PHOTOS : B. SOUHIL PHOTOS : B. SOUHIL PHOTOS : H. LYES <strong>El</strong> <strong>Watan</strong> - Jeudi 19 novembre 2009 - 4 L’ÉVÈNEMENT Match intense, plein de suspense, de passion et de pression Délivrance pour les footballeurs algériens qui ont su relever le défi Explosion de joie à travers le pays pour fêter la qualification Publicité
<strong>El</strong> <strong>Watan</strong> - Jeudi 19 novembre 2009 - 5 L’ÉVÈNEMENT CETTE QUALIFICATION NOUS REPLACE DANS LE GOTHA MONDIAL L’Algérie qui gagne ! O n y est ! Enfin ! C’est un grand ouf de soulagement que des millions d’Algé- riens ont poussé hier au sifflet final de cette qualification historique de nos vaillants Verts au Mondial sudafricain. C’est magique ce qui nous arrive ! Aller en Coupe du monde et battre presque chez lui, du moins sur les bords du Nil, des Egyptiens aux prétentions pharaoniques… Nos valeureux jeunes l’on fait de fort belle manière. Ils ont donné une belle leçon de solidarité et de courage à toute épreuve à leurs adversaires du jour. Et d’épreuves, Dieu quelles furent dures celles que nos dignes représentants ont endurées en terre égyptienne ! C’est cette rage de vaincre, cette volonté inébranlable de résister face l’adversité qui rend cet exploit tout simplement magnifique. Il fallait le faire ! Les Ziani, Antar, Bezzaz et autres Chaouchi, Gaouaoui et Meghni nous ont rappelé les grandes qualités de l’Algérien : celle du combattant qui ne s’avoue jamais vaincu et qui ne courbe pas l’échine face aux adversaires. Ils nous réconcilient avec nos valeurs légendaires d’hommes libres et fiers qui n’acceptent pas les rôles peu glorieux de figurants et d’intermittents des spectacles. Nos joueurs nous réinstallent dans la posture de gagneurs. La hargne et la ténacité dont ils ont fait preuve hier sur le terrain devraient servir de carburant moral pour hisser très haut l’Algérie qui gagne. Cette Algérie qui divorce avec les défaites, les échecs et les déconvenues qui ont jalonné son essages politiques forts que les deux mes- M sages adressés respectivement à l’équipe nationale après sa brillante victoire hier sur l’équipe d’Egypte ainsi qu’au président soudanais, Omar <strong>El</strong> Béchir, pour l’hospitalité et l’accueil chaleureux réservés à l’équipe nationale et à la délégation qui l’accompagnait ainsi qu’aux supporters des Verts. La longueur des deux messages et leur contenu où le président puise, pour le premier message, dans le registre des valeurs de patriotisme, de grandeur, d’héroïsme qui ont façonné l’histoire de l’Algérie et dont est pétrie l’équipe nationale ; le second dans les valeurs d’hospitalité et des liens fraternels unissant les deux peuples et la volonté exprimée hier avec force par le chef de l’Etat de renforcer les relations bilatérales. Le président Bouteflika aurait pu, dans un cas comme dans l’autre, se contenter de messages de circonstance, forts et moins denses. Il y avait dans la sémantique des textes du président de la République une volonté claire de prendre quelque part date avec l’histoire et l’actualité houleuse qui a marqué la vie du pays au cours de cette semaine, où les Algériens furent touchés dans leurs dignité et fierté à la suite du comportement scandaleux du public et des autorités égyptiennes à l’égard des joueurs de l’équipe nationale et des supporters des Verts lors du purgatoire du match du 14 novembre au Caire. Le président Bouteflika a joué à fond la carte du soutien à l’équipe nationale en mettant en place un véritable plan de bataille, sportif s’entend, avec la mobilisation dans des délais exceptionnels de moyens logistiques dignes des situations d’urgence pour acheminer des milliers de supporters algériens à Khartoum L’Algérie divorce avec les défaites pour s’inscrire dans la victoire évolution vers un pays moderne où il fait vraiment bon vivre à tous points de vue. Quand en voit nos Verts aussi bien mûrs, quand on voit l’explosion de joie dans les quatre coins du pays, on ne peut s’empêcher en ces temps d’euphorie nationale de penser au reste. C'est-à-dire à l’état d’un pays qui a toutes les chances et les ressources du monde pour réussir sa mue en une nation soudée, résolument tournée vers la modernité et la démocratie. L’Algérie des Ziani, Halliche, Bouguera et Matmour