".<br />
Difficultés d’ordre moteur, puisqu’il faut<br />
marcher à la vitesse des autres, dans le même<br />
sens, en suivant le même traj<strong>et</strong> <strong>et</strong> en équilibrant<br />
son rôle actif (entraîner le suivant) <strong>et</strong> son rôle<br />
passif (se laisser entraîner par le précédent) ».<br />
Extrait de "l’Ecole avant 6 ans"… un travail d’équipe/.<br />
Edition Bordas.<br />
4 ans :<br />
C’est le début du jeu collectif : il commence à<br />
accepter de partager les choses <strong>et</strong> d'attendre son<br />
tour. Il cherche un copain pour jouer même s'il le<br />
rej<strong>et</strong>te fréquemment. Il essaie ensuite rapidement<br />
de récupérer c<strong>et</strong>te amitié. Il apprend peu à peu à<br />
négocier. Il joue également avec des amis<br />
imaginaires.<br />
Il se sent grand <strong>et</strong> aime aider les plus p<strong>et</strong>its.<br />
La présence ou l'absence de certains organes<br />
(oreilles, bouche, yeux) dénotera :<br />
* ou bien un oubli par manque d'intérêt pour le<br />
dessin ce jour-là,<br />
* ou bien une conscience encore imparfaite de<br />
l'existence ou du rôle de c<strong>et</strong>te fonction,<br />
* ou même parfois une véritable censure en<br />
rapport avec des souffrances, des interdits ou<br />
des croyances. Comment trahir un secr<strong>et</strong> si on<br />
n'a pas de bouche ? Comment être complice de<br />
ce qu'on n'a pu entendre faute d'oreille ? De<br />
même l'hypertrophie d'un de ces organes<br />
montrerait-elle un sur-investissement ou une<br />
préoccupation du moment : une rage de dents<br />
ou une otite m<strong>et</strong>tront en avant, sur le<br />
dessin, les organes douloureux. L'annonce d'un<br />
besoin de port des lun<strong>et</strong>tes renforcera la<br />
présence des yeux.<br />
« Comme dans le cas d'absence de la<br />
représentation d'un organe, il<br />
faut se montrer très prudent quant à toute<br />
interprétation de son hypertrophie ». Le<br />
spécialiste entreprendra « un entr<strong>et</strong>ien avec<br />
l'enfant, qui souvent éclairera le<br />
questionnement de l'observateur ».<br />
Alain NAVARRO Rééducateur en Réseau d'Aides<br />
Spécialisées aux Elèves en difficultés<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
128
En classe de moyenne section peuvent commencer à se m<strong>et</strong>tre en place des proj<strong>et</strong>s collectifs avec<br />
définition de celui-ci, distribution des tâches à accomplir, réalisation, regroupements perm<strong>et</strong>tant de<br />
repérer l’état d’avancement <strong>et</strong> les modifications à apporter <strong>et</strong> bilan final.<br />
Il est possible ainsi de produire un grand tableau de peintures collectives qui prenne en compte les<br />
tracés des autres. En p<strong>et</strong>ite section, dans les mêmes conditions, il s’agissait de peintures parallèles :<br />
Jean faisait une maison, Jacques peut-être aussi mais aucun ne les reliait par un chemin. Cela se<br />
produira au début de la moyenne section puis peu à peu pourra naître un proj<strong>et</strong>.<br />
Dans le coin peinture des moyens, l’enseignante peut disposer des tabliers se boutonnant dans le<br />
dos… afin de m<strong>et</strong>tre en place une aide mutuelle des enfants…<br />
Le bonhomme têtard s’enrichit : une bouche, un nez, un nombril… Nous avons déjà signalé que<br />
l’enfant de moyenne section connaît maintenant les couleurs : il peut donc les préparer pour lui-même<br />
<strong>et</strong> ses camarades.<br />
Notre p<strong>et</strong>it sait s'orienter dans la rue.<br />
5 ans :<br />
A 5 ans l'enfant quitte le groupe de 3 pour un groupe<br />
plus important <strong>et</strong> il participe à des jeux avec beaucoup<br />
d'enfants. Il aime les jeux de gendarmes <strong>et</strong> de voleurs,<br />
cède sa place <strong>et</strong> attend son tour sans se fâcher. Les 1ers<br />
leaders apparaissent.<br />
Votre groupe classe sera enthousiasmé si vous lui<br />
proposez d’inviter la classe voisine des moyens…<br />
Comment procéder pour les inviter ? Combien sont-ils<br />
dans c<strong>et</strong>te classe ? Que va t-on leur offrir ? Comment<br />
va t-on s’installer à deux classes dans une seule ?...<br />
Cela nécessitera peut-être une sortie au marché pour<br />
ach<strong>et</strong>er des fruits…<br />
A 5 ans, l’enfant démontre une préférence pour les<br />
amis du même sexe.<br />
Dessins : vers 5 ans (parfois avant) un second rond<br />
apparaît sous la tête, il représente le tronc. Sa taille peut<br />
être très variable. Les mains possèdent des doigts<br />
(mains-soleil) mais le nombre de ces doigts varie. Ces<br />
« mains-soleil » peuvent parfois survenir dès 4 ans<br />
(voir page précédente). « Les membres s'épaississent <strong>et</strong><br />
se rattachent au tronc. Les proportions s'affinent. Les<br />
Le trait (jaune) sur le dessus de la tête<br />
correspond à des cheveux… pas à un chapeau.<br />
accessoires du vêtement prennent une importance croissante <strong>et</strong> l'on passe du " bonhomme " au "<br />
personnage ". Les sexes sont affirmés par l’habillage l'ornementation <strong>et</strong> le contexte. La présence de<br />
la robe ou du pantalon est le détail le plus signifiant pour déterminer son sexe. La présence de<br />
bijoux, d’un sac, d’une coiffure ou d’un chapeau… peut aussi être utilisée.<br />
… « Souvent, également, le chapeau montre le besoin de se protéger contre ce qui<br />
pourrait lui tomber sur la tête sans que le suj<strong>et</strong> y soit pour quelque chose. L'enfant<br />
traduirait par ce couvre-chef une inquiétude par rapport à un ressenti de menace ».<br />
Alain NAVARRO<br />
Les réalisations de peintures collectives prennent de l’ampleur en grande section de maternelle.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
129
A partir de 6 ans :<br />
Mensonge, vol, fugue :<br />
* On ne parle pas de mensonge chez l’enfant avant 6 ou 7 ans (dénommé parfois « l’âge "de raison" »). Il est<br />
vrai qu’avant 6 ans, l’enfant déforme souvent les faits ou en invente mais ceci n’a pas valeur de mensonge. Il<br />
n’a simplement pas encore une notion claire du vrai <strong>et</strong> du faux, de l’imaginaire <strong>et</strong> du réel... ». Ceci pose le<br />
problème du témoignage des enfants au cours des procès. Voir<br />
http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter2_2.html<br />
« Une autre forme de fabulation est l’invention d’un double, en général du même sexe, le<br />
plus souvent un frère ou une soeur, parfois un ami. L’invention d’un double est fréquente<br />
chez l’enfant de moins de 6 ans, sans trouble <strong>psycho</strong>pathologique notable »… « Chez<br />
l’enfant plus âgé, l’invention d’un double peut signifier un trouble profond »<br />
* On ne parle pas non plus de vol chez l’enfant avant 6-7 ans.<br />
* « La fugue est le fait pour l’enfant de partir sans autorisation <strong>et</strong> sans prévenir du lieu où il<br />
est sensé être, pour déambuler, le plus souvent sans but pendant plusieurs heures, parfois<br />
pendant des journées entières… Il faut attendre 6-7 ans pour parler de fugue. Les<br />
déambulations de l’enfant plus jeune qui s’éloigne de sa mère, sans que celle-ci s’en<br />
aperçoive, n’ont pas la valeur ni l’intentionnalité d’une fugue ».<br />
Service de Pédopsychiatrie du CHU d’Angers.<br />
Principe de l’obligation scolaire :<br />
L’école maternelle est facultative. L'instruction est obligatoire pour tous les enfants français<br />
<strong>et</strong> étrangers à partir de 6 ans <strong>et</strong> ceci jusqu'à l'âge de 16 ans révolus. Les enfants de 6 ans<br />
révolus au 31 décembre de l'année civile en cours doivent se présenter à l'école élémentaire.<br />
Toutefois, il existe une possibilité d'admission pour des enfants plus jeunes qui sont prêts à<br />
recevoir les enseignements de l'école élémentaire. Chaque année, à la rentrée scolaire, le<br />
maire fait connaître à l'inspecteur d'académie, les manquements à l'obligation, d'inscription<br />
dans une école ou un établissement d'enseignement public ou privé (ou de déclaration<br />
d'instruction dans la famille voir suite). Si l'infraction est constituée, les parents d'un<br />
enfant ou les personnes exerçant à son égard l'autorité parentale encourent une peine de 6<br />
mois d'emprisonnement <strong>et</strong> 7 500 EUROS d'amende (en vertu de l'article 227-17-1 du<br />
code pénal). L’école élémentaire comprend les classes suivantes : cours préparatoire (CP), cours élémentaires 1 <strong>et</strong><br />
2 (CE1 <strong>et</strong> CE2), cours moyens 1 <strong>et</strong> 2 (CM1 <strong>et</strong> CM2). Si la famille choisit d'instruire à la maison, elle doit effectuer<br />
au préalable une déclaration au Maire <strong>et</strong> à l'Inspecteur d'académie, renouvelée chaque année. Des contrôles seront<br />
effectués pour s'assurer du niveau d'instruction <strong>et</strong> de l'état de santé de l'enfant.<br />
Le groupe : à partir de 6-7 ans se m<strong>et</strong>tent en place des groupes homogènes de sexe <strong>et</strong> d’âge avec un meneur <strong>et</strong><br />
des suiveurs. Le groupe est une référence source de valorisation <strong>et</strong> d’affirmation de soi.<br />
L’individu : 6 ans, le bonhomme dessiné présente des détails vestimentaires supplémentaires. L'apparition du<br />
« profil » à 6 ans - l’enfant ne se dessine plus comme s’il se reflétait dans un miroir - signe l'aptitude à la<br />
décentration. L’enfant peut aussi se dessiner de dos, de haut ou de loin.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
130
A4) Au plan du langage :<br />
« L’apprentissage du langage est le cœur<br />
des activités à l’Ecole Maternelle »…<br />
« Le plus vite possible l’enfant est mis<br />
en situation de découvrir le conte. Les<br />
grands thèmes de la littérature orale, les<br />
grands mythes sont abordés<br />
régulièrement dès l’âge de 3 ans ». « La<br />
meilleure manière » de prendre<br />
« conscience des réalités sonores de la<br />
langue » est « de lui perm<strong>et</strong>tre de dire ou<br />
de chanter souvent des comptines, des<br />
chansons, des poésies, des jeux de<br />
doigts ». « Dès 3 ou 4 ans, l’enfant<br />
s’intéresse aux différentes écritures qui<br />
l’entourent <strong>et</strong> à la manière dont les mots<br />
écrits expriment le langage ». « La<br />
dictée à l’adulte offre à l’enfant qui ne<br />
sait pas encore écrire la possibilité de<br />
bénéficier de l’aide d’un secrétaire (le<br />
maître) pour construire des messages <strong>et</strong><br />
des textes ». « L’apprentissage d’une<br />
langue vivante commence en Grande<br />
section » 26 .<br />
3 ans : Le contenu informatif est<br />
pauvre, l'argumentation est quasi<br />
inexistante. Il joue à faire semblant. Il y<br />
a interpénétration de l’imaginaire <strong>et</strong> du<br />
réel si bien que l’enfant fabule (=<br />
présente comme réels des faits purement<br />
imaginaires ) <strong>et</strong> produit un mélange de<br />
réalité <strong>et</strong> de fantaisie. Il existe, en<br />
parallèle, de nombreux gestes <strong>et</strong><br />
mimiques. 1000 à 1200 mots.<br />
Comprend "avant", "pendant", "après",<br />
"mainte-nant" ; "lentement",<br />
"rapidement" ; "hier" (passé), "bientôt"<br />
(avenir proche), "demain" (avenir<br />
lointain).<br />
4 ans : 1800 mots. Le pronom personnel<br />
« tu » est acquis. Les pronoms possessifs<br />
sont utilisés. Construit une phrase de<br />
quelques mots exemple : « le chien<br />
mange un os ». Les notions de haut/bas,<br />
grand/p<strong>et</strong>it sont maîtrisées.<br />
Quelques exemples de<br />
situations de langage en maternelle pour<br />
« prendre la parole pour de vrai » :<br />
Apport par l’enseignant(e) ou un enfant d’un obj<strong>et</strong> insolite<br />
« Lecture » par un enfant d’un livre connu à la maîtresse, à un<br />
autre enfant ou à d’autres enfants.<br />
« Mises en scène » avec des marionn<strong>et</strong>tes, théâtre d’ombres<br />
avec figurines<br />
Situations liées à l’action :<br />
– toutes les activités de fabrication <strong>et</strong> d’expérimentation ;<br />
– visites : au marché, au zoo, en forêt, au musée…<br />
– activités motrices <strong>et</strong> rythmiques ;<br />
– activités de lecture/écriture, de mathématiques, jeux de<br />
société.<br />
Images descriptives (scènes, thèmes de la flore <strong>et</strong> de la<br />
faune, du cirque, de la vie quotidienne…)<br />
Supports : imagiers, affiches, photographies, diapositives,<br />
dessins figuratifs…<br />
Dessin, tableau, sculpture d’un artiste, figuratif ou non.<br />
Commentaires, réflexions, interventions<br />
– à partir d’un mot, d’une expression,<br />
– à partir d’une situation hypothétique (ex. : la plus grosse<br />
bêtise, le loup).<br />
Continuer une histoire dont les 1ères étapes sont connues.<br />
Création d’un poème.<br />
Coins de jeux d’imagination (jeu symbolique) : cuisine,<br />
marchand, déguisement…<br />
Bibliothèque de classe, BCD <strong>et</strong> « coin documentation »<br />
Conte, poésie<br />
Entr<strong>et</strong>ien, conversation à propos de la définition, de la mise en<br />
œuvre, de la régulation d’un proj<strong>et</strong> (de classe ou d’école),<br />
Entr<strong>et</strong>iens, conversations lors de tous les moments d’interclasse,<br />
lors du coucher <strong>et</strong> du lever (la sieste)<br />
Surtout en moyenne <strong>et</strong> la grande section<br />
Toutes les sections (pour les p<strong>et</strong>its, plutôt en fin d’année)<br />
Toutes les sections, <strong>et</strong> particulièrement en section de p<strong>et</strong>its<br />
Hélène Ali-Ouanas In Jeux de langage <strong>et</strong> dialogues à l’école<br />
maternelle, sous la direction de Frédéric François, CRDP Midi-<br />
Pyrénées. http://www.cndp.fr/zeprep/oral/art_hao.htm<br />
26<br />
Instructions officielles 2002 : « Le langage au cœur des apprentissages ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
131
Comprend c’est "le matin", "la nuit", "le jour". Début de l’orientation dans la semaine. L’enfant sait<br />
comparer, il dira par exemple que tel trait est plus large que l’autre. Souvent bavard <strong>et</strong> bruyant, il<br />
sait raconter des histoires avec une abondance de personnages imaginaires <strong>et</strong> des situations<br />
invraisemblables qu'il jure avoir vues.<br />
5 ans : 2000 mots. Il sait nommer les couleurs. Les pronoms relatifs <strong>et</strong> les conjonctions<br />
apparaissent. Il conjugue les verbes. Il distingue le matin <strong>et</strong> l’après-midi. Il organise un p<strong>et</strong>it récit à<br />
partir de sa journée vécue ou de photographies. Distingue les saisons <strong>et</strong> leurs caractéristiques (froid,<br />
chaud, vacances).<br />
6 ans : 2500 mots. Il nomme <strong>et</strong> décrit les jours de la semaine. Apprentissage de la lecture <strong>et</strong> de<br />
l’écriture. Il reconnaît sa droite <strong>et</strong> sa gauche. Il connaît son adresse <strong>et</strong> son téléphone.<br />
De 3 à 4 ans De 4 à 5 ans De 5 à 6 ans<br />
Attendus en<br />
production<br />
- Fait des<br />
énoncés<br />
télégraphiques<br />
de 4 mots en<br />
moyenne ( dont<br />
un verbe).<br />
- L'enfant peut<br />
donner son<br />
nom <strong>et</strong><br />
prénom.<br />
- Pose<br />
beaucoup de<br />
questions.<br />
- Utilise des<br />
prépositions<br />
spatiales sur,<br />
dans, sous<br />
(comprises<br />
souvent dès 30<br />
mois).<br />
- Utilise les<br />
pronoms : je,<br />
tu, elle, on,<br />
nous...<br />
- Raconte ce<br />
qu'il a fait.<br />
- Conjugue les<br />
verbes.<br />
- Utilise " être "<br />
<strong>et</strong> " avoir ".<br />
Attendus en<br />
compréhension<br />
- Comprend<br />
les questions<br />
: où ?<br />
pourquoi ?<br />
comment ?<br />
- Utilise <strong>et</strong><br />
comprend les<br />
notions<br />
spatiotemporelles<br />
(<br />
devant /<br />
derrière,<br />
demain / hier,<br />
bientôt).<br />
Attendus en<br />
production<br />
- Parle spontanément.<br />
- phrases de 4 à 5<br />
mots.<br />
- Questionne<br />
sans cesse.<br />
- Joue avec les<br />
mots, en invente.<br />
- Utilise le passé<br />
<strong>et</strong> le futur.<br />
- TOUS LES<br />
SONS sont<br />
acquis (mais il<br />
arrive que ch, j, s<br />
<strong>et</strong> z soient acquis<br />
plus tard).<br />
- Accorde les<br />
noms avec les<br />
adjectifs.<br />
- Peut utiliser le<br />
langage de<br />
l'évocation.<br />
- Adapte son<br />
discours à son<br />
interlocuteur.<br />
Attendus en<br />
compréhension<br />
- Comprend<br />
les questions<br />
: comment,<br />
quand ?<br />
- Utilise les<br />
notions de<br />
nombre, de<br />
différence :<br />
pareil / pas<br />
pareil.<br />
Attendus en<br />
production<br />
- Fait des phrases<br />
complexes (de 6 à<br />
8 mots) avec des<br />
expansions :<br />
alors, <strong>et</strong> puis,<br />
ensuite…<br />
- Conjugue les<br />
verbes<br />
correctement.<br />
- Utilise toutes les<br />
notions de temps<br />
<strong>et</strong> d'espace :<br />
demain, après, au<br />
milieu, le<br />
dernier...<br />
- Raconte de<br />
façon claire <strong>et</strong><br />
ordonnée<br />
- Maîtrise le<br />
tableau articulatoire<br />
ch, j, s <strong>et</strong> z<br />
- Fait preuve<br />
d'une bonne<br />
conscience<br />
phonologique<br />
(rimes, comptage<br />
des syllabes,<br />
suppression des<br />
syllabes).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Attendus<br />
en compréhension<br />
- Comprend<br />
toutes les<br />
consignes<br />
notamment<br />
les relatives<br />
introduites<br />
par " que ".<br />
- S'intéresse<br />
au sens des<br />
mots-<br />
Comprend<br />
les notions<br />
de<br />
"manque",<br />
de "différence".<br />
Rédigé par Mme V. AZZANO médecin scolaire, Mme L. BOISIER Association Avenir Dysphasie, Mme A. BERMOND<br />
Principal Adjoint, S. DALIBARD Association des Parents d'Enfants Dyslexiques, Mme S. DARGENT médecin CDES, M. F.<br />
DEWALLY Psychologue scolaire, M. DUBY Inspecteur d'Education Nationale, M. Ch. GUIGNE médecin conseiller<br />
technique,M. A. KAZMIERCZAK maître G, Mme M. KROSNICKI maître E, Mme D. LAURENT Conseillère d'Orientation<br />
Psychologue, Mme M.O. TALLON médecin scolaire, Mme C. WESTER Conseiller pédagogique. Quelques p<strong>et</strong>its ajouts.<br />
132
B) Troubles articulatoires, r<strong>et</strong>ard de parole,<br />
du r<strong>et</strong>ard de langage aux dysphasies :<br />
Introduction :<br />
Les troubles du langage oral regroupent les troubles articulatoires 27 (l’articulation concerne<br />
l’organisation des sons pris isolément. On dit qu’une personne est atteinte de troubles articulatoires<br />
quand elle est incapable de prononcer un ou plusieurs sons), le bégaiement 4 (trouble du débit avec<br />
blocages <strong>et</strong> répétitions saccadées <strong>et</strong> signes moteurs : tics, crispations… en l’absence d’anomalies<br />
organiques), le r<strong>et</strong>ard 28 de parole (la parole concerne l’organisation, l’enchaînement des sons au<br />
sein des mots), le r<strong>et</strong>ard 5 de langage oral = r<strong>et</strong>ard 5 simple de langage oral (le langage concerne<br />
l’organisation des mots au sein de la phrase, le r<strong>et</strong>ard de langage correspond à une altération de la<br />
structure de la phrase), les dysphasies (r<strong>et</strong>ards de langage oral plus persistants).<br />
B1 : Le r<strong>et</strong>ard de parole<br />
L'enfant prononce bien les phonèmes 29 isolément mais déforme les mots au point que son langage<br />
peut être parfois peu intelligible. Pour être plus précis : le r<strong>et</strong>ard de parole se caractérise par un stock<br />
lexical correct, l’absence d’anomalies syntaxiques, la capacité à produire chaque son isolément mais<br />
souvent le maintien d’un parler bébé au delà de 4-5 ans <strong>et</strong> des altérations de phonèmes dans des<br />
mots reconnus : raccourcis ("feur" pour "fleur") y compris des finales ("voitu" pour "voiture"),<br />
inversions ( "bour<strong>et</strong>te" pour "brou<strong>et</strong>te"), assimilation ("nun<strong>et</strong>te" pour "lun<strong>et</strong>te"), interversion<br />
("pestacle" pour "spectacle", "tacalogue" pour "catalogue" ou "cocholat" pour "chocolat"),<br />
simplification ("papluie" pour "parapluie", "tatine" pour "tartine").<br />
La cause la plus fréquente est une immaturité au niveau des mouvements des joues, de la langue, du<br />
voile du palais <strong>et</strong> une mauvaise coordination avec la respiration. Il existe aussi des r<strong>et</strong>ards de parole<br />
liés à une mauvaise perception des sons <strong>et</strong> ceci sans que l’enfant soit sourd (l’enfant entend "lababo"<br />
au lieu de "lavabo" ou ne différencie pas "pluie" <strong>et</strong> "puis"). Un r<strong>et</strong>ard de parole à 3 ans <strong>et</strong> demi, a<br />
fortiori plus tard, doit donner lieu à un bilan orthophonique.<br />
Le traitement doit perm<strong>et</strong>tre une prise de conscience de la place des sons dans les mots, de leur<br />
succession dans le temps. Les orthophonistes emploient souvent des j<strong>et</strong>ons de couleurs différentes<br />
qui symbolisent les syllabes d’un mot : on joue sur l’ordre, on remplace un j<strong>et</strong>on par un autre, on<br />
cherche la conséquence du r<strong>et</strong>rait d’un j<strong>et</strong>on…<br />
B2 : Le r<strong>et</strong>ard de langage<br />
On parle de r<strong>et</strong>ard de langage lorsque la première phrase apparaît après 3 ans, lorsque la syntaxe<br />
est altérée avec agrammatisme <strong>et</strong> omissions de mots (Exemple : "je vais prendre la brosse " devient<br />
"la brosse moi va prendre"), lorsqu’il n’existe pas de formes déviantes (par ex. "flûte" qui<br />
deviendrait "slufe") <strong>et</strong> lorsque le trouble ne persiste pas après 6 ans.<br />
Un r<strong>et</strong>ard de langage peut s’accompagner d’un r<strong>et</strong>ard de parole lorsque qu’à une syntaxe non<br />
respectée s’associe une déformation des sons dans les mots. Exemple : "j'ai pris la brosse sur la<br />
table" devient non pas " pris la brosse la table moi" mais "pri a bro a tab moi".<br />
27<br />
Lire les polycopiés : « Bégaiements » <strong>et</strong> « Les troubles articulatoires » par J-P Geslin.<br />
28<br />
Le "r<strong>et</strong>ard" sous-entend rattrapage <strong>et</strong> évolution vers la normalisation.<br />
29<br />
Le phonème est la plus p<strong>et</strong>ite unité, dénuée de sens en elle-même, que l’on puisse délimiter dans la chaîne parlée. On<br />
peut aussi dire que c’est un « son » de la chaîne parlée. La phonologie est étude des phonèmes.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
133<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.
