Télécharger la fiche - Le Grand Bleu

Le montage joue un rôle déterminant dans la perception que le spectateur aura du film. Les
images prises séparément ne suffisent pas à dessiner une trame narrative, c’est le montage
qui donne au film son déroulement et son rythme. Il existe d’ailleurs ce que l’on appelle des
« recut trailers », littéralement des « bandes annonces redécoupées » qui à partir des images
d’un film donné, recrée une bande annonce racontant une histoire complètement différente.
Pistes pédagogiques :
- Avant votre venue au spectacle, imaginer l’histoire de Nanouk à partir de photos (c.f. les
images photographiques extraites du film en annexe de la fiche spectacle. Par groupes,
mettre les images dans un certain ordre, en racontant l’histoire de Nanouk. Que se passe-t-il si
les images changent d’ordre ? Comment l’histoire évolue-t-elle ? Après le spectacle,
confronter les histoires qu’ils auront imaginées avec le film.
Variante : Proposer aux élèves, à partir d’images extraites d’un film dont ils connaissent
l’histoire, de créer un nouveau montage afin de proposer un nouveau récit, complètement
différent de l’histoire originale.
- Questionner la temporalité de l’image, c'est-à-dire les différences entre le temps réel, le
temps de tournage et le temps du film. Evoquer la notion d’ellipse, par exemple.
Exemple de la pêche au requin qui a demandé 2 mois de tournage, qui ne dure que 2 jours
dans le film et que quelques minutes à l’écran.
Pour les plus petits : Comment dans le film Nanouk l’esquimau passe-t-on de l’été à l’hiver ?
c) La représentation du réel
• Du document au documentaire, l’émergence d’un genre :
Le genre documentaire naît progressivement. Les frères Lumière, mais aussi Thomas Edison aux
Etats-Unis, envoyèrent dans les années 1890, des opérateurs dans le monde, le reportage était
né. Les documents rapportés couvrent les sujets les plus divers : les courses à Melbourne, le
couronnement de Nicolas II, l'arrivée des toréadors, la promenade des éléphants à Phnom
Penh. En France, les plus connus de ces chasseurs d'images sont Félix Mesguich et Francis
Doublier. Les actualités deviennent par la suite à la mode et le public en redemande.
Face à cette demande, on n'hésite pas à reconstituer les événements, lorsqu'on n'a pas pu le
tourner sur place : Georges Méliès filme ainsi, dans un aquarium l'explosion du cuirassé
« Maine » en rade de la Havane en 1898. Souvent réalisés de façon hâtive, sans véritable
projet artistique, reportages et actualités constituent à proprement parler des documents. Par
la suite, le « documentaire » prend une forme plus élaborée et donne à voir le réel à travers le
regard original de son auteur. Le film Nanouk l’Esquimau est considéré comme le premier
documentaire de l’histoire du cinéma. En 1922, le terme « documentaire » n’existe pas, mais
c’est avec Moana (un film de 1926 de R. Flaherty dont John Grierson, dans un article du New
York Sun, soulignera la valeur documentaire) que cette qualification sera attribuée à un film.
Le mot "documentaire" a subi des glissements de sens, au point qu'un spectateur
d'aujourd'hui face à un documentaire où les personnages sont dirigés sera plutôt classé du
côté de la fiction. Il faut donc admettre que des films classés comme documentaires peuvent
maintenant ne plus être perçus selon les mêmes catégories, et que ce changement fait partie
de l'histoire du genre.
Notes extraites du documentaire Robert Flaherty et l'invention de la mise en scène, dont le propos se base sur un
article de Pierre Baudry : Quelques notions de base pour réfléchir sur le documentaire, in La mise en scène
documentaire, textes réunis par Gilles Delavaud, TOTEM Productions, 1994, consulté sur le site http://www.canalu.tv/video/