22 Mai 1909 - Bibliothèque de Toulouse
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22 Mai 1909 - Bibliothèque de Toulouse
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LE NUMÉRO B CENTIMES<br />
Organe quotidlien. «le B>éïemsse Sociale et Steligieuse<br />
ISTRATION : <strong>Toulouse</strong>, Rue Roquelaine, 25<br />
LE NUMÉRO 5 CENTIMES<br />
HAUTE-GARONNE ET DÉPARTEMENTS LIMITROPHES Trou mou<br />
DÉPARTEMENTS NON LIMITROPHES . . ' ' ' .<br />
ÉTRANGER (Union postale) , . 10 .<br />
Xes Abonnements partent <strong>de</strong>s 1« et 16 <strong>de</strong> chaque mois et sont payables d'avance<br />
Toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> changement d'adresse doit être accompagnée <strong>de</strong> 50 centimes<br />
Six moif<br />
M tr.<br />
13 -<br />
20 -<br />
Un «n<br />
20fr.<br />
24 -<br />
«O<br />
ÉDITIONS RÉGIONALES<br />
Lot, Aveyron, Corrèze, Cantal<br />
Gers, Htes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>s<br />
Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne<br />
Tarn, Au<strong>de</strong>, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />
Haute-Garonne Ariègo<br />
Edit.on du matin spéciale a Tou'ous*<br />
IWSEHTIONS<br />
ANNONCES (*• j>cKft .<br />
RÉCLAMES —<br />
RÉCLAMES (3« page) .<br />
LOCALES<br />
b ligne o fr. 8a<br />
4 - ao<br />
2 - »<br />
3 - •<br />
Los Annonças et Réclames sont reçues dans .<br />
nos Eur»a>ii, mo Roquelaine, 2&. & TÏVJIOUS*. et chez tous nos Correspond*»»»*<br />
FIL TÉLÉGRAPHIQUE SPÉCSÂ Samedi <strong>22</strong> Mal <strong>1909</strong>. - I9 # Année - N° 6,0.4D IREAUX I PARIS : 26. RUE FEYDE!<br />
: ÎVOMS commencerons <strong>de</strong>main<br />
Ijeteliiiteliis<br />
Œuvre <strong>de</strong> Justus Miles Forman<br />
Ce délicieux roman, l'un <strong>de</strong>s plus grands<br />
succès <strong>de</strong> la littérature mo<strong>de</strong>rne anglaise,<br />
peut être mis dans toutes les mains. C'est<br />
l'histoire émouvante, dramatique et senti-<br />
mentale du dévouement chevaleresque d'un<br />
homme qui se sacrifie jusqu'à la mort, pour<br />
sauver la vie et la raison <strong>de</strong>. la femm.e qu'il<br />
aime.<br />
Après les inci<strong>de</strong>nts les plus dramatiques<br />
et les plus palpitants, tout finit par se dé-<br />
nouer d'une façon heureuse, par le mariage<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux êtres que leur noblesse <strong>de</strong> senti-<br />
ments <strong>de</strong>stinaient l'un à l'autre.<br />
L'adaptation <strong>de</strong> M. Luguet a obtenu au-<br />
près <strong>de</strong>s lecteurs français un succès ana-<br />
logue à celui qui a marqué l'apparition du<br />
livre en Angleterre, succès consacré par la<br />
pièce qui en a été tirée.<br />
Les Faits du J our<br />
Le Sénat a discuté le projet <strong>de</strong> loi sur l'em-<br />
ploi <strong>de</strong> la céruse.<br />
*• -<br />
ta Chambre a continué la discussion <strong>de</strong>s<br />
primes à la sériciculture.<br />
La commission sénatoriale <strong>de</strong> l'armée a<br />
adopté le système <strong>de</strong> la batterie à 4 pièces.<br />
Les ministres, réunis ce matin au ministère<br />
4e l'intérieur, se sont mis définitivement d'ac-<br />
cord sur le statut <strong>de</strong>s fonctionnaires.<br />
Une grave bagarre a éclaté entre matelots à<br />
ljord d'un remorqueur ; la gendarmerie a réta.<br />
bli l'ordre.<br />
—>-<br />
La grève <strong>de</strong>s ouvriers du bâtiment est à peu<br />
près générale ; on s'attend à la grève immi-<br />
nente <strong>de</strong>s inscrits maritimes ; les postiers, réu.<br />
nis au manège Saint-Paul, et les ouvriers du<br />
bâiment au Tivoli-Vaux-Hall, ont voté la re-<br />
prisa du travail.<br />
Des ouvriers, voulant débaucher <strong>de</strong>s Ira-<br />
vailleurs dans le 16 e arrondissement, sont en-<br />
très en collision avec la police ; Pataud a été<br />
injurié par <strong>de</strong>s terrassiers, qui lui ont reproché<br />
<strong>de</strong> ne pas avoir décrété la grève <strong>de</strong>s électri-<br />
ciens.<br />
—:î—<br />
Tardïven, <strong>de</strong>nt le nom a été prononcé à pro-<br />
pos <strong>de</strong> l'affaire Steinheil, a été arrêté dans<br />
«'Eure.<br />
. — —<br />
Six chevaux sont morts au cours <strong>de</strong> la course<br />
<strong>de</strong> chevaux attelés partie <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux ; les<br />
coureurs sont arrivés à Agen.<br />
-•î—<br />
Sea Sick, à M. W.-K. Van<strong>de</strong>rbilt, a gagné le<br />
prix Consul (20.000 fr.), à <strong>Mai</strong>sons-Laffîtte.<br />
Au milieu <strong>de</strong> toutes ces grèves pour<br />
rire qui éclatent, se traînent et avortent,<br />
il serait intéressant <strong>de</strong> connaître enfin<br />
quel est le rôle exact du gouvernement.<br />
Car il est évi<strong>de</strong>nt qu'il en joue un, et à<br />
coup sûr pas le plus honorable.<br />
Si l'on voulait le définir d'un© façon<br />
précise, il y aurait lieu d'abord <strong>de</strong> re-<br />
chercher si le vieil axiome latin is fecit<br />
cui pro<strong>de</strong>st ne peut pas être appliqué au<br />
mouvement révolutionnaire actuel.<br />
En effet, à qui a profité la secon<strong>de</strong><br />
grève <strong>de</strong>s postiers ? N'est-ce pas à celui<br />
qui a un intérêt primordial à affoler le<br />
pays et à lui démontrer ensuite que, seul,<br />
il est capable <strong>de</strong> le sauver ?<br />
Notre Clemenceau, qui n'a pas pris<br />
pour rien le titre <strong>de</strong> « premier <strong>de</strong>s flics »,<br />
nous a dès longtemps habitués à ses p>ro^<br />
cédés policiers.<br />
Il est le maître incontesté <strong>de</strong> cette école<br />
aux secrets <strong>de</strong> laquelle un joyeux com-<br />
missaire <strong>de</strong> police <strong>de</strong> la Seine nous ini-<br />