B3 : Les dysphasies<br />
« On estime à 7% environ des enfants de 3 ans <strong>et</strong> demi, la fréquence des troubles spécifiques<br />
du développement du langage oral. La grande majorité guérit avant ou autour de 6 ans <strong>et</strong> constitue ce<br />
qui est appelé en France "un r<strong>et</strong>ard de langage". Une plus p<strong>et</strong>ite partie (environ 1% des enfants) ne<br />
guérit pas dans ces délais <strong>et</strong> constitue "les dysphasies de développement" ».<br />
Catherine Billard, Neuropédiatre, Unité de rééducation neuro<strong>psycho</strong>logique <strong>et</strong> motrice de l'enfant Hôpital du Kremlin-Bicêtre<br />
« Les dysphasies de développement se définissent<br />
comme un trouble sévère <strong>et</strong> spécifique du développement du<br />
langage oral (TSDLO). Le trouble du langage oral y est spécifique<br />
car il n’est expliqué ni par une déficience mentale, ni par un<br />
trouble sensoriel (surdité) ou neurologique moteur (Infirmité<br />
motrice cérébrale), ni par un trouble de la communication<br />
(autisme) ou une déprivation sociale ou <strong>psycho</strong>affective. Le<br />
trouble y est sévère car il perdure bien au-delà de 6 ans ».<br />
« La communication de l’enfant (hormis celle passant par le langage oral) est normale avec, en<br />
particulier, souvent une richesse de communication gestuelle. Il n’existe pas de troubles relationnels<br />
massifs. Cependant une hyperkinésie 30 est fréquente, laquelle peut être liée aux difficultés de l’enfant<br />
<strong>et</strong> de ses parents devant ce trouble de l’expression <strong>et</strong> la souffrance liée à l’échec qui en résulte ».<br />
Catherine Billard, Neuropédiatre.<br />
« La dysphasie se définit par l’existence d'un déficit durable des<br />
performances verbales, significatif en regard des normes établies<br />
pour l'âge. C<strong>et</strong>te condition n'est pas liée à un déficit auditif, à une<br />
malformation des organes phonatoires, à une insuffisance<br />
intellectuelle, à une lésion cérébrale acquise au cours de l'enfance, à<br />
un trouble envahissant du développement, à une carence grave<br />
affective ou éducative » (Gérard).<br />
« Ce n'est pas de l'autisme sous une forme atténuée. Un enfant<br />
dysphasique ne refuse pas le contact, il a des difficultés à<br />
s'exprimer par le langage mais recherche quand même le contact <strong>et</strong><br />
souffre de ne pouvoir s'exprimer correctement. D'où souvent des<br />
problèmes <strong>psycho</strong>logiques ».<br />
« Ce n'est pas un r<strong>et</strong>ard intellectuel, les enfants dysphasiques ont<br />
des fonctions intellectuelles tout à fait normales, un QI comparable à celui des autres enfants de<br />
leur âge, pour peu que l'examinateur utilise des tests ne faisant pas appel au langage ».<br />
Philippe MICHEL Médecin <strong>et</strong> père d'un enfant dysphasique.<br />
« La dysphasie est une anomalie du développement du langage en lien avec un dysfonctionnement des<br />
structures cérébrales spécifiquement mises en jeu lors du traitement de l'information langagière».<br />
Mazeau<br />
La dysphasie se manifeste comme un trouble sévère par un r<strong>et</strong>ard de langage <strong>et</strong><br />
des altérations déviantes des composantes phonologiques (sons des mots),<br />
syntaxiques (structure des phrases), sémantiques (sens donné aux mots <strong>et</strong> aux<br />
phrases) ou pragmatiques (utilisation du langage selon le contexte).<br />
http://www.ais.edres74.ac<br />
Groupe départemental de pilotage sur les troubles du langage, septembre 2003.<br />
30<br />
Hyperkinésie = instabilité <strong>psycho</strong>motrice.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
« La survenue de difficultés<br />
d’apprentissage du langage écrit<br />
(dyslexie de développement) est<br />
rare dans l’évolution d’un r<strong>et</strong>ard<br />
de langage (environ 10 %) mais<br />
est beaucoup plus fréquente<br />
dans les dysphasies (quasi 90%<br />
des cas) ».<br />
Logo québécois de la dysphasie.<br />
134
En fait, il n’existe pas une dysphasie mais des dysphasies. « Les auteurs s’entendent pour différencier<br />
les dysphasies d’expression, de loin les plus fréquentes, où le trouble du langage touche avant tout<br />
le versant expressif du langage, <strong>et</strong> les dysphasies réceptives, rares voire très rares, mais plus<br />
graves… Le sens de « dysphasies réceptives » varie selon les auteurs : pour certains, elles<br />
n’affectent que le versant réceptif (Fortin) alors que pour d’autres elles touchent « à la fois le versant<br />
expressif <strong>et</strong> réceptif » (Catherine Billard) ce qui les fait nommer parfois "dysphasies mixtes" (Fortin).<br />
2 grands types de dysphasies d’expression :<br />
* Le syndrome de trouble de la programmation phonologique :<br />
Le débit est normal mais la prononciation des sons est si déformée<br />
que le langage oral devient inintelligible<br />
* La dysphasie lexico-sémantique :<br />
Il y a répétition sans difficulté de mots <strong>et</strong> de phrases. Le langage<br />
spontané est correct mais il existe des difficultés à élaborer un récit<br />
sur demande, à commenter les propos de l’interlocuteur ou des images<br />
présentées. « Souvent le mot adéquat semble… manquer ».<br />
2 grands types de dysphasies mixtes :<br />
* "l’agnosie verbale" = incapacité à reconnaître les sons<br />
du langage malgré une audition normale : « Du point de vue clinique, les enfants se comportent<br />
comme des enfants sourds. Lors des tests d’audiométrie… ils prétendent ne pas percevoir certains<br />
sons. Pourtant la réalisation de potentiels évoqués auditifs montre un fonctionnement électrique<br />
normal du nerf auditif <strong>et</strong> des aires concernées du cortex cérébral. Ces enfants… ne parlent pas du tout<br />
ou très peu. Généralement des stratégies de compensation existent : communication à l’aide<br />
d’onomatopées, de mimiques ou d’une gestuelle particulière. D’autres enfants peuvent adopter une<br />
attitude de repli qui évoque fortement un syndrome autistique, ce qui peut perturber le diagnostic ».<br />
* "dysphasie phonologico-syntaxique" (la + fréquente).<br />
« Le langage des enfants est très pauvre, le vocabulaire<br />
restreint <strong>et</strong> surtout caractérisé par la non-utilisation des mots<br />
de fonction, des articles <strong>et</strong> des propositions. En outre, lors de<br />
la prononciation d’un mot, ces enfants oublient souvent une<br />
ou plusieurs l<strong>et</strong>tres ».<br />
« A la différence de l’agnosie verbale, la non compréhension<br />
des mots… porte sur un domaine particulier du langage » (par<br />
exemple des substantifs ou des adjectifs).<br />
J-B Gouyon : Science <strong>et</strong> vie n° spécial : "Du langage aux langues". Juin 2004.<br />
Dysphasies réceptives pures (ce que l’enfant comprend)<br />
dites parfois « dysphasies inclassables » :<br />
Dans le déficit sémantique-pragmatique on n’observe<br />
aucun trouble de la production du langage (l’articulation est<br />
en particulier bonne) mais il existe un trouble manifeste de la<br />
compréhension. L’enfant comprend mal les mots, les<br />
situations <strong>et</strong> les tâches.<br />
Ce sont des enfants pourvus d’une bonne mémoire <strong>et</strong> qui<br />
r<strong>et</strong>iennent des phrases toutes faites mais qu’ils n’analysent<br />
pas correctement. Ils utilisent ces phrases textuellement, de<br />
façon rigide <strong>et</strong> figée, comme s’il s’agissait de mots.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Logo Copyright Jean-Marc Elzingre <strong>et</strong><br />
dysphasie.ch. Suisse dysphasie.<br />
Schémas : Bouchard <strong>et</strong> al, Aq<strong>et</strong>a 2002)<br />
135
Le diagnostic de trouble du langage oral ne peut<br />
pas être porté avant 3 ans. La clef de la réussite<br />
d’un traitement reste néanmoins le dépistage<br />
précoce. « Et à c<strong>et</strong> égard, la classe de grande section<br />
de maternelle est un lieu privilégié. D’autant plus<br />
qu’il est capital de corriger ces troubles avant<br />
l’entrée en cours préparatoire… ». Jean-Baptiste Gouyon<br />
(2004).<br />
- Le repérage incombe aux enseignants qui se<br />
doivent d'identifier au sein du groupe classe, les<br />
enfants en difficulté de langage.<br />
- Le dépistage systématique revient aux<br />
services médicaux (de PMI pour les enfants de<br />
3 - 4 ans, de santé scolaire dès 5 ans),<br />
Remarque : La dyslexie se définit<br />
comme la difficulté durable<br />
d'apprentissage de la lecture (mais<br />
aussi de l’écriture <strong>et</strong> de l’orthographe)<br />
<strong>et</strong> d'acquisition de son automatisme<br />
chez un enfant normalement intelligent,<br />
indemne de troubles sensoriels ou<br />
<strong>psycho</strong>logiques. Il faut distinguer<br />
enfants dyslexiques <strong>et</strong> enfants mauvais<br />
lecteurs/mauvais orthographieurs.<br />
Nous n’aborderons pas ici ce suj<strong>et</strong>…<br />
lire notre polycopié spécialisé « La<br />
dyslexie » (65 pages).<br />
dépistage qui repose sur une formation spécifique <strong>et</strong> l'utilisation d'outils validés <strong>et</strong><br />
étalonnés pour identifier les enfants en difficultés langagières.<br />
- Le diagnostic est une démarche pluridisciplinaire (au minimum un orthophoniste, un<br />
médecin <strong>et</strong> un <strong>psycho</strong>logue) comprenant un bilan de langage, un examen médical <strong>et</strong> un<br />
examen <strong>psycho</strong>logique.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
136
C) C) L’ENFANT L’ENFANT L’ENFANT PEUT PEUT-IL PEUT IL IL FAIRE ABSTRACTION DE CE QU’IL SAIT SAIT AFIN<br />
S ‘IMAGINER LES REACTI REACTIONS REACTI<br />
ONS D’UNE D’UNE AUTRE AUTRE PERS PERSONNE PERS ONNE ?<br />
Nous avons en IIIA présenté la pensée égocentrique : attitude spontanée qui enferme l’enfant<br />
dans son propre point de vue avec une incapacité à prendre en compte celui d’autrui <strong>et</strong> considérée<br />
comme perdurant jusqu’à 4 ans. Travaillons plus avant à ce suj<strong>et</strong> :<br />
1) Dans quel placard Maxi va t-il trouver le chocolat ? (épreuve dite de<br />
« l’inférence des fausses croyances »).<br />
On présente à un enfant :<br />
* 2 poupées : l’une représente le p<strong>et</strong>it garçon "Maxi " <strong>et</strong> l’autre sa maman.<br />
* 2 boîtes : l’une bleue <strong>et</strong> l’autre rouge symbolisant 2 placards d’une cuisine.<br />
* Un morceau de plastique dont on dit qu’il représente une tabl<strong>et</strong>te de<br />
chocolat.<br />
L’adulte raconte <strong>et</strong> mime la scène suivante :<br />
« Maxi <strong>et</strong> sa maman revienne de faire les course <strong>et</strong> les rangent dans la<br />
cuisine. Maxi place le chocolat dans le placard bleu puis sort de la pièce<br />
pour aller jouer dehors. Lorsqu’il est parti, la maman de Maxi utilise une<br />
partie du chocolat pour faire un gâteau <strong>et</strong> range le reste dans le placard<br />
rouge. Maxi revient, il a faim <strong>et</strong> veut manger du chocolat ».<br />
Question : « Montre moi où Maxi va aller chercher le chocolat : dans le placard bleu ou dans<br />
le placard rouge ? »<br />
Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />
Jusqu’à 5 ans environ, les enfants désignent le lieu final (placard rouge) en se référant à la réalité<br />
mais sans considération que Maxi n’a pas été témoin du déplacement.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Remarque :<br />
l’inférence est<br />
une opération<br />
intellectuelle<br />
par laquelle on<br />
passe d'une<br />
vérité à une<br />
autre vérité,<br />
jugée telle en<br />
raison de son<br />
lien avec la<br />
première .<br />
137
En revanche, les enfants de 5 à 6 ans désignent invariablement le placard bleu.<br />
Conclusion : les enfants de moins de 5 ans ne peuvent pas concevoir qu’autrui<br />
puisse avoir une croyance ou une représentation qui diffère de la réalité (ou de<br />
ce qu’ils en connaissent ou de ce qu’ils croient eux-mêmes).<br />
2) Smarties ou stylo ? (autre épreuve dite de « l’inférence des fausses<br />
croyances »).<br />
Le fait d’utiliser un scénario moins complexe <strong>et</strong> d’avoir montré à l’enfant que sa propre<br />
représentation est erronée l’aide t-il à prendre en compte celle des autres ?<br />
L’enfant de moins de 5 ans dit que son partenaire va croire que la boîte de Smarties contient<br />
un stylo.<br />
Conclusion : les enfants de moins de 5 ans ne comprennent pas que 2 personnes, eux-mêmes <strong>et</strong><br />
autrui, puissent avoir des représentations différentes de la réalité<br />
L’enfant réalise t-il que sa propre représentation initiale a changé ?<br />
On poursuit l’expérience en demandant à l’enfant ce qu’il croyait que la boîte contenait avant<br />
qu’elle soit ouverte <strong>et</strong> que son contenu réel lui soit présenté...<br />
Il répond « un stylo ! »…<br />
Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />
Difficulté de compréhension ou impossibilité de se référer à sa propre fausse représentation ?<br />
L’enfant de moins de 5 ans ne peut concevoir qu’un même état du monde puisse faire l’obj<strong>et</strong> de<br />
représentations mentales diverses.<br />
Les diverses tentatives de simplification des scénarios <strong>et</strong> des consignes, le fait de faire jouer à l’enfant<br />
un rôle actif n’ont rien changé au résultat.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
138
D) D) L’ENFANT L’ENFANT PEUT PEUT-IL PEUT IL CONCEVOIR QU’IL EEXISTE<br />
E<br />
XISTE PLUSIEURS<br />
REPRESENTATIONS REPRESENTATIONS D’UN D’UN D’UN MEME OBJET ?<br />
III D1) L’épreuve dite de « coordination des points de vue » :<br />
Un adulte <strong>et</strong> un<br />
enfant de 3 ou<br />
4 ans sont<br />
assis face à<br />
face <strong>et</strong> séparés<br />
par une table<br />
sur laquelle<br />
repose une<br />
image. L’un la<br />
voit donc à<br />
l’endroit <strong>et</strong><br />
l’autre à<br />
l’envers.<br />
L’enfant de<br />
moins de 5 ans<br />
peut préciser<br />
sans aucune<br />
difficulté s’il voit<br />
l’image à<br />
l’endroit ou à<br />
l’envers.<br />
S’il la voit à<br />
l’endroit, il en<br />
déduit que son<br />
partenaire la voit<br />
aussi à l’endroit !<br />
L’échec est<br />
systématique.<br />
… A relier également avec l’égocentrisme enfantin…<br />
Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />
A partir de 5 ans, soumis à la même question, dans les mêmes conditions, il déduit que si lui la<br />
voit à l’endroit, l’adulte la voit alors à l’envers.<br />
A noter que c<strong>et</strong>te expérience est réussie un peu plus tôt que celles qui précèdent <strong>et</strong> que celle<br />
qui suit…<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
139
III D2) Distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité :<br />
On montre à un enfant âgé de 3 ou 4 ans un obj<strong>et</strong> trompeur : par exemple un livre dont il découvre, en le<br />
manipulant, qu’il s’agit en fait d’une boîte.<br />
Anne-Marie Mellot : « La représentation de l’esprit chez l’enfant ».<br />
Les enfants de 3 ou 4 ans échouent quasi systématiquement dans la distinction de<br />
l’apparence <strong>et</strong> de la réalité. Les enfants de 5 ans <strong>et</strong> plus, eux, y parviennent.<br />
Remarque personnelle :…Mais … en IIIC2 l’enfant a pourtant admis que la<br />
boîte de Smarties contenait un stylo… alors que l’apparence était pourtant<br />
trompeuse… pourquoi n’adm<strong>et</strong>-il pas que le livre est en fait une boîte ? Rapport<br />
avec le fait que la motivation est plus forte <strong>et</strong> donc que la mémorisation<br />
s’effectue mieux lorsqu’il y a référence à une gourmandise ?<br />
Evolution de l’enfant :<br />
Pour 75 % des enfants la réussite se fait selon l’ordre D1 (coordination des points de vue), D2<br />
(distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité), B (inférence de fausses croyances).<br />
Pour 25 % des enfants la réussite se fait selon l’ordre D1 (coordination des points de vue), A<br />
(inférence de fausses croyances), D2 (distinction entre apparence <strong>et</strong> réalité).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
140
E) E) le le STADE STADE DE DE LA LA PENSEE PREOPERATOIRE<br />
PREOPERATOIRE (2 (2 A A 7 7 ANS) ANS) :<br />
Jean Piag<strong>et</strong> (1896-1980)<br />
Frapper est un des schèmes<br />
préféré employé par des<br />
bébés pour explorer leur<br />
environnement proche<br />
Nous avons, dans le IIC, consacré au développement intellectuel de<br />
l’enfant de 0 à 3 ans, les 1ers stades selon Jean Piag<strong>et</strong>. Sa théorie<br />
constructiviste présente en eff<strong>et</strong> l’accession aux formes les plus<br />
élaborées de la pensée comme une succession de stades. L'ordre de<br />
