Voyageurs immobiles Cie Philippe Genty - Artishoc
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iddac 09-10<br />
DOSSIER ARTISTIQUE<br />
<strong>Voyageurs</strong> <strong>immobiles</strong><br />
<strong>Cie</strong> <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong><br />
DUREE : 1H30 SANS ENTRACTE<br />
TOUT PUBLIC<br />
LE BOUSCAT / L’ERMITAGE<br />
VENDREDI 19 MARS - 20H30<br />
ARCACHON / THEATRE OLYMPIA<br />
MARDI 23 MARS - 20H45<br />
GRADIGNAN / THEATRE DES QUATRE SAISONS<br />
VENDREDI 2 AVRIL - 20H45<br />
iddac<br />
Institut départemental<br />
de développement artistique et culturel<br />
de la Gironde<br />
59 av d’Eysines – BP 155<br />
F- 33492 Le Bouscat Cedex<br />
www.iddac.net<br />
Organisme partenaire du Conseil général de la Gironde
La compagnie<br />
Démarche artistique<br />
D’une création à l’autre, la compagnie poursuit sa démarche d’exploration d’un<br />
langage visuel<br />
Un langage où la « scène » est le lieu de l’inconscient.<br />
Un langage qui témoigne des conflits de l’être humain face à lui-même.<br />
Dans chacune de nos créations, le libre enchaînement associatif des scènes ne suit<br />
ni une narration linéaire, ni la psychologie de personnages classiques, ni le principe<br />
de causalité, il cherche en résonance avec nos paysages intérieurs, à faire émerger<br />
de nos abîmes ces peurs, ces espoirs fous, ces hontes ces désirs refoulés, ces<br />
espaces illimités, en confrontant les impossibles, produisant ainsi des chocs visuels.<br />
A la manière d’un rêve les images s’appliquent à condenser simultanément plusieurs<br />
sens. La danse, le corps humain, la relation à l’objet sont au service de cet espace<br />
de l’indicible. Une approche qui suppose de la part du spectateur de ne plus être<br />
confiné dans le rôle de témoin passif d’un drame ou d’une comédie. Il est happé<br />
dans un voyage à travers une succession d’énigmes provoquant selon chacun des<br />
ressentis différents, trouvant ici un écho à ses propres interrogations ou au contraire<br />
le plongeant dans un trouble perturbant.<br />
Alors que la popularité de la compagnie grandit en France et à l’étranger, les<br />
relations publiques des théâtres ou les journalistes rencontrent toujours autant de<br />
difficultés à décrire notre travail. Il ne se situe dans aucune des catégories<br />
habituelles : danse, théâtre, marionnettes, cirque, d’autre part, il est pratiquement<br />
impossible d’en décrire le thème. Un handicap que nous ne sommes pas sans<br />
revendiquer.<br />
Chaque création nécessite un temps de répétition de 6 mois, compensé par un<br />
temps d’exploitation de 3 ans dont en général une année en France pour le reste à<br />
l’étranger, soit environ 300 représentations. Certaines productions comme «<br />
DÉRIVES » ou « DÉSIRS PARADE » et leurs reprises ont joué 1100 et 900 fois.<br />
Le processus de création<br />
Tout commence par un travail d’écriture et de dessins. Très vite il me faut établir le<br />
décor n’est jamais réaliste, il doit pouvoir être en constante mutation laissant ainsi un<br />
champ libre à l’imaginaire du spectateur. J’ai toujours eu la phobie des entrées<br />
latérales. Les personnages surgissent de la scène, « lieu de l’inconscient » évoluent<br />
se métamorphosent, disparaissent. Longtemps je me suis demandé pourquoi ce<br />
refus quasiment viscéral des entrées par les coulisses. Peut-être parce que dans<br />
mes rêves les personnages ne rentrent jamais par les côtés !
Les scènes sont décrites avec plusieurs possibles.<br />
Les répétitions par scènes fonctionnent selon les étapes suivantes : Dispersion –<br />
croisement - réécriture – évaluation.<br />
1) Dispersion : Durant cette étape il y a suppression du jugement et de<br />
l’autocensure. Les interprètes à partir d’un thème et parfois d’objets, de matériaux ou<br />
de poupées, ont le champ libre pour se lancer dans des improvisations. Au cours de<br />
cette étape, le travail d’écoute est fondamental par rapport aux interprètes, aux<br />
matériaux qui ont leur dynamique et résistent aux propositions du script et aux<br />
contraintes du décor.<br />
2) Croisement : confrontation des propositions avec l’écriture, certaines s’intègrent<br />
d’autres, en les faisant évoluer pourront s’adapter d’autres enfin sont écartées ou<br />
parfois peuvent nous amener à l’étape suivante.<br />
3) Réécriture : les improvisations pourront s’enrichir de contrepoints qui vont<br />
provoquer cette rencontre des impossibles. D’autre part les interprètes et les<br />
matériaux vont révéler des ressources insoupçonnables au moment de l’écriture et<br />
qui vont considérablement nourrir l’ensemble, ce moment de réécriture doit pouvoir<br />
les prolonger et souvent permettre de rebondir vers d’autres propositions.<br />
4) Évaluation : dans un espace qui ne s’appuie ni sur rationnel, ni sur le réalisme, ni<br />
sur une fable, il est indispensable de se confronter à un public tout au long des<br />
répétitions, non pas pour chercher à plaire mais pour savoir si nous communiquons.<br />
Ce fonctionnement, loin des certitudes, dans un esprit constant d’expérimentation<br />
nous amène à rejeter environ la moitié des travaux et parfois même des fabrications<br />
très abouties. Je suppose que c’est là lot de toutes recherches, qu’elles soient<br />
