Au Jour te Jour - Bibliothèque de Toulouse

BORD=AUX.LAFAYETTE
(250 mètres)
(
WtOGRAJIME DU 7 JANVIER
r. 1 ^,.";,, - * Rolals ue l'Ecole supérieure des
P. T. T. Concert.
13 il. — Radio-journal de France écono-
mique : i) Cours commerciaux et indus-
triels ; b) Le quart, d'heure des agricul-
teurs lie France ; cours agricoles et mer-
curiales.
ti b. — Radio-Concert organisé par t'A, G
cles auditeurs de T S. F.
17 b. — „ L'heure du commerçant raaîo-
eloctricien ». Radio-Concert.
IS h. — Diffusion, depnis la Faculté des
Lettres, du cours professé à l'institut co-
lonial par M. Gourdon, ancien inspecteur
général do l'instruction publique en Indo-
Chine. Sujet : « Les civilisations du Japon
et de l'Océanie, leurs relations avec les ci-
vilisations de l'Indo-Chine. » .
20 h. — Informations et cours, bulletin
financier.
20 h. 5. — Cours de langue espagnole,
1er degré ;S' leçon), par M. de Maltes, di-
iectcur de la De Malte's Academy, et ses
professeurs.
20 h. 20. — Cours de langue espagnole,
2* degré 149" leçon), par 51. de Maltes. di-
recteur de la De Malte's Academy, et, ses
professeurs.
20 h. 30. — Programme des théâtres.
29- h 33. — Relais de l'Ecole supérieure
des p. T. T.
Radio-Concert organisé par l'A. G. des
auditeurs de T. S. F. — A l'issue de la soi
rée : informations de la dernière heure,
transmission de l'heure et du bulletin lé-
téorologique.
STATION RAQIOTELEPHONIQUE
OE MARSEILLE P. T. T.
(315 mètres)
PROGRAMME DU 7 JANVIER
1 h. 45. — Concert de musique enregis-
trée, offert par la maison « arthès », nou-
' veautés pour dames, 30, rue de Rome. —
l'rix courant du poisson -, informations
fournies par la Semaine des IiaaiOf, sous
Je? auspices des A.R.D.P.P.
17 h. — Nouvelles.
17 h. 30. — Conférence par Marseille TJni-
\'crsitaire, sur « l'Intelligence des ani-
maux », par M. Martin.
23 h. 30. — Detransmission du concert de
l'Ecole supérieure des P.T.T.
MARDI S JANY1EK T?S>
PHOTO-BERTIS
Au *, rue Antonln Mercié,
On voit l'a toule qui se nresse
Pour se faire photographier
Dans le Hall du Journal l'Express...'e
LE RETOUR D'AG 8 .
Maries 1131 .
Vicoignc.., ^... . 13 JO .
Aguiias » , . 430 .
Algérie-Tunisie. . Ô600
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UNITÉ
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en Francs
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I dollar
100 couronnes
ISO pesetas
100 markkas
ISO drachmes
109 florins
ICO lires
103 sens
130 couronnes
100 root lté
190 milreis
100 marcks
100 lel
100 dinars
100 couronnes
100 r suisses
ICO pesos
108 couronnes
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BOURSE DE TOULOUSE
Du 7 janvier.
. Valeurs., localça (jetions).. — Mines Ae
Carmaux ex. coup. 99 act. de jouis., IMS:
Ferronneries du Midi ex. coup. 43, 43!) ;
Etablissements Duflour et Igon ex. coup.
9, 535.
Obligations. — L'Epargne (Société! « &
1916 anciennes. 497 ; Vins do, Eanyuls Sor
ciété des) 6 %. 405; Luchonnaise Compagnie
d'Eclairage 6 %, 500;
Bt^BMMMBP^WMBMMBBMBll^BBB
50 Feuilleton du 8 janvier 1929
(i GRAND ROMAN INEDIT par VICTOR FELI
TROISIEME PARTIE
CŒURS DROITS
XIX
' — Oui, ma chérie, assura la jeune fem-
me, ce projet me sourit infiniment. Je se-
rai heureuse d'être ta collaboratrice dé-
vouée,
— Oh 1 quelle joie de l'avoir, murmura
Laura en se serrant contre elle.
