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13 LONGUEUR D’ONDES N°64<br />
dEUS avait ouvert la voie, Absynthe Minded s’y<br />
est engouffré en multipliant <strong>le</strong>s concerts<br />
(plus de 300). Avec sa contrebasse, sa guitare<br />
et son violon, voire même son piano, <strong>le</strong><br />
groupe, composé de musiciens confirmés de formation<br />
jazz, mais aussi d’autodidactes, acquiert<br />
rapidement une bel<strong>le</strong> notoriété. “dEUS a surtout<br />
prouvé qu’il était possib<strong>le</strong> d’avoir un succès international,<br />
mais la scène d’Anvers n’était pas proche<br />
de nous, indique Bert Ostyn, chanteur-guitariste<br />
et compositeur. Nous ne fonctionnons pas de la<br />
même manière, avec des musiciens qui se mélangent,<br />
mais nous avons noué beaucoup d’amitiés.”<br />
Concentrés sur <strong>le</strong>ur projet, ils ont gardé<br />
l’orientation acoustique, mais ont laissé de<br />
côté <strong>le</strong>s improvisations. Bert compose la totalité<br />
des chansons et écrit <strong>le</strong>s textes. Au fil des années,<br />
une certaine liberté s’est instauré<br />
dans <strong>le</strong> fonctionnement,<br />
l’utilisation des instruments a<br />
évolué. “Ils ne sonnent plus de<br />
la même façon. Le but est<br />
d’avoir une identité, ne pas<br />
sonner comme un autre groupe.<br />
Nous n’allons pas à l’éco<strong>le</strong> de la<br />
musique pop pour apprendre à écrire une<br />
chanson, c’est inconscient. La magie vient<br />
dans <strong>le</strong>s doigts lorsque nous jouons ensemb<strong>le</strong>.<br />
Pas question de sortir deux fois <strong>le</strong> même<br />
disque !” Bert écrit en fait seul à la guitare<br />
<strong>le</strong>s accords et <strong>le</strong>s mélodies puis <strong>le</strong>s proposent<br />
aux autres membres du groupe. Le<br />
travail col<strong>le</strong>ctif commence alors. “Parfois,<br />
je veux vraiment convaincre d’al<strong>le</strong>r dans<br />
une direction précise, mais d’autres fois<br />
c’est <strong>le</strong> contraire, eux me convainquent.<br />
Il y a des discussions assez sportives<br />
quand je veux garder mon idée origina<strong>le</strong>.”<br />
coup de chapeau<br />
Les premiers disques sont sortis en France sous<br />
la forme d’un best-of. Le nouveau aborde d’une<br />
manière romantique <strong>le</strong>s thèmes chers à Bert : la<br />
vie, l’amour, <strong>le</strong>s sentiments. “La plupart des chansons<br />
commencent avec <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s. C’est très<br />
important, cela donne une direction. Je chante<br />
aussi sur l’art ou la pauvreté, mais en laissant de<br />
la place à l’imaginaire car je n’aime pas être trop<br />
clair. À chacun d’interpréter selon sa propre vie.<br />
Je lis comme tout <strong>le</strong> monde des choses tristes<br />
dans <strong>le</strong> journal, mais ce n’est pas mon rô<strong>le</strong> de<br />
par<strong>le</strong>r de ça… Je donne juste mon point de vue,<br />
ma vision du monde. Je suis fan de Bob Dylan, et<br />
Absynthe Minded<br />
enivrante Belgique<br />
b PATRICK AUFFRET | a ROCH ARMANDO<br />
La relève belge ? Pas vraiment… Depuis dix ans, <strong>le</strong> gang de Bert Ostyn délivre<br />
un rock inspiré dans <strong>le</strong> plat pays. Soutenu par un réjouissant cinquième<br />
album, <strong>le</strong> combo part à la conquête du monde. Avec des raisons d’y croire.<br />
Like a rolling stone n’est pas une chanson pour<br />
ou contre un mouvement, même s’il est clair que<br />
cela par<strong>le</strong> d’une certaine sorte d’hommes…<br />
Je souhaite toucher <strong>le</strong>s gens, qu’ils<br />
sentent la sincérité dans ma musique,<br />
que cela vient de mon cœur.”<br />
Parfois, Bert se fait quand même philosophe en<br />
invitant au changement. Et <strong>le</strong> changement c’est<br />
visib<strong>le</strong>ment maintenant pour Absynthe Minded<br />
avec cette première réalisation sur <strong>le</strong> label AZ<br />
(Universal). Soutenu par Space, imparab<strong>le</strong> et évident<br />
sing<strong>le</strong> folk-pop, <strong>le</strong> groupe, qui vient de jouer<br />
à Berlin, Amsterdam, Paris et Barcelone, poursuit<br />
sa conquête de l’Europe. “J’espère que cela marchera,<br />
une bel<strong>le</strong> mélodie, ça me touche, alors<br />
j’essaie d’en écrire. C’est la clé ! Notre morceau<br />
Envoi a été un tube écrit à partir d’un poème,<br />
sans trop penser à ce que cela allait devenir. La<br />
mélodie chantait dans ma tête. Space peut aussi<br />
toucher beaucoup de gens de la même manière,<br />
d’autant que <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s sont assimilab<strong>le</strong>s par<br />
tous ; tout <strong>le</strong> monde a déjà eu ce sentiment<br />
mélancolique <strong>le</strong> lundi, quand il p<strong>le</strong>ut et qu’il faut<br />
encore une fois al<strong>le</strong>r travail<strong>le</strong>r…” i<br />
“as it ever was” AZ / Universal<br />
Le meil<strong>le</strong>ur d’entrée. Space, immédiatement entêtant, est un tube rock. Dans la foulée,<br />
End of the line, entraînant en diab<strong>le</strong>, possède éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s arguments pour s’imposer<br />
avec son coup<strong>le</strong>t bien balancé et la voix qui s’envo<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> même format, lancé par<br />
<strong>le</strong> violon, un refrain quasi lyrique, As it ever was fait éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> boulot. La suite est<br />
plus classique, de bel<strong>le</strong>s ballades sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s instruments alternent. Au total,<br />
douze titres mi-épiques, mi-hantées, comme l’excel<strong>le</strong>nt Only skin deep et quelques<br />
plages plus calmes, à l’image de Litt<strong>le</strong> rascal, chanson presque en suspension.<br />
Un album consistant.