tiait naguère en organisant <strong>de</strong>s cambrio-<br />
lages et en se donnant la gloire facile<br />
d'arrêter les malfaiteurs <strong>de</strong> bonne vo-<br />
lonté qui, sur ses instructions et suivant<br />
'e programme minutieusement établi à<br />
Vavance par ce metteur en scène émé-<br />
rite, allaient dévaliser les villas inha-<br />
bitées <strong>de</strong> la banlieue parisienne.<br />
Ce commissaire a été l'objet d'une me-<br />
sure disciplinaire. Pour être logique avec<br />
lui-même, le patron <strong>de</strong> M. Hennion au-<br />
rait dû le décorer. <strong>Mai</strong>s ce qu'il n'a pas<br />
fait, il sera toujours à temps <strong>de</strong> le faire<br />
quand tout sera rentré dans l'ordre dans<br />
la maison où trône M. Simyan.<br />
Jusqu'ici, tout s'est passé comme le<br />
voulait lo grand mystificateur national.<br />
Les excitations n'ont pas manqué aux<br />
P. T. T. <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong>s départements.<br />
De tous les bureaux <strong>de</strong> poste on a crié :<br />
< Vive la grève ! » Puis, comme la grève<br />
n'éclatai!, pas assez tôt, le gouvernement<br />
i précipité les choses.<br />
Alors que dans les conflits entre ou-<br />
7i'iors ct patrons il préconise toujours<br />
h ceux-ci la patience et la manière douce,<br />
il s'est impatienté, il a utilisé la manière<br />
forte- et a frappé sans pitié, avec la<br />
<strong>de</strong>rnière rigueur, lés employés qui se<br />
Plaignaient <strong>de</strong> l'Etat-Patron.<br />
U, voulait une <strong>de</strong>uxième grève pour<br />
taife oublier sa défaite du mois <strong>de</strong> mars.<br />
Cette grève, sa grève, il l'a eue.<br />
N avait préparé une revanche cela-<br />
Jante. Il |'a obtenue aussi complète qu'il<br />
pouvait la souhaiter. A l'heure voulue<br />
si savamment préparée par lui et par son<br />
facétieux personnel, la grève a éclaté—et<br />
quelques centaines <strong>de</strong> P. T. T. se sont<br />
trouvés soudain en présence <strong>de</strong> l'armée<br />
française.<br />
Le scénario <strong>de</strong> cette grève, dont tous<br />
les détails furent réglés dans le cabinet<br />
du ministère <strong>de</strong> l'intérieur, fait honneur<br />
à l'imagination <strong>de</strong> son auteur qui n'ou-<br />
blia rien pour nous émouvoir — pas<br />
même la bombe anarchiste à l'intention<br />
<strong>de</strong>s fonctionnaires du laboratoire muni-<br />
cipal, la bombe garnie <strong>de</strong> homard<br />
pourri !<br />
<strong>Mai</strong>s à chaque jour suffit sa grève !<br />
Tandis que les P. T. T. font mainte-<br />
nant, à leurs dépens, le bilan <strong>de</strong> leurs<br />
illusions et <strong>de</strong> leur naïveté, voici qu'on<br />
parle <strong>de</strong> nouveau <strong>de</strong> la grève générale<br />
<strong>de</strong>s syndicats ouvriers.<br />
Elle est aussi nécessaire au ministère<br />
du capitaine Marix que celle <strong>de</strong>s P. T. T.<br />
Il la faut tout <strong>de</strong> suite pour qu'elle attei-<br />
gne le but poursuivi par Clemenceau.<br />
<strong>Mai</strong>s est-elle possible ? Ce point d'inter-<br />
rogation a jeté la perturbation dans la<br />
G. G. T., et <strong>de</strong> très violentes controverses<br />
s'élèvent déjà entre les militants du<br />
mouvement révolutionnaire. Les uns<br />
soutiennent que le prolétariat n'est pas<br />
prêt, mais qu'ils marcheront tout <strong>de</strong><br />
même. Les autres vitupèrent les hési-<br />
tants et les tiè<strong>de</strong>s ; et, sévèrement, ils<br />
flétrissent les renégats. Pendant que se<br />
poursuit la discussion entre révolution-<br />
naires et réformistes, <strong>de</strong>s notes officieu-<br />
ses annoncent triomphalement que quel-<br />
ques corporations ont proclamé la grève<br />
générale. A la Sûreté générale et à la<br />
préfecture <strong>de</strong> police, on souffle alterna-<br />
tivement le chaud et le froid. Par mo-<br />
ments, les chefs <strong>de</strong> claque viennent ren-<br />
forcer les cris, très peu nourris, <strong>de</strong><br />
« Vive la grève générale ». Des prolé-<br />
taires qui « croient que c'est arrivé » font<br />
écho à ce cri.<br />
— Vive la grève l<br />
Enfin ! Vite, la police. Les manifes-<br />
tants, convaincus que c'est la lutte finale<br />
qui commence, s'empressent <strong>de</strong> mettre à<br />
profit les conseils donnés, jadis, par le<br />
« camara<strong>de</strong> » Briand. On se bat. Des<br />
<strong>de</strong>ux côtés le sang coule. En moins <strong>de</strong><br />
vingt-cinq minutes, la gar<strong>de</strong> répuBlicai-<br />
ne, renforcée par <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s cuirassiers,<br />
se trouve sur les lieux. C'est fini ! C'est<br />
à peine s'il y a <strong>de</strong>ux ou trois têtes à <strong>de</strong>mi<br />
cassées. Magnifique résultat pour le sau-<br />
veur <strong>de</strong> la République et <strong>de</strong> la société !<br />
Un peu plus loin, un solitaire crève<br />
un tuyau <strong>de</strong> gaz ou coupe un fil télégra-<br />
phique. La révolution et l'anarchie sont<br />
dans l'air. Des égarés et <strong>de</strong>s fous, parmi<br />
lesquels se glisseront <strong>de</strong>s criminels <strong>de</strong><br />
profession, persisteront à crier encore :<br />
« Vive la grève générale ! » Des méfaits<br />
seront commis sur tel ou tel point. Qui<br />
sait, <strong>de</strong>s catastrophes se produiront,<br />
occasionnées par un ou <strong>de</strong>ux saboteurs ?<br />
Celui qui tient les fils <strong>de</strong> cette intrigue<br />
monstrueuse usera <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> répres-<br />
sion qui lui sont familiers. S'il le juge<br />
nécessaire à sa politique, il y aura même<br />
<strong>de</strong>s cadavres. <strong>Mai</strong>s <strong>de</strong> même que c'est<br />