succession des stades est constant Chacun de ces stades est marqué<br />
par un palier d’équilibre atteint au terme d’un échange dynamique<br />
entre l’enfant <strong>et</strong> son milieu. Tout stade constitue à la fois un niveau<br />
d'achèvement <strong>et</strong> un stade de préparation<br />
C’est donc une théorie interactionniste, elle fait appel à 2 concepts<br />
empruntés à la biologie : l’accommodation <strong>et</strong> l’assimilation :<br />
l’enfant évolue afin de s’ajuster aux facteurs extérieurs (c’est<br />
l’accommodation 31 ), ou au contraire les incorpore dans ses schèmes<br />
intérieurs ( c’est l’assimilation 32 ).<br />
L'assimilation se produit quand<br />
ils incorporent des nouveaux<br />
obj<strong>et</strong>s au schème.<br />
Dessins provenant de www.abacon.com/ slavin/t5.html.<br />
Pour mémoire (voir pages 91 à 94) : le stade de l'intelligence sensori- motrice<br />
Il se développe de 0 à 18 mois-2ans. C'est une intelligence sans pensée, uniquement pratique, qui se<br />
développe grâce à l'expérience concrète. Se succédaient des actions réflexes (de la naissance à 1 mois),<br />
des actions découvertes par hasard sur le corps (réactions circulaires primaires de 1 à 4,5 mois) puis sur<br />
les obj<strong>et</strong>s (réactions circulaires secondaires de 4,5 à 8,5 mois ), actions intentionnelles de 8,5 mois à 18<br />
mois. 18 mois - 2 ans constitue une phase de transition avec l’étape suivante : l’enfant commence à<br />
parler <strong>et</strong> à mentaliser ses inventions. Il passe d’une intelligence sans langage, sans représentations, à<br />
une intelligence représentative.<br />
Les schèmes sont des structures mentales inconscientes destinées à traiter l’information. Ils sont stockés dans la mémoire<br />
à long terme <strong>et</strong> fonctionnent automatiquement. Voir aussi page 92.<br />
31 L’accommodation est un processus intervenant dans le traitement de l’information qui perm<strong>et</strong> de modifier le schème,<br />
afin d’introduire une nouvelle donnée de l’expérience. C’est le processus inverse de l’assimilation.<br />
32 Au plan biologique, assimiler, c’est transformer en sa propre substance... Quand le lapin assimile l’herbe, il la<br />
transforme en lapin. L’assimilation est un processus intervenant dans le traitement de l’information qui perm<strong>et</strong> de<br />
modifier les informations extérieures, afin de les faire entrer dans un schème.<br />
L’accommodation se produit<br />
quand le nouvel obj<strong>et</strong> ne s’adapte<br />
pas au schème existant<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
141
La phase préopératoire qui peut, selon Piag<strong>et</strong>, être subdivisée en stade<br />
préconceptuel (2-4 ans) <strong>et</strong> stade intuitif (4-7 ans).<br />
Stade préconceptuel de 2 à 4 ans :<br />
La période préopératoire commence avec l’apparition de « la<br />
représentation symbolique » qui consiste à élaborer « en<br />
pensée » des images à partir des obj<strong>et</strong>s du monde réel non<br />
immédiatement présents à la vue, à l’odorat, au toucher, au<br />
goût ou à l’ouie. L'enfant n'agit plus par tâtonnements<br />
successifs mais réfléchit avant d'agir : l'intelligence symbolique<br />
est une intelligence avec pensée. L’enfant traduit ses pensées<br />
dans des formes pouvant être communiquées à autrui. Des<br />
signifiants : symboles <strong>et</strong> signes sont utilisés pour représenter<br />
des signifiés (des obj<strong>et</strong>s, des lieux, des situations).<br />
La fonction symbolique se manifeste par :<br />
L'imitation différée : l’imitation correspond à la répétition<br />
<strong>et</strong> à la reproduction de certaines attitudes d'autrui. Ici<br />
« différée », elle se produit en l'absence du modèle reproduit.<br />
En différant l'imitation l'enfant se distingue plus n<strong>et</strong>tement de<br />
l'autre qu'il imite… (voir aussi ci-contre travaux de Wallon).<br />
Le " jeu symbolique " = jeux de simulacre = jeux de fairesemblant<br />
= jeux de fiction. L'imitation n'est plus seulement<br />
différée mais intériorisée. Elle perm<strong>et</strong> de revivre certains<br />
évènements, au lieu de se contenter d'une évocation mentale.<br />
Elle concerne souvent en particulier des conflits affectifs. Le<br />
jeu symbolique perm<strong>et</strong> de reproduire des p<strong>et</strong>its drames vécus<br />
par exemple dans un jeu de poupée <strong>et</strong> de parvenir à une<br />
solution plus heureuse.<br />
Le langage (qui véhicule sa pensée)<br />
Le dessin (réaliste d’intention qui perm<strong>et</strong> de tracer ses<br />
images mentales mais aussi dessin interprété, l'enfant<br />
attribuant après-coup une signification à ses gribouillis).<br />
Le stade intuitif de 4 à 7 ans :<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
WALLON Henri (1879 -<br />
1962), agrégé de philosophie,<br />
docteur en médecine, définit<br />
un « stade du<br />
personnalisme » qui s’étend<br />
durant toute la maternelle, de<br />
3 à 6 ans.<br />
Pour Henri Wallon, durant<br />
c<strong>et</strong>te période, l'imitation est<br />
à visée plus affective <strong>et</strong><br />
sociale qu'intellectuelle :<br />
« elle instaure un jeu<br />
d'identification de ce qui est<br />
pareil <strong>et</strong> différent entre soi <strong>et</strong><br />
autrui. Au cours des<br />
échanges, l'alternance du<br />
besoin d'imiter <strong>et</strong> de se<br />
différencier explique toute la<br />
richesse des comportements<br />
de participation <strong>et</strong><br />
d'opposition ».<br />
Dictionnaire de Pédagogie chez Bordas<br />
La sériation chronologique <strong>et</strong> la sériation en taille par<br />
tâtonnement sont effectuées entre 4 <strong>et</strong> 5 ans. Un enfant de 5 ans<br />
peut classer des billes suivant leurs tailles ou leurs couleurs, mais<br />
il n’est pas capable de classer les idées. Ces structures acquises<br />
ne concernent donc que les obj<strong>et</strong>s concr<strong>et</strong>s, les idées nécessitant<br />
des représentations plus complexes.<br />
Afin de préciser ce que Piag<strong>et</strong> nomme « la pensée<br />
intuitive » nous présenterons 3 épreuves qu’il a fait réaliser à des enfants : l’épreuve des j<strong>et</strong>ons,<br />
l’épreuve des boul<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> boudins de pâte à modeler <strong>et</strong> l’épreuve du transvasement...<br />
142
Epreuve des j<strong>et</strong>ons <strong>et</strong> non –conservation des quantités discontinues :<br />
Si l’on place devant un enfant de 5 à 6 ans, 2 rangées de 6 à 8<br />
j<strong>et</strong>ons qui sont en correspondance terme à terme 33 , l’enfant<br />
adm<strong>et</strong> l’égalité numérique des 2 rangées.<br />
Il peut même constituer (toujours à 5-6 ans 34 ) lui-même une 2 ème rangée de j<strong>et</strong>ons<br />
bleus, par correspondance terme à terme avec les j<strong>et</strong>ons rouges, si on lui demande de<br />
m<strong>et</strong>tre « autant » ou « la même chose ». C’est une stratégie de comparaison des<br />
quantités 35 .<br />
Si on modifie les correspondances de telle façon que l’une des<br />
lignes soit plus longue que l’autre, l’enfant pense que les<br />
quantités ont changé.<br />
La ligne la plus longue est considérée comme contenant plus d’obj<strong>et</strong>s. Il suffit que l'expérimentateur<br />
éloigne le dernier j<strong>et</strong>on de sa rangée pour que l'enfant ajoute un (ou plusieurs) j<strong>et</strong>on(s) bleus(s) à sa<br />
propre rangée. Ceci prouve que l’enfant n’a pas encore acquis la conservation des quantités.<br />
Conclusion provisoire : pour le jeune enfant de moins de 7 ans,<br />
la correspondance terme à terme ne suffit pas pour entraîner<br />
l'équivalence durable des collections, du moins lorsque la<br />
configuration perceptive globale est modifiée. L'enfant à ce niveau<br />
ne fonde donc ses jugements quantitatifs (correspondance<br />
numérique) que sur la perception qualitative de l'ensemble de la<br />
collection (similitude ou différence topographique) <strong>et</strong> non sur ses<br />
éléments constitutifs.<br />
Il faudra attendre le stade dit opératoire, entre 7 <strong>et</strong> 8 ans, pour que<br />
l'enfant adm<strong>et</strong>tre que l'égalité est conservée même après<br />
l'éloignement du dernier j<strong>et</strong>on (<strong>et</strong> ceci quelle que soit par ailleurs<br />
la configuration adoptée pour la 1ère rangée).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Vous allez voir page<br />
suivante que<br />
j’comprends bien plus<br />
vite si on sait me<br />
motiver…<br />
33 Correspondance terme à terme :<br />
Du point de vue des mathématiques, la correspondance terme à terme est liée à la notion de<br />
bijection. On appelle bijection d’un ensemble A vers un ensemble B, une relation qui à tout élément<br />
de A associe un <strong>et</strong> un seul élément de B, <strong>et</strong> telle que tout élément de B est l’image d’un <strong>et</strong> d’un seul<br />
élément de A.<br />
La mise en correspondance terme à terme est un outil de comparaison de collections. Elle suppose<br />
initialement la mise en correspondance manipulée ou représentée de chaque élément d’une<br />
collection avec un élément <strong>et</strong> un seul de l’autre collection <strong>et</strong> ceci de manière exhaustive pour l’une<br />
des deux collections au moins.<br />
Dans le cas particulier où, après avoir appliqué c<strong>et</strong>te procédure, il s’avère que chaque élément de la<br />
première collection est en correspondance avec un élément <strong>et</strong> un seul de la première, <strong>et</strong> par là<br />
même que chaque élément de la seconde est en correspondance avec un élément <strong>et</strong> un seul de la<br />
première, les deux collections ont le même nombre d’éléments (sont équipotentes ou ont le même<br />
cardinal). M. Fenichel, juin 2000.<br />
34 Entre 4 <strong>et</strong> 5 ans environ, l'enfant élabore, en serrant plus ou moins les j<strong>et</strong>ons, une rangée de<br />
même longueur mais sans que la densité soit nécessairement la même que celle de la rangée<br />
modèle. Piag<strong>et</strong> parle d’intuition simple, l’opposant à l’intuition articulée de l’enfant de 5-6 ans.<br />
35 En classe, on peut m<strong>et</strong>tre en commun, les différentes stratégies inventées par les enfants pour<br />
comparer les quantités. Certains élèves tracent « des ficelles » pour aller d’un terme à l’autre.<br />
143
… Pourtant en 1967 Melher <strong>et</strong> Bever ont remis en cause c<strong>et</strong>te idée grâce à<br />
une expérience analogue mais où c<strong>et</strong>te fois les billes sont remplacées<br />
par… des bonbons.<br />
En 1974, Mc Garrigle <strong>et</strong> Donalson ont pu montrer que les enfants de 3 ans<br />
adm<strong>et</strong>tent l'égalité de deux rangées de j<strong>et</strong>ons malgré la modification faite<br />
sur la longueur de l'une d'entre elles. Ils ont situé le problème dans un<br />
cadre ludique : "un vilain ours" qui aime faire des bêtises comme celle<br />
d'allonger une des 2 rangées de j<strong>et</strong>ons…<br />
Le changement de contexte via la nourriture ou l'aspect ludique<br />
pourrait donc modifier les résultats… du rôle de la pédagogie…<br />
Proposition pour un mémoire de professeur des écoles 2 ème année : placer<br />
les j<strong>et</strong>ons dans 2 p<strong>et</strong>ites boîtes fermées, allongées <strong>et</strong> transparentes. Faire secouer par l’enfant la<br />
2 ème boîte pour perdre la correspondance terme à terme… me communiquer les résultats en<br />
fonction de l’âge.<br />
Epreuve des boul<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> boudins de pâte à modeler...<br />
<strong>et</strong> non-conservation des volumes (quantités continues) :<br />
Dessins provenant de www.abacon.com/ slavin/t5.html.<br />
L’expérimentateur présente à un enfant, deux boul<strong>et</strong>tes de pâte à modeler égales.<br />
L’enfant confirme qu’elles contiennent la même quantité de pâte. L’adulte en déforme l’une<br />
des 2, la roulant pour constituer une forme en "saucisse". C<strong>et</strong>te opération est effectuée<br />
devant l’enfant. L’adulte interroge ensuite l’enfant, lui demandant si la boule <strong>et</strong> la saucisse<br />
contiennent la même quantité de pâte à modeler. L'enfant ne voit plus l'égalité de poids ou de<br />
volume.<br />
Il ne faut pas confondre réversibilité avec renversabilité.<br />
La renversabilité est une notion appartenant à la période<br />
intuitive. « L'enfant de ce stade développemental n'a pas encore<br />
acquis la conservation de la quantité… Néanmoins, il sait<br />
intuitivement que si l'obj<strong>et</strong> transformé revient à sa forme initiale,<br />
il aura la même quantité qu'avant la transformation. Si l'on<br />
reprend l'exemple précédent, l'enfant pensera que le saucisson est<br />
plus grand car il est plus long soit qu'il est plus p<strong>et</strong>it car il est<br />
plus étroit. Donc selon lui les quantités auront changé.<br />
Cependant, l'enfant saura que si l'on rem<strong>et</strong> le saucisson dans sa<br />
forme initiale, les deux boules auront à nouveau la même quantité ».<br />
Renversabilité : extrait de http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/0001/bin66/textes/revc.htm<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
144
Récipients, contenus <strong>et</strong> non-conservation des volumes (quantités continues) :<br />
http://www.abacon.com/slavin/t8.html<br />
Présentons<br />
d’abord à des enfants de différents âges (5 <strong>et</strong> 7 ans) deux récipients A <strong>et</strong> B cylindriques de hauteur<br />
<strong>et</strong> de largeur identiques qui contiennent la même quantité d'eau. Demandons leur de comparer le<br />
niveau de liquide dans les 2 récipients : ils conviennent sans difficulté qu’ils renferment la même<br />
quantité d’eau.<br />
Dans un second temps trans-vasons (en présence de l’enfant) le contenu d'un des récipients (B par<br />
exemple) dans un autre C plus haut <strong>et</strong> plus étroit (ou dans un récipient D moins haut <strong>et</strong> plus large).<br />
Demandons à l’enfant d'observer <strong>et</strong> de décrire ce qui se passe.<br />
* Pour les enfants de 4 à 6 ans, la réponse typique<br />
est : « Il y en a plus dans le grand » (<strong>et</strong> moins dans<br />
le p<strong>et</strong>it) comme si le liquide augmentait en C (<strong>et</strong><br />
diminuait en D) en quantité. Ils considèrent que le<br />
récipient ou le liquide monte le plus haut contient<br />
davantage de liquide. Ces enfants refusent donc<br />
l’idée d’une conservation de la quantité.<br />
Seuls les enfants de 7 ans <strong>et</strong> plus adm<strong>et</strong>tent l'égalité<br />
malgré la distorsion perceptive.<br />
* Les suj<strong>et</strong>s jeunes paraissent ne raisonner que sur<br />
les états ou configurations en négligeant les transformations : l'eau en C est plus haute qu'en A ou B,<br />
donc elle a augmenté en quantité, indépendamment du fait que c'est la même eau qu'on a<br />
simplement transvasée. A c<strong>et</strong> âge l'enfant est dépendant de sa perception (hauteur de l'eau) <strong>et</strong> ne<br />
peut prendre en compte la dimension du contenant qui change.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
145
* Au contraire l'enfant de plus de 7 ans dira : " C’est pareil parce que c'est la même eau ", " on n'a<br />
rien enlevé ni ajouté " (identités simples ou additives) ; " on peut rem<strong>et</strong>tre (B en A) comme c'était<br />
avant " (réversibilité par inversion) ou " c'est plus haut mais c'est plus mince, alors ça fait autant "<br />
(compensation ou réversibilité par réciprocité des relations).<br />
Conclusion : au stade de la pensée intuitive il y a concentration de l’enfant sur l’apparence des<br />
choses <strong>et</strong> absence de raisonnement logique.<br />
- 1ère caractéristique de la pensée intuitive : « la centration ».<br />
Les enfants concentrent leur perception sur un aspect apparent d’une transformation <strong>et</strong> négligent<br />
ainsi l’importance des autres états de la matière. Ils sont incapables de considérer simultanément la<br />
grandeur <strong>et</strong> le volume ; ils sont plus préoccupés par des états que par des changements.<br />
- 2 ème caractéristique de la pensée intuitive : « le statisme ».<br />
Ils ne comprennent pas la signification des états transitoires d’un phénomène ; ils sont surtout<br />
attentifs au début <strong>et</strong> à la fin d’un processus.<br />
- 3 ème caractéristique de la pensée intuitive : « l’irréversibilité ».<br />
Les enfants ne comprennent pas l’idée qu’une opération est réversible.<br />
http://pedagogie.ac-martinique.fr/ien/mrouge/peda/animation/anima99/raptheo.htm<br />
Au niveau Préopératoire, l'enfant n'est pas<br />
capable de comprendre que la quantité de matière<br />
