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Gouvernance forestière en République démocratique du Congo - Fern

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12 CHAPITRE 2 <strong>Gouvernance</strong> <strong>forestière</strong> <strong>en</strong> <strong>République</strong> <strong>démocratique</strong> <strong>du</strong> <strong>Congo</strong> FERN<br />

permett<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t leur passage migratoire à travers leurs « propres » territoires.<br />

Il est donc extrêmem<strong>en</strong>t difficile (et futile dans une certaine mesure) de calculer la<br />

superficie globale des « territoires », mais elle pourrait varier de 70 à 400 kilomètres carrés<br />

pour chaque clan de chasseurs-cueilleurs – possiblem<strong>en</strong>t selon la richesse de la flore et de<br />

la faune qu’on y trouve. 17 Certains « territoires » sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t linéaires, s’ét<strong>en</strong>dant<br />

le long de s<strong>en</strong>tiers ou autres voies privilégiées de migration à travers la forêt.<br />

Chez les communautés agricoles, les champs et les jachères peuv<strong>en</strong>t s’ét<strong>en</strong>dre jusqu’à 5<br />

kilomètres, et parfois jusqu’à 10 kilomètres <strong>du</strong> village, mais la pêche, la cueillette et la<br />

trappe peuv<strong>en</strong>t aller jusqu’à 20 kilomètres. Les « territoires » utilisés et rev<strong>en</strong>diqués par les<br />

communautés agricoles sont généralem<strong>en</strong>t plus fixes que ceux des chasseurs-cueilleurs,<br />

mais ils ne sont pas nécessairem<strong>en</strong>t statiques. Le droit de cultiver certaines parties de la<br />

forêt ne pourrait être octroyé à des particuliers par l’<strong>en</strong>semble de la communauté que<br />

jusqu’à ce que la forêt atteigne un certain stade de régénération, mom<strong>en</strong>t auquel elle<br />

repasse aux mains de la communauté. Les gouvernem<strong>en</strong>ts coloniaux et postcoloniaux ont<br />

ajouté à la complexité <strong>du</strong> système foncier <strong>en</strong> agglomérant les petites communautés, de<br />

telle façon que des particuliers appart<strong>en</strong>ant à quelque communauté que ce soit pourrai<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant, grâce à leurs lignages dans d’autres communautés, conserver leur droit de<br />

cultiver des terres qui sont loin de leur propre village et plus près des autres. 18<br />

Comme on peut le constater, chacune de ces modalités est assez complexe, mais elles<br />

se superpos<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t les unes aux autres, formant ainsi un système extrêmem<strong>en</strong>t<br />

complexe qui est susceptible de changer dans le temps et dans l’espace. Le fait que l’un ou<br />

l’autre des groupes ethniques pourrait, <strong>du</strong> moins <strong>en</strong> partie, définir son propre territoire<br />

pour ce qui est de l’utilisation des terres par les autres groupes, complique parfois <strong>en</strong>core<br />

plus la situation.<br />

2.2 Occupation foncière des sociétés <strong>forestière</strong>s<br />

Le statut légal des opérations <strong>forestière</strong>s in<strong>du</strong>strielles change sans arrêt. P<strong>en</strong>dant et<br />

après les guerres de 1996-2001, des « permis » de coupe couvrant quelque 40 millions<br />

d’hectares ont été délivrés, sans compter les 33 millions d’hectares de forêt que l’armée<br />

zimbabwé<strong>en</strong>ne était autorisée à exploiter, <strong>en</strong> vertu d’un accord qui avait apparemm<strong>en</strong>t été<br />

conclu <strong>en</strong> récomp<strong>en</strong>se de leur souti<strong>en</strong> aux autorités de Kinshasa au plus fort <strong>du</strong> conflit. 19<br />

En avril 2002, sous les pressions de la Banque mondiale, 143 permis d’exploitation ont<br />

fait l’objet d’arrêtés ministériels, <strong>en</strong>traînant l’annulation effective des opérations <strong>forestière</strong>s<br />

sur 23,4 millions d’hectares. 20 Le mois suivant, toujours sous les pressions de la Banque<br />

mondiale, un nouveau décret ministériel est paru interdisant la délivrance de tout nouveau<br />

permis d’exploitation. 21 Cette mesure visait à ce que l’expression « permis d’exploitation »<br />

soit supprimée <strong>du</strong> nouveau Code forestier cadre, qui était alors <strong>en</strong> préparation. Après<br />

17 Hoare, 2006<br />

18 Hoare, 2006<br />

19 Global Witness, 2002<br />

20 Banque mondiale, 2002a.<br />

21 GoDRC, 2002a.

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