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06<br />
LE CARREFOUR D'ALGÉRIE<br />
DIMANCHE <strong>19</strong> JUIN 2011<br />
TUNISIE<br />
Ben Ali conteste les accusations!<br />
D<br />
evant être jugé lundi par<br />
contumace à Tunis, l'ancien<br />
président tunisien, Zine<br />
Elabidine Ben Ali, conteste les<br />
charges retenues contre lui par<br />
la justice tunisienne, a déclaré<br />
vendredi son avocat français,<br />
Me Jean-Yves <strong>Le</strong>borgne. Ben<br />
Ali est accusé par la justice tunisienne<br />
de complot contre la<br />
sûreté de l’Etat, d’abus de pouvoir,<br />
de malversions, de blanchiment<br />
d’argent et de trafic de<br />
drogue. L’ex-homme fort tunisien<br />
conteste les éléments<br />
matériels comme «la détention<br />
de sommes d’argent extraordinaire,<br />
la détention de<br />
drogue», selon Me <strong>Le</strong>borgne.<br />
Quant aux armes retrouvées<br />
dans l’un de ses palais, l’ancien<br />
président affirme que ce<br />
sont des «cadeaux», a indiqué<br />
la même source. «Tout ça se<br />
résume à la justice des vainqueurs<br />
et à l'éradication du<br />
passé», a ajouté l’avocat, soulignant<br />
que le «processus judiciaire<br />
à l'encontre de son<br />
client était une méthode de liquidation<br />
politique». Pour rap-<br />
L<br />
'armée appuyée par des<br />
chars a étendu samedi<br />
ses opérations dans le nordouest<br />
syrien, proche de la Turquie,<br />
avec l'objectif d'étouffer<br />
toute contestation du régime,<br />
la Grande-Bretagne appelant<br />
ses ressortissants à quitter<br />
immédiatement la Syrie de<br />
crainte d'une escalade. Entretemps,<br />
les Syriens enterraient<br />
leurs morts au lendemain de<br />
la répression par le régime du<br />
président Bachar al-Assad<br />
d'imposantes manifestations à<br />
travers le pays durant lesquelles<br />
<strong>19</strong> civils ont péri selon des<br />
militants des droits de l'Homme.<br />
Face à la persistance du<br />
régime à ignorer depuis plus de<br />
trois mois les appels internationaux<br />
à cesser d'écraser la<br />
contestation, Londres a appelé<br />
ses ressortissants à quitter la<br />
Syrie avertissant que l'ambassade<br />
à Damas pourrait ne pas<br />
être en mesure d'organiser leur<br />
évacuation si la situation se dégradait.<br />
"<strong>Le</strong>s ressortissants britanniques<br />
devraient partir immédiatement<br />
par des vols commerciaux<br />
tant qu'ils fonctionnent<br />
encore normalement", estiment<br />
les Affaires étrangères dans un<br />
communiqué à Londres. Et les<br />
Etats-Unis et l'Union européenne<br />
poursuivent leurs efforts pour<br />
tenter d'accroître la pression sur<br />
le président syrien, la secrétaire<br />
d'Etat américaine Hillary Clinton<br />
jugeant inéluctable le changement<br />
en Syrie malgré la "brutalité"<br />
du pouvoir. Cherchant à<br />
étendre leur contrôle sur la région<br />
nord-ouest, les soldats<br />
syriens appuyés par des chars<br />
ont pénétré le matin dans le village<br />
de Bdama, dans le gouvernorat<br />
d'Idleb, tout près de la<br />
frontière turque. Au moins six<br />
chars et 15 transports de troupes<br />
ont pénétré dans le villa-<br />
SYRIE<br />
pel, Zine El Abidine Ben Ali a fui<br />
la Tunisie le 14 janvier dernier<br />
suite à un soulèvement populaire<br />
en Tunisie. Il a trouvé refuge<br />
en Arabie Saoudite. S’agissant<br />
de l’état de santé de son<br />
client, Me <strong>Le</strong>borgne s'est refusé<br />
à tout commentaire, affirmant<br />
qu'il n'avait «pas les compétences<br />
médicales» pour le<br />
faire.<br />
«Il n'est pas dans l'état où on<br />
l'a décrit», a-t-il relevé, avant<br />
d'indiquer qu'il s'était entretenu<br />
