Seconde chance pour Savannah - Index of
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Elle se rappelait, en revanche, toutes ces soirées qu’ils avaient passées sous le vieux chêne, oubliant<br />
leur quotidien dans les bras l’un de l’autre.<br />
— Il y a une première fois à tout, répondit-il sans quitter le sentier des yeux.<br />
— Est-ce que tu as remarqué les panneaux sur la clôture ?<br />
— Oui. Quelqu’un voudrait interdire l’accès de la propriété aux ados.<br />
— Ce qui veut dire que nous ne devrions pas être là non plus, commenta <strong>Savannah</strong> d’un air entendu.<br />
— Nous ne sommes plus des ados, il me semble.<br />
Sam avait décidément une curieuse façon de raisonner.<br />
— J’ai dû rater le panneau qui précisait « aux moins de trente ans », dit-elle, feignant le plus grand<br />
sérieux.<br />
Il éclata de rire.<br />
— Je te garantis que le nouveau propriétaire de Potter’s Pond est tranquillement en train de ronfler<br />
sur son matelas de dollars et qu’il ne se préoccupe ni de nous ni de ce que nous pouvons faire sur ses<br />
terres.<br />
Inutile de demander qui était le fameux propriétaire en question…<br />
— Laisse-moi deviner, Wainwright a acheté l’étang ?<br />
— Exactement.<br />
S’étant arrêté à proximité du vieux chêne, il coupa le moteur et <strong>pour</strong>suivit :<br />
— Il a l’intention d’installer une aire d’accueil <strong>pour</strong> camping-cars et d’attirer ici les gens qui<br />
voyagent entre Memphis et Jackson.<br />
— Est-ce que Placid n’est pas un peu à l’écart de cette route ?<br />
Les bras croisés sur le volant, Sam fixait l’étang, l’air songeur.<br />
— Si, dit-il. Mais si ça marche, l’économie locale en pr<strong>of</strong>itera.<br />
— Je suppose que tu as raison, mais c’est tout de même dommage, fit <strong>Savannah</strong>, songeuse. C’est une<br />
page d’histoire qui se tourne.<br />
Et aussi une page de leur histoire.<br />
— Est-ce que tu veux sortir de l’auto et t’asseoir un moment quelque part en guise d’adieu <strong>of</strong>ficiel ?<br />
proposa-t-il.<br />
— Tu ne m’as même pas laissé le temps de mettre des chaussures !<br />
Il se tourna enfin vers elle.<br />
— Ça ne t’a jamais dérangée de marcher pieds nus, remarqua-t-il.<br />
— Mes pieds sont plus sensibles qu’avant, figure-toi. Et en plus, nous n’avons pas de pliants, et je<br />
n’ai vraiment pas envie de m’asseoir par terre, argumenta-t-elle.<br />
— Il y a une couverture sur le siège arrière, dit-il en indiquant du pouce l’arrière du véhicule.<br />
Aussitôt mille souvenirs jaillirent dans l’esprit de <strong>Savannah</strong>. Elle s’efforça de les écarter en<br />
ironisant :<br />
— Comme c’est pratique ! Est-ce que tu emmènes souvent tes bonnes « copines » faire des piqueniques<br />
à minuit ?<br />
— J’ai toujours une couverture dans l’auto au cas où je tomberais en panne et devrais dormir<br />
dehors.<br />
L’explication était plausible, <strong>pour</strong> peu que <strong>Savannah</strong> décide de faire confiance à Sam et de le croire.<br />
Mais pouvait-elle se faire confiance à elle-même ?<br />
— Nous devrions peut-être rester dans l’auto, dit-elle prudemment.<br />
— Et ne pas pr<strong>of</strong>iter pleinement de ce magnifique spectacle ?<br />
La lune, presque pleine et haut sur l’horizon, nimbait l’étang d’une lumière bleutée qui contrastait<br />
avec le ciel d’encre. <strong>Savannah</strong> avait déjà observé plusieurs fois ce phénomène sur le lac Michigan, à<br />
Chicago. La vue était jolie, bien sûr, mais l’effet, affaibli par les lumières de la ville, en était moins