lui qui donna le signal <strong>de</strong> la grève,<br />
c'est lui qui déci<strong>de</strong>ra à quel moment doit<br />
avoir lieu le changement <strong>de</strong> décor, l'a-<br />
pothéose, la fin <strong>de</strong> la diversion...<br />
C'est ainsi qu'on se maintient au pou-<br />
voir et qu'on s'impose à un pays qui ré-<br />
clame la tranquillité et le calme.<br />
Sans doute, ni Clemenceau, ni Briand<br />
ne nous ont fait leurs confi<strong>de</strong>nces sur<br />
leurs moyens <strong>de</strong> sortir du mauvais pas<br />
dans lequel ils se sont placés. <strong>Mai</strong>s ne<br />
pensez-vous pas que ce qui précè<strong>de</strong> se<br />
rapproche <strong>de</strong> la réalité ?<br />
Cette politique, puisque cela s'appelle<br />
ainsi, n'en est pas moins une politique<br />
scélérate, puisqu'elle ne triomphe que<br />
dans le trouble et qu'elle finira fatale-<br />
ment par aboutir au chaos...<br />
l'appareil <strong>de</strong> ne pas le toucher et surtout <strong>de</strong><br />
ne pas l'approcher du feu...<br />
Que signifiait ? Et qu'était ce mystérieux mé-<br />
canisme ? Le brave homme, né malin, télégra-<br />
phia tout simplement sa trouvaille à 1 obser-<br />
vatoire <strong>de</strong> Bruxelles. Et peu après, le proprié-<br />
taire <strong>de</strong> l'appareil, un ingénieur, venait le<br />
L'engin 'était <strong>de</strong>stiné à prendre la tempéra-<br />
ture <strong>de</strong> l'air à différentes altitu<strong>de</strong>s.<br />
—©— La téléphonie sans fil sur les ballons.<br />
L© Lokcd Anzeiger annonce que le dirigeable<br />
allemand Gross-11 vient d'être démonté et dé-<br />
gonflé en vue <strong>de</strong> munir sa nacelle d'appareils<br />
<strong>de</strong> téléphonie sans fil. A cet effet, les câbles<br />
métalliques qui rattachent la nacelle au ballon<br />
seront remplacés -par <strong>de</strong>s cordages.<br />
Les expériences <strong>de</strong> téléphonie sans fil effec-<br />
tuées sur <strong>de</strong>s ballons captifs ont déjà donîié<br />
<strong>de</strong> bons résultats, et l'on eepère réussir égale-<br />
ment avec les dirigeables.<br />
La Justice Républicaine<br />
De Rochefort :<br />
On no-us avait promis, pour le mois <strong>de</strong><br />
juin, la comparu tion <strong>de</strong> la femme Steinheil<br />
en cour d'assises. <strong>Mai</strong>s, comme il ne faut<br />
sous aucun prétexte qu'elle y corn/paraisse,<br />
Faîtières, Clemenceau et les autres minis-<br />
tres, qui lui doivent tout, s'y opposant for-<br />
mellement, les bons serviteurs dont s*j com-<br />
pose la chambre <strong>de</strong>s mises en accusation<br />
ont dû trouver, sous peine <strong>de</strong> disgrâ<strong>de</strong>, un<br />
nouveau moyen <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r le moment psy-<br />
chologique. Reconnaissons tout <strong>de</strong> suite<br />
qu'ils se sont arrêtés au plus bêtement in-<br />
vraisemblable, et il est à croire que ces<br />
magistrats ont bien peu -d'imagination pour<br />
l'avoir machiné. C'est l'ap-aehe. Allaire qui<br />
a été choisi comme intermédiaire dans la<br />
comédie qui se prépare. Moyennant, sans<br />
aucun doute, la promesse <strong>de</strong> renforcer pour<br />
lui l'ordinaire <strong>de</strong> la prison, il a raconté<br />
qu'un nommé Tardivel, recherché peur<br />
d'autres crimes, lui avait avoue être un<br />
<strong>de</strong>s assassins du peintre et <strong>de</strong> Mme Japy.<br />
Ce Tardivel avait, en effet, opéré en com-<br />
pagnie d'une rouquine qu'Allaire a nom-<br />
mée et qu'on -a commencé par coffrer sans<br />
autre information.<br />
Là-<strong>de</strong>ssus, la femme Steinheil aurait ma-<br />
nifesté une gran<strong>de</strong> joie. Or, ce conte bleu<br />
est simplement stupi<strong>de</strong>. L'inculpée a, en<br />
effet, déclaré qu'elle avait menti en dési-<br />
gnant les <strong>de</strong>ux hommes noirs et la femme<br />
jousse comme les assassins <strong>de</strong> sa mère et<br />
<strong>de</strong> son mari, et si ce sont bien ces trois<br />
criminels qui les ont tués, elle n'aurait eu<br />
aucun motif <strong>de</strong> se rétracter. On peut reve-<br />
nir sur un aveu qui vous compromet, non<br />
sur une déclaration qui vous sauve ; alors,<br />
surtout, qu'elle est finalement reconnue<br />
exacte. Comment ! elle disait la vérité. C'é-<br />
taient bien ces trois -êtres mystérieux qui<br />
avaient commis le double -assassinat dont<br />
on l'accuse, et elle a ensuite reconnu qu'elle<br />
avait menti, se perdant ainsi <strong>de</strong> gaieté <strong>de</strong><br />
cœur. Jamais, sauf aux époques lointaines<br />
où on appliquait -aux gens ia question poul-<br />
ies faire avouer, on n'a vu <strong>de</strong>s innocents<br />
se proclamer coupables.<br />
Le délai que se donne la chambre <strong>de</strong>s<br />
mises en accusation ne peut donc aboutir<br />
à rien. <strong>Mai</strong>s .c'est toujours un peu <strong>de</strong> temps<br />
<strong>de</strong> gagné. Quand ce truc-là ne sera plus<br />
comme dans les grands Magasins du Lou-<br />
vre ou <strong>de</strong> la Samaritaine. Les députés dm<br />
Bloc sont <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> rayon. Voulez-vous<br />
un bureau <strong>de</strong> tabac ? ou préférez-vous les<br />
petits chevaux ? C'est tant : passez à la<br />
caisse !<br />
Le capitaine Marix était <strong>de</strong>puis long-<br />
temps connu comme l'un <strong>de</strong>s rabatteurs <strong>de</strong><br />
nos députés. Pourquoi Clemenceau l'a-t-il<br />
soudainement démasqué ? La raison est<br />
bien simple. Clemenceau obéit à <strong>de</strong>ux mo-<br />
biles. Si, d'une part, il veut terroriser le<br />
Bloc et mettre à ses genoux les radicaux<br />
qui rêvaient <strong>de</strong> s'émanciper, — d'autre part<br />
Clemenceau désire souiller d'une nouvelle<br />