avec son client «dans des<br />
conditions normales». Enfin<br />
pour ce qui est de l’identification<br />
des avoirs criminels et ceux<br />
qui pourraient appartenir à Ben<br />
Ali ou à ses proches en France,<br />
pour lesquels le Parquet de<br />
Paris a ouvert une enquête préliminaire<br />
le 24 janvier 2011,<br />
deux associations ont déposé<br />
une plainte en France contre<br />
Ben Ali et son entourage. Cependant,<br />
son avocat a indiqué<br />
n’avoir engagé en France aucune<br />
procédure de restitution<br />
d’avoirs saisis.<br />
Skander K.<br />
L'armée ratisse le Nord<br />
ge, a indiqué le chef de l'Observatoire<br />
syrien des droits de<br />
l'Homme, Rami Abdel Rahmane,<br />
basé à Londres. Des jeeps<br />
militaires, qui selon lui transportent<br />
généralement des officiers,<br />
faisaient également partie<br />
du convoi. Des "tirs nourris<br />
ont été entendus dans le village"<br />
à l'entrée des troupes, a-til<br />
dit. Selon M. Abdel Rahmane,<br />
Bdama assure l'approvisionnement<br />
en produits de première<br />
nécessité, notamment la<br />
nourriture, des déplacés syriens<br />
ayant fui leurs villages et<br />
installés provisoirement du<br />
côté syrien de la frontière. <strong>Le</strong><br />
village est situé à quelques km<br />
au nord de la ville de Jisr al-<br />
Choughour meurtrie par la répression<br />
et désertée par ses<br />
habitants qui ont pris la fuite en<br />
Turquie après l'intervention de<br />
l'armée la semaine dernière<br />
dans leur localité qui fut le théâtre<br />
de manifestations anti-régime.<br />
Dans le même gouvernorat,<br />
sept véhicules militaires ont<br />
pénétré dans la ville de Khan<br />
Cheikhoune, assiégée depuis<br />
plusieurs jours par l'armée, selon<br />
M. Abdel Rahmane. Devant<br />
l'avancée des troupes, les Syriens<br />
continuent de fuir vers la<br />
frontière turque, racontant leur<br />
terreur face aux "exactions" des<br />
soldats. Ils sont plus de 10.000<br />
à s'être réfugiés en Turquie<br />
mais des milliers d'autres se<br />
sont installés du côté syrien de<br />
la frontière. Malgré la répression,<br />
des dizaines de milliers de<br />
Syriens ont manifesté vendredi<br />
à l'appel de militants prodémocratie<br />
qui, comme tous<br />
les vendredis, demandent à la<br />
population de descendre dans<br />
les rues après la prière musulmane<br />
hebdomadaire pour protester<br />
contre le régime.<br />
A LA UNE<br />
MALGRÉ L'ANNONCE DE RÉFORMES<br />
<strong>Le</strong>s contestataires manifestent<br />
ce dimanche au Maroc<br />
e mouvement contestatai<br />
Lre qui revendique des<br />
changements politiques profonds<br />
au Maroc a appelé à<br />
manifester dimanche, jugeant<br />
insuffisantes les réformes de<br />
la constitution annoncées par<br />
le roi Mohammed VI. <strong>Le</strong> souverain<br />
avait promis en mars dernier<br />
des réformes politiques<br />
importantes pour répondre aux<br />
manifestations qui se déroulent<br />
au Maroc depuis le mois<br />
de février, à l'instar --mais, sans<br />
violences-- de ce qui s'est passé<br />
dans d'autres pays d'Afrique<br />
du Nord et du Moyen-Orient.<br />
Dans un discours à la nation, il<br />
a présenté vendredi soir son<br />
projet de réformes constitutionnelles,<br />
qui doit être soumis à<br />
référendum dans deux semaines,<br />
le 1er juillet. "<strong>Le</strong> projet tel<br />
qu'il a été proposé par le roi hier<br />
ne répond pas à nos revendications<br />
pour une véritable séparation<br />
des pouvoirs. Nous<br />
protesterons pacifiquement dimanche<br />
contre ce projet", a<br />
déclaré samedi à l'AFP Najib<br />
Chaouki, l'un des membres de<br />