Mercédès l'entoura affectueusement de
ses bras, et Stuggel revit ce premier bai-
Ber lointain, là-bas, à Beaulieu, le joli
geste qui devait être suivi, dis ans plus
lard, de celte définitive adoption.
' Pour dissimuler l'émotion qu'il ressen-
tait, il dit plaisamment à Laura :
— Tu t'es montrée fort mal élevée en-
vers Mercédès que tu as tutoyée, et je dois
dire que Mercédès va suivie dans cette
voie .de perdition...
Les deux jeûnes femmes rirent légère-
ment et, se regardèrent.
— Est-ce • possible que le contraire ait
iexisté ? dit Laura simplement.
' — En tout cas cela ne se pourrait plus,
ûéclara Mercédès.,
1 Le pacte était scellé pour toujours en-
tre ces deux cœurs tendres et droits.
Stuggel -les conduisit en Vendée où il
passa quelques jours auprès d'elles. Puis
il partit un soir, accompagné, sous les
grands arbres de l'avenue, par Mercédès
un peu pâle, mais souriant de ce beau
sourire grave et doux qui était pour lui
la lumière éclairant si vie. Ils parvinrent
à la route. Ils s'arrêtèrent ; une fois en-
core- il se-rra sa femme contre son cœur,
puis s'éloigna. Elle le vit monter dans la
voiture qui l'attendait au tournant du
chemin. Quelque chose de terrifiant la
broyait, mais la noblesse de celui qui sa-
crifiait au devoir les joies de son amour,
ces joies si passionnément désirées depuis
dix ans, l'imprégnait, avivait ses forces.
Elle joignit les mains et murmura :
— Mon fidèle, mon bien aimé, à Dieu
je te remets.
Et, vaillante, elle revint vers Laura et
sos enfante.
—-
r
QUATRIÈME PARTIE
L'ESPIONNE
XX
Dans les derniers jours d'août, en Bre-
tagne, à Kermoalleuc, Roberte, couchée
nonchalamment sur une chaise-longue de
jardin, installée sur la terrasse, regardait
au loin le village et la mer. Elle était ve-
nue là dès la veille de la déclaration de
guerre. Elle avait vu cette population bre-
tonne, si brave, recevoir l'ordre de mobi-
lisation avec un respect navré, résigné,
« face au devoir ». Les pauvres gens at-
tendaient depuis plusieurs jours dans une
silencieuse angoisse la confirmation de la
terrible nouvelle dont on parlait de tous
côtés. Soudain, un cri éclata :
— Les flammes 1 les flammes au sema-
phore ! \
Hélas : en effet, les flammes étaient hisj
sées là-haut ! C'était la guerre !
Alors, presque sans mot dire, les fem-
mes en larmes, les hommes actifs, déjà
pressés comme ceux qui n'ont plus de
temps à perdre, rentrèrent chez eux. Ins-
tinctivement, sans s'être concerté, hom-
mes et femmes revêtirent leurs vêtements
des dimanches, les beaux gilets brodés,
les coiffes très blanches, les belles robes
noires. Puis les hommes so rendirent à la
mairie, leurs livrets militaires à la main,
tandis que les femmes allaient droit à
l'église où, bientôt, le bruit des sanglote
couvrit presque la voix tremblante du
vieux recteur récitant le chapelet pour
ceux qi ' allaient partir.
Avec un mépris souverain, la belle mar-
quise avait contemplé cette scène. Quel
haussement d'épaules ironique • Qucl- dé-
dain ! et aussi quel éclair amusé traver-
sait parfois le regard dur...
Elle s'était assise sur la terrasse, face à
la mer, et, depuis, reprenait cette même
place comme un poste d'observation.
Ce soir-là, elle se releva, légèrement
rêveuse, de sa chaise-longue; les sourcils
froncés, elle murmurait :'
— Que font-ils donc ? Ils devaient être
là dans huit jours, et voilà des semaines !
Puis elle monta dans -sa chambre et s'y
enferma. Alors elle entr'ouvrit son cor-
sage. Très bas dans son corset, suspendu
à son cou par un solide fil d'or, on pou-
vait voir un mince carnet. Elle l'ouvrit,
en retira une carte do France, mais une
France minuscule, les trois quarts du
territoire devenus allemands... Son doigt
se promena sur les signes conventionnels
bien- connus d'elle et ses sourcils «e fron-
cèrent encore.