ou le poids... d'un obj<strong>et</strong> ne changent pas lorsque<br />
c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> subit certaines modifications qu’il<br />
s’agisse de topographiques (ex. l'épreuve des<br />
j<strong>et</strong>ons) ou physiques (ex : épreuve des boul<strong>et</strong>tes<br />
de pâte à modeler). C'est seulement à partir du<br />
stade des « Opérations concrètes » que l'enfant<br />
acquiert la logique qui lui perm<strong>et</strong> d'adm<strong>et</strong>tre la<br />
conservation.<br />
Caractéristiques du stade intuitif :<br />
L’enfant de c<strong>et</strong> âge ne peut se détacher de son point de vue.<br />
Sa pensée est magique, sans avant ni après. Une classe<br />
d'obj<strong>et</strong>s n'est pas comprise comme une multiplicité<br />
d'éléments distincts (Cf. l’expérience des j<strong>et</strong>ons) mais<br />
envisagée dans son ensemble, de façon globale. Il croit<br />
qu'un obj<strong>et</strong> qui a changé de forme a changé aussi de<br />
quantité, de matière, de poids.<br />
L’enfant peut se représenter des perceptions <strong>et</strong> des actions<br />
Un seul point de vue : le mien…<br />
mais il est incapable de les coordonner par les opérations<br />
logiques définies dans le stade suivant.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
146
F) Pour compléter … Le stade des opérations concrètes <strong>et</strong><br />
La construction du nombre + le stade des opérations<br />
formelleS :<br />
Le stade préopératoire sera suivit du stade des opérations concrètes puis du<br />
stade des opérations formelles se déroulant tous les 2 au delà de 7 ans. Nous les<br />
présenterons néanmoins rapidement afin de nous donner un prétexte pour<br />
aborder la construction du nombre <strong>et</strong> les stratégies additives <strong>et</strong> soustractives des<br />
enfants de maternelle.<br />
F1) Le stade des opérations concrètes de 7 à 11 ans :<br />
En <strong>psycho</strong>logie piagétienne, une opération est une action évocable en pensée <strong>et</strong><br />
réversible. «Les actions deviennent "opératoires" dès que 2 actions du même genre peuvent<br />
être composées en une 3 ème action <strong>et</strong> que ces diverses actions peuvent être r<strong>et</strong>ournées <strong>et</strong><br />
inversées » 36 . Ces opérations sont donc des actions conceptualisées, réversibles 37 <strong>et</strong><br />
coordonnées à d’autres. Durant la période précédente, l'enfant ne considérait les opérations<br />
qu'individuellement, il n'arrivait pas à les coordonner. Ces opérations mentales (classer,<br />
sérier…) sont dites concrètes car elles portent sur des obj<strong>et</strong>s concr<strong>et</strong>s, réels <strong>et</strong> manipulables <strong>et</strong><br />
non des hypothèses : elles s'appliquent à des situations perceptibles<br />
(l’enfant a besoin d’un apport visuel) ou immédiatement<br />
représentables.<br />
Au cours de ce stade, il y a :<br />
F1a) Acquisition de la notion de réversibilité.<br />
« Par exemple, lorsque Piag<strong>et</strong> montre 2 boules de pâte à modeler de quantité<br />
identique <strong>et</strong> qu'avec une il fait un saucisson, l'enfant va dire qu'il n'y a pas<br />
de changement de quantité car la longueur est compensée par l'étroitesse. La<br />
réversibilité implique donc la réciprocité <strong>et</strong> l'inversion de l'action ».<br />
F1b) Acquisition de la notion de conservation :<br />
L’enfant comprend que les propriétés d’un obj<strong>et</strong> sont immuables malgré les transformations<br />
(conservation). Remarque : malgré le décalage chronologique, afin de justifier la conservation de la<br />
substance (7-8 ans), du poids (9-10 ans) <strong>et</strong> celles du volume (11-12 ans), les enfants utilisent<br />
rigoureusement les mêmes types d’arguments <strong>et</strong> les mêmes expressions verbales.<br />
3 types d’arguments sont employés :<br />
L'argument d'identité : ex : " C'est pareil parce qu'on a rien ajouté ni enlevé. ".<br />
L'argument de réversibilité : ex : " on peut refaire la boul<strong>et</strong>te B pour qu'elle redevienne comme la<br />
boul<strong>et</strong>te A".<br />
L'argument de compensation : ex : " C'est pareil parce que B est plus long mais plus mince <strong>et</strong> que<br />
A est plus court mais plus gros.".<br />
A noter que la conservation des quantités discrètes correspond à la permanence du nombre.<br />
F1c) Acquisition de la notion d’invariant : un nombre est toujours identique à lui-même<br />
Nous étions auparavant, au stade intuitif dans le « Est vrai ce que je perçois »… nous sommes<br />
maintenant, au stade des opérations concrètes, dans le « Est vrai ce que je conclus ».<br />
36<br />
« Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité » par Pierre Ferrari <strong>et</strong> Olivier Bonnot chez Masson.<br />
37<br />
Réversibilité : c’est le fait qu’une transformation d’un état A en état B puisse être réversible par la pensée.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
147
Jean Piag<strong>et</strong> pensait que le nombre naturel ne devenait chez l’enfant une notion opératoire que s’il<br />
était capable de percevoir « la conservation de l’extension d’une collection » (voir ci-dessus),<br />
l’inclusion des classes 38 <strong>et</strong> la sériation 39 des longueurs. Reprenons ces 2 derniers points :<br />
CLASSIFICATION <strong>et</strong> notion de l'inclusion logique des parties dans le tout = inclusion des classes :<br />
S’il y a un bouqu<strong>et</strong> de 6 fleurs <strong>et</strong> 6 roses " Y a t'il plus de roses ou plus de fleurs ?... Il faut que<br />
l'enfant comprenne qu'il y a plus de fleurs que de roses puisque les roses font également partie de la<br />
classe des fleurs. Il n’est pas aisé de comprendre que la partie est plus p<strong>et</strong>ite que le tout.<br />
SERIATION <strong>et</strong> transitivité :<br />
Considérons un enfant manipulant 10 bâtonn<strong>et</strong>s de longueurs différentes : au stade intuitif (4 à 7<br />
ans) soit l'enfant fait des couples de 2 ou 3 bâtonn<strong>et</strong>s soit il arrive à faire un ordre croissant mais par<br />
tâtonnement. Une fois arrivé au stade des opérations concrètes, il comprend que si A
F2) La construction du nombre :<br />
Piag<strong>et</strong> 41 rappelle d'abord que la connaissance de la comptine (1,<br />
2, 3, 4, 5,…) ne saurait tenir compte de la connaissance du<br />
nombre. L'enfant qui la récite ne sait pas en eff<strong>et</strong> l'utiliser pour<br />
dénombrer réellement. Piag<strong>et</strong> distingue deux compétences de<br />
niveaux distincts :<br />
1 : Evaluation perceptive globale :<br />
Les premiers nombres que l’enfant construit, à raison d’une unité<br />
par an jusqu’à 6-7 ans, n’en sont pas de véritables puisqu’ils sont<br />
saisis sur un mode perceptif. Il les utilise de manière intuitive <strong>et</strong><br />
empirique. Conséquence : en maternelle, il faut aussi faire<br />
reconnaître de p<strong>et</strong>ites quantités par perception globale, sans les<br />
dénombrer. L’enfant peut saisir sans problème particulier des<br />
quantités inférieures ou égales à 4 voire 5.<br />
Les programmes de 2002 concernant l’Ecole maternelle<br />
mentionnent d’ailleurs : « Reconnaissance du nombre d’obj<strong>et</strong>s<br />
dans de p<strong>et</strong>ites collections, par une perception instantanée<br />
(reconnaissance directe de « trois » sans nécessairement<br />
compter « un, deux, trois) ».<br />
Chiffres = symboles<br />
servant à écrire les nombres.<br />
Une année comporte douze<br />
mois: douze (12) est un<br />
nombre comportant deux<br />
chiffres (1 <strong>et</strong> 2). Il y a des<br />
nombres qui s'écrivent avec<br />
un seul chiffre.<br />
« Les chiffres sont aux<br />
nombres ce que les l<strong>et</strong>tres<br />
sont aux mots. »<br />
2 : Les nombres qui viennent après 5 nécessiteraient une construction logique qui est tardive<br />
(vers 7 ans environ) car elle ne peut apparaître qu’avec la conservation des quantités continues <strong>et</strong><br />
discontinues, l’inclusion des classes <strong>et</strong> la sériation. La correspondance terme à terme joue un rôle<br />
fondamental dans c<strong>et</strong>te construction rationnelle. D’où l’importance des activités perm<strong>et</strong>tant l’usage<br />
répété de la correspondance terme à terme en travaillant sur des obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des nombres concr<strong>et</strong>s… <strong>et</strong><br />
celles portant sur les classements de collections <strong>et</strong> les sériations (voir page précédente).<br />
Dans c<strong>et</strong>te optique, Piag<strong>et</strong> refuse l’entrée du nombre par la comptine numérique.<br />
Le dénombrement (combien il y en a ?) n'aurait d’après lui aucun sens si ce principe de conservation<br />
n'est pas établi (avant 6-7 ans !)…<br />
Pourtant, les programmes de 2002 pour l’école maternelle stipulent : «… dénombrement en<br />
utilisant la comptine parlée qui est progressivement fixée <strong>et</strong> complétée »…<br />
Il nous faut donc reprendre ce point en détail…<br />
Pierre Gréco (1927-1982), un Piagétien, en 1962, « m<strong>et</strong> en évidence un curieux<br />
phénomène en étudiant parallèlement les jugements dans des expériences de<br />
conservation numérique »… « Ces expériences sont réalisées avec des enfants qui<br />
savent réciter la comptine numérique jusqu'à 8-10 »… « Selon que l'on pose la<br />
question "combien y a-t-il de j<strong>et</strong>ons bleus (jugements dits de "quotité") ou la question<br />
"où y a-t-il le plus de j<strong>et</strong>ons ? (jugements dits de "quantité"), les réponses sont<br />
différentes »... « Quand on pose la première question, il y a plus de réponses<br />
correctes que quand on pose la seconde question ». M. Fenichel.<br />
Gréco démontre que l’utilisation de la comptine numérique comme outil de dénombrement<br />
précède très sensiblement la conservation des quantités.<br />
41<br />
Jean Piag<strong>et</strong> <strong>et</strong> Alina Szeminska : "Genèse du nombre chez l'enfant" (1941chez Delachaux <strong>et</strong> Niestlé).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
149
Ainsi en début de GS, on constate que plus de la moitié des enfants savent énoncer la comptine<br />
numérique au-delà de 10, un quart d'entre eux la récite jusqu'à 16, certains même au-delà de vingt 42 .<br />
Cela amène Gréco à accorder un certain rôle<br />
au dénombrement 43 dans la mise en place du<br />
concept de nombre.<br />
En 1983, les travaux de Fuson, Secada, Hall (expériences<br />
menées auprès d'enfants âgés entre 4,5 ans <strong>et</strong> 5,5 ans)<br />
montrent que les activités de comptage 44 ainsi que la<br />
correspondance terme à terme facilitent la mise en place de<br />
la conservation des quantités.<br />
D’où l’intérêt d’actions numériques précoces sur<br />
la construction du nombre chez l’enfant avant le CP. La comptine numérique s’est<br />
trouvée réhabilitée comme outil de dénombrement.<br />
Les travaux de 2 chercheuses américaines R. Gelman <strong>et</strong> C.R. Gallistel ont été déterminants pour<br />
redonner de l'importance au comptage <strong>et</strong> au dénombrement dans la construction du nombre.<br />
La connaissance de la chaîne numérique verbale est un préalable indispensable pour la réalisation<br />
d’un comptage correct.<br />
Elles ont isolés 5 principes inhérents à la bonne utilisation de la comptine :<br />
* Le principe de l’ordre (ou de suite) stable : Les mots-nombres sont toujours énoncés dans le<br />
même ordre : la comptine numérique orale est stable... Il faudra, en maternelle, travailler la suite de<br />
nombres à l’oral.<br />
* Le principe d’abstraction : il perm<strong>et</strong> de regrouper des éléments de nature différente dans le but<br />
de les compter. En d’autres termes, on peut dénombrer avec la comptine des collections homogènes<br />
ou hétérogènes…. 4 j<strong>et</strong>ons mais aussi 4 paqu<strong>et</strong>s de j<strong>et</strong>ons.<br />
* Le principe d’adéquation unique ou principe de correspondance terme à terme : à chaque<br />
obj<strong>et</strong> (= élément de la collection) correspond 1 mot-nombre <strong>et</strong> 1 seul de c<strong>et</strong>te comptine.<br />
* Le principe de la non pertinence de l’ordre : l’amorce du comptage à un endroit ou à un autre<br />
de la collection n’a pas d’incidence sur le résultat.<br />
* Le principe cardinal : c’est le dernier mot-nombre qui perm<strong>et</strong> de repérer le nombre d’éléments =<br />
le dernier mot-nombre prononcé représente le nombre total d'éléments. « Ce principe est difficile à<br />
acquérir parce que l'enfant doit accorder une double signification au dernier mot-nombre prononcé » :<br />
« d'une part il n'est qu'un numéro apparié au denier obj<strong>et</strong> que l'enfant dénombre »<br />
<strong>et</strong> d'autre part l’élève « doit prendre conscience qu'il représente aussi la quantité de l'ensemble des<br />
obj<strong>et</strong>s ».<br />
42 La récitation de la comptine numérique sera acquise au moins jusqu’à 3 en PS, au moins jusqu’à 5 en MS<br />
<strong>et</strong> au moins jusqu’à 10 en GS.<br />
43 Dénombrer une collection, c’est utiliser la comptine numérique ( la suite de mots-nombres) en associant<br />
(oralement ou mentalement) un obj<strong>et</strong> nouveau à chaque mot récité. Pour dénombrer de façon opératoire, il<br />
faut : - pouvoir utiliser une suite de mots-nombres qui soit à la fois stable <strong>et</strong> conventionnelle, - coordonner<br />
l’énumération des obj<strong>et</strong>s de la collection avec celui des mots-nombres de façon à établir une correspondance<br />
terme à terme entre l’ensemble des mots-nombres <strong>et</strong> l’ensemble des obj<strong>et</strong>s. M. Fenichel, juin 2000.<br />
44 Le comptage : on associe une étiqu<strong>et</strong>te verbale (un mot) à chaque élément de la collection, <strong>et</strong> ceci dans un<br />
ordre précis. Le dernier signe émis représente le nombre d' éléments de la quantité ou cardinal.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
150
Combien d’absents en classe aujourd’hui ? (en décomptant par<br />
exemple le nombre d’étiqu<strong>et</strong>tes correspondant aux absents).<br />
Ces apprentissages se font souvent par imprégnation <strong>et</strong> par<br />
imitation. C’est la prise en compte de ces cinq principes qui va<br />
perm<strong>et</strong>tre à l’enseignant de cibler son aide.<br />
Lorsqu’un élève qui a dénombré une collection arrive à un<br />
résultat erroné, il y a en eff<strong>et</strong> lieu de d’observer attentivement<br />
afin de repérer le ou les principes qu’il ne maîtrise pas encore <strong>et</strong><br />
comment le (les) lui faire acquérir.<br />
Chichignoud a montré que pour que le comptage aboutisse à un<br />
résultat fiable une double correspondance était nécessaire :<br />
- D'une part, une correspondance externe, entre le doigt qui pointe<br />
<strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>s pointés.<br />
- D'autre part, une correspondance interne, entre le pointage des<br />
obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> la récitation des mots-nombres.<br />
Il faut que chaque obj<strong>et</strong> soit désigné une seule fois, que la<br />
comptine se déroule bien <strong>et</strong> qu'il y ait cardinalisation.<br />
Fayol affirme que l’acquisition de la chaîne numérique s’effectue<br />
en 2 temps : d’abord la série 1 à 19 acquise par apprentissage par<br />
cœur puis la séquence 20 à 99 <strong>et</strong> au delà qui relève de compétences<br />
linguistiques fonctions des langues.<br />
« Il est … clair que dès 5 ans, <strong>et</strong> avant tout enseignement formel,<br />
beaucoup d'enfants de diverses cultures résolvent des problèmes<br />
arithmétiques simples (additions <strong>et</strong> soustractions de nombres à 1<br />
chiffre) à l'aide du comptage (Baroody & Ginsburg, 1986; Siegler<br />
& Jenkins, 1989; Hatano, 1982). Il est intéressant de noter que les<br />
stratégies utilisées par les jeunes enfants dérivent de leur habil<strong>et</strong>é<br />
préexistante à dénombrer des collections. Ceci suggère que, loin<br />
de constituer, comme le pensait Piag<strong>et</strong>, une simple manifestation<br />
verbale sans lien<br />
développemental avec la<br />
construction du nombre <strong>et</strong><br />
de l'arithmétique, le<br />
dénombrement fournit à<br />
l'enfant des habil<strong>et</strong>és <strong>et</strong><br />
des connaissances sur le<br />
nombre qu'il adapte<br />
spontanément aux<br />
Dans la ferme de m’sieur Dubois<br />
Il y a sept oies<br />
Une oie, deux oies, trois oies,<br />
Quatre oies, cinq oies, six oies<br />
C’est toi la reine des oies !<br />
situations qui requièrent<br />
le calcul d'additions ou de<br />
soustractions. »<br />
Pierre Barrouill<strong>et</strong> <strong>et</strong> Valérie<br />