couche <strong>de</strong> boue la représentation nationale.<br />
Cette tactique perfi<strong>de</strong> n'échappe point au<br />
Bloc : <strong>Mai</strong>s que voulez-vous que fassent nos<br />
députés radicaux et socialistes? Si ces gens-<br />
là étaient forts, ils pourraient répondre du<br />
tac au tac en mettant Clemenceau lui-même<br />
sur la sellette. Il suffirait <strong>de</strong> réimprimer le<br />
célèbre discours prononcé à la Chambre<br />
par Déroulè<strong>de</strong>, le 20 décembre 1892, et d'é-<br />
voquer le souvenir <strong>de</strong> certaines équipées.<br />
<strong>Mai</strong>s Clemenceau est bien tranquille. Per-<br />
sonne n'osera lui tenir tête. Et puis, ce se-<br />
rait trop dangereux.<br />
D'aileurs, le prési<strong>de</strong>nt du conseil fait<br />
preuve 'd'une très gran<strong>de</strong> habileté. Remar-<br />
quez, en effet, qu'il me permet pas au Juge<br />
d'instruction André d© tout raconter aux<br />
reporters <strong>de</strong>s journaux. Le F.:. André ne<br />
soulève qu'un coin <strong>de</strong> voile, et laisse enten-<br />
dre que son dossier renferme <strong>de</strong>s documents<br />
encore plus intéressants. Grâce à ces réti-<br />
cences, Clemenceau tient les coupables à sa<br />
merci : « Ne bougée pas, — ou je dis tout ! »<br />
Voilà le comble <strong>de</strong> l'art. Atten<strong>de</strong>z-vous donc<br />
à voir bientôt fluer en eau claire le torrent<br />
<strong>de</strong> fange qui coule <strong>de</strong>puis quatre jours.<br />
Surveillez, par exemple, le Matin. Quand<br />
le journal <strong>de</strong> M. Bunau-Varilla cessera <strong>de</strong><br />
se livrer à <strong>de</strong>s racontars, c'est que les dé-<br />
putés du Bloc seront jugés suffisamment<br />
asservis. Ce résultat obtenu, Clemenceau<br />
donnera l'ordre à la magistrature d'étouf<br />
vre royaume <strong>de</strong> Bourges, Jean II, duc d'A-<br />
lençon, comte du Perche, cousin du roi<br />
Charles et le plus généreux compagnon <strong>de</strong><br />
la Piucelle, venait <strong>de</strong> sortir d'une geôle an-<br />
glaise, où il s'était senti passer <strong>de</strong> longs et<br />
haïssables mois.<br />
Fils -d'un père tombé mort sur les gué-<br />
rets gluants d'Azincourt, au moment où il<br />
entamait <strong>de</strong> sa hache d'armes la couronne<br />
usurpée du roi Henry <strong>de</strong> Laneastre, il com-<br />
battait lui-même, <strong>de</strong>puis sa prime jeunesse,<br />
et durement, sur le front <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>s<br />
marches <strong>de</strong> Normandie. Le soir du désas-<br />
tre <strong>de</strong> Vemeuil, il avait été ramassé au mi-<br />
lieu <strong>de</strong>s piles <strong>de</strong> cadavres, profitable et<br />
rançonnable prisonnier. Il séjournait, à<br />
présent, à Saint-Florent-d'Anjou, près <strong>de</strong><br />
Saumur, avec sa femme et sa mère. Dès la<br />
nouvelle <strong>de</strong> l'arrivée <strong>de</strong> Jeanne auprès du<br />
Rù, il était parti pour Chinon. Il accourait<br />
curieux, sincère, plein d'ar<strong>de</strong>ur, et comme<br />
pressentant la merveille. Il pouvait alors<br />
compter vingt-quatre ans.<br />
Très promptement, ils s'étaient liés. Elle<br />
avait saisi, tout <strong>de</strong> suite, que celui-là n'é-<br />
tait ni un courtisan, ni un fourbe, nais<br />
qu'i 1 jouait franc-jeu et voulait toutes les<br />
mêmes choses qu'elle : agir, combattre, bien<br />
faire et faire vite, pendant cette année uni-<br />
que qu'elle fixait elle-même comme limite<br />
à son pouvoir et à son œuvre.<br />
Et ainsi chevauchèrent-ils, du val <strong>de</strong><br />
Loire vers Reims et vers Paris, côte à côte,<br />
sans peur et sans reproche.<br />
C'est par un dimanche <strong>de</strong> juin, cinq se-<br />
maines juste après la rescousse d'Orléans,<br />
<strong>de</strong>vant les murs <strong>de</strong> Jargeau, dans les fos-<br />
sés <strong>de</strong> la place.<br />
En avant, gentil duc, à l'assaut ! »<br />
criait-elle à son compagnon d'armes, au<br />
pied du rempart, vêtue <strong>de</strong> son éblouissante<br />
armure, au moment où les gran<strong>de</strong>s échelles<br />
d'escala<strong>de</strong>, brandies et maintenues à bout<br />
<strong>de</strong> bras, se mettaient à buter violemment<br />
contre les créneaux meurtriers <strong>de</strong>s courti-<br />
nes.<br />
Jean d'Alençon, <strong>de</strong>bout à côté d'elle,<br />
certaines, à tout l'essor magnifique <strong>de</strong><br />
bette entreprise française, maintenant oo<br />
damnée d'avance à se briser lamenta*!<br />
ment les ailes ?<br />
Même après l'échec, la blessure doxifc<br />
Teuse, la rentrée navrante au camp <strong>de</strong> i<br />
Chapelle, Jeanne ne s'abandonnait pr-<br />
éaccord avec le Duc, elle voulait réiiéi<br />
1 attaque, au moins le surlen<strong>de</strong>main w .<br />
l'autre face <strong>de</strong> la ville, au moyen d'un po<br />
<strong>de</strong> bateaux jeté sur le fleuve", an droit t<br />
Saint-Denis. Vain espoir ! Dans la nuit<br />
parti du retour à Bourges, le parti <strong>de</strong><br />
paix à tout prix, avait arraché l'ordre : .<br />
faire démolir et dépecer le passage.<br />
Cependant, la retraite opérée, désolan<br />
et définitive, <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la Ixvh .<br />
<strong>de</strong>s plans intrépi<strong>de</strong>s se combinaient <<br />
core.<br />
De sa terre <strong>de</strong> Beau,mont-le-Vicomte, <strong>de</strong><br />
nier débris <strong>de</strong> son héritage, où il était r<br />
tourné combattre aux avant-postes, le Pri-<br />
ée <strong>de</strong>mandait Jeanne pour se jeter en N-o<br />
mandie. Le superbe <strong>de</strong>ssein ! Le non'<br />
champ d'action ! Le groupe <strong>de</strong> la peur et (•<br />
la -paix s'arrange pour y mettre ordre. Qi<br />
