Fantasia chez les ploucs

même, comment est-ce que ce poivre a été se coller dans
ma poche ? Ah ! je me rappelle maintenant ; j’en ai
renversé en prenant mon petit déjeuner. Atchoum !
J’en reçois plein les narines et j’éternue. Et puis c’est le
tour de Pop. Et ensuite, mon oncle Sagamore éternue
encore une fois.
Mais Otis et Booger n’éternuent pas, eux. Ils sont drôles à
voir, je vous jure. Leurs yeux s’agrandissent de plus en
plus, comme devant quelque chose d’horrible. Ils se
pincent le nez et respirent par la bouche, en retenant leur
souffle. Il font : « Ahhh ! Ahhh ! » comme s’ils
s’apprêtaient à éternuer, mais ils se retiennent de toutes
leurs forces, en plaquant leurs mains sur la bouche et sur
le nez et puis ils deviennent tout rouges ; leurs yeux
commencent à pleurer et ils suent tant que ça peut.
Mon oncle Sagamore éternue encore un coup :
— Ce foutu poivre, croyez-vous, hein ?
Et il se met à secouer son mouchoir, mais ça n’arrange
rien. Au contraire, ça fait voler tout ce qu’il y a déjà par
terre.
Booger et Otis se pressent le visage à deux mains.
Mon oncle Sagamore fait passer sa chique dans l’autre
joue et dit :
— Où j’en étais, déjà ? Ah ! oui, à propos de ces cabinets.
Eh ben ! les premiers temps, quand Bessie voyait Finley
commencer à les lui démolir, à peine sortie de la maison,
elle lui passait des engueulades soignées, mais ça ne