Camos. Février 2002<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Instructions<br />
2002 pour la<br />
maternelle : « Le<br />
nécessaire apprentissage<br />
de la suite des nombres<br />
relève d’une<br />
mémorisation qui peut<br />
être aidée par le recours à<br />
des comptines chantées ».<br />
La poule<br />
1, 2, 3<br />
4, 5, 6<br />
7, 8, 9<br />
Moi je compte jusqu'à<br />
neuf<br />
Avant de pondre mon<br />
œuf.<br />
1, 2, 3<br />
4, 5, 6<br />
Si je compte jusqu'à six,<br />
Mon œuf est en pain<br />
d'épice<br />
1, 2, 3<br />
Si je compte jusqu'à trois,<br />
Mon œuf est en chocolat.<br />
151
F3) Additions <strong>et</strong> soustractions :<br />
Les programmes de 2002 précisent : « A la fin de l’école maternelle, l’enfant est confronté<br />
à des problèmes où les nombres peuvent être utilisés pour anticiper le résulta t d’une<br />
action sur des quantités (augmentation, diminution, réunion, distribution, partage). La<br />
résolution des problèmes rencontrés ne nécessite pas le recours au formalisme<br />
mathématique (+, -, =). Ceci sera introduit à l’école élémentaire ».<br />
Ce qui suit est extrait du site<br />
http://www.tematice.org/fichiers/t_article/128/article_doc_fr_Barrouill<strong>et</strong>_.rtf<br />
Savoirs, savoir-faire arithmétiques, <strong>et</strong> leurs déficiences (version longue)<br />
Pierre Barrouill<strong>et</strong>, Valérie Camos <strong>et</strong> beaucoup d’autres…<br />
A visiter absolument… particulièrement par les non-mathématiciens…<br />
« Pour résoudre les additions simples comme 4 + 3, les enfants disposent de cinq classes<br />
générales de stratégies : l'utilisation d'obj<strong>et</strong>s, le comptage sur les doigts, le comptage verbal, les<br />
décompositions <strong>et</strong> enfin la récupération directe en mémoire du résultat (Carpenter & Moser, 1983;<br />
Ilg & Ames, 1951; Siegler, 1987). Les mêmes classes de stratégies sont observées pour la<br />
soustraction, auxquelles il faut en ajouter une faisant appel à l'addition correspondante (voir<br />
Baroody, 1984b) ».<br />
F3a) addition :<br />
L’utilisation d’obj<strong>et</strong>s :<br />
« En ce qui concerne l'addition, Fuson (1982) a montré<br />
que les enfants, dès l'âge de 3 ans, peuvent utiliser des<br />
obj<strong>et</strong>s pour répondre à des questions telles que "combien<br />
font 3 gâteaux <strong>et</strong> 2 gâteaux ?" en matérialisant chaque<br />
nombre à additionner par une collection d'obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> en<br />
dénombrant la collection résultante à l'aide du pointage<br />
manuel, "1, 2, 3, 4, 5". L'utilisation d'obj<strong>et</strong>s s'observe<br />
encore chez des enfants de 4 <strong>et</strong> 5 ans en fonction de la<br />
difficulté du problème (Fuson, 1982) ».<br />
Le comptage sur les doigts, le comptage verbal :<br />
« Cependant, s'ils ne connaissent pas le résultat, c'est-à-dire s'ils ne peuvent le r<strong>et</strong>rouver en mémoire, les<br />
enfants de 4 <strong>et</strong> 5 ans utilisent plus fréquemment le comptage sur les doigts ou le comptage verbal pour<br />
résoudre les additions simples (Geary & Burlingham-Debree, 1989; Siegler & Shrager, 1984). Les<br />
doigts, comme les obj<strong>et</strong>s, peuvent être utilisés pour représenter les collections à additionner. Cependant<br />
les enfants semblent davantage les utiliser pour contrôler la progression du comptage que pour<br />
réellement représenter les nombres.<br />
Une des stratégies les plus rudimentaires - elle renvoie à l'utilisation d'obj<strong>et</strong>s - consiste à représenter<br />
chacun des opérandes par un nombre correspondant de doigts <strong>et</strong> compter ensuite l'ensemble. C<strong>et</strong>te<br />
stratégie n'est applicable qu'aux sommes inférieures à 10.<br />
La stratégie correspondante en comptage verbal n'est pas contrainte par c<strong>et</strong>te limite. Elle est connue<br />
sous le nom de somme (sum strategy), ou "compter tout" (counting all) <strong>et</strong> consiste à compter les deux<br />
nombres en partant de 1. Ainsi, 4 + 3 est résolu en comptant à haute voix 1, 2, 3, 4, puis en poursuivant<br />
par un nombre de pas équivalant au second opérande : 5, 6, 7.<br />
Certaines stratégies de comptage avec les doigts perm<strong>et</strong>tent cependant d'atteindre des sommes<br />
supérieures à 10. La plus fréquente, pour calculer par exemple 6 + 8, consiste à lever 8 doigts puis à<br />
compter au-delà de 6 en bougeant successivement chacun des doigts levés (7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
152
La stratégie équivalente en comptage verbal<br />
est dite comptage à partir du premier<br />
nombre (dite aussi "counting on" ou "first",<br />
Ashcraft, 1982; Groen & Parkman, 1972).<br />
L'enfant contrôle alors mentalement, <strong>et</strong> non<br />
plus à l'aide de ses doigts, le nombre de pas<br />
dans la chaîne numérique correspondant au<br />
second opérande. Ces stratégies sont en<br />
général d'apparition plus tardive parce<br />
qu'elles requièrent de la part de l'enfant la<br />
capacité à énoncer la chaîne numérique en<br />
débutant à partir de n'importe quel nombre<br />
<strong>et</strong> non plus seulement à partir de 1 (Fuson<br />
1982).<br />
Fuson <strong>et</strong> Kown (1992) ont par ailleurs<br />
rapporté des stratégies de comptage sur les<br />
doigts beaucoup plus sophistiquées chez des<br />
enfants coréens…<br />
La stratégie de comptage verbal la plus sophistiquée s'apparente à la précédente mais consiste à compter<br />
non plus à partir du premier mais du plus grand des deux nombres (dite aussi stratégie min, pour<br />
minimum, Groen & Parkman, 1972). C<strong>et</strong>te stratégie qui simplifie le calcul nécessite une compréhension<br />
intuitive du principe de cardinalité : l'ordre dans lequel sont additionnés les deux nombres n'a pas<br />
d'incidence sur le résultat.<br />
La transition du comptage sur les doigts au comptage verbal est progressive <strong>et</strong> dépend principalement<br />
de la capacité de l'enfant à contrôler mentalement le déroulement du calcul <strong>et</strong> à conserver une trace de<br />
ce qui a déjà été <strong>et</strong> de ce qui reste à compter. En ce qui concerne les stratégies verbales qui supplantent<br />
progressivement le comptage sur les doigts, les enfants d'école maternelle semblent utiliser le plus<br />
fréquemment les stratégies "counting all" <strong>et</strong> "counting on" alors que la stratégie min semble privilégiée<br />
par les enfants de CP <strong>et</strong> CE1 (Ashcraft, 1982; Ashcraft & Fierman, 1982; Groen & Parkman, 1972).<br />
Il est important de noter que ces stratégies ne sont pas enseignées aux enfants mais qu'ils les<br />
découvrent par eux-mêmes (Baroody, 1984a; Groen & Resnick, 1977; Siegler & Jenkins,<br />
1989). Ainsi, lorsque l'enfant entre à l'école primaire, il a déjà une longue expérience de la<br />
pratique de l'addition <strong>et</strong> a développé diverses stratégies.<br />
La récupération directe du résultat en mémoire :<br />
La stratégie la plus efficace, c'est-à-dire la plus rapide <strong>et</strong> la plus sure, est la récupération directe du<br />
résultat en mémoire. L'utilisation récursive des procédures de comptage pour résoudre un même<br />
problème conduirait à une association en mémoire à long terme du problème avec le résultat ... Lorsque<br />
c<strong>et</strong>te association est suffisamment forte, le résultat serait directement activé par la présentation des<br />
opérandes <strong>et</strong> récupéré en mémoire.<br />
Il est à noter que même de très jeunes enfants peuvent utiliser la récupération pour certains problèmes<br />
très faciles (1 + 2). Les doubles (1 + 1, 2 + 2, 3 + 3) ainsi que les problèmes impliquant les plus p<strong>et</strong>its<br />
opérandes sont mémorisés les premiers. La mémorisation précoce des doubles ouvre la voie à des<br />
stratégies de décomposition. Un problème difficile comme 7 + 6 peut être résolu en récupérant le<br />
résultat connu de 6 + 6 <strong>et</strong> en y ajoutant 1. Une autre stratégie courante de décomposition consiste à<br />
passer par 10 (7 + 6 équivaut à 7 + 3 = 10, plus 3, 13). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, <strong>et</strong><br />
comme nous le verrons plus loin, le nombre de résultats pouvant être mémorisés semble relativement<br />
restreint <strong>et</strong> ne concernerait au mieux que les résultats inférieurs à 20… ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
153
F3b) Soustraction :<br />
« Comme indiqué précédemment, les<br />
mêmes grandes classes de procédures de résolution<br />
sont observées pour la soustraction ».<br />
L’utilisation d’obj<strong>et</strong>s :<br />
« Dès 4 ou 5 ans, beaucoup d'enfants<br />
sont capables de résoudre des soustractions<br />
simples à l'aide de matériel manipulable. 3<br />
stratégies principales ont été décrites<br />
(Carptenter & Moser, 1984).<br />
* La 1 ère , dite "separate from", consiste, pour<br />
calculer 5 – 3, à ôter 3 obj<strong>et</strong>s d'un ensemble de 5 <strong>et</strong> à dénombrer le résidu.<br />
* La seconde, "adding on", consiste à placer 3 obj<strong>et</strong>s, puis à ajouter des obj<strong>et</strong>s<br />
jusqu'à obtention d'un ensemble de 5. Le nombre d'obj<strong>et</strong>s ajoutés constitue le<br />
résultat.<br />
* La troisième consiste à placer deux ensembles de 5 <strong>et</strong> 3 obj<strong>et</strong>s en<br />
correspondance terme à terme <strong>et</strong> à dénombrer les obj<strong>et</strong>s isolés.<br />
Il est intéressant de noter que, même chez de jeunes enfants, la sélection de<br />
la procédure est fonction du problème posé. La question "Jean a 5 billes, il<br />
en donne 3 à Luc, combien lui en reste-t-il ?" sera préférentiellement résolue par une stratégie<br />
"separate from", alors que le problème "Jean a 5 billes, Luc a 3 billes, combien Jean a-t-il de billes<br />
de plus que Luc" le sera par mise en correspondance des deux ensembles (Carpenter & Moser,<br />
1983; Riley, Greeno, & Heller, 1983). C<strong>et</strong>te adaptativité témoigne de ce que l'arithmétique intuitive<br />
des enfants de l'école maternelle repose en partie sur une représentation analogique des situations<br />
problèmes qu'ils ont à résoudre ».<br />
Le comptage sur les doigts, le comptage verbal :<br />
« Les stratégies de comptage sur les doigts ou de comptage verbal sont la reproduction de ces<br />
stratégies élémentaires. Deux stratégies sont observées, dites "counting up" <strong>et</strong> "counting down".<br />
• La stratégie "counting down" consiste à compter à rebours à partir du nombre le plus grand un<br />
nombre de pas équivalent au plus p<strong>et</strong>it (5 - 3: 4, 3, 2, le résultat est 2).<br />
• La stratégie "counting up" consiste quand à elle à compter en partant du nombre le plus p<strong>et</strong>it<br />
jusqu'à atteinte du nombre le plus grand : le nombre de pas constitue le résultat.<br />
Toutefois, la stratégie "counting up" semble la plus fréquemment utilisée (Siegler, 1989) en raison<br />
de son plus faible coût cognitif que "counting down". C<strong>et</strong>te dernière nécessite en eff<strong>et</strong> un comptage<br />
à rebours, difficile pour les enfants, <strong>et</strong> le contrôle simultané du nombre de pas.<br />
La récupération en mémoire de faits additifs pour résoudre les soustractions est aussi utilisée par les<br />
enfants, bien qu'assez rarement: Siegler (1989) rapporte que 2% seulement des soustractions sont<br />
ainsi résolues par les enfants de CE1, <strong>et</strong> que ce pourcentage atteint 21% en CM1. C<strong>et</strong>te stratégie<br />
nécessite en eff<strong>et</strong> la récupération en mémoire des faits additifs correspondants, récupération qui<br />
n'est majoritairement utilisée pour l'addition qu'à partir du CE2 ».<br />
La récupération directe du résultat en mémoire :<br />
« Enfin, la dernière stratégie est bien entendu la récupération directe en mémoire des faits<br />
soustractifs. Toutefois, l'existence d'un réseau stockant en mémoire à long terme les faits<br />
numériques relatifs à la soustraction n'est pas reconnue par tous… ».<br />
Autres sites à visiter : http://maths.cr<strong>et</strong>eil.iufm.fr/Premier_degre/cadre_accueil_apprentissage.htm, http://www.missionlaique.com/enseignants/<strong>pdf</strong>/math50/am50p05.<strong>pdf</strong>,<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
154
« A l'inverse des additions <strong>et</strong> soustractions, les multiplications <strong>et</strong> divisions ne semblent pas<br />
accessibles à l'arithmétique intuitive des enfants de maternelle. Il n'existe… pas de<br />
développement spontané de procédures de comptage pour ces opérations ».<br />
F4) Pour mémoire : le stade des opérations formelles à partir de 11<br />
ans (jusqu’à l’âge adulte) :<br />
C’est la dernière étape du développement cognitif.<br />
Il n’a plus besoin d’autant manipuler <strong>et</strong> se libère du concr<strong>et</strong> : Il peut par exemple répondre à<br />
une question du type : « trois nombres a, b <strong>et</strong> c sont tels que a est plus grand que b <strong>et</strong> a est plus<br />
p<strong>et</strong>it que c. classer ces nombres. », ce que ne pouvait faire un enfant de 9 ou 10 ans.<br />
L’enfant est capable de marier des concepts abstraits, de raisonner correctement sur des hypothèses.<br />
Il a accès à la pensée formelle ou hypothético-déductive (avec possibilité lors d’une démarche<br />
expérimentale de faire systématiquement varier les facteurs).<br />
La notion de probabilité lui devient accessible.<br />
Jean est plus gentil que Jacques.<br />
René est plus gentil que Jean.<br />
Donc Jacques est plus méchant que René.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
VRAI OU<br />
FAUX ?<br />
155
G) G) Le Le concept concept DE DE temps temps :<br />
La philosophie distingue deux dimensions dans la notion de temps. La dimension objective qui est<br />
étudiée par la science physique <strong>et</strong> est appelée en philosophie « temps absolu » ou « temps abstrait »<br />
ou « temps objectif » ou « durée-mesure1 ». La dimension subjective, étudiée par la philosophie,<br />
recouvre la « durée-vécue1 » ou « temps perçu ».<br />
* Le temps objectif est défini par rapport à une horloge. Son unité légale dans le système<br />
international est la seconde 45 (<strong>et</strong> ses multiples). La mesure du temps est fondée sur un mouvement :<br />
celui de l'eau qui s'écoule d'un récipient : c’est la clepsydre, celui<br />
du sable qui s’écoule entre 2 vases réunis par un mince conduit :<br />
c’est le sablier, celui du soleil qui semble faire le tour de la Terre :<br />
c’est l’horloge solaire, le balancement d'un pendule principe de<br />
l’horloge à balancier ou enfin l'oscillation d’un atome : c’est<br />
horloge atomique.<br />
* Le temps subjectif ou temps affectif ou durée-vécue1 est dépendant<br />
des émotions ressenties par la personne qui l'évalue. En temps<br />
subjectif les secondes peuvent paraître des heures <strong>et</strong> les heures<br />
peuvent paraître des secondes. « Comment des années si courtes se<br />
fabriquent-elles avec des journées si longues » écrivait Jankélévitch.<br />
Le temps de l'absence du parent paraît infini, mais celui de sa présence ne s’envisage même pas…<br />
Certains auteurs nomment « temporalité » la conscience que nous avons du temps.<br />
Avant Einstein, on pensait généralement que le temps objectif était fixe, toujours le même, tandis<br />
que le temps subjectif était variable, dépendant de l'état d'esprit de la personne qui l'observe.<br />
Avec les travaux d'Einstein sur la relativité, on s'est aperçu que même le temps objectif est variable<br />
(local), bien que les critères qui le font varier ne soient pas humains. Le temps est relatif à un<br />
référentiel <strong>et</strong> varie en fonction de la vitesse <strong>et</strong> de la masse des obj<strong>et</strong>s locaux.<br />
Le concept de temps englobe 3 notions : celle de simultanéité (comme dans l’expression « en même<br />
temps »), celle de succession ( « l’emploi du temps »), <strong>et</strong> celle de… « durée1 » qui désigne alors une<br />
période mesurable pendant laquelle a lieu une action ou un phénomène ( « le temps de récréation »).<br />
Note 1 : durée = intervalle de temps. Le terme "durée" renvoie à l’idée de persistance d’un<br />
phénomène <strong>et</strong> il est possible de distinguer la durée-mesure ou temps abstrait d’une part <strong>et</strong> la duréevécue<br />
par la conscience (Bergson) d’autre part.<br />
45<br />
Chez les Babyloniens, la base de numération était la base 60 dont est issu notre système de mesure des<br />
durées (secondes, minutes, heures).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
156<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.
