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musique - 491

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ÉLECTROCHOC<br />

Par Laurent Zine<br />

Impulsé et mis en œuvre par les Abattoirs, le festival des portes de l’Isère vous<br />

propose d’en finir définitivement avec l’hiver, par le biais d’un électrochoc<br />

musical et visuel.<br />

Rendez-vous pris du 31 mars au 16 avril pour le printemps des intrépides.<br />

Intrépides, mais pas tant que ça : Bourgoin-Jallieu, ce n’est pas vraiment le bout du monde,<br />

c’est à deux pas de Lyon et de Vienne ; et c’est un bijou de salle de concert qui vous attend<br />

aux Abattoirs, la SMAC qui a désormais détrôné le CSBJ dans le cœur des Berjalliens…<br />

Mitonné aux petits oignons par lesdits Abattoirs, le festival de la communauté d’agglomération<br />

des portes de l’Isère met ainsi chaque année les bouchées doubles pour vous stimuler et vous<br />

surprendre, dans le domaine confondu des <strong>musique</strong>s électroniques et des arts numériques.<br />

Et en l’espèce, quand on dit électro, il n’est pas seulement question de programmer des<br />

soirées afin que tout un chacun puisse aller nonchalamment remuer son popotin sur le<br />

dance floor (quand bien même une nuit est prévue à cet effet !) ; il s’agit plutôt de faire<br />

découvrir ou redécouvrir des groupes qui, en live, certes utilisent toutes sortes de machines<br />

infernales, mais qui performent surtout par leur créativité, de par leurs influences multiples<br />

et digérées : rock, rap, funk, noise, dub, hardcore et consorts. Directeur des Abattoirs, José Molina<br />

défend effectivement bec et ongles une programmation sonore choc mais pas chic, éclectique<br />

sûrement, parfois osée et/ou avant-gardiste, mais jamais guimauve ou ordinaire. Il promeut<br />

également une esthétique, chaque année révolutionnée par les arts numériques, avec le décor<br />

grandiose qui va avec. Et pour donner écho à l’Année du Mexique en France, une opération<br />

de transformation du paysage baptisée La Rue de l’Amor viendra ainsi déboussoler les<br />

spectateurs in et hors les murs, via un maelström d’images et de sons, onirique et interactif.<br />

Création transdisciplinaire du collectif ligérien 6am, cette rue virtuelle ainsi recréée sera<br />

invitation au voyage impressionniste entre la vie et la mort, et à la fête des yeux. Pour ce qui<br />

est des réjouissances soniques, la programmation oscille entre la cavalerie lourde toujours<br />

là pour remettre un coup de boutoir (Young Gods, Tambours du Bronx), les régionaux<br />

de l’étape pressentis pour embraser les foules (Kaly Live Dub, Monstroplantes, Paral-lel)<br />

et bien sûr les vedettes américaines ! (+ anglaises et mexicaines) : Mike Ladd, Bonobo,<br />

Infected Mushroom, Outpost, Instituto Mexicano del Sonido, etc. Le retour des Gods est<br />

toujours un événement en soi, en mode indus-électro-noise hors des chemins balisés : ils<br />

clôtureront le festival avec entre autres la Phaze. Entre-temps, les Kaly Live Dub vous<br />

auront rappelé au bon souvenir de leur magnétisme scénique. Les Monstroplantes seront venus<br />

célébrer la parution de leur nouvel album en ouvrant pour la formation de Mike Ladd<br />

(The Infesticons) le 1er avril. Il est également probable que vous ayez fini sur les genoux<br />

lors de la Nuit de la transe, associant Infected Mushroom à une douzaine de groupes et<br />

dejays, le samedi 9 avril au Fil à Saint-Étienne. Ou sombré via les vapeurs sulfureuses du<br />

post-rock avec Outpost et du trip-hop version Ninja Tune avec Bonobo.<br />

Mais quand on n’a que l’amor, on aurait tort de lésiner sur les électrochocs.<br />

Du 31 mars au 16 avril au Abattoirs à Bourgoin-Jallieu<br />

<strong>musique</strong><br />

HASSAN GUAID<br />

Interview Laurent Zine<br />

Enfant du rap diplômé en philosophie, Hassan Guaid, alias Expérimental, aura puisé<br />

ses influences dans le rock et surtout dans la chanson pour se modeler un répertoire<br />

sur mesure. Celui d’un chanteur populaire.<br />

Ton parcours ?<br />

J’ai commencé très jeune à faire du rap, vraiment proche de la chanson en termes<br />

d’écriture ; ne serait-ce parce que la chanson française a bercé mon enfance.<br />

Je suis né ici à la X-Rousse et je me définis comme un patchwork culturel<br />

issu de ce quartier, un touche-à-tout qui adore le métissage des disciplines<br />

artistiques et le métissage tout court ! Et quand on dit rap, on dit forcément<br />

blues avant, jazz, soul, funk et rock, etc. Je me sens imprégné de tout cela.<br />

