DU CHARBON SOUS FAYT ou L'HISTOIRE D'UN CHARBONNAGE ...

INTRODUCTION
La récession économique dont nous sommes victimes aujourd'hui,
est en passe de gommer de notre mémoire l'image d'une région du Centre jadis
prospère. Tout invite en effet à la nostalgie: des silhouettes délabrées et
sinistres de bâtiments industriels à l'abandon, des terrils à présent
verdoyants qui veillent comme des sentinelles sur des cités informes,
immenses concentrations de monotonie et d'ennui.
Les temps moroses sont des périodes propices au souvenir et au
rêve. Comment ne pas être saisi d'une sorte de vertige devant l'épopée
industrielle faytoise dont le Cercle d'Histoire a choisi d'illustrer un
aspect dans cet opuscule? Au moment même où, après être disparues du
paysage wallon, les dernières houillères belges sont appelées à subir le
même sort, nous avons voulu ressusciter en quelque sorte, l'image du
charbonnage qui s'activa sur notre territoire pendant un peu plus d'une
décennie. Cette existence éphémère pourrait rendre le fait anecdotique.
Pourtant, il eut sur le principal établissement industriel faytois et
partant, sur la vie même de notre localité, une influence incalculable.
Nous proposons au lecteur de revivre cette extraordinaire
aventure. Bien que tragiquement interrompue, elle lui permettra de cotoyer
ces hommes du passé, patrons et ouvriers, qui, grâce à leur génie, à leur
esprit d'initiative et à leur labeur incessant, ingrédients obligés de la
prospérité économique, ont entraîné notre village dans le tourbillon de
l'ère industrielle.
CHAPITRE I DES FAYTOIS PARMI LES PIONNIERS DE L'INDUSTRIE CHARBONNIERE DU
CENTRE.
L'industrialisation de la région du Centre tire son origine d'un
mouvement amorcé dans le courant du XVIIIème siècle, pour connaître
l'expansion que l'on sait au siècle suivant. L'exploitation de la houille
avait constitué très tôt l'une des branches importantes de l'activité
industrielle surtout depuis la création de plusieurs sociétés charbonnières
dont la première vit le jour à Bois-du-Luc dès le 14 février 1685 (1). Dans
la foulée de celle-ci, s'organisèrent notamment, plus près de chez nous, la
Société de La Hestre et Haine Saint Pierre, en 1755, et celle de Redemont,
en 1756 (2). Parmi les associés qui en furent à la base, figuraient deux
Faytois: Nicolas Croquet et Baudouin Waterlot. Simples ouvriers spécialisés
dans le domaine houiller, ils y étaient actionnaires au même titre que des
nobles et des brasseurs d'affaires mais leur compétence technique et leur
expérience firent que leurs collègues leur confièrent le poste important de
directeur des travaux, l'un à Redemont, l'autre à La Hestre. Aussi, la
tâche de Croquet était-elle de "superviser toute l'exploitation, assurer la
direction technique des travaux, désigner les veines à exploiter, examiner
les commandes de matériel et contrôler les agissements du receveur" (3).
Ils étaient donc les principaux techniciens de l'exploitation et peuvent
être considérés de ce fait, comme de véritables pionniers de l'industrie
charbonnière de notre région.
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