L'étude par Piag<strong>et</strong> des concepts temporels chez l'enfant :<br />
C<strong>et</strong>te étude a été suggérée à Jean Piag<strong>et</strong> par Albert Einstein.<br />
Voici l’une des expériences de Piag<strong>et</strong> : « On soum<strong>et</strong> à l’enfant le traj<strong>et</strong> que font deux p<strong>et</strong>ites<br />
voitures, qui partent en même temps, s’arrêtent au même moment, mais l’une des deux plus loin que<br />
l’autre. Avant 7 ans, l’enfant sera progressivement capable de relever qu’elles sont parties en même<br />
temps, puis arrivées en même temps, mais il ne<br />
réalise pas que leurs traj<strong>et</strong>s sont de même durée. Pour<br />
lui, la voiture qui est allée plus loin a forcément<br />
mis plus de temps. Il confond le temps <strong>et</strong> la distance,<br />
il n’a pas encore acquis la notion de vitesse».<br />
De ce stade dit infralogique, l’enfant passe vers 7 ans<br />
au stade des "opérations concrètes". Il devient évident<br />
pour lui que la voiture qui a fait le plus long chemin a<br />
mis le même temps, elle roulait donc plus vite!<br />
C<strong>et</strong>te étape est une véritable révolution<br />
<strong>psycho</strong>logique qui vient couronner tous les<br />
apprentissages faits jusque-là.<br />
Dès 7-8 ans, l’enfant développe c<strong>et</strong>te notion d’un temps fonctionnel, en situations très concrètes...<br />
jusqu’à la révolution suivante, vers l’âge de 12 ans, où il atteint le stade des opérations formelles. Il<br />
aura désormais une compréhension abstraite du temps, il pourra par exemple l’utiliser dans des<br />
équations. Marc Ratcliff (Piagétien)<br />
Les différences d’âge entre enfants :<br />
« Comment l'enfant appréhende-t-il le temps ? Les différences d'âge se conservent-elles<br />
nécessairement ? Un individu plus jeune est-il susceptible de rattraper dans le temps son aîné<br />
? Les différences d'âge correspondent-elles nécessairement à l'ordre des naissances ?<br />
Piag<strong>et</strong> a montré que pour l'enfant, entre deux frères, le plus vieux est celui qui est le plus<br />
grand. La différence d'âge entre deux frères peut se compenser <strong>et</strong> même être inversée dans<br />
l'esprit de l'enfant si le plus p<strong>et</strong>it "mange beaucoup de soupe" ».<br />
Dr L. Rossant <strong>et</strong> Dr J Rossant-Lumbroso<br />
Evolution des notions de début <strong>et</strong> de fin :<br />
« Les notions de début <strong>et</strong> de fin sont capitales dans les échanges sociaux. Songez au malaise<br />
qui s’établit lors d’une communication téléphonique où l’interlocuteur ne dit pas «allô» pour<br />
signifier l’ouverture de c<strong>et</strong> échange. Ces comportements de début <strong>et</strong> de fin apparaissent très<br />
tôt, dès 6 mois, 1 an, dans les interactions entre l’enfant <strong>et</strong> sa mère, dans son environnement<br />
proche. Ils se développent pour être acquis durablement vers l’âge de 5 ans. En apprenant<br />
notamment à dire "bonjour", puis "au revoir", l’enfant comprend progressivement que ces<br />
débuts <strong>et</strong> ces fins s’inscrivent dans une ligne du temps, <strong>et</strong> que ce temps est irréversible. Il<br />
s’agit d’une norme universellement reconnue, qui perm<strong>et</strong> de comprendre la conduite d’autrui <strong>et</strong><br />
de s’y adapter. On a remarqué que les enfants autistes ne connaissent pas ces marquages<br />
temporels nécessaires à la communication». Marc Ratcliff<br />
Demain…<br />
Mais comment parler du temps à un enfant ? « Si on lui dit par exemple "on fera ça demain", à<br />
4 ans il va confondre demain avec "c<strong>et</strong> après-midi", avec "ce soir", de manière générale avec<br />
"plus tard"... <strong>et</strong> peut-être même avec «hier», car il fait encore des confusions entre "avant" <strong>et</strong><br />
"après" ».<br />
« Vers l’âge de 5 ans, il maîtrise plus ou moins le temps sur une semaine. A l’école, il apprend<br />
la succession des jours <strong>et</strong> se débrouille avec une chronologie encore très locale ». A 6 ans, il<br />
nomme les jours de la semaine. « C’est à partir de 7-8 ans, avec l’acquisition progressive du<br />
nombre, qu’il va maîtriser une chronologie plus large <strong>et</strong> comprendre qu’"avoir 9 ans, c’est être<br />
né il y a neuf ans". Son âge devient une notion temporelle».<br />
Marc Ratcliff<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
157
Lecture de l’heure :<br />
« Quant à la lecture de l’heure, autre repère social<br />
incontournable, elle sera plus facile sur une horloge<br />
digitale. A 5 ans, l’enfant peut y parvenir, avec néanmoins<br />
c<strong>et</strong>te difficulté de ramener 18 heures à 6 heures. La lecture<br />
d’un cadran analogique, ce sera plutôt vers 6-8 ans. Lire<br />
l’heure n’implique pas forcément la compréhension d’un tel<br />
système de mesure du temps".<br />
Dire à quelle heure s’est produit un événement :<br />
Marc Ratcliff<br />
Les enfants de moins de 6 ans ne peuvent dire l’heure à<br />
laquelle s’est produit un événement avec exactitude. C<strong>et</strong>te<br />
compétence se développe chez les enfants après l’âge de huit ans, <strong>et</strong> elle n’est pas bien établie<br />
avant l’âge de neuf ou dix ans. Il est plus compréhensible pour eux de leur demander de situer<br />
un événement par rapport à d’autres repères temporels (p<strong>et</strong>it déjeuner, déjeuner, après<br />
l’école, dîner, avant le coucher).<br />
http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter5.html<br />
L’enfant développe ses propres repères mais ceux-ci évoluent avec l’âge :<br />
Une heure, pour un jeune enfant, ce sera par exemple le temps qu’on m<strong>et</strong> en famille pour<br />
préparer le repas <strong>et</strong> pour manger. L’enfant développe ses propres repères, grâce aux habitudes<br />
quotidiennes. L’heure de la récréation, celle du goûter sont des marqueurs du temps<br />
importants pour lui. Il faut surtout bien comprendre que la façon dont un enfant se représente<br />
le temps n’est pas la même lorsqu’il a 4 ans, 6 ans, 9 ans ou 12 ans. A chaque fois nous<br />
entrons dans un autre univers». Marc Ratcliff<br />
M<strong>et</strong>tre en place des repères communs, ordonner, mesurer<br />
le temps : quelques pistes…<br />
Il importe en maternelle, particulièrement jusqu’à 4 ans, de<br />
m<strong>et</strong>tre en place des repères : personnes, lieux, obj<strong>et</strong>s mais<br />
aussi repères temporels avec une succession régulière dans<br />
l’ordre des activités.<br />
* Une frise de photographies fixée au mur perm<strong>et</strong> de situer<br />
une activité par rapport à celle qui précède <strong>et</strong> à celle qui suit<br />
ainsi que par rapport au déroulement global de la journée<br />
(matin, après-midi).<br />
On peut également fabriquer une frise des jours de la semaine,<br />
des mois avec les anniversaires, des fêtes, des saisons…<br />
* On peut de façon plus ponctuelle rem<strong>et</strong>tre en ordre<br />
chronologique les étapes vécues d’une journée particulière à<br />
l’école, d’une sortie, d’une activité motrice, d’une fabrication,<br />
d’une rec<strong>et</strong>te… les raconter. On utilise pour cela des "albumséchos<br />
réalisés en photographiant les enfants".<br />
* Travailler sur les âges de la vie : ranger ses propres<br />
photographies en fonction de l’âge en précisant les critères,<br />
observer des photos de famille avec des personnes d’âges<br />
divers… les grands-parents ont été des bébés, travailler sur<br />
son arbre généalogique…<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Comment éviter que certains<br />
enfants accaparent les<br />
balançoires ? … Que chacun<br />
puisse y avoir accès à égalité.<br />
Les enfants ont proposé d’utiliser<br />
un sablier qu’ils ont fabriqué avec<br />
2 bouteilles en plastique…<br />
158
* Comparer des événements en fonction de leur durée… Utiliser un sablier. Fabriquer <strong>et</strong> utiliser un<br />
calendrier du type "calendrier de l’Avent". Comparer la croissance de différents semis, de 2 animaux<br />
d’élevage…<br />
* Raconter un album lu, situer ce qui se passe avant, après, au début, à la fin… Anticiper en<br />
imaginant la fin de l’histoire. On peut également ordonner des images séquentielles d’une histoire…<br />
* Réaliser un musée de classe (obj<strong>et</strong>s anciens, récents…).<br />
« … Se servir du langage pour évoquer… des<br />
évènements passés <strong>et</strong> à venir » 46 :<br />
``Je suis ici depuis une heure''… Cela signifie t-il que c<strong>et</strong>te<br />
personne a passé ici une durée d'une heure, ou bien qu’elle<br />
est arrivée ici à la date d’une heure…. Ambiguïté qui perm<strong>et</strong><br />
de mesurer les difficultés… <strong>et</strong> les pièges…<br />
Les programmes de 2002 pour la maternelle concernant<br />
le langage précisent :<br />
* « Rappeler verbalement les activités qui viennent de se<br />
dérouler dans la classe »,<br />
* « Se repérer dans le temps <strong>et</strong> utiliser les marques verbales<br />
de la temporalité »<br />
Se repérer par rapport au moment où on parle c’est-àdire<br />
utiliser « les mots-outils <strong>et</strong> expressions »<br />
(maintenant, aujourd’hui, c<strong>et</strong>te semaine, il y a un<br />
moment, hier, le mois dernier, tout à l’heure, demain, après<br />
demain, la semaine prochaine…) « <strong>et</strong> les flexions<br />
temporales (présent, temps du passé, futur, passé proche,<br />
futur proche…) »,<br />
« Apprendre à se donner une origine temporelle référée<br />
au temps objectif des calendriers » que c<strong>et</strong>te origine soit<br />
vague (autrefois) ou précise (le 1 er janvier 2000) ».<br />
« Compréhension <strong>et</strong> expression de la position relative<br />
des évènements les uns par rapport aux autres dans la trame<br />
du temps » (superposition ou succession).<br />
Ceci « suppose l’emploi d’autres marques verbales » qu’il<br />
s’agisse de « mots-outils… (avant, après, le jour suivant, le<br />
jour précédent) » <strong>et</strong> « des temps des verbes marquant :<br />
l’antériorité relative (temps simples opposés aux<br />
temps composés),<br />
le caractère ponctuel <strong>et</strong> fini d’un événement ou, au<br />
contraire, le fait qu’il dure ou soit répétitif<br />
(opposition du passé composé à l’imparfait, voire,<br />
dans des récits littéraires, du passé simple à l’imparfait) ».<br />
46 Ce passage est extrait des nouveaux programmes de l’école maternelle 2002, chapitre I : « Le langage au cœur des<br />
apprentissages ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Dès la section de p<strong>et</strong>its le présent<br />
commence à se différencier en un<br />
système à 3 temps (présent / passé<br />
composé / futur) qui ne cesse de se<br />
renforcer en sections de moyens <strong>et</strong><br />
de grands : Je fais / J’ai fait /<br />
J’vais faire<br />
Dès la section de moyens<br />
l’imparfait émerge, par exemple à<br />
l’occasion de l’examen de photos<br />
prises 3 semaines plus tôt : On était<br />
en train d’escalader.<br />
Philippe Boisseau<br />
159
* « Du rappel des évènements passés au récit… »."Le récit produit par l’enseignant, l’album, ou en<br />
r<strong>et</strong>our l’élève lui-même à l’oral, perm<strong>et</strong> d’ancrer ce qui ressort du principe d’ordre. Dans "Les<br />
trois p<strong>et</strong>its cochons", la construction en brique <strong>et</strong><br />
l’accueil par 3ème frère des deux premiers n’a de<br />
sens que parce qu’il y a eu dans le déroulement du<br />
récit une 1 ère <strong>et</strong> une 2 ème étape".<br />
Le judiciaire <strong>et</strong> le temps :<br />
Benoît Falaize, prof. D’IUFM.<br />
« L’observation de procédures judiciaires a permis de conclure que même en dépit des<br />
difficultés bien connues dans le domaine de l’évaluation des mesures <strong>et</strong> du temps, on demande<br />
régulièrement aux enfants-témoins d’expliquer au tribunal avec exactitude le moment où un<br />
événement s’est produit, de même que l’heure du jour, le jour de la semaine, le mois <strong>et</strong><br />
l’année.<br />
On leur demande d’estimer le temps écoulé entre l’événement <strong>et</strong> le dévoilement, <strong>et</strong><br />
l’événement <strong>et</strong> l’audience au tribunal. Dans le cas de multiples incidents, on attend d’eux<br />
qu’ils se souviennent du nombre de fois où s’est produit l’incident <strong>et</strong> même du temps écoulé<br />
entre chaque incident.<br />
On leur demande également d’estimer la durée des incidents. C<strong>et</strong>te situation perdure<br />
même si nous avons une base de connaissances solides indiquant que ce n’est pas la manière<br />
dont il faut questionner des enfants au suj<strong>et</strong> d’événements qui se sont produits dans leur vie.<br />
Les tribunaux devraient adopter une méthode selon laquelle on poserait aux enfants<br />
des questions n’exigeant pas une capacité de calcul bien établie ainsi que la capacité de situer<br />
des événements de façon exacte dans le temps ».<br />
http://canada.justice.gc.ca/fr/ps/rs/rep/interaction/inter5.ht<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
160
Quelques rappels utiles…<br />
Le verbe a pour rôle essentiel d’exprimer les évènements<br />
en les situant dans le temps.<br />
Il peut les situer :<br />
Soit par rapport au moment où on parle : on utilise alors l’un des temps suivants : présent, passé simple (passé<br />
lointain), passé composé (passé lointain & passé récent), imparfait (passé lointain & passé récent) <strong>et</strong> futur simple.<br />
Le temps qui exprime le moment où on parle est le présent. Le temps qui exprime le futur par rapport au moment où on<br />
parle est le futur simple ("tout à l’heure nous irons…"). Pour exprimer le passé par rapport au moment où on parle, on<br />
dispose de 3 temps :<br />
* le passé simple (qui exprime, dans les récits littéraires, des évènements lointains ayant eu lieu à un moment précis).<br />
On sonna le tocsin…<br />
* le passé composé qui se construit avec le présent des auxiliaire être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe (<strong>et</strong> qui<br />
exprime des évènements lointains ou récents ponctuels <strong>et</strong> achevés (mais pouvant se prolonger au moment où on parle).<br />
Ex. : la l<strong>et</strong>tre est arrivée ce matin. Nous avons décidé d’être sages.<br />
* l’imparfait (action lointaine ou récente, terminée mais prolongée ou habituelle ou répétée). A l’école, il rêvait. Le<br />
dimanche, il allait à la pêche.<br />
Soit par rapport à un autre événement en précisant que c<strong>et</strong>te action a eu lieu en même<br />
temps, avant elle ou après elle.<br />
Simultanée à une autre dans le passé : on emploie l’imparfait. Ex : je pensais à X quand il est arrivé (quand il arriva).<br />
Simultanée à une autre dans le futur : le futur simple. Ex "Pendant qu’ils chanteront, nous écouterons".<br />
Avant une autre dans le passé : on utilise le plus-que-parfait à l’oral ou à l’écrit (Ex. : l’équipe avait déclaré forfait<br />
avant la rencontre) ou le passé antérieur à l’écrit (lorsque j’eus achevé ce voyage, j’entrepris d’écrire mes mémoires).<br />
Le plus-que-parfait se construit avec l’imparfait des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe. Le passé<br />
antérieur se construit avec le passé simple des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe.<br />
Avant une autre dans l’avenir : on utilise le futur antérieur. Ex : "Quand tu viendras nous voir, la neige aura fondu".<br />
Le futur antérieur se construit avec le futur des auxiliaires être ou avoir <strong>et</strong> le participe passé du verbe.<br />
Après une autre dans le passé : on utilise le conditionnel présent. Ex : "Je pensais qu’il s’opposerait à ce proj<strong>et</strong>".<br />
Après une autre dans le futur : futur simple.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
161
H) H) H) La La dépression dépression chez chez l'enfant l'enfant de de plus plus de de 3 3 ans ans :<br />
:<br />
L'enfant triste <strong>et</strong><br />
instable manifeste du<br />
désintérêt, de l'indifférence,<br />
des idées<br />
d'infériorité "c'est<br />
trop dur, j'sais pas,<br />
j'arrive pas".<br />
Irascible, agressif<br />
envers les autres <strong>et</strong><br />
lui-même, il oscille<br />
entre le refus de<br />
contact <strong>et</strong> "la quête<br />
affective envahissante".<br />
Il s'isole<br />
ou compense ses<br />
difficultés en jouant avec plus p<strong>et</strong>it que lui. Au plan<br />
somatique, il peut exister des troubles du sommeil liés à<br />
l'anxiété, des douleurs abdominales ou des maux de tête<br />
<strong>et</strong> un trouble du contrôle sphinctérien (énurésie = pipi au<br />
lit).<br />
Les troubles du comportement (revendications,<br />
transgressions des interdits...) sont fréquents <strong>et</strong> le<br />
r<strong>et</strong>entissement scolaire est constant.<br />
Le vécu d'abandon devient très important <strong>et</strong> les<br />
comportements provoquent des réactions de rej<strong>et</strong> de<br />
l'entourage, réactions vécues comme de nouveaux<br />
abandons. "Quand prévaut le vécu d'abandonnisme <strong>et</strong> que<br />
les expériences de rej<strong>et</strong> <strong>et</strong> les épisodes de provocation se<br />
suivent <strong>et</strong> se répètent, l'évolution vers la délinquance <strong>et</strong><br />
les conduites antisociales est une éventualité".<br />
La <strong>psycho</strong>se maniaco-dépressive semble tout à fait<br />
exceptionnelle avant l'âge de 12-13 ans, <strong>et</strong> certains<br />
auteurs ont développé le concept de « <strong>psycho</strong>se<br />
affective », décrivant l'alternance de périodes de<br />
repli, de protestation, de pleurs <strong>et</strong> de périodes<br />
d'agitation intempestive chez des enfants de 3 à 5<br />
ans, à l'efficience mentale diminuée, ne souriant<br />
jamais <strong>et</strong> appelés pour cela "Serious Babies" ;<br />
mais il n'a pas été noté d'évolution vers une<br />
authentique <strong>psycho</strong>se maniaco-dépressive chez<br />
l'adulte.<br />
« Dépression de l’enfant » par Laurent Barbrel <strong>et</strong> le Pr. Philippe<br />
Maz<strong>et</strong>, n° 496 de « Synthèse médicale » (1990).<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
L'enfant n'exprime pas<br />
toujours spontanément sa tristesse<br />
mais il peut, au cours de<br />
l'entr<strong>et</strong>ien, la révéler soit par la<br />
parole, soit par la mimique. Ce<br />
sont parfois les parents qui en<br />
parlent. Elle est en tout cas<br />
presque toujours présente : c’est<br />
enfant qui fixe le sol pleure<br />
facilement, sourit peu. Il<br />
manifeste ennui, désintérêt, indifférence,<br />
y compris dans sa<br />
capacité à jouer.<br />
... Lorsque l'enfant est jeune<br />
(3 à 5 ans), les phénomènes de<br />
lutte contre les affects dépressifs<br />
prédominent, exprimés sur un<br />
mode comportemental = bêtises<br />
fréquentes, agitation, instabilité,<br />
difficulté d'autonomisation dans<br />
la toil<strong>et</strong>te, l'habillage.<br />
A partir de 5-6 ans il<br />
verbalise plus aisément sa<br />
souffrance, elle prend la forme<br />
d'une dévalorisation, d'une<br />
dépréciation, d'une tristesse plus<br />
directement exprimée.<br />
« Dépression de l’enfant » par Laurent<br />
Barbrel <strong>et</strong> le Pr. Philippe Maz<strong>et</strong>, n° 496 de<br />
« Synthèse médicale » (1990).<br />
Conclusion :<br />
Quel abord relationnel de<br />
l'enfant ?<br />
« L'enfant doit pouvoir<br />
s'exprimer. La parole le lui<br />
perm<strong>et</strong>, mais aussi le dessin <strong>et</strong> le<br />
jeu. Il faut lui perm<strong>et</strong>tre de<br />
reconnaître <strong>et</strong> d'exprimer sa<br />
souffrance <strong>et</strong> lui faire<br />
comprendre qu'on la perçoit ».<br />
N° 496 de « Synthèse médicale » (1990).<br />
162
IV IV - Les besoins fondamentaux des jeunes<br />
enfants enfants enfants à à l’école l’école l’école maternelle maternelle :<br />
A la maison, l’enfant possédait « un statut privilégié », il<br />
