DU CHARBON SOUS FAYT ou L'HISTOIRE D'UN CHARBONNAGE ...

CHAPITRE V L'EQUIPEMENT ET LES MOYENS DE LA NOUVELLE SOCIETE.
a) La concession laborieusement obtenue.
A cette séance inaugurale, Emile Dupont fut désigné président du
conseil d'administration et ne ménagea pas ses efforts pour faire aboutir la
demande de concession. Celle-ci couvrait à présent 1530 hectares. A ce
stade, le nouveau président ne pouvait plus guère se permettre d'échouer.
Les investissements consentis avaient atteint des niveaux considérables
qu'il convenait de rentabiliser sans tarder. La situation se présentait, à
l'aube de l'année 1863, de la manière sui vante:
1. Les sites d'extraction.
A Fayt (siège n°l), deux puits avaient été enfoncés, l'un servant à
l'extraction, l'autre à l'exhaure. Chacun d'eux était pourvu d'une
machine à vapeur. Trois veines d'une certaine importance avaient été
repérées à des profondeurs de 82, 137 et 157 mètres. Trois autres moins
riches, s'échelonnaient plus bas, à 161, 164 et 179 mètres. Le coût des
travaux entrepris s'élevait, au 15 septembre 1862, à 335.922 francs 86
centimes. A Bois d'Haine (siège n°2), où l'eau s'infiltrait sans arrêt, le
charbon avait été rencontré à 103 mètres mais une sonde avait détecté une
couche de un mètre de puissance, treize mètres seulement sous le plancher
atteint. En 1861, une nouvelle irruption d'eau était venue perturber les
travaux et les pompes travaillant à plein régime, éliminèrent près de 1500
mètres cubes, retardant d'autant la reprise de l'exploitation. A la même
échéance du 15 septembre 1862, le charbonnage de Bois d'Haine coûtait déjà
plus d'un million à ses propriétaires.
2. Les chemins de fer charbonniers.
Les usines Dupont étaient reliées, comme nous l'avons vu, au chemin de fer
de l'Etat Mons-Manage et aussi au canal de Charleroi, via le Bassin de La
Croyère. Un autre embranchement très court, joignait les puits de Bois
d'Haine à ce réseau.
Le siège de Fayt était, quant à lui, beaucoup plus éloigné de la division
faytoise. Les obstacles rencontrés lors de la mise en place du raccordement,
que nous détaillons par ailleurs, avaient porté la dépense à 100.000
francs pour 1625 mètres de voie!
Arguant de l'ampleur des travaux effectués, de l'importance des
sommes investies ainsi que du bon équipement de ses installations (43) et
des possibilités d'écoulement de sa production, Emile Dupont était près
d'aboutir au moment où se déroula l'assemblée générale annuelle et
statutaire des 7 et 8 juillet 1863.
Parmi les porteurs d'actions présents ces jours-là à Fayt,
figuraient, outre Emile Dupont, son seul fils François, âgé de 21 ans, son
gendre Armand Caruel (44), un autre beau-fils, Victor Gilmont (45), son
beau-frère Jules Borgnet et Stanislas Canivet, un notable de Fayt, grand ami
des Dupont (46). Le climat était à l'optimisme, voire même à l'euphorie.
Les administrateurs y présentèrent des rapports très prometteurs où ils
mirent en exergue le fait que "les veines recoupées d'abord au charbonnage
de Bois d'Haine et ensuite celles reconnues au charbonnage de Fayt",
démontrent "l'existence d'une richesse houillère incontestable, d'un vaste
champ tout à fait vierge...." (47).
Il est vrai que pour justifier l'ampleur des sommes englouties,
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