Rapport de stage Hôpital Protestant de Bangwa Cameroun

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jamais (d’autant qu’il n’est souvent même pas joignable). Nous faisons notre journée normalement à l’hôpital et la nuit nous sommes appelables. L’hôpital ne possédant pas d’ambulance et étant assez isolé, donc difficilement accessible, peu de nouveaux patients arrivent de nuit et nous sommes rarement (mais parfois quand même !) appelé entre 0h et 5h. Et quand on l’est, c’est la plupart du temps pour un patient déjà hospitalisé et qui va très très mal !!Les urgences de la nuit sont de vraies urgences !! Quand un service à besoin de nous, ils nous bippent sur notre portable. Et on descend à l’hôpital, lampe torche à la main. Au début, c’est un peu effrayant. Mais on apprend vite à ne pas paniquer et à faire ce qu’on peut avec les moyens du bord (la nuit, la pharmacie étant fermée, on a peu de moyen à notre disposition). C’est souvent la nuit que l’on se retrouve confronté à la mort. Au début, c’est dur mais à l’impossible nul n’est tenu, on ne peut sauver tout le monde. C’est à nous à décider si un patient doit être opéré ou non. C’est souvent une décision difficile à prendre. Et la nuit, tout va plus lentement. On peut demander une bio ou une radio ou envoyer un patient au bloc mais le temps de bipper tout ce monde et que les gens daignent bouger. Ici, le terme d’urgence est très relatif !!! Lorsque nous sommes de garde le weekend, nous devons faire le tour de tout les services de l’hôpital, ce qui prend au moins toute la matinée, et nous occuper des admissions. Deux centres de santé périphériques sont dépendants de l’hôpital de Bangwa : le centre de Bazou et le centre de Mfétong, à Bangangté. Ce sont des centres d’une vingtaine de lits chacun. Ils sont gérés par des infirmiers et les médecins de l’hôpital y passent une à deux fois par semaines pour y faire un tour de salle et des consultations. Quelquefois, j’ai pu en temps qu’interne accompagner le Dr Simo dans l’un ou l’autre de ces centres. C’est alors la grosse journée : on débute par le tour de salle à Bangwa, et vers 10-11h, on part pour le centre de santé où on consulte jusqu’environ 15-16h. Puis on revient à Bangwa pour la contre-visite. Les cas les plus graves des centres de santé sont parfois transférés vers l’hôpital de Bangwa grâce à la voiture de l’hôpital. Les patients sont aussi envoyer à Bangwa pour passer une écho, une radio ou un examen de sang mais doivent alors s’y rendre par leurs propre moyens. J’ai débuté mon stage dans le service du Dr Simo, à l’USIM. C’est le service le mieux structuré et j’ai ainsi pu apprendre comment fonctionnait la prise ne charge des patients dans l’hôpital, et quels traitements étaient prescrits pour quelle pathologie. A l’USIM, la journée commence vers 8h, par le tour de salle. Au départ, je le faisais entièrement avec le Dr Simo mais rapidement je suis devenue plus autonome et le faisais seule, sauf pour la salle des cas très instables. Après le tour de salle, si nous en avions le temps, nous montions en consultation. Les internes voient les patients et les prennent en charge puis ont à fouiller l’hôpital pour trouver un médecin qui confirmera les démarches entreprises. Si un jour vous venez chez nous, attention. Une anamnèse en Europe ou en Afrique, ce n’est pas la même chose. C’est cocasse pour nous de voir un Européen faire sa première anamnèse africaine. Surtout si le premier patient est une grand-mère qui vous raconte sa vie en Bangwa !! N’oubliez jamais de demander si votre patient consomme la cola (et l’hypertension artérielle, vous pensez que ça vient d’où ???:-)). Adaptez votre vocabulaire : on ne dit pas « avez-vous de la diarrhée ? » mais « quand tu chie, c’est lolo ? », c’est tout de même plus accessible. L’examen clinique peut aussi vous apporter quelques surprises. Par exemples, les chaussettes se révèlent parfois servir de portefeuille au patient. De 13h à 15h, c’est la pause du midi (moment où l’on se retrouve entre stagiaire pour aller manger le koki ou le riz sauce-tomate (et piment !!) au carrefour). A 15h, on reprend par la contre-visite, durant laquelle on s’assure que tout les patients vont bien, on regarde les résultats des biologies et radio demandées le matin, on modifie certains traitements et on prend e charge les entrées de la journée. Ensuite, le programme est un peu fonction des jours. Parfois je vais voir les échographies avec le Dr
