Acrobaties Radicales - Bibliothèque de Toulouse

EXPRESS DU
Organe quotidien, de Défense Sociale et Religieuse
LE NUMÉRO 5 CENTIMES
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FIL TÉLÉGRAPHIQUE SPÉCIAL
Acrobaties Radicales
Le Congrès catholique de Reims a le
don d'horripiler nos bons républicains
radicaux
Ils l'avaient d'abord vu s'ouvrir de
très mauvais œil.
Et ils s'étaient hâté afin de ne pas perdre
les habitudes de policiers auxquelles
le vieux Ranc doit les avoir initiés, de le
dénoncer aux foudres du gouvernement.
Mais le R. P. Gadeau ayant eu l'audace
l'autre jour de prononcer un discours
dans lequel il affirmait que les
droits de la conscience sont imprescriptibles,
que lorsque ces droits sont
riolés la résistance est un devoir et la
Soumission une trahison, une clameur
sauvage s'est aussitôt élevée contre les
congressistes.
On les traite de révolutionnaires, d'insurgés,
en même temps qu'on accuse
Méiine et Barthou de livrer la France
républicaine aux ratichons et à la cléricaille.
A la rentrée des Chambres il y aura
même des interpellations sur ce brûlant
sujet.
Que font pourtant les congressistes
pour soulever de telles fureurs ?
Très légalement, très paisiblement,
ils délibèrent en vue de rechercher les
moyens d'assurer aux catholiques français
le droit de jouir de la liberté, de la
tolérance, de la protection, des avantages
dont jouissent en France toutes
les autres catégories d'individus.
Us ne prennent pas de fusils, ils n'organisent
pas secrètement de force armée,
ils n'éièvent pas de barricades,
ils ne conspirent pas contre le Gouvernement
établi, ils ne fabriquent pas
de bombes à renversement, ils ne font
entendre ni menaces, ni cris de mort.
Ils délibèrent au grand jour, font entendre
de justes doléances, échangent
des idées^et émettent des vœux.
Tel est leur crime.
Et voilà ce qui fait rugir ces bons
rougeards.
Parmi ceux qui rugissent le plus fort,
Rochefort se fait remarquer en première
ligne.
Rochefort qui écrit dans ses Mémoires
que ses amis étaient disposés à
mettre Paris à feu et à sang si Ferry,
de triste mémoire d'ailleurs, avait été
élu à la place de Carnot.
Et avec Rochefort tous les survivants
de la Commune, tous les barreadiers de
profession, tous les meneurs d'émeutes
et ce qui reste des propagandistes par
le fait, font chorus.
Qu'on chasse les congressistes de
Reims, qu'on les fourre au bloc, et
parbleu, s'il le faut, qu'on les guillotine.
C'est ainsi que tous ces farceurs entendent
la liberté.
Vous touchez à un seul de leurs cheveux
sans le vouloir encore, ils crient
comme si vous les égorgiez, à la tyrannie,
aux armes ; ils chantent des hymnes
à la petite balle, ils ne parlent que
d'extermination et de massacre.
Et l'insurrection devient alors le premier
des devoirs.
Mais si vous vous avisez de dire publiquement
que vous opposerez une résistance
passive aux lois qui violent
votre conscience et vos droits, ils s'empressent
de réclamer l'intervention des
72 Feuilleton du 25 octobre 1896
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