DU CHARBON SOUS FAYT ou L'HISTOIRE D'UN CHARBONNAGE ...

pour expliquer la décadence accélérée des charbonnages Dupont. Contentons-
-nous donc d'émettre sans prétentions, quelques hypothèses pour alimenter
le débat.
1. L'obstination des promoteurs laisse perplexe. Malgré les rapports
peu favorables de l'administration des mines qui, rappelons-le, ne soutint
que très tard la demande de concession, jugeant l'entreprise hasardeuse, ils
ne cessèrent de croire au succès. Les budgets énormes engloutis dans le
projet étaient sans doute à la mesure de leurs espérances, impression que
confirment les propos enthousiastes de la fameuse assemblée générale de
1863. On reste quelque peu confondu devant une attitude aussi téméraire et
on est en droit de se demander ce qui se cache derrière tant d'illusions.
Emile Dupont s'est-il laissé emporter par un vieux rêve? A-t-il été victime
de son caractère de "gagneur" ou a-t-il été entraîné malgré lui par ses
associés, à rentabiliser coûte que coûte les sommes investies? La question
reste entière! Il nous revient en mémoire une réflexion d'un ancien
comptable des usines Dupont, rapportée par une de ses descendantes (71), qui
avait un jour, dit à son patron: "Monsieur Dupont, on vous conduit à la
ruine". Cette sentence est une pièce supplémentaire à verser au dossier.
2. L'argument quelquefois avancé de l'inexpérience des anciens dirigeants
de la société, ne nous paraît plausible que sur le plan technique.
Plusieurs d'entre eux étaient en effet, intéressés de longue date dans des
sociétés charbonnières voisines et devaient être des gestionnaires avertis.
3. La pauvreté du gisement est évidemment une cause qui vient de suite
à l'esprit. La faible puissance des couches et leur petit nombre ne
paraissait pas garantir suffisamment la rentabilité de l'exploitation. A
titre comparatif, signalons que parmi les 47 couches exploitées par la
Société de Mariemont-Bascoup, en 1899, les plus pauvres avaient tout de même
35 centimètres de puissance (72)! Dans ces conditions, soutenir la
concurrence avec les prix du charbon pratiqués par les sociétés rivales
était au dessus des possibilités des charbonnages de Fayt-Bois d'Haine.
4. D'aucuns ont fait aussi état du zèle développé par certaines sociétés
concurrentes pour mettre des bâtons dans les roues d'Emile Dupont. Nous
avons décrit les négociations menées au début des années 1860, avec les
Sociétés de Manage et de Haine Saint Pierre- La Hestre. De même, il semble
que le projet conçu par Dupont d'établir une ligne ferroviaire La
Louvière-Fayt-Piéton ait avorté à cause de l'opposition opiniâtre des
industriels de la région et, il faut l'ajouter, des difficultés techniques
émanant de la nature du relief (73).
On ne sait dans quelle mesure la faillite des charbonnages a
influencé la fin des usines sidérurgiques Dupont. Tout porte à croire
qu'elle y prit une bonne part. La Société charbonnière consomma beaucoup de
capitaux qui auraient pu être utilement investis dans le dévéloppement et la
modernisation du complexe métallurgique (74). Celui-ci s'est retrouvé
exangue dans les baisses de conjoncture. Elle usa aussi l'énergie d'Emile
Dupont dont elle monopolisa longtemps l'activité. Il ne devait d'ailleurs
lui survivre que quelques mois.
La disparition du grand laminoir consacre le début du déclin
industriel faytois. Jamais, une entreprise aussi importante n'avait existé
dans la localité et on n'en revit jamais de comparable. La population du
village, qui avait connu une croissance rapide jusqu'en 1880, augmenta
désormais beaucoup moins vite. Le chômage qui suivit le licenciement d'un
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