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52 Les appareillages "tout en un" Fig. 15. Occluseur à charnière de V. Bloom et B. Siegel (1941). En 1922, C.I. Stock propose la solution miracle de l’enregistrement des relations inter-arcades à l’aide d’un instrument qui doit devenir un occluseur de travail pour le praticien. Il s’agit pour lui de "trouver la fermeture correcte des mâchoires" et de "rendre possible la reproduction des mouvements anatomiques de la mandibule par rapport à la position fixe du maxillaire" (Fig. 17). À y regarder avec plus de précision, ne serait-il pas possible d’ajouter à cet appareillage la prise des empreintes des arcades dentaires ? En 1895, K.B. Bragg a déposé deux brevets pour un occluseur et pour une technologie "pour faciliter grandement, aussi bien en aisance qu’en commodité, la conception des dentiers artificiels". Cet appareillage est une combinaison d’un occluseur et d’un moufle à vulcaniser (Fig. 18). Grâce à l’utilisation de porte-empreintes spéciaux, il n’est pas nécessaire de démonter les modèles de travail de l’occluseur. Par la suite, K.B. Bragg a adjoint "une articulation universelle" au moufle pour recevoir la cire d’arti- Fig. 17. Occluseur de C.I. Stock (1922). Actes. Société française d'histoire de l'art dentaire, 2011, 16 Fig. 16. Occluseur de W. Luxmore (1908). culation de l’occlusion. Si parfois toutes les curiosités apparues tout au long de l’histoire des occluseurs et des articulateurs font sourire, il faut tout de même saluer l’esprit de recherche et d’ingéniosité de nos prédécesseurs. S’ils se sont quelques fois égarés avec les connaissances et les possibilités techniques de leur temps, ils nous ont toutefois permis de ne pas commettre les mêmes erreurs. Ce propos est largement inspiré du remarquable travail de E.N. Starcke de l’université du Texas de la Branche Dentaire de Houston, "The history of articulators : Unusual concepts or it seemed to be a great idea at the time!", Journal of Prosthodontics, Vol. 10, Issue 3, September 2001, p. 170-180. La plupart des illustrations sont reproduites de cette publication. Fig. 18. Occluseur de K.B. Bragg (1895).
Actes. Société française d'histoire de l'art dentaire, 2011, 16 53 Une histoire industrielle : "les dentifrices du docteur Pierre" An industrial story : "Doctor Pierre’s dentifrices" Jean-Pierre Fournier Docteur en chirurgie dentaire Mots-clés docteur Pierre dentifrices entreprise industrielle murs peints Key-words Doctor Pierre toothpastes industrial firm painted walls Correspondance : 68, avenue Bosquet, 75007 Paris fournierjpc@gmail.com Résumé Intéressant notre discipline, il est un homme qui a été regardé par des millions de passants depuis 1920 et qui continue à être vu quotidiennement par des milliers d’automobilistes, suscitant parfois l’indifférence mais aussi parfois la curiosité. Le docteur Pierre, il s’agit de lui, orne encore quelques murs peints dans le paysage de nos villes, et si ses dentifrices ne sont plus produits, nous pouvons dire que l’aventure industrielle de son entreprise débutée au milieu du XIXe siècle colle véritablement à son époque, l’aspect publicitaire épousant les courants artistiques de la période considérée. Abstract This man is of a great importance to our discipline. Since 1920, he has been seen by millions of passers-by, and is still to be seen daily by motorists, provoking indifference, but sometimes also curiosity. Doctor Pierre still adorns painted walls in our towns. His toothpastes are no longer manufactured but it could be said that industrial aspects of his own business at the start of the 19th century truly represent his area and that promotional products of his industry well demonstrate the artistic norms of his period. Ces hauts murs peints il y a presque un siècle, dont il ne reste actuellement que trois exemplaires en état relativement bien conservé, montrent le portrait d'un homme vêtu à la mode de la première moitié du XIXe siècle, avec pour seule légende ces mots : "pâte dentifrice. Dr Pierre" (Fig. 1). En dépit de l'intérêt patrimonial actuel, il est permis de s'interroger sur la pertinence de l'argumentaire publicitaire. En effet, sur ces murs, point de produits dentifrices, mais l'effigie d'un homme, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est passé de mode. Et pourtant, qui était cet homme qui osa afficher son portrait en lieu et place du produit qu'il était censé promouvoir? S'agissait-il d'orgueil démesuré (cinq étages), de vanité, de mégalomanie, d'autosatisfaction surdimensionnée (200 m² environ tout de même) ? Esquisse biographique Le docteur Pierre n'a pas pu savourer la joie secrète de se contempler en grand format sur les murs de nos villes pour la bonne, simple et unique raison, qu'il était décédé depuis une soixantaine d'années quand les peintres ont couvert de ses Disponible en ligne sur www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad 1277-7447 – © 2011 Société française d'histoire de l'art dentaire. Tous droits réservés. traits les briques des pignons de ces immeubles. Notre homme, dont l’acte de naissance a pu être reconstitué après l’incendie qui a ravagé en mai 1871, lors des derniers combats de la Commune, les combles de l’Hôtel de Ville où étaient entreposées les archives, est né à Paris dans le 9ème arrondissement le 9 février 1801. Pierre-Alphonse Mussot pour l’état civil, ayant vu le jour sous le Consulat, va connaître l’occurrence singulière de vivre sous les régimes politiques alternés les plus divers. Ce seront : le Premier Empire, la Monarchie, l’éphémère période des Cent-Jours, à nouveau la Monarchie avec trois souverains, puis la République et enfin le Second Empire. Il décède le 25 Janvier 1860 en son domicile du 17, rue de Milan, et célibataire, le constat sera effectué par l’adjoint au maire du 9éme arrondissement en présence de deux neveux par alliance. Étudiant, le jeune Mussot opte pour la médecine à la faculté de Paris et soutiendra une thèse ayant pour titre : "Propositions de médecine", le 28 août 1833 (Fig. 2). Cet ouvrage de 20 pages, dédicacé à son frère aîné Paul-Martin, porte essentiellement sur quelques problèmes du domaine cardiovasculaire, des voies digestives, de certaines épidémies (choléra, typhoïde), ainsi que de l’influence climatique sur leur évolution. En fin clinicien, il note dans sa pro-
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