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Dard Frederic-Quelqu'un marchait sur ma tombe.pdf

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Le préposé de l’ascenseur serra la <strong>ma</strong>in de son collègue et<br />

s’en fut chercher sa bicyclette dans le cagibi réservé au<br />

personnel. Il enfila un long imperméable noir, mit ses gants de<br />

laine tricotés, et retourna à l’ascenseur, <strong>ma</strong>is en qualité<br />

d’usager cette fois.<br />

— À de<strong>ma</strong>in, lui lança son collègue.<br />

Le préposé qui venait de quitter son service était un vieil<br />

homme bouffi. Il lui <strong>ma</strong>nquait une jambe depuis la dernière<br />

guerre et il se servait d’un vélo spécial, à roue fixe, qui ne<br />

comportait qu’une seule pédale. Il descendit avec les ouvriers,<br />

sagement entassés <strong>sur</strong> les trottoirs de l’ascenseur, le centre de<br />

la cabine étant occupé par les véhicules à moteur.<br />

Une fois en bas, il laissa sortir tout le monde, car c’était un<br />

homme consciencieux qui se sentait toujours en service.<br />

Lorsqu’il fut seul, il s’avança vers la grille béante, et c’est à cet<br />

instant qu’il découvrit les deux motocyclettes noires alignées<br />

<strong>sur</strong> l’un des trottoirs. Surpris, il regarda autour de lui, ne vit<br />

personne et s’approcha des deux <strong>ma</strong>chines. Ces dernières<br />

étaient des motos d’occasion fraîchement repeintes. Le vieil<br />

homme sortit enfin de l’ascenseur et traversa le tunnel en<br />

pédalant laborieusement. Lorsqu’il émergea du second<br />

ascenseur, au lieu de s’éloigner, il gagna le bureau où les<br />

employés se chauffaient autour d’un gros poêle de faïence.<br />

— Il y a deux motocyclettes abandonnées dans l’ascenseur<br />

de la rive gauche, annonça-t-il.<br />

Ses collègues cessèrent de parler et le considérèrent avec<br />

des yeux incrédules. Il arrivait tous les jours qu’on ramenât au<br />

bureau des objets perdus, <strong>ma</strong>is ceux-ci étaient de faibles<br />

dimensions. Il s’agissait de gants, de pompes à vélo, de sac ou<br />

d’écharpes. Ja<strong>ma</strong>is encore on n’avait découvert deux<br />

motocyclettes.<br />

— Dites, père Kutz, vous avez des visions ! ricana le chef.<br />

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