était « le p<strong>et</strong>it » seul - ou seul de c<strong>et</strong> âge - <strong>et</strong> vivait entouré<br />
de toute l’attention <strong>et</strong> de l’affection de sa famille.<br />
A l’école son nouveau statut ne le privilégie plus, il est<br />
parmi d’autres enfants de son âge qui possèdent les mêmes<br />
droits que lui.<br />
Il a la sensation de se trouver dans « l’anonymat » <strong>et</strong> « la<br />
diversité », soumis à la concurrence pour la possession<br />
des lieux, des obj<strong>et</strong>s ou de l’attention des nouveaux adultes qui l’environnent.<br />
L’enfant doit se sentir en sécurité <strong>et</strong> ses besoins fondamentaux doivent être<br />
réalisés... « C’est la condition fondamentale pour que l’enfant soit disponible <strong>et</strong><br />
découvre le plaisir de développer ses capacités <strong>et</strong> ses connaissances »<br />
(Extrait du livre « Les p<strong>et</strong>its : la section des 2 à 4 ans » - Collection Tavernier, éditions Bordas<br />
... qui nous a servi de plan pour c<strong>et</strong>te troisième partie).<br />
Les parents aussi doivent être sécurisés, particulièrement en début d’année<br />
scolaire, ... <strong>et</strong> la qualité des relations que l’on saura établir avec eux facilitera<br />
l’intégration de l’enfant ... voir addenda de la partie III.<br />
A) A) Besoins Besoins relatifs relatifs au au bien bien-êtr bien bien êtr être êtr :<br />
1) 1) Dormir Dormir :<br />
- Entre 3 <strong>et</strong> 5 ans, on trouve une moyenne de 12 h. de sommeil dont 10 à 11 heures durant la<br />
nuit.<br />
- Ce n’est que vers 4 ou 5 ans (parfois plus tardivement)<br />
que le besoin d’une sieste diurne disparaîtra, bien que la<br />
période de 13h 30 à 15 heures reste toute la vie une<br />
phase de moindre vigilance. La suppression de la sieste<br />
diurne dans le but d’améliorer le sommeil nocturne<br />
conduit chez de nombreux enfants à un échec.<br />
- A 5 ans, la durée totale du sommeil est encore en<br />
moyenne de 12 heures par nuit (la disparition naturelle<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
A partir de la disparition de la<br />
sieste de l’après-midi, le temps de<br />
sommeil lent profond s’accroît en<br />
début de nuit. Le sommeil<br />
paradoxal, de ce fait, peut<br />
disparaître des 2 premiers cycles de<br />
4 à 6 ans.<br />
de la sieste diurne s’accompagnant d’une augmentation compensatrice de la durée du sommeil<br />
nocturne).<br />
- Chez les enfants âgés de 6 à 9 ans, la moyenne de sommeil se situe autour de 11h 30 <strong>et</strong> tombe<br />
progressivement à 9 heures vers 10 ans (quand l’enfant peut dormir le temps qui lui est<br />
nécessaire !).<br />
163
LA SIESTE EN MATERNELLE...<br />
Nous avons vu que<br />
le besoin d’une sieste<br />
cessait à des âges qui<br />
variaient selon les enfants.<br />
Certains d’entre eux en<br />
ressentent toujours la<br />
nécessité en grande<br />
section de maternelle <strong>et</strong> quelques uns encore au C.P.<br />
Ceci ne constitue pas une raison pour obliger tous<br />
les enfants d’une grande section à rester allongés<br />
durant 1h30 ! Des directeurs (trices) <strong>et</strong> des<br />
inspecteurs (trices) se sont élevés, avec raison, contre<br />
de telles pratiques. N’a-t-on pas vu des institutrices<br />
passant leur temps à papoter de 1h 30 à 3 h en laissant<br />
l’ensemble des enfants, contraints de rester couchés,<br />
sous la garde de l’une d’entre elles, à tour de rôle.<br />
- Gardons - nous d’imposer une sieste à un<br />
enfant qui la rej<strong>et</strong>te... sous peine d’entraîner un<br />
refus ultérieur systématique. Il faut que la sieste des<br />
enfants corresponde aux besoins <strong>physio</strong>logiques mais<br />
aussi sociaux (c’est dans les milieux les plus en<br />
difficulté que les enfants dorment le moins)...<br />
« Tous les enfants n’ont pas les mêmes<br />
besoins de sommeil »<br />
... « Ces chiffres ne représentent<br />
cependant qu’une moyenne, ce qui n’a<br />
rien à voir avec la normale, <strong>et</strong> on peut<br />
trouver de grandes différences entre les<br />
enfants d’un même âge... En prenant une<br />
fourch<strong>et</strong>te de 2 heures autour des<br />
moyennes données, on englobe la très<br />
grande majorité des enfants... De même<br />
que pour les adultes, il existe, de façon<br />
spontanée, des p<strong>et</strong>its dormeurs <strong>et</strong> de gros<br />
dormeurs ainsi que des ’’lève-tôt’’ <strong>et</strong> des<br />
‘’couche-tard’’.<br />
Ces distinctions peuvent d’ailleurs se<br />
constater très tôt, dès l’âge de 6 à 9 mois.<br />
Pour déterminer les besoins réels de<br />
sommeil d’un enfant, la meilleure<br />
méthode est d’observer ce qu’il fait quand<br />
il est libre de se coucher <strong>et</strong> de se lever à<br />
sa guise, c’est à dire pendant les<br />
vacances ».<br />
Pierre Crépon : « Les rythmes de vie de l’enfant »<br />
- Éditions R<strong>et</strong>z 1983.<br />
- Quand des jeunes ne dorment pas suffisamment, leurs apprentissages <strong>et</strong><br />
leur rétention mnésique sont perturbés. La sieste peut combler ce<br />
manque de sommeil.<br />
- Il est nécessaire de créer des conditions propices pour la sieste de ceux<br />
qui en éprouvent le besoin (pièce fraîche que l’on a aéré <strong>et</strong> dans laquelle<br />
on a laissé pénétrer le soleil quand elle n’est pas utilisée) :<br />
* Des enfants de maternelle peuvent s’endormir même en l’absence<br />
d’obscurité (les rideaux noirs ne sont pas indispensables).<br />
* Il importe que l’endroit soit calme (parler en chuchotant lors du déshabillage) <strong>et</strong> il est<br />
souhaitable de disposer de lits ou au moins de matelas (le coin bibliothèque <strong>et</strong> ses coussins<br />
peuvent être utilisés pour le ou les 2 ou 3 enfants concernés au C.P.).<br />
* L’enfant utilise le même lit chaque jour pour des raisons d’hygiène mais aussi affectives<br />
(odeur corporelle personnelle).<br />
* L’enfant doit pouvoir disposer de sa " coucouche" <strong>et</strong> de son "nounours" ou de sa poupée.<br />
* En p<strong>et</strong>ite section tous les enfants s’allongent "pour se reposer"... " on ferme les yeux " (si les<br />
yeux restent ouverts, la relaxation cérébrale n’est pas obtenue ... même dans l’obscurité <strong>et</strong> le<br />
silence). Ceux qui ne sont pas endormis se relèvent au bout de 20 minutes. Beaucoup défendent<br />
l’idée de procéder de même en moyenne section <strong>et</strong> Pierre Crépon écrit : « Tous les enfants » (de<br />
maternelle)... ce qui est excessif <strong>et</strong> n’est pas sans provoquer des conflits entre enseignants <strong>et</strong> parents<br />
<strong>et</strong> entre enseignants <strong>et</strong> inspecteurs.<br />
* Jeann<strong>et</strong>te Bouton conseille aux enseignant(e)s de s’étendre avec les enfants (ces derniers<br />
pensent que seuls les p<strong>et</strong>its dorment <strong>et</strong> le fait de s’allonger avec eux peut faciliter l’acceptation du<br />
moment de détente proposé à tous... « Plus ils sont grands, c’est à dire à partir de 4-5 ans, par<br />
rapport à l’école maternelle, plus ils considèrent que le sommeil est la fonction des p<strong>et</strong>its ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
164
* On peut regarder ceux qui dorment encore (mouvements des yeux sous les paupières <strong>et</strong><br />
fléchissements des doigts qui signent le rêve, gémissements <strong>et</strong> soubresauts...)<br />
<strong>et</strong> parler en classe de ses rêves... <strong>et</strong> de ses cauchemars.<br />
- La sieste peut durer :<br />
* 20 minutes : quelques uns "se détendent" <strong>et</strong> d’autres dorment, une telle<br />
durée est suffisante à certains enfants pour "récupérer". Il importe de leur<br />
donner la possibilité de se relever ensuite.<br />
* de l’ordre d’1 h 30 - 2 h (soit un cycle compl<strong>et</strong> de sommeil qui comportera<br />
une phase de sommeil paradoxal dont on pense qu’il favorise la consolidation de la mémoire.<br />
Ne jamais éveiller un enfant s’il est engagé dans un cycle compl<strong>et</strong> de sommeil. « Le réveil est alors<br />
désagréable <strong>et</strong> la réadaptation à la réalité difficile » - Pierre Crépon. 1983. L’éveiller au bout d’une<br />
heure par exemple, le priverait du sommeil paradoxal, période qui a été amputée si l’enfant n’a pas<br />
assez dormi la nuit précédente.<br />
- Pratiquer un réveil échelonné (le bambin qui a terminé spontanément son cycle de sommeil, se<br />
lève <strong>et</strong> quitte la pièce pour aller jouer).<br />
- Attention à ne pas pousser ensuite les enfants en récréation, dans le froid, en plein hiver,<br />
sans la période de transition nécessaire ... Faire suivre la sieste d’un moment calme. Le conte,<br />
l’écoute d’un disque ou l’apprentissage d’une comptine sont à privilégier.<br />
- La sieste ne fait pas « perdre de temps » si l’enfant n’est pas « disponible ». La période de<br />
13h-13h 30 à 14h 30 - 15h correspond à une phase de « dépression » (qui persiste d’ailleurs toute la<br />
vie). C’est un moment peut susceptible de perm<strong>et</strong>tre des acquisitions intellectuelles (sur un mode<br />
autre que ludique... <strong>et</strong> ceci jusqu’au C.M.).<br />
- L’eff<strong>et</strong> du sommeil sur la rétention mnésique est d’autant plus bénéfique qu’il<br />
intervient plus tôt après l’apprentissage. L’enseignant devra, en conséquence, particulièrement<br />
réfléchir sur ses choix pédagogiques de fin de matinée <strong>et</strong> moins « forcer » en son début afin que les<br />
enfants disposent encore de réserves d’attention.<br />
- P<strong>et</strong>its troubles du sommeil ( = parasomnies) pouvant également apparaître lors de la sieste :<br />
Âge en g al Pourcentage Situation temporelle<br />
Terreurs nocturnes 3 à 12 ans 1 à 6 % (selon études) 1ère partie de la nuit, à la fin du premier<br />
cycle, stade III ou IV.<br />
Somnambulisme 11 à 14 ans 4 % (mais 15 % ont<br />
au moins 1 crise)<br />
1ère partie de la nuit, stade III ou IV.<br />
Énurésie 5 ans à la 10 à 18 % des plus A n'importe quel moment du sommeil<br />
( = pipi au lit) puberté de 4 ans - 5 ans<br />
Cauchemars 3 à 10 ans 4 % Au cours du dernier 1/3 de la nuit, stade V.<br />
Terreurs nocturnes : L'enfant " s'éveille " (en fait le terme ne convient pas) brusquement au<br />
cours des stades III <strong>et</strong> IV (sommeil lent profond). Il crie, pleure, gesticule <strong>et</strong> prononce des mots<br />
incohérents. Les yeux sont ouverts, on observe une transpiration abondante <strong>et</strong> une tachycardie ( =<br />
accélération du rythme cardiaque). L'électroencéphalogramme, normal durant la crise est celui d'un<br />
enfant qui dort. Ces " pavor nocturnus " durent de quelques minutes à une ½ heure. Il y a amnésie totale<br />
de l'épisode de terreur nocturne au réveil <strong>et</strong> l'enfant ne peut dire ce qui a provoqué son angoisse.<br />
Les terreurs nocturnes ont un caractère bénin même si elles sont spectaculaires <strong>et</strong> inquiètent beaucoup<br />
les parents (<strong>et</strong> les enseignants de maternelle lors de la sieste). Un seul conseil : ne pas éveiller l'enfant<br />
car il dort... même si ses yeux sont ouverts. Une tentative d'éveil peut accroître la confusion <strong>et</strong> la peur.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
165
Terreurs nocturnes : l'abstinence thérapeutique est de règle, les <strong>psycho</strong>thérapeutes conseillent de laisser<br />
une veilleuse allumée dans la chambre de l'enfant afin de lui donner un sentiment de sécurité. On ne<br />
traite que dans les formes itératives, ou associées au somnambulisme,<br />
2) 2) Se Se reposer reposer :<br />
:<br />
Avoir la possibilité de s’isoler <strong>et</strong> vivre son « coup de pompe » quel que soit le moment de la<br />
journée (certains enfants se lèvent très tôt <strong>et</strong> ont déjà fait un séjour chez une nourrice ou à l’accueil<br />
pré-scolaire avant d’être conduits en classe).<br />
Pouvoir s’installer confortablement sur une banqu<strong>et</strong>te présente dans un angle de la salle de<br />
classe ou sur la moqu<strong>et</strong>te parsemée de coussins dans le coin lecture.<br />
Chaque enseignant peut procéder à une telle installation.<br />
Disposer d’un emploi du temps régulier qui :<br />
* Alterne les activités motrices <strong>et</strong> les moments calmes.<br />
* Les moments où l’on fait <strong>et</strong> les périodes où l’écoute est plus<br />
présente.<br />
* Les activités de consignes <strong>et</strong> les jeux libres.<br />
Pouvoir, nous l’avons vu, se lever au bout de 20 mn de sieste si on<br />
ne dort pas ...<br />
3) 3) Se Se Se nourrir nourrir :<br />
Prévoir une collation pour les enfants qui n’ont pas déjeuné le<br />
matin... <strong>et</strong> les autres.<br />
La collation doit se situer avant <strong>et</strong> non après la « récréation »,<br />
période d’intense dépense énergétique. Certaines maîtresses préfèrent,<br />
avec raison, l’introduire dès le début de matinée sachant qu’une forte<br />
proportion d’enfants arrive le ventre vide à l’école.<br />
Offrir sans forcer la prise de nourriture.<br />
Présenter des aliments variés afin que tous les goûts puissent être<br />
satisfaits.<br />
Etre assis, avoir une table pour poser son gobel<strong>et</strong>, prendre son temps,<br />
ne pas considérer qu’il s’agit d’un moment obligé vite « expédié ».<br />
L’enfant a le droit à la maladresse <strong>et</strong> le fait de jouer avec la nourriture<br />
correspond à un besoin pour les p<strong>et</strong>its !<br />
Tout m<strong>et</strong>tre en œuvre pour que le repas du midi se déroule dans une<br />
atmosphère calme, sans précipitation <strong>et</strong> dans un cadre agréable.<br />
Accroître l’importance des portions le lundi, particulièrement dans les<br />
« zones difficiles ».<br />
4) 4) Boire Boire :<br />
L’enfant se déshydrate très vite à c<strong>et</strong> âge... attention aux salles surchauffées, régler les<br />
radiateurs.<br />
De l’eau doit toujours être à disposition même s’il n’existe pas de point d’eau dans la salle. Prévoir<br />
dans la classe un récipient transportable, facilement utilisable, en matière plastique plutôt qu’en verre,<br />
par exemple muni d’un robin<strong>et</strong> latéral. L’eau devra être changée très régulièrement... au moins 1 fois<br />
par jour. Des gobel<strong>et</strong>s j<strong>et</strong>ables seront présents en nombre suffisant.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
166
5) 5) Déféquer, Déféquer, uriner uriner :<br />
Comprendre que le contrôle des sphincters exigé pour entrer à l’école<br />
maternelle, est encore récent, était lié au domicile à des rites familiaux non ici<br />
respectés <strong>et</strong> peut présenter des régressions... ne pas dramatiser.<br />
Faire passer les enfants aux toil<strong>et</strong>tes avant une activité qui peut être un peu<br />
plus longue qu’à l’accoutumé (évitons le « p<strong>et</strong>it train »... <strong>et</strong> ses risques de chutes).<br />
Comprendre que l’enfant, comme l’adulte, peut désirer s’isoler, peut rej<strong>et</strong>er<br />
la présence d’autres enfants (ou même de l’adulte)... cela protégera des rétentions<br />
volontaires <strong>et</strong> des culottes salies.<br />
Laisser les enfants se rendre aux toil<strong>et</strong>tes « à la demande » entre les passages préventifs... pas<br />
d’interdictions stupides qui rendent l’enfant indisponible <strong>et</strong> peuvent le conduire à uriner sur lui... ou<br />
pire… avec toutes les conséquences <strong>psycho</strong>logiques qu'on peut imaginer... Un tel comportement est<br />
une forme de violence envers l’enfant.<br />
Qu’en penserons nous lorsque, devenus âgés, des personnels entraveront notre liberté de nous rendre<br />
aux toil<strong>et</strong>tes sous prétexte de risque de perte d’équilibre ou pour toute autre « bonne raison » ?...<br />
A l’école chacun ses WC : ceux des<br />
maîtres <strong>et</strong> des maîtresses <strong>et</strong> ceux<br />
des enfants …<br />
2 pages extraites du livre de Claude Gutman <strong>et</strong><br />
Serge Bloch « Les cabin<strong>et</strong>s ». Editions<br />
Casterman.<br />
La maîtresse ne nous autorise pas à sortir<br />
durant les cours …<br />
<strong>et</strong> pour le papier :<br />
… l’histoire d’une toute p<strong>et</strong>ite fille qui, par<br />
peur, se r<strong>et</strong>ient toute la journée …<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
167
L’enfant doit même avoir la possibilité de r<strong>et</strong>ourner aux toil<strong>et</strong>tes ... même s’il en revient (il<br />
peut présenter une infection urinaire méconnue).<br />
La « salle de propr<strong>et</strong>é » sera en conséquence toujours accessible pour l’enfant qui fera ainsi<br />
l’apprentissage de son autonomie.<br />
Organiser un « roulement d’A.T.S.E.M. » afin d’assurer « une permanence » aux toil<strong>et</strong>tes<br />
perm<strong>et</strong>tant des comportements individualisés.<br />
Du papier hygiénique sera disponible ... comme d’ailleurs durant toute la scolarité ... comment<br />
demander aux enfants d’être propres si on ne leur en donne pas les moyens ?<br />
On initiera au respect de l’autre en apprenant à tirer la chasse.<br />
On enseignera aux enfants à s’habiller <strong>et</strong> à se déshabiller seul <strong>et</strong> à se laver les mains.<br />
6) 6) Se Se sentir à l’aise :<br />
:<br />
... les enfants, s’ils se plaignent, ne sont pas souvent écoutés ...<br />
Une salle ni surchauffée, ni trop froide, régulièrement aérée.<br />
Les vêtements seront desserrés si nécessaire <strong>et</strong> les lac<strong>et</strong>s rattachés... sinon gare aux chutes.<br />
L’éclairage sera suffisant.<br />
• il est préférable que les élèves soient assis latéralement par<br />
rapport aux fenêtres. Les changer de place de temps à autre<br />
au cours de l’année afin que tous bénéficient de l’éclairage<br />
naturel.<br />
• les murs <strong>et</strong> les plafonds doivent être clairs <strong>et</strong> mats (afin<br />
d’éviter les réflexions de lumière).<br />
• attention aux « lumières crues <strong>et</strong> violentes » ... « qui<br />
papillotent à longueur de journée » ... ou à l’inverse, à un<br />
éclairage insuffisant nécessitant un effort oculaire accru.<br />
« Un mauvais éclairage provoquera des maux de tête, une sensation de fatigue visuelle, des<br />
larmoiements <strong>et</strong> des picotements oculaires en fin de journée. Si ces symptômes disparaissent les<br />
jours de repos, l’éclairage des locaux scolaires est très probablement en cause. Les conséquences<br />
peuvent être une démotivation de l’enfant vis à vis de son travail».<br />
Georges Perdriel,<br />
ophtalmologue.<br />
• souhaitable : une double éclairage modulable au plafond (tubes fluorescents qui ne<br />
proj<strong>et</strong>tent pas d’ombres) <strong>et</strong> un éclairage pour le tableau indépendant.<br />
Des stores ou des rideaux seront disponibles lors des fortes chaleurs.<br />
Les mains pourront être lavées mais aussi séchées.<br />
Des mouchoirs en cellulose seront à portée de mains des enfants <strong>et</strong> on leur apprendra à se<br />
moucher en obturant une narine puis l’autre.<br />
OFFRONS AUX ENFANTS UN ENVIRONNEMENT QUE LES ADULTES NE<br />
REJETTERAIENT PAS !<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
168
7) 7) Pouvoir Pouvoir compter compter sur sur l’adulte l’adulte :<br />
Les enfants par leurs demandes, les tractions qu’ils exercent sur nos vêtements, leurs cris, leurs<br />
larmes expriment des besoins ... ne répondons pas par l’indifférence ou ne feignons pas la<br />
surdité ... comportons-nous avec eux comme nous souhaitons qu’ils se comportent avec nous<br />
lorsque nous aurons perdu notre indépendance du fait de l’âge ...<br />
L’un des mots les plus souvent utilisé par les enseignants est<br />
« ATTENDS » ... il est vrai que la réponse n’est pas toujours<br />
immédiatement possible <strong>et</strong> que la différer peut correspondre à une<br />
volonté de faire découvrir les règles de la vie en collectivité ... mais c<strong>et</strong>te<br />
