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Dans les médias sociaux, le contenu est roi Tendre la main aux ...

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de journalistes qui, de plus en plus, s’inspirent des gazouillis<br />

des politiciens.<br />

D’importantes <strong>le</strong>çons attendent <strong><strong>le</strong>s</strong> par<strong>le</strong>mentaires<br />

persuadés de l’efficacité des <strong>médias</strong> <strong>soci<strong>aux</strong></strong>, dont Twitter,<br />

comme outils de visibilité et de connaissance des points de<br />

vue de <strong>le</strong>urs é<strong>le</strong>cteurs. Les bienfaits de tout ce temps passé<br />

à gazouil<strong>le</strong>r peuvent être, en fait, passab<strong>le</strong>ment limités, et<br />

<strong>le</strong> sentiment de garder <strong>le</strong> contact avec ses é<strong>le</strong>cteurs peut<br />

s’avérer trompeur. Une étude menée récemment par <strong>le</strong><br />

Pew Research Center incite à <strong>la</strong> prudence avant d’attacher<br />

trop d’importance <strong>aux</strong> points de vue qui circu<strong>le</strong>nt sur<br />

Twitter. Il semb<strong>le</strong>rait que <strong><strong>le</strong>s</strong> réactions <strong>aux</strong> activités et<br />

<strong>aux</strong> débats politiques sur Twitter ne cadrent pas avec<br />

l’opinion publique qui ressort des sondages menés selon<br />

une méthode scientifique. Comme <strong>la</strong> mince tranche de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion prenant part <strong>aux</strong> discussions sur Twitter n’<strong>est</strong><br />

pas démographiquement représentative du grand public, il<br />

faut prendre garde de ne pas accorder trop d’importance <strong>aux</strong><br />

conclusions qu’on peut tirer des gazouillis 22 .<br />

Les blogues politiques, <strong>la</strong> participation citoyenne et <strong>la</strong><br />

démocratie<br />

Pour avoir une démocratie solide, il faut des citoyens<br />

engagés — non seu<strong>le</strong>ment des citoyens prêts à suivre <strong>la</strong><br />

politique traditionnel<strong>le</strong> et à voter, mais aussi des citoyens<br />

qui s’impliquent et qui échangent tant avec <strong>le</strong>urs concitoyens<br />

qu’avec <strong><strong>le</strong>s</strong> politiciens. L’enthousiasme manif<strong>est</strong>é par certains<br />

démocrates à l’égard d’Internet, des <strong>médias</strong> <strong>soci<strong>aux</strong></strong> et<br />

d’autres nouvel<strong><strong>le</strong>s</strong> technologies des communications provient,<br />

en partie, de <strong>le</strong>ur potentiel d’enrichir et d’animer <strong>la</strong> « sphère<br />

publique », et de favoriser des débats publics libres et éc<strong>la</strong>irés.<br />

Une sphère publique dynamique offre des espaces <strong>soci<strong>aux</strong></strong><br />

où échanger de l’information et des points de vue dans <strong>le</strong><br />

cadre de processus architectes de convictions communes qui,<br />

à <strong>le</strong>ur tour, définissent <strong><strong>le</strong>s</strong> principes qui sous-tendent <strong>la</strong> vie<br />

en société. Une sphère publique démocratique accueil<strong>le</strong> <strong><strong>le</strong>s</strong><br />

échanges qui permettent à un <strong>la</strong>rge éventail de citoyens de<br />

prendre conscience de <strong>le</strong>ur capacité d’influer sur <strong><strong>le</strong>s</strong> normes<br />

et <strong><strong>le</strong>s</strong> va<strong>le</strong>urs qui dominent <strong>la</strong> politique contemporaine. Rien<br />

d’étonnant donc à ce que <strong>la</strong> capacité d’Internet d’animer<br />

<strong>la</strong> démocratie délibérative soit typiquement formulée en<br />

fonction de son potentiel de transformation de <strong>la</strong> sphère<br />

publique. Selon <strong><strong>le</strong>s</strong> optimistes, comme il constitue un forum de<br />

communication socia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> cyberespace transforme <strong>la</strong> sphère<br />

publique en révolutionnant <strong>la</strong> « constel<strong>la</strong>tion des espaces de<br />

communication » où l’information et <strong><strong>le</strong>s</strong> idées circu<strong>le</strong>nt, où<br />

<strong><strong>le</strong>s</strong> possibilités d’avenir col<strong>le</strong>ctif sont débattues, et où <strong><strong>le</strong>s</strong><br />

volontés politiques sont exprimées23. La communication<br />

dans <strong>le</strong> cyberespace (au moyen des sites Web, des serveurs<br />

de listes, des blogues et des <strong>médias</strong> <strong>soci<strong>aux</strong></strong>) transcende <strong><strong>le</strong>s</strong><br />

limites physiques et donne <strong>la</strong> possibilité de consulter des<br />

sources d’information parallè<strong><strong>le</strong>s</strong> qui remettent en qu<strong>est</strong>ion<br />

l’hégémonie de <strong>la</strong> vie publique <strong>aux</strong> limites territoria<strong><strong>le</strong>s</strong><br />

nourrie par <strong><strong>le</strong>s</strong> <strong>médias</strong> de masse traditionnels 24 .<br />

