PARLER AVEC DIEU

mort. 4 » Ce que fait le Christ pour les siens se résume en ces brèves paroles de saint Jean :il les aima
jusqu'au bout 5 . Aujourd'hui est un jour particulièrement approprié pour méditer sur cet amour de Jésus pour
chacun de nous, et voir comment nous répondons : que sont devenues nos relations avec lui, notre
attachement à son Église, nos actes de réparation, notre charité envers les autres, la préparation et l'action
de grâce de la sainte Communion, le désir de co-racheter avec lui, la faim et la soif de justice... ?
II. Et maintenant, pendant qu'ils mangent, probablement à la fin du repas, Jésus se concentre
extraordinairement en silence pendant un instant, puis il réalise l'institution de l'Eucharistie.
Le Seigneur anticipe sous une forme sacramentelle— mon Corps livré, mon Sang répandu — le sacrifice
qu'il va consommer le jour suivant sur le Calvaire. Jusqu'à maintenant, l'Alliance de Dieu avec son peuple
était représentée par l'agneau pascal sacrifié sur l'autel des holocaustes, et par le banquet de toute la famille
dans le banquet pascal. Maintenant l'Agneau immolé c'est le Christ lui-même 6 : Voici la nouvelle alliance
en mon Sang... Le Corps du Christ est le nouveau banquet qui rassemble tous les frères : Prenez et
mangez...
Dans le Cénacle, le Seigneur anticipe donc sacramentellement ce qu'il réalisera le lendemain au sommet du
Calvaire : l'immolation et l'offrande de lui-même — Corps et Sang — au Père, comme Agneau sacrifié
qui inaugure la nouvelle et définitive Alliance entre Dieu et les hommes, et qui rachète tous les
hommes de l'esclavage du péché et de la mort éternelle.
Jésus se donne dans l'Eucharistie pour fortifier la faiblesse, accompagner la solitude et offrir un gage
du Ciel. Aux portes de la Passion et de la Mort, il met en ordre toutes les choses de manière qu’il ne
manque jamais de ce Pain jusqu'à la fin du monde. Car Jésus, en cette nuit mémorable, donne à ses
apôtres et à leurs successeurs, les évêques et les prêtres, le pouvoir de renouveler ce prodige jusqu'àla
fin des temps : Faites ceci en mémoire de moi 1 . En même temps que la sainte Eucharistie, qui doit
durer jusqu’à ce que le Seigneur revienne 8 , il institue le sacerdoce ministériel.
Jésus reste avec nous pour toujours dans la sainte Eucharistie, avec une présence réelle, vraie et
substantielle. Il est le même dans le Cénacle et dans le Tabernacle. En cette nuit, les disciples jouissent
de sa présence sensible, qui se donne à eux et à tous les hommes. Ce soir, quand nous irons l'adorer
dans les reposoirs, nous nous trouverons aussi de nouveau avec lui, qui nous verra et nous reconnaîtra.
Nous pourrons lui parler comme le faisaient les apôtres et lui raconter ce qui nous enthousiasme, et ce
qui nous préoccupe, lui rendre grâce d'être avec nous, l'accompagner en nous rappelant ce don de luimême
rempli d'amour. Jésus nous attend toujours dans le Tabernacle.
III. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l'amour que vous aurez les uns
pour les autres 9 . Jésus parle aux apôtres de son imminent départ. Il s'en va pour leur préparer une place
dans le Ciel’", mais ils restent unis à lui par la foi et la prière ".
C'est alors qu'il proclame le Commandement Nouveau, présent d'autre part à chaque page de l'Évangile :
Voici quel est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés l2 .
Depuis lors nul ne peut l'ignorer* la charité est le chemin pour suivre Dieu de plus près l3 » et le trouver tout
de suite écrit saint Thomas d'Aquin. L'âme comprend mieux Dieu quand elle vit avec une plus grande
finesse la charité, parce que Dieu est Amour, et elle s'ennoblit dans la mesure où cette vertu théologale
s'accroît en elle.
La manière de traiter ceux qui nous entourent, voilà le signe distinctif qui désigne le disciple. Le degré
d'union avec lui se manifeste dans la compréhension avec les autres, la façon de les traiter et de les servir. «
Il ne parle pas de ressusciter les morts, ni de toute autre preuve évidente, mais de cela : que vous vous
aimiez les uns les autres u . » « Beaucoup se demandent s'ils aiment le Christ, et cherchent des signes par
lesquels ils puissent découvrir et reconnaître s'ils l'aiment : le signe qui ne trompe jamais, c'est la charité
fraternelle (...). C'est aussi la mesure de l'état de notre vie intérieure, spécialement de notre vie de prière ". »
Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez... l6 . Commandement nouveau parce que
nouveaux sont ses motifs : le prochain ne fait qu'un avec le Christ, tout prochain est l'objet de l'amour du
Père. Le Modèle est toujours actuel, et il établit constamment entre les hommes de nouvelles relations.
La façon de l'accomplir sera nouvelle aussi : comme je vous ai aimés. Message adressé à un peuple
nouveau, qui requiert des cœurs nouveaux, et qui pose les fondations à un niveau différent et inconnu
jusqu'à maintenant. Nouveauté permanente pour les hommes habitués à leurs égoïsmes et à leurs
routines.
Ce Jeudi Saint interpelle notre prière. Partout où se déroule la plus grande partie de notre vie, sait-on
que nous sommes disciples du Christ par la façon aimable, compré-hensive et accueillante avec