signifiait maintenant cette fille dont"<br />
charme était rompu, qui prétendait recom-<br />
mencer une campagne, exger <strong>de</strong> -rhéroïéti<br />
et partir à la conquête <strong>de</strong> Rouen ?<br />
Les <strong>de</strong>ux fidèles compagnons ne <strong>de</strong>va-ie<br />
plus se rejoindre.<br />
<strong>Mai</strong>s ils pouvaient se souvenir, l'un cor<br />
me l'autre.<br />
Et sur la chaussée atroce <strong>de</strong> Coiwpiègp.<br />
<strong>de</strong>vant le tablier du pont que relevait lent<br />
ment le contrepoids fatal, dans la tour •<br />
Beaurevoir, sur la place du Vieux-Marché<br />
<strong>de</strong> quelle mémoire et <strong>de</strong> quelle amertum<br />
prisonnière angoissée, martyre, Jeanne r,<br />
dutnelle pas revoir passer l'image du Prir<br />
ce confiant et chevaleresque. atffaMé et cm<br />
rageux, qui avait cru en elle, en sa sirop<br />
personne, en son œuvre merveilleuse c<br />
près <strong>de</strong> qui, sans la traîtrise <strong>de</strong> la fortùn<br />
elle aurait pu réussir et parfaire, pour<br />
1er le -pa-ocès Marix comme elle est entrain j écoutait -cette voix' <strong>de</strong> femme et regardait ce I f!2SeWck> sfveiMMe^ & dTtn rW,, '<br />
d'étouffer le procès Steinheil. Le procès | visage. | entreprises. u.omp...n-<br />
GERMAIN LEFERRE-PONTALIS.<br />
ictor LESPS^SEJ<br />
me marix :<br />
Une hiron<strong>de</strong>lle ne fait pas le-printemps •<br />
concussionnaire eu un eecroc ne comnro-<br />
tent pas un parti, à plus forte raison ur<br />
Steinheil a permis à Clemenceau <strong>de</strong> rédui<br />
r© Briand à l'inaction, le procès Marix lui<br />
permettra <strong>de</strong> domestiquer les combistes.<br />
Cet homme a toutes les veines ! <strong>Mai</strong>s peut-<br />
être arrivera-t-il une heure où les camara-<br />
<strong>de</strong>s qu'il tient en laisse se vengeront. Atten<br />
dons avec confiance cette échéance libéra-<br />
trice. Tout se paie en ce bas mon<strong>de</strong>.<br />
DISSOLUTION<br />
De M. Drumont :<br />
En se plaçant au point <strong>de</strong> vue le plus vil<br />
et le plus bas auquel puisse se placer un<br />
homme, le point <strong>de</strong> vue du Q. M. qui n'a<br />
que <strong>de</strong> l'indifférence pour les intérêts <strong>de</strong><br />
son pays et qui n'a qu'un but dans la vie<br />
être réélu, on ne peut concevoir rien <strong>de</strong><br />
plus stupi<strong>de</strong> que l'hostilité violente que té-<br />
[ moignent les radicaux à l'idée d'une disso-<br />
lution.<br />
Ces malheureux <strong>de</strong>vraient saluer Pu-<br />
gliesi-Conti comme un bienfaiteur. La dis-<br />
bon, on en cherchera un autre. M. Hamard I solution immédiate est la seule planche <strong>de</strong><br />
a vû, ou plutôt a voulu voir, dans le dou- | ® a l u Lpc>ur eux ;„ils <strong>de</strong>vraient s'y accrocher<br />
comme <strong>de</strong>s naufragés, en train <strong>de</strong> rouler<br />
au fond <strong>de</strong> l'abîme, et qui ont déjà <strong>de</strong> l'eau<br />
salée plein la bouche.<br />
Sans doute, les trois quarts <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong><br />
seront engloutis, mais la dissolution est<br />
encore le seul moyen qui puisse permettre<br />
à quelques-uns d'échapper à l'anéantisse-<br />
ment total.<br />
Si le radicalisme est fini à Paris et dans<br />
les gran<strong>de</strong>s villes, il compte, malgré tout,<br />
quelques coins <strong>de</strong> province, quelques<br />
bourgs pourris où l'organisation bourgeoi-<br />
se et maçonnique tient encore,<br />
Avec une dissolution immédiate, le radi-<br />
calisme aurait pu gar<strong>de</strong>r quelques sièges<br />
dans ces parages où les comités ont mis<br />
Le complot <strong>de</strong> Clemenceau contre la majo- j si soli<strong>de</strong>ment la main, surtout que la défti<br />
ble assassinat <strong>de</strong> l'impasse Ronsin, l'œuvre<br />
<strong>de</strong> vulgaires cambrioleurs. Il n'en démor-<br />
dra pas. La Steinheil a eu beau reconnaî-<br />
tre ses -mensonges, il lui dirait plutôt :<br />
Vous vous trompez, madame, ce sont<br />
bien les hommes noirs et la femme rousse<br />
qui ont tué votre mère et votre mari. »<br />
©©© '<br />
rité. — Plusieurs députés compromis<br />
dans l'affaire Marix. — Dictature et ex-<br />
pectative.<br />
Paris, 20 mai<br />
Cette affaire <strong>de</strong> la grève générale paraît<br />
<strong>de</strong> plus en plus obscure. La police inter<br />
vient aujourd'hui si souvent dans les con.<br />
vranee <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra quelque temps.<br />
Dans un an, les radicaux ne trouveront<br />
plus un électeur qui veuille d'eux.<br />
Sans doute, tous ces farceurs s'imaginent<br />
qu'ils vont recommencer l'éternelle mystifi-<br />
cation, voter, au <strong>de</strong>rnier moment, toutes<br />
les lois sociales dont ils' ne se sont pas pré-<br />
Il voyait, dans le cadre du casque sans<br />
visière, <strong>de</strong> la « chapelure » ajustée sur les<br />
tempes, une figure douce et entêtée, une<br />
expression <strong>de</strong> vierge grave, <strong>de</strong>s yeux intel-<br />
ligents qui brillaient d'énergie. Au bord <strong>de</strong><br />
la coiffure <strong>de</strong> métal, dépassaient <strong>de</strong>s che-<br />
veux noirs, épais et taillés en rond, sou-<br />
ples et gracieux néanmoins, <strong>de</strong>s cheveux<br />
que rendait plus sombres encore la lisière<br />
d'acier poli dont les reflets miroitants ve-<br />
naient joue-r sur leur masse.<br />
Tous les <strong>de</strong>ux se parlaient au fond <strong>de</strong> la<br />
douve, parmi les flaques d'eau, les mou-<br />
rants, les blasphèmes et le vacarme. Très<br />
loin <strong>de</strong> toute extase et <strong>de</strong> toute hallucina-<br />
tion. Jeanne suivait anxieusement les pha-<br />
ses diverses <strong>de</strong> l'attaque. Des canons gar-<br />
