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Miliciens en Haute-loire - Centre de Recherches Historiques sur les ...

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d’emprisonnem<strong>en</strong>t légères, mais le taux d’acquittem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> que très faible, avait été<br />

assez semblable.<br />

Comme nous l’avons vu plus haut, 14 (34,15 %) parmi <strong>les</strong> peines prononcées par <strong>les</strong><br />

Cours <strong>de</strong> justice n’étai<strong>en</strong>t que théoriques puisque par contumace. De plus, le jeu <strong>de</strong>s<br />

remises <strong>de</strong> peines, <strong>de</strong>s grâces et <strong>de</strong>s amnisties fonctionna à plein dès la fin <strong>de</strong>s années 40.<br />

Pierre Nicollaud, condamné à mort par contumace (même si ce <strong>de</strong>rnier point n’est pas<br />

certain), convola <strong>en</strong> justes noces <strong>en</strong> 1952. Juliette Octru, qui avait écopé <strong>de</strong> 5 ans <strong>en</strong> son<br />

abs<strong>en</strong>ce, épousa Ferdinand Parrat <strong>en</strong> 1956 à Neuilly-<strong>sur</strong>-Seine. Léon Cubizol<strong>les</strong>, qui<br />

aurait dû purger 10 ans <strong>de</strong> travaux forcés fut libéré dès 1949.<br />

La Libération du Puy et du départem<strong>en</strong>t avait donc signifié pour la plupart le grand<br />

sauve-qui-peut. Certains eur<strong>en</strong>t la chance <strong>de</strong> ne pas se trouver mêlés à la colonne alleman<strong>de</strong><br />

d’Estivareil<strong>les</strong>. Ils adoptèr<strong>en</strong>t d’autres stratégies. 7 d’<strong>en</strong>tre eux, Abel Crozemarie,<br />

Edouard Enjolras, Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton, Louis Mathieu, Jean-Pierre Quinqueton, Antoine<br />

Vertupier et H<strong>en</strong>ri Viala, parvinr<strong>en</strong>t à rejoindre le Reich. Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers fur<strong>en</strong>t capturés<br />

par l’armée US et remis aux autorités françaises, <strong>les</strong> 5 autres r<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t par leurs<br />

propres moy<strong>en</strong>s, Quinqueton et Mathieu <strong>en</strong> se faisant passer pour STO, stratagème<br />

assez classique, et se terrèr<strong>en</strong>t. Crozemarie battit tous <strong>les</strong> records puisque sa « planque »<br />

à Vaux-<strong>en</strong>-Velin dura 5 ans. D’autres, avec un aplomb assez remarquable, choisir<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> rejoindre le camp <strong>de</strong>s vainqueurs <strong>en</strong> profitant <strong>de</strong> la situation chaotique. Parrat se fit<br />

passer pour un prisonnier libéré dans un c<strong>en</strong>tre d’accueil <strong>de</strong> Lyon. Chambon s’autoproclama<br />

FFI à Clermont ; malheureusem<strong>en</strong>t pour lui, il fut reconnu par un auth<strong>en</strong>tique<br />

déporté ponot <strong>de</strong> retour <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> la mort. Quant à Cypri<strong>en</strong> G<strong>en</strong>tial, il revêtit à<br />

Paris l’uniforme <strong>de</strong> la g<strong>en</strong>darmerie. La <strong>de</strong>rnière échappatoire, bi<strong>en</strong> connue égalem<strong>en</strong>t,<br />

est le fameux « réseau <strong>de</strong>s monastères ». Le coiffeur Albert Var<strong>en</strong>ne fut caché dans une<br />

cheminée par <strong>les</strong> Frères <strong>de</strong>s Éco<strong>les</strong> chréti<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> Craponne. Roger Agrain et Léon<br />

Mathieu fur<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant plusieurs mois <strong>les</strong> hôtes <strong>de</strong>s moines <strong>de</strong> la Trappe <strong>en</strong> Lozère. Le<br />

but <strong>de</strong> ceux-ci était <strong>de</strong> leur faire quitter la France. Ce fut un échec <strong>en</strong> ce qui concerne<br />

Agrain qui mourut <strong>de</strong> maladie dans la banlieue lyonnaise <strong>en</strong> août 45 ; Mathieu quant<br />

à lui, comme bi<strong>en</strong> d’autres, d’institutions religieuses <strong>en</strong> couv<strong>en</strong>ts, finit par atteindre<br />

l’Espagne <strong>de</strong> Franco où il décè<strong>de</strong>ra <strong>en</strong> 1971. Louis Bernard ou André Maneval ont<br />

purem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t disparu : ont-ils trouvé la mort ou ont-ils refait leur vie ? Il est<br />

bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du impossible <strong>de</strong> répondre à cette question.<br />

Neuf individus <strong>de</strong> notre échantillon (6,98 %) auront le privilège d’être rejugés <strong>en</strong> leur<br />

prés<strong>en</strong>ce. Les peines fur<strong>en</strong>t très variab<strong>les</strong>, mais systématiquem<strong>en</strong>t réduites par rapport<br />

à cel<strong>les</strong> prononcées précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t (on peut simplem<strong>en</strong>t le supposer <strong>en</strong> ce qui concerne<br />

Crozemarie, faute d’informations précises). Condamné à mort <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> justice<br />

du Puy <strong>en</strong> avril 45, Édouard Enjolras n’écopa que <strong>de</strong> 2 ans <strong>en</strong> avril 46 à Riom. André<br />

Maneval vit sa peine capitale réduite à 1 an <strong>de</strong> prison par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lyon.<br />

Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton <strong>en</strong> août 45 ne subit plus que l’indignité nationale à vie, peine dont il<br />

fut <strong>en</strong> partie relevé <strong>en</strong> mars 46, étant simplem<strong>en</strong>t privé <strong>de</strong> ses droits civiques. Quant à<br />

Cypri<strong>en</strong> G<strong>en</strong>tial, il fut réhabilité par le tribunal du Puy <strong>en</strong> avril 45 pour faits <strong>de</strong> résistance !<br />

Les quatre <strong>de</strong>rniers eur<strong>en</strong>t par contre moins <strong>de</strong> chance ou ne possédai<strong>en</strong>t pas le même<br />

<strong>en</strong>treg<strong>en</strong>t. Ils écopèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> travaux forcés : 10 ans pour Louis Mathieu,<br />

15 ans pour Roger Maisonneuve et Marcel Enjolras, perpétuité pour Antoine Vertupier.<br />

Pour terminer ce panorama, n’oublions pas <strong>de</strong> citer ceux qui passèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> gouttes,<br />

dont on ne connaît pas le sort ou qui mourur<strong>en</strong>t sans être jugés. Nous <strong>en</strong> avons relevé<br />

15 exemp<strong>les</strong> (11,63 % du total) ; 12 d’<strong>en</strong>tre eux sembl<strong>en</strong>t n’avoir pas été inquiétés. Futce<br />

le fruit <strong>de</strong> la chance, <strong>de</strong> l’anarchie qui régnait à l’époque ou <strong>de</strong> relations privilégiées<br />

avec <strong>les</strong> représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong>s nouveaux pouvoirs ? On ne saurait <strong>en</strong> dire plus, bi<strong>en</strong> que ces<br />

Domitia 11 - 2010<br />

Michel Roux 127

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