You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
ÉLECTROCHOC<br />
Par Laurent Zine<br />
Impulsé et mis en œuvre par les Abattoirs, le festival des portes de l’Isère vous<br />
propose d’en finir définitivement avec l’hiver, par le biais d’un électrochoc<br />
musical et visuel.<br />
Rendez-vous pris du 31 mars au 16 avril pour le printemps des intrépides.<br />
Intrépides, mais pas tant que ça : Bourgoin-Jallieu, ce n’est pas vraiment le bout du monde,<br />
c’est à deux pas de Lyon et de Vienne ; et c’est un bijou de salle de concert qui vous attend<br />
aux Abattoirs, la SMAC qui a désormais détrôné le CSBJ dans le cœur des Berjalliens…<br />
Mitonné aux petits oignons par lesdits Abattoirs, le festival de la communauté d’agglomération<br />
des portes de l’Isère met ainsi chaque année les bouchées doubles pour vous stimuler et vous<br />
surprendre, dans le domaine confondu des <strong>musique</strong>s électroniques et des arts numériques.<br />
Et en l’espèce, quand on dit électro, il n’est pas seulement question de programmer des<br />
soirées afin que tout un chacun puisse aller nonchalamment remuer son popotin sur le<br />
dance floor (quand bien même une nuit est prévue à cet effet !) ; il s’agit plutôt de faire<br />
découvrir ou redécouvrir des groupes qui, en live, certes utilisent toutes sortes de machines<br />
infernales, mais qui performent surtout par leur créativité, de par leurs influences multiples<br />
et digérées : rock, rap, funk, noise, dub, hardcore et consorts. Directeur des Abattoirs, José Molina<br />
défend effectivement bec et ongles une programmation sonore choc mais pas chic, éclectique<br />
sûrement, parfois osée et/ou avant-gardiste, mais jamais guimauve ou ordinaire. Il promeut<br />
également une esthétique, chaque année révolutionnée par les arts numériques, avec le décor<br />
grandiose qui va avec. Et pour donner écho à l’Année du Mexique en France, une opération<br />
de transformation du paysage baptisée La Rue de l’Amor viendra ainsi déboussoler les<br />
spectateurs in et hors les murs, via un maelström d’images et de sons, onirique et interactif.<br />
Création transdisciplinaire du collectif ligérien 6am, cette rue virtuelle ainsi recréée sera<br />
invitation au voyage impressionniste entre la vie et la mort, et à la fête des yeux. Pour ce qui<br />
est des réjouissances soniques, la programmation oscille entre la cavalerie lourde toujours<br />
là pour remettre un coup de boutoir (Young Gods, Tambours du Bronx), les régionaux<br />
de l’étape pressentis pour embraser les foules (Kaly Live Dub, Monstroplantes, Paral-lel)<br />
et bien sûr les vedettes américaines ! (+ anglaises et mexicaines) : Mike Ladd, Bonobo,<br />
Infected Mushroom, Outpost, Instituto Mexicano del Sonido, etc. Le retour des Gods est<br />
toujours un événement en soi, en mode indus-électro-noise hors des chemins balisés : ils<br />
clôtureront le festival avec entre autres la Phaze. Entre-temps, les Kaly Live Dub vous<br />
auront rappelé au bon souvenir de leur magnétisme scénique. Les Monstroplantes seront venus<br />
célébrer la parution de leur nouvel album en ouvrant pour la formation de Mike Ladd<br />
(The Infesticons) le 1er avril. Il est également probable que vous ayez fini sur les genoux<br />
lors de la Nuit de la transe, associant Infected Mushroom à une douzaine de groupes et<br />
dejays, le samedi 9 avril au Fil à Saint-Étienne. Ou sombré via les vapeurs sulfureuses du<br />
post-rock avec Outpost et du trip-hop version Ninja Tune avec Bonobo.<br />
Mais quand on n’a que l’amor, on aurait tort de lésiner sur les électrochocs.<br />
Du 31 mars au 16 avril au Abattoirs à Bourgoin-Jallieu<br />
<strong>musique</strong><br />
HASSAN GUAID<br />
Interview Laurent Zine<br />
Enfant du rap diplômé en philosophie, Hassan Guaid, alias Expérimental, aura puisé<br />
ses influences dans le rock et surtout dans la chanson pour se modeler un répertoire<br />
sur mesure. Celui d’un chanteur populaire.<br />
Ton parcours ?<br />
J’ai commencé très jeune à faire du rap, vraiment proche de la chanson en termes<br />
d’écriture ; ne serait-ce parce que la chanson française a bercé mon enfance.<br />
Je suis né ici à la X-Rousse et je me définis comme un patchwork culturel<br />
issu de ce quartier, un touche-à-tout qui adore le métissage des disciplines<br />
artistiques et le métissage tout court ! Et quand on dit rap, on dit forcément<br />
blues avant, jazz, soul, funk et rock, etc. Je me sens imprégné de tout cela.<br />
Pour les influences littéraires, c’est aussi le “bazar” ?<br />
Ça va en effet de la Beat Generation jusqu’à la littérature russe ou tchèque,<br />
etc. Et puis énormément de poésie. De la poésie cardiaque, hallucinée,<br />
fragile…<br />
“Fragile”, cela ne sonne pas très rap ? Idem quand tu te présentes<br />
comme “le fils caché de Dalida et Joe Dassin” !<br />
L’imagerie du rap, le côté bling-bling, la surdémonstration de la<br />
réussite, ça m’a toujours ennuyé… Par mimétisme, beaucoup l’ont<br />