Simo ou le Dr Henang ; parfois, le Dr Simo où nous même, entre étudiants, décidons d’organiser un staff. La journée fini théoriquement à 18h mais on part souvent plus tard. Les pathologies que l’on retrouve dans nos services d’urgence au Cameroun sont probablement fort différents de chez vous. Bien sur, on rencontre des décompensations cardiaques et rénales, des diabètes, des cirrhoses. Mais on retrouve également fréquemment du paludisme (d’ailleurs tout patient hospitalisé est mis au moins à titre prophylactique sous perfusion de quinine), la fièvre typhoïde, la tuberculose, le SIDA, les hépatites, des pyomyosites. Comme ici les soins de santé coûtent cher, les patients débarquent souvent à la dernière minute, avec une pathologie déjà évoluée et muticompliquée. La prise en charge n’en est que plus difficile. Ici, les patients qui débarquent avec un taux d’hémoglobine à 4g/dl ne sont pas rares !! Après mon passage à l’USIM, j’ai poursuivi mon stage par la pédiatrie. Ce service compte une vingtaine de lits. Il n’y a aucun médecin responsable de service. J’ai donc du jouer les « chef de service », à la débrouille !!! Les pathologies rencontrées sont le plus fréquemment des crises de paludisme, des pneumonies, des diarrhées, des anémies et pas mal d’ostéomyélites. Mais on rencontre aussi des pathologies plus rares ou exotiques telles que des néphroblastomes, des lymphomes de Burkitt, des hydrocéphalies, une fièvre bilieuse hémoglobinurique,… . On est également parfois confrontés à des enfants en état de malnutrition sévère. C’est alors une lutte pour leur faire prendre un peu de poids et soigner les affections surajoutées. La pédiatrie est un service où le stage est difficile. Déjà parce qu’il n’y a pas de médecin référent et qu’on doit donc travailler seul. Néanmoins, les infirmiers sont très compétents, maîtrisent les doses pédiatriques mieux que moi, et je n’ai donc pas hésiter à leur demander conseil l’une ou l’autre fois, leur aide me fut précieuse. Mais comme ces infirmiers ont l’habitude de ne pas être supervisés, ils n’en font parfois qu’à leur tête et on doit leur courir après pour leur rappeller de faire une injection ou de changer une perfusion. Une autre difficulté vient de la famille de l’enfant. Déjà, souvent, ils ont d’abord présenté l’enfant au marabout du village avant de l’amener à l’hôpital. Et les marabouts font parfois du dégats avec leurs remèdes magiques. Nombre d’enfants arrivent en état d’intoxication, surajoutée à leur problème initial. Et puis ce sont les parents qui décident quand ils quittent l’hôpital avec leur enfant. Dès qu’ils voient que l’enfant va mieux, ils veulent partir car chaque jour d’hospitalisation coûte cher. Mais bien souvent l’enfant n’est pas encore totalement guéri e rechute quelques jours plus tard. Et on retombe dans le cercle où les parents partent chez le marabout !!Et puis il y a cet éternel problème de dettes avec des enfants qui vont mal mais auxquels les parents ne peuvent payer le traitement. Parfois, c’est seulement en voyant que leur enfant est vraiment très mal que la famille commence à bouger pour trouver de l’argent. Trop tard !! Mais je garde globalement un très bon souvenir de mon passage en pédiatrie. J’y ai beaucoup apprit quand à l’approche des enfants, aux médicaments et doses que l’on peut utiliser en pédiatrie. Je suis ensuite passée par l’USIC, le service de chirurgie. Là, le tour débute également vers 8h, avec le Dr Lamère quand il est là. C’est à l’interne du service de gérer le tour et le service en général. On retrouve de nombreux patients opérés pour ostéomyélite, fractures, hypertrophie prostatique, hernie inguinale, péritonite. Ils doivent souvent, surtout pour les opérations orthopédiques vu les corps étrangers mis dans l’os, rester longtemps à l’hôpital, parfois des mois. Ce n’est pas un médecin qui opère mais des infirmiers. Le principal chirurgien infirmier est Papa Célestin. Il a apprit son métier sur le tas, par la pratique, et opère, selon l’avis de chirurgiens européens, aussi bien qu’un vrai chirurgien. Maintenant, il essaye de transmettre sa solide expérience à d’autres infirmiers et stagiaires, de façon à ce que la génération suivante puisse prendre le relais. Ici, c’est en faisant qu’on apprend !! Les
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