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(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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Quant aux Africains, D e w o l fs les enferme en deux adjectifs<br />

dont l’un était fréquemment appliqué aux habitants de l’Equateur<br />

à l ’époque et dont l’autre devait, pour de nombreuses années,<br />

rester associé à l’Africain dans la bouche de ceux que n’atteignaient<br />

guère les valeurs propres aux civilisations de l’Afrique.<br />

Dans le contexte de l’époque, les mots « cannibale » et « fainéant<br />

» sont presque naturels. Du cannibalisme dans l’Equateur,<br />

nombre d’auteurs ont parlé (34); D e w o l fs précise dans sa<br />

lettre que l’E.I.C. réprime cette pratique par des condamnations<br />

pénales, tandis que lui-même la rattache au besoin de viande des<br />

Africains de la région en donnant l’exemple de la bataille autour<br />

du cadavre de son chien; on peut cependant s’étonner que la<br />

viande soit à ce point rare à ce moment et à cet endroit. Quant à<br />

la fainéantise, il se contente de la mettre en rapport avec l’obligation<br />

qu’il a d’être « extrêmement sévère » (bien qu’il « ne crie<br />

jamais ») avec les 800 travailleurs dont il a la responsabilité.<br />

Le dernier point qu’il faille soulever avant de conclure cette<br />

brève présentation d’un « pionnier oublié », est celui des traditions<br />

familiales relatives à la mort de Jean D e w o l fs. Pour ses<br />

parents encore en vie aujourd’hui, sa mort ne fut pas inopinée, ni<br />

causée par la malaria. Selon les uns, Jean serait mort de faim<br />

et de maladie au cours d’une mission d’inspection, abandonné de<br />

tous (les papiers de famille auraient autrefois compris un carnet<br />

de notes tenues par lui et où sa longue agonie est décrite au jour<br />

le jour) ; selon les autres, il aurait été tué à coups de flèches par<br />

des Africains après avoir été attaché à un arbre. Dans les deux<br />

hypothèses, le crime aurait été inspiré par des Européens du secteur<br />

privé (ou public) que D e w o l fs gênait dans l’exercice de<br />

pratiques illicites. Aucun document ne permet malheureusement<br />

de faire la lumière sur ces traditions familiales dont le parallélisme<br />

est éloquent. Quoi qu’il en soit, la carrière africaine de Jean<br />

Philippe Alexis D e w o l fs avait duré exactement un an, deux<br />

mois et dix-neuf jours, tandis que seule la colonne tronquée attirait<br />

encore l’attention sur celui qu’elle abritait dans le premier<br />

cimetière de Coquilhatville.

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