Glanes IV 2008. - le jeu verbal

Et vous deviez chercher quelque bi-ais plus doux.
Molière, Tartuffe
28 février 2009
Une parcelle d’intelligence lancée dans l’inextricable.
http://www.jeuverbal.fr
● C’est par le nombre des syllabes et la contrainte des rimes, que les poètes ont
inventé des tours de phrase inusités en prose, qui rendent leur formulation plus dense, et
donnent rythme au vers, par contraste avec les phrases normatives qui produisent des
linéarités vertigineuses, dont les autres langues sont dépourvues.
● Ouvert un nouveau chapitre réservé aux versifications chiffrées de pièces de
théâtre, que j’ajoute aux sonnets. J’y place pour Redjep Mitrovitsa Le Misanthrope et
Tartuffe, et cinq pièces de Corneille, que je viens de retrouver sur une disquette, et dont
il me faut vérifier la place des césures
● L’alexandrin non rimé que Voltaire emploie pour traduire trois actes du Jules César
de Shakespeare, comporte très peu d’inversions, car la rime n’intervient pas dans le
texte original, si bien qu’en traduction française, les vers linéaire l’emporte sur le vers
fragmenté. Et l’oreille française est moins surprise par le manque de rime que par le
manque de diversité rythmique.
● On retrouve dans deux pièces de Corneille la reprise musicale d’un ternaire
d’infinitifs
…
…
Je ne veux que la voir | soupirer | et mourir.
Laisse-la-moi donc voir | soupirer | et mourir.
Corneille, Polyeucte
Toujours aimer | toujours souffrir | toujours mourir.
Ô | ciel! | s'il faut toujours aimer | souffrir | mourir?
Corneille, Suréna
● À signaler dans Suréna, la quadruple attaque de cette protase, par le
rapprochement mots-ligatures :
Oui | mais | quand | de son maître | on lui fait un rival…
Il faudrait peut-être relever d’autres vers de ce type pour donner à qui voudra le
plaisir de les phraser comme un violoniste le ferait au talon de l’archet.
● J’achève aujourd’hui l’intégrale des cantates de Bach par celle, joyeuse, des
paysans bwv.212, chantée par Dietrich Fischer-Dieskau et Julia Varady.
● Rome n’est plus dans Rome.
13 mars 2009
Rodogune, la sixième des versifications chiffrées de Corneille, que je mets en ligne
aujourd’hui, s’ajoute à six pièces de Molière et à l’intégrale du théâtre de Racine. Je
précise et prolonge ainsi le travail de Larive que Jouvet recommandait à ses élèves au
Conservatoire pour la mise en voix des alexandrins français.
● Qu'un vers ait une bonne forme, cela n'est pas tout; il faut absolument, pour qu'il
ait parfum, couleur et saveur, qu'il contienne une idée, une image ou un sentiment.
L'abeille construit artistement les six pans de son alvéole de cire, et puis elle l'emplit de
miel. L'alvéole c'est le vers; le miel, c'est la poésie.
Glanes IV 18