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Chapitre Cinq<br />
J’ai répondu la première chose qui m’est venue à l’esprit.<br />
Enfin, pas tout à fait la première puisque c’était un gros mot<br />
et que je fais des efforts pour arrêter de jurer. Sauf quand il<br />
s’agit de mon frère.<br />
J’ai donc opté pour la deuxième chose :<br />
— Tu n’as pas le droit de t’asseoir ici. (Bon, je sais, c’est<br />
vachement puéril comme remarque. N’empêche que c’est vrai !)<br />
— Pardon ? a fait Tommy, les sourcils en forme d’accents<br />
circonflexes.<br />
— Tu ne peux pas t’asseoir ici. (J’avais beau passer pour une<br />
gamine, c’était plus fort que moi. Mon cœur battait la chamade.<br />
J’avais la nausée. Exactement comme lorsque j’oublie de<br />
prendre un comprimé contre le mal des transports avant de<br />
monter en voiture.) Cette banquette est réservée aux Clams<br />
exclusivement. Et à ce que je sache, tu n’en es pas un.<br />
(Euphémisme du siècle.)<br />
— J’suis au courant, a doucement reconnu Tommy-quiavait-mué.<br />
Ce n’est pas parce que je n’habite plus ici que j’ai<br />
oublié les coutumes locales. Je crois quand même que je vais<br />
rester où je suis. Ton amie Jill m’a confirmé que toutes les<br />
autres tables que tu sers sont prises.<br />
En prononçant le nom de Jill, il a lancé un regard que j’ai<br />
suivi vers l’entrée du restaurant. L’hôtesse était en train de nous<br />
observer. Gaiement, elle nous a fait un p’tit coucou de la main,<br />
l’air de dire : « Tu as vu, hein ? Tu me dois une fière chandelle.<br />
J’ai donné une table à ton pote le canon. Tu me remercieras plus<br />
tard, va ! »<br />
Tommy lui a souri.<br />
Et – incroyable mais vrai – Jill, qui se fait draguer par un<br />
milliard de mecs par jour, a rougi et tourné la tête en gloussant.<br />
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