L'Europe face au terrorisme L'Europe face au terrorisme - Iris
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- L’EUROPE FACE AU TERRORISME -<br />
pays qui ont omis d'intégrer l'outil judiciaire dans leur stratégie de<br />
contre-<strong>terrorisme</strong>. Ainsi, il y a quelques années de cela, la Cour de<br />
Londres a refusé l'extradition <strong>au</strong> profit de la France de l'un des<br />
<strong>au</strong>teurs présumés des attentats commis à Paris en 1995. Elle refuse<br />
d'<strong>au</strong>tre part d'entériner ou de valider les détentions provisoires en<br />
matière terroriste. Par ailleurs, la Chambre des Lords, par une très<br />
large majorité, refuse d'accorder à la structure policière de renseignement<br />
et la structure judiciaire la possibilité d'une rétention<br />
domiciliaire des personnes contre lesquelles il existe des indices<br />
relativement forts de participation à une action ou à une organisation<br />
terroriste. Ainsi, en matière de lutte antiterroriste, c'est be<strong>au</strong>coup<br />
plus que la Manche qui semble nous séparer <strong>au</strong>jourd'hui du<br />
Roy<strong>au</strong>me-Uni.<br />
La difficulté de mise en place du mandat d'arrêt européen illustre<br />
également ces hésitations. En Italie récemment, mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong><br />
Roy<strong>au</strong>me-Uni et <strong>au</strong> Danemark, ce mandat d'arrêt européen a du mal<br />
à rentrer dans les législations, dans les esprits et dans les pratiques.<br />
Il reste véritablement be<strong>au</strong>coup à faire pour mettre en commun nos<br />
compétences et nos moyens. Mais quelles opérations allons-nous<br />
mettre en œuvre ? Et quelle mise en commun de nos moyens <strong>au</strong> sein<br />
de l'UE pouvons-nous espérer ? L'UE a tout d'abord mis en place la<br />
cl<strong>au</strong>se de solidarité <strong>au</strong> profit des pays frappés par le <strong>terrorisme</strong>. Tout<br />
cela est repris par l'article 1-42 du projet de Constitution européenne.<br />
Différents plans d'action après le 11 septembre et le 11 mars<br />
2004 ont tenté de développer en Europe ce nouve<strong>au</strong> concept de<br />
sécurité intérieure. Mais si on lit attentivement le projet de<br />
Constitution européenne, l'article 1-5 du traité rappelle que, parmi<br />
les fonctions essentielles de l'État, figurent notamment celles ayant<br />
objet le maintien de l'ordre public et la s<strong>au</strong>vegarder de la sécurité<br />
nationale. Finalement, tous ces problèmes relèvent entièrement de<br />
la souveraineté nationale et cela ne rentre pas dans le pot commun<br />
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de l'Union. Cependant, l'article 1-15 prévoit que la compétence de<br />
l'Union en matière de politique étrangère et de sécurité commune<br />
couvre l'ensemble des questions relatives à la sécurité de l'Union.<br />
Doit-on considérer dès lors que la sécurité de l'Union serait différente<br />
de celle des États qui la composent ? Cela veut dire qu'<strong>au</strong><br />
fond, <strong>au</strong> sein de ce traité on peut trouver un peu de tout de nature à<br />
satisfaire toutes les exigences.<br />
Enfin, le Conseil européen a pris une décision semble-t-il très<br />
importante récemment, puisqu'il a désigné un coordonnateur de la<br />
lutte antiterroriste, Gijs De Vries. Quelle sera la principale préoccupation<br />
de ce h<strong>au</strong>t fonctionnaire ? Tout simplement de trouver sa<br />
place dans le maquis juridique et fonctionnel des différents organismes<br />
compétents. Mais cela dépendra en grande partie de sa<br />
bonne volonté, mais <strong>au</strong>ssi de la bonne volonté des fonctionnaires<br />
des États membres. Finalement, tout cela prête à confusion : il est à<br />
craindre que les États trouvent dans l'Union d'une part ce qu'ils y<br />
ont apporté. Mais <strong>au</strong>ssi d'<strong>au</strong>tre part, qu'en cas de difficulté dans le<br />
cas de la lutte antiterroriste,ils y piochent selon les circonstances et<br />
les événements pour en retirer ce qu'ils n'<strong>au</strong>ront pas déposé mais<br />
qu'<strong>au</strong>ront déposé les <strong>au</strong>tres. C'est peut-être cela la coopération.<br />
Les Conseils européens des 4 et 5 novembre 2004 ont adopté<br />
un programme dit de La Haye dans le but de renforcer la liberté, la<br />
sécurité, la justice dans l'UE. Cela fait suite à une série de décisions<br />
qui déclinaient <strong>au</strong>tour de quinze chapitres et quatre-vingt mesures<br />
et engagements, différentes obligations. Était-il véritablement<br />
nécessaire de rentrer <strong>au</strong>tant dans le détail, alors que ce que l'on<br />
recherche finalement c'est la solidarité entre États et la mutualisation<br />
des moyens ? Il s'agit d'un problème de bonne volonté. Il f<strong>au</strong>t<br />
bien reconnaître que ce qui était possible et abordable dans une<br />
Europe à quinze sera sans doute be<strong>au</strong>coup plus difficile à mettre en<br />
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