paul vi, bienheureux ? don luigi villa, docteur en ... - CatholicaPedia
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Le colonel accepte, prête serm<strong>en</strong>t au Pontife et comm<strong>en</strong>ce sa nouvelle mission. Au cours d’une tournée à l’Est, il <strong>en</strong>tra<br />
<strong>en</strong> contact avec l’évêque luthéri<strong>en</strong> d’Uppsala, Mgr Brilioth, Primat de Suède, qui, nourrissant une profonde estime<br />
pour Pie XII, n’hésitait pas à lui r<strong>en</strong>dre de précieux ser<strong>vi</strong>ces, comme l’aide aux membres du clergé dét<strong>en</strong>us, et comme<br />
l’introduction de Bibles <strong>en</strong> Russie, etc… Au cours d’une de ces r<strong>en</strong>contres (vers l’été 1954), l’archevêque d’Uppsala, à<br />
l’impro<strong>vi</strong>ste, dit au colonel : « Les autorités suédoises sav<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> que le Vatican a des relations avec les so<strong>vi</strong>étiques<br />
! » Le colonel décida tout de suite d’interroger Pie XII, dès son retour de sa mission. De fait, à peine de retour <strong>en</strong><br />
Italie, il interrogea le Saint Père. Celui-ci, très étonné de la chose, demanda au colonel de rapporter à Mgr Brilioth que le<br />
Vatican n’avait aucune relation avec les So<strong>vi</strong>étiques.<br />
Mais lorsque le colonel Arnould retourna <strong>en</strong> Suède, l’archevêque d’Uppsala lui répéta <strong>en</strong>core le contraire, le priant de<br />
repasser chez lui lorsqu’il aurait terminé sa nouvelle mission. Le colonel accepta et se r<strong>en</strong>dit chez l’archevêque. Mgr Brilioth<br />
lui consigna alors une lettre cachetée adressée à Pie XII, le priant de la lui remettre <strong>en</strong> mains propres sans la faire<br />
connaître à personne d’autre au Vatican. Il lui dit seulem<strong>en</strong>t : « Cette <strong>en</strong>veloppe conti<strong>en</strong>t les ‘preuves’ des relations que<br />
le Vatican <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec les So<strong>vi</strong>étiques. »<br />
De retour à Rome, le colonel consigna l’<strong>en</strong>veloppe à Pie XII qui la lut <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce, tout pâle.<br />
En un mot, le dernier texte officiel signé par le pro-Secrétaire d’État, Mgr Montini, date du 23 septembre 1954. (Doc.<br />
Pont. 1954 n°1187 col.1519 à 1522). Le 1er novembre 1954, Pie XII éloignait Mgr Montini de la Secrétairerie d’État.<br />
On sait par d’autres informations, qu’<strong>en</strong> ce tragique automne 1954, Pie XII avait aussi découvert que son pro-<br />
Secrétaire d’État « lui avait t<strong>en</strong>u cachées toutes les dépêches relatives au schisme des évêques chinois » (CRC, 7 octobre<br />
1975, p.12), qui s’aggravait toujours plus.<br />
Or, que Mgr Montini ait été éloigné de la Secrétairerie d’État parce que tombé <strong>en</strong> disgrâce de Pie XII (qu’il « trahissait<br />
»), a été admis par Jean Guitton dans son livre ‘Paul VI secret’, où il écrit : « On n’a jamais su et on ne saura jamais<br />
pourquoi Pie XII, l’ayant fait archevêque de Milan, ne l’avait pas créé cardinal, ce qui lui <strong>en</strong>levait la possibilité d’être élu<br />
pape. » Plus loin, il écrit : « Il (Paul VI) traversait une épreuve analogue à celle que lui avait infligée Pie XII : celle de la<br />
‘diffid<strong>en</strong>tia’, car il semblait que Pie XII avait perdu toute confiance <strong>en</strong> lui. » Certes, Jean Guitton ne savait ri<strong>en</strong> de la trahison<br />
de son ami, c’est-à-dire de cette ‘Ostpolitik’. Comme le dit le colonel Arnould, « Montini avait déjà sa politique qui<br />
n’était pas celle du pape régnant. Cette politique est aujourd’hui officielle et on l’appelle ‘Ostpolitik vaticane’. Et alors, il<br />
n’y a plus aucun motif de t<strong>en</strong>ir cachés ces épisodes, ces faits qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t déjà à l’histoire. »<br />
Or, pour <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir au sujet, je voudrais dire qu’il y a une espèce de préhistoire dans les rapports que Paul VI eut avec<br />
le P.C., au temps où il s’appelait <strong>en</strong>core Mgr Montini. Je cite pour exemple un docum<strong>en</strong>t extrait des Archives d’État de<br />
Washington, qui démontre que le futur pape Paul VI r<strong>en</strong>contrait <strong>en</strong> secret le chef communiste itali<strong>en</strong>, Palmiro Togliatti,<br />
dès juillet 1944. (À remarquer que la théorie du ‘compromis historique’ proposée par Berlinguer utilise plus ou moins les<br />
mêmes termes que Togliatti et Montini - Cfr. La revue américaine ‘Veritas’ d’avril 1974.)<br />
