Robert Degos - Bibliothèque interuniversitaire de médecine
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<strong>Degos</strong><br />
et l’accueil <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s<br />
Du temps du service <strong>de</strong> <strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong>, les patients sont hospitalisés dans <strong>de</strong> vastes salles<br />
communes <strong>de</strong> 20 à 40 lits (LS). Ceci facilite<br />
la dispense <strong>de</strong>s soins et la distribution <strong>de</strong>s repas<br />
mais au prix d’une promiscuité et d’une<br />
absence d’intimité parfois difficile à vivre pour les<br />
patients. Les seules améliorations sont l’apparition du chauffage central en 1958<br />
soignant.<br />
27 et<br />
l’aménagement <strong>de</strong> quelques boxes dans les années 1970. Il faudra attendre 1984 et la<br />
construction du Nouveau Saint-Louis pour que les salles communes disparaissent au profit <strong>de</strong>s<br />
chambres.<br />
<strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong> milite pour le maintien <strong>de</strong> ces gran<strong>de</strong>s salles qui selon lui permettent <strong>de</strong> mieux<br />
dispenser son enseignement au lit du mala<strong>de</strong>, accompagné <strong>de</strong> son cortège d’assistants,<br />
étudiants et personnel<br />
<strong>Degos</strong><br />
et le plein-temps<br />
<strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong> a mis beaucoup <strong>de</strong> temps à accepter que l’exercice <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine hospitalière<br />
doive évoluer vers le plein-temps<br />
pour permettre l’exercice médical, l’enseignement et la<br />
recherche. De manière générale,<br />
la réforme Debré <strong>de</strong> 1958, qui réunit les activités <strong>de</strong> soins,<br />
d’enseignement et <strong>de</strong> recherche au sein <strong>de</strong> Centres Hospitalo-Universitaires, a eu du mal à<br />
s’imposer. En effet, <strong>de</strong> très nombreux mé<strong>de</strong>cins continuaient <strong>de</strong> considérer la clinique comme<br />
un tout intangible et il a fallu faire reconnaître la recherche comme une activité spécifique. De<br />
plus, les problèmes <strong>de</strong> revenus étaient en filigrane <strong>de</strong>rrière ces débats. Le plein temps<br />
menaçait les cliniciens <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> leur clientèle <strong>de</strong> ville<br />
incu par leur exercice que cette<br />
28 .<br />
Praticien « Ancien régime », <strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong> ne se verra jamais obligé par la réforme Debré<br />
datant <strong>de</strong> 1958 <strong>de</strong> passer au plein-temps. Cela lui aurait pourtant peut-être permis <strong>de</strong> se<br />
tourner vers la recherche (JPE). Ses fils l’ont plus tard conva<br />
réforme était <strong>de</strong>venue nécessaire (FD).<br />
<strong>Degos</strong><br />
et le traitement <strong>de</strong> la syphilis<br />
Alors que la syphilis commence à être traitée<br />
efficacement par la pénicilline <strong>de</strong>puis 1945, que<br />
son collègue Marc Bolgert préconise dès 1947 l’emploi exclusif d’une cure unique <strong>de</strong> 15 millions<br />
d’unités <strong>de</strong> pénicilline en solution aqueuse (ce qui est tout <strong>de</strong> même à l’époque une<br />
révolution), <strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong> reste longtemps partisan du traitement par le bismuth<br />
: « Ce mal terrible, qui n’osait pas dire son nom va-t-il disparaître ? D’aucuns le<br />
29 ; à tel point<br />
qu’on le surnomme Mr Bismuth aux Etats-Unis 7 . Il commence à admettre l’efficacité <strong>de</strong> la<br />
pénicilline par rapport aux autres traitements à partir <strong>de</strong> 1948, mais il l’associe encore<br />
quelques années à <strong>de</strong>s cures prolongées <strong>de</strong> cyanure et <strong>de</strong> mercure 30 . Au congrès d’Helsinki<br />
(1950), <strong>Robert</strong> <strong>Degos</strong> affirme encore que : « La pénicilline ne suffit pas, il faut continuer le<br />
traitement arséno-bismuthique pendant 4 ans » alors que <strong>de</strong> Graciansky traite déjà les syphilis<br />
récentes primo-secondaires par injection unique <strong>de</strong> 2.4 millions d’Extencilline.<br />
Ce n’est que quelques années plus tard qu’il suivra les recommandations validées par les<br />
experts.<br />
Concernant les problèmes <strong>de</strong> rejet et <strong>de</strong> mise à l’écart qui entourent encore à l’époque les<br />
patients atteints <strong>de</strong> syphilis, il met en gar<strong>de</strong> dans sa leçon inaugurale contre tout jugement<br />
moraliste<br />
regretteraient, (…), mais certains moralistes, certaines dames <strong>de</strong> charité voient dans le<br />
tréponème le « gendarme <strong>de</strong> Dieu sur terre ». Et la crainte du gendarme n’est-elle pas le<br />
commencement <strong>de</strong> la sagesse ? Qu’il serait regrettable <strong>de</strong> ne plus l’avoir, ce danger vénérien,<br />
pour retenir <strong>de</strong>s instincts amoureux et <strong>de</strong>s vertus encore hésitantes ! Mais que ces éducateurs,<br />
et bien curieux hygiénistes, se rassurent, si la syphilis a perdu <strong>de</strong> son élan meurtrier, elle n’a<br />
pas disparu. »<br />
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