.— Que font-ils donc ! répéta-t-elle.
.-.-A. ce moment elle entendit un. bruit de
f voix au-dessous de sa fenêtre. Elle remit
vivement en place le document odieux et
descendit.
Le vieux recteur était là, atterré.
— Ah ! madame la marquise, les nou-
velles sont désolantes. Hélas ! « ils » arri-
vent sur Paris, m'a-t-on dit, à marches
forcées — 40 kilomètres par jour ! Si rien
ne les détourne, ils y seront très vite, le
4 ou 5 septembre.
Croyez-vous, monsieur le recteur ?
— Ah ! malheureusement, ce ne serait
que trop certair ! mais Dieu nous sau-
vera, madame la marquise, il ne laissera
pas accomplir un tel crime ! Je vais don-
ner le salut tous les soirs. Nous réciterons
le rosaire. Madame la marquise, viendrez-
vo.us tout à l'heure ?
— Certainement, monsieur le recteur I
• Un peu plus tard, pieusement agenouil-
lée parmi la foule des simples, Roberte
écoutait, aussi patiemment que possible,
les douces prières et les quelques paroles
do patriotisme du bon prêtre renouvelant
le courage des pauvres paysannes en lar-
mes.
La jeune femme avait caché son visage
dans ses mains; à ce moment, une petite
fille, qui regardait curieusement la « dame
du château », tira tout à coup sa mère
par le coin de son tablier :
— Oh : maman, la dame elle rit t
— Tais-toi, dit la mère distraitement.
— Si t je te dis, elle rit et toi tu pleu-
res !
Mais, huit jours plus tard, des larmes
de rage coulaient sur le beau visage de
madame de Kermoalleuc, laquelle, dans
sa chambre, lisait dans les journaux le
récit de la bataille de la Marne. •. Elle
seirait les poings avec fureur.
— Les idiots 1 murmurait-elle. . C'était,
bien la peine de m'àssurer r 'ils seraient
là pour le 15 août ! Nous voici au 15 sep-
tembre ! Ils n'y sont pas et ils n'y seront
jamais !
Elle se leva et se mit à marcher fié-
vreusement dans la pièce.
— Inutile de rester ici, conclut-elle. Je
vais rentrer à Paris. Là, je ferai quelque
chose...
Et sur le front blanc, aux lignes parfai-
tes, des ombres passèrent, menaçantes.
XXI
L'hôtel du faubourg Saint-Honoré revit
la belle marquise. Mme Geyter y errait,
affairée, éperdue et solitair». La banque
avait fermé ses bureaux et Otto Oeyter
jugé prudent d'aller à Genève offrir ses
dévoués services aux sociétés internatio-
nales de secours.
La jeune femme était privée de son,
habituelle légion de domestiques, par la
mobilisation de la plupart d'entre eux.
Elle remplaça le plus grand nombre du
personnel masculin par quelques femmes,
lesquelles, ne connaissant point les fami-
liers de Mme de Kermoalleuc, ne furent
nullement étonnées des allées et venues
de certains personnages, d'aspect vénéra-
ble, barbe blanche, cheveux blancs, du
reste en opposition avec de vifs yeux bleus
au regard jeune.
Dès le lendemain de la rentrée de Ro-
berte, un de ces bons vieillards s'était pré-
senté et avait fait passer une carte au
nom français et très simple de Paul
d'Harvieille.
Le lendemain, ce fut le baron des Minet-
tes et le comte de Riolland, Reçus aussi-
tôt, ils demeurèrent peu de temps aved
Mme de Kermoalleuc et les domestiques
purent entendre quelques éclats de voix
comme les échos d'une discussiori vio.
lente.
Ces bons messieurs étaient fort rouges
quand ils se retirèrent, et, à son inexpri- •
mable stupéfaction, la valet de chambre
qui referma sur eux la porte du vestibule,
où la marquise, animée et les yeux bril-
lants, était venue les reconduire, crut!
entendre un mot inattendu sortir en sif-
flant des jolies lèvres crispées de colère»
quand le battant se referma.
— Imbéciles !
Le regard Sur, la bouche amère, Rober-
te revint s'asseoir dans sa chambre : elle
réfléchissait.:
(A ittlpre.)
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