Ce fur<strong>en</strong>t des r<strong>en</strong>contres et des conversations qui se déroulèr<strong>en</strong>t toujours à l’insu de Pie XII, car il était profondém<strong>en</strong>t<br />
hostile à tout contact avec les marxistes.<br />
Nous <strong>don</strong>nons un résumé du docum<strong>en</strong>t, très compromettant, qui fait foi d’une r<strong>en</strong>contre ‘Montini-Togliatti’, le 10 juillet<br />
1944.<br />
Il se di<strong>vi</strong>se <strong>en</strong> cinq paragraphes :<br />
1) Le 10 juillet dernier, chez un Ministre Démocrate-Chréti<strong>en</strong>, le pro-Secrétaire d’État, Mgr Giovanni Battista Montini, a<br />
r<strong>en</strong>contré Togliatti, Ministre communiste sans portefeuille du gouvernem<strong>en</strong>t Bonomi. Leur conversation a concerné le terrain<br />
sur lequel est née l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre les partis démocrate-chréti<strong>en</strong> et communiste.<br />
2) Dès son arrivée <strong>en</strong> Italie, Togliatti a eu des r<strong>en</strong>contres réservées avec des personnalités émin<strong>en</strong>tes du parti démocrate-chréti<strong>en</strong>.<br />
Ces contacts représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’arrière-plan politique du discours de Togliatti t<strong>en</strong>u au théâtre ‘Brancaccio’, le<br />
dimanche 9 juillet, et expliqu<strong>en</strong>t l’accueil chaleureux qu’a reçu le discours de la part de la presse catholique.<br />
3) À travers les dirigeants du parti démocrate-chréti<strong>en</strong>, Togliatti a pu transmettre au Vatican ses impressions sur<br />
l’opinion de Staline à propos de la liberté religieuse, telle qu’elle est actuellem<strong>en</strong>t acceptée par le communisme, et du caractère<br />
démocratique de l’accord <strong>en</strong>tre la Russie et les Nations Alliées. D’autre part, le Saint Siège a rejoint Togliatti à<br />
travers les mêmes voies, et a exprimé son opinion au sujet de futurs accords avec la Russie So<strong>vi</strong>étique sur le problème<br />
du communisme <strong>en</strong> Italie aussi bi<strong>en</strong> que dans d’autres pays.<br />
4) La discussion <strong>en</strong>tre Mgr Montini et Togliatti fut le premier contact direct <strong>en</strong>tre un haut Prélat du Vatican et un chef<br />
communiste. Après avoir examiné la situation, ils ont conv<strong>en</strong>u sur la possibilité pratique d’une alliance conting<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre<br />
catholiques et communistes <strong>en</strong> Italie, qui pourra <strong>don</strong>ner aux trois partis, démocrate chréti<strong>en</strong>, socialiste et communiste,<br />
une majorité absolue, suffisante pour leur cons<strong>en</strong>tir de contrôler n’importe quelle situation politique.<br />
5) On a ébauché le projet d’un plan pour construire la base de départ d’un accord <strong>en</strong>tre le parti démocrate chréti<strong>en</strong> et<br />
les partis communiste et socialiste. En pratique, ils suivront les lignes fondam<strong>en</strong>tales le long desquelles pourra être créée<br />
une <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre le Saint Siège et la Russie, dans le cadre de leurs nouvelles relations.<br />
Pour continuer le discours des ‘r<strong>en</strong>contres secrètes’ <strong>en</strong>tre Togliatti et Montini, il est bon de savoir que ces contacts<br />
<strong>en</strong>tre les deux fur<strong>en</strong>t assurés par un Prélat ami personnel du leader communiste : Mgr Giuseppe de Luca.<br />
Mais ce sera le pape Jean XXIII – <strong>don</strong>t Montini reçut la pourpre – à ouvrir <strong>en</strong>core plus à Montini la voie du dialogue<br />
avec le monde communiste, après sa fameuse <strong>en</strong>cyclique ‘Pacem in Terris’ du 10 avril 1962, dans laquelle le communisme,<br />
bi<strong>en</strong> qu’il ne soit pas nommé directem<strong>en</strong>t, est cep<strong>en</strong>dant considéré <strong>en</strong> pleine évolution dialectique, c’est-à-dire<br />
non plus id<strong>en</strong>tique à la doctrine de Karl Marx, bi<strong>en</strong> qu’il <strong>en</strong> conserve les principes.<br />
Note : Cette <strong>en</strong>cyclique avait été précédée de ‘l’audi<strong>en</strong>ce privée’ si discutée du g<strong>en</strong>dre de Krouchtchev, Alexei Adjoubeï.<br />
Il faut savoir que cette audi<strong>en</strong>ce se termina par les mots de Jean XXIII : « Ne nous sépar<strong>en</strong>t que des conceptions<br />
opposées. C’est bi<strong>en</strong> peu de chose ! »<br />
Le Pontificat de Paul VI suivra <strong>don</strong>c cette ligne ouverte par Jean XXIII qui avait comm<strong>en</strong>cé de difficiles pourparlers soit<br />
avec le patriarche de Moscou, soit avec Athénagoras, patriarche de Constantinople. Le but était d’assurer des ‘observa-<br />
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