nissaient les murs. « Beau duc, ôtez-vous,<br />
ce boulet va vous tuer ! » Ainsi, presqu'im-<br />
périeuse, l'avise-t-elle brusquement. Et<br />
quand le boulet ronfla, fracassant une tête<br />
au passage, le duc s'était rangé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
toises, et lui <strong>de</strong>vait la vie.<br />
Ils marchèrent alors, l'un et l'autre, vers<br />
les échelles. Jeanne tenait son étendard.<br />
Elle mesura <strong>de</strong> l'œil la hauteur à gravir.<br />
Et puis, réclamant sa place dans la filé<br />
héroïque, elle crispa sa main droite sur le<br />
premier barreau que venait <strong>de</strong> laisser libre<br />
le pied boueux d'un homme d'armes.<br />
Avec la prise vertigineuse <strong>de</strong> Meug et <strong>de</strong><br />
Beaugency, <strong>de</strong> l'autre côté d'Orléans, la se-<br />
maine <strong>de</strong> Jargeau vient <strong>de</strong> finir. Le Prince,<br />
lieutenant-général, a reçu mission <strong>de</strong> net-<br />
toyer le val <strong>de</strong> Loire, prélu<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute mar-<br />
che sur Reims. Aucune erreur <strong>de</strong> sa vie ne<br />
peut ternir cette radieuse épopée <strong>de</strong> sa jeu-<br />
nesse.<br />
Toute une armée <strong>de</strong> secours anglaise, ar-<br />
rivant trop tard <strong>de</strong> Paris, s'est fourvoyée<br />
vers M-eung. Au moment <strong>de</strong> lui marcher<br />
sus, dès le premier matin, d'Alençon <strong>de</strong>-<br />
man<strong>de</strong> à Jeanne son avis sur la journée qui<br />
se prépare. « Vous tous, répond-elle un peu<br />
sybiiline, ayez <strong>de</strong> bons éperons. » — » Et<br />
pourquoi <strong>de</strong>s éperons ? Qui <strong>de</strong> nous pense à<br />
fuir ? — « <strong>Mai</strong>s oui, continue-t-elle, ne<br />
comprenez-vous pas ? C'est nous, aujour-<br />
d'hui, qui allons donner chasse ! » En effet,<br />
Talbot a commandé la retraite et la pour-<br />
suite coimmence, acharnée, sur le grand<br />
steeple infini <strong>de</strong> la Reauce. Ah ! le beau cri<br />
<strong>de</strong> joie, vers trois heures du soir, à la hau-<br />
Fi Spécial<br />
CONSEIL DE CABINET<br />
Paris, 21 mai.<br />
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat, rév-<br />
nis ce matin au ministère <strong>de</strong> l'intéiieuir, sor:<br />
la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Clemenceau, se sont aéU<br />
nitivement mis d'accord sur l'ensemble ds<br />
projet réglant lo droit d'association et le statu<br />
légal <strong>de</strong>s fonctionnaires.<br />
Le texte du .projet sera arrêté aujourd'hui e;<br />
soumis <strong>de</strong>main matin au conseil qui se ti-ei-<br />
dra à l'Elysée, sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Fa 1<br />
liàres.<br />
Autour du conseil<br />
Paris, 21 mai.<br />
Voici sur quelles bases s'est fait l'accoïv<br />
entre les ministres :<br />
Les conseils <strong>de</strong> discipline fonctionnant ac-<br />
tuellement dans les divers ministères seraier<br />
maintenus et les garanties accordées aux font<br />
tionnaires appelés à comparaître <strong>de</strong>vant ce<br />
conseils fieraient considérablement accrues<br />
D autre part, ceux-ci auraient le droit ci<br />
taire appel à une sorte <strong>de</strong> tribunal compo--<br />
<strong>de</strong> trois membres du conseil d'Etat, <strong>de</strong> troi<br />
membres <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>s comptes et <strong>de</strong> tro ;-<br />
membres <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation.<br />
Ce tribunal émettrait seulement un avis ai<br />
quel 1e ministre ne serait pae tenu <strong>de</strong> se coi;<br />
former.<br />
On a voulu, en effet, que le ministre, set",<br />
responsable <strong>de</strong>vant les Chambres, ne ôuiss.<br />
être <strong>de</strong>ssaisi <strong>de</strong> l'autorité qui lui. incombe &v<br />
profit d'un tribunal irresponsable.<br />
f lits ouvriers, elle joue un si grand rôle I occupés plus que <strong>de</strong> leur première chemise, | teur <strong>de</strong> Saint-Peravy-la-Colombe, après six<br />
tures poSitiques, qu'on | tant qu'ils ont pu croire qu'ils étaient dé- | lieues <strong>de</strong> course, quand on sauta la route<br />
Du journal <strong>de</strong> AI. Combes, à propos du ca-<br />
pitaine Marix :<br />
Une<br />
un co<br />
mettent, iJ"B u<br />
régime tout entier.<br />
Depuis que nous avons assumé la direc<br />
tion <strong>de</strong> ce journal, nous avons nettement mar-<br />
qué notre aversion et notre mépris pour la ne.<br />
tite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> mercontie qui trafiquent d<br />
leurs relations ou <strong>de</strong> leur influence »<br />
Les combistes ne manquent pas <strong>de</strong> toupet 1<br />
—©— L'Internationale.<br />
La Chambre a statué sur la proposition <strong>de</strong><br />
M. <strong>de</strong> Dion, tendant a frapper d'une peine dis<br />
ciplinaire « lout cri ou chant iniurieux uou<br />
l'idée <strong>de</strong> pairie, ou invitant l'année à la ré<br />
voile contre ses chefs ».<br />
230 députés ont approuvé M. <strong>de</strong> Dion, 79 eo<br />
sont prononcés contre la proposition, les "au-<br />
tres se sont abstenus.<br />
11 eet donc avéré que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />
représentants du pays refuse do condamner les<br />
injures à la patrie et le6 excitations au meur-<br />
tre <strong>de</strong> nos chefs militaires... C'est une honte I<br />
—©— Un mystérieux enpin.<br />
L'autre jour, un cultivateur <strong>de</strong> la Canawelle,<br />
près d'HazeforoucU. travaillait paisiblement<br />
aux champs, dans lo grand silence <strong>de</strong> la na-<br />
ture. Soudain retentirait une forte détona-<br />
tion.<br />
Notre homme, ahuri, leva les yeux : au-<strong>de</strong>s-<br />
