L'objet gardé, jeté, réinventé dans l'Art - Ville de Dijon
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<strong>L'objet</strong> <strong>gardé</strong>, <strong>jeté</strong>, <strong>réinventé</strong> <strong>dans</strong> <strong>l'Art</strong> Sophie Jolivet ; Laura Chamaran<strong>de</strong><br />
Tobias Rehberger, quant à lui, s'intéresse au lien entre l'objet et son environnement. Par exemple, avec son<br />
œuvre Outsi<strong>de</strong>rin et Arroyo gran<strong>de</strong> (2002), installée au Centre Pompidou, il étudie justement la relation<br />
objet-environnement. (Rehberger, Tobias Rehberger, Outsi<strong>de</strong>rin et Arroyo gran<strong>de</strong>, 2002). On remarque<br />
ici soixante-six lampes en verre jaune et vingt-<strong>de</strong>ux lampes en velcro. « Les lampes sont reliées à un<br />
capteur <strong>de</strong> lumière fixé à l'extérieur du Musée, ainsi qu'à un variateur d'intensité, <strong>de</strong> sorte que la lumière<br />
intérieure est modifiée en fonction <strong>de</strong> l'éclairage extérieur. […] Elle [l'œuvre] est en constante interaction<br />
avec son environnement ».<br />
On constate donc que les artistes <strong>de</strong> cette fin <strong>de</strong> XXè siècle jouent avec l'objet et ses références : le<br />
contexte, le cadre, l'environnement, sa fonction, son utilité... Travailler sur l'objet d'art et son <strong>de</strong>sign leur<br />
permet <strong>de</strong> comprendre le mon<strong>de</strong> <strong>dans</strong> lequel ils évoluent, ou tout du moins, d'essayer <strong>de</strong> le comprendre.<br />
II. Art et déchet<br />
Cette présentation est un résumé partiel <strong>de</strong> l'ouvrage <strong>de</strong> Gérard Bertolini, Art et déchet : le déchet, matière<br />
d'artistes, en collaboration avec l'auteur 5 .<br />
Le déchet occupe une place importante <strong>dans</strong> l'art contemporain, <strong>de</strong>venu le matériau privilégié d'un grand<br />
nombre d'artistes. Certains sont connus, d'autres moins, et il n'est pas toujours facile <strong>de</strong> distinguer les<br />
productions artistiques <strong>de</strong> l'artisanat. Dans notre civilisation écartelée entre la sur-consommation et la<br />
préservation <strong>de</strong> la nature, le regard <strong>de</strong>s artistes est plus que jamais sollicité pour accompagner nos<br />
réflexions.<br />
L'artiste choisit le déchet souvent pour <strong>de</strong>s raisons économiques, c'est un multi-matériau facile à trouver, et<br />
généralement immédiatement disponible, mais aussi pour <strong>de</strong>s raisons idéologiques, par une démarche <strong>de</strong><br />
rejet d'une société <strong>dans</strong> laquelle il ne se reconnaît pas, ou qu'il entend critiquer. En mettant en scène le<br />
déchet <strong>dans</strong> une création artistique, il offre au spectateur sa propre réflexion pour l'amener à s'interroger à<br />
son tour. Les artistes travaillant autour du déchet, ne se revendiquent pas d'un courant artistique en<br />
particulier, mais d'une démarche personnelle.<br />
Ce dossier propose quelques repères et <strong>de</strong>s portraits d'artistes dont le parcours s'est librement inspiré <strong>de</strong><br />
déchets.<br />
II.1. Le déchet : invention d'un thème.<br />
Bien que <strong>de</strong> très nombreux artistes tout au long <strong>de</strong> l'histoire aient exploité <strong>de</strong>s ressources disponibles issues<br />
<strong>de</strong> déchets (la colle d'os), et que ceux-ci, surtout biologique, soit présent <strong>dans</strong> certaines œuvres (Bruegel,<br />
Jérôme Bosch), l'art académique n'abor<strong>de</strong> que très peu la thématique du déchet en tant que telle. C'est en<br />
gran<strong>de</strong> partie dû au fait que le terme même est relativement récent : il prend forme avec l'industrialisation,<br />
remplaçant l'immondice et l'ordure. Des démarches artistiques visant à mettre en scène le déchet ne<br />
<strong>de</strong>viennent tangibles qu'à partir <strong>de</strong> la première moitié du XXè siècle, au moment où les courants artistiques<br />
d'un genre nouveau (cubisme, dadaïsme, surréalisme, art brut...) s'intéressent à la valeur <strong>de</strong> l'art, à son objet<br />
et son corollaire, le déchet.<br />
5 Bertolini Gérard, Art et déchet, le déchet, matière d'artiste, Apre<strong>de</strong>/Le Polygraphe, 2002.<br />
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