Pour les influences littéraires, c’est aussi le “bazar” ?<br />

Ça va en effet de la Beat Generation jusqu’à la littérature russe ou tchèque,<br />

etc. Et puis énormément de poésie. De la poésie cardiaque, hallucinée,<br />

fragile…<br />

“Fragile”, cela ne sonne pas très rap ? Idem quand tu te présentes<br />

comme “le fils caché de Dalida et Joe Dassin” !<br />

L’imagerie du rap, le côté bling-bling, la surdémonstration de la<br />

réussite, ça m’a toujours ennuyé… Par mimétisme, beaucoup l’ont<br />

pourtant reproduit ici en France. J’avais donc envie de prendre le<br />

contre-pied de tout cela : OK, je fais du rap, c’est ma <strong>musique</strong> de cœur<br />

et celle de ma génération, mais je n’ai surtout pas envie de m’y enfermer,<br />

6 N° 168 MARS 11<br />

AAH !<br />

LES DÉFERLANTES !<br />

Par Caroline Faesch<br />

© Amandine Vernay<br />

d’autant que je suis aussi héritier d’une certaine chanson ensoleillée.<br />

Cela dit, Dalida et Dassin, OK j’adore, mais c’est aussi une façon de<br />

ne pas citer comme tout le monde Brel et Brassens… Sinon, j’aime<br />

beaucoup Ferré et Gainsbourg. En résumé, je me sers allègrement de<br />

la force de frappe du rap (stylistique et rythmique) et de la richesse<br />

de la culture française.<br />

Descendre de la X-Rousse pour aller chanter en les murs de l’Opéra…<br />

C’est sûrement hallucinant, mais j’aimerais pouvoir dire que c’est<br />

complètement “normal”. Seulement, quand tu viens du rap et des<br />

cultures urbaines, les portes mettent du temps à s’ouvrir. Quand<br />

elles s’ouvrent. Il n’en demeure pas moins qu’à l’amphithéâtre de<br />

l’Opéra, il y a un vrai programmateur, qui assiste au concert et qui<br />

te donne son avis ensuite. C’est plus qu’appréciable. Et en ce qui me<br />

concerne, je voudrais pouvoir aller chanter partout !<br />

“Étrange Français et fier de l’être…”<br />

Quand on écrit une chanson, le contexte politique (débat sur l’identité<br />

nationale) vous déteint parfois dessus. En revanche, je n’ai pas<br />

envie de faire du “frontal” quant au racisme ordinaire, ni l’Arabe de<br />

service qui fait du rap… Je pense qu’aborder le phénomène en chanson<br />

sous l’angle de la poésie a peut-être plus d’impact. Mais c’est aussi<br />

une question de personnalité : je ne suis pas là pour singer Zebda<br />

en faisant du rentre-dedans ni pour essayer de croire avec Abd Al Malik<br />

que l’on va tous se prendre par la main… J’aime l’écriture à tiroirs<br />

et mes textes sont sûrement plus poétisés que politisés.<br />

Demain ?<br />

En avril sortira un album plutôt rap (Armes légales, vol. 2) et j’en<br />

prépare déjà un autre, de chansons, avec de vrais musiciens ! Et<br />

puis j’ai écrit un recueil de poésie qui me renvoie quelque part au<br />

temps qui passe. Entre amour et désamour… Je suis à la recherche<br />

d’un éditeur, et l’avenir, je le vois beaucoup dans l’écriture.<br />

Le 5 mars au Hot Club et du 16 et 18 mars à l’amphithéâtre de l’Opéra<br />

Cette 2e édition du festival Aah ! Les Déferlantes !<br />

devrait faire des vagues ! La première du nom était<br />

née de la fusion des festivals “Les Déferlantes”<br />

de Capbreton et “Aah ! Un festival” du Train-<br />

Théâtre, en 2010, afin de promouvoir la chanson<br />

francophone d’Amérique du Nord. Les 2 équipes<br />

avaient alors fait le pari d’unir leur histoire,<br />

pour mieux célébrer les valeurs de la francophonie,<br />

comme autant de ciment culturel et<br />

symbole de la diversité. Pour cette 2e édition, le<br />

festival met à l’affiche des artistes du Québec,<br />

de l’Ontario, du Manitoba ou encore du<br />

Nouveau-Brunswick, qu’ils soient confirmés ou<br />

en devenir, comme Damien Robitaille, Luc De<br />

Larochellière, Zachary Richard, Suroît, le Vent<br />

du Nord, Catherine Major… Mais, parmi eux,<br />

c’est Richard Desjardins “et sa guétard” qui<br />

fait incontestablement l’événement. Considéré<br />

comme l’un des “plus grands auteurs-compositeursinterprètes<br />

et documentaristes du Québec” – rien<br />

de moins que cela –, c’est également un pamphlétaire<br />

notoire, poète à ses heures perdues, et<br />

grand admirateur de Bob Dylan ! Il est bardé de<br />

Richard Desjardins<br />

distinctions : prix Miroir de la chanson francophone<br />

par le Festival d’été de Québec en 1990, prix Félix de l’auteur-compositeur de l’année et de l’album populaire<br />

de l’année en 1991, prix de l’académie Charles-Cros. Richard Desjardins a même fait son entrée dans le Petit<br />

Larousse en 2006 ! Et puis, c’est un homme engagé. À Valence, le 14 mars, veille de son concert, il animera un<br />

débat au cinéma Le Navire autour de son dernier documentaire, tourné avec Robert Monderie, Le Peuple invisible,<br />

qui décrit le triste sort que le Canada a réservé au peuple algonquin, victime du rejet forcé de traditions millénaires<br />

et de la dépossession d’un immense territoire. Au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence, le 15 mars, il est donc<br />

attendu comme une pointure digne de ce nom. On espère qu’il tirera de sa besace quelques titres d’anciens albums<br />

comme Les Derniers Humains (1988) ou encore Boom boom (1998). Au programme de cette soirée, il y aura<br />

aussi des textes inédits, ainsi qu’un nouveau talent, en la personne de Gaële, jeune chanteuse québécoise<br />

“d’adoption”. Avec son nouvel album, Diamant de papier, elle aussi devrait faire mouche !<br />

Du 14 au 19 mars au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence<br />

© Olivier Samson Arcand

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