pourtant reproduit ici en France. J’avais donc envie de prendre le<br />
contre-pied de tout cela : OK, je fais du rap, c’est ma <strong>musique</strong> de cœur<br />
et celle de ma génération, mais je n’ai surtout pas envie de m’y enfermer,<br />
6 N° 168 MARS 11<br />
AAH !<br />
LES DÉFERLANTES !<br />
Par Caroline Faesch<br />
© Amandine Vernay<br />
d’autant que je suis aussi héritier d’une certaine chanson ensoleillée.<br />
Cela dit, Dalida et Dassin, OK j’adore, mais c’est aussi une façon de<br />
ne pas citer comme tout le monde Brel et Brassens… Sinon, j’aime<br />
beaucoup Ferré et Gainsbourg. En résumé, je me sers allègrement de<br />
la force de frappe du rap (stylistique et rythmique) et de la richesse<br />
de la culture française.<br />
Descendre de la X-Rousse pour aller chanter en les murs de l’Opéra…<br />
C’est sûrement hallucinant, mais j’aimerais pouvoir dire que c’est<br />
complètement “normal”. Seulement, quand tu viens du rap et des<br />
cultures urbaines, les portes mettent du temps à s’ouvrir. Quand<br />
elles s’ouvrent. Il n’en demeure pas moins qu’à l’amphithéâtre de<br />
l’Opéra, il y a un vrai programmateur, qui assiste au concert et qui<br />
te donne son avis ensuite. C’est plus qu’appréciable. Et en ce qui me<br />
concerne, je voudrais pouvoir aller chanter partout !<br />
“Étrange Français et fier de l’être…”<br />
Quand on écrit une chanson, le contexte politique (débat sur l’identité<br />
nationale) vous déteint parfois dessus. En revanche, je n’ai pas<br />
envie de faire du “frontal” quant au racisme ordinaire, ni l’Arabe de<br />
service qui fait du rap… Je pense qu’aborder le phénomène en chanson<br />
sous l’angle de la poésie a peut-être plus d’impact. Mais c’est aussi<br />
une question de personnalité : je ne suis pas là pour singer Zebda<br />
en faisant du rentre-dedans ni pour essayer de croire avec Abd Al Malik<br />
que l’on va tous se prendre par la main… J’aime l’écriture à tiroirs<br />
et mes textes sont sûrement plus poétisés que politisés.<br />
Demain ?<br />
En avril sortira un album plutôt rap (Armes légales, vol. 2) et j’en<br />
prépare déjà un autre, de chansons, avec de vrais musiciens ! Et<br />
puis j’ai écrit un recueil de poésie qui me renvoie quelque part au<br />
temps qui passe. Entre amour et désamour… Je suis à la recherche<br />
d’un éditeur, et l’avenir, je le vois beaucoup dans l’écriture.<br />
Le 5 mars au Hot Club et du 16 et 18 mars à l’amphithéâtre de l’Opéra<br />
Cette 2e édition du festival Aah ! Les Déferlantes !<br />
devrait faire des vagues ! La première du nom était<br />
née de la fusion des festivals “Les Déferlantes”<br />
de Capbreton et “Aah ! Un festival” du Train-<br />
Théâtre, en 2010, afin de promouvoir la chanson<br />
francophone d’Amérique du Nord. Les 2 équipes<br />
avaient alors fait le pari d’unir leur histoire,<br />
pour mieux célébrer les valeurs de la francophonie,<br />
comme autant de ciment culturel et<br />
symbole de la diversité. Pour cette 2e édition, le<br />
festival met à l’affiche des artistes du Québec,<br />
de l’Ontario, du Manitoba ou encore du<br />
Nouveau-Brunswick, qu’ils soient confirmés ou<br />
en devenir, comme Damien Robitaille, Luc De<br />
Larochellière, Zachary Richard, Suroît, le Vent<br />
du Nord, Catherine Major… Mais, parmi eux,<br />
c’est Richard Desjardins “et sa guétard” qui<br />
fait incontestablement l’événement. Considéré<br />
comme l’un des “plus grands auteurs-compositeursinterprètes<br />
et documentaristes du Québec” – rien<br />
de moins que cela –, c’est également un pamphlétaire<br />
notoire, poète à ses heures perdues, et<br />
grand admirateur de Bob Dylan ! Il est bardé de<br />
Richard Desjardins<br />
distinctions : prix Miroir de la chanson francophone<br />
par le Festival d’été de Québec en 1990, prix Félix de l’auteur-compositeur de l’année et de l’album populaire<br />
de l’année en 1991, prix de l’académie Charles-Cros. Richard Desjardins a même fait son entrée dans le Petit<br />
Larousse en 2006 ! Et puis, c’est un homme engagé. À Valence, le 14 mars, veille de son concert, il animera un<br />
débat au cinéma Le Navire autour de son dernier documentaire, tourné avec Robert Monderie, Le Peuple invisible,<br />
qui décrit le triste sort que le Canada a réservé au peuple algonquin, victime du rejet forcé de traditions millénaires<br />
et de la dépossession d’un immense territoire. Au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence, le 15 mars, il est donc<br />
attendu comme une pointure digne de ce nom. On espère qu’il tirera de sa besace quelques titres d’anciens albums<br />
comme Les Derniers Humains (1988) ou encore Boom boom (1998). Au programme de cette soirée, il y aura<br />
aussi des textes inédits, ainsi qu’un nouveau talent, en la personne de Gaële, jeune chanteuse québécoise<br />
“d’adoption”. Avec son nouvel album, Diamant de papier, elle aussi devrait faire mouche !<br />
Du 14 au 19 mars au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence<br />
© Olivier Samson Arcand