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Seconde chance pour Savannah - Index of

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— Dis à Jamie que je viendrai.<br />

* * *<br />

L’heure tournait et <strong>Savannah</strong> commençait à se demander si sa mère allait rentrer. A 19 h 30, elle<br />

était sur le point de réellement s’inquiéter quand elle pénétra dans la cuisine <strong>pour</strong> se servir un soda et<br />

découvrit un mot aimanté sur la porte du réfrigérateur.<br />

« Je passe la nuit en ville, chez Rosie. Serai de retour demain soir, après la fête. »<br />

Aucun mot d’affection. Aucune chaleur. Rien d’autre qu’une information lapidaire. Cela n’avait rien<br />

de surprenant au fond, mais <strong>Savannah</strong> n’en éprouva pas moins un petit pincement au cœur, ainsi qu’un<br />

pr<strong>of</strong>ond sentiment de frustration. Elle avait prévu d’avoir avec sa mère cette conversation si longtemps<br />

différée, et à présent, elle devrait attendre le lendemain.<br />

Dès qu’elle eut fini de dîner, elle décida de prendre une douche et de commencer un livre qu’elle se<br />

promettait de lire depuis des mois. Mais une idée lui vint alors qu’elle se lavait les cheveux. Elle était<br />

seule — c’était l’occasion rêvée de feuilleter le mystérieux carnet de croquis de sa mère. A condition,<br />

bien sûr, qu’elle puisse le trouver.<br />

Ayant passé sa chemise de nuit de soie bleue, sa préférée, et enroulé une serviette autour de ses<br />

cheveux mouillés, elle monta au grenier. La boîte en carton était toujours là, au même endroit, mais elle<br />

avait été fermée à l’aide de deux morceaux de Scotch.<br />

Elle aurait dû, bien sûr, comprendre le message et partir. Malheureusement, sa curiosité l’emporta.<br />

Dès qu’elle aurait fini de jouer les détectives, elle refermerait soigneusement le carton et personne n’en<br />

saurait rien. Promis.<br />

Ayant décollé l’extrémité des bandes d’adhésif avec précaution, elle souleva le couvercle de la<br />

boîte et farfouilla parmi les objets comme elle l’avait fait la première fois, à la recherche du fameux<br />

carnet. En vain. Décidément, avec sa mère comme avec Sam, rien ne pouvait être simple…<br />

Déçue, et fatiguée de sa journée, elle décida d’abandonner ses recherches <strong>pour</strong> le moment. Elle<br />

referma le carton, recolla les morceaux de Scotch, et redescendit au premier. Mais comme elle passait<br />

devant la chambre de sa mère, elle s’immobilisa soudain. Si elle poussait cette porte…<br />

… elle violerait l’intimité de sa mère, ce qui n’était pas très glorieux de sa part, mais peut-être aussi<br />

trouverait-elle enfin des réponses à ses questions, qui sait ?<br />

Oh ! et puis, personne ne le saura, se dit-elle en tournant la poignée de la porte avec précaution.<br />

Des caisses en plastique gris étaient alignées le long des murs au papier peint passé, marqué par endroits<br />

des traces laissées par les tableaux décrochés. Les étagères ne contenaient plus ni livres ni bibelots ; plus<br />

aucun objet n’était posé sur la commode en pin. Sa mère n’avait laissé qu’une lampe sur la table de<br />

chevet… et son carnet de croquis.<br />

Ignorant un nouvel accès de mauvaise conscience, <strong>Savannah</strong> traversa la pièce, prit le carnet et<br />

s’assit au bord du lit. Elle étudia le premier dessin et remarqua les initiales de sa mère en bas à droite,<br />

ainsi qu’une date. Cela remontait à deux mois avant leur emménagement à Placid. Elle regarda le dessin<br />

suivant, puis le suivant encore… Tiens, ils étaient antérieurs au premier. Sa mère, semblait-il, avait<br />

commencé son carnet par la dernière page.<br />

Les premiers croquis, les plus récents donc, représentaient des fleurs, des paysages, des scènes de<br />

la vie rurale, mais à mesure que l’on remontait dans le temps, les sujets choisis paraissaient plus<br />

sombres, plus tristes : un arbre noueux, dépouillé de ses feuilles, seul au milieu d’un champ ; une maison<br />

aux volets fermés… Mais le plus frappant de tous était celui qui avait été arraché, puis replacé finalement<br />

au même endroit, à la fin du carnet.<br />

De larges mains aux doigts griffus occupaient tout l’espace de la page jaunie par le temps. Des<br />

mains sinistres, effrayantes, qui semblaient prêtes à saisir quelque chose. Et, plus inquiétant encore, dans

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