Il ne fait aucun doute qu’Internet a permis à des groupes<br />

de citoyens partageant <strong>la</strong> même vision de se regrouper<br />

autour de préoccupations communes. Qu’il s’agisse de<br />

groupes de défense de l’intérêt public, issus de mouvements<br />

<strong>soci<strong>aux</strong></strong> ou confessionnels ou encore de groupes peu<br />

structurés de citoyens qui réagissent <strong>aux</strong> problèmes de<br />

l’heure et <strong>aux</strong> sujets d’actualité, tous ont utilisé Internet pour<br />

susciter un sentiment d’appartenance et, parfois, pour faire<br />

pression sur <strong>le</strong> gouvernement afin de l’amener à agir. Ces<br />

démarches ont nettement aidé <strong><strong>le</strong>s</strong> groupes à re<strong>le</strong>ver <strong><strong>le</strong>s</strong> défis<br />

spatiotemporels propres à l’organisation politique et socia<strong>le</strong>,<br />

ce qui a eu des répercussions positives pour <strong>la</strong> démocratie.<br />

Malheureusement, <strong>la</strong> grande majorité des citoyens ne se<br />

sont pas engagés davantage sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n politique ou ne sont<br />

pas mieux informés qu’avant l’explosion des nouvel<strong><strong>le</strong>s</strong> et<br />

d’information sur Internet ou l’existence du réseautage<br />

social. On peut re<strong>le</strong>ver d’importants exemp<strong><strong>le</strong>s</strong> où <strong>la</strong> sphère<br />

publique a possib<strong>le</strong>ment été animée sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n politique par<br />

<strong><strong>le</strong>s</strong> nouvel<strong><strong>le</strong>s</strong> technologies des communications. Par contre,<br />

<strong>la</strong> portée socia<strong>le</strong> de ces percées technologiques <strong>est</strong> plutôt<br />

limitée, et de nombreux observateurs <strong>est</strong>iment que beaucoup<br />

de citoyens politisés grâce à Internet et <strong>aux</strong> <strong>médias</strong> <strong>soci<strong>aux</strong></strong><br />

l’auraient tout de même été en <strong>le</strong>ur absence. Pippa Norris<br />

avance plutôt que c’<strong>est</strong> un « effet de renforcement » que nous<br />

constatons avec l’émergence des nouvel<strong><strong>le</strong>s</strong> technologies des<br />

communications. Les citoyens qui étaient déjà politiquement<br />

engagés se servent <strong>main</strong>tenant d’Internet pour chercher<br />

des renseignements additionnels et communiquer avec<br />

d’autres personnes aussi politisées, tandis que <strong>la</strong> grande<br />

majorité de citoyens qui ne sont pas politiquement engagés<br />

<strong>le</strong> demeurent 25 . La sphère publique du cyberespace a donc<br />

fourni à ceux qui participaient déjà <strong>aux</strong> discussions et <strong>aux</strong><br />

débats publics un autre forum où exercer <strong>le</strong>ur engagement<br />

civique : <strong><strong>le</strong>s</strong> citoyens bien informés deviennent donc<br />

superinformés, et ceux qui <strong>le</strong> sont peu <strong>le</strong> demeurent 26 .<br />

Quant à <strong>la</strong> participation citoyenne sur <strong><strong>le</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ns de <strong>la</strong><br />

politique partisane et par<strong>le</strong>mentaire, <strong>la</strong> « blogosphère »<br />

politique (soit l’ensemb<strong>le</strong> des blogues politiques et de <strong>le</strong>urs<br />

interactions) constitue un point d’accès fort uti<strong>le</strong> pour étudier<br />

<strong><strong>le</strong>s</strong> répercussions d’Internet sur <strong>la</strong> qualité de <strong>la</strong> démocratie.<br />

Les blogues politiques semb<strong>le</strong>nt être un forum idéal pour <strong>la</strong><br />

tenue de discussions politiques novatrices qui font ressortir<br />

<strong><strong>le</strong>s</strong> points de vue indépendants des citoyens. Contrairement<br />

<strong>aux</strong> <strong>médias</strong> de masse grand public, <strong>la</strong> blogosphère permet <strong>aux</strong><br />

citoyens d’être plus libres et davantage sur un pied d’égalité<br />

dans <strong>le</strong>ur capacité de participer. L’interactivité c<strong>roi</strong>ssante<br />

des blogues — qui offrent <strong>main</strong>tenant <strong>la</strong> possibilité de<br />

publier des commentaires et d’établir des liens — devrait<br />

favoriser <strong>le</strong> dialogue et <strong><strong>le</strong>s</strong> débats politiques. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />

dans <strong>la</strong> mesure où <strong><strong>le</strong>s</strong> internautes tirent des renseignements<br />

et des idées des blogues politiques, ils peuvent remettre en<br />

qu<strong>est</strong>ion <strong>la</strong> capacité des <strong>médias</strong> de masse traditionnels de<br />

définir <strong>le</strong> centre du débat public.<br />

REVUE PARLEMENTAIRE CANADIENNE/ÉTÉ 2013 25

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