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Miliciens en Haute-loire - Centre de Recherches Historiques sur les ...

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On ne manquera pas <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser que 2/3 d’exécutions sommaires et <strong>de</strong> condamnations<br />

capita<strong>les</strong> suivies d’effet, 105 morts, constitu<strong>en</strong>t, pour nos esprits <strong>de</strong> ce début <strong>de</strong> XXI e siècle,<br />

quelque chose <strong>de</strong> terrible ; mais, aux yeux <strong>de</strong>s résistants et <strong>de</strong>s nouveaux pouvoirs,<br />

c’était une réponse normale et logique pour faire payer à la Milice et à ses membres ses<br />

tortures et ses exactions.<br />

Avant <strong>de</strong> passer à la conclusion, on me permettra <strong>de</strong> compléter mon analyse par <strong>de</strong>ux<br />

remarques fina<strong>les</strong> :<br />

- Ainsi que je l’annonçais au début <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, la docum<strong>en</strong>tation réunie m’a permis<br />

<strong>de</strong> découvrir la trace <strong>de</strong> 4 individus qui, sans passer par la Milice, rejoignir<strong>en</strong>t <strong>les</strong> rangs<br />

<strong>de</strong> la LVF puis <strong>de</strong> la SS. Tous <strong>de</strong> la génération d’après guerre et originaires du Puy et<br />

<strong>de</strong> sa banlieue (<strong>les</strong> affirmations concernant le cas <strong>de</strong> R<strong>en</strong>é Lac sont basées <strong>sur</strong> <strong>de</strong> fortes<br />

probabilités), <strong>de</strong> milieux mo<strong>de</strong>stes (on relève <strong>de</strong>ux ouvriers parmi eux), on ne sait trop<br />

s’ils intégrèr<strong>en</strong>t l’Ordre noir pour <strong>de</strong>s raisons idéologiques ou plus probablem<strong>en</strong>t par<br />

désir <strong>de</strong> fuir <strong>les</strong> restrictions et <strong>de</strong> connaître l’av<strong>en</strong>ture. Ce qui est intéressant concernant<br />

leur <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir d’après-guerre, c’est que pour trois d’<strong>en</strong>tre eux <strong>en</strong> tout cas, il confirme ce que<br />

nous avons dit pour <strong>les</strong> milici<strong>en</strong>s : plus le retour <strong>en</strong> France se passa tardivem<strong>en</strong>t, moins<br />

<strong>les</strong> condamnations fur<strong>en</strong>t sévères (1 an pour Paul Bernardon, 5 ans au final pour R<strong>en</strong>é<br />

Bureau, pas <strong>de</strong> précision <strong>en</strong> ce qui concerne R<strong>en</strong>é Lac). Le frère <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, Maurice,<br />

eut moins <strong>de</strong> chance : il déserta <strong>de</strong> son unité à l’annonce du débarquem<strong>en</strong>t. Repris par<br />

<strong>les</strong> Allemands, il fut fusillé par eux à l’Isle-<strong>sur</strong>-le-Doubs (25) le 2 septembre 44.<br />

- Que <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t <strong>les</strong> condamnés après avoir purgé leurs peines ? Un certain nombre quittèr<strong>en</strong>t<br />

la région et partir<strong>en</strong>t s’installer un peu partout <strong>en</strong> métropole. D’autres revinr<strong>en</strong>t<br />

au Puy ou <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et y reprir<strong>en</strong>t leurs activités comme si <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> n’était. Le<br />

temps jouait <strong>en</strong> leur faveur, la Guerre froi<strong>de</strong> était là, beaucoup parmi <strong>les</strong> témoins <strong>de</strong> leurs<br />

exactions avai<strong>en</strong>t disparu, le commun <strong>de</strong>s mortels était pris dans la fièvre consumériste<br />

<strong>de</strong>s « Tr<strong>en</strong>te Glorieuses » et souhaitait passer à autre chose. Donnons quelques exemp<strong>les</strong>.<br />

L’anci<strong>en</strong> SS Paul Bernardon <strong>de</strong>vint, on ne sait trop comm<strong>en</strong>t, employé municipal<br />

au Puy jusqu’à sa mort <strong>en</strong> 1976. Hubert Meyer, susp<strong>en</strong>du <strong>de</strong> ses fonctions <strong>de</strong> professeur,<br />

s’installa à Vichy (sic !) où il parvint à obt<strong>en</strong>ir sa retraite <strong>de</strong> l’Éducation nationale. Durant<br />

<strong>les</strong> années 50, il fit le forcing auprès <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> sa circonscription pour obt<strong>en</strong>ir<br />

sa carte <strong>de</strong> combattant. Antoine Vertupier mourut <strong>en</strong> 1979 dans l’Essonne où il avait<br />

lui aussi rejoint <strong>les</strong> rangs du corps <strong>en</strong>seignant. De retour d’Indochine, Ferdinand Parrat<br />

ouvrit au Puy un magasin d’électro-ménager qui prospéra. Il mourut <strong>en</strong> 1986 dans<br />

l’Allier où il s’était retiré. Michel Chambon fit <strong>de</strong> son commerce <strong>de</strong> charbon une <strong>en</strong>treprise<br />

<strong>de</strong> haute volée spécialisée non seulem<strong>en</strong>t dans <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong> mais égalem<strong>en</strong>t<br />

dans l’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s blanchisseries, laveries et chaufferies industriel<strong>les</strong>, qui équipa<br />

à ce titre <strong>de</strong>s navires marchands ainsi que <strong>les</strong> porte-avions et sous-marins nucléaires<br />

<strong>de</strong> la marine française. Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nombreux organismes professionnels, dirigeant <strong>de</strong><br />

la Mé<strong>de</strong>cine du travail, <strong>de</strong> la Prév<strong>en</strong>tion routière, <strong>de</strong> l’aéro-club du Puy, il était <strong>en</strong><br />

outre rotari<strong>en</strong> et impliqué dans l’office <strong>de</strong> tourisme local. À sa mort, le très catholique<br />

et très conservateur quotidi<strong>en</strong> vespéral du Puy, l’« Éveil <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire », dans son<br />

édition du 19 décembre 2007, lui consacra une longue nécrologie dans laquelle l’habileté<br />

syntaxique du journaliste permit <strong>de</strong> passer par profits et pertes la pério<strong>de</strong> trouble <strong>de</strong> la<br />

vie du défunt. Après avoir insisté <strong>sur</strong> son « beau parcours », l’auteur termina <strong>en</strong> disant<br />

que Michel Chambon – on admirera l’euphémisme – avait été un « homme d’action et<br />

<strong>de</strong> convictions ». On ne saurait mieux dire !<br />

Conclure un tel travail est toujours difficile. On a d’abord un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’inachevé. J’ai<br />

attiré l’att<strong>en</strong>tion à plusieurs reprises <strong>sur</strong> nos ignorances et nos hésitations. Bi<strong>en</strong> que minoritaires,<br />

cel<strong>les</strong>-ci <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core trop nombreuses aux yeux <strong>de</strong> l’histori<strong>en</strong>.<br />

Domitia 11 - 2010<br />

Michel Roux 129

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