le pavillon aux pivoines - Maison des Cultures du Monde
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[Liu Meng-mei et Tu Li-niang réapparaissent]<br />
Liu Meng-mei : Un bref instant, la nature fut<br />
notre réconfort.<br />
Nous reposions parmi <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs sur un lit d’herbe,<br />
Votre chevelure nuageuse mise en va<strong>le</strong>ur par <strong>le</strong>s<br />
péta<strong>le</strong>s incarnats et <strong>le</strong>s pins verdoyants.<br />
Vous voyant ainsi, je vous enlaçai étroitement<br />
Et avec quel<strong>le</strong> tendresse !<br />
Afin de nous fondre en une seu<strong>le</strong> chair.<br />
Je vis alors per<strong>le</strong>r<br />
Des gouttes de rosée carminée à la face <strong>du</strong> so<strong>le</strong>il.<br />
Las, je dois partir quoiqu’il m’en coûte.<br />
Yeux dans <strong>le</strong>s yeux, saisis de respect,<br />
Ne me dites pas qu’en un si bel endroit<br />
Nous eussions pu nous rencontrer sans échanger<br />
une paro<strong>le</strong>.<br />
Madame, vous devez être lasse. Reposezvous<br />
un instant. Quant à moi, je dois partir.<br />
En vérité «la pluie a menacé <strong>le</strong> jardin de<br />
ses approches…»<br />
Chœur : Un lit de malade est dressé dans une<br />
chambre solitaire,<br />
Près d'une fenêtre drapée d'un rideau derrière<br />
laquel<strong>le</strong> il ne passe jamais personne.<br />
Tu Li-niang : Je ne parviens pas à chasser <strong>le</strong> poids<br />
de cette langueur anxieuse !<br />
J'étais autrefois jolie et p<strong>le</strong>ine de vie,<br />
–11–<br />
Tu Li-niang : Mon bien-aimé !<br />
Liu Meng-mei : Je suis ici, ma beauté, «et<br />
quand el<strong>le</strong> s’endormit, <strong>le</strong>s nuages couvrirent<br />
<strong>le</strong> Wushan, <strong>le</strong> mont <strong>des</strong> amours féériques».<br />
[Liu Meng-mei sort, Chun-hsiang entre.]<br />
Chun-hsiang : La nuit tombe, vous devriez<br />
ôter vos éping<strong>le</strong>s. Le thé est infusé, laissezmoi<br />
jeter un coup d'œil… Oh, el<strong>le</strong> dort.<br />
Maîtresse !<br />
Tu Li-niang : Des péta<strong>le</strong>s couvrent <strong>le</strong> sol, une<br />
pluie de f<strong>le</strong>urs me réveil<strong>le</strong>.<br />
Chun-hsiang : Maîtresse, retournons à votre<br />
chambre, sinon vous al<strong>le</strong>z prendre froid.<br />
Tu Li-niang : Donne-moi ton bras.<br />
Mon cœur est rassasié de beauté.<br />
Cette flânerie dans <strong>le</strong> jardin m'a épuisée.<br />
Mon amour est suspen<strong>du</strong> à un songe.<br />
Oh Printemps, pitié !<br />
Que ce rêve ne s'estompe point trop vite !<br />
Acte 2 : À la poursuite d’un rêve<br />
[Jour après jour, Tu Li-niang part à la poursuite de son rêve. El<strong>le</strong> retourne parfois dans <strong>le</strong> jardin<br />
mais n'y trouve plus trace de son amant. Peu à peu el<strong>le</strong> sombre dans la mélancolie.]<br />
comment ai-je pu devenir si maigre et si<br />
faib<strong>le</strong> ? Chun-hsiang !<br />
Chun-hsiang : Je suis là.<br />
Tu Li-niang : Va me chercher mon portrait.<br />
Chun-hsiang : Oui, maîtresse. Vous l'aviez<br />
peint à votre retour <strong>du</strong> jardin. Depuis, <strong>le</strong><br />
printemps est passé, puis l'automne est