Numéro 45 - Le libraire
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Bande dessinée<br />
Chroniques<br />
birmanes<br />
Guy Delisle, Delcourt, coll.<br />
Shampooing, 224 p., 28,95$<br />
Avec Chroniques birmanes, Guy<br />
Delisle poursuit la démarche qu’il<br />
a entreprise avec Pyongyang et<br />
Shenzhen en relatant ses séjours professionnels dans<br />
des contrées souvent méconnues de nos semblables.<br />
Cette fois-ci, on le suit alors qu’il accompagne sa<br />
femme, qui travaille pour Médecins sans frontières en<br />
Birmanie. Proposant plus qu’un récit de voyage, l’auteur<br />
y va de ses réflexions sur ce pays gouverné d’une<br />
main de fer par la junte militaire. Et, encore une fois,<br />
ce qui est intéressant avec Delisle, c’est qu’on a le<br />
regard d’une personne curieuse et cultivée qui effectue<br />
un séjour prolongé dans un pays plutôt fermé, mais<br />
sans l’encadrement rigide dans lequel sont souvent<br />
pris les journalistes qui séjournent dans ces pays.<br />
Instructif en plus d’être divertissant. David Murray Monet<br />
Idylles: Lou! (t. 4)<br />
Julien Neel, Glénat, coll. Tchô!,<br />
48 p., 13,95$<br />
Julien Neel nous revient avec une<br />
autre excellente suite de la série<br />
Lou! Populaire auprès des adolescentes,<br />
cette série, alliant situations<br />
loufoques et découvertes des sentiments<br />
amoureux, saura plaire à tous ceux qui sont passés par<br />
là. De plus, elle est indéniablement originale, puisque<br />
les personnages vieillissent au rythme des albums.<br />
Cette fois-ci, Lou part en vacances sur le bord de la<br />
mer avec ses amies, loin de sa mère et de Mortebouse.<br />
Course aux garçons, fêtes sur la plage, tout y est.<br />
Pendant ce temps, sa mère fait la tournée de promotion<br />
de son roman avec son amoureux. <strong>Le</strong>s parallèles<br />
entres les deux histoires sont nombreux et intéressants,<br />
et les croisements encore plus. Lou devra également<br />
faire des choix importants. Un bon volume, léger<br />
et divertissant. Philippe Picard Clément Morin<br />
Happy Living<br />
Jean-Claude Götting, Delcourt,<br />
coll. Mirages, 132 p., 26,95$<br />
Je parierais ma collection de<br />
marque-pages que vous connaissez<br />
le dessin de Götting, mais<br />
peut-être pas son nom; le<br />
bédéiste est surtout connu pour ses couvertures des<br />
éditions françaises de Harry Potter. Ce travail d’illustration<br />
l’avait un peu éloigné de la B.D. dernièrement<br />
mais, pour notre bonheur, il est allé au charbon pour<br />
concocter une histoire jazz pas piquée des notes<br />
bleues. François Merlot, journaliste, interviewant<br />
Slatters, le compositeur (présumé) d’un célèbre thème<br />
de jazz (Happy Living, clin d’œil à Easy Living?) est<br />
stupéfait d’entendre sa confession: en réalité, il a volé<br />
le thème à son auteur, musicien ivrogne et compositeur<br />
qui s’ignore. Il voudrait réparer cette injustice, s’il<br />
n’est pas trop tard, et demande à Merlot de l’y aider. Un<br />
superbe noir et blanc bien rythmé, au trait dur soulignant<br />
la mélancolie et l’ironie de l’expression « une<br />
vie heureuse ». Stéphane Picher Pantoute<br />
Kaboul disco (t. 1):<br />
Comment je ne me suis<br />
pas fait kidnapper en<br />
Afghanistan<br />
Nicolas Wild, La boîte à bulles,<br />
coll. Contre-cœur, 160 p., 26,95$<br />
Guy Delisle fait des petits… Et<br />
heureusement, car si on sent<br />
poindre un léger essoufflement chez l’auteur de<br />
Chroniques birmanes, Nicolas Wild est là pour<br />
reprendre le flambeau avec énergie! En fait, en répondant<br />
à l’annonce d’une agence de Kaboul demandant<br />
un dessinateur pour illustrer la constitution afghane à<br />
l’intention des enfants et des analphabètes, l’auteur ne<br />
savait pas trop dans quelle aventure il s’embarquait.<br />
Qu’à cela ne tienne : le récit de son séjour n’en sera<br />
que plus croustillant, entre instantanés culturels d’une<br />
société sinistrée en « reconstruction », désillusions des<br />
expats’, problèmes techniques de dessin et trouille de<br />
l’attentat! <strong>Le</strong> tout sera chaudement épicé du trait<br />
d’humour franchement comique de Wild, celui-ci<br />
finissant même par s’attacher à la patrie de Massoud…<br />
Une belle surprise. Eric Bouchard Monet<br />
F É V R I E R - M A R S 2 0 0 8<br />
40<br />
Inédits<br />
Claire Bretécher, Dargaud,<br />
68 p., 23,95$<br />
Pour les adeptes de Brétecher,<br />
Inédits est un fabuleux retour aux<br />
sources. Cette B.D. regroupe des<br />
planches qui sont parues dans<br />
Pilote, le Nouvel Obs et d’autres publications entre les<br />
années 1960, 70 et 80. C’était l’époque des revendications<br />
à l’égard des sexes, du féminisme, des psy au<br />