mérite largement mieux que d’être une terre qui fait fuir ses enfants. C’est un pays de vie, de vitalité et de chaleur humaine qui ne s’accommode pas avec la tristesse et les échecs recommencées. Ces joueurs ont prouvé brillamment qu’on peut hisser les couleurs nationales très haut que ne l’ont pu nos politicards de salon. Il serait suicidaire de ne pas capter et bien interpréter ce message de cette bande de jeunes, heureux tout simplement d’être ensemble et de partager un idéal qui sied à leur talent : faire gagner l’Algérie. Et ils l’ont fait de manière magistrale ! Quelle leçon d’humilité et de patriotisme d’un groupe de jeunes expatriés qui ont appris à aimer ce pays il n’y a pas longtemps. Car ne l’oublions pas, c’est une Les messages politiques forts de Bouteflika avec un succès et une efficacité qu’on aimerait retrouver dans les actions du gouvernement en toute circonstance en temps «de paix» comme en temps «de guerre». Le message d’hier adressé aux joueurs laisse transpirer comme un sentiment partagé de victoire de l’Algérie, peuple et dirigeants, sur l’adversité et les ennemis de l’Algérie qui ont poignardé leurs enfants dans le dos, cachés derrière leur masque de l’amitié prétendument séculaire. Des meurtrissures qui laisseront, sans nul doute, des stigmates dans l’inconscient collectif des Algériens qui sauront avoir désormais la lucidité nécessaire pour ne pas céder aux sirènes des déclarations d’amour suspectes qui ne résistent pas à l’épreuve d’un match de football. Savourons donc pour l’heure cette victoire à laquelle le peuple algérien et ses dirigeants ont contribué pour ne pas gâcher la fête en cherchant à savoir si l’Etat a pris ses responsabilités, toutes ses responsabilités, au moment voulu et s’il n’a pas pris le train en marche sous la pression de la rue. Comme il faudra attendre les prochains jours pour voir si cette osmose qui s’est créée autour de l’équipe nationale entre l’opinion publique et les autorités, avec à leur tête le président Bouteflika, lequel a réussi une belle opération de marketing politique qui a porté ses fruits avec la qualification de l’équipe nationale, n’est pas un «effet de manche politique mais une réelle volonté du pouvoir de se réconcilier avec la jeunesse en faisant de cette victoire le point de départ d’un renouveau authentique d’une Algérie qui gagne et qui avance au profit de tous ses enfants. Et d’une Algérie qui a un plus grand sens de discernement lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts». C’est le équipe «d’importation» pour laquelle on doit une fière chandelle aux nouveaux règlements de la FIFA qui leur ont permis d’endosser des maillots floqués du vertblanc-rouge. C’est à peine si on pouvait se féliciter que notre championnat ait produit des prodiges comme Chaouchi et Gaouaoui et ce sont des gardiens de but en plus. Puisse donc cette belle qualification qui nous replace dans le gotha mondial du foot donner des idées à ceux qui nous gouvernent. L’Algérie qui gagne de retour ? C’est tout le mal qu’on puisse souhaiter à ce pays ! Vive l’Algérie et gloire à nos Verts… Hassan Moali sens du message adressé au président soudanais par le président Bouteflika . Le chef de l’Etat aurait pu se contenter des formules de circonstance de remerciements pour l’accueil réservé aux Algériens qui se sont rendus nombreux à Khartoum. Il a été plus loin en mettant l’accent sur les valeurs de solidarité, de générosité, d’hospitalité du peuple soudanais réitérant la volonté de l’Algérie de promouvoir davantage encore les relations entre les deux pays. Ce message de reconnaissance et de gratitude chargée d’une forte émotion qui n’est pas que protocolaire mais inspiré par un sentiment de quelqu’un qui se relève d’une dure épreuve ou trahision – il ne faut pas avoir peur des mots – et qui trouve, par ailleurs, des bras réellement fraternels qui lui sont tendus et des hommes de cœur comme ont eu à le témoigner tous les Algériens qui se sont invités sans s’annoncer chez les Soudanais. Le président Hosni Moubarak n’a pas eu droit au même message et aux mêmes élans de cœur de la part de Bouteflika. L’Algérie, à sa tête le président Bouteflika, n’a pas réagi officiellement après les graves événements qui ont émaillé la rencontre de l’équipe