You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
PHÈDRE<br />
Tu contenais donc un architecte ?<br />
SOCRATE<br />
Rien ne peut n<strong>ou</strong>s séduire, rien n<strong>ou</strong>s attirer ; rien ne fait se<br />
dresser notre oreille, se fixer notre regard ; rien, par n<strong>ou</strong>s, n’est<br />
choisi dans la multitude des choses, et ne rend inégale notre âme,<br />
qui ne soit, en quelque manière, <strong>ou</strong> préexistant dans notre être, <strong>ou</strong><br />
attendu secrètement par notre nature. T<strong>ou</strong>t ce que n<strong>ou</strong>s devenons,<br />
même passagèrement, était préparé. Il y avait en moi un<br />
architecte, que les circonstances n’ont pas achevé de former.<br />
A quoi le connais-tu ?<br />
PHÈDRE<br />
SOCRATE<br />
A je ne sais quelle intention profonde de construire qui inquiète<br />
s<strong>ou</strong>rdement ma pensée.<br />
PHÈDRE<br />
Tu n’en fis rien paraître quand n<strong>ou</strong>s étions.<br />
SOCRATE<br />
Je t’ai dit que je suis né plusieurs, et que je suis mort, un seul.<br />
L’enfant qui vient est une f<strong>ou</strong>le innombrable, que la vie réduit<br />
assez tôt à un seul individu, celui qui se manifeste et qui meurt.<br />
Une quantité de Socrates est née avec moi, d’où, peu à peu, se<br />
détacha le Socrate qui était dû aux magistrats et à la ciguë.<br />
PHÈDRE