sommet de leur gloire, des enfants-rois; le Français<br />
moyen vivait l’expansion économique et écologique<br />
bien avant la venue de l’informatique et du cellulaire.<br />
Claire Brétecher nous a habitués à un dessin au style<br />
simpliste. Ses personnages, qu’on revoit avec plaisir,<br />
sont très expressifs et se perdent souvent dans des dialogues<br />
engagés. Il est agréable de replonger dans cet<br />
univers où tous se disaient engagés politiquement<br />
sans pour autant changer le monde! Une B.D. pour les<br />
nostalgiques de cette époque.<br />
Jacynthe Dallaire <strong>Le</strong>s Bouquinistes<br />
Somewhere Else<br />
Pascal Jousselin, Treize étrange,<br />
104 p., 25,95$<br />
Tout comme l’album de jazz<br />
Something Else d’Ornette<br />
Coleman auquel le titre fait<br />
référence, ce petit bijou de bande<br />
dessinée bouscule un peu les conventions du genre.<br />
Bien que l’esthétique de Jousselin demeure somme<br />
toute assez conventionnelle, les histoires qu’elle<br />
appuie sortent toutes de l’ordinaire. On évolue dans<br />
un univers narratif standard se rapprochant de la nouvelle<br />
littéraire, mais des événements dignes de<br />
Twilight Zone sont logés dans chaque segment. Alors<br />
que les personnages ne semblent en rien troublés par<br />
ces pluies de poissons, ces geysers de feu et autres, en<br />
tant que lecteur, on ne peut s’empêcher de tiquer. Un<br />
temps. Puis on accepte, on se laisse bercer par ces<br />
anecdotes imbibées de musique et empreintes d’une<br />
humanité extrême. Anne-Marie Genest Pantoute<br />
le <strong>libraire</strong> CRAQUE<br />
<strong>Le</strong>s Fils de la terre<br />
(t. 1)<br />
Hideaki Hataji et Jinpachi Môri,<br />
Delcourt, coll. Gingko,<br />
224 p., 13,95$<br />
<strong>Le</strong> premier ministre japonais convoque<br />
ses ministres pour un dînerréunion<br />
extraordinaire. Après que tous aient été servis<br />
d’un plat copieux, il leur annonce que ce dernier est<br />
l’enjeu du jour! Stupeur dans la salle! Car il s’avère<br />
que seulement 20% de la nourriture se trouvant dans<br />
cette usuelle assiette soit produite au pays. Est-ce à<br />
dire qu’advenant la rupture de ses relations commerciales,<br />
le Japon deviendrait « un gigantesque archipel<br />
de la faim » (et que soufflerait le vent du désert)? Un<br />
jeune fonctionnaire boute-en-train du ministère de<br />
l’Agriculture recevra donc la charge ingrate de décupler<br />
les cohortes de diplômés en agriculture.<br />
Parachuté en pleine campagne dans un lycée agricole,<br />
envers et contre tous, il s’attellera à l’ouvrage avec une<br />
foi inattendue! Un manga qui a du cœur, comme on les<br />
aime! Eric Bouchard Monet<br />
Faust<br />
Raymond Poïvet et Rodolphe,<br />
Seuil, 48 p., 24,95$<br />
Au début des années 80,<br />
Rodolphe est chargé de réaliser<br />
une adaptation de l’immortel<br />
Faust de Goethe. <strong>Le</strong> scénariste<br />
jette alors son dévolu sur Raymond « <strong>Le</strong> Maître »<br />
Poïvet (<strong>Le</strong>s Pionniers de l’espérance) pour en assurer<br />
les dessins. Malheureusement, une fois le travail<br />
achevé, l’éditeur fait faillite et c’est sans succès que<br />
Rodolphe tentera de loger leur projet à une autre<br />
enseigne. Puis, quelques années après la mort du<br />
père (décédé en 1999), le fils Poïvet découvre les<br />
fameuses planches inédites… sous le matelas du<br />
défunt! Quel plaisir de savourer l’époustouflant classicisme<br />
de ce magnifique noir et blanc aux hachures<br />
luxuriantes (félicitons le Seuil pour l’exemplaire<br />
sobriété de la maquette). Et tout de même: assurer sa<br />
postérité avec la publication posthume d’une adaptation<br />
de Faust, c’est un conte à faire frémir!<br />
Eric Bouchard Monet<br />
L’Âge d’or:<br />
Mamette (t. 2)<br />
Nob, Glénat, coll. Tchô!,<br />
48 p., 15,95$<br />
<strong>Le</strong>s bandes dessinées mettant en<br />
vedette des personnes âgées sont<br />
plutôt rares. Parmi elles, un nombre<br />
encore plus restreint procure autant de rires et de<br />
sourires à tous, toutes générations confondues. La<br />
série « Mamette », dont le deuxième tome est sorti<br />
récemment, répond parfaitement à cette définition.<br />
Des sujets pourtant sérieux, comme la maladie et les<br />
relations avec les adolescents, sont traités avec<br />
humour et tendresse. Dans L’Âge d’or, Mamette, petite<br />
grand-maman qui ne veut pas vieillir, doit s’occuper<br />
tout l’été de Maxou, préadolescent aux tendances<br />
rebelles. Confrontations et complicités s’entrecroisent,<br />
ponctuées par les visites des amies de<br />
Mamette. Un plaisir que l’on voudra partager avec ses<br />
petits-enfants ou ses grands-parents.<br />
Philippe Picard Clément Morin