réponse doit toujours survenir afin que l’enfant se sente « en<br />
confiance » <strong>et</strong> ait la certitude qu’il est en sécurité au sein de l’école.<br />
Les RECREATIONS :<br />
• La cour de récréation est souvent une source d’angoisse<br />
pour l’enfant de p<strong>et</strong>ite section. Le sortir avec les moyens ou les<br />
grands c’est l’exposer aux bousculades <strong>et</strong> aux chutes <strong>et</strong> lui faire<br />
vivre une insécurité permanente. Il importe de s’organiser afin<br />
que les p<strong>et</strong>its ne soient pas en récréation simultanément avec<br />
d’autres niveaux (récréations échelonnées).<br />
• Ne pas reporter pour autant les récréations des p<strong>et</strong>its en<br />
fin de matinée avant l’arrivée des mamans afin de s’épargner<br />
un habillage supplémentaire !!!... C’est nier les besoins les plus<br />
élémentaires des enfants que de les maintenir presque 2 h 30<br />
dans une salle en avançant l’argument fallacieux que la matinée<br />
a comporté une séance d’éducation motrice.<br />
• Durant les récréations, au moins les premières semaines,<br />
tous les maîtresses <strong>et</strong> maîtres seront présents dans la cour ceci afin que l’enfant d’une classe<br />
donnée puisse s’adresser au seul adulte qu’il connaît alors bien. Ce n’est qu’ensuite que sera mis<br />
en place le système des services.<br />
• Exercer une véritable surveillance afin que le fort n’écrase pas le faible <strong>et</strong> que le groupe<br />
n’oppresse pas l’individu... l’adulte doit être le garant de la loi ... ne mimons pas « les pieds de<br />
marmite » durant les récréations (3 enseignants qui se regardent, discutent <strong>et</strong> ignorent les enfants).<br />
• Durée des récréations : - L'horaire moyen consacré aux récréations est de 15 minutes par demijournée<br />
à l'école élémentaire. C<strong>et</strong> horaire doit s'imputer de manière équilibrée dans la semaine sur<br />
l'ensemble des domaines disciplinaires. À l'école maternelle, le temps des récréations est compris<br />
entre 15 <strong>et</strong> 30 minutes par demi-journée.<br />
Article 4 de "HORAIRES DES ÉCOLES MATERNELLES ET ÉLÉMENTAIRES" A. du 25-1-2002 . JO du 10-2-2002.<br />
• Remarque ; dans certaines écoles élémentaires est élaborée avec les enfants une « charte des<br />
récréations » qui responsabilise des grands vis à vis des plus jeunes <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de réguler les<br />
problèmes d’agressivité.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
169
B) B) B) Besoins Besoins relatifs relatifs à à l’expression l’expression de de sa sa personnalité<br />
personnalité personnalité :<br />
Attention... les excès de liberté peuvent être vécus comme des abandons ...<br />
les excès de sévérité comme de l’intolérance.<br />
1) 1) être être reconnu reconnu comme comme une une ppersonne<br />
p ersonne :<br />
Pratiquer un accueil individualisé... la qualité de<br />
l’accueil est primordiale. L’enfant qui pleure doit être<br />
immédiatement pris en charge. L’enseignant doit être à la fois<br />
à l’écoute des enfants <strong>et</strong> des parents.<br />
Appeler l’enfant par son prénom.<br />
Le regarder dans les yeux... quitte à s’accroupir <strong>et</strong> ceci<br />
tout en tenant compte du fait que d’autres cultures ne reconnaissent<br />
pas ce droit à l’enfant... en d’autres termes... ne pas<br />
disputer l’enfant si lui ne vous regarde pas dans les yeux.<br />
L’écouter, être attentif à ses désirs <strong>et</strong> à ses besoins.<br />
L’accompagner dans ses jeux <strong>et</strong> ses activités... en le<br />
laissant néanmoins tâtonner <strong>et</strong> sans les réaliser à sa place !<br />
S’émerveiller avec lui mais aussi relancer son activité en hésitant pas à faire apparaître<br />
qu’une tâche n’est pas terminée.<br />
L’enfant accepte d’autant mieux les règles qu’il a participé à leur élaboration <strong>et</strong> qu’il<br />
constate qu’il est lui même respecté <strong>et</strong> qu’il dispose de droits<br />
La lutte contre la violence débute dès la maternelle... rappelons que les châtiments<br />
corporels sont interdits depuis 1887, que l’instituteur s’expose à des recours <strong>et</strong> des sanctions s’il<br />
transgresse les textes... <strong>et</strong> que l’enfant frappé en maternelle risque de devenir frappeur au collège...<br />
Des relations chaleureuses avec les parents peuvent perm<strong>et</strong>tre de mieux connaître chaque<br />
enfant ... <strong>et</strong> d’adapter son comportement en conséquence.<br />
2) 2) Bouger Bouger :<br />
Il est normal qu’un enfant de maternelle ne sache pas<br />
« rester en place ».<br />
Il est naturel que son attention cède rapidement.<br />
Les activités physiques <strong>et</strong> de plein air sont pour lui<br />
essentielles. Elles doivent être présentes chaque jour.<br />
Les activités de déplacement d’obj<strong>et</strong>s (... pousser, tirer,<br />
porter) <strong>et</strong> de fabrication-démontage sont aussi liées à son<br />
besoin presque incessant de mouvement.<br />
Accepter les mouvements dans une classe, c’est par la même, perm<strong>et</strong>tre de<br />
prendre des initiatives.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
170
3) 3) Agir, Agir, Agir, jouer jouer :<br />
Le besoin d’agir est lié au besoin de mouvements (déjà abordé) mais aussi au besoin<br />
de jouer. Agir exige un environnement riche <strong>et</strong> solliciteur avec des jeux variés.<br />
Le jeu :<br />
L’enfant qui joue est sérieux, attentif, concentré même. Mais le jeu est aussi<br />
synonyme de plaisir <strong>et</strong> de liberté. Jean Luc Aubert (<strong>psycho</strong>logue scolaire)<br />
pense que c’est « parce qu’il est associé au plaisir, que le jeu se révèle le<br />
moyen d’apprentissage le plus performant ».<br />
Intérêts <strong>et</strong> fonctions du jeu:<br />
* Développement des capacités cognitives.<br />
* Développement des capacités physiques.<br />
* Socialisation par la communication avec les autres qu’il perm<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />
par les rôles multiples qu’il autorise (agression, défense, aide…). A 2<br />
ans, l’enfant aime jouer à côté des autres aux mêmes jeux mais les<br />
échanges sont pauvres : c’est le « jeu parallèle ». A 2,5 ans les interférences augmentent mais l’enfant<br />
reste égocentrique (« C’est à moi »). Peu à peu, il jouera avec les autres.<br />
* Maîtrise de l’angoisse de la séparation (jeu de cache-cache).<br />
* Contrôle de soi : maîtrise physique (… on ne se fait pas de mal, on ne fait pas mal aux<br />
autres) <strong>et</strong> maîtrise <strong>psycho</strong>logique (contrôle de l’agressivité, acceptation de l’échec par<br />
exemples).<br />
* Acceptation des règles (en jouant, l’enfant réalise peu à peu que la règle est nécessaire) qui<br />
perm<strong>et</strong> l’assimilation ultérieure des notions de contrat <strong>et</strong> de loi.<br />
* Le jeu moyen de thérapie. Le jeu perm<strong>et</strong> de lutter contre<br />
les difficultés scolaires, les angoisses <strong>et</strong> les traumatismes<br />
<strong>psycho</strong>logiques. Suite aux travaux de la suédoise Ivonny<br />
Lindquist, le jeu est maintenant utilisé dans les services<br />
hospitaliers.<br />
On distingue différents types de jeux :<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
Même les animaux<br />
jouent !<br />
Si un enfant bat sa poupée, ce peut être<br />
parce qu’il est lui-même battu mais ce peut<br />
être aussi parce qu’il craint de l’être… En<br />
mimant ses angoisses, il peut prendre de la<br />
distance avec celles-ci<br />
• Jeux sensoriels <strong>et</strong> moteurs = jeux sensori-moteurs qui développent la précision<br />
du geste <strong>et</strong> l’équilibre ... les seuls jeux de 0 2ans mais qui persistent bien au delà. Dès 4 mois<br />
l’enfant secoue son hoch<strong>et</strong> d’un mouvement brusque. A 6 mois il attrape ses pieds <strong>et</strong> tente<br />
d’atteindre des obj<strong>et</strong>s éloignés. A 8 mois il joue à taper les obj<strong>et</strong>s les uns contre les autres puis à les<br />
j<strong>et</strong>er par terre. A 10 mois il joue à « coucou » <strong>et</strong> peut m<strong>et</strong>tre un obj<strong>et</strong> dans une boîte. A 14-15 mois<br />
il joue à remplir <strong>et</strong> à vider <strong>et</strong> commence à emboîter. A 18 mois il<br />
aime les jou<strong>et</strong>s à pousser <strong>et</strong> à tirer <strong>et</strong> s’intéresse aux images.<br />
• Jeux symboliques = jeux du « comme si » ou jeux<br />
du « faire semblant ou « jeux de simulacre » qui se<br />
développent de 2 à 4, 5 ans <strong>et</strong> correspondent au début à l’imitation<br />
des activités des adultes.<br />
• Jeux d’imitation <strong>et</strong> de rôles qui dérivent des précédents <strong>et</strong><br />
prendront une grande importance entre 4,5 <strong>et</strong> 5 ans.<br />
• Jeux de règles plus tardifs (à partir de 6 ou 7 ans) qui exigent une discipline collective.<br />
171
4) 4) Communiquer Communiquer :<br />
Le langage est l’outil privilégié de la communication<br />
interhumaine mais il n’est pas le 1 er <strong>et</strong> pas le seul à être utilisé<br />
par l’enfant. L’enfant communique par le regard, la mimique<br />
<strong>et</strong> le geste <strong>et</strong> l’école se fixe pour objectif de l’amener à<br />
communiquer aussi par le langage.<br />
La communication de l’enfant est dirigée vers un individu en<br />
particulier, souvent un adulte alors que l’école cherche à<br />
favoriser les rapprochements entre enfants.<br />
C’est par le biais des activités communes que vont se<br />
développer la communication <strong>et</strong> la socialisation, qu’il s’agisse d’une simple distribution de lait ou<br />
de gâteaux par un enfant, qu’il s’agisse d’une activité de groupe, d’équipe ou d ‘atelier exigeant<br />
une coopération ou encore que soit pratiquée une véritable pédagogie coopérative.<br />
Lorsque deux enfants de classe maternelle se rencontrent pour la première fois dans une salle de<br />
jeu, la présence d’un p<strong>et</strong>it mammifère familier (lapin nain, cobaye, hamster…) diminue la<br />
distance qu’ils laissent entre eux, accroît le temps d’interaction entre les enfants <strong>et</strong> crée une<br />
ambiance plus positive… L’animal fait tomber les barrières <strong>et</strong> augmente les échanges affectifs : il<br />
joue un rôle facilitateur dans les interactions sociales. L’élevage peut devenir un moyen de<br />
rendre plus aisée la transition de l’entrée à l’école maternelle <strong>et</strong> peut faciliter le passage grande<br />
section de maternelle – CP.<br />
Si l’élevage facilite l’intégration des enfants à la vie de groupe <strong>et</strong> les habitue à travailler<br />
ensemble… il leur apprend aussi à se respecter : il faut tenir compte de l’opinion de l’autre.<br />
5) 5) Marquer Marquer sa sa sa possession possession :<br />
Si l’enfant se sent menacé dans la<br />
possession d’un obj<strong>et</strong>, de l’espace ou<br />
dans l’activité qu’il mène, il va réagir<br />
souvent par l’agressivité, parfois par la<br />
fuite.<br />
Il importe de m<strong>et</strong>tre en place des zones<br />
refuges où l’enfant puisse s’isoler ou<br />
jouer seul (coins avec des p<strong>et</strong>its jou<strong>et</strong>s<br />
individuels, des poupées ou un<br />
téléphone).<br />
Tirer <strong>et</strong> pousser à partir de 18 mois…<br />
« La contrainte est la pire des méthodes pédagogiques » (Piag<strong>et</strong>, 1949).<br />
« Une vérité apprise n'est qu'une demi-vérité, la vérité entière étant<br />
reconquise, reconstruite ou redécouverte par l'élève lui-même » (Piag<strong>et</strong>, 1950).<br />
… Une école sans contrainte donc, où l'élève expérimente activement afin de<br />
reconstruire de lui-même ce qu'il s'agit d'apprendre.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
172
ADDENDA ADDENDA : ACCUEILLIR LES PARENTS<br />
<strong>et</strong> <strong>et</strong> les les intégrer intégrer à à la la la vie vie scolaire scolaire scolaire ... ...<br />
...<br />
« Les réticences, les peurs, les incompréhensions, que la présence des<br />
parents soulève, doivent être dépassées dans l’intérêt du jeune »<br />
Georges Dupon-Lahitte, président de la F.C.P.E. le 21/04/1998.<br />
A) A) LES LES LES INTERROGATIONS INTERROGATIONS DES PARENTS :<br />
mon enfant va-t-il pleurer, a t-il pleuré après mon départ ?<br />
que va-t-il faire pendant trois heures ?<br />
va-t-on comprendre <strong>et</strong> prendre en compte ce qu'il dit ... ?<br />
B) B) B) MANIFESTATIONS MANIFESTATIONS MANIFESTATIONS DE DE LEURS LEURS INQUIETUDES INQUIETUDES :<br />
des parents qui monopolisent l'institutrice ;<br />
père ou mère installant son enfant <strong>et</strong> ne parvenant plus à le quitter.<br />
attitude de fuite face aux rencontres parents-enseignant ou comportement<br />
agressif lors de ces réunions.<br />
C) CONSTRUIRE CONSTRUIRE CONSTRUIRE UN UN CADRE CADRE DE DE CONFIANCE CONFIANCE CONFIANCE RECIPROPRE RECIPROPRE ET ET PROSCRIRE PROSCRIRE<br />
PROSCRIRE<br />
TOUTE TOUTE FORME FORME DE DE REJET REJET REJET :<br />
Un cadre de confiance réciproque doit être proposé<br />
d'emblée qui, tout à la fois, rassure les parents <strong>et</strong> les<br />
persuade qu'il n'y a pas de concurrence école-famille :<br />
Réunion collective dès les inscriptions en maternelle (entre<br />
les mois de mars <strong>et</strong> juin précédant la rentrée). Dès c<strong>et</strong>te 1 ère<br />
rencontre, un canevas, même sommaire, de la journée, est<br />
exposé.<br />
Réunion de rentrée à laquelle chaque parent est invité par<br />
écrit (voire oralement ou par téléphone s’il existe des difficultés connues de lecture<br />
du français). Prévoir pour chaque classe 2 horaires de réunion (par exemple 17 h <strong>et</strong><br />
19 h) pour répondre aux disponibilités de chacun.<br />
Rencontre individuelle de l’instituteur (trice) avec chaque famille accompagnée<br />
de son enfant.<br />
Dialogues personnalisés aux différents moments d'accueil <strong>et</strong> de départ.<br />
Certaines académies comme celle du Rhône rémunèrent des interprètes (en arabe,<br />
en turc, en portugais qui facilitent la communication lors des rencontres.<br />
Par la suite, c<strong>et</strong>te relation devra aller au-delà de la sécurisation <strong>et</strong> devenir<br />
relation de confiance. Elle perm<strong>et</strong>tra de modifier, souvent au positif, les<br />
"attentes" des parents vis-à-vis de l'école.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
173
L’objectif de la « Semaine des parents à l’école »<br />
(organisée pour la première fois du 11 au 16 mai<br />
1998) était d’ « instaurer un partenariat éducatif<br />
durable avec les parents dans un esprit d’ouverture, de<br />
confiance réciproque, de respect mutuel ». La 2 ième<br />
édition s’est déroulée du 12 au 17 oct. 1998.<br />
L’enseignant peut par exemple convier chaque<br />
parent de maternelle qui le souhaite à rester une ½<br />
journée par roulement dans la classe lors de c<strong>et</strong>te « semaine des parents à l’école » de façon à faire<br />
découvrir l’école, le proj<strong>et</strong> éducatif, le travail de l’enseignant <strong>et</strong> afin de développer confiance <strong>et</strong><br />
transparence.<br />
Il invitera les parents à apprécier les productions exposées, ce qu’elles ont mis en jeu (beaucoup<br />
de parents pensent que c'est la maîtresse qui "fait")<br />
Il associera les parents à des ateliers, des<br />
sorties...<br />
En cas de difficulté, rendez-vous est pris<br />
avec les parents <strong>et</strong> si cela s ‘avère nécessaire,<br />
une réunion parents + enseignant + directrice<br />
est organisée dans le bureau de celle-ci (cf.<br />
caractère solennel de l’entr<strong>et</strong>ien) avec<br />
signatures d’un contrat écrit comportant<br />
les engagements de part <strong>et</strong> d’autre.<br />
Le père, la mère, vont être conduits à<br />
valoriser simultanément l'enfant <strong>et</strong> le rôle de<br />
l'école.<br />
De ces échanges, l'institutrice aura le<br />
bénéfice d'une meilleure connaissance de<br />
chaque enfant, de sa famille, de son univers<br />
familier.<br />
Certaines activités perm<strong>et</strong>tent aussi<br />
d'instaurer un échange entre les parents <strong>et</strong><br />
entre les parents <strong>et</strong> l'école en général :<br />
- élections des parents d’élèves <strong>et</strong> réunion<br />
des conseils d’Ecole (créés en 1977 <strong>et</strong> rénovés en<br />
1985).<br />
- réunions de classes avec les parents en<br />
cours d’année.<br />
Un enfant a besoin que son entourage<br />
apprécie ses efforts, magnifie ses réussites.<br />
Or, si sa famille méconnaît le système scolaire,<br />
elle ne peut lui apporter c<strong>et</strong>te aide ».<br />
Monique Desgouttes, directrice de l’école<br />
« La Maison des Trois-Espaces à Saint-Fons<br />
(banlieue de Lyon).<br />
Enfants <strong>et</strong> parents lors d’un p<strong>et</strong>it déjeuner organisé à l’école<br />
de « La Maison des Trois-Espaces (près de Lyon).<br />
Photographie extraite de « La revue des parents » n° 296 de<br />
janvier-février 1998 (F.C.P.E.).<br />
- fonctionnement, dès la classe des p<strong>et</strong>its, d'une "mini-bibliothèque" (prêt de livres pour les fins de<br />
semaine par exemple).<br />
- débats autour de films avec professionnels de la p<strong>et</strong>ite enfance. Les thèmes (sommeil de l’enfant,<br />
son développement, la prévention des accidents domestiques ...) sont choisis en commun avec les<br />
parents.<br />
- projections de diapositives, de films, sur des activités de la classe, circulation d'albums ...<br />
Inspiré de « Avoir 2 ans à l’école », CRDP de Nantes<br />
<strong>et</strong> de divers articles de « La revue des parents ».<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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Illustrations : « Le grand monde du préscolaire »<br />
: http://prescolaire.grandmonde.com<br />
Les parents sont<br />
des co-éducateurs.<br />
La loi d’orientation de 1989<br />
(proj<strong>et</strong> présenté par<br />
Lionel Jospin),<br />
les a consacrés comme partenaires<br />
à part entière du système éducatif.<br />
C’est au Conseil d’Ecole créé en 1977 <strong>et</strong> rénovés en 1985 (au Conseil<br />
d’Administration créés en 1968 <strong>et</strong> rénovés en 1985 dans les collèges <strong>et</strong> les lycées) que<br />
les parents élus ém<strong>et</strong>tent leurs avis sur l’organisation de l’école, le règlement intérieur,<br />
l’accueil des enfants, les horaires, la sécurité des locaux, les sorties <strong>et</strong> voyages <strong>et</strong><br />
d’autres activités ...<br />
La principale fédération (en nombre d’adhérents) de parents d’élèves (la Fédération des<br />
Conseils de Parents d’Elèves ou F.C.P.E.) insiste sur les points suivants (outre des<br />
effectifs plus réduits en classe, des locaux, du matériel, des personnels qualifiés en<br />
nombre suffisant <strong>et</strong> à l’écoute des enfants) :<br />
1. Une véritable gratuité de l’éducation, condition indispensable de l’égalité des chances.<br />
2. Le respect des rythmes de vie <strong>et</strong> d'apprentissage.<br />
3. Le développement d'activités sportives <strong>et</strong> socio-culturelles accessibles à tous.<br />
4. Le droit à l’école maternelle pour tous les enfants dès 2 ans si les parents le désirent.<br />
5. Un service de restauration scolaire ouvert à tous au coût le plus juste.<br />
6. La prise en charge totale des transports.<br />
7. L’intégration des enfants handicapés.<br />
8. L’amélioration du dispositif de santé scolaire.<br />
9. Une plus grande participation des parents à la vie de l’école dans le cadre de la coéducation.<br />
10. La FCPE revendique également un statut du délégué-parent qui leur perm<strong>et</strong>trait<br />
d’exercer leur mandat.<br />
Jean-Pierre Geslin.<br />
Professeur à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Créteil.<br />
Enseignant en immunopathologie, de 1985 à 2000, à la faculté de Bobigny.<br />
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