actions #27 - Kodak
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10 <strong>actions</strong>27<br />
La feuille de service du vendredi 8 Septembre prévoit le tournage<br />
en plein Paris d’une succession de courtes scènes. La première<br />
filme l’acteur Jean-Pierre Marielle dans un café (où il attend), la<br />
seconde est plus dynamique avec une voiture travelling qui lui<br />
colle au train alors qu’assis à l’arrière d’un scooter conduit par<br />
Arié Elmaleh, il est plus ou moins en train de s’endormir. « Il y a<br />
là un petit côté burlesque, commente le directeur de la photographie<br />
Jean-Marc Fabre, mais cela peut très vite muer… ».<br />
Oui, car le film - et son tournage - sont dans une mouvance<br />
permanente. Pour répondre à ce besoin de liberté créatrice, la<br />
réalisatrice dispose de douze semaines de prises de vues. « Cela<br />
ressemble à une course de fond, reprend Jean-Marc Fabre avec<br />
humour. Assez touffu, le scénario est constitué d’une suite de<br />
petites séquences dont on sait à l’avance que certaines d’entre<br />
elles disparaîtront sans que cela pose de problème<br />
majeur au montage. Nous allons tourner pas loin de trois<br />
heures de film pour n’en garder que deux maximum. Les<br />
choses prendront corps une fois assemblées. Comme je ne<br />
sais pas encore très bien ce qui restera au montage, je<br />
crée une atmosphère sur toute la longueur du film, c’est<br />
un challenge assez subtil ».<br />
Cette liberté dramatique passe-t-elle par la direction d’acteurs<br />
? « Noémie Lvovsky aime voir ce que proposent ses<br />
comédiens, confirme le directeur de la photographie. Elle<br />
cherche à ne jamais figer les choses. C’est quelqu’un<br />
qui n’impose par exemple aucune place à ses<br />
personnages. S’il y a des problèmes techniques,<br />
c’est à nous de nous<br />
débrouiller, ce qui nous oblige à<br />
être jusqu’au dernier moment<br />
le plus réactif possible à ses<br />
idées de mise en scène.<br />
Personnellement, je ne dis<br />
jamais « non » à rien, cela fait partie de ce que je dois apporter<br />
à un film. Travailler à 2 ou 5.6 ne me pose aucun problème.<br />
Beaucoup de choses étant décidées au dernier moment, il m’arrive<br />
(rarement, mais quand même) de tourner dans des décors<br />
que je n’ai pas repérés. Parfois c’est un lieu que je connais, mais<br />
dans lequel on a changé ce qui était prévu. Cela ne me gêne pas<br />
non plus, j’aime bien le côté « mobile » qui m’oblige à toujours<br />
anticiper pour ne pas être piégé dans mes installations. C’est là<br />
que je trouve mon plaisir sur un film qui ne présente par ailleurs<br />
pas de grands enjeux sur le plan strictement visuel. Comme nous<br />
avons surtout à faire à des scènes dialoguées, il faut être malin<br />
pour arriver à ses fins tout en laissant de la place à la mise<br />
en scène ».<br />
Dans cette configuration qui exige de la rapidité et de l’adaptabilité,<br />
le choix de la pellicule, évidemment crucial, est déterminant.<br />
C’est l’occasion de tirer profit de l’apparition des nouvelles<br />
sensibilités. « Sur un plateau, reprend Jean-Marc Fabre, je sais<br />
la plupart du temps quelles pellicules je vais utiliser sur telle ou<br />
telle séquence. Ici, je m’autorise un maximum de liberté. C’est un<br />
film où, a priori, j’aurais plutôt pensé utiliser la <strong>Kodak</strong> Vision2<br />
500T 5218, si ce n’est que j’aime beaucoup le contraste de la<br />
<strong>Kodak</strong> Vision2 250D 5205. Il m’est donc arrivé d’utiliser dans des<br />
configurations de lumière artificielle la 5205 (pour des scènes de<br />
soir par exemple). Il y a une question de rendement, mais aussi<br />
le fait que cette pellicule se mélange très bien avec la 5218.<br />
Grâce aux nouvelles générations, je n’ai aucun souci d’homogénéité.<br />
Aujourd’hui, les choix de pellicules sont le plus souvent<br />
liés à la demande du réalisateur. C’est parce que Dominik Moll<br />
voulait une image très définie dans « Lemming » que j’ai privilégié<br />
la <strong>Kodak</strong> Vision2 200T 5217 alors qu’il aurait été plus simple<br />
pour moi d’utiliser une 500 Asa. Ce qu’il faut, c’est comprendre<br />
la vision d’un metteur en scène. Ce qui me gêne en revanche<br />
dans le cinéma français d’aujourd’hui, c’est le manque de profondeur.<br />
Au point que parfois, c’est davantage mon souci de profondeur<br />
de champ que la définition d’une image qui me fait préférer<br />
une pellicule à une autre ».<br />
Le parcours de Jean-Marc Fabre est éclectique et riche d’expériences<br />
diverses. On le trouve aussi bien en Russie sur « Moi<br />
Ivan, toi Abraham » de Yolande Zauberman en 1993 qu’au côté<br />
de réalisateurs français tels que Jacques<br />
Audiard (« Un héros très discret » en<br />
1996) et Jean-Pierre Limosin (« Tokyo<br />
eyes » en 1998, « une expérience un peu<br />
particulière au sein d’une équipe entièrement<br />
japonaise »). Les cinéastes étrangers<br />
trouvent également leur place dans sa carrière,<br />
de James Ivory « La fille d’un soldat<br />
ne pleure jamais » à Amos Kollek (« Fast<br />
food, fast women » en 2000).<br />
« CE QUI ME GÊNE<br />
DANS LE CINÉMA<br />
FRANÇAIS<br />
D’AUJOURD’HUI,<br />
C’EST LE MANQUE<br />
DE PROFONDEUR<br />
DE CHAMP ».<br />
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