Monitoring des médias sur la couverture journalistique du sida dans ...

l’étude et constituent autant de freins à une couverture réellement professionnelle
de la thématique du Sida, et, de manière plus générale, de tout thème de société
« sensible ». Ces tendances lourdes, valables également pour la plupart des pays
du continent, à des degrés divers et à quelques exceptions près, elles aussi largement
étudiées par différentes institutions dont l’Institut Panos Paris, se résument
comme suit :
• Environnement économique difficile. L’entreprise de presse une entité généralement
peu viable, dépourvue des ressources nécessaires pour la production
et la diffusion d’une information de qualité.
• Environnement juridique sévère. Une lourde pénalisation des délits de presse
qui fait que dans certains cas, la justice est pratiquement liberticide pour les
médias.
• Cadre réglementaire peu efficace. S’il existe des instances de régulation et
d’autorégulation dans la plupart des pays africains, celles-ci souffrent de manque
d’efficience et d’efficacité pour une veille correcte sur l’information. Parfois
il leur manque de liberté par rapport au pouvoir (régulation) et de légitimité
par rapport aux professionnels de l’information (autorégulation) pour pouvoir
jouer pleinement leurs rôles.
• Manque de spécialisation. Les effectifs limités poussent les journalistes à traiter
de tout, dans une approche généraliste qui pousse à la superficialité.
• Méconnaissance et/ou du non respect des normes éthiques et déontologiques.
Les dérapages sont fréquents dans un contexte où la concurrence pousse
à la course au scoop sans les garanties de vérifications et de recoupement de
l’information, en plus de la recherche du sensationnel.
• Manque de diversité dans les contenus d’information. Malgré la pluralité
des médias, les mêmes faits, jugés plus « vendables », dominent l’actualité, à
travers la politique, le sport, ou les faits divers. Certains sujets pourtant d’utilité
publique et essentiels pour le bien-être collectif, notamment au plan social,
font l’objet d’un traitement secondaire. De même, avec des médias souvent
concentrés dans la capitale, ce qui se passe dans le reste du pays, notamment en
milieu rural, souffre de visibilité. Le fait que les correspondants qui y travaillent
sont souvent de faible niveau professionnel, n’aide pas non plus à améliorer
l’information régionale.
• Difficulté à aborder le sujet dans toutes ses dimensions et spécificités. Les
tabous liés au sexe, les normes sociales et religieuses qui condamnent certaines
pratiques favorables à la propagation du virus (prostitution, homosexualité,
etc.), élèvent des barrières que les journalistes ne savent pas (ou ne peuvent pas)
toujours franchir.
• Limites dans la formation. La non maîtrise de certains genres rédactionnels
majeurs (reportage, enquête, portrait, analyse, etc.) empêche souvent une mise
en valeur de l’information qui dépasse le niveau du simple compte rendu.
Toute stratégie qui visera à encourager une couverture plus abondante, plus
professionnelle et plus appropriée de la thématique du VIH/Sida se devra de
prendre en compte ces limites endémiques.
des Grands Lacs : Burundi, République démocratique du Congo et Rwanda
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