scientifiques, industrielles ou artistiques.<br />
Source : http://www.philippegenty.com<br />
Lien pour entretien Carolyn Carlson et <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> :<br />
http://www.philippegenty.com/COMPAGNIE/Entretien.htm
<strong>Voyageurs</strong> <strong>immobiles</strong><br />
Théâtre - Actuel Contemporain<br />
Il est l'humanité... Grand voyageur, <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> porte en lui des paysages et des<br />
images des pays qu'il a traversés au cours de ses nombreux périples. Mais il y a<br />
aussi d'autres paysages que <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> visite régulièrement, ce sont ceux des<br />
rêves. L'inconscient, ce continent riche et coloré, l'intrigue depuis toujours. Or qu'est<br />
ce d'autre que le rêveur sinon un "voyageur immobile" ? Et le théâtre, face à ces<br />
voyageurs <strong>immobiles</strong> que sont les spectateurs, ne tient-il pas lui aussi du rêve ? Ou<br />
bien est-ce là où le rêve devient réalité ? Sur scène sept passagers dans un voyage<br />
au-delà du temps, au-delà de l'espace, au-delà de toutes frontières physiques dans<br />
une course sur place, sont traversés par des océans, des déserts, des banquises. Ils<br />
plongent dans des situations dérisoires en perpétuelle transformation, éruptions,<br />
naufrages et magma balayés par des vents récurrents comme des états mentaux<br />
successifs... Décidément... rien n'est sûr dans ce monde, même si on sent toujours<br />
que tout cela nous concerne de très près.<br />
Source : http://www.spectacles.fr/voyageurs-<strong>immobiles</strong><br />
Les plaisirs du vagabondage<br />
AVEC sa dernière création, le « Voyageur immobile », <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> nous entraîne<br />
à bord d’une arche fabuleuse. Il nous invite à un dépassement de toutes les<br />
frontières au gré des flots gonflés de métamorphoses, sans cesse allégés par le<br />
souffle de l’illusionniste, l’humour et le merveilleux.<br />
<strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> ne se contente pas d’exposer un univers onirique dont la peinture<br />
relèverait de la seule projection de soi. Au contraire, il fouille au plus intime pour<br />
nous restituer des images familières. Comme l’indiquent l’intitulé de son spectacle et<br />
la palinodie qu’il contient, il se livre à une exploration en fin de compte très réaliste<br />
de l’angoisse et du plaisir, de l’espoir et de la désillusion, de leurs emboîtements et<br />
de leurs basculements. De boîtes, il sera beaucoup question, cartons gigognes<br />
portés par la houle sur une mer iridescente, engloutis et restitués par vagues ;<br />
cartons peuplés de foetus contraints à une cocasse cohabitation compartimentée<br />
« in utero » ; cartons à la dérive remis en équilibre fragile et toujours compromis.<br />
A l’origine de chaque tableau, un groupe ramassé de sept comédiens (mimes,<br />
danseurs, marionnettistes…) se dessine en allégorie polymorphe avant d’éclater en
pas de deux à corps perdus, éperdus, contrariés, contenus, emballés, dévoilés,<br />
retrouvés. Nous sommes tout au long complices subjugués du jeu, des matières, des<br />
lumières. On éprouve un plaisir physique de ces flots qui ondulent comme des<br />
dragons chinois pour laisser place au sépia du désert, aux algues de plastique blanc,<br />
à des cratères de début ou de fin du monde, recréant à chaque fois une énorme<br />
entité que le vent récurrent modèle, magma originel sur lequel nous nageons et<br />
chavirons comme on le dit d’un accordéon, avec ses plis et ses replis.<br />
Dans la lutte perpétuelle des éléments, le flot soumet, avale et apaise. Ses lourdeurs<br />
de parturiente sont parfois survolées d’anges, atteignent le rivage avant de se retirer<br />
à nouveau, accompagnés du clin d’oeil de la dérision. On rit souvent et la tristesse<br />
est douce. La profondeur des décors est donnée tout entière par l’utilisation des<br />
matières, toiles papiers, et voiles plastiques, et par le relief. Le tout est ponctué de<br />
petits textes, de comptines, de bribes de refrain, suspendus comme des linges agités<br />
par la brise. <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong> choisit le mouvement contre les vérités figées, les<br />
fausses naïvetés contre le sérieux démonstratif. Son sillage est insaisissable comme<br />
une trace dans le désert balayée par le temps. Chaque instant est parfait.<br />
Quelque part entre les villes de Darwin et Alice Spring, en Australie, <strong>Philippe</strong> <strong>Genty</strong><br />
écrivait : « De tous ces paysages traversés aux quatre coins du globe, les déserts<br />
ont certainement laissé dans mes souvenirs l’empreinte la plus indélébile. » La scène<br />
se fera désert, donc, mais aussi mer, lieu unique et matriciel qui donnera mille<br />
naissances, une germination fertile présentée en tableaux qui se déplacent avec les<br />
déclics subtils des kaléidoscopes. Et chaque petit décalage nous fait manquer un<br />
battement de coeur, comme dans les très beaux rêves. La pièce a déjà quitté le<br />
Théâtre de la Ville pour les scènes internationales avant d’opérer un prochain retour<br />
en septembre.<br />
DOMINIQUE WIDEMANN. Le 24 avril 1995 L’Humanité<br />
Source : http://www.humanite.fr/1995-04-24_Articles_-Les-plaisirs-du-vagabondage