Isadora vous chuchote - Le Proscenium
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ÉRIC : Anne ?<br />
ANNE : Anne Fragnières, on s’est croisés dans le train l’été dernier.<br />
ÉRIC : Ah oui je me souviens, c’était sympa. Tu m’avais beaucoup flatté au sujet de mes<br />
pièces de théâtre. Que me vaut l’honneur de ton appel ?<br />
ANNE : Bastien m’a dit que tu travaillais des textes en extra.<br />
ÉRIC : C’est juste.<br />
ANNE : Je voudrais te faire corriger mon mémoire.<br />
ÉRIC : Aucun problème.<br />
ANNE : Je te l’envoie ?<br />
ÉRIC : Non, on se voit au bistrot, c’est plus sympa.<br />
Noir. Jocelyn fait prendre un bain à Isa.<br />
JOCELYN : Et qui c’est qui doit réparer les pots cassés, hein, qui ? Qui c’est qui doit te<br />
frictionner de fond en comble pour les bêtises que tu as commises ?<br />
ISADORA : Ose prétendre que c’est désagréable !<br />
JOCELYN : En tout cas, il t’a pas loupé, Charles. Voilà à quoi ça t’avance, de provoquer à<br />
tort et à travers.<br />
ISADORA : Ma vengeance sera terrible. Je m’en vais le massacrer.<br />
JOCELYN : Ne dis pas de bêtises, Isa ! Tu ne vas pas assassiner ton frère de cœur !<br />
ISADORA : Je suis rancunière.<br />
JOCELYN : J’en prends note. Pardonne-moi si tout à l’heure je ne t’ai pas accordé<br />
immédiatement l’attention que tu méritais, mon exquise aimée.<br />
ISADORA : A la bonne heure, j’aime t’entendre t’excuser, ça mérite récompense.<br />
JOCELYN : Récompense ?<br />
ÉRIC : Récompense ?<br />
ISADORA l’attrapant par la manche : Enlève tes fringues et viens me rejoindre ! Je t’attends<br />
et je suis prête !<br />
JOCELYN résistant : Mais Isa, est-ce bien raisonnable ?<br />
Du côté d’Amélie apparaît Agnès, la petite sœur.<br />
AGNÈS : Qu’est-ce que tu fiches toi ?<br />
ISADORA : En effet ce n’est pas raisonnable. Je vais dormir. Seule.<br />
Amélie quitte fébrilement le site. <strong>Isadora</strong> disparaît. Eric passe une fois de plus sa main sur<br />
son front.<br />
AMÉLIE : Moi ? Rien.<br />
AGNÈS : C’est du rien qui ressemble à du quelque chose.<br />
AMÉLIE : Fous-moi la paix.<br />
AGNÈS : Et même du quelque chose qui ressemble à du grand-chose.<br />
AMÉLIE : Tu veux encore mon poing dans le bide ?<br />
AGNÈS : Un poing dans le bide ? Maman sera pas très contente.<br />
AMÉLIE : Va lui dire et je te fais saigner la prochaine fois qu’on est seules.<br />
AGNÈS : Oh je ne parlais pas de ça, mais de ce que tu es en train de faire.<br />
AMÉLIE : Je suis sur Wikipédia, là.<br />
AGNÈS : T’étais pas sur Wikipédia juste avant.<br />
AMÉLIE : Qu’est-ce que ça peut te fiche ?<br />
AGNÈS : J’ai cru voir que tu tapais un texte. Et j’ai cru voir qu’un autre texte s’affichait<br />
quand tu n’écrivais pas. J’ai même cru lire ce que tu écrivais. Amélie se renfrogne. Tu chatais<br />
ma grande, tu chatais en parlant de sexe, et tu sais bien que maman nous interdit de chater, en<br />
parlant ou non de sexe d’ailleurs.<br />
AMÉLIE : Ne lui dis rien s’il te plaît.<br />
AGNÈS : Comme tu es conciliante tout à coup ! Il faut croire que c’était important pour toi,<br />
ce que tu faisais.<br />
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