la section de Rabat du Mouvement<br />
du 20 février. Ce Mouvement<br />
de jeunes revendique<br />
des réformes politiques profondes<br />
et une monarchie parlementaire<br />
et manifeste régu-<br />
L<br />
e dirigeant contesté<br />
Mouammar Kadhafi a assuré<br />
sa détermination à rester<br />
aux commandes de la Libye,<br />
traitant par le mépris les frappes<br />
de l'Otan, malgré des informations<br />
sur des contacts en<br />
coulisse entre son régime et<br />
la rébellion. Dans un message<br />
audio diffusé vendredi soir<br />
par la télévision d'Etat, le colonel<br />
libyen au pouvoir depuis 42<br />
ans a averti que l'Otan à la tête<br />
d'une coalition qui bombarde<br />
par air son pays depuis le <strong>19</strong><br />
mars, serait vaincue et ne réussirait<br />
pas à contraindre son régime<br />
à changer quoi que ce<br />
soit. "Nous résistons, nous<br />
combattons, s'ils descendent<br />
au sol, nous les attendrons,<br />
mais ce sont des lâches, ils<br />
n'oseront pas", a menacé M.<br />
Kadhafi, comme il le fait depuis<br />
le début le 15 février de l'insurrection<br />
qui s'est transformée en<br />
conflit armé qui a fait des milliers<br />
de morts. Il a qualifié ses<br />
détracteurs de "croisés, lâches<br />
et fils de chien", les appelant à<br />
regarder la télévision libyenne<br />
pour voir a-t-il dit "les masses<br />
solidaires avec le leader historique".<br />
La chaîne diffusait en<br />
même temps des images d'un<br />
rassemblement de quelques<br />
milliers de militants pro-régime<br />
à Tripoli. Mais alors que les<br />
combats entre pro et anti-Kadhafi<br />
se poursuivent depuis des<br />
mois, le Premier ministre libyen<br />
Baghdadi Mahmoudi a<br />
lièrement dans la rue depuis<br />
cette date. "<strong>Le</strong>s coordinations<br />
nationales (du Mouvement) ont<br />
appelé à manifester dimanche<br />
pour une constitution véritablement<br />
démocratique et une<br />
monarchie parlementaire", a-til<br />
ajouté. Des manifestations<br />
sont prévues notamment à<br />
Rabat, Casablanca, Tanger<br />
(nord), Marrakech (sud) et Fès<br />
(centre), précise la page Facebook<br />
du Mouvement, qui compte<br />
plus de 60.000 membres.<br />
"Ce projet de constitution ne<br />
change pas grand chose par<br />
rapport au texte actuel", a déclaré<br />
pour sa part Mina Bouchkioua,<br />
enseignante et membre<br />
du Mouvement à Rabat. <strong>Le</strong>s<br />
islamistes représentés au Parlement<br />
ont de leur côté réservé<br />
leur réponse tout en notant des<br />
progrès. "Comparé à l'actuelle<br />
constitution, ce projet est une<br />
avancée importante. Tout ce<br />
que le roi a promis dans son<br />
discours du 9 mars a été tenu",<br />
a déclaré samedi à l'AFP Saad<br />
Eddine Othmani, député et l'un<br />
des dirigeants du parti islamiste<br />
Justice et développement<br />
(PJD), de l'opposition parlementaire.<br />
"Mais est-ce que cette<br />
avancée est suffisante? C'est<br />
ce que nous allons discuter<br />
aujourd'hui (samedi) au sein<br />
LIBYE<br />
Kadhafi imperturbable<br />
confirmé des contacts entre le<br />
régime et les rebelles en Egypte,<br />
en France, en Norvège et en<br />
Tunisie. L'émissaire russe<br />
Mikhaïl Marguelov, qui s'était<br />
rendu jeudi à Tripoli, avait lui<br />
même fait état "de contacts directs<br />
entre Benghazi (fief de la<br />
rébellion dans l'Est) et Tripoli"<br />
en vue de sortir le pays de la<br />
crise. Mais le dirigeant rebelle<br />
Mahmoud Jibril a démenti ces<br />
contacts. Sur le terrain et malgré<br />
les bombardements des<br />
troupes fidèles au régime, d'intenses<br />
combats se déroulent<br />
dans les montagnes berbères<br />
de l'ouest où la rébellion tente<br />
