musique - 491
musique - 491
musique - 491
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
LE PALAIS DU TRAVAIL<br />
Par Laurent Zine<br />
À l’occasion de la réouverture du TNP en<br />
novembre dernier, le Rize propose jusqu’au 25<br />
février une exposition relatant toute l’histoire de<br />
ce bâtiment emblématique du quartier des<br />
Gratte-ciel, originellement baptisé Le Palais du<br />
travail et édifié entre 1928 et 1934 sous<br />
l’impulsion de Lazare Goujon, maire socialiste<br />
de l’époque.<br />
Inauguré en 2008, le Rize est un lieu patrimonial dédié<br />
à la mémoire des habitants de Villeurbanne, et force<br />
est de constater que l’histoire du Palais du travail est<br />
une pièce essentielle de cette mémoire, à cheval sur<br />
les 20 e et 21 e siècles. Premier bâtiment de ce qui allait<br />
devenir dans les années ’30 le nouveau centre urbain<br />
de la ville (les Gratte-ciel), il constituera par la suite<br />
un point d’ancrage de la vie politique puis culturelle<br />
villeurbannaise, hébergeant le Théâtre de la Cité en<br />
1957, devenu TNP en 1972. Un Palais du travail<br />
ardemment désiré à l’origine par Lazare Goujon,<br />
maire et médecin de son état, imprégné qu’il était par<br />
les représentations sociétales du courant utopiste socialiste.<br />
À l’initiative du Centre de documentation et de<br />
recherche sur les alternatives sociales, une<br />
exposition originale baptisée “50 ans de presse<br />
alternative à Lyon et dans sa région” est<br />
visible aux Archives municipales, à Perrache,<br />
jusqu’au 25 février.<br />
À peine êtes-vous entré dans ce nouveau bâtiment<br />
des Archives, édifié derrière la gare de Perrache,<br />
côté cours Charlemagne, que voici exposés sur votre<br />
gauche des centaines de journaux, fanzines, feuilles<br />
de chou, bulletins de liaison, lettres mortes, simples<br />
tracts, appels à la grève ou à la désobéissance, dessins,<br />
missives secrètes, etc. Des échantillons on ne peut plus<br />
représentatifs de la presse alternative à Lyon depuis<br />
les années 1960. Une presse parallèle, autonome et<br />
militante, dont la rhétorique échappe ainsi totalement<br />
à la voix de son maître ; une presse forcément fragile<br />
et à parution souvent aléatoire, qui s’organise avec<br />
les moyens du bord (do it yourself parfois dans des<br />
imprimeries clandestines) sans comparaison possible<br />
Un projet à la fois hygiéniste et politique consistant à créer<br />
un lieu de rassemblement et d’éducation populaire<br />
(du corps et de l’esprit), entièrement dédié aux classes<br />
ouvrières. Le bâtiment abritait ainsi initialement un<br />
centre de vaccination, une piscine d’hiver, une brasserie,<br />
des salles de réunion pour syndicats et associations et<br />
une salle des fêtes ! Où l’on jouait principalement des<br />
opérettes. Avant que le lieu ne devienne l’antre d’un<br />
théâtre parfois avant-gardiste. Sa destination ayant de fait<br />
sensiblement évolué avec le temps, et plus spécialement<br />
lorsque Roger Planchon prendra les rennes du nouveau<br />
Théâtre de la Cité en ‘57, puis du Théâtre National<br />
Populaire en ‘72, foyer de la décentralisation théâtrale.<br />
Photographies et affiches d’époque (etc.) à l’appui,<br />
l’exposition met finalement en lumière la dimension<br />
symbolique intemporelle du bâtiment. Et tente également<br />
de répondre via un cycle de conférences et débats, à<br />
une question ô combien d’actualité : qu’est-ce que<br />
l’éducation populaire ?<br />
Le Palais du travail, exposition au Rize jusqu’au 25 février.<br />
LA PRESSE ALTERNATIVE<br />
Par Laurent Zine<br />
expos<br />
Construction : Construction<br />
du Palais du travail entre 1932<br />
et 1933, photographie,<br />
copyright Fonds Sylvestre<br />
avec le fonctionnement de la “presse officielle”, souvent<br />
brimée volontairement, considérant ses impératifs<br />
commerciaux et parfois son allégeance au pouvoir.<br />
Une presse alternative qui témoigne enfin de l’effervescence<br />
subversive des idées et des utopies, en rapport<br />
avec tous les mouvements d’émancipation sociale<br />
depuis les sixties.<br />
Ainsi, “l’exposition invite à parcourir quelques<br />
grands thèmes allant de l’écologie à l’anarchisme, en<br />
passant par la solidarité internationale, la contre-culture<br />
dans toutes ses formes, le féminisme et la libération<br />
sexuelle, l’antimilitarisme, la non-violence, la citoyenneté,<br />
etc.” Entre sérigraphies, feuilles imprimées et simples<br />
photocopies, il y a visuellement matière à faire le<br />
plein de liberté d’expression (!), qui plus est quand<br />
l’exaltation de cette presse ô combien d’opinion est<br />
replacée dans son contexte sociohistorique. Et considérant<br />
le formatage des idées et des opinions en vogue<br />
actuellement, il s’agit là d’une authentique bouffée<br />
d’air politique.<br />
Jusqu’au 25 février aux Archives municipales de Lyon<br />
JANVIER 2012<br />
N° 177<br />
7