sus <strong>de</strong> lui se balançait un petit ballon sphéri-<br />
que. Un petit, appareil <strong>de</strong> force blfcarre y était<br />
suspendu. Il n'hésita lias, saisit la cor<strong>de</strong> et<br />
attira lo ballon à lui.<br />
Dans la nacelle, un papier ; 6ur ce papier,<br />
un questionnaire en plusieurs langues et une<br />
recommandation in£tante>à qui découvrirait<br />
dans toutes les aventur<br />
se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ce n'est pas elle qui essaie<br />
<strong>de</strong> pousser au chômage général. J'ai d'ail<br />
leurs entendu soutenir cette thèse dans la<br />
salle <strong>de</strong>s Pas-Perdus. Celui qui s'en faisait<br />
l'interprète tenait le langage que voici :<br />
Clemenceau cherche un prétexte hon<br />
nête pour dissoudre la Confédération Géné<br />
raie du Travail et incarcérer ses princi-<br />
paux membres. Or, quelle meilleure occa<br />
sion lui sera offerte que cette tentative <strong>de</strong><br />
grève générale qui ne peut aboutir, si tou-<br />
tefois elle aboutit, qu'à force <strong>de</strong> violence ?<br />
L'objectif ostensible <strong>de</strong> Clemenceau est <strong>de</strong><br />
pousser les agitateurs aux voies <strong>de</strong> fait<br />
Aussitôt, les sbires <strong>de</strong> Lépine se montrent<br />
et mettent les menottes aux coupables. In-<br />
carcération, -procès, condamnation, ferme-<br />
ture <strong>de</strong> la Bourse du Travail, suppression<br />
<strong>de</strong>s crédits, voilà les cinq actes <strong>de</strong> la tragé<br />
die qui se prépare. En présence <strong>de</strong> cette<br />
opération <strong>de</strong> salubrité publique, comment<br />
la Chambre et le pays pourraient-ils ne pas<br />
se précipiter dans les bras d'un sauveur ? »<br />
Tels seraient les calculs do Clemenceau<br />
épris <strong>de</strong> la gloire du proconsul et impatient<br />
<strong>de</strong> la dictature. La France se courberait<br />
d'autant plus facilement sous le joug crue<br />
le Parlement perd chaque jour quelque<br />
chose <strong>de</strong> son prestige et <strong>de</strong> son crédit Au-<br />
jourd'hui, quel corps social est plus mé-<br />
prisé ? Pour achever d'avilir ce qu'on ara-<br />
pelle la « représentation nationale » le<br />
prési<strong>de</strong>nt du conseil a « sorti » l'affaire<br />
Marix ou tant do députés sont compromis<br />
11 y en a vingt dont les noms circuUuil par-<br />
nu 'es groupes <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong>s Pàs-P©Pdus<br />
Vous souvenez-vous <strong>de</strong>s arguments qui<br />
furent invoqués pour justifier l'augmenta<br />
tien <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>mnité parlementaire? « i' CX i<br />
gui té <strong>de</strong>s émoluments obligeait — disa'it.<br />
on — les députés à se dégra<strong>de</strong>r par' <strong>de</strong><br />
scandaleux trafics. Dès que les mandatai<br />
res du pays toucheraient 15,000 francs au<br />
lieu <strong>de</strong> 9,000, ils cesseraient do se vendre »<br />
Or, qu'est-il arrivé ? Jamais le Palais Hom--<br />
bon n'a offorl plus <strong>de</strong> ressemblanioe avec<br />
les tripots ct les cln.que<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> nos gran<strong>de</strong>s<br />
villes que <strong>de</strong>puis le jour où un vote à pou<br />
près clan<strong>de</strong>stin a relevé les traitements <strong>de</strong><br />
nos honorables. Tel député vomi son apos-<br />
'tille pour un louis. Toutes les démaiîehes<br />
auprès <strong>de</strong>s fonctionnaires : sursis d'appel,<br />
palmes académiques, ruban rouge, va*e <strong>de</strong><br />
Sèvres aux loteries, tout est chiffré, coté,<br />
sormaîs Q. M. à vie.<br />
On va voter les retraites ouvrières qu'on<br />
a déjà votées une fois, voter les lois Ber-<br />
teaux qu'on a votées, je crois, <strong>de</strong>ux fois.<br />
Le truc ne prend plus. Postiers révoqués<br />
ou non révoqués, postiers du <strong>de</strong>hors ou du<br />
<strong>de</strong>dans, seront d'infatigables propagandis-<br />
tes contre les saltimbanques du radica-<br />
lisme.<br />
Il viendra un moment où un radical ne.<br />
pourra même plus prononcer un mot dans<br />
les réunions publiques.<br />
C'est alors que les radicaux regretteront<br />
<strong>de</strong> n'avoir pas saisi la perche <strong>de</strong> la disso-<br />
lution que leur tendait Pugliesi-Conti. H<br />
est vrai qu'ils auront touché leurs quinze<br />
mille .un an <strong>de</strong> plus et c'est la seule chose<br />
au fond qui les intéresse..<br />
Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon<br />
« Vous, soyez le très bien venu », disait-<br />
elle au jeune Prince, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la<br />
scène fameuse <strong>de</strong> Chinon, en le voyant arri<br />
ver an château, dans la chambre où «vllo<br />
parlait au Roi : « Du sang do France, côte<br />
à côte, on ne sera jamais trop ! »<br />
Sous les voûtes do Saint-Pierre, au cours<br />
<strong>de</strong> ces grands jours <strong>de</strong> Rome, que propa-<br />
gent, et continuent, à Orléans, à Pans, à<br />
rompiè-iw <strong>de</strong>s commémorations solennel-<br />
les et enthousiastes, Jeanne d'Arc, à tra-<br />
vers les générations et les siècles, aurait<br />
«ncore pu reconnaître et saluer le « sang <strong>de</strong><br />
France ». Comme à Patay, comme au sacre<br />
/ Anis, comme à l'assaut <strong>de</strong> la porte<br />
Sahudtonoré, un Duc d'Alençon, <strong>de</strong> la race<br />
d« Robert-le-Fort, se tenait là, tradition yii<br />
% te et perpétuée, présent à. l'ovation com-<br />
me BU danger, à l'honneur comme à<br />
l'adis 'près <strong>de</strong> sa personne.<br />
Nulle évocation ne pouvait être plus con-<br />
solante à son cœur ni plus cher© à sa<br />
^Efl 0 '^ printemps <strong>de</strong> l'année U29, quand<br />