de renforcer ses positions.<br />
Vendredi, elle a réussi à assurer<br />
le contrôle, au terme de violents<br />
affrontements avec les<br />
pro-Kadhafi, de toutes les localités<br />
situées entre Zenten et<br />
Yefren, deux villes déjà entre<br />
ses mains.<br />
Plus à l'est à Misrata, tenue<br />
par les rebelles, les pro-Kadhafi<br />
ont bombardé l'est et<br />
l'ouest de la ville tuant 10 civils<br />
vendredi, selon une source rebelles.<br />
Misrata, stratégique en<br />
raison de sa situation à 200 km<br />
à l'est de la capitale et de son<br />
important port, a été assiégée<br />
et pilonnée pendant deux mois<br />
avant que les rebelles ne parviennent<br />
à desserrer l'étau début<br />
mai. Mais la ville reste quasi<br />
quotidiennement bombardée<br />
par les pro-Kadhafi. L'Est<br />
du pays est tenu par la rébel-<br />
de notre parti", a ajouté M. Othmani.<br />
La majorité s'est félicitée<br />
comme prévu du discours<br />
royal. "<strong>Le</strong> Maroc rentre dans<br />
une nouvelle phase constitutionnelle.<br />
Ce projet permettra<br />
d'édifier un Etat démocratique<br />
moderne", a souligné Nabil<br />
Benabdallah, secrétaire général<br />
du Parti du progrès et du socialisme<br />
(PPS, coalition gouvernementale).<br />
"Ce texte permet<br />
une clarification et une séparation<br />
des pouvoirs à côté d'un rôle<br />
religieux (du roi) séparé du rôle<br />
politique, ce qui est important",<br />
selon M. Benabdallah. <strong>Le</strong> Mouvement<br />
des jeunes reproche au<br />
projet de ne pas aller assez loin,<br />
notamment sur le plan religieux.<br />
<strong>Le</strong> roi est toujours le<br />
Commandeur de Croyants et il<br />
se voit confirmé comme la seule<br />
autorité religieuse du royaume.<br />
Par ailleurs, le Conseil supérieur<br />
des Oulémas (théologiens<br />
officiels), la plus haute<br />
instance religieuse présidée<br />
par le monarque, est mentionnée<br />
pour la première fois dans<br />
un texte constitutionnel. Sur le<br />
plan politique, le roi préside<br />
toujours le Conseil supérieur<br />
du pouvoir judiciaire et les jugements<br />
sont prononcés en<br />
son nom, comme dans l'actuelle<br />
constitution.<br />
lion qui a établi à Benghazi sa<br />
"capitale", tandis que la majeure<br />
partie de l'ouest où est située<br />
la capitale Tripoli, reste<br />
entre les mains de Mouammar<br />
Kadhafi. Ce dernier a été lâché<br />
par nombre de ses alliés et est<br />
confronté à des défections en<br />
série dans son entourage. Vendredi,<br />
il a enregistré un nouveau<br />
revers avec l'annonce par<br />
Ouagadougou de contacts entrepris<br />
avec le Conseil national<br />
de transition (CNT), l'organe<br />
politique des rebelles. Alors<br />
que des voix commencent à<br />
s'élever pour s'impatienter face<br />
à la longueur des opérations<br />
et le risque d'enlisement, l'Otan<br />
a rappelé ses trois objectifs:<br />
l'arrêt des attaques contre les<br />
civils, le retour dans leurs casernes<br />
des pro-Kadhafi et l'accès<br />
total des organisations<br />
humanitaires. "La mission continuera<br />
et nous augmenterons<br />
la pression jusqu'à ce que ces<br />
objectifs soient atteints", a dit<br />
une porte-parole de l'Alliance.<br />
Samedi, le ministre italien de<br />
la Défense Ignazio La Russa a<br />
cependant indiqué vouloir<br />
commencer "à réfléchir à une<br />
date" pour mettre fin à la partie<br />
active de sa mission en Libye,<br />
au-delà des trois mois pour<br />
lesquels l'Otan vient de s'engager.<br />
Une telle attitude pourrait<br />
"inciter nos alliés britanniques,<br />
français et américains à<br />
trouver une porte de sortie diplomatique<br />
à la crise", a-t-il dit.