L'Europe face au terrorisme L'Europe face au terrorisme - Iris
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- L’EUROPE FACE AU TERRORISME -<br />
avoir une certaine justification à la fin du franquisme, bénéficiant<br />
notamment de l'appui de nombreux secteurs de la société basque et<br />
même espagnole, elle n'a en revanche, depuis vingt-cinq ans, c'est-àdire<br />
le début de la transition démocratique en Espagne, plus de raison<br />
d'exister.<br />
L'histoire de l'ETA est dramatique si nous tenons compte du fait<br />
qu'elle a plus de 900 assassinats à son actif, la plupart ayant été commis<br />
après la mort du dictateur. Comme une machine infernale, les terroristes<br />
ont en effet continué à commettre des assassinats et des attentats,<br />
malgré le rejet majoritaire de la société basque. Il est vrai que<br />
l'ETA n'a pas commis d'assassinat depuis deux ans, mais cela fait partie<br />
d'une <strong>au</strong>tre stratégie dont nous reparlerons plus avant.<br />
L'ETA est la seule organisation armée qui continue d'agir en<br />
Europe occidentale. Si elle a survécu, c'est sans <strong>au</strong>cun doute dû <strong>au</strong> certain<br />
appui populaire dont elle bénéficie et à l'important recrutement de<br />
jeunes militants, qui ne cesse d'alimenter les bases de l'organisation<br />
depuis plus de quarante ans. La base idéologique de l'ETA n'est pas<br />
seulement le marxisme-léninisme ; elle repose surtout sur l'indépendance<br />
du Pays basque. Les ennemis communs sont représentés par les<br />
gouvernements espagnol et français. L'ETA a par ailleurs toujours<br />
compté avec l'appui incontestable de son bras politique, Herri<br />
Batasuna, qui représente actuellement la base de l'électorat du Pays<br />
basque. C'est dans cet électorat, notamment parmi les plus jeunes, que<br />
les terroristes ont pu renouveler leurs militants. En effet, pour be<strong>au</strong>coup<br />
de jeunes, faire partie de l'organisation est un privilège. C'est une<br />
façon de " défendre " la patrie basque en danger et c'est surtout un honneur.<br />
Le risque du militantisme <strong>au</strong> sein de l'ETA est qu'il conduit très<br />
souvent à la prison, toutefois ce risque est mitigé par la conviction d'avoir<br />
participé à la lutte " en faveur de l'indépendance " et " contre l'oppression<br />
" exercée par les États espagnol et français.<br />
- L’EUROPE FACE AU TERRORISME -<br />
Herri Batasuna, bras politique de l'ETA - comme le Sinn Fein est<br />
le bras politique de l'IRA -,jouissait jusqu'en 2003 de toutes les libertés.<br />
Il a depuis été déclaré illégal. Cependant, dans tous les villages du<br />
Pays basque il existe toujours des sièges politiques et des bars qui servent<br />
de rencontres pour les sympathisants, mais <strong>au</strong>ssi de lieux de<br />
recrutement pour les plus jeunes. Ces jeunes, qui ont entre 15 et 18 ans,<br />
font <strong>au</strong>paravant leurs preuves dans les manifestations organisées par<br />
Herri Batasuna, où les affrontements avec la police et le fait d'appartenir<br />
à une organisation juvénile dépendante du parti indépendantiste<br />
leur donnent alors leurs premiers galons en tant que militants basques.<br />
En 1992, après l'arrestation de tout l'état-major de l'ETA, l'organisation<br />
terroriste, à travers des consignes internes, a demandé à Herri<br />
Batasuna, et plus précisément <strong>au</strong>x plus jeunes, de s'impliquer be<strong>au</strong>coup<br />
plus dans la lutte pour l'indépendance. C'est ainsi qu'a surgi ce<br />
que nous appelons la kale borroka (la violence urbaine, en basque), ou<br />
attentats de basse intensité, consistant à harceler la police, à incendier<br />
des <strong>au</strong>tobus, à s'attaquer <strong>au</strong> mobilier urbain ou à commettre de petits<br />
attentats contre des distributeurs de banques ou des petites entreprises.<br />
Ces actes de violence urbaine permettaient ainsi à l'ETA de respirer, de<br />
se reconstruire et de provoquer la préoccupation de la société basque<br />
en général.<br />
Le gouvernement espagnol, présidé alors par José Maria Aznar,<br />
s'est vu dans l'obligation de modifier le code pénal pour <strong>au</strong>gmenter les<br />
peines de prison contre les responsables de cette violence urbaine et de<br />
déclarer illégales toutes les organisations juvéniles proches des indépendantistes.<br />
Sur 700 prisonniers de l'ETA qui se trouvent actuellement<br />
incarcérés en Espagne et en France, près de 15 % sont des jeunes<br />
issus de ce mouvement de violence urbaine. On précise qu'actuellement<br />
il y <strong>au</strong>rait entre 200 et 300 jeunes provenant de ce monde radical<br />
réfugiés ou cachés en France, et disposés à intégrer l'ETA. Ce sont des<br />
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