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Glanes IV 2008. - le jeu verbal

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- Rodri_gue | qui l’eût cru ? – Chimè_ne | qui l’eût dit ?<br />

Ce vers attend toujours ses interprètes.<br />

http://www.<strong>jeu</strong><strong>verbal</strong>.fr<br />

● On ne peut par des mots évoquer l’immensité du ciel sans prononcer <strong>le</strong>s deux<br />

voyel<strong>le</strong>s blanches linéaires de cet a<strong>le</strong>xandrin inoubliab<strong>le</strong> :<br />

Cette obscure clarté qui tombe des étoi<strong>le</strong>s…<br />

● Je sens déjà mon cœur qui s’intéresse pour lui.<br />

Cette phrase normative, par déplacement de syntagmes, et <strong>le</strong>s césures qu’el<strong>le</strong>s<br />

impliquent, se met à palpiter sous la plume de Corneil<strong>le</strong> dans Polyeucte.<br />

Je sens déjà mon cœur | qui | pour lui | s’intéresse<br />

● Véronique Affholder, au téléphone, me demande des précisions sur la<br />

prononciation de certains noms propres étrangers.<br />

On peut dire que <strong>le</strong>s fina<strong>le</strong>s en os se prononcent o ouvert pour omicron, comme<br />

dans Argos, et o fermé pour omega, comme dans Minos.<br />

Au début du sièc<strong>le</strong> dernier, on prononçait o fermé la fina<strong>le</strong> de noms d’animaux<br />

comme rhinocéros, et l’hippocampéléphantocamélos de Rostand. Aujourd’hui <strong>le</strong>s fina<strong>le</strong>s<br />

d’albatros et d’atroce sont identiques.<br />

Quant au groupe ch, il se prononce k, quand il vient du grec, comme dans<br />

orchestre, Achéron, Anchise, à l’exception d’Achil<strong>le</strong>.<br />

● Aujourd’hui, 1 e janvier 1725 à Leipzig, et 16 novembre 2008 à Paris, une nouvel<strong>le</strong><br />

page se tourne en mon éphéméride musica<strong>le</strong>.<br />

● Dans la cantate de ce matin, bwv.3, où il est dit : « De quels chagrins est semé <strong>le</strong><br />

chemin qui doit me mener au ciel », mélancolie et tendresse entrelacent <strong>le</strong>ur voix dans <strong>le</strong><br />

duo qui précède la conclusion chora<strong>le</strong>.<br />

● Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi,<br />

soutenez-moi, éloignez de moi <strong>le</strong> mensonge et <strong>le</strong>s vapeurs corruptrices du monde.<br />

Baudelaire, À une heure du matin.<br />

29 novembre <strong>2008.</strong><br />

C’est en lisant ces lignes extraites du Traité de prononciation française d’Auguste<br />

André, qui date de 1900, que je découvre, ce que je pressentais depuis longtemps, que<br />

l’origine de cette diction Pathé-Journal, qui se perpétue jusqu’aujourd’hui, remonte<br />

fina<strong>le</strong>ment aux dictées des instituteurs de la IIIe République.<br />

Toutes <strong>le</strong>s fois qu’un mot se termine par deux consonnes, dont la dernière ne se<br />

prononce pas, il est absurde, il est hideux, il est abominab<strong>le</strong> de faire sonner cette<br />

dernière <strong>le</strong>ttre pour la lier à la voyel<strong>le</strong> qui suit, mort taffreuse, cours zau trépas sont des<br />

prononciations cruel<strong>le</strong>ment vicieuses, que l’usage, par malheur, commence à autoriser.<br />

Savez-vous d’où vient <strong>le</strong> goût, qui est assez nouveau dans la diction, des liaisons<br />

nombreuses et exactes ? De la prépondérance qu’a prise dans l’éducation française, la<br />

plus vaine, la plus sotte de toutes <strong>le</strong>s sciences : l’orthographe. On est ravi en disant une<br />

mort taffreuse de faire assavoir à chacun qu’on sait comment s’orthographie <strong>le</strong> mot<br />

« mort ». 1<br />

Les grands seigneurs d’autrefois ne faisaient pas de liaisons. Je ne demande<br />

certes pas qu’on revienne à l’ancienne prononciation qui était mol<strong>le</strong> et flottante ; mais je<br />

1 Il s’agit en fait d’un extrait d’artic<strong>le</strong> de Francisque Sarcey, paru en décembre 1898 dans <strong>le</strong> journal Le Temps.<br />

<strong>Glanes</strong> <strong>IV</strong> 14

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