la secon<strong>de</strong> semaine do mars commençait à<br />
reverdir les prairies tourangelles et le pau-<br />
<strong>de</strong>lbout prés <strong>de</strong> sa mémoire comme<br />
<strong>de</strong> Châteaudun ! Derrière le vallon mort <strong>de</strong><br />
la Conie souterraine, à la vue du clocher<br />
<strong>de</strong> Patay, contre le petit bois <strong>de</strong> Lignerol-<br />
les, les Anglais, enfin, allaient payer Azin<br />
court !<br />
<strong>Mai</strong>ntenant, les trompettes du sacre, au<br />
soleil <strong>de</strong> juillet, font sonner leurs fanfares.<br />
Du plat <strong>de</strong> son épêe, le duc d'Alençon vient<br />
do faire chevalier son cousin le roi Charles,<br />
Dans le chœur ogival <strong>de</strong> Reims, il rempbla-<br />
ce, comme pair <strong>de</strong> France, le duc Philippe<br />
<strong>de</strong> Bourgogne, obstiné soutien d'un hy-<br />
bri<strong>de</strong> et monstrueux régime. L'étendard <strong>de</strong><br />
Jeanne est là, présent et glorieux, tel une<br />
personne humaine.<br />
En route, à présent, pour l'Ile <strong>de</strong> France<br />
Jeanne et le Prince marchent à l'avant<br />
gar<strong>de</strong>. Elle le sait loyal et courageux, seule<br />
ressource efficace et protectrice contre les<br />
trahisons qu'elle sent déjà ramper autour<br />
d'elle.<br />
Toute l'affaire do Paris, <strong>de</strong>rnier éclat do<br />
la campagne, fut leur œuvre commune, va-<br />
leureuse, opiniâtre, épuisante et désespé<br />
rôc<br />
Après une première hésitation déplora-<br />
ble provoquée par le parti <strong>de</strong> la paix di-<br />
plomatique et par la camarilla <strong>de</strong> Bourges,<br />
l'armée, vers le milieu d'août, toutes choses<br />
paraissant réparées, so retrouvait dans le<br />
Valois opérant avec bonheur parmi les<br />
vallées et les plateaux qui vont <strong>de</strong> la Marne<br />
et <strong>de</strong> i'Ourcq à la bergo forestière et bleuis<br />
sainte <strong>de</strong> l'Oise. . , ,„ . ,<br />
« Mon beau duc », lui dit-elle un jour à<br />
CominièFne, » faites appareiller les gens.<br />
Pa? moS maï-tin, je veux aller voir Pans do<br />
Pl i 1 t S c P nnrtint On occupe Saint-Denis-etn<br />
France ôi!Escarmouche à La Chapelle. Le<br />
Hoi se met en marche, irrésolu, puis s .ar-<br />
rête à mi-chemin. Par <strong>de</strong>ux fois, a quatre<br />
iours d'intervalle, pour hâter le souverain,<br />
d'Aleçon galoppe jusqu'à Senlis. Il fait<br />
tant que la Cour se résigne à le suivre.<br />
<strong>Mai</strong>s les braves qui se lancèrent à l'assaut,<br />
le 8 septembre, contre la porte Saint-Ho-<br />
noré, et le duc d'Alençon lui-même, et Jean-<br />
ne percée d'une flèche, pouvaient-ils se dou<br />
ter, pouvaient-ils <strong>de</strong>viner qu'à ce moment<br />
.même, par le jeu d'une trêve sournoise, ot<br />
compliquée, produit sinistre . d'une politi<br />
que aveugle, on renonçait virtuellement à<br />
Paris, à la victoire acquise, aux conquêtes<br />
Ecole navale<br />
Paris, 21 mai.<br />
Les compositions pour l'admission à l'Eooli<br />
navale auront lieu les 2, 3. et i juin prochain,<br />
à Paris, Oherbouirg. Brest, Lorient, RochcJtor,<br />
Toulon. Bor<strong>de</strong>aux et Alger.<br />
Les candidats ayant <strong>de</strong>mandé Dunkerque e<br />
Nancy viendront à Paris ; ceux qui ont do<br />
mandé <strong>Toulouse</strong> iront à Bor<strong>de</strong>aux ; les candi<br />
dats <strong>de</strong> Lyon se rendront soit à Paris, soit s.<br />
Toulon.<br />
Par décision ministérielle du V mai,la duré<br />
<strong>de</strong> la composition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin géométrique pou<br />
le concours d'admission à l'Ecole navale a été<br />
portée à une heure et <strong>de</strong>mie.<br />
Bagarre entre matelots<br />
Toulon, 21 mai.<br />
Une grave bagarre a éclaté entre matelots<br />
à bord d'un remorqueur.<br />
La gendarmerie a pu rétablir l'ordre..<br />
INCIDENTS MILITAIRES<br />
Officier injurié<br />
Lorient, 21 mal.<br />
Le capitaine <strong>de</strong> vaisseau Ergrohen <strong>de</strong> Ker<br />
madio, prési<strong>de</strong>nt du conseil <strong>de</strong> guerre mariti<br />
me à Lorient. se rendait à Ploèrmeur lorsque<br />
<strong>de</strong>ux individus se mirent à l'insulter et à 14<br />
menacer <strong>de</strong> « lui faire la peau ».<br />
L'officier a porté .plainte à la gendarmerie<br />
Paris, 21 mai.<br />
La séance est ouverte à 3 h. 15, sous la pré<br />
si<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Dùbost.<br />
L'EMPLOI DE LA CÉRUSE<br />
L'ordre du jour appelle la suite <strong>de</strong> la, oiscn*-<br />
sion du projet <strong>de</strong> loi sur l'emploi <strong>de</strong> la ceruss<br />
dans les travaux <strong>de</strong> peinture exécutes a 1 in-<br />
térieur <strong>de</strong>s bâtiments.<br />
M pècsenïctou, rapporteur. — Le 5 novembre,<br />
le Sénat adoptait l'article premier du projet ;<br />
l'article 2 a été renvoyé à là commission ,<br />
celle-ci s'est livrée à une enquête sur les amen-<br />
<strong>de</strong>ments déposés à cet article, à savoir l'inter-<br />
diction <strong>de</strong>, la céruse dans les travaux exte<br />
rieurs ; elle a estimé que la loi pouvait et <strong>de</strong>-<br />
vait étendre aux travaux extérieurs l'interdic-<br />
tion <strong>de</strong> l'emploi du blanc <strong>de</strong> céruse déjà édic-<br />
tée à l'égard <strong>de</strong>s travaux intérieurs.<br />
La rédaction nouvelle do l'article 2 est ainsi<br />
conçue :<br />
« Trois ans après la promulgation <strong>de</strong> la pré-<br />
sente loi, l'emploi do la céruse, <strong>de</strong> l'huile <strong>de</strong> y»<br />
plombifère, et <strong>de</strong> tout produit spécialisé ren-<br />
fermant <strong>de</strong> la céruse, sera interdit dans tou*<br />
les travaux