Dard Frederic-Quelqu'un marchait sur ma tombe.pdf
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quelque part. Et puis non ! L’assiette qui tourne au bout d’un<br />
bâton de jongleur ne signifie rien non plus. Je suis une assiette<br />
au bout d’un bâton, Lisa.<br />
« Je tourne, je tourne… Le mouvement se ralentit<br />
progressivement. Un jour je <strong>tombe</strong>rai et me briserai.<br />
Il rabattit d’un geste brusque le couvercle de la valise car la<br />
vue des vêtements l’incommodait.<br />
— Vous avez re<strong>ma</strong>rqué les nombreuses plantes vertes qui<br />
prétendent orner mon appartement ?<br />
— Oui. Elles sont belles, fit Lisa, sincère.<br />
— Tous les <strong>ma</strong>tins, Lotte les essuie feuille après feuille avant<br />
de les arroser et de les gaver d’engrais mystérieux. Ce sont nos<br />
enfants. Nous avons eu des plantes vertes ensemble. Lotte et<br />
moi. D’autres ont des oiseaux, des chiens, des chats ou des<br />
poissons exotiques… D’autres ont des enfants ! Je vis dans une<br />
serre et, par instants, j’avais un peu l’impression de devenir<br />
végétal.<br />
— Vous aviez ? souligna-t-elle, <strong>sur</strong>prise par cet imparfait.<br />
Il la prit aux épaules. Personne n’avait ja<strong>ma</strong>is mis ses <strong>ma</strong>ins<br />
ainsi <strong>sur</strong> les épaules de Lisa. C’étaient des <strong>ma</strong>ins sûres et<br />
ferventes.<br />
— Lisa, je ne sais pas si nous réussirons l’évasion de votre<br />
Frank, <strong>ma</strong>is je peux as<strong>sur</strong>er que nous avons réussi la mienne.<br />
Une musique hystérique éclata tout à coup. Ils <strong>sur</strong>sautèrent<br />
et se tournèrent vers Paulo qui venait d’entrer en balançant à<br />
bout de bras un transistor en <strong>ma</strong>rche. Le poste ronflait à plein<br />
régime, au paroxysme de ses possibilités. Paulo jeta un regard<br />
coagulé <strong>sur</strong> le couple. Il fixait les <strong>ma</strong>ins blanches de Gessler<br />
toujours posées <strong>sur</strong> les épaules de Lisa.<br />
Les mâchoires crispées, Paulo refer<strong>ma</strong> la porte vitrée d’un<br />
coup de talon. Les carreaux fêlés chantèrent. Grincheux, le petit<br />
homme s’avança, posa le poste de radio <strong>sur</strong> le bureau et rendit à<br />
Gessler ses clés de voiture. Gessler avait retiré ses <strong>ma</strong>ins, Paulo<br />
montra le poste.<br />
— Il a une bonne sonorité, dit-il, on sent que c’est <strong>ma</strong>de in<br />
Ger<strong>ma</strong>ny !<br />
Gessler coupa le contact et l’appareil redevint silencieux.<br />
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