(1973) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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magistrature subalterne belge et particulièrement d’instruction:
si le Congo belge connut une criminalité décroissante tout au
long de son demi-siècle d’existence, si sa police était devenue
d’une rare efficacité, si ses différents rouages fonctionnaient avec
une coordination suffisante, c’est grâce à l’aide de la majorité des
justiciables. Cette prise directe avec la population est beaucoup
moins bien réalisée en Europe, et ce phénomène explique en partie
la relative inefficience de la police en Belgique par rapport à
ce que nous avons pu connaître au Congo belge.
Au point de vue de la technique policière, les règles sont les
mêmes en Europe et en Afrique. Nous faisions quelques complexes
en Afrique en songeant à l’équipement des pays civilisés,
en fait cela ne changeait guère les problèmes, et fondamentalement
les policiers belges et congolais auraient pu permuter sans
difficulté majeure: ils mettaient en œuvre les mêmes techniques.
En exposant celles-ci dans le manuel didactique destiné au CEPSI,
je ne songeais qu’à rendre les règles plus vivantes par des exemples
locaux. Des criminologistes belges ont lu mes souvenirs, ils
sont d’accord sur ce point. Ils ont pourtant attiré mon attention
sur la différence des motivations des délinquants en certains domaines.
J ’ai vécu mon enfance dans un pays baigné par la superstition,
je ne m ’étais pas rendu compte de l’importance qu’elle revêtait
comme facteur criminogène proprement africain. Or elle s’inscrit
dans mes souvenirs, la superstition intervient dans une bonne
moitié des affaires graves entre Africains que j’ai eues à traiter.
Elle est presque aussi envahissante que la place tenue par l’alcool
comme facteur criminogène en Belgique, alcool dont le rôle
apparaît aux yeux de ma mémoire comme vraiment réduit au
Congo belge.
Un autre facteur criminogène important en Europe provient
des frustrations encourues pendant l’enfance dans un milieu familial
perturbé. Je ne retrouve pas nettement ce facteur dans mes
souvenirs africains bien qu’il en existe des traces çà et là. Peut-
être eût-il fallu pour le déceler des études psychologiques inconnues
au Congo belge? Cependant, les structures familiales traditionnelles
figurent parmi les facteurs déterminants de nombreuses
affaires rapportées, plutôt d’ailleurs dans un contexte
d’évolution de ces structures et de lutte entre générations. Pour