le pavillon aux pivoines - Maison des Cultures du Monde

e toutes les formes d’opéra chinois qui se
Dsuccédèrent depuis le XII e siècle, le kunqu 1
est celui qui conserve le mieux l'image d'un art
classique hautement apprécié dans les milieux
lettrés pour son raffinement musical, littéraire
et gestuel.
Point d'histoires picaresques, point de violences
physiques ni de grands combats comme
dans l'opéra de Pékin, mais au contraire l'expression
de sentiments nobles et élevés suscités
par les arts et le spectacle d'une nature
disciplinée et riche de symboles.
Tombé en désuétude au XIX e siècle en raison
de son style trop élaboré pour le public ordinaire,
le kunqu n’est plus guère joué qu’à Pékin
et à Shanghai et reconquiert aujourd’hui le
public cultivé de Taïwan.
En octobre 1994, la Maison des Cultures du
Monde accueillit au Théâtre du Rond-Point la
grande actrice Hua Wen-yi, ancienne directrice
de l’Opéra de Shanghaï et «Première dame de
l’Opéra Kun», et la Troupe Lan Ting de Taïwan
dirigée par l’actrice Kao Hui-lan pour six représentations
du Pavillon aux Pivoines. C’est à
cette occasion que fut réalisé ce premier enregistrement
numérique de l’un des plus grands
chefs-d’œuvre de l’opéra classique chinois.
1. Ou k’ouen k’iu, prononcer «kouène tchü».
LE PAVILLON AUX PIVOINES
Opéra classique chinois Kunqu
–3–
L’histoire de l’opéra classique chinois peut se
résumer en cinq grandes étapes : le nanqu,
théâtre né sous les Song du sud au XII e siècle,
le yuanqu apparu sous les Yuan au XIII e siècle,
la renaissance et le développement du nanqu à
la fin de la dynastie des Yuan et au début des
Ming (XIV e s.), le kunqu né au milieu du XVI e
siècle et enfin l’opéra de Pékin qui supplanta
le kunqu à partir du XIX e siècle.
Du nanqu des Song du sud, il ne reste guère
que des titres d’œuvres et des extraits de
chants, mais qui suffisent déjà à attester l’existence
de véritables pièces. On y relève déjà les
quatre grandes catégories de personnages propres
à l’opéra chinois : personnages masculins,
personnages féminins, personnages
violents, clowns, et quelques informations sur
la musique.
Le yuanqu, qui se développa sous la dynastie
mongole des Yuan (1279-1368) est considéré
comme le premier grand genre d’opéra chinois.
Chaque pièce ou zaju était soumise à des
règles extrêmement strictes et comprenait des
passages en prose et des passages chantés sur
des mélodies du nord (contrairement au théâtre
du sud qui avait précédé). Le chant,
accompagné par les instruments à cordes, puisait
dans un corpus de 335 airs ou mélodiestypes
sur lesquels les textes devaient s’adapter.