nationale au Caire. Le premier message très fort celui-là aussi adressé par Bouteflika aux joueurs après l’agression des joueurs et à la veille du match contre l’Egypte au Caire et les deux messages d’hier aux joueurs et au président soudanais résonnent comme une réponse officielle aux Egyptiens pour leur signifier que l’Algérie a pris acte de la dure épreuve subie par l’Algérie. Le message est à peine crypté. Les Algériens qui ont pris goût aux vertus du numérique auraient mieux apprécié s’il était délivré en clair. Omar Berbiche PHOTO : H. LYES Merci les gars ! V ous nous avez fait honneur, les gars. C'est la victoire des hommes, des hommes comme l'Algérie en a tou- jours enfantés. Nous sommes fiers de vous. Fiers de vous pour leur avoir montré que vous êtes des lions. De vrais battants. Cette victoire vous la méritez, nous la méritons. Malgré l'adversité et toute la violence dont vous avez fait l'objet, samedi dernier au Caire, vous avez su nous faire pleurer de joie. Et merci de les avoir fait pleurer, les autres, de honte. Ils devraient vraiment avoir honte, tels des voleurs pris la main dans le sac. Car il faut le dire, ils ont bien essayé, ces Egyptiens, de nous spolier de notre joie. Mais vous êtes des hommes. Des vrais… Vous avez pris le dessus sur la haine en vous hissant glorieusement sur le haut des pyramides. Quelle est belle, la victoire que vous nous avez offerte, les gars ! <strong>El</strong>le est limpide, claire et sans appel. Ils vous ont caillassés au Caire, vous les avez admirablement terrassés à Khartoum. Ils ont été vils, vous avez répondu par l'honneur, le courage et la dignité. Des vertus que seuls la générosité et l'amour peuvent produire. La bataille que vous avez livrée à l'adversaire égyptien n'était pas qu'un match de football. Bien plus qu'une confrontation sportive, c'était une histoire de dignité, de nif, et vous avez bien été à la hauteur ! Les Algériens vous ont généreusement soutenus, vous le leur avez si bien rendu. Eux qui ont soif de victoire… de bonheur, de la gagne ! Se transcender de la manière dont vous l'avez fait, se surpasser de la sorte après l'hostilité cairote n'est que l'apanage d'hommes n'ayant qu'un seul credo : l'amour d'un pays aussi beau que l'Algérie. Bon sang de bon sang, l'Algérie méritait qu'on lui offre une telle victoire et les Algériens une telle joie ! Cela fait bien longtemps qu'on n’y a pas eu droit. Merci les gars d'avoir dévié le cours du Nil pour irriguer l'espoir et la soif d'une jeunesse avide de succès. Les Algériens ont réappris à gagner, aux prochaines victoires… Saïd Rabia Justice divine près la victoire de l'Algérie sur l'Egypte, A hier, sur le score de 1 à 0, synonyme de qualification au Mondial 2010, il faut se rendre à l'évidence qu'une justice divine a quelque part décidé de propulser les Verts aux dépens des Pharaons après la lâche agression dont ont été victimes les joueurs et les supporters au Caire sous l'œil bienveillant des services de l’ordre. Une victoire arrachée avec les tripes et à la force du jarret, puisés dans leur foi en Dieu. Au lendemain de la défaite (2-0), les Algériens, loin d'être abattus par le résultat final, ont remercié Dieu d'avoir programmé cette défaite et réservé un meilleur sort à toute la délégation algérienne présente au Cairo Stadium, quatre jours plus tard à Omdurman. Il ne faut pas avoir peur des mots : le risque était grand et des personnes pouvaient laisser leur vie au Caire suite au climat délétère qui régnait avant la rencontre. Cette défaite a eu un effet positif sur le groupe (même diminué par l'absence de Gaouaoui et Lemouchia, suspendus) et sur les supporters qui se sont rués en masse vers l'aéroport international Houari Boumediène dans une hystérie incroyable pour se rendre au Soudan, terre plus hospitalière, afin de soutenir les joueurs sur place. Les joueurs ont bien réagi et ont réussi ce que les Egyptiens ne pouvaient faire au Caire, même dans des conditions plus favorables. Tout compte fait, l'Algérie a prouvé sa suprématie sur l'Egypte et confirme qu'elle mérite mieux sa qualification au Mondial sud-africain, grâce d'abord à Dieu comme n'ont cessé de le répéter hier les responsables et les joueurs. La joie a changé